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Vivement l'Ecole!

politique

Le 19 mai vu par Chantal Thomas : l’étudiante et le métier de vivre...

20 Mai 2018 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Politique, #Histoire, #Mai 68

Le 19 mai vu par Chantal Thomas : l’étudiante et le métier de vivre...

L’écrivaine retrace son parcours d’étudiante en philo à Aix-en-Provence et tous les moments intenses, les découvertes et rencontres de cette époque féconde. Une jeunesse revendicative dans une société étriquée.

C’est l’aube, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je lis ces lignes de Jean-Christophe Bailly : «Les événements de Mai 68, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, se résument pour moi dans ce geste, ou ce symbole - avoir planté un arbre, ou plein de petits arbres qui devaient former une forêt frémissante à la surface d’un pays engoncé (1).» Dans la tension du décalage horaire, dans ce mixte particulier d’épuisement et d’énergie, j’aperçois une forêt. Je ferme les yeux, sens sur mon visage le vent entre les branches, son frémissement…

En mai 68, j’étais étudiante à Aix-en-Provence. Je logeais dans une grange retapée en bordure d’un champ d’amandiers. J’étais étudiante en philosophie. Dans mon esprit, ça voulait dire qu’il ne pouvait y avoir de limites à une telle étude, elle ouvrait sur une aventure indéfiniment extensible, étrangère à toute notion de programme. Je me sentais étudiante à jamais. Une sorte de vocation, discrète. Un désintérêt pour les rôles d’adulte. L’état étudiant m’autorisait à prolonger le bonheur des plages de mon enfance : dessiner sur le sable un espace qui n’est qu’à soi, avoir des amitiés qui, sans être coupées de la société, lui restent marginales. Et, de même que revient souvent dans des récits de Kafka ou des contes de Hoffmann le personnage de l’Etudiant, de même, dans le roman rêvé de ma jeunesse, riche en moments aussi infimes qu’intenses et en intrigues n’allant vers rien, j’étais l’Etudiante.

L’Etudiante avait trouvé le mode de vie qui lui convenait : lire des livres, Simone de Beauvoir pour sa lucidité combattante, une liberté, dont à la suite de Virginia Woolf, elle indiquait aux femmes le chemin, le Métier de vivre de Pavese parce que c’était, lui semblait-il, le seul métier à prendre au sérieux, sinon parfois au tragique, Boris Vian, pour sourire de ce tragique… voir des films, Fellini, Godard, Chris Marker, Agnès Varda, Truffaut, Bergman… découvrir le théâtre avec Chéreau, la danse avec Cunningham,voyager loin, oublier tout, finir quand même par revenir. Il y avait aussi les cours bien sûr, pour la plupart magistraux et d’un ennui torride, à se demander comment les professeurs eux-mêmes y résistaient. Mais aller aux cours est ce qui fait d’elle une Etudiante et l’amène à se déplacer partout avec ses livres et un classeur fourrés en vrac dans un cartable, à côté d’une trousse à toilettes qui contient brosse à dents et minimum nécessaire mais, hélas ! trente fois hélas !PAS la pilule contraceptive alors interdite par la loi, une interdiction qui, à cause des avortements clandestins, entraîne la mort de nombreuses jeunes filles et femmes. L’Etudiante en ce domaine se débrouille comme elle peut, plutôt mal. Ce qui n’assombrit pas vraiment son humeur, mais met en péril sa santé.

Aux premiers échos venus de la capitale d’une révolte étudiante, dès l’annonce du Mouvement du 22 mars, l’agitation déjà présente dans la fac de lettres s’était accentuée, et l’opposition entre des littéraires gauchistes et des étudiants en droit, militants Occident, n’avait fait que se durcir. Des bagarres à la sortie du restau U se déclenchaient au moindre prétexte. Dans la grange où l’Etudiante habitait, ça discutait des nuits entières. Le jour, elle continuait de se promener avec son cartable, désormais allégé des notes de cours, lesquelles avaient été remplacées par le Théâtre et son double d’Antonin Artaud. Tout en pédalant vers la Sainte-Victoire, l’Etudiante se récitait avec ferveur : «Nous avons surtout besoin de vivre et de croire à ce qui nous fait vivre et que quelque chose nous fait vivre - et ce qui sort du dedans mystérieux de nous-même, ne doit pas perpétuellement revenir sur nous-même en un souci grossièrement digestif.»

