politique
Najat Vallaud-Belkacem : « Qu’est devenue l’aide Covid à l’Afrique ? »
EXTRAITS
Carte blanche – L’ancienne ministre de l’Education nationale, aujourd’hui directrice France de l’ONG Onee, invite Emmanuel Macron à replacer la solidarité à l’égard des pays les plus pauvres au cœur de la présidence française de l’Union Européenne.
En politique, les promesses non tenues alimentent la défiance des citoyens à l’égard de leurs dirigeants. En matière de solidarité internationale, elles constituent le terreau du ressentiment des pays pauvres à l’égard des grandes puissances. Pourtant, dans tous les cas, il n’existe aucune fatalité à ce que l’action publique se résume à une litanie de renoncements.
Près d’un an après l’annonce par les pays riches d’un soutien financier aux pays vulnérables équivalent à 100 milliards de dollars pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, seuls 60 milliards ont en réalité été promis à ce jour par les pays riches, et une toute petite partie de cette somme a effectivement été versée aux pays bénéficiaires qui s’impatientent, à juste titre, car les défis qu’ils doivent relever n’ont jamais été aussi nombreux.
(...)
L’engagement des pays riches doit être tenu
En avril 2022, 335 millions d’Africains souffraient de la faim. 28 millions de personnes risquent d’être confrontées à la famine en Afrique de l’Est. Dans ce contexte, 27 pays émergents – dont 10 en Afrique – rencontrent actuellement d’importantes difficultés pour emprunter sur les marchés financiers. Et 23 pays africains sont actuellement surendettés ou exposés à un risque élevé de surendettement. Il serait paradoxal que l’aide financière extérieure promise vienne à manquer au moment précis où elle est plus indispensable que jamais. Et inacceptable qu’elle contribue une nouvelle fois à accroître le poids du remboursement du service de la dette, au détriment du financement du développement économique et social et de la résilience des pays à faible revenu face aux chocs mondiaux.
Il n’est donc plus temps de tergiverser. L’engagement de verser 100 milliards aux pays les plus vulnérables en recyclant les DTS des pays riches doit être tenu, en particulier par l’intermédiaire du soutien aux Banques multilatérales de développement.
(...)
Notre pays doit travailler avec l’ensemble des pays du G20 pour qu’ils respectent leurs engagements d’aide à l’Afrique. Le Président de la République doit également replacer cet enjeu au cœur de la présidence française de l’Union européenne qui s’achève à la fin du mois. La France doit pour cela trouver au moins 15 milliards de dollars de DTS additionnels avec ses partenaires européens, en commençant par augmenter son propre engagement pour atteindre 30 % de réallocation, avant de léguer les rênes de la Présidence du Conseil de l’Union européenne à la République tchèque. Car aussi longtemps que durera son manque de fiabilité, l’influence de l’Europe ne cessera de reculer dans cette région du monde, en particulier auprès de sa jeunesse.
Najat Vallaud-Belkacem
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Najat Vallaud-Belkacem : " Qu'est devenue l'aide Covid à l'Afrique ? "
Carte blanche - L'ancienne ministre de l'Education nationale, aujourd'hui directrice France de l'ONG Onee, invite Emmanuel Macron à replacer la solidarité à l'égard des pays les plus pauvres au...
Abstention des jeunes: un appel ardent à la concertation
Pour limiter la non-participation politique des nouvelles générations, les principales organisations de jeunesse appellent à mettre en œuvre une politique de jeunesse transversale. Ils demandent la réunion d’un comité interministériel, par et pour les jeunes.
Les jeunes s’abstiennent. Ils s’abstiennent de plus en plus, et dans la durée : 41% des 18-24 ans et 38% des 25-34 ans ne se sont pas exprimés dans les urnes lors du dernier scrutin présidentiel. Devenu constant, ce phénomène engage le nouveau gouvernement à s’emparer des thèmes qui préoccupent les jeunes pour regagner leur confiance alors qu’un jeune sur deux estime que son avis n’est pas pris en compte.
