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Comment Parcoursup refaçonne la sélection à l’entrée des grandes écoles
EXTRAITS
Délaissant les concours, des écoles postbac font le choix de sélectionner les candidats à travers Parcoursup, alimentant un soupçon d’opacité sur le tri des dossiers.
S’il existait un indice de frustration des candidats sur Parcoursup, serait-il plus élevé cette année que les précédentes ? Il y a une dizaine de jours, le 27 mai, les premiers résultats d’admission dans l’enseignement supérieur ont été communiqués aux 641 000 lycéens inscrits sur la plate-forme. Depuis, monte une petite musique jouée par ceux qui présentent un excellent profil académique et disent avoir été recalés dans l’une, voire dans toutes les formations sélectives qu’ils visaient.
Des professeurs confirment l’inquiétude de leurs élèves et y voient le révélateur d’un dysfonctionnement de la plate-forme, où les écoles peuvent paramétrer à leur guise l’algorithme de tri classique proposé par le ministère de l’enseignement supérieur, nommé « outil d’aide à la décision ». « Le chaos habituel est décuplé, les classements incohérents révélant des situations scandaleuses », a dénoncé sur Twitter le professeur d’histoire Thibaut Poirot, qui voit grandir « le ressentiment de jeunes qui, malgré leurs bons dossiers, malgré leur investissement, nous disent aujourd’hui “ça n’a servi à rien de travailler” ».
Plus qu’en 2020, la campagne actuelle porte l’empreinte de la crise sanitaire. L’impact est réel dans les dossiers, après une année quasi entière d’enseignements hybrides et dépourvue d’épreuves anticipées du bac. Bulletins de notes et appréciations sont notoirement plus flatteurs qu’à l’accoutumée, selon les enseignants chargés d’examiner les dossiers, et les candidatures sont plus difficiles à départager.
(...)
A Sciences Po, chacun des 15 000 dossiers reçus a été examiné par deux évaluateurs qui ne se connaissaient pas et n’avaient pas le droit de communiquer entre eux. « Ils disposaient de plusieurs dossiers issus d’un même lycée, pour constituer une grille de compréhension de son système de notation », poursuit la directrice des admissions.
Mais aucune règle n’est édictée pour pondérer les notes en fonction du lycée d’origine, ce dont s’offusquent des proviseurs de grands lycées privés parisiens, qui affirment que leurs élèves s’en trouvent floués compte tenu d’une notation plus stricte. « Aucune consigne passée n’a pu jouer en leur défaveur au moment de l’évaluation des dossiers. Si nous constatons à l’issue de cette campagne que des lycées privés voient décliner le nombre de leurs élèves sélectionnés, nous nous pencherons sur la question », évacue Gabriela Crouzet. L’école promet un bilan de cette campagne inédite par l’afflux de candidatures (en hausse de 103 % par rapport à 2020) qu’a permis Parcoursup et qui devrait contribuer à la « diversification des profils » qu’elle vise, avec un objectif de 30 % de boursiers.
« Copie miroir »
Annulé pour la seconde année consécutive pour cause de crise sanitaire, le concours commun de sept Sciences Po de région a pour sa part tenu à maintenir une épreuve écrite à distance, sur laquelle ont planché quelque 13 500 candidats, dont 2 500 sont sortis « classés ». « Nous savions que les critiques allaient pleuvoir sur le fait que des parents auraient pu rédiger la copie, relate Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille. Pour réduire ce risque, nous avons corrigé pour chaque candidat classé une “copie miroir” certifiée par son lycée afin d’évaluer d’éventuels écarts tangibles de niveau entre les deux travaux. »
En sus, un algorithme a géré l’examen des dossiers Parcoursup « en neutralisant les parties littéraires des bulletins pour ne prendre en compte que les notes », détaille le directeur lillois, qui « présume que les notes correspondent au niveau réel des élèves ». Cette année, les IEP ont néanmoins inclus dans leur algorithme le taux de mentions obtenues au bac en 2019, « ce qui redressera certainement les choses en faveur des lycées privés et publics de centre-ville ».
(...)
La frustration des lycéens envers Parcoursup est une évidence pour Thomas Lagathu, tant la promesse d’accompagnement faite par la réforme du lycée n’a pas été tenue. Les salons « virtuels » consacrés à l’orientation ont été « une catastrophe car il ne s’y est rien passé du tout » et des « erreurs d’orientation » sont à prévoir, prévient-il.
Premier signal : le 28 mai, au lendemain de l’ouverture de la plate-forme, 913 candidats sans proposition l’avaient déjà quittée, soit 17 % de plus en comparaison avec la campagne 2020. Dix jours plus tard, ils étaient 3 612, en hausse de 12 % par rapport aux statistiques constatées l’an passé.
Soazig Le Nevé
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Comment Parcoursup refaçonne la sélection à l'entrée des grandes écoles
S'il existait un indice de frustration des candidats sur Parcoursup, serait-il plus élevé cette année que les précédentes ? Il y a une dizaine de jours, le 27 mai, les premiers résultats d'ad...
Parcousup2021 Sucks. Encore plus que d'habitude.
EXTRAITS
Bon. Ayant très immodestement écrit l'un des deux meilleurs articles de tous les temps au sujet de #Parcoursup (l'autre étant disponible sur Lundi matin), j'étais décidé à fermer ma bouche cette année pour essentiellement deux raisons : la première c'est qu'en tant que parent j'ai de nouveau un enfant mien dans cette loterie, et la seconde c'est que cette année encore plus que les précédentes j'ai - ainsi que les collègues avec qui nous assurons le recrutement du meilleur DUT Infocom de la galaxie connue - pleuré des larmes de sang durant des semaines entières à force de constater le niveau d'incurie présidant aux supposées "mises à jour" de la plateforme et à ce qu'elle produisait au final comme automatisation ou acceptation des inégalités.