Des camarades s’étaient décidés à «monter» à Paris, comme dans la Marseillaise de Renoir. Elle, ça ne l’a pas effleurée, peut-être parce queles revendications exprimées ne surgissaient pas ex nihilo, telles un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais s’inscrivaient dans un climat latent de revendications, de désaccords frustrants entre le caractère étriqué de la société gaulliste et les audaces d’une vitalité juvénile de plus en plus difficiles à juguler. On voulait vivre en couleur et en musique, danser comme Anna Karina dans Pierrot le fou, et que les mots des livres, les citations qu’on adorait, nous accompagnent dans nos amours et nos errances, les inspirent. L’Evénement était dans la rapidité foudroyante avec laquelle la grève se propageait.

A Marseille, les CRS avaient demandé 300 bâtons supplémentaires. Ils n’en eurent pas besoin. La manifestation du 13 mai rassemble massivement les étudiants, mais ce sont les ouvriers qui dominent. Les militants de la CGT et du PC contrôlent la violence. Je regarde des photos de cette manifestation, je retrouve le lent défilé sur la Canebière, la descente vers le Vieux-Port, les banderoles blanches, une euphorie du nombre, du grand nombre, de la chaleur et du vent, des voix qui chantent et scandent, «Union entre les étudiants», «Usines universités union», «Union étudiants marins et dockers». Ceux-ci n’en sont pas à leur première grève, ils n’en peuvent plus de dénoncer un salaire minable, des conditions de travail dangereuses, plus d’une dizaine d’accidents mortels par an… Les bateaux sont à quai, les cargaisons non déchargées, les poubelles débordent, un parfum «poisson pourri» embaume l’atmosphère. Il y a de la musique, des débats, des cris, du vin circule, le port vibre à l’unisson. Quand la fatigue l’emporte, un marin nous propose de dormir sur son bateau, j’hésite une seconde, vas-y me souffle le Marseillais maudit, Artaud le Mômo, un bateau, c’est toujours bien, on peut larguer les amarres, prendre le large, Artaud ou bien Rimbaud, qui, alors qu’il est à l’agonie dans l’hôpital de la Conception, à quelques encablures du port, dicte à sa sœur une lettre au directeur des Messageries maritimes se terminant par ces mots : «Dites-moi à quelle heure, je dois être transporté à bord.»

Nous sommes restés des jours sur notre bateau, la France était en révolution, rien ne fonctionnait, alors quand on a appris le 19 mai que «par solidarité avec les étudiants» le Festival de Cannes s’arrêtait, ça nous a paru une décision évidente. C’est le chaos dans lequel elle fut prise qu’on a commenté. Les échauffourées, les applaudissements ou les insultes entre Truffaut, Malle, Berri, Polanski, Lelouch, Albicocco, Forman et le public, Godard recevant une gifle qui fait sauter ses lunettes, quelqu’un proposant que les producteurs paient les notes d’hôtel des critiques, Resnais qui, de Lyon où il est bloqué, retire Je t’aime, je t’aime de la compétition, Carlos Saura et Géraldine Chaplin accrochés au rideau pour empêcher la projection de leur film Peppermint frappé. La presse attaque «les enragés de la Croisette». Ce même 19 mai, à Paris, les états généraux du cinéma décrètent : «Nous, cinéastes (auteurs, techniciens, ouvriers, élèves et critiques), sommes en grève illimitée pour dénoncer et détruire les structures réactionnaires d’un cinéma devenu marchandise.»

L’arbre de Mai ne s’est pas multiplié en forêt, il était planté sur le sol friable des désirs impossibles. Mais nous aurions tort de bannir l’utopie, car il peut arriver, contre toute attente, dans des délais étranges, que certaines de ses graines fructifient. Je songeais à cela, il y a une semaine, devant la vision inédite, et magnifique, de 82 femmes réunies au Festival de Cannes sur le fameux tapis rouge pour réclamer l’égalité salariale. Sous les paillettes, la plage…

Chantal Thomas

(1) Un arbre en mai, paru au Seuil.

Dernier ouvrage paru : Souvenirs de la marée basse, "Fiction et Cie", Seuil, 2017.

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Interdiction du portable : Le projet de loi fait pschitt...

20 Mai 2018 , Rédigé par Le Cafe Pedagogique Publié dans #Education, #Politique

Interdiction du portable : Le projet de loi fait pschitt...

EXTRAITS

C'est une proposition de loi portée par Richard Ferrand qui défendra l'interdiction du portable à l'école. Mais que change ce texte qui sera le premier geste numérique de la majorité  ? Au final il invite chaque établissement ou école à se débrouiller...

