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Vivement l'Ecole!

politique

« C’est un mot trop ambigu » : le malaise des ministres érigés en « symboles » de la République

4 Juillet 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education, #Politique

Pour Najat Vallaud-Belkacem, c'est "Villeurbanne mon amour" - Rue89Lyon

EXTRAITS

Quand elles ont fait partie d’un gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, Rama Yade et Rachida Dati ont été présentées comme des emblèmes de la « diversité » et de la réussite. « Le Monde » leur a demandé de raconter ce qu’elles avaient ressenti. Pour elles, le mot est « réducteur » et contre-productif.

(...)

« Je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu cela pour Jean-Vincent Placé [il est d’origine sud-coréenne] ou Matthias Fekl [il est Franco-Allemand], mes anciens collègues de gouvernement », note Mme Vallaud-Belkacem. « Je ne me suis jamais considérée comme un symbole. J’ai le bac comme la grande majorité des Français », tonne Mme Dati. « L’insistance autour de ce mot est une manière de rappeler que vous serez seule dans cette position et que la porte sera refermée derrière vous », juge Mme Yade.

Charges des détracteurs

Il faut passer du temps à discuter avec ces trois anciennes ministres pour comprendre à quel point le terme « symbole » peut être vide de sens voire un non-sens ; qu’à force de l’entendre, il a fini par stigmatiser et renfermer tant de contradictions, de fantasmes, de lassitude.

« C’est un mot trop ambigu. Il vise des origines, une couleur de peau, un genre, une religion, une classe, un parcours ?, se demande Najat Vallaud-Belkacem. Ce mot est surtout réducteur car il permet à bon compte de gommer les inégalités et de dire que tout va bien, alors que la méritocratie ne fonctionne pas vraiment. »

Dans son bureau parisien, cernée par des tas de livres anciens, la quadra, qui dirige la branche française de ONE – une ONG internationale qui lutte contre l’extrême pauvreté, notamment en Afrique – et avant de devenir présidente de France Terre d’asile (FTA), samedi 2 juillet, prend son temps pour répondre. Entre soupirs, sourires et longs silences, elle se souvient que, dès le début de sa carrière politique, à Lyon en 2002, ses origines ont été le premier élément mis en avant pour définir son engagement et l’ériger en « symbole ». « Je m’étais vite rendu compte que la tentation naturelle des observateurs était de me ranger dans une petite case de représentante de la diversité. J’avais dû faire des efforts monstrueux pour ne pas céder à ce stéréotype-là. Si je m’étais lancée en politique, c’était pour représenter les Français dans leur ensemble, pas une communauté particulière », se remémore-t-elle.

A l’écouter, ses origines l’ont définitivement rattrapée quand elle est devenue ministre de l’éducation nationale pendant la présidence de François Hollande. Et non lorsqu’elle a été désignée, juste avant cette nomination, porte-parole du gouvernement et ministre des droits des femmes. Son entrée à l’Hôtel de Rochechouart a donc été, selon elle, « inédite » et vertigineuse, tout comme les charges de ceux qui ont dénoncé son prétendu « agenda caché » pour « idéologiser les petites têtes blondes » : selon eux, elle aurait voulu imposer l’arabe aux enfants de CP, remplacer l’apprentissage de la « chrétienté » par l’histoire de l’islam… « Il y a cette tension permanente ; une relation passionnelle et contrariée de la France avec ses enfants issus du continent africain, avance Najat Vallaud-Belkacem. Des interrogations perpétuelles sur le fait de savoir s’ils se sentent véritablement Français ou pas. Des suspicions sur leur allégeance. On a rarement de tels débats sur l’intégration des Asiatiques ou des Latino-Américains en France. »

« On vous dénie votre compétence »

Autre aspect. Lorsqu’un haut représentant de l’Etat est perçu comme un « symbole », son parcours est généralement qualifié de « singulier », comme pour marquer le caractère unique et inhabituel de sa réussite. « C’est l’exception consolante », souffle Mme Vallaud-Belkacem en paraphrasant le philosophe Ferdinand Buisson (1841-1932). Ce qui sous-entend que « les autres n’y sont pas parvenus, renchérit Rama Yade. Et c’est de leur faute. Le symbole exclut les autres. Vous les représentez et c’est tout ».