216 900 jeunes sans aucune proposition acceptée.
Oui mais voilà je suis tombé hier sur une des interventions de la figure tutélaire de l'ESR, oscillant entre un Voldemor sous anxiolytiques et une Gorgone Méduse aux fantaisies capillaires éreintantes, j'ai nommée Frédérique Vidal. Dont l'argumentaire se résume en trois points auxquels je vais sommairement répondre :
- "tout va bien, les profs et les services des rectorats sont formidables"
Là j'ai surtout envie de crier dans son oreille avec la délicatesse d'un Jean-Marie Bigard répondant aux questions d'un journaliste sur le port de l'étoile jaune comme signe de refus de la vaccination. Et accessoirement je tiens à ta disposition, Frédérique, les échanges de mails avec les services (totalement dépassés) du rectorat à chaque fois que nous les sollicitions pour l'un des innombrables bugs de cette année. Mais c'est vrai qu'ils sont gentils. Formidablement dépassés et incompétents sur les points techniques (à moins bien sûr que la compétence ne se mesure à l'aune de la capacité à répondre "nous sollicitons la plateforme et revenons vers vous rapidement"), mais gentils, en effet.
- "7 bacheliers sur 10 ont reçu une ou plusieurs propositions"
Fume. Il y avait 723 000 bacheliers l'année dernière - et il y en a davantage cette année. Ce qui signifie que si les chiffres avancés par la ministre sont vrais (d'ailleurs on vérifie comment hein ?), 506 100 bacheliers auraient reçu une ou plusieurs propositions. Cette immarcescible quiche étant supposée maîtriser la soustraction au regard des coupes qu'elle continue d'opérer dans le renouvellement des postes de titulaires, cela veut surtout dire qu'à ce jour 216 900 lycéen.ne.s n'ont toujours reçu absolument aucune proposition de Parcoursup (à titre d'information, l'année dernière à la même époque ils étaient plus de 400 000 sans réponse positive ... donc en effet c'est ... "mieux").
Cette année ces 216 900 lycéen.ne.s sont par ailleurs en train de plancher sur le fumeux "grand oral" du Bac de l'oncle Jean-Michel Fétide Blanquer, lequel grand oral contient, je le rappelle, un temps de discussion sur l'orientation choisie ("échangez avec le jury sur votre projet d'orientation"). Autant vous dire, que pour 216 900 jeunes gens et jeunes filles à ce jour, cette discussion sur le "projet d'orientation" se prépare avec la même motivation qu'un entretien de renouvellement de ses droits chez pôle emploi. Comment peut-on même imaginer que ces jeunes gens et jeunes filles préparent un oral sur leur projet d'orientation quand leur avenir s'appelle "refus", quand leur espoir s'appelle "en attente" et quand leur présent se résume à "0 propositions d'admission" ?!
- "tout le monde se réjouit d'en avoir fini avec le tirage au sort comme modalité de sélection pour l'entrée dans le supérieur."
Alors là. Mais alors là bordel. J'ai un stock de métaphore conséquent me permettant d'éviter les injures mais même lui (le stock) il a tendance à s'épuiser devant des gens qui osent tout à ce point et que c'est même à cela qu'on les reconnaît (comme l'écrivait Audiard). Donc pour une remise en contexte historique rapide sur cette histoire de "tirage au sort", on se réfèrera utilement au début du thread du Professeur Logos sur Twitter dont je me permets de reprendre ici les premiers éléments :
1/ #ParcourSup, c'est le jour de la marmotte: les mêmes éléments de langage, d'année en année. Au départ, il y avait la volonté idéologique de reprendre la loi Devaquet (si tu savais) sur la sélection, avec une mise en concurrence croisée établissements/candidats.
2/ Aussi le ministère avait-il mis en place cette opération d'enfumage: un "tirage au sort" pour régler un nombre infime de cas, bien inférieur au nombre de candidats découragés par Parcoursup, problème qu'un traitement rationnel et humain aurait solutionné en une semaine chrono.
3/ Tout l'enjeu était de parvenir à faire croire qu'il s'agissait d'un problème de plateforme, et pas de 15 ans de sous-investissement, dans le temps même où les enfants du babyboom de l'an 2000 devenaient adultes.
4/ Il y eu deux étages d'enfumage pour faire oublier la démographie: le matraquage d'un problème fictif (APB fonctionne par tirage au sort) et l'inepte marronnier "Parcoursup fait-il mieux qu'APB?" En 2006, APB parvenait à 76% d'affectations INSTANTANEMENT; 53% en premier vœu …
Et pour la suite, c'est par là :-)
Bien. Maintenant laissez-moi vous expliquer pourquoi Parcoursup nous amène, contrairement aux affirmations de Frédérique Voldemor Gorgone Vidal, vers toujours davantage de "tirage au sort".
(...)
Bonus Track.
Oui des solutions existent pour éviter toute cette gabegie. En voici quelques-unes. Non exhaustives.
Rétablir la hiérarchisation des voeux.
Cesser de fragmenter et d'atomiser les processus se saisie et de traitement.
Cesser de faire peser la charge de la contrainte et de la vérification sur les premières victimes de ces systèmes, c'est à dire les lycéens et lycéennes.
Etablir clairement et en toute transparence la réalité du recrutement et de l'examen des dossiers pour chaque catégorie de formation (= dire si les lettres de motivation, les appréciations, le CV seront ou non regardés et prix en compte ou si c'est juste la moyenne qui sera prise en compte, et dire alors quelle moyenne il faut avoir pour espérer une place). Aujourd'hui on indique simplement aux familles qu'elle peuvent demander à consulter l'algorithme local. Ce qui revient, au lieu de s'engager à promouvoir un système "juste", à inverser la charge de la preuve en demandant aux familles de faire les démarches pour prouver qu'elles ont pu être victime d'une injustice. Et devinez quoi ? Non seulement les familles ont autre chose à foutre mais en plus le système est suffisamment bien organisé pour décourager les rares qui tenteraient le coup. Et en plus elles ont tellement intégré que de toute façon le système était injuste qu'elle ne tentent même plus de s'en offusquer et de le combattre.