Parallèlement, le baromètre sur la jeunesse le confirme, les jeunes de 18-30 ans apparaissent comme plus engagés que l’ensemble de la population. Ni résignées à être sacrifiées ni absentes de la vie publique, il est donc plus que temps de considérer les nouvelles générations pour ce qu’elles font, ce qu’elles revendiquent et ce à quoi elles aspirent. Les jeunesses s’engagent d’ailleurs dans les associations pour œuvrer dans des domaines aussi variés que la solidarité, la préservation de l’environnement, la culture, le sport ou bien encore la citoyenneté. C’est l’une des preuves de leur(s) engagement(s) au sein de toute la société française. De ce fait, il est important de ne pas enfermer les jeunes dans les thématiques qui concernent uniquement la jeunesse, mais bien de leur permettre de participer à l’élaboration de l’ensemble des politiques publiques qui fondent leur avenir.
Dès le lycée, les jeunes s’organisent dans des corps intermédiaires (associations, syndicats, partis politiques) et portent des propositions. Pour enfin prendre en compte leur avis, le rôle des organisations de jeunesse et l’expertise développée par ces jeunes doivent être reconnus, leur lien avec les pouvoirs publics refondés. Assurer leur pleine et entière participation à la vie publique, c’est déjà disposer d’un arsenal de solutions d’avenir écrit par les premières et premiers concernés. C’est le chemin à prendre pour a minima limiter la progression de l’abstention, voire la résorber. Dans ce contexte, la valeur de ces organisations est inestimable pour quiconque veut relayer les idées des jeunes et elles méritent d’être soutenues à la hauteur du travail qu’elles apportent à la société.
Des «trous dans la raquette»
Revoir la vision de nos jeunesses, c’est leur reconnaître le statut de citoyennes et citoyens à part entière en faisant enfin entrer les moins de 25 ans dans le droit commun. Face à une dégradation des conditions financières pour 41% des jeunes les plus précaires lors de la crise sanitaire, les dispositifs d’urgence adoptés lors du dernier quinquennat ne sont, par nature, pas pérennes ou sécurisés et les «trous dans la raquette» perdurent. Les jeunes restent donc victimes d’une précarité accrue qui impacte notamment leur santé mentale.
La crise sanitaire, sociale et la crise écologique ébranlent la confiance que les jeunesses ont dans leur avenir : 40% des moins de 25 ans rapportaient un trouble anxieux généralisé en 2021. Les jeunes doivent être alors parties prenantes de ce nouveau quinquennat pour être acteurs et actrices de leur futur.
Les principales organisations de jeunesse et d’éducation populaire appellent donc à mettre en œuvre une véritable politique de jeunesse transversale, avec les jeunes et à l’écoute des actrices et acteurs de l’éducation populaire. Pour refonder la méthode, le premier engagement du gouvernement doit être la réunion d’un comité interministériel, par et pour les jeunes.
La jeunesse ne saurait se résigner à subir continuellement les crises qu’on lui promet, mais bel et bien de forger dès maintenant son histoire et celles des générations suivantes.
Signataires : Allons enfants, Association nationale des apprentis de France (Anaf), Animafac, Cité des chances, Coexister, Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Forum français de la jeunesse (FFJ), Jeunes écologistes, Jeunes Européens-France, Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), Jeunes radicaux, Jeunes socialistes, l’Alternative, la Voix lycéenne, le Mouvement associatif, MJCF, MRJC, RESES, Rêves Jeunes, UEC, UNEF, UNHAJ.
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Abstention des jeunes: un appel ardent à la concertation
Les jeunes s'abstiennent. Ils s'abstiennent de plus en plus, et dans la durée : 41% des 18-24 ans et 38% des 25-34 ans ne se sont pas exprimés dans les urnes lors du dernier scrutin présidentiel...