Le texte déposé à l'Assemblée par Richard Ferrand contient un article unique. " À l’exception des lieux où, dans les conditions qu’il précise, le règlement intérieur l’autorise expressément, l’utilisation d’un téléphone mobile par un élève est interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges". Autrement dit chaque établissement fixera ses limites, exactement comme c'est le cas actuellement. La proposition de loi n'apporte rien qui puisse concrètement influer sur l'existant et chaque établissement devra se débrouiller. Le texte sera examiné en commission le 29 mai.

(...)

La mesure "ne sera pas si difficile que cela à mettre en oeuvre", nous disait-il. Effectivement, si on applique l'existant...

François Jarraud

Billet complet à lire en cliquant ci-dessous

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Ecole en Seine-Saint-Denis : « Il faut varier les méthodes d’apprentissage »...

19 Mai 2018 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education, #Politique, #Banlieue

Ecole en Seine-Saint-Denis : « Il faut varier les méthodes d’apprentissage »...

EXTRAITS

(...)

C’est l’une des plus grandes idées reçues sur la Seine-Saint-Denis. L’école y serait « surdotée ». La raison : l’étendue de son réseau d’éducation prioritaire – 58 % des écoliers du département et 62 % des collégiens y sont scolarisés. Mais les conclusions du rapport parlementaire d’évaluation de l’action de la puissance publique dans le département, qui sera présenté à l’Assemblée nationale le 31 mai, sont sans appel : l’instabilité des effectifs enseignants y est plus forte qu’ailleurs, l’absentéisme et le décrochage scolaire plus importants, la couverture des absences des enseignants moins efficace que dans le reste de l’académie de Créteil.

(...)

« Cours dialogué »

Alors comment ces très jeunes professeurs, dont la formation s’affine au cours des premières années, enseignent-ils aux élèves de Seine-Saint-Denis ? Faire cours « différemment » semble être la condition sine qua non pour réussir à « accrocher » la majeure partie d’une classe. Camille Moro, enseignante depuis six ans en histoire-géographie au collège Pablo-Neruda de Pierrefitte-sur-Seine (classé REP), admet avoir connu une longue période d’adaptation.

« On nous fait croire à la fac qu’on va faire de l’histoire-géo. Mais moi, le cœur de mon travail, c’est de sans cesse varier mes approches. »

Pour intéresser des classes que tous les professeurs interrogés jugent « très hétérogènes », certains évoquent les détours de l’actualité, le « cours dialogué » où l’oral prend une place importante, ou encore les projets transdisciplinaires. « Il y a dans nos classes des élèves qui sont incapables de suivre un cours magistral, explique Iannis Roder, qui enseigne l’histoire depuis 1999 au collège Pierre-de-Geyter de Saint-Denis (classé REP). Il est donc important de varier les modalités d’apprentissage. »

(...)

Dans les établissements où, selon le mot de Iannis Roder, le « capital culturel est faible », l’école joue également un rôle d’ouverture culturelle, à la fois essentielle et relativement facile à mettre en place en région parisienne où l’offre est importante. Mais là encore, il existe des effets pervers car les sorties prennent du temps scolaire. Or ce temps est déjà plus entamé qu’ailleurs par les absences d’enseignants, l’absentéisme des élèves, les exclusions temporaires… pour des bénéfices faibles à moyen terme.

« En France, on croit beaucoup que les enfants des classes supérieures réussissent grâce à une culture générale acquise dans la famille, rappelle Agnès van Zanten. Mais il n’existe pas de corrélation forte entre les activités extrascolaires comme la musique ou le théâtre et les notes. »

En Seine-Saint-Denis, on revendique cependant d’arriver à « intéresser tout le monde », alors que les établissements plus privilégiés « abandonnent » les mauvais élèves. « C’est vrai qu’on ne fait pas la même chose », admet finalement Iannis Roder. « Mais ce n’est pas acheter la paix sociale. C’est garder tout le monde avec soi. »

Violaine Morin

Article complet à lire en cliquant sur le lien de bas de page

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Education: manifestement, il n'y a plus aucun problème... La Fontaine est de retour...

18 Mai 2018 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique

Education: manifestement, il n'y a plus aucun problème... La Fontaine est de retour...

Depuis l'élection présidentielle, depuis la nomination de Jean-Michel Blanquer au Ministère de l'Education Nationale, il semble, à la lecture de la presse, que tous les problèmes dénoncés avec tant de force par divers syndicats, associations et journalistes engagés sur le sujet aient disparu.

Disparu comme par enchantement.

Quelques exemples, de mémoire?

- les postes non pourvus dans le 9-3? Plus une ligne!