Se servir des indicateurs de Parcoursup (les formations les plus demandées, les voeux les plus abandonnés, etc.) pour piloter une vraie politique pluri-annuelle de l'enseignement supérieur et de la recherche. Cette année par exemple on nous répète que les voeux pour les IFSI (Instituts de Formation en Soins Infirmiers) ont littéralement explosé. Ce qui est à la fois tout à fait explicable (la pandémie est passée par là), tout à fait étonnant (qu'allaient-ils faire dans cette galère ?) et tout à fait enthousiasmant (on est sûr qu'ils et elles n'y vont pas pour l'argent ...). Se servira-t-on de cet indicateur pour réfléchir au taux d'encadrement - et de places offertes - de ces formations pour les prochaines années ? Pour y créer si besoin des postes supplémentaires et y ouvrir davantage de places ? Non. Bien sûr que non. A aucun moment ce système n'a été pensé et réfléchi comme un levier d'optimisation d'autre chose que du fracas des espoirs et des aspirations de la jeunesse.
Parcoursup a été créé par autant de Créon tentant de museler et de contraindre des légions d'Antigone. Pour l'instant Créon l'emporte. Mais la pièce n'est pas finie.
(...)
Olivier Ertzscheid
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Parcousup2021 Sucks. Encore plus que d'habitude.
Bon. Ayant très immodestement écrit l'un des deux meilleurs articles de tous les temps au sujet de #Parcoursup(l'autre étant disponible sur Lundi matin), j'étais décidé à fermer ma bouche ce...
Pauvreté : un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim depuis le début de la crise sanitaire

Andrea Mantovani for The New York Times
Une jeune association, Co’p1-Solidarités étudiantes, vient de réaliser une enquête inédite sur la précarité qui frappe les étudiants depuis le début de la crise sanitaire. 79 % des étudiants interrogés déclarent avoir eu recours à une aide alimentaire pour la toute première fois cette année. Les représentants de l’association seront reçus au Sénat le 6 mai prochain.
« On s’est rendu compte qu’on manquait de chiffres sur la précarité étudiante. Nous en avions besoin pour connaître le profil et les besoins de ceux qui sollicitent une aide alimentaire », explique Ulysse Guttmann-Faure, président de l’association Co’p1-Solidarités étudiantes.
D’abord frappé par les difficultés liées à la crise sanitaire et économique qui touchent de plus en plus lourdement les étudiants, Ulysse Guttmann-Faure, étudiant en droit, lance à la rentrée 2020 avec 5 autres cofondateurs, l’association Co’p1-Solidarités étudiantes.
Grace à des collectes réalisées auprès de certaines associations comme la Croix rouge, la fondation Abbé Pierre, les Restos du cœur, des entreprises ou encore la mairie de Paris, cette jeune structure de 450 bénévoles, tous étudiants, vient en aide à 750 étudiants toutes les semaines (jeudi, vendredi et samedi). Les distributions ont lieu dans un immeuble non loin de la place de la Bastille (XIe arrondissement de Paris) et depuis peu dans des nouveaux locaux vers la porte de Vanves (XIVe arrondissement).
Outre leur action caritative, les membres de cette association ont ensuite réalisé, par eux-mêmes, entre octobre et décembre, une grande enquête sociologique auprès de 1 122 étudiants dont les résultats sont éloquents.
67 % des bénéficiaires sont des femmes
Premier enseignement, 79 % des bénéficiaires répondants, ont sollicité une aide alimentaire pour la toute première fois à la rentrée universitaire 2020-2021. Les femmes sont également surreprésentées et composent 67 % des bénéficiaires. « De connaître ces données, ça nous permet d’adapter le besoin en accompagnement. Nous savons que les femmes sont majoritaires, c’est la raison pour laquelle nous avons ajouté des produits d’hygiène à nos colis », souligne Ulysse Guttmann-Faure.
« On réalise que les difficultés s’additionnent »
Le plus frappant reste ce chiffre : un étudiant sur deux, estime ne pas avoir mangé à sa faim de façon répétée depuis le début de l’année universitaire. On apprend aussi que la précarité alimentaire touche principalement les étudiants internationaux (67 %) et des jeunes en fin de cursus qui ne vivent plus leurs parents (92 %). 52 % des répondants ne peuvent pas compter sur leur entourage pour une aide matérielle ou financière. « On réalise que les difficultés s’additionnent. Certains ont perdu leur job, ont des parents qui ont perdu leur emploi ou sont en chômage partiel et ne peuvent plus venir en aide à leurs enfants », précise le président de l’association.
Parmi les conséquences de cette précarité, plus de 23 % affirment avoir eu à renoncer à une aide médicale. 57 % affirment que le confinement a eu un effet négatif sur leur santé psychique et 76 % déclarent être « préoccupés, tourmentés ou anxieux ».
Les membres de l’association indiquent n’avoir eu pour le moment aucun retour sur cette étude de la part le ministère de l’Enseignement supérieur. Mais seront auditionnés le jeudi 6 mai par la mission d’information du Sénat sur « les conditions de la vie étudiante en France ».
Ces derniers mois, la mission a auditionné des représentants des syndicats étudiants, des associations d’aide alimentaire ou encore différents responsables de l’habitat des étudiants qui ont également fait part de signaux alarmants.
Pierre Ouzoulias : « On est dans un pays en voie de sous-développement »
« Vous avez des nouvelles de la ministre de l’Enseignement supérieure, vous ? » raille le président communiste de la mission, Pierre Ouzoulias qui salue cette initiative locale. « Ce sont des chiffres terribles qui démontrent que notre pays est incapable d’offrir une perspective à sa jeunesse. On est dans un pays en voie de sous-développement », lâche-t-il.