Blanquer : la casquette avant la veste ?
Législatives: A Montargis, Jean-Michel Blanquer incongru à cette adresse
Le clivant ministre de l’Education tractait samedi dans la 4e circonscription du Loiret, détenue par LR depuis vingt ans, où il joue son avenir politique.
Tout chez Jean-Michel Blanquer crie son besoin d’être aimé. L’exemplaire de la République du Centre plié sous le bras suggère son intérêt pour la région. Le blouson en daim zippé sur quelques centimètres, laissant apparaître une chemise claire déboutonnée au niveau du col, subtilement dépareillé avec un chino bleu ciel, reflète l’idée que tout Parisien se fait du chic décontracté au-delà du périphérique. Et cette casquette… Arborée fièrement dans le dernier reportage de Paris Match consacré à sa campagne législative dans le Loiret, elle est encore là, vissée sur la tête du ministre de l’Education nationale. Ce samedi matin, il ne s’en sépare que pour en acheter une nouvelle, à rayures celle-là, qu’il ne quittera plus pendant ses deux heures de tractage sur le marché de Montargis, dans le Loiret.
L’objet ne lui facilite pas la tâche. Blanquer est constamment obligé de se découvrir pour que les passants le reconnaissent. Ici, le médiatique et clivant ministre, objet de tant de passions en salles des profs et sur les réseaux sociaux, passerait presque inaperçu. Sa présence ne suscite ni enthousiasme débridé, ni rejet, si ce n’est un «McKinsey» lancé par un militant de gauche ou un ex-élu de droite qui vient l’apostropher pour lui reprocher d’être parachuté. Beaucoup d’indifférence polie et une maigre poignée de selfies. «Je suis contente, exulte Bénédicte, agente hospitalière, après s’être fait prendre en photo avec le candidat. C’est bien de venir sur place pour voir la ville.» A une heure et quart de Paris, l’effort reste mesuré.
Dans le Gâtinais on est vite le parachuté de quelqu’un
«Alors, vous visitez ?» La pique est lancée par Ariel Lévy, le candidat LR que Blanquer est venu saluer dans sa permanence de la rue Dorée. Que Lévy lui reproche de débarquer ici en quête d’un mandat, c’est l’histoire de la paille et de la poutre. Le concurrent LR était lui-même adjoint au maire du XVIe arrondissement de Paris jusqu’en mars 2021, date de son départ pour briguer un siège de conseiller départemental du Loiret. Dans le Gâtinais, on est vite le parachuté de quelqu’un. Thomas Ménagé, le poulain du RN, était lui-même candidat en 2017 dans le Loir-et-Cher. «Je n’ai même pas eu le temps de décoller, le vol était court !, dit cet ex-directeur de cabinet de Nicolas Dupont-Aignan pour minimiser sa migration.
Quant au turbulent gilet jaune et militant anti-pass sanitaire, Olivier Rohaut, plus connu pour ses clashs sur le plateau de Cyril Hanouna sous le pseudonyme d’Oliv Oliv, il débarque à peine de Nice. «Le Gâtinais attire. J’en suis ravi pour mon territoire», ironise le candidat dissident de droite Philippe Moreau, le seul avec le représentant de la Nupes le communiste Bruno Nottin, à pouvoir se targuer d’être un élu local pur sucre depuis 2008. «Monsieur Blanquer se dit certainement qu’il pourra continuer à vivre à Paris. Il a de la chance, il pourra se faire soigner là-bas. Ici c’est l’un des pires déserts médicaux de France», persifle Nottin. «Il est venu en voiture, mais on va le renvoyer en canoë à Paris. Le Loing [rivière traversant Montargis, ndlr] est un affluent de la Seine», se marre le maire LR de Montargis, Benoit Digeon avant d’engloutir un petit LU.
