Alors que l’université accueille les enfants de la démocratisation scolaire, la réforme Macron permet aux établissements d’enseignement supérieur de sélectionner leurs étudiants. Défendant l’université comme lieu de formation et de recherches, S. Beaud et M. Millet invitent à s’interroger sur le sens de la poursuite d’études dans une société démocratique.
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Universités : comme un esprit de Mai?...
EXTRAIT
En Mai 68, tout a commencé un 22 mars : parce qu'après que des jeunes hommes de la cité universitaire de Nanterre ont investi le bâtiment des jeunes filles, Pierre Grappin, doyen de la faculté de lettres, a décidé de fermer l'université pour imposer le retour au calme, provoquant ainsi le déplacement du mouvement contestataire vers la Sorbonne. 22 mars 2018 : Philippe Pétel, doyen de la faculté de droit de Montpellier est lui accusé d'avoir laissé entrer un groupe de jeunes hommes soupçonnés d'appartenir au G.U.D, groupuscule étudiant d’extrême-droite, cagoulés et armés de planches et de barres de fer pour déloger d'un amphithéâtre d'autres étudiants qui s'y trouvaient réunis en assemblée générale après avoir manifesté contre la loi Vidal. Soupçonnés d’avoir organisé ces violences, Philippe Pétel et un professeur ont depuis été placés en garde à vue, et suspendus de leurs fonctions. Tandis que depuis quelques semaines, constatant ici et là des mouvements d'opposition aux procédures d’entrée à l’université contenues dans la loi ORE, la presse se demande si « la jeunesse pourrait ébranler Jupiter », depuis quelques jours les faits sont là : l'université parisienne de Tolbiac est bloquée, comme celle du Mirail à Toulouse, comme le campus de la Victoire à Bordeaux, la fac de lettres de Montpellier….
Pour voir en intégralité la vidéo réalisée par les lycéens de Vendôme en grève contre la réforme contenue dans la loi ORE dont un extrait a été diffusé dans l'émission.
Emilie Aubry
A lire en intégralité en cliquant ci-dessous
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"Vivre-ensemble" : quel sera le catéchisme macronien ? / Universités : comme un esprit de Mai ?
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Le discours gouvernemental sur la "crise " de l'université? Des effets néfastes!...
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Bodin Romuald & Orange Sophie. L'université n'est pas en crise. Les...
L'ouvrage de Romuald Bodin et Sophie Orange est exemplaire. En effet, et sur un sujet maintes fois rebattu, ces deux jeunes maîtres de conférences en sociologie exerçant en région ont le mérit...
Universités - Julie Le Mazier: «Le mouvement est en train de prendre»...
EXTRAIT
Une douzaine de facultés sont bloquées, intégralement ou en partie, pour protester contre la réforme d’accès à l’enseignement supérieur. Spécialiste des mobilisations étudiantes, Julie Le Mazier évoque un mouvement qui manque encore de coordination, mais qui connaît une accélération.
Julie Le Mazier est docteure en science politique, auteure d’une thèse intitulée « Pas de mouvement sans AG : les conditions d’appropriation de l’assemblée générale dans les mobilisations étudiantes en France (2006-2010). Contribution à l’étude des répertoires contestataires » et chargée de cours à l’Université Paris XIII-Villetaneuse.
La spécialiste des mouvements étudiants, membre de Sud Éducation, revient pour Mediapart sur la mobilisation qui traverse les universités en France depuis quelques semaines. Les étudiants et lycéens protestent contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), définitivement adoptée le 8 mars dernier. Celle-ci prévoit notamment la mise en place d’attendus, soit une liste de compétences requises pour intégrer telle ou telle filière.
Les étudiants, et lycéens, se mobilisent contre Parcoursup et la loi ORE, il y a eu accélération avec plusieurs blocages de fac, est-ce le signe que le mouvement est en train de prendre ?