Suite à la médiatisation de l’affluence étudiante aux portes des banques alimentaires, le gouvernement a lancé repas à 1 euro, fin janvier. Une initiative qui reste insuffisante pour le président de la mission sénatoriale. « Beaucoup de restaurants universitaires ne sont pas ouverts le soir. Donc, le repas à 1 euro, c’est surtout un repas par jour à condition de ne pas s’éloigner des grandes métropoles », note Pierre Ouzoulias qui déplore « le désengagement de l’Etat ». « Ce gouvernement qui pourtant se montre très militant pour renforcer les principes républicains, s’aligne sur le modèle Anglo-saxon. L’idée républicaine de la Nation apprenante, un pays qui considère que l’ensemble d’une classe d’âge doit accéder à des études supérieures, est abandonnée » conclut-il.
Frédérique Vidal sera auditionnée par la mission d’information sénatoriale au mois de juin.
Simon Barbarit
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Pauvreté : un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim
Une jeune association, Co'p1-Solidarités étudiantes, vient de réaliser une enquête inédite sur la précarité qui frappe les étudiants depuis le début de la crise sanitaire. 79 % des étudia...
Sur table ou à distance, le grand dilemme des examens à l’université
EXTRAITS
Les facs ont dû annuler les examens en présentiel jusqu’au 2 mai. Seuls les concours et quelques autres épreuves sont maintenus dans un climat d’inquiétude sur le protocole sanitaire.
A l’approche de la fin d’année universitaire, les établissements se préparent à une session d’examens encore plus délicate qu’il y a un an lorsque les épreuves avaient intégralement basculé à distance, en catastrophe. Le troisième confinement et l’annonce par Emmanuel Macron – traduite dans un décret du 2 avril – du passage au distanciel ou du report des examens prévus entre le 6 avril et le 2 mai, contraignent à une nouvelle contorsion des universités qui pratiquent un équilibre précaire entre présentiel, distanciel et enseignement hybride depuis la rentrée.
Une circulaire publiée le 3 avril par le ministère de l’enseignement supérieur précise qu’aucun examen en présentiel ne peut être organisé durant cette période, à l’exception des épreuves en contrôle continu dans le cadre des travaux dirigés (TD) et des travaux pratiques (TP) – les étudiants conservant la possibilité de se rendre physiquement à la fac avec une jauge d’accueil fixée à 20 % des capacités. Seuls à être préservés : les concours des grandes écoles ainsi que les épreuves des études de santé qui se déroulent actuellement aux dates et lieux prévus.
Ces revirements constants exigent une grande capacité à réagir vite de la part des établissements. « Le président de la République parle en milieu de semaine puis le premier ministre nous demande d’être opérationnels la semaine qui suit, constate Jean-Christophe Saint-Pau, qui préside la conférence des doyens de droit. Mais nous sommes à la barre de véritables paquebots, chaque mouvement demande du temps ! » Pris de court, le doyen de la faculté de droit de Bordeaux a maintenu des examens le 6 avril. « En plein week-end de Pâques, nous n’étions pas en mesure de prévenir les étudiants de ne pas venir. Nous avons annulé ceux du 7 avril alors que de nombreux étudiants rentrés dans leurs familles avaient acheté leurs billets de train », relate-t-il.
(...)
A l’université d’Angers, Clément Chauvet, le directeur du département de droit a remplacé les examens blancs appelés « galops d’essai » par des « galops d’essai en travaux dirigés, c’est-à-dire en petits groupes », sous la houlette des enseignants chargés de TD. « Cela nous permet de maintenir en présentiel ces épreuves tout en étant compatibles avec les nouvelles règles édictées », explique-t-il. Il souligne que « demander la bascule à distance des examens en l’espace de deux jours est irréaliste », la nature d’une épreuve et ses modalités de passation sur une plate-forme numérique impliquant « du temps et des tâches qui de surcroît ne relèvent pas du métier d’enseignant ».
Lassée par une année universitaire en pointillé, une partie de la communauté exprime un « désir » d’examens sur table. « Certaines équipes arrivent à saturation et cela concerne même des enseignants qui étaient très innovants sur le numérique et qui le sont beaucoup moins aujourd’hui et ont envie d’un retour plus important en présentiel », témoigne Erwan Hallot, vice-président chargé de la formation, à l’université de Rennes-I.
Attroupements dans les escaliers
Parmi les étudiants, les avis sont largement plus partagés. L’inquiétude prédomine concernant les conditions sanitaires qui ne semblent pas toujours réunies lors des épreuves en présentiel maintenues pour des formations non concernées par le décret du 2 avril comme les contrats d’apprentissage, les brevets professionnels et les brevets de technicien supérieur (BTS). Des photos et vidéos postées sur Twitter le 2 avril lors d’une épreuve d’anglais de BTS à la Maison des examens d’Arcueil (Val-de-Marne) attestent d’attroupements dans les escaliers et d’une promiscuité entre des candidats coincés dans une file d’attente.
(...)
Pour Franck Loureiro, secrétaire général adjoint du SGEN-CFDT, ces situations doivent inciter le gouvernement à reconsidérer les modalités de passation de ces examens mais aussi des concours des grandes écoles, véritable totem français. « Cette crise sanitaire est un scanner qu’on fait passer à l’ensemble de la société qui nous montre où existent des faiblesses. Les candidats jouent leur vie le jour d’un concours et certains viennent en ayant connaissance qu’ils sont positifs au Covid. Est-il normal qu’on s’en contente ? Ne peut-on imaginer qu’ils puissent repasser une épreuve s’ils disposent d’un justificatif ? », interroge-t-il.