«Ici, rien n’est simple»
«La seule question à poser est : avez-vous vu son passage sur BFM ?» Comme les autres concurrents de Blanquer, Ariel Lévy se délecte du mauvais quart d’heure passé par le ministre sur le plateau d’Apolline De Malherbe vendredi, où il s’est montré incapable de définir son intérêt pour la région de Montargis autrement que par des banalités sur les «atouts extraordinaires» et la «très grande richesse de l’histoire» du département. «C’était précisément pour dire que le Loiret est un concentré de France», répond Blanquer à Libération.
Selon lui, on s’acharnait beaucoup moins sur le parachutage de Jean-Luc Mélenchon en 2017 à Marseille, où le leader insoumis vient de faire atterrir à son tour son successeur Manuel Bompard. «Avec moi, on a toujours un peu plus d’acide», se plaint Blanquer, qui assume son absence de lien avec le Loiret au-delà d’un vieil oncle ingénieur des canaux dans le département : «Dans le mot parachuté, il y a l’idée que vous arriveriez dans un endroit tout cuit pour vous. Ici, rien n’est simple.» Faute d’avoir obtenu une piste d’atterrissage plus confortable dans les Yvelines, le ministre est prié de faire ses preuves dans une circonscription détenue depuis vingt ans par un député LR qui ne se représente pas, et où Marine Le Pen a réuni près de 52% des voix au deuxième tour de la présidentielle.
Pour les régionales, «il s’est bien foutu de notre gueule»
Il n’y a que la division de la droite locale entre Moreau et Lévy pour lui faciliter la tâche. Pour plusieurs cadres de la majorité en Ile-de-France, Blanquer a été exilé ici en raison de son refus de mener la campagne des régionales l’an dernier. Pressenti pour en être la tête de liste, il a assisté à plusieurs réunions préparatoires avant de refiler le mistigri au député Laurent Saint-Martin. «Il s’est bien foutu de notre gueule. Ce n’était pas très classe vis-à-vis de Laurent et méprisant vis-à-vis de nous, se lâche une députée LREM. Ses tergiversations ont agacé le Président.»
A Montargis, le premier prof de France joue son avenir politique à quitte ou double. S’il n’est pas reconduit au gouvernement cette semaine, l’Assemblée sera sa seule bouée de sauvetage. Pour convaincre les électeurs de cette circonscription en mal de médecins et d’une offre post-bac adaptée, il met en avant son CV de spécialiste de la formation. Il se voit déjà œuvrer à l’installation d’une institution d’enseignement supérieur dans le coin. «Je suis très heureux», assure-t-il en distribuant des tracts, sans pour autant se départir d’une certaine réserve. Faire campagne, c’est un métier pour lequel son suppléant, l’élu local Christophe Bouquet, semble plus à l’aise dans son costume sobre. Blanquer risque de se raidir un peu plus en retrouvant sur sa route les trublions du collectif Ibiza et son «sosie», l’élu EE-LV parisien Nour Durand-Raucher. Ils ont déjà prévu de venir lui rendre une petite visite surprise, d’ici le 12 juin, pour donner un coup de pouce à Bruno Nottin. Ne reste plus qu’à trouver la date.
Jean-Baptiste Daoulas
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Législatives: A Montargis, Jean-Michel Blanquer incongru à cette adresse
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La Nupes, un événement qui déjoue les scénarios de la Ve République
EXTRAITS
La Nouvelle Union populaire écologique et sociale sonne comme la conséquence d'une crise de confiance dans les institutions de la Ve République.
Pour la première fois dans l'histoire, un accord général entre les partis de gauche est signé dès le premier tour des élections législatives. Ni le Cartel des gauches ne l'avait fait, ni le Front populaire, ni même lorsque la gauche avait signé le Programme commun, ni la gauche plurielle.