- les effectifs de classe à la hausse en ce2, cm1, cm2 et tous les problèmes que cela pose et posera en aval? Rien. Il faut sans doute au moins ce silence pour pouvoir imposer le plan com' au sujet des CP à 12 élèves en REP+, réduction d'effectifs qui, imposée seule, n'est d'absolument d'aucun effet.

- les faits divers "éducation", qui pourtant sont tout aussi nombreux qu'à l'époque où Najat Vallaud-Belkacem était, à ce sujet, toutes les semaines attaquée dans Valeurs Actuelles, Le Point et par Natacha Polony ou autres chroniqueurs "experts"? Il n'y en a plus! Ils sont pourtant, sur le terrain, les mêmes et tout aussi nombreux.

Désormais, plus personne ne va "chercher" le Ministre dans des domaines qui ont tellement servi pendant les cinq années précédentes. Servi à démolir systématiquement toutes les actions mises en place et à ne mettre en lumière médiatique que le négatif quand le positif faisait trois lignes, voire aucune. Je pense - entre autres - au dispositif "Plus de Maîtres Que de Classes" aujourd'hui menacé et même, à bas-bruit et dans la plus grande discrétion, détricoté.

Alors, un magazine comme Le Point se régale... La dernière couverture de l'hebdomadaire ne titrait-elle pas, parlant de Jean-Michel Blanquer: "L'homme qui veut arrêter les bêtises"? Oubliant les bêtises dont fut co-responsable le même homme:

- 80 000 postes supprimés;

- semaine de 4 jours (une aberration française d'une stupidité rare!);

- la mort de la formation initiale;

Et quelques autres...

Rassurer les français

Sans doute les français sont-ils aujourd'hui "rassurés" par les messages (de com') envoyés depuis la Rue de Grenelle.

Haro sur le "pédagogisme" (le terme fut TRES VITE utilisé par le néo-Ministre), "retour" aux fondamentaux (pour rappel, la France est le pays qui consacre le plus grand nombre d'heures au "Lire-Ecrire-Compter" dans l'OCDE). Rentrée en chantant (?). "Retour" des classes euro et du latin. Autonomie des établissements.  Lecture des Fables de La Fontaine, ce doux souvenir de l'école d'avant, celle où tout allait mieux. Utilisation des neurosciences quand il ne s'agit la plupart du temps que de "neuromythes"...

Il faut, c'est la doxa ministérielle, rassurer les français. Leur dire que "la culture est de retour dans l'école"! Vous n'avez plus rien à craindre de l' "abominable" Najat Vallaud-Belkacem!

Car il faut le dire: La Fontaine a été choisi à des fins strictement politiques. Ce symbole de la "culture française" - auteur que je vénère mais que je n'ai vraiment apprécié qu'en licence de lettres car, enfin, je ne l'apprenais plus par coeur mais je le comprenais en en découvrant les entrées et les secrets qu'aucun enfant de CM2, sans acquis historiques, philosophiques ni littéraires ne saurait apprécier - devient l'objet d'un "culte ancien" imposé par l'Etat au nom d'un procès qui s'annonce:

celui du quinquennat passé.

Rien de plus... Rien de moins...

Et c'est d'une indicible tristesse!

Christophe Chartreux

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Les fables de Blanquer... Par Claude Lelièvre...

18 Mai 2018 , Rédigé par Mediapart - Claude Lelièvre Publié dans #Education, #Politique

Illustration De Livre, La Littérature

Le nouveau ministre de l'Education nationale vient d'annoncer urbi et orbi que 150000 élèves de CM2 allaient recevoir les « Fables » de La Fontaine. Pourquoi 150000 ? Et qui seront les heureux récipiendaires? Pourquoi à la fin du CM2 ?

D'autant que Jean-Michel Blanquer veut montrer en ce début de ministère qu'il a beaucoup d'idées. Mais ce sont toujours à peu près les mêmes, celles qu'il avait lorsqu'il était Directeur de l'enseignement scolaire sous l'autorité du ministre de l'Education nationale Luc Chatel. Il s'agissait en l'occurrence déjà des « Fables » de La Fontaine, mais pour le CM1, et pour 178000 d'entre eux.