Ni le décret ni la circulaire ne prévoient de dispositions pour les cas contacts, relève également Paul Mayaux, président de l’organisation étudiante la FAGE. « Pour les concours de médecine PASS [parcours d’accès spécifique santé] et L.AS, il n’y a aucune obligation de prévoir une salle réservée, déplore-t-il. Il est insupportable d’imaginer qu’un jeune attrape le Covid parce qu’il n’a pas bénéficié de conditions de protection suffisantes. »
Soazig Le Nevé
Article complet à lire en cliquant ci-dessous
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Sur table ou à distance, le grand dilemme des examens à l'université
A l'approche de la fin d'année universitaire, les établissements se préparent à une session d'examens encore plus délicate qu'il y a un an lorsque les épreuves avaient intégralement basculé...
Quand la fachosphère cible les universitaires
Les affaires de chercheurs intimidés ou menacés pour leurs prises de position se multiplient. Une arme bien rodée dont use et abuse l’extrême droite pour tenter de dicter son agenda.
Ils se sont retrouvés avec une cible collée dans le dos, désignés «complices de l’islam radical». Pourquoi ? Avoir signé une simple pétition appelant à la démission de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur qui avait déclaré mi-février que «l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable». «Islamo-gauchisme» : le mot était lâché, déclenchant une série de polémiques et livrant les partisans présumés de cette notion aussi éthérée que fantasmée à la vindicte. Et notamment à celle de l’extrême droite.
Lancée, dans la foulée des déclarations de Vidal, par des membres du personnel de l’enseignement supérieur et de la recherche, la pétition a très vite recueilli des milliers de soutiens et en comptait 23 000 lors de sa remise à Matignon, le 25 mars. Tous dénoncent «l’intention dévastatrice» de leur ministre accusée de «diffamer une profession et, au-delà, toute une communauté». Mais l’affaire dépasse vite le champ des idées avec la (re) publication, le 21 février sur un blog, de la «liste des 600 gauchistes complices de l’islam radicale (sic) qui pourrissent l’université et la France». Si ce site obscur n’est pas particulièrement politisé, le texte qui accompagne la fameuse «liste», toujours en ligne, comporte tous les stigmates de l’extrême droite. «Cette liste contient les noms des personnes, toutes payées par l’Etat donc par l’impôt des Français, souvent fonctionnaires, pour effectuer d’hypothétiques recherches qui n’intéressent qu’eux-mêmes et la sphère gauchiste plus ou moins radicale, s’épanche l’auteur. Ces recherches […] servent à développer les théories qui ont pour unique but de faire avancer l’islam et par conséquent le radicalisme islamique à l’université en particulier et en France en général.» L’homme, qui a visiblement agi sous son vrai nom, a également pris soin de mettre des liens comportant CV et contacts de certains signataires.
«Fausses informations»
L’affaire a été immédiatement prise «très au sérieux» par le CNRS, qui a saisi le procureur de la République. Contacté par Libé, il indique n’avoir pas eu de remontées de menaces supplémentaires à ce stade. Des universités, comme celle de Toulouse, se sont décidées à offrir la protection fonctionnelle aux chercheurs visés et à porter plainte. «L’extrême droite utilise les réseaux sociaux, Internet, pour faire circuler des fausses informations, accoler à des personnes bien réelles des opinions qui ne sont pas les leurs et, in fine, en faire des gens supposément dangereux qu’il faudrait presque attaquer…» dénonce Christophe Voilliot, cosecrétaire général du Snesup-FSU, contacté par Libé. Le syndicaliste regrette que Frédérique Vidal n’ait pas soutenu les chercheurs en question plus vigoureusement.
Le sociologue Eric Fassin, également signataire de la pétition, a pour sa part dénoncé une «chasse aux sorcières» lancée par la ministre Vidal et «relayée par la fachosphère». Le chercheur a lui-même été menacé de mort récemment par Didier Magnien, une ancienne figure de la mouvance néonazie, comme l’a révélé Mediapart. «Je vous ai mis sur ma liste des connards à décapiter le jour où ça pétera», avait lancé Magnien sur Twitter en réponse à un billet de blog publié par le sociologue dans la foulée de l’assassinat de Samuel Paty, où il expliquant notamment que «si les terroristes cherchent à provoquer un «conflit des civilisations», nous devons à tout prix éviter de tomber dans leur piège». Magnien a été condamné en décembre à quatre mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende pour «menace de mort».
Mécanique bien huilée
Le schéma est simple, et presque toujours le même : une prise de position en lien de près ou de loin (parfois même de très loin) avec l’islam, les musulmans ou l’immigration dont la fachosphère s’empare et c’est la shitstorm («tempête de merde») dans le langage fleuri du Web. Grâce à des milliers de messages véhéments diffusés par des bataillons de militants ou des faux comptes, la fachosphère se joue des algorithmes et pousse ses sujets en tête des tendances, ce qui en démultiplie la portée. Et la violence pour les victimes de ce harcèlement.
Mais les réseaux radicaux s’en servent aussi pour gonfler ou créer de toutes pièces des polémiques par lesquelles ils parviennent à jouer sur l’agenda médiatique, ou politique. Outre le monde de la recherche, des personnalités comme Mennel, l’ancienne candidate de The Voice, l’animateur Yassine Belattar, les rappeurs Black M et Médine, la syndicaliste étudiante de l’Unef Maryam Pougetoux, attaquée pour s’être présentée voilée à une commission parlementaire de l’assemblée, et tant d’autres ont été ciblées par la fachosphère. Et les plateaux télé d’enchaîner les débats sur l’immigration, les études de genre, les questions identitaires, le «racisme anti-blancs» théorisé par Jean-Marie Le Pen, ou plus récemment la «non-mixité» des réunions syndicales à l’Unef.
