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Vivement l'Ecole!

politique

Le diable dans les détails: des gourmettes élyséennes à la crise écologique...

16 Septembre 2018 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education, #Politique

Le diable dans les détails: des gourmettes élyséennes à la crise écologique...

EXTRAITS

(...)

C’est un autre genre de confusion des pouvoirs qui s’exprime dans la création de produits dérivés de l’Elysée. En un sens, on peut se féliciter de cette initiative qui ne servira qu’à couvrir le gouvernement de ridicule. Les champions de la start-up nation sont décidément aussi égarés que ces cadres supérieurs passionnés par la « communication interne » à leur entreprise, qui n’ont aucune conscience de l’indifférence et du mépris des employés pour les prospectus sur papier glacé où les « valeurs de l’entreprise » sont illustrées par le portrait de l’employé du mois. Inutile de perdre sa salive à dénoncer un pouvoir vendu aux milieux d’affaires quand celui-ci met en vente des bracelets en or de 14 carats frappés des mots « liberté », « égalité » ou « fraternité » pour 250 euros. L’initiative n’en met pas moins en évidence une confusion quant à la nature et au lieu du pouvoir.

            On pourrait d’abord se demander où le gouvernement a trouvé cette idée saugrenue. A ma connaissance, les seuls pays où l’on trouve de semblables produits dérivés sont les monarchies, et notamment la monarchie britannique. Emmanuel Macron rêvait donc d’avoir, comme la reine, sa tête sur des boites de biscuit, des tee-shirts et des tasses à thé – petit symptôme d’une mégalomanie qui s’entend d’ailleurs dans tous ses discours débités sur un ton de prêtre. Mais en se mettant en scène comme la reine d’Angleterre, Macron oublie qu’ils ne sont pas des êtres de la même espèce : la reine a deux corps, Macron n’en a qu’un. Les rois incarnent la continuité de l’Etat, de sorte qu’un portrait de la reine n’est pas seulement le portrait d’Elizabeth II ; c’est aussi le portrait de n’importe quelle reine avant ou après elle, une illustration de la monarchie. Il ne devrait pas en aller de même du président de la république, qui n’incarne pas l’Etat et occupe une fonction avec laquelle il ne se confond pas.

            Ce qui est choquant dans la création des produits dérivés de l’Elysée, ce n’est donc pas l’initiative en elle-même. Que l’Elysée commercialise des tasses illustrées de ses plus beaux bâtiments, des reproductions de ses œuvres d’art, pourquoi pas ? En revanche, ces produits ne devraient en aucun cas représenter l’actuel président, sauf à confondre le président et le palais, c’est-à-dire le gouvernement et l’Etat. Claude Lefort définissait la démocratie comme un régime dans lequel le lieu du pouvoir est vide et ne peut être occupé que transitoirement par un homme qui doit, dans la façon même dont il l’occupe, exprimer la transitivité de sa présence. Les produits dérivés sont un signe, mineur mais significatif, de la volonté d’Emmanuel Macron d’occuper pleinement ce lieu, c’est-à-dire, une fois de plus, de faire d’un pouvoir populaire un pouvoir personnel.

            Christophe Castaner confond l’exécutif et le législatif, Emmanuel Macron confond le gouvernement et l’Etat : deux symptômes d’une dérive anti-démocratique. Dérive d’ailleurs largement acceptée si l’on en juge par le retour en force, dans le discours public, de la notion d’ « incarnation ». On exhorte le président à incarner sa fonction et l'on oublie que ce qui différencie la monarchie de la république, c’est précisément que l’incarnation n’a pas sa place dans la seconde, où le pouvoir n’est fondé que sur la représentation. Incarner et représenter sont deux modalités différentes et incompatibles. Le roi incarne la nation, son corps est celui de la nation ; le président n’est que l’image du peuple qu’il représente et ne doit avoir d’autre volonté que la sienne. Le retour en force de l’incarnation comme fonction politique est l’illustration d’une régression démocratique, la cohésion du corps social n’étant plus pensable que dans l’amour de l'Etat, le rôle du président étant de servir de support concret de cet amour.