(...)

Alors justement, l’emploi du mot « symbole », que dit-il de la France ? « Ça peut vouloir dire une chose et son contraire. Ça peut être valorisant comme ça peut être une marque de l’entre-soi », s’agace-t-elle. « On n’est pas encore une évidence, on doit être explicité ; il est là le malaise : il faut nous affubler d’un qualificatif avant de nous percevoir comme légitimes à exercer une responsabilité », ajoute avec regret Najat Vallaud-Belkacem. « C’est un gâchis de continuer de pointer du doigt une partie des siens. Je veux autant représenter une jeune fille noire de banlieue qu’un homme blanc de 60 ans », renchérit Rama Yade.

Toutefois, pour ces trois anciennes ministres, tout n’est pas négatif. Etre un « symbole », c’est aussi devenir un modèle pour une partie de la société. « Plein de gens se projetaient en moi et ça leur permettait de se dire que tout est possible », se réjouit Mme Vallaud-Belkacem. « Lors d’un de mes premiers déplacements, une fille m’a dit que c’était la première fois qu’elle n’avait plus honte de s’appeler Rachida sur un CV, se rappelle Mme Dati. Tu peux générer beaucoup de choses positives. Je reçois beaucoup de courrier en ce sens. »

Alors, Najat Vallaud-Belkacem a un conseil à donner à un politique qui se retrouverait dans la même position qu’elle : ne pas trop « s’effacer »« On pourrait être tenté, quand on est issu de l’immigration, de mettre de côté ce qui fait nos racines, nos origines, notre culture d’enfance, pour essayer de se neutraliser à cause de préjugés. A vrai dire, c’est une erreur, admet-elle. Il ne faut pas s’interdire de parler de soi : ce sont autant de messages inspirants qui donnent à voir autre chose de la société française. C’est utile pour des gens de savoir qui tu es et d’où tu viens. Et plus ça se sait, et plus ça devient banal. » Jusqu’au prochain « symbole » ?

Mustapha Kessous

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Emmanuel Macron... Du vide à la démagogie - Par Christophe Chartreux

3 Juillet 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Politique

Le saut dans le vide – Rémy SAGLIER ~ Blog & catalogue irraisonné

Le vide…

Comme la nature, la politique en a horreur. Et pourtant, c’est bien un « vide » qui dirige la septième puissance mondiale. Un « vide » construit sur un malentend. Celui consistant d'abord à faire admettre au « bon peuple » la proximité du candidat avec la philosophie, plus exactement avec un philosophe : Paul Ricoeur. Cette amitié, cette complicité, ces « travaux » en commun furent beaucoup moins importants – c’est aujourd’hui de notoriété publique – que le disent quelques commentateurs paresseux, le jeune Macron ayant seulement aidé le philosophe à établir une bibliographie pour « La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli » paru en 2000. Pendant la campagne présidentielle et après l’élection, cette belle histoire continuera de répandre son parfum. Elle était utile. Elle comblait un vide.

Quelque temps après, la philosophie laissa place au romanesque. Le Président se voulut, et sa cour avec lui - car une fois au Palais, il céda aux habitudes anciennes. Donc vite, une cour ! - « personnage romanesque ». Philippe Besson commit même un livre intitulé « Un personnage de roman – Macron par Besson » paru chez Julliard. À la lecture – difficile car ennuyeuse – de ce livre, il est impossible de savoir si Emmanuel Macron est davantage Rastignac que Sorel. Et pour cause ! Le président de la République n’est pas et ne sera jamais un personnage romanesque. Et n’écrira jamais ce « roman national » que beaucoup d’intellectuels appelaient pourtant de leurs vœux enamourés. Les plus fanatiques allant même jusqu’à affirmer qu’il s’écrivait sous nos yeux par la grâce, le génie, la clairvoyance de ce jeune homme que rien ni personne ne pourrait arrêter dans son ascension de l’Olympe. Plus tard, Zeus deviendra Jupiter. Avant la chute…