Julie Le Mazier : Quelques indicateurs démontrent que le mouvement est en train de prendre. C’est toujours difficile à diagnostiquer, car nous ne sommes pas des prophètes. Néanmoins, les chiffres de participation aux assemblées générales ces derniers jours sont importants. Ils étaient plus de 2 000 à Toulouse et Montpellier. Si on les compare avec ceux des mouvements étudiants de la fin des années 2000, on se rapproche des chiffres de la mobilisation contre le Contrat première embauche (le CPE) en 2006 avec des étudiants et professeurs qui débordaient des amphithéâtres. Les blocages qui commencent sont aussi un signe à prendre en compte.
La seule chose fragile en revanche, c’est que le mouvement est circonscrit à certaines villes. Toulouse s’est mobilisée d’abord en raison du projet de fusion. Les violences à Montpellier ont aussi motivé les étudiants. Cela va-t-il essaimer ? Impossible de le déterminer pour le moment, mais si elles restent isolées cela risque d’être compliqué de maintenir le mouvement. Il n’y a pas eu de grosse manifestation réunissant à la fois lycéens et étudiants. Même si celle du 1er février était relativement importante pour une première. La deuxième a stagné en raison de différents facteurs aussi différents que le choix de dates très rapprochées, à cinq jours d’intervalle, la neige et surtout le manque d’informations. Les lycéens étaient confrontés à Parcoursup avec tout le stress que cela génère. Il leur fallait avoir de bonnes notes pour leur dossier.
Si cela gagne les universités, c’est aussi parce qu’on connaît mieux les contours de la réforme de la licence avec la question de la compensation qui disparaîtrait ou la fin du rattrapage de la deuxième session. Les syndicats étudiants font aussi leur travail d’information.
Les ingrédients sont-ils réunis pour une forte mobilisation sachant que la nouvelle loi touche directement les lycéens et les futurs étudiants ? Qu’est-ce qui permet de pérenniser un mouvement ?
D’abord, il faudrait que les différentes universités se coordonnent avec des journées de manifestation communes qui auraient un retentissement médiatique plus fort. Cela peut s’inscrire dans le cadre d’une coordination nationale ou grâce à l’entremise des syndicats. Quelques-unes ont eu lieu mais cela n’a pas eu beaucoup d’écho.
Pendant la lutte contre le CPE, pendant les congés de février, 10 000 étudiants ont occupé la gare de Rennes. Il y avait eu une grande assemblée générale puis une manifestation. Les leaders de la grève étudiante ont profité des vacances scolaires pour faire la tournée des établissements parisiens et dans les alentours pour chauffer les troupes. Il fallait alors élargir le champ des possibles des étudiants et leur montrer que ça valait le coup de s’engager. Chaque AG débutait par une liste des facs en grève pour créer un effet d’entraînement. Cela n’aurait pas fonctionné s’ils avaient continué à mener des actions minoritaires avec des collectifs militants.
Aujourd’hui, il y a des lycéens et étudiants qui ne sont pas informés. Cela dépend aussi des universités et de l’inventivité des collectifs militants qui proposent plus ou moins de choses. Les cours alternatifs peuvent inciter les étudiants à venir quand même à l’université. La dimension conviviale entre aussi en ligne de compte. Les grévistes vont tisser des liens d’amitié et apprendre à vivre au rythme des ateliers de confection de banderoles ou d’affiches. Cela peut être anodin mais comme cela ne requiert pas de compétences particulières, cela peut permettre aux moins politisés de se sentir intégrés au sein d’un projet collectif. Il faut aussi qu’il y ait des cortèges pour aller en manifestation. Personne n’ira jamais seul.
Y a-t-il des formes d’action reproduites de mouvement en mouvement ?
Le milieu étudiant se renouvelle chaque année. Il est frappant d’observer qu’il y a une continuité dans les modes d’action que ce soit en 1968, 2006, 2010 ou 2016 avec des blocages, des occupations d’universités, des assemblées générales et des manifestations. Des traditions se perpétuent, car le début d’un mouvement est initié par des militants qui ont déjà l’habitude de le faire ou qui appartiennent à des organisations qui perpétuent cette mémoire de lutte. Ils expliquent par exemple l’importance des AG ou pourquoi les grèves des cours sont nécessaires pour éviter que seuls les grévistes ne soient pénalisés.