            Entre cette dérive monarchiste et le « plan pauvreté » présenté par le gouvernement, il y a un lien très étroit. On a dit que les moyens mobilisés par ce plan étaient ridicules, qu’ils étaient d'ailleurs inférieurs aux milliards donnés aux « premiers de cordée », ce qui est vrai. Mais il me semble que le vice profond de ce plan est surtout de n’avoir d’autre visée que l’ascension sociale. Sortir de la pauvreté, voilà le but ; et le scandale de la condition ouvrière n’est pas que les ouvriers soient pauvres, mais que leurs enfants ne puissent pas s’émanciper en une génération de la condition de leurs parents. Eradiquer la pauvreté, ce serait donc faire que plus personne n’occupe demain les emplois des pauvres d’aujourd’hui : étrange vision d’une société sans ouvriers, sans agents d’entretien, sans artistes – car l’immense majorité de ceux qui exercent ces professions sont pauvres.

            Le plan pauvreté de Macron est sous-tendu par un idéal qui était déjà celui du New Labour de Tony Blair. Ce dernier avait même déclaré que « nous sommes désormais tous de la classe moyenne ». Rien n’était moins vrai et Tony Blair le savait bien. Le sens véritable de sa déclaration était que le « nous » de la nation ne se composait que des classes moyennes ; ceux qui n’en étaient pas ne formaient qu’un « eux » pathologique, tout juste bon à être tournés en dérision dans des séries télévisées (Benefit street, Little Britain), corvéable à merci et récipiendaire d’une charité paternaliste. Owen Jones a fait l’état des lieux de ce mépris de classe assumé dans son ouvrage Chavs. Dans un de ces renversements de sens orwelliens dont nous sommes coutumiers, le « plan pauvreté » de Macron est en réalité un « plan anti-pauvres » qui exhorte chacun à sortir de sa classe et à considérer ceux qui n’y parviennent pas comme responsables de leur sort, donc indignes de la solidarité publique.

            L’encouragement à la haine des pauvres a des implications politiques qu’ont crûment mises en évidence l’élection de Donald Trump et le Brexit, analysés d’emblée par les classes dirigeantes comme des votes de classe – des moments de retour du refoulé. Au Royaume-Uni, après le Brexit, les réseaux sociaux étaient remplis de dénonciations haineuses des pauvres, des ignorants et des vieux qui avaient eu l’outrecuidance de priver la jeunesse éduquée de l’avenir dont elle rêvait. Aux Etats-Unis, l’antidémocratisme est patent dans les éloges dithyrambiques dont fut couvert un haut fonctionnaire après qu’il eût écrit dans le New York Times qu’il faisait partie d’un réseau de technocrates occupés à neutraliser l’action du gouvernement. Quoi qu’on pense de Donald Trump, il est effarant de voir la « société civile » chercher le salut dans l’action arbitraire de la technocratie.

            Ces impulsions antidémocratiques se retrouvent d’ailleurs dans la littérature savante – citons quelques essais qui font l’objet de critiques élogieuses dans des revues prestigieuses. David Runciman (How Democracy Ends), Daniel Ziblatt et Steven Levitsky (How Democracy Dies) ou encore William Galston (Anti-Pluralism: The Populist Threat to Liberal Democracy) font le même constat : Trump et le Brexit ont révélé les failles béantes de la démocratie. Ils n’en tirent aucune conséquence constructive. Jason Brennan, lui, n'y va pas par quatre chemins : il préconise, dans Against Democracy, la restriction du droit de vote aux personnes jouissant d’un certain niveau d’éducation. Dans Edge of Chaos, Dambisa Moyo va pour sa part jusqu’à proposer que les postes gouvernementaux soient réservés à des personnes ayant eu une expérience « corporate ». Le déchaînement anti-démocratique outre-Atlantique et outre-Manche trouve dans le macronisme son prolongement en France, et c’est bien pourquoi les médias anglo-saxons adulent le président Français, présenté encore cette semaine par Newsweek comme le « last man standing » - le dernier rempart contre les peuples.