Tempête d’insultes… puis de menaces
L’extrême droite en ligne maîtrise parfaitement la recette : relayer, s’indigner, faire réagir. Elle a encore fait preuve de ses capacités à agiter les réseaux sociaux et à décupler l’écho médiatique de certaines polémiques lors de la récente affaire liée à l’affichage − condamné par tous les acteurs − du nom de deux enseignants qualifiés de «fascistes» et taxés d’islamophobie, fin février à Sciences-Po Grenoble. Le monde politique a réagi, ainsi que la ministre Frédérique Vidal pour fustiger la mise en cause publique de ces deux enseignants placés sous protection policière. Face au tollé national, difficile d’entendre que l’un d’entre eux, Klaus Kinzler, avait auparavant rudement mis en cause le travail d’une enseignante. Sa «faute», selon lui ? Diriger un groupe de travail contre les discriminations employant le terme «islamophobie», terme qui serait une «arme idéologique [de la] guerre mondiale menée par des “fous de Dieu”», selon des échanges révélés par Mediapart. Kinzler s’était d’ailleurs fait recadrer par la direction de Pacte, le labo de recherche en sciences sociales CNRS /Sciences-Po Grenoble /UGA, comme l’a écrit Libé. L’affaire rebondit, mi-mars, lorsque l’animateur de CNews Pascal Praud, goguenard, donne à l’antenne le nom de la directrice du labo Pacte, coupable selon lui d’avoir défendu en interne sa collègue prise pour cible par Kinzler. Conséquence immédiate de l’outing de CNews : une tempête d’insultes et de menaces contre cette femme, qui doit désormais elle aussi vivre sous protection policière.
Cette intervention d’un leader d’opinion influent à la droite de la droite est un autre élément crucial de la mécanique fanatique de la fachosphère. Ce sont aussi les Eric Zemmour, Jean Messiha, Damien Rieu mais aussi le site Fdesouche, le «média de mobilisation» Damoclès, fondé par un collaborateur parlementaire LR, ou encore les néonazis anonymes du site interdit (mais qui reste accessible et a même un forum très fréquenté) «Démocratie participative» : une intervention de ces influenceurs, qu’elle soit sibylline ou carrément ordurière, peut transformer un épiphénomène en tempête.
Le phénomène ne concerne bien sûr pas que les chercheurs. Militants, journalistes, ou même anonymes en ont fait les frais ces dernières années. Si de plus en plus d’affaires finissent devant les tribunaux, la majorité reste impunie. Les raids numériques coordonnés et les tweets injurieux sont plus sévèrement réprimés depuis une loi de 2018. Et si un amendement a été inséré dans le projet de loi «confortant les principes de la République», pour contraindre (un peu) les réseaux sociaux à améliorer leur modération, la majorité compte surtout sur l’échelon européen. Le «Digital Services Act» devrait ainsi mettre fin à l’irresponsabilité juridique des géants du numérique. Il pourrait être adopté, au mieux, d’ici 2022.
Maxime Macé et Pierre Plottu
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Quand la fachosphère cible les universitaires
Ils se sont retrouvés avec une cible collée dans le dos, désignés "complices de l'islam radical". Pourquoi ? Avoir signé une simple pétition appelant à la démission de Frédérique Vidal,...
Dans les universités, le taux de réussite est stable en première année, mais chute en master
EXTRAITS
La Conférence des présidents d’université publie une enquête comparative des résultats des étudiants aux examens des premiers semestres 2020 et 2021.
L’échec tant redouté des étudiants en première année à l’université n’a pas eu lieu : tel est le message que la Conférence des présidents d’université (CPU) a adressé en publiant, jeudi 18 mars, une enquête comparative des taux de réussite aux examens des premiers semestres 2020 et 2021. Fondée sur quatorze établissements, que la CPU a anonymisés, cette étude couvre 25 % des effectifs étudiants, issus d’universités de toutes les tailles, qu’elles soient spécialisées en sciences humaines et sociales ou pluridisciplinaires, avec ou sans la composante santé.
En première année de licence et d’IUT, où la participation aux épreuves a été forte (90 % et plus), les taux de réussite se sont maintenus, entre 50 % et 60 %. Seuls cinq établissements sur quatorze se situent sous la médiane, entre 30 % et 60 % de réussite selon les cas, soit moins qu’en 2020 dans ces universités. L’ensemble des établissements spécialisés en sciences humaines et sociales se situent au-dessus de la médiane, tandis que deux établissements avec une composante santé enregistrent les moins bons scores, sans qu’il soit statistiquement possible de faire un lien direct avec la nature des formations, les résultats n’étant pas encore totalement exploitables, selon la CPU.
« Cette stabilité globale, ce n’était pas le sentiment que l’on pouvait avoir au départ », se réjouit le vice-président de la Conférence, Guillaume Gellé, à la tête de l’université de Reims, qui y voit une conséquence de « l’accompagnement et l’attention particuliers donnés à ce public fragile qui a fait le saut de l’enseignement secondaire au supérieur après avoir passé le bac en contrôle continu ».
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En somme, « on sait juste, pour l’instant, qu’il n’y a pas d’éviction brutale des étudiants, mais on ne sait strictement rien sur leur niveau réel », poursuit-il. A la CPU, la vice-présidente Virginie Dupont, à la tête de l’université Bretagne-Sud (UBS), se veut rassurante : « Certains étudiants n’auront pas les acquis mais nous serons, je pense, en capacité d’organiser une remise à niveau en début d’année prochaine. » (...)
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Quant au retour des étudiants au moins un jour par semaine dans les universités, comme l’avait annoncé Emmanuel Macron le 21 janvier, la mesure est appliquée à géométrie variable par les établissements et au sein même des différentes composantes qu’elles abritent. Ils sont ainsi en moyenne 60 % à être revenus à l’UBS, 55 % à Reims Champagne-Ardenne et 67 % à Bordeaux, illustrent les trois représentants de la CPU, qui espèrent encore que la « jauge restrictive » des 20 % d’accueil évoluera à la hausse, même en cas de reconfinement.