Extraits de la « circulaire Blanquer » : « Opération « Un livre pour l'été », circulaire n° 2010-067 du 26-5-2010. En cet été 2010, qui marque le lancement de cette opération, 178 000 élèves de CM1 recevront  ''Un livre pour l'été''. […] ''Un livre pour l'été'' est une initiative de grande ampleur, qui demande encore à croître au regard de l'enjeu national qu'est la lecture pour les jeunes générations. Elle s'inscrit dans la durée pour que, dès l'an prochain, chaque élève de CM1 se voie remettre un livre au terme de l'année scolaire, et que ce livre l'accompagne tout au long de l'été. Pour cette première année, en partenariat avec la Réunion des musées nationaux, l'Éducation nationale a choisi d'éditer des Fables de La Fontaine illustrées par Marc Chagall [...]. Le directeur général de l'enseignement scolaire, les recteurs et les IA-DSDEN conduiront les opérations de communication nécessaires (visites d'écoles, communiqués de presse, etc.) avec l'appui des correspondants académiques chargés de la prévention de l'illettrisme. Pour le ministre de l'Éducation nationale, porte-parole du Gouvernement, et par délégation, Le directeur général de l'enseignement scolaire Jean-Michel Blanquer ». |

L'Âne portant des Reliques (Recueil 1, Livre 5, Fable 14)

Un Baudet, chargé de Reliques,

S'imagina qu'on l'adorait.

Dans ce penser il se carrait,

Recevant comme siens l'Encens et les Cantiques.

Quelqu'un vit l'erreur, et lui dit :

Maître Baudet, ôtez-vous de l'esprit

Une vanité si folle.

Ce n'est pas vous, c'est l'Idole

A qui cet honneur se rend,

Et que la gloire en est due.

D'un Magistrat ignorant

C'est la Robe qu'on salue.

L'Âne vêtu de la peau du Lion (Recueil 1, Livre 5, Fable 21)

De la peau du Lion l'Ane s'étant vêtu

Etait craint partout à la ronde,

Et bien qu'animal sans vertu,

Il faisait trembler tout le monde.

Un petit bout d'oreille échappé par malheur

Découvrit la fourbe et l'erreur.

Martin fit alors son office.

Ceux qui ne savaient pas la ruse et la malice

S'étonnaient de voir que Martin

Chassât les Lions au moulin.

Force gens font du bruit en France,

Par qui cet Apologue est rendu familier.

Un équipage cavalier

Fait les trois quarts de leur vaillance.  

Le Charlatan (Recueil 1, Livre 6, Fable 19)

Le monde n'a jamais manqué de Charlatans.

Cette science de tout temps

Fut en Professeurs très fertile.

Tantôt l'un en Théâtre affronte l'Achéron,

Et l'autre affiche par la Ville

Qu'il est un Passe-Cicéron.

Un des derniers se vantait d'être

En Eloquence si grand Maître,

Qu'il rendrait disert un badaud,

Un manant, un rustre, un lourdaud ;

Oui, Messieurs, un lourdaud ; un Animal, un Ane :

Que l'on amène un Ane, un Ane renforcé,

Je le rendrai Maître passé ;

Et veux qu'il porte la soutane.

Le prince sut la chose ; il manda le Rhéteur.

J'ai, dit-il, dans mon écurie

Un fort beau Roussin d'Arcadie :

J'en voudrais faire un Orateur.

Sire, vous pouvez tout, reprit d'abord notre homme.

On lui donna certaine somme.

Il devait au bout de dix ans

Mettre son Ane sur les bancs ;

Sinon, il consentait d'être en place publique

Guindé la hart au col, étranglé court et net,

Ayant au dos sa Rhétorique,

Et les oreilles d'un Baudet.

Quelqu'un des Courtisans lui dit qu'à la potence

Il voulait l'aller voir, et que, pour un pendu,

Il aurait bonne grâce et beaucoup de prestance ;

Surtout qu'il se souvînt de faire à l'assistance

Un discours où son art fût au long étendu,

Un discours pathétique, et dont le formulaire

Servît à certains Cicérons

Vulgairement nommés larrons.

L'autre reprit : Avant l'affaire,

Le Roi, l'Ane, ou moi, nous mourrons.

Il avait raison. C'est folie

De compter sur dix ans de vie.

Soyons bien buvants, bien mangeants,

Nous devons à la mort de trois l'un en dix ans.

Quelles fables (et quelles leçons) pour les petits enfants?

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Jean-Michel Blanquer a-t-il vaiment confiance en l’école?...

18 Mai 2018 , Rédigé par Slate Publié dans #Education, #Politique

EXTRAITS

Dans son troisième ouvrage, le ministre de l'Éducation veut «parler directement» à ceux et celles qui font (et vont à) l'école. Mais pour leur dire quoi?