            Les gourmettes frappées de la maxime « liberté, égalité, fraternité », les cartes postales de Nemo et les tee-shirt à l’effigie du président ne sont donc pas que des détails cocasses. Ils entrent en résonance avec les déclarations de Castaner et le plan anti-pauvres du gouvernement. L’ensemble révèle la continuité parfaite entre un mépris des pauvres voilé par l’exhortation à chacun de se hisser dans la classe moyenne, redéfinie comme le tout de la société : classe moyenne qu’on n’intègre qu’en gravissant les échelons dans l’entreprise, ce qu’on ne peut faire qu’en se solidarisant avec les finalités des entreprises, donc en apprenant à considérer les milieux d’affaires comme porteurs d’une volonté légitime ; ce dont on ne peut que conclure qu’il est tout naturel que le gouvernement soit dominé par les puissances d’argent, et salutaire qu’il soit protégé des intrusions du pouvoir législatif, c’est-à-dire du peuple au sens de Furetière – « sot, remuant, aimant les nouveauté ». Le peuple des pauvres, qui pâtiront au premier chef du changement climatique face auquel, contrairement à ce qu’on affirme paresseusement, nous ne sommes pas égaux.

(...)

Olivier Tonneau

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Quand Emmanuel Macron sombre dans la dictature de la démagogie sarkozyste (Vidéo).... + commentaire

16 Septembre 2018 , Rédigé par France Info Publié dans #Politique

Dans les jardins de l'Elysée, samedi, le président a suggéré à un jeune homme cherchant du travail dans l'horticulture de postuler dans l'hôtellerie-restauration.

Trouver un travail ? Rien de plus facile, selon Emmanuel Macron. Le président de la République l'a assuré à un jeune chômeur qui visitait l'Elysée, samedi 15 septembre lors des Journées du patrimoine. L'échange s'est déroulé dans les jardins du palais, sous l'œil des caméras. "J'ai beau envoyer des CV et des lettres de motivation, ça ne fait rien", déplore le jeune homme, inscrit à Pôle emploi.

"Vous voulez travailler dans quel secteur ?" l'interroge alors le président. "A la base, je suis horticulteur. J'ai envoyé partout dans les mairies, mais ils ne prennent pas", précise-t-il.

"Je traverse la rue, je vous en trouve !"

Le président lui suggère alors de tenter sa chance dans un tout autre secteur : "Mais si vous êtes prêt et motivé... Dans l'hôtellerie et la restauration, dans le bâtiment, il n'y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu'ils cherchent des gens. Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve ! Ils veulent simplement des gens qui sont prêts à travailler. Avec les contraintes du métier."

"Moi personnellement ça ne me pose pas de problème. Mais je donne mon CV et ils ne me rappellent jamais", rétorque le jeune homme. Un argument ignoré par Emmanuel Macron, qui enchaîne : "Vous faites une rue, vous allez à Montparnasse, vous faites la rue avec tous les cafés et les restaurants... Franchement, je suis sûr qu'il y en a un sur deux qui recrute en ce moment. Allez-y !"

Commentaire

1- Le Président de la République se "sarkozyse" chaque jour un peu plus.

2- Après la présentation du plan pauvreté, sa fibre sociale a disparu en deux jours. Il revient aux fondamentaux d' EnMarche: mépris de classe; cynisme; démagogie.

3- J'invite évidemment tous les chômeurs, ces "feignasses" qui n'ont pourtant qu'une rue à traverser pour trouver un travail, à envoyer CV et demande d'emploi à l'adresse suivante:

E Macron 55 rue du Fbd St Honoré 75 0008 Paris

4- D'après Emmanuel Macron, et même pas de manière subliminale, le chômeur est une personne responsable de sa situation. Il en est même COUPABLE!

"Dis donc, coco, si tu ne trouves pas de boulot, c'est bien parce que tu ne cherches pas et que tu profites du pognon de dingue qu'on met dans les aides sociales. Alors, coco, traverse la rue je te dis!"

Conclusion:

Ecoute-moi bien chômeur-euse:

d'après les propos du Président du Président de la République, quelle que soit ta qualification professionnelle, si tu es en recherche d'emploi, tu DOIS tout accepter! L'important n'étant pas que ton emploi corresponde à tes diplômes. Non.

L'important est que tu sois en ACTIVITE! Emmanuel Macron ne parle pas d'emploi. Il veut que chaque français soit en ACTIVITE!

Voilà! Cela t'évitera ce genre de dialogue, si un jour tu le croises, que tu l'abordes et qu'il te répond devant les caméras (il adore!):

"Mais m'sieur le président, c'est pas ma filière!"

- On s'en fout! Trouve n'importe quoi! Mais trouve!

- Mais je vais être malheureux si ce boulot me plait pas!

- Ah parce qu'en plus tu veux être heureux au boulot???? Non mais allo! Y'a pas écrit Merlin l'Enchanteur là!!!!