Pourquoi les jeunes mobilisés sont-ils les bêtes noires des dirigeants politiques ?
Ces mouvements font peur aux dirigeants, car ils sont moins contrôlables. Les syndicats étudiants sont moins reconnus par les politiques que ceux de salariés. Les jeunes réclament souvent tout ou rien, il n’y a pas de levier de négociation. Si vous mettez plein de jeunes dans la rue, ils courent, ils débordent. La peur de la jeunesse est structurelle dans les sociétés. Elle se radicalise aussi plus vite et facilement car elle a moins d’attaches, pas de famille, pas d’emploi. Elle peut ne pas avoir peur de finir en garde à vue par exemple.
Par ailleurs, quand une partie d’une classe d’âge vit une grève, elle se politise. Les soixante-huitards ne se contentent pas d’avoir fait Mai-68. Les anonymes ont poursuivi la contestation à différentes échelles. Cela produit des conséquences sur le long terme. Cette mémoire existe chez les gouvernants, car cela peut être dangereux de ne pas contenter la jeunesse. Alain Devaquet a été contraint de démissionner après la mort de Malik Oussekine en dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Vingt ans plus tard, Dominique de Villepin a vu sa carrière politique ruinée par le CPE.
(...)
Propos recueillis par Faïza Zerouala
Suite et fin en cliquant ci-dessous (pour abonnés)
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Julie Le Mazier: "Le mouvement est en train de prendre"
Une douzaine de facultés sont bloquées pour protester contre la réforme d'accès à l'enseignement supérieur. Spécialiste des mobilisations étudiantes, la chercheuse Julie Le Mazier évoque u...
Témoignage coup de poing d’un universitaire en grève à Clermont-Ferrand...
Découvrez le Témoignage coup de poing d’un universitaire en grève à Clermont-Ferrand qui en marre que le gouvernement sous prétexte d’améliorer l’entrée à l’université instaure la sélection à l’entrée. Sans concertation aucune avec le monde universitaire on impose une modalité d’inscription encore plus ingérable que la précédente. Des milliers de lycéens vont se retrouver sur la touche. Intolérable !
Y en a marre plus généralement de cette administration centrale formée à l’ENA ou à Science po qui ne cesse de pondre des règlements absurdes pour réguler une université dans laquelle ils n’ont jamais mis les pieds. Inadmissible !
Y en a marre que les enseignants-chercheurs se fassent élire à la tête des universités et des conseils de fac sur des programmes de maintien du service public et se comportent, dès qu’ils sont élus, comme des petits chefs zélés faisant appliquer à toute force des réglementations qui cassent le service public. Honteux !
Y en marre de l’indigence des ressources humaines. Un universitaire se plaint de harcèlement auprès de sa DRH demande la protection juridique en novembre, en mars on lui répond, par oral, que la meilleur solution est encore qu’il se fasse arrêter ! Consternant !
Y en a marre que des gestionnaires aient pris le contrôle de l’administration des universités. Marre d’être pris pour des voleurs et des fraudeurs qui doivent sans cesse remplir une paperasse toujours plus importante alors que les frais remboursés sont toujours plus maigres et les délais de remboursements toujours plus long. Marre aussi de vivre dans la seule organisation où l’on demande de ne plus engager aucun frais à partir du 15 novembre pour pouvoir établir le bilan comptable ! De qui se moquent-on ? Est-ce que l’on demande aux cadres de Michelin d’arrêter toute dépense pour des raisons comptables ? Délirant !