Je me souviens de mes personnages de roman. Aucun d’entre eux n’avait envie d’un destin « macronien ». Toutes et tous me ressemblaient. J’avais envie de les suivre dans leurs aventures, leurs chevauchées, leurs intrigues, leurs douleurs comme leurs amours. Qui aujourd’hui souhaiterait devenir « Macron » ? Absolument personne. La « Macronie » a érigé une statue de héros antique, de Dieu – Jupiter – et ce faisant a confondu « roman » et « mythe ». Si le premier offre à aimer des histoires, le second fige l’Histoire et la rend inaccessible aux mortels. Sans doute, par cette erreur involontaire, les soutiens du candidat puis du Président voulaient-ils combler le vide politique « contenu », si je puis dire, dans les discours d’Emmanuel Macron. J’invite chacune et chacun à les relire. Ou à les écouter. Tout est tellement flou et approximatif qu’il fallut très vite raconter d’autres histoires, créer un autre « personnage ». Celle du « personnage romanesque » n’était qu’une erreur de plus venant confirmer ce qui désormais se voit, s’entend : nous avons élu et réélu un simulacre. Définition la plus courante : « Apparence qui ne renvoie à aucune réalité sous-jacente  »

Le vide encore. Le vide toujours. Mais le vide UTILE quand le réel proposé – le projet – est incompréhensible, rendu volontairement inaccessible au citoyen lambda.

Encore un petit effort et le « personnage romanesque » deviendra bientôt un algorithme.

Avec un avantage non négligeable : être dispensé du « courage de la vérité » dont parla magnifiquement Michel Foucault lors de sa dernière leçon donnée au Collège de France, en 1984, quelques temps avant sa mort. Pour aboutir au pire, au contraire de la démocratie qui n’est pas, comme il est usuel de l’affirmer, la dictature.

Non, le pire est ailleurs : dans la démagogie.

Christophe Chartreux

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Des députés dénoncent un "négationnisme historique" après les déclarations du député RN José Gonzalez sur l'Algérie française

29 Juin 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Education, #Histoire, #Politique

https://photos.tf1info.fr/images/1280/720/jose-gonzalez-f0033b-0@1x.jpeg

Le doyen des députés, José Gonzalez, 79 ans, a donné le coup d'envoi des travaux de la nouvelle Assemblée, mardi, provoquant une polémique après une courte allocution au "perchoir".

Comme le veut la tradition, c'est lui qui a pris la parole en premier. Et il a déjà déclenché une polémique. La première séance à l'Assemblée nationale, récemment élue à l'issue des élections législatives, a été marquée par une première sortie déjà dénoncée par les différentes oppositions.

Peu de temps après avoir déclaré "ouverte la XVIe législature de l'Assemblée nationale", le député du Rassemblement national, José Gonzalez, au "perchoir" pour quelques heures en tant que doyen de l'Assemblée, a tenu un discours introductif avec des références appuyés à l'Algérie française qui a choqué parmi les députés.

Ainsi, à 79 ans, José Gonzalez prend d'abord la parole et évoque l'unité des députés et se lance dans une parenthèse sur son histoire personnelle.. Sa voix s'étrangle alors quand il évoque l'Algérie. Il se présente comme "L'enfant d'une France d'ailleurs arrachée à sa terre natale par le vent de l'histoire. En 1962, j'ai laissé là-bas une partie de ma France", dit ce pied noir né à Oran. 

"Le premier stigmate d'une lecture de l'Histoire différente"

Avant d'aller plus loin devant la presse. Lorsqu'on lui demande si l'armée française a commis des crimes en Algérie, il répond : "Crimes de l'armée française, je ne pense pas, crimes contre l'humanité encore moins. Si je vous emmène avec moi en Algérie, dans le Djebel, beaucoup d'Algériens qui n'ont jamais connu la France disent 'quand est-ce que vous revenez ?'". Avant de conclure "ne pas savoir ou presque pas ce qu'est l'OAS", l'Organisation de l'armée secrète, bras armé des défenseurs de l'Algérie française, responsables de plus de 2200 morts en Algérie et de 70 morts en France. 

Un discours choquant pour de nombreux députés de gauche, à commencer par Alexis Corbière de la France Insoumise. "Dire 'je ne sais pas s'il faut juger les crimes, réels ou non de l'OAS', ça s'appelle du négationnisme historique. L'Assemblée nationale, aujourd'hui, était présidée par un homme qui fait du négationnisme historique sur un moment difficile de l'histoire de France", a ainsi dénoncé l'Insoumis, rejoint par Sébastien Jumel du Parti communiste. "C'est inévitablement le premier stigmate d'une lecture de l'Histoire différente de nous autres." Les députés de la Nupes y voient là, la fin de la "dédiabolisation" du Rassemblement National.