Soazig Le Nevé
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Universités : stable en première année, le taux de réussite aux examens chute en master
L'échec tant redouté des étudiants en première année à l'université n'a pas eu lieu : tel est le message que la Conférence des présidents d'université (CPU) a adressé en publiant, jeudi ...
Parcoursup : pour les bacheliers, une course d’orientation compliquée par la crise sanitaire
Les lycéens ont jusqu’à ce jeudi soir minuit pour remplir leurs vœux sur la plateforme d’admission post-bac. Des choix rendus plus complexes par la pandémie, entre salons étudiants annulés et professeurs en distanciel.
A minuit ce jeudi soir, les lycéens devront avoir formulé leurs vœux sur Parcoursup pour leurs études supérieures. Ils doivent sélectionner au minimum dix possibilités parmi les 18 000 formations proposées cette année sur la plateforme. Un choix toujours stressant pour la plupart des futurs bacheliers, rendu encore plus difficile cette année en raison de la pandémie de coronavirus. «C’est le dernier jour pour Parcoursup et j’ai peur de me tromper dans mes vœux, de regretter plus tard… Sans compter qu’avec le Covid, on a pris énormément de retard dans les programmes. J’ai l’impression qu’il me manque tellement de choses que je ne vais pas m’en sortir l’année prochaine, peu importe mon vœu», déplore, paniquée, Marine, 17 ans.
«Comment je vais me débrouiller si j’ai aucun vœu d’accepté», s’interroge-t-elle. La lycéenne, qui craint de «manquer de bases pour l’année prochaine», explique avoir «vraiment été aidée» par une conseillère d’orientation, mais a le sentiment d’avoir été «laissée de côté par les professeurs» à cause des cours en distanciel. Hajer, 17 ans, qui a, enfin, «tant bien que mal», réussi à finaliser ses vœux, explique avoir dû elle aussi se «débrouiller toute seule», en «faisant des recherches», et en se rapprochant de sa conseillère d’orientation.
La prépa pour échapper au distanciel
Ces difficultés ont été accentuées par un manque de renseignements lié notamment à l’absence de réunions d’information durant la pandémie. «On n’a pas vraiment eu la chance d’avoir des salons étudiants et des portes ouvertes pour découvrir un peu plus les universités», regrette Cléa. «C’est vrai qu’au lycée, à part deux ou trois ateliers pour nous montrer comment faire les vœux on n’a pas plus été accompagnés que ça», abonde Hajer. A cela s’ajoute la peur de continuer à être en distanciel à la rentrée. «C’est un facteur qui influence nos choix», assure Cléa.
Sara, elle aussi en terminale, a déjà formulé tous ses vœux et explique avoir pu assister à des salons virtuels, de journées portes ouvertes et des conférences en ligne qui lui ont permis de se décider plus facilement. Elle confirme néanmoins avoir choisi de «mettre des prépas» – épargnées par le distanciel jusqu’à présent – pour pouvoir être en présentiel l’année prochaine. «C’est un argument que j’ai pris en compte pour m’aider à choisir», explique-t-elle.
Des familles plus investies
Selon Solenn Ogier, conseillère d’orientation à Rennes et représentante Snes-FSU, les familles se sont davantage investies pour accompagner leurs enfants. «On a été submergés de demandes de rendez-vous, et les parents ont beaucoup accompagné. Parfois, les deux parents étaient présents lors des rendez-vous. On sentait ce besoin de comprendre les choses», a-t-elle expliqué à France Info.
«C’est une pression constante, jusqu’au moment ou nos vœux sont sélectionnés et là, c’est une libération totale», résume Ilan. Les étudiants auront néanmoins jusqu’au 8 avril pour confirmer leurs vœux et finaliser leurs dossiers en écrivant leurs lettres de motivations par exemple. Les réponses seront données aux étudiants entre le 27 mai et le 16 juillet.
Aurore Savarit-Lebrère
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Parcoursup : pour les bacheliers, une course d'orientation compliquée par la crise sanitaire
Les étudiants ont jusqu'à ce jeudi soir minuit pour remplir leurs vœux sur la plateforme d'admission post-bac. Des choix rendus plus complexes cette année, entre salons étudiants annulés et ...
Marie Poulnais, étudiante en biologie : “Certains n’ont que quinze euros par mois pour manger” + Vidéo
EXTRAIT
ÊTRE ÉTUDIANT EN TEMPS DE PANDÉMIE – Entre deux cours et les sorties entre amis, Marie Poulnais consacre quinze heures par semaine à une épicerie solidaire pour étudiants. Où elle constate l’afflux massif, depuis plusieurs mois, de jeunes de plus en plus démunis.
Si l’on ne faisait qu’observer Marie Poulnais, son enthousiasme et son sourire, on pourrait croire qu’elle nous raconte son projet de voyage au Canada. C’est là-bas, au Québec, qu’elle aimerait vivre sa troisième année de licence de biologie, avant un master, un doctorat, puis une carrière dans la recherche en biologie cellulaire… On n’y est pas encore. En attendant, le Covid prive nombre de ses camarades d’emploi, donc de ressources, donc de nourriture, et Marie Poulnais n’a pas tellement le loisir de rêver grands lacs et chiens de traîneaux. Elle gère l’Agoraé de Brest, l’une des épiceries solidaires que la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) a implantées partout dans l’Hexagone. En souriant, donc.