Y en a marre de voir cette logique quantitative s’imposer partout. Peu importe si les étudiants sont ou non satisfaits de leur formation. Peu importe, si ils ont les outils intellectuels et pratiques pour mener à bien leur projet de vie. Peu importe si des liens sont noués avec le territoire et les acteurs locaux. Non la seule chose qui compte c’est : un, réduire les coûts et deux, remplir au maximum les formations ! On transforme ainsi un service public formant à l’intelligence critique en une machine à fabrique des chômeurs. Stupide !
Y en a marre aussi de la lâcheté des universitaires. Les premiers à râler dans les couloirs, les premiers à protester dans les repas privés, les derniers à manifester dans la rue, les dernier à contester dans les différents conseils où ils sont présents. Insupportable !
Y en a marre surtout de voir des étudiants en souffrance qui n’ont aucune infirmière prés de le leurs lieux de cours et ne peuvent se confier, en tout et pour, qu’à un seul docteur. A Clermont, une docteure en médecine préventive pour 40 000 étudiants. Scandaleux !
Y en a marre toujours de voir de plus en plus d’étudiant se prostituer ou faire des boulots de merde pour payer leurs études, leurs loyers et leurs nourritures. Pas assez de logements universitaires, de livres dans les bibliothèques, d’assistantes sociales. Indigent !
J’en ai marre. Je suis cuit, vidé, épuisé. Plus de souffle, plus d’énergie sauf celle de la colère. Le désespoir me gagne : je ne sais plus ni quoi ni comment faire pour éviter que le plus beau métier du monde ne se transforme en la plus absurde des professions de l’univers.
Eric Dacheux
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Témoignage coup de poing d'un universitaire en grève à Clermont-Ferrand
Découvrez le Témoignage coup de poing d'un universitaire en grève à Clermont-Ferrand qui en marre que le gouvernement sous prétexte d'améliorer l'entrée à l'université instaure la sélecti...
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Intolérables violences, très "organisées", à la Faculté de Droit de Montpellier! Les images et témoignages...
Montpellier : des étudiants occupant la fac de Droit passés à tabac par des hommes cagoulés
Scène d'une grande violence, la nuit dernière à la faculté de Droit de Montpellier. Plusieurs étudiants occupant les locaux ont été agressés par une douzaine d'hommes cagoulés. Les forces de l'ordre sont intervenues vers 1h du matin. Plusieurs jeunes sont hospitalisés.
Vers minuit et demi, selon les témoignages, une bande de 10-15 personnes cagoulées a agressé les manifestants. Armés vraisemblablement de matraques ou de bâtons, visibles sur les images postées sur les réseaux sociaux, les hommes ont visiblement tenté de faire évacuer les locaux de force.
Résultat: plusieurs étudiants blessés, selon notre reporter, Caroline Agullo, qui était sur place. Certains ont été transportés à l'hôpital.
Qui sont les agresseurs?
Pour l'instant, rien ne filtre de l'enquête de la police mais certains étudiants présents accusent le doyen de la faculté de droit de Montpellier d'avoir commandité cette évacuation forcée.
Joint par France 3, Philippe Petel s'est défendu d'être à l'origine de cette attaque, mais insiste également sur la nécessité qu'il y avait à faire évacuer les lieux.
Ecoutez cette étudiante présente lors de l'agression. Elle est au micro de Caroline Agullo. Elle a les mains en sang après avoir tenté de dégager un étudiant attaqué et coincé sous une grille.
Réponse du doyen de la faculté de Droit, accusé par les étudiants d'avoir pour le moins facilité l'accès de l'université aux hommes armés et cagoulés.
Sylvie Bonnet
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Montpellier : des étudiants occupant la fac de Droit passés à tabac par des hommes cagoulés
Scène d'une grande violence, la nuit dernière à la faculté de Droit de Montpellier. Plusieurs étudiants occupant les locaux ont été agressés par une douzaine d'hommes cagoulés. Les forces ...
La réforme Macron de l’université.. Analyse/La Vie des Idées...