Audrey Tison

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"Sois jeune et prends la parole !"

26 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Politique, #Jeunesse

"Sois jeune et prends la parole !"

Il faut parler à la jeunesse... Et lui donner la parole...

Très rapidement et largement l'ouvrir à la politique, au sens noble du terme car la pratique politique est noble quand elle permet de se mettre au service de la communauté avant de s'en servir.

Ne plus interdire aux enseignants d'aborder des problèmes politiques en classe.

Ne plus avoir peur de donner à la jeunesse le goût de la PRATIQUE politique. Réintroduire le débat contradictoire dès le collège, la "disputatio". C'est une urgence éducative.

Je me souviens de ma jeunesse. J'avais 10 ans en mai 68. J'ai 64 ans. Nous étions toutes et tous très politisés après les événements de Mai. Même si jeunes, mes parents m'ayant initié. De droite comme de gauche. Nos enseignants ne s'interdisaient rien. Ne nous interdisaient rien. TOUS les sujets étaient abordés. La guerre du Vietnam, les dictatures sud-américaines, la Françafrique, la liberté de parole dans les lycées, la contraception naissante, que sais-je encore ? Tout !

Cela a-t-il fait de nous d'abominables "gauchistes" ou de méchants "réac"? Peut-être. Mais au moins étions-nous concernés par la "chose publique". Nous avions conscience d'être des citoyens dans la "Cité" et nous voulions participer, à sa construction, certains à sa destruction. Naïvement parfois sans doute, mais nous aimions la politique. Elle nous passionnait. Sans exception. Par classes et générations entières! Jamais nous n'aurions laissé, comme cela semble être davantage le cas aujourd'hui, la totalité de l'espace de parole aux adultes, aux "sachants", aux auto-proclamés experts s'accaparant un savoir souvent frelaté à l'abri de studios confortables.

En 2022, que laissons-nous à notre jeunesse ? Que faisons-nous de notre jeunesse ?

Une infime partie accède à Sciences Po. Je n'ai rien contre. Cette jeunesse-là se voit offrir les clefs de la politique - au sens large. D' autres jeunes filles et garçons sont appelés à aller voter, à manifester pour le climat. Sans clefs de compréhension. "On ne parle pas de politique en classe !". Et l'on s'étonne qu'ils ne répondent pas aux sommations effarouchées des adultes: "Mais enfin, soyez responsables ! Allez voter !". Quand la pratique politique est montrée du doigt comme une pratique honteuse, quand elle est interdite dans les enceintes scolaires - ou réservée à quelques-uns après bien des difficultés pour ne serait-ce qu'afficher un tract - il ne faut pas être surpris de constater l'effacement de la jeunesse du paysage politique. Je m'amuse parfois à regarder la totalité des "talk-show" que les chaînes de télévision dites d'informations en continu organisent à longueur de journée et de soirée. Je n'ai pu que constater avec tristesse l'absence de la jeunesse. Pas un seul invité régulier de moins de 35 ans, sauf rarissime exception. Pas d'étudiant, pas de lycéen, pas d'ouvriers, pas de jeunes agriculteurs, sauf pour des témoignages uniques ou une apparition lors d'un micro-trottoir.

Oui vraiment, il est urgent de réarmer notre jeunesse. La réarmer pour lui ouvrir le champ du débat politique, respectueux des différences, à l'écoute des autres. Et bien au-delà des heures consacrées à l'Education Morale et Civique dans le premier comme dans le second degré.

Sans la jeunesse, absente de plus en plus souvent des scrutins successifs, notamment la jeunesse rurale et des périphéries, la politique risque fort de n'être plus que ce qu'elle devient sous nos yeux : une friche au milieu de laquelle s'entre-dévorent populistes et libéraux. On ne peut pas dire que ce soit un "programme" très enthousiasmant.

Un slogan de Mai-68 disait sur les murs: "Sois jeune et tais-toi" raillant de Gaulle.

Je réponds: "Sois jeune et prends la parole !".