C’est le mantra du ministre et on ne peut pas l’accuser d’inconstance. La mot était déjà dit et répété dans son discours lors de la passation de pouvoir (son premier discours rue de Grenelle). Il avait annoncé la couleur –«Ce mot de confiance, je le répèterai en permanence»– et c’est le titre de son nouveau livre: Construisons ensemble l’École de la confiance après L'école de la vie, en 2014 et L’école de demain en 2016 (tous chez Odile Jacob). Un ouvrage dont le but, a-t-il expliqué à Nicolas Demorand, est de «parler directement aux professeurs, à tous les personnels de l'Éducation nationale et aux parents, en leur disant "Attention, écoutez ce que je dis et lisez ce que j'écris plus que les commentaires car souvent, le message est transformé"».

La ministre précédente, Najat Vallaud-Belkacem, aimait mettre en avant la bienveillance mais la confiance semble mieux marcher. «Bienveillance», un mot qui fait peur à certains et certaines: ça signifie une notation peut-être trop généreuse, complaisante. Jean-Michel Blanquer, favorable aux uniformes à l’école et aux internats, jouit jusqu’ici d’une bonne cote de popularité. Et le mot «confiance», qui semble assez porteur, est un concept pour l'instant peu usé. Jean-Michel Blanquer peut faire sien ce slogan. Qui n'a pas envie d’avoir confiance et qu’on lui fasse confiance…

(...)

Loin de «l’anarchie pédagogique», le livre du ministre sur l’école de la confiance pourrait se résumer en «Je fais confiance aux professeurs pour suivre mes instructions et je vous fais confiance pour… me faire confiance».

Louis Tourret

L'article complet est à lire en cliquant ci-dessous

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Un troisième livre de Blanquer en quatre ans : une sacrée confiance en soi! - Par Claude Lellièvre

17 Mai 2018 , Rédigé par Mediapart - Claude Lelièvre Publié dans #Education, #Politique

Un troisième livre de Blanquer en quatre ans : une sacrée confiance en soi! - Par Claude Lellièvre

« Construisons ensemble l'école de la confiance » : tel est le titre de cet ouvrage qui paraît chez Odile Jacob . Il se peut aussi que ce soit le livre de trop. On remarquera en tout cas que lorsque la ''verticalité'' du pouvoir présidentiel était particulièrement forte, les ministres de l'Education nationale ne se sont guère alors aventurés à écrire pendant l'exercice de leur ministère...

«Notre projet est de construire l’école de la confiance : confiance de la société en son école ; confiance de l’école à l’égard des parents ; confiance de l’institution envers les professeurs ; confiance des professeurs à l’égard des élèves et confiance des élèves en eux-mêmes et en leur réussite. C’est tous ensemble – avec les professeurs, les élèves, les parents et tous les acteurs de l’éducation – que nous construirons cette école de la confiance. »

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Jean-Michel Blanquer ne s'est pas particulièrement illustré en acte jusqu'ici dans cette direction-là, alors même qu'il avait annoncé dès la dernière rentrée scolaire « 12 changements pour bâtir l'Ecole de la confiance ». Il prétend que oui, et que l'on pourra juger sur pièces...Mais on peut se demander aussi où peut se loger '' l'opportunité'' d'un tel ouvrage, surtout quand on est ministre d'un Chef d'Etat s'évertuant à faire valoir un pouvoir présidentiel très personnel et très ''vertical''.

Sous la présidence des deux présidents de la cinquième République les plus ''verticaux'' (à savoir Charles de Gaulle et Valéry Giscard d'Estaing, avec lesquels Emmanuel Macron est comparé par nombre d'observateurs politiques), un seul ministre de l'Education nationale s'est permis d'écrire un ouvrage pendant l'exercice de son ministère : Edgar Faure. Un seul ministre sur les 14 ministres qui se sont succédé. Et encore s'agissait-il d'expliciter le principe de la nouvelle politique scolaire choisi pas le général de Gaulle après les turbulences de Mai 68 : « L'Education nationale et la participation » (1968).

Sous la présidence de Georges Pompidou, un seul livre, d'un seul ministre de l'Education nationale, Olivier Guichard  (toujours dans la suite des turbulences de Mai 68) pour expliquer qu'il ne s'agissait – sous la présidence de Georges Pompidou - ni d'une continuité avec la politique scolaire mise en œuvre sous Edgar Faure ni d'une restauration : « L'Education nouvelle » (1970).

Sous les deux septennats de François Mitterrand, un seul ministre s'est risqué à écrire deux livres durant son ministère (advenu à la suite de la crise majeure ''public-privé''), à savoir ''l'enfant terrible'' Jean-Pierre Chevènement : « Le pari sur l'intelligence» (1985) et « Apprendre pour entreprendre » (1985).