EXTRAITS
Au moment où commencent les choses sérieuses, à savoir la mise en place concrète de la loi ORE (Orientation et Réussite des Étudiants) qui, à travers la production par chaque formation universitaire de prérequis (appelés « attendus »), remet en cause le principe sacré de la liberté d’accès à l’université de tous les bacheliers de France et de Navarre [1], ce texte souhaite revenir sur certains enjeux de cette réforme qui semblent insuffisamment évoqués dans les débats en cours. Celle-ci est en effet historique dans la mesure où, depuis l’échec du projet Devaquet de 1986, toute idée de sélection à l’université a été exclue par les gouvernements de notre pays. Or cette loi, malgré ses précautions sémantiques, vise à faire sauter ce verrou et entrer l’université française dans une nouvelle ère.
Au delà des questions pratiques, bien sûr importantes, que pose le pilotage de cette réforme et de la situation actuelle de l’université, affaiblie par la conjonction de 10 ans de LRU, de disette budgétaire et de plusieurs décennies d’accroissement des effectifs étudiants, il apparaît essentiel de replacer au cœur des débats la réflexion sur la fonction sociale de l’université en France. Depuis 30 ans, il a été assigné à la plupart des formations universitaires (hormis le secteur de Médecine/Pharmacie, protégé par le concours de fin de première année) la fonction d’accompagner, le plus souvent avec les moyens du bord, le puissant mouvement de poursuite des études issu de ce qu’on a coutume d’appeler la « seconde explosion scolaire » [2] (Chauvel, 1998). Aussi l’université a-t-elle été avec les STS [3], de tous les segments de l’enseignement supérieur, celui qui a accueilli la plus forte proportion des « enfants de la démocratisation scolaire » (Beaud, 2002) issus de la politique des 80 % au bac décidée par J.-P. Chevènement en 1985. La loi ORE vise clairement à rompre avec cette mission. Elle donnera sans doute satisfaction à tous les partisans du tour de vis qui espèrent ainsi pouvoir choisir (enfin) leur public. Mais elle laisse en suspens, dans le flou ou le non-dit, la question - décisive à nos yeux - du sens et de la forme que doit prendre la dynamique de poursuite d’études supérieures pour les nouvelles générations de bacheliers, appelée par l’économie de connaissance qui est celle désormais des pays développés.
(...)
... la loi ORE - tant sur sa forme, brutale, que sur le fond - procède essentiellement d’un regard d’en haut sur l’université qui est lui-même intimement lié à l’« élitisme républicain » (Baudelot, Establet, 2009) dont on peut souligner qu’il imprègne de part en part les premiers mois de la Présidence Macron. La priorité est accordée à la promotion de filières d’excellence comme fer de lance de la start up nation qui se conjugue avec l’abandon de toute conception progressiste et démocratique de l’université.
La mise en place de la loi ORE ne manquera pas, à terme, d’avoir de profonds effets structurels, déjà inscrits dans la loi LRU (2007) : une nouvelle hiérarchisation des universités et des filières, une tendance à leur polarisation, sans compter un sérieux coup de pouce pour le secteur privé du supérieur qui pourrait s’engouffrer un peu plus [14] dans les brèches ouvertes par le flou institutionnel (voir Graphique 5) et les très probables, et durables, dysfonctionnements de l’usine à gaz qui s’annonce dans ce secteur stratégique de la première année post-bac, à l’université.
Sans compter que cette réforme du premier cycle universitaire, en instaurant une sélection à l’entrée de l’université, feint de ne pas voir deux processus essentiels qui lui sont associés. D’une part, sa mise en œuvre pratique a de fortes chances de finir de détruire l’investissement dans leur métier de personnels administratifs sous-payés et d’enseignants-chercheurs soumis à rude épreuve depuis la mise en place de la LRU, devant faire face à une criante pénurie de moyens. D’autre part, cette réforme, en rompant avec la fonction sociale objectivement assignée depuis 30 ans au premier cycle universitaire - celle d’amortisseur social de la crise, de régulation de la longue transition professionnelle des bacheliers « moyens » - ne dessine aucune perspective d’avenir aux futurs refusés à l’entrée de l’université. Parce que cette réforme fait payer aux nouveaux étudiants les conséquences de politiques d’ouverture inconséquentes, jamais accompagnées ni assumées jusqu’au bout, cette politique de sélection à l’entrée dans l’université ne débouche, pour eux, sur aucun autre horizon que celui du précariat et de la galère.