Nous toutes et tous, enseignants ou pas, devons prendre la décision de permettre à TOUTE la jeunesse de réinvestir le champ de la politique.

Le blé en herbe est là. Il n'attend que la récolte...

Christophe Chartreux

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Joan... Ma gauche...

14 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Politique

Joan… Ma gauche...

(Après cette lecture, vous pouvez écouter Joan Baez… En boucle… « Love song to a stranger» pour commencer…)

Un jour, ma mère a posé un vinyle sur le tourne-disque. Je devais avoir huit ou neuf ans. Je me souviens très bien ce jour-là. La porte du couloir donnant sur le jardin encore fleuri en ce mois de septembre marocain était grande ouverte. La fenêtre, également ouverte, de ma chambre où je jouais sur l’épais tapis acheté à Fès – il était d’un bleu que Braque aurait aimé avec ses quelques parements noirs à chaque angle – offrait au vent la possibilité de rafraîchir la maison. Accompagnant cette caresse, j’ai alors entendu la voix d’une femme. Cette voix allait accompagner ma vie pendant un demi-siècle.

Joan… Joan Baez… Je ne savais rien de ses combats ce jour de septembre. Je ne savais rien de ses amours avec un certain Bob Dylan… Je ne savais rien d’autre que le son de sa voix qui avait arrêté mes jeux d’enfant. J’écoutais. Émerveillé. Sidéré. Je ne savais pas encore que cinquante-deux ans plus tard j’en parlerai, en écoutant « Sad-Eyed Lady Of The Lowlands »… Je ne savais pas que Joan allait accompagner ma vie… Je ne savais pas que Joan allait provoquer mes prises de conscience adolescentes… Je ne savais pas que Joan me ferait pleurer en chantant « Sag mir wo die blumen sind » ou « Where are the flowers gone »… Je ne savais pas qu’un jour, au lycée de Bagnères-de-Bigorre où je passais le mois de juillet à approfondir mon anglais, je découvrirai « Here’s to you » en embrassant Héléna, vénézuélienne de mon âge – quinze ans – avec qui j’approfondirai beaucoup plus l’art du baiser que celui de la langue de Shakespeare. Ai-je eu tort ? Oh non !

Joan Baez, c’est la gauche. C’est ma gauche… Au-delà de l’artiste, il y eut et il y a toujours ses engagements. Ce sont les miens. À vingt et un ans, elle fait la « Une » de Time Magazine ! Pacifiste. écologiste avant tout le monde. Jamais dans la nostalgie de ce qui fut en croyant que « c’était mieux avant ». Soucieuse de ceux qui souffrent. Écoutant son cœur parce que c’est là que se trouve sa conscience. Que se trouvent nos consciences bien davantage que dans les discours des donneurs de leçons technocratiques. Anti raciste évidemment. Toujours opposée mais toujours « proposante ». Cultivée. Ma gauche…

J’ai écouté Joan Baez assis sur le tapis de ma chambre. Ma mère fredonnait dans un anglais qu’elle ne comprenait pas. Je me souviens de la chanson… « Farewell Angelina »…

J’aimerais tant un jour te faire découvrir cette femme… Son timbre est aujourd’hui plus fragile… Mais la force est là. Toujours… Elle, une guitare, une voix…

Le vent frais traversait la maison de part en part…

Comme me transperça cette voix, un jour de septembre, au Maroc…

Je n’ai jamais retiré la flèche !

Christophe Chartreux

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L'enracinement dans une culture peut permettre un accès à l'universel, pour autant qu'il s'agisse d'une culture ouverte.”

Mireille Delmas-Marty

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Blanquer, Zemmour, Bompard: ancrage et parachutage font-ils bon ménage?

8 Juin 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Politique

Parachute Banque d'images et photos libres de droit - iStock

Les transferts de candidats dans des circonscriptions qu’ils ne connaissent pas se multiplient à chaque législative. Si le mode du scrutin rend cette vieille pratique tout à fait légale, elle n’en demeure pas moins ambivalente d’un point de vue démocratique.

Qui dit élections législatives dit parachutages électoraux. Cette année, plusieurs candidats et figures nationales de premier plan n’ont en effet pas d’attaches avec les territoires dans lesquels ils battent campagne. C’est le cas de Jean-Michel Blanquer, ex-ministre de l’Education nationale, dans le Loiret, d’Eric Zemmour, ex-candidat d’extrême droite à la présidentielle, dans le Var ou de Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, dans les Bouches-du-Rhône, qui a hérité de la circonscription marseillaise gagnée par le chef insoumis, lui-même autoparachuté il y a cinq ans.