- Ben si... Et vous nous avez bien eus!"

Christophe Chartreux

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"L'École est très peu présente dans le plan pauvreté"...

15 Septembre 2018 , Rédigé par Se-Unsa Publié dans #Education, #Politique

"L'École est très peu présente dans le plan pauvreté"...

Le 13 septembre 2018, le Président de la République a présenté la stratégie de lutte contre la pauvreté.

L’UNSA Éducation a pris connaissance des mesures prévues de ce plan qui s'appuie sur deux « piliers », la « prévention de la précarité, notamment chez les plus jeunes" et "l’aide à la réinsertion vers l’emploi ».

Si l’UNSA Éducation accueille favorablement certaines mesures pour lutter contre le déterminisme comme :

- l’augmentation du nombre de places en crèche afin «qu’elles soient accessibles à tous »,

- la généralisation de la garantie jeune.

- ou encore le développement de l’expérimentation « Territoires Zéro Chômeur ».

Néanmoins, pour l'UNSA Éducation, l'École est très peu présente dans le plan pauvreté. En effet,"les CP dédoublés dans les zones prioritaires" ne peuvent être l'alpha et l'omega de la lutte contre la pauvreté! Car, comme le souligne l'Oservatoire des Inégalités : cette mesure ne concerne qu’un dixième des classes, soit seulement un quart de la population pauvre !

En outre, elle s'interroge sur l'efficacité "de rendre l’accès à la cantine plus universel avec des repas à un euro". L'UNSA Éducation rappelle que pour les familles concernées, un repas à un euro correspond à une dépense supplémentaire de plus d’une vingtaine d’euros par mois et par enfant !

Et qu'en outre, les enfants des familles les plus pauvres n’accèdent pas à la cantine, même lorsque les tarifs sont très bas. Aujourd'hui, en France des jeunes sont sous alimentés, la restauration soclaire doit donc devenir un droit et pour cela c'est vers la gratuité des repas qu'il faut tendre !

L'UNSA Éducation regrette également l’absence de mesure concernant l’augmentation des bourses des collégiens ou encore la revalorisation des fonds sociaux.

L'UNSA Éducation aurait souhaité que la question de l'accès aux soins dans les zones rurales ou urbaines défavorisées soit mieux pris en compte.

En outre, elle demande avec l'UNSA que des moyens humains et financiers à la hauteur des ambitions affichées soient alloués à la lutte contre la pauvreté.

Le phénomène de pauvreté massive dans un des pays les plus riches du monde interroge notre idéal républicain d’égalité.

Pour l’UNSA Éducation, il est urgent de faire bouger les choses !

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Évaluations : l’échec programmé...

15 Septembre 2018 , Rédigé par Snuipp Publié dans #Education, #Politique, #Pédagogie

Une partie du contenu et les modalités de passation des évaluations CP et CE1 posent de nombreuses questions sur la pertinence de ce dispositif ministériel annoncé à grand renfort médiatique. Le SNUipp-FSU demande un moratoire dans le but de surseoir à leur passation. Il propose aux équipes de reprendre la main sur ces évaluations, de ne pas les faire passer dans l'immédiat, d'en sélectionner les items qu'elles jugent utiles à leurs élèves, de ne pas en saisir les réponses et de faire remonter les besoins du terrain. Il leur propose aussi une motion à adopter en conseil des maîtres.

Les livrets d'évaluations nationales CP et CE1 arrivent dans les écoles et provoquent la consternation. Items inadaptés, temps de passation limité, aides non autorisées, elles vont inévitablement mettre les élèves en difficulté et ne permettront pas de mieux les faire réussir. Qui plus est, elles cantonnent les enseignantes et enseignants à la saisie des réponses, se trouvant ainsi dépossédés de leur analyse.

Le communiqué

Évaluations : l’échec programmé

Alors que le ministre généralise à cette rentrée les évaluations à différents niveaux de la scolarité, le dévoilement du contenu des tests des CP et CE1 est très inquiétant. En ne respectant pas les apprentissages réels des élèves issus des programmes de maternelle de 2015 et de cycle 2 de 2016, ces évaluations placeront artificiellement la majorité d'entre eux en situation d'échec et de stress important.