Stéphane Beaud et Mathias Millet
Stéphane Beaud & Mathias Millet, « La réforme Macron de l’université », La Vie des idées , 20 février 2018. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/La-reforme-Macron-de-l-universite.html
A lire dans son intégralité en cliquant ci-dessous
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La réforme Macron de l'université
Alors que l'université accueille les enfants de la démocratisation scolaire, la réforme Macron permet aux établissements d'enseignement supérieur de sélectionner leurs étudiants. Défendant ...
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CP à 12 et Parcoursup... A force de raconter n'importe quoi...
Blanquer casse-t-il le lycée et l’université ? (Mediapart/Videos émission du 7/02/2018)
Invitées :
Sylvie Plane, linguiste et ancienne vice-présidente du Conseil supérieur des programmes
Valérie Philippeau, professeure d'histoire-géographie en terminale
Christine Jarrige, psychologue de l’éducation nationale
Leïla Frouillou, maîtresse de conférences en sociologie à l'université Paris Nanterre
À lire :
Les risques de la future réforme du bac et du lycée
La réforme du bac amorce la refonte du lycée
A Paris, les manifestants défilent contre «un système d'éducation à plusieurs vitesses»
Invités :
Rachid el-Guerjouma, président de l’université du Mans
Annabelle Allouch, sociologue, auteure de La Société du concours
Lilâ Le Bas, présidente de l’Unef
Annliese Nef, maîtresse de conférences en histoire à Paris I-Université Panthéon-Sorbonne
À lire :
Face à Parcoursup, les lycéens entre interrogations et angoisses
Des enseignants contestent toujours la réforme de l’universit
Notre dossier complet sur l'université
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Blanquer casse-t-il le lycée et l'université ?
Le ministre de l'éducation a amorcé de grandes réformes tant pour l'accès à l'université que pour les épreuves du baccalauréat. Mais les risques de hausse des inégalités entre étudiants ...
Parcoursup... Un point de vue...
Parcoursup: le dernier combat
(...)
1. La plateforme Parcoursup, c’est l’arbitraire d’une prédiction d’orientation définie par des enseignant.e.s de Terminale désorienté.e.s; c’est l’inégalité sociale d’un bonus accordé à celles et ceux qui disposent d’un patrimoine extra-scolaire, social ou culturel ; c’est un dispositif qui favorise celles et ceux qui en maîtrisent les codes. Jeu de piste ou loterie : la plus grande réussite de Parcoursup est de vous désorienter. Et pourquoi donc ?
2. L’objectif de Parcoursup et son monde (Loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants, dite loi ORE, réforme du bac et du lycée) est de créer un grand marché dérégulé de l’éducation. Ce marché est déjà en place. Chers parents, chères lycéennes et chers lycéens, des dizaines d’officines privées sont prêtes à vous piller et remplaceront très bientôt les conseillers d’orientation, lesquels sont gratuits. L'une d'entre elle propose de choisir entre une formule Inspiration (320 euros) et une formule Sérénité (560 euros). Pour 810 euros il existe même une option « inscription internationale »**. Le rêve du patronat va s’accomplir : que les étudiants payent leur propre orientation, leur formation – l’augmentation des droits d’inscription est programmée - et au final, pourquoi pas, payent pour travailler !
3. Parcoursup est la négation du libre choix pour chaque jeune de définir son avenir professionnel, de se réorienter ou encore du droit –parfaitement légitime ! - de ne pas savoir à 17 ans quelle voie professionnelle il/elle souhaite emprunter.