Ainsi, durant plus de la première moitié de la cinquième République (de 1958 à 1995), seulement 3 ministres sur les 21 qui se sont succédé ont écrit un livre durant leur prise en charge de l'Education nationale : Edgar Faure, Olivier Guichard et Jean-Pierre Chevènement. Et aucun d'entre eux n'avait écrit un ouvrage sur l'Ecole avant sa prise de fonction.

Une nouvelle période s'ouvre à partir de la présidence de Jacques Chirac (continuée durant les deux présidences suivantes de Nicolas Sarkozy et François Hollande), sous un pouvoir présidentiel moins ''vertical'' (ou à ''éclipses''), avec une certaine ''banalisation'' de l'écriture de livres ministériels ad hoc.

Cela commence avec François Bayrou qui est le premier à avoir écrit un ouvrage sur l'Ecole avant d'être ministre de l'Education nationale (« La décennie des mal-appris », 1990) et un ouvrage durant son ministère (« Le Droit au sens », 1996). On notera que dans ce livre très politique, François Bayrou déclare que son objectif est de « rompre avec la société de défiance pour construire la société de confiance » et que sa « conviction est qu'il y a des réformes qui ne seront acceptées que si les citoyens eux-mêmes sont mis en situation de mûrir la décision en situation de gouvernants » .

Durant cette seconde période, sur les 12 ministres de l'Education nationale qui vont se succéder (en comptant François Bayrou et Jean-Michel Blanquer ), 7 écriront au moins un ouvrage pendant leur ministère (sans compter l'introduction de Jack Lang à « Qu'apprend-on au collège ; pour comprendre ce que nos enfants apprennent, 2002 ; et la préface de Gilles de Robien à « Ecole et collège : tout ce que nos enfants doivent savoir », 2006).

Luc Ferry (avec Xavier Darcos et Claude Aigneré) : « Lettre à tous ceux qui aiment l'école », en 2003. Xavier Darcos : « Tacite, ses vérités sont les nôtres », en 2008 (mais aussi, avant son ministère de plein exercice, en 2005, « L'Ecole de Jules Ferry ; 1880-1905 » ; et « Deux voix pour une école », avec Philippe Meirieu, en 2003). Luc Chatel : « Le Monde qu'on leur prépare. Ecole économie, Etat. Entretiens croisés avec Jean-Pierre Chevènement », en 2011. Vincent Peillon : « Refondons l'Ecole », en 2013 (mais aussi, avant son ministère : « Peut-on améliorer l'Ecole sans dépenser plus ?», avec – en contre – Xavier Darcos, 2009 ; et même : « Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson », 2010). Najat Vallaud-Belkacem : « La vie a plus d'importance que toi », en 2017.

On n'aura garde d'oublier, pour cette deuxième période, ceux qui se sont distingués après leur ministère dans le plaidoyer pro-domo (et/ou le ''règlement de compte'' avec leurs successeurs). Claude Allègre : « Toute vérité est bonne à dire » (2000) ; « Vive l'école libre » (2000). Jack Lang : « Une école élitaire pour tous » (2003) ; « Pourquoi le vandalisme d'Etat contre l'Ecole ? Lettre au président de la République » (2011) ; « Un manifeste pour une révolution scolaire » (2016).

Mais là, il faudra encore attendre un peu pour ce qui concerne Jean-Michel Blanquer, déjà très bien placé pour son œuvre livresque scolaire pendant son ministère et avant : « L'Ecole de la vie. Pour que chacun puisse réussir » (2004) et « L'Ecole de demain. Propositions pour une Education nationale rénovée » (2016 ).

Claude Lelièvre

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22 mai - Tous en grève!

16 Mai 2018 , Rédigé par SNUipp FSU Publié dans #Education, #Politique

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Il y a un an... Passation de pouvoir, Rue de Grenelle... Un discours digne...

16 Mai 2018 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique

Ce souvenir n'est pas un bon souvenir.

Il l'est encore moins un an après. Quelle fierté de l'avoir soutenue! Quel bonheur de la soutenir encore!

Un discours empreint de dignité, de respect. Et, contrairement à ce qui a pu être dit, Najat Vallaud-Belkacem ne partait pas sans rien laisser...

Bien au contraire...

Je vous invite à prendre le temps de lire le memorandum légué à son successeur.