Le SNUipp-FSU constate que de nombreuses activités sont inadaptées tant du point de vue de leur contenu que de leur présentation ou des conditions de passation imposées. Des durées d'exercices strictement limitées et irréalistes seront trop souvent génératrices de stress et l'interdiction d'aide et d'explication contrariera inévitablement la relation pédagogique en construction par les enseignants avec leur classe et leurs élèves. De nombreuses propositions contiennent ce qu'on est bien obligé d'appeler des pièges et relèvent davantage de compétences expertes que de compétences exigibles à ces niveaux de la scolarité. 

Alors que la recherche recommande le recours à la manipulation dans les apprentissages des jeunes élèves, la seule modalité papier-crayon est pourtant convoquée bien qu'elle ne soit pas encore complètement maîtrisée par les élèves sortant de maternelle.
Alors qu'à l'école primaire de nombreux apprentissages se font en lien direct avec le contexte de la classe, ce qui permet ainsi de leur donner tout leur sens (prénoms, albums de la classe, expériences dans l'école ou dans le quartier...), la standardisation de ces évaluations évacue de fait toute cette dimension du travail des classes. Cela ne répondra pas à un des enjeux soulevés par les dernières enquêtes internationales : améliorer la compréhension.

Les enseignants, écartés de la phase d'élaboration de ces évaluations, le seront également pour la phase d'analyse des résultats de leurs propres élèves dont ils n'auront pas à corriger les tests. C'est pourtant eux les mieux à même d'identifier les obstacles auxquels sont confrontés les élèves dans leurs apprentissages et d'y apporter des réponses. Le SNUipp-FSU dénonce le fait que ce protocole, articulé aux différentes prescriptions concernant la lecture, fera glisser le métier d'enseignant d'un métier de conception vers un métier de simple exécution. 

Le SNUipp-FSU affirme que ces évaluations ne permettront en aucun cas de faire mieux réussir les élèves. Ce n'est pas en alarmant les familles et en renvoyant les enseignants à leur inefficacité présumée que le ministre œuvre pour l'école de la confiance. En voulant faire entrer de force le système éducatif et ses personnels dans la culture de l'évaluation et le pilotage par les résultats, il expose les jeunes élèves au risque d’échec précoce et cultive la méfiance de leur famille envers l’école.

Le SNUipp-FSU dénonce ce procédé et invite tous les enseignants à informer largement les familles sur la véritable nature de ces évaluations. Il s’est adressé aujourd’hui au ministère pour demander un moratoire afin de surseoir à leur passation. Par ailleurs, il appelle les équipes à reprendre la main sur l'évaluation, acte inhérent à la fonction d'enseignant, à ne pas les faire passer dans l’immédiat, ne pas saisir les réponses et à faire remonter les besoins de terrain.

Paris, le 13 septembre 2018

Pour le SNUipp-FSU, ces évaluations sont mal conçues : items inadaptés, temps limité, stress, aides non autorisées. De plus les enseignants sont cantonnés à la saisine des résultats, se voyant ainsi dépossédés de leur analyse. Considérant que ces évaluations ne peuvent être utilisées au bénéfice des apprentissages, le SNUipp-FSU adresse au ministère une demande de moratoire dans le but de surseoir à leur passation. De même, il a décidé de les rendre publiques et d'informer la profession pour l'aider à les analyser. Il appelle les équipes pédagogiques, via une motion à adopter en conseil des maîtres, à reprendre la main sur ces évaluations : sélections d'items, refus de passation dans l'immédiat. Il les engage à ne pas saisir les réponses et à remonter les besoins de terrain.

Les livrets d'évaluations et guides du maître 

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"Un plan pauvreté pour être moins pauvre"...

15 Septembre 2018 , Rédigé par Catherine Chabrun Publié dans #Education, #Politique

"Un plan pauvreté pour être moins pauvre"...

EXTRAITS

Jeudi matin, j’ai écouté le discours d’Emmanuel Macron qui présentait son Plan pauvreté.

Très long avec un style ampoulé, tourné sur lui-même et ses découvertes de ceux qui ne vivent pas comme lui.

« J’ai appris tout ça de vous, à vous écouter, à vous regarder.»

« On apprend des personnes pauvres. »

Comme si nous étions comme lui, il a rappelé tous les combats de ceux qui sont pauvres, ce que sont les droits fondamentaux.