4. La conséquence mécanique de Parcoursup, c’est la guerre à tous les niveaux : guerre entre lycéen.ne.s pour accéder aux meilleurs formations, guerre entre formations, entre universités et entre établissements secondaires, entre public et privé, entre pauvres et riches ; mais aussi tensions entre profs et élèves, entre enseignants et entre parents et profs de terminale. Et guerre entre enseignants-chercheurs pour devenir ou ne pas devenir des bureaucrates de la sélection.
5. Tout est déjà en place que pour que la sélection à l’entrée de l’université s’institutionnalise. Après des années de réductions budgétaires et de dégradation des conditions de travail, les universitaires sont majoritairement favorables à la mise en place d’une sélection qu’ils considèrent à tort comme un remède à leurs difficultés ; les présidents d’université y poussent ; les conseils d’administration des universités, chambres d’enregistrement dominées par des membres extérieurs et des majorités présidentielles, valideront capacités d’accueil et attendus.
6. Les réformes Macron-Vidal-Blanquer ont une systématicité et s’imposent dans une stratégie du choc. Réforme du Bac (bac spécifique à chaque lycée = bac maison), réforme du lycée (lycée "modulaire"), loi ORE et politique de réduction du nombre de fonctionnaires participent d’une même logique : la défonctionarisation de l’éducation et de l’enseignement supérieur et leur entrée dans le secteur concurrentiel privé. La stratégie de l’empilement des réformes et leur imposition sans concertation - et en dehors de tout cadre légal pour ce qui est de la loi ORE - visent à empêcher les mobilisations et toute contestation démocratique.
7. Si les réformes Macron-Vidal-Blanquer s’imposent, les syndicats réformistes, que ce soit le Sgen-CFDT pour les personnel ou la Fage pour les étudiants, auront une responsabilité historique dans la mise en œuvre d’une politique de ségrégation sociale et de destruction de la fonction publique. Ils veulent débattre et pourquoi pas négocier le poids des chaînes, alors qu’il faut se battre et ne rien céder. Ils n’ont pas encore compris que Macron, c’est la politique de Sarkozy, avec le sourire et la com’ en plus.
8. Mener le combat contre la sélection, c’est défendre la justice sociale, la démocratie et le libre accès au savoir. C’est aussi refuser que les compétences se substituent partout aux connaissances, c’est refuser que les formations soient calibrées en fonction des besoins du patronat, vieux rêve de la droite que Macron-Vidal vont exaucer. C’est défendre le principe que la connaissance n’est pas une marchandise, que l’accès au savoir est un droit humain fondamental et qu’à cette fin, l’Université publique doit être soutenue et doit rester ouverte à tous les bacheliers. C’est essentiel pour l’égalité des chances, pour le progrès social, mais c’est aussi fondamental pour l’université elle-même dont les fondements ont été évidés par dix années de réformes néolibérales et les valeurs à peu près réduites à néant. Selon Sophie Orange et Romuald Bodin, dans un article important qu'on peut lire ICI, "APB et Parcoursup partagent le fait d'être des outils pensés par et pour les milieux sociaux les plus favorisés et risquent donc de produire la désorientation des moins favorisés là où il était censé la réduire".
9. Dans une importante « Recommandation concernant la science et les chercheurs scientifiques » la Conférence générale de l’UNESCO réunie à Paris au mois novembre 2017, liait étroitement la valeur de la recherche à celle des scientifiques eux-mêmes, dont l’accomplissement des tâches exige « des qualités d'intégrité et de maturité intellectuelle, alliant d'éminentes qualités intellectuelles et le respect des principes éthiques ». Aussi l’UNESCO recommande-t-elle ceci aux États membres :
« faire en sorte que tous leurs ressortissants, sans distinction de race, de couleur, d’ascendance, de sexe, de genre, d’orientation sexuelle, d’âge, de langue natale, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale, ethnique ou sociale, de condition économique ou sociale de naissance, ou de handicap, jouissent des mêmes possibilités d'acquérir une éducation et une formation initiales leur offrant les qualifications nécessaires aux carrières dans la recherche et le développement, et que tous ceux qui ont acquis cette aptitude jouissent de la même possibilité d'accès aux emplois existants dans la recherche scientifique. »
Ce que les universitaires ne mesurent pas encore, c’est que derrière l’accès à l’université pour les bacheliers se joue aussi l’accès à l’emploi scientifique et le statut même des fonctionnaires, le statut des enseignants-chercheurs que Pécresse n’avait pas réussi à casser en 2009 et que Macron entend remettre en cause. Quand les universitaires se rendront compte de ce qui se joue là, ce sera trop tard.