L'avenir dira si ce phénomène est durable ou s'il est le fruit d'une conjoncture électorale. Mais plutôt que d'attendre son verdict, mieux vaut tenter de comprendre ce qui est en jeu dans ce moment politique. Car les commentateurs, sondeurs et politistes ne cessent de confondre deux choses: l'avenir des partis politiques et le devenir politique des gens, les fluctuations des intentions de vote et les inflexions de la conscience collective qui obéissent à des mouvements par nature imprévisibles.
La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) est apparue dans notre galaxie politique parfaitement cartographiée telle une constellation inconnue, légèrement voilée, profilée comme une figure géométrique abstraite reliant comme autant de points les différents partis qui la composent.
(...)
Billet d'entrée dans un autre monde
Au-delà d'une adhésion à un ensemble de mesures économiques, sociales, écologiques, le bulletin de vote Nupes acquiert ainsi le sens d'un billet d'entrée dans un autre monde, une autre histoire, un autre peuple. Que vous soyez jeune ou vieux, femme ou homme, modéré ou radical, habitant des villes ou des banlieues, vous avez la possibilité d'écrire une nouvelle page de l'histoire collective. Vous devenez vous-même le narrateur de cette histoire…
Après des mois où l'on fut tenté à maintes reprises de tourner le dos à une non-campagne qui avait pour but explicite de reconduire le duo attendu Le Pen-Macron, l'inattendu est arrivé; il a surgi sous le signe ironique d'une victoire sans vainqueur, un gigantesque acte manqué électoral. Emmanuel Macron semblait paralysé par sa victoire, incapable de prévoir la suite; Jean-Luc Mélenchon, exclu du second tour, resurgissait au lendemain de sa défaite, comme galvanisé par son échec, déclarant un troisième tour, proposant de jouer «la belle», bousculant le calendrier électoral et l'esprit de la Ve République, en lui injectant le virus du parlementarisme.
Soudain, la campagne présidentielle rebondissait. À peine les résultats proclamés, un autre agenda prenait le dessus. La victoire tardait à s'affirmer, la fin refusait de finir, une autre campagne commençait avant que la précédente ne soit terminée. Le cours des événements refusait de rentrer dans le lit constitutionnel. Le vieux monde qui refusait de mourrir et le nouveau monde qui se faisait attendre depuis si longtemps s'étaient donné rendez-vous et cohabitaient soudain dans une image tremblée. Les signes divergeaient.
(...)
Jamais un président élu ou réélu n'était apparu au soir de sa victoire aussi peu grandi par l'élection. Il semblait privé de cette aura que donne le suffrage universel. Il n'était pas illégitime, mais comme démagnétisé. Au moment de rendre publics les résultats du scrutin, le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, pourtant rompu aux usages institutionnels, trébucha sur le chiffre des suffrages obtenus par Emmanuel Macron comme si l'histoire, par sa bouche, hésitait à reconnaître et à proclamer cette victoire qui ressemblait à une défaite.
Cette réélection était si peu inscrite dans la durée que le nouvel élu s'empressait de lui nier toute continuité, affirmant contre toute évidence: «Le peuple français n'a pas prolongé le mandat qui s'achève.» Il s'agirait d'un «peuple nouveau, différent d'il y a cinq ans [qui] a confié à un président nouveau un mandat nouveau». Surprenante actualisation de la formule de Brecht selon laquelle «le gouvernement doit élire un nouveau peuple».
(...)
... comme le rappelait le philosophe allemand Peter Sloterdijk, «c'est leur colère synchrone contre l'arrogance sans bornes des puissants qui a appris aux petites gens qu'ils voulaient désormais être des citoyens». C'est cela l'essence de la démocratie. Elle n'a pas d'autres acteurs. Ils, elles, les essentielles.
Christian Salmon
Texte intégral à lire en cliquant ci-dessous
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La Nupes, un événement qui déjoue les scénarios de la Ve République
Temps de lecture: 6 min Pour la première fois dans l'histoire, un accord général entre les partis de gauche est signé dès le premier tour des élections législatives. Ni le Cartel des gauches...