Très vite, il veut nous faire comprendre que ce qu’on pense être un droit comme le RSA ne l’est pas. C’est à cause de lui que des personnes ne retrouvent pas d’emploi. Il faut donc « lancer un combat neuf ». Bien sûr, il y a l’héritage des Lumières, la construction sociale à la sortie de la Seconde Guerre – je n’ai pas entendu les mots Sécurité sociale, ni Conseil national de la résistance –, mais sans réussite, notre modèle corrige mais n’éradique pas la pauvreté.

Martelés tout au long du discours : système trop complexe, trop de prestations, sortir des dépenses qui corrigent seulement, un combat de justice, la solidarité est vécue comme enfermement dans sa condition, refuser la fatalité sociale, retrouver sa part d’activité, personne ne demande l’assistanat…

Il a justifié son expression « premiers et derniers de cordée » : tirez la corde pour freiner les premiers ne fera pas progresser les derniers. La cordée c’est la cohésion du pays.

Il se félicite des mesures déjà en place ou annoncées comme en éducation, les classes de CP dédoublées et la scolarité à 3 ans.

(...)

Le retour à l’activité, à l’emploi est la condition. Un contrat d’engagement réciproque sera signé avec « l'obligation d'inscription dans un parcours d'insertion avec l'impossibilité de refuser deux offres raisonnables d'emploi ».

Le terme « raisonnable » est inquiétant, très subjectif :

Trois heures de transport est-ce raisonnable ?

Trier des cartons quand on est aide-comptable, est-ce raisonnable ?

Enchaîner des temps partiels, est-ce raisonnable ?

Avoir un revenu égal ou à  peine supérieur au seuil de pauvreté (850 à 1 000 euros), est-ce raisonnable ?

Travailler et être sans domicile, est-ce raisonnable ?

... bref, l’activité  pour juste être moins pauvre !

Il compte beaucoup sur les autres. La réussite ou pas de toutes les mesures de ce Plan pauvreté seront bien sûr de la responsabilité des collectivités locales et surtout des personnes pauvres !

Un « pognon de dingue » ironise-t-il : 8 milliards répartis en quatre ans (plutôt 4 milliards avec le redéploiement des suppressions des emplois aidés, la baisse des APL, la hausse de la CSG, etc.)

Et le « pognon de dingue » offert aux grandes fortunes, entre 3,2  et 4 milliards, il a oublié !

Mais tout est dit dans les derniers mots de Macron, il veut « éradiquer la grande pauvreté » et non pas la pauvreté ! 

Catherine Chabrun

L'intégralité du billet est à lire en cliquant ci-dessous

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Bac réformé: plus de centralisme... Plus de localisme...

14 Septembre 2018 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Politique

Bac réformé: plus de centralisme... Plus de localisme...

Le bac réformé «en même temps» que la rentrée

Modifié par décret au beau milieu de l’été, le nouvel examen entrera en vigueur en 2021. Déjà, les lycées doivent réfléchir à une réorganisation de la scolarité.

Drôle de rentrée pour les nouveaux lycéens : les élèves de seconde suivront les mêmes cours que leurs prédécesseurs, avec les mêmes programmes, et en même temps, ils passeront dans trois ans le nouveau baccalauréat mis en place par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer. Si rien n’a donc vraiment changé en cette rentrée, l’année scolaire 2018 sera largement consacrée à ces transformations : le baccalauréat a été modifié par un décret et sept arrêtés publiés au beau milieu de l’été, le 17 juillet, et une nouvelle organisation de la scolarité se mettra en place dès la rentrée 2019. Il faut y travailler avec les enseignants, informer les élèves et les familles. Cela ne s’improvise pas.

A vrai dire, ceux qui ont lu l’Ecole de demain, ouvrage de 2016 dans lequel Jean-Michel Blanquer présentait ses projets en cas de retour au pouvoir de la droite, n’ont pas été surpris : les mesures qui viennent d’être publiées au Journal officiel y figuraient déjà. Il annonçait la réduction du nombre d’épreuves au bac, l’introduction du contrôle continu dans les notes du bac, la réorganisation des séries de bac, le lycée modulaire.

Officiellement, les réformes engagées par Blanquer, devenu ministre, étaient censées s’appuyer sur le rapport commandé à Pierre Mathiot en novembre 2017 et sur la consultation des représentants des enseignants, à défaut de concertation. Pourtant, après la remise du rapport, une fois débarrassé du rituel de consultation, le ministère a adopté les mesures figurant dans le projet de Blanquer. Etait-il vraiment utile de mettre en place une mission et une consultation des enseignants ?