La pratique est aussi vieille que la République et tout à fait légale – bien qu’un député LR ait voulu l’interdire. Au début du XXe siècle, elle est particulièrement employée par les partis de gauche qui envoient depuis Paris des candidats concurrencer les notables et grands propriétaires locaux investis par la droite. Une fois élu, le député de la nation n’a d’ailleurs aucun compte à rendre aux citoyens de sa circonscription, ce dernier n’étant même pas tenu d’y résider pour s’y présenter. Si la campagne pour obtenir la députation exige donc de se faire connaître sur le terrain, le mandat s’exerce au Parlement, contrairement aux mandats municipaux, départementaux ou régionaux.

Faire de la politique dans un espace sans lien durable ?

Les réformes pour moraliser la vie publique ces dernières années – notamment la loi sur la fin du cumul des mandats entrée en vigueur en 2017 et la suppression de la réserve parlementaire mettant fin à la figure du «député et maire», la sensibilité grandissante des citoyens aux aspects éthiques de la vie publique et la relative démocratisation des métiers du politique ont fini par jeter un regard de plus en plus critique sur cette acrobatie électorale. D’autant qu’il s’agit, la plupart du temps, de territoires réputés gagnables, où la victoire n’est pas forcément très glorieuse pour le prétendant.

Le parachutage électoral pose inversement la question de l’ancrage territorial. Peut-on faire de la politique dans un espace sans lien durable avec ses acteurs et ses habitants ? Pour les plus petits échelons, évidemment non. En revanche, nul besoin d’avoir été solidement ancré pour occuper les plus hautes fonctions de l’Etat. Elisabeth Borne, candidate pour la première fois dans le Calvados, n’a jamais été élue localement. Georges Pompidou ou Raymond Barre n’avaient eux non plus jamais occupé de mandat avant d’entrer à Matignon. Premier président vierge de tout mandat, Emmanuel Macron n’a pas de fief électoral.

L’ancrage électoral permet pour un représentant politique dont la carrière nationale s’essouffle de trouver refuge et de rebondir, mais il peut tout aussi bien servir de tremplin à un parcours militant ascendant, dont l’investissement est récompensé par une investiture. On peut aussi être parachuté et durablement s’implanter. Ce fut le cas de Jacques Chaban-Delmas, qui fut maire de Bordeaux pendant près d’un demi-siècle. De même que Jacques Chirac fut lui aussi parachuté en Haute-Corrèze, imité par François Hollande, alors jeune énarque qui posait pour la première fois son pied dans la région à 27 ans.

Le captage des professionnels de la politique

Si certains politologues notent une tendance à la «déterritorialisation» de la vie politique, ils constatent néanmoins la persistance du poids de l’enracinement local. L’effondrement considérable du nombre d’adhérents aux partis traditionnels (Parti socialiste, Les Républicains…) témoigne de leur incapacité à rayonner, leurs liens avec les syndicats et les milieux associatifs s’étant érodés. Sauf que dans le même temps, les logiques partisanes locales ont été captées par des professionnels de la politique qui savent utiliser les ressources institutionnelles à leur disposition pour consolider leur implantation.

C’était le principal atout du Parti socialiste dans les négociations en vue de son intégration dans la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) : son réseau d’élus locaux et donc un certain ancrage territorial – malgré son score lilliputien à la présidentielle (1,75% des voix) – que La France insoumise n’a pas. Pour la formation de gauche, ainsi que pour Renaissance et le Rassemblement national, des mouvements verticaux ou «gazeux» bâtis autour d’une ambition élyséenne, leur trop faible assise dans les territoires s’avère être un handicap majeur lors des scrutins intermédiaires.

Municipales 2020, régionales et départementales de 2021 : mêmes combats, mêmes déroutes pour les trois forces politiques les plus puissantes nationalement. Les résultats calamiteux avaient été justifiés par une abstention record et un ancrage territorial quasi inexistant. Auxquels les candidatures parachutées ne doivent pas être d’un grand remède.

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