À l’entendre, il est tout à fait naturel de consacrer quinze heures par semaine aux gens qui souffrent. Quinze heures ? Elle réfléchit, compte sur ses doigts, oui, c’est à peu près le temps que lui demande son rôle d’intermédiaire avec les donateurs. Entreprises, organismes publics, particuliers, banque alimentaire : ça vient d’un peu partout. Il faut « gérer cette générosité en ciblant les besoins » et « pérenniser la structure ». Car plus ça va, plus le local de 25 mètres carrés mis à disposition par la faculté des sciences paraît petit. Un second ne serait pas du luxe pour recevoir davantage de produits, créer un espace de rencontres, et surtout absorber l’afflux massif d’étudiants. En quelques mois, Marie Poulnais a constaté l’évolution du spectre des bénéficiaires, élargi désormais aux écoles de commerce ou d’ingénieurs. Même si la plupart des deux cents inscrits restent des étudiants étrangers à la faculté. « Certains n’ont que 15 ou 20 euros par mois pour manger.
(...)
Michel Bezbakh
Suite et fin (abonnés) en cliquant ci-dessous
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Marie Poulnais, étudiante en biologie : "Certains n'ont que quinze euros par mois pour manger"
ÊTRE ÉTUDIANT EN TEMPS DE PANDÉMIE - Entre deux cours et les sorties entre amis, Marie Poulnais consacre quinze heures par semaine à une épicerie solidaire pour étudiants. Où elle constate l...
« Si Frédérique Vidal repère des sorcières, il faut évidemment qu’elle les chasse »
EXTRAITS
Dans un texte satirique, l’historien américain Steven Kaplan s’amuse de la « chasse aux sorcières » lancée par la ministre de l’enseignement supérieur. Si l’université américaine avait été aussi réactive, elle aurait pu se débarrasser à temps de la French Theory, écrit l’universitaire.
Tribune. L’autre jour, dans Le Monde, des centaines de chercheurs et universitaires ont dénoncé une « chasse aux sorcières » lancée par leur ministre de tutelle, Mme Vidal. J’ai trouvé leur texte un peu fort de café. Pour éviter la moindre suspicion de micro-agression genrée, je ne dirai jamais que Mme Vidal veut tout simplement faire le ménage chez elle. Si, de son positionnement panoptique, elle repère des sorcières, il faut évidemment qu’elle les chasse, même si Donald Trump a dévoyé la formule, faute de bien connaître le Malleus Maleficarum, manuel canonique de la chasse aux sorcières datant du XVe siècle.
Je parle d’expérience : si nous, les universitaires-chercheurs américains, avions été aussi réactifs que les vigilants macroniens d’aujourd’hui, nous aurions pu, dès le début des années 1980, prévenir l’infestation toxique de notre variant de l’« islamo-gauchisme », en chassant les sorciers portant la « théorie française » (en français : French Theory), qui a passablement gangrené notre corps intellectuel (et son sosie militant) pendant quelques décennies.
Figures subversives
Il y a eu plusieurs vagues, moult inflexions : parmi de nombreux philosophes, linguistes, sémiologues, historiens, sociologues, psychanalystes se distinguent trois figures particulièrement subversives, tous trois élèves de l’Ecole normale supérieure et agrégés de philosophie (c’est déjà tout dire, presque l’amorce d’un complot), des « penseurs » (sacerdoce peu américain, hors cadre apostolique), de véritables ensorceleurs, capables d’attirer 500 personnes pour un « séminaire », de les tenir sous le charme de leur parole pendant trois à quatre heures, malgré le penchant américain de rentrer dîner à 17 heures.
D’abord, Michel Foucault – qui a mis en question des notions généralement considérées comme intrinsèquement limpides (« discours », « auteur ») – nous a contraints à affronter la subjectivité, à repenser les relations entre discipline et ordre social, entre pouvoir et savoir, entre sexualité et répression. Ancien communiste, puis maoïste, gay : heureusement il n’était ni juif ni noir, car, avec le reste, il n’aurait jamais obtenu un visa américain.
Moins sulfureux, mais non moins engagé socialement, politiquement, moralement, publiquement, Pierre Bourdieu a pesé énormément sur la manière d’appréhender et d’étudier les relations sociales, notamment à travers ses analyses des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales et de domination, refusant de privilégier les facteurs économiques par rapport aux facteurs symboliques et culturels.
Jacques Derrida, juif, mais séfarade, ce qui compte moins aux Etats-Unis, partant de la vive tension entre parole et écriture, nous a éblouis avec ses quatre « D » : « différance » (qui soulève la question des rapports entre le sens et l’écriture), dissémination (la compréhension comme toujours contingente), don (comme secret) et surtout déconstruction, que le grand public découvre en 1997 à travers un film de Woody Allen, Harry dans tous ses états (analyse critique musclée ou démantèlement de la philosophie occidentale, la déconstruction influence profondément de nombreux chercheurs non-philosophes et des étudiants de divers horizons comme une remise en question du sens, qui n’est jamais stable, comme la démonstration de la capacité d’un texte à se saboter, se transformer, échapper complètement à ses conditions de production).
(...)
Peut-être même, sans la puissante fermentation de la French Theory, n’aurions-nous pas subi la destruction trumpiste de l’épistémologie sociopolitique, l’invention des « faits alternatifs » et la consécration d’une réalité parallèle et sublimée basée sur des mensonges. Sans ces derniers, sans doute le Capitole n’aurait-il pas été envahi et Mme Vidal n’aurait-elle pas été choquée par l’apparition du drapeau des confédérés du Sud, image forte qui paraît participer à sa légitimation de la suppression des droits fondamentaux des chercheurs et universitaires français, déjà soumis à une loi de programmation-inquisition.
Steven L. Kaplan est professeur émérite d’histoire européenne à l’université Cornell (Etats-Unis) et il a publié récemment Pour le pain (Fayard, 2020).
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" Si Frédérique Vidal repère des sorcières, il faut évidemment qu'elle les chasse "
TRIBUNE. Dans un texte satirique, l'historien américain Steven Kaplan s'amuse de la " chasse aux sorcières " lancée par la ministre de l'enseignement supérieur. Si l'université américaine ava...