10. Parcoursup n’est pas qu’un dispositif technocratique. Cette plateforme porte en elle un modèle de société. Ce modèle - qui est celui de la compétition, de la concurrence et de la sélection – est mortifère pour toute civilisation.
Pascal Maillard
Le 7 février 2018
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Le combat contre la sélection à l'entrée de l'université est peut-être le dernier avant la rupture définitive des frêles digues qui nous protègent encore de la lame de fond de la ...
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«Avec Parcoursup, je n’aurais pas pu accéder à l’université»...
«Parcours super naze, l’exclusion est en marche» ; «Même Darwin n’avait pas imaginé tant de sélection» ; «Fac pour tous»… Placée sous le signe de la convergence des luttes, la première journée d’action contre les réformes de l’entrée à l’université et du baccalauréat n’a pas fait le plein. Ils étaient plusieurs milliers (2 400 selon la police) à manifester jeudi après-midi à Paris, et environ 400 à se réunir devant le rectorat de Lyon.
Le premier syndicat chez les enseignants du supérieur (Snesup-FSU), l’organisation étudiante Unef, les syndicats lycéens UNL et SGL, FO, CGT, SUD et d’autres réclament le retrait du projet de loi sur les nouvelles modalités d’accès à l’université, jugées sélectives, via la plateforme d’inscription Parcoursup lancée il y a dix jours. Ils ont été rejoints par la FCPE, première fédération des parents d’élèves, qui souhaite que «le baccalauréat reste la seule porte d’entrée» à l’enseignement supérieur.
Premiers concernés, les lycéens étaient nombreux à marcher entre les facs de Jussieu et de la Sorbonne. Comme Adrien, 16 ans, en première ES à Palaiseau (Essonne). «Je trouve ça injuste, tout le monde devrait pouvoir accéder aux études qu’il veut. Quelqu’un de moyen au lycée comme moi peut tout à fait réussir à l’université. Je préférais le tirage au sort à ces critères arbitraires.» A ses côtés, Medhi, 16 ans, en seconde à Cergy (Val-d’Oise), est inquiet : «J’ai peur de ne pas trouver d’université, d’être dans le désarroi total en fin de terminale.»
Des étudiants étaient présents en signe de soutien aux lycéens. «Je n’aurais jamais pu accéder à l’université avec cette réforme. J’étais en terminale STG [sciences et technologies de la gestion] dans un lycée pas facile. J’aimerais que tous les lycéens aient les mêmes chances que moi, tonne Matthieu, 24 ans, en histoire à Paris-I. D’autre part, le contrôle continu au bac ne peut fonctionner que si tous les élèves ont la même éducation pour ne pas créer une France à deux vitesses, ceux des lycées d’élite et les autres. La sélection passerait aussi par ce biais-là.» Fabienne, prof de maths au lycée Jules-Ferry, abonde : «Ce qui est prévu est que ce soit les universités qui choisissent leurs étudiants, et non plus l’inverse. C’est aberrant.»
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"Avec Parcoursup, je n'aurais pas pu accéder à l'université"
"Parcours super naze, l'exclusion est en marche" ; "Même Darwin n'avait pas imaginé tant de sélection" ; "Fac pour tous"... Placée sous le signe de la convergence des luttes, la première journ...