Christophe Chartreux

Il y a un an... Passation de pouvoir, Rue de Grenelle... Un discours digne...
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"Qui est satisfait d’Emmanuel Macron ?" (Plus grand monde, notamment chez les enseignants) - Enquête CEVIPOF/13 540 sondés

16 Mai 2018 , Rédigé par The Conversation Publié dans #Politique, #Education

"Qui est satisfait d’Emmanuel Macron ?" (Plus grand monde, notamment chez les enseignants) - Enquête CEVIPOF/13 540 sondés

EXTRAITS

L’élection présidentielle de 2017 a provoqué un choc important dans le paysage politique français, du moins sur l’organisation de l’offre partisane et sur le positionnement stratégique du PS comme des Républicains ou même du FN. Son impact auprès des électeurs est plus difficile à évaluer car plusieurs registres se superposent et brouillent la perception que l’on peut avoir des changements en cours.

À bien des égards, le renouveau promis en 2017 s’est traduit par l’exacerbation de tout ce que l’on reprochait au système de la Ve République. Les réformes du code du travail ou de la SNCF sont conduites sans véritable négociation avec les syndicats, ce qui tourne le dos à une social-démocratie bien comprise et pourtant tant attendue. Les mesures libérales se succèdent et viennent démentir les propositions de campagne visant à instaurer en France une « flexisécurité » à la scandinave. La réforme constitutionnelle, loin de répondre aux aspirations vers une modernité faite d’horizontalité et de participation, cherche à réduire le pouvoir législatif et à concentrer encore plus la puissance verticale de l’exécutif.

La vague 18 de l’enquête électorale française du Cevipof, menée du 25 avril au 2 mai 2018, montre du reste que 55 % des 13 540 enquêtés considèrent qu’Emmannuel Macron et son gouvernement sont trop autoritaires et que 76 % d’entre eux estiment que leur politique économique ne profite qu’aux plus aisés. Qui, alors, est vraiment satisfait d’Emmanuel Macron et ce soutien est-il solide ?

(...)

L’analyse par secteurs ne montre pas beaucoup d’écarts à la moyenne et se cale sur le niveau de diplôme ou de qualification des enquêtés. C’est ainsi que la proportion de satisfaits est de 30 % en moyenne chez les policiers et militaires (N = 285) alors qu’elle est de 31,5 % dans l’ensemble du monde enseignant (N = 856), mais avec une progression liée à la situation professionnelle : 28 % chez les professeurs des écoles, 33 % chez les enseignants du second degré, et 39 % chez les enseignants du supérieur.

Le clivage social est donc très clair et se revêt parfois d’un cynisme assez révélateur. C’est ainsi que 43 % seulement des satisfaits pensent que la politique économique du gouvernement profite à tous les Français alors que 47 % d’entre eux estiment qu’elle profite avant tout aux catégories aisées. Du côté des insatisfaits, en revanche, la première affirmation ne recueille que 3 % de leurs évaluations alors que la seconde en recueille 90 %.

(...)

Le soutien à Emmanuel Macron reste fragile

D’un point de vue politique, le soutien à Emmanuel Macron reste fragile. Les satisfaits ont voté pour lui au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 à hauteur de 47 % mais aussi à 27 % pour François Fillon, 10 % pour Marine Le Pen et même 7 % pour Jean‑Luc Mélenchon. Et 13 % d’entre eux ont tout de même voté pour Marine Le Pen au second tour.

Si l’on part d’une autre lecture qui s’appuie sur le niveau de libéralisme économique, on voit que les « vrais libéraux » qui se situent sur le niveau 3 de l’indice n’ont voté pour Emmanuel Macron qu’à hauteur de 18 % alors que 63 % d’entre eux lui préféraient François Fillon et 14 % Marine Le Pen. Au second tour, ils étaient 36 % à voter pour Marine Le Pen, car le niveau de libéralisme économique ne préjuge pas celui du libéralisme culturel. C’est ainsi que les vrais libéraux économiques sont anti-libéraux sur le plan culturel à hauteur de 65 %. Et les électeurs ne sont pas que des acteurs économiques.

(...)

Même si Emmanuel Macron s’est « droitisé » dans la perception qu’en ont les enquêtés, puisqu’il est désormais classé à droite par 51 % d’entre eux, il demeure qu’il se heurte toujours à la fracture gauche-droite sur le terrain des valeurs et qu’il n’est pas en mesure d’occuper l’espace politique de la droite. C’est en cela que le « et de gauche et de droite » ne pourra pas tenir longtemps dès qu’il faudra sortir du seul terrain économique.

Directeur de recherche CNRS, Sciences Po – USPC

Le billet complet est à lire en cliquant ci-dessous

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