Jean-Michel Blanquer a été à la tête de la toute-puissante Direction générale de l’enseignement scolaire sous Nicolas Sarkozy, il connaît les maux dont souffre le bac : le cursus en lycée est complexe, avec des voies (pro, techno, générale) et des séries (L, ES, S, STMG, ST2D…) étanches et hiérarchisées, des enseignements obligatoires, de spécialité, optionnels obligatoires (sic), facultatifs… L’organisation de l’examen est compliquée et coûteuse ; la fin d’année scolaire est problématique car les enseignants sont mobilisés par les corrections. Certaines difficultés tiennent à l’empilement des réformes successives, chacune ajoutant de la complexification. Mais le fond du problème vient de ce que le lycée français est dans une sorte d’entre-deux, si on le compare à celui d’autres pays. Ainsi, en Angleterre chaque élève choisit les 4 matières qu’il étudie au lycée ; il n’y a donc pas de filières, et on accepte l’idée que les lycéens n’aient pas tous la même culture de base. A l’inverse, en Italie, tous les lycéens suivent les mêmes enseignements, ils se spécialiseront par la suite. En France, à vouloir en même temps que les élèves étudient toutes les disciplines et qu’ils se spécialisent, on a fini par construire une machine compliquée, offrant la possibilité de ruser à ceux qui savent en décrypter les faiblesses. Une réforme du bac est donc utile. Mais, vu les enjeux, cette réforme n’aurait pas dû se faire à la va-vite, à partir d’un projet fourni tout construit.

La réforme apporte des simplifications mais augmente en même temps la complexité. Elle supprime les séries, mais les rétablit sans les nommer par le jeu des spécialités que les élèves choisiront. En effet, les élèves devront choisir deux enseignements de spécialité en seconde, puis trois en première et à nouveau deux en terminale, à partir d’une liste. A ces enseignements, s’ajoutent un enseignement optionnel en première et deux en classe terminale. Apparemment donc, une partie du menu est à la carte. Mais tout ne pourra pas être offert partout : il existe virtuellement 36 combinaisons d’enseignements de spécialité en seconde, 57 en terminale et 265 en première. Sans parler des combinaisons d’options. Certes, toutes les combinaisons ne sont pas raisonnables, mais il en reste assez pour que les proviseurs passent des nuits blanches à chercher comment étaler ou superposer les cours pour rendre possibles les combinaisons demandées par les élèves. Les lycées de taille moyenne ne pourront pas fournir la même offre que les grands lycées. Soit quelques combinaisons domineront, reconstituant des filières, soit l’inégalité s’instaurera entre établissements.

Le nombre d’épreuves terminales est réduit, ce qui diminue le coût de l’examen. Mais l’effort d’organisation est reporté sur les lycées qui devront mettre en place un dispositif complexe avec des examens partiels, des concertations sur le choix des épreuves communes, des sessions de rattrapage pour les absents… Beaucoup de temps sera consacré aux évaluations, il en restera moins pour les enseignements. Une commission académique veillera à l’harmonisation des notes, mais on n’empêchera pas que des soupçons pèsent sur les notes de contrôle continu et que le bac obtenu dans tel lycée soit considéré comme de moindre valeur que celui obtenu dans tel autre. Ce n’est pas le cas avec des épreuves nationales : un 16 à l’épreuve de maths atteste des compétences d’un élève, qu’il vienne d’un lycée prestigieux ou d’un établissement modeste. En contraignant les lycées à assumer des responsabilités incombant à l’administration centrale, la réforme réussit le tour de force d’apporter à la fois plus de centralisme et plus de localisme.

Sylvie Plane professeure émérite de sciences du langage

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Les chefs d'établissement dévoilent le bluff de mesures de JM Blanquer...

14 Septembre 2018 , Rédigé par Le Café Pédagogique Publié dans #Education, #Politique

Les chefs d'établissement dévoilent le bluff de mesures de JM Blanquer...

EXTRAITS

Ils ne sont pourtant pas hostiles aux réforme impulsées par JM Blanquer. Mais, le 13 septembre, les chefs d'établissement du SNPDEN n'ont pas caché l'écart important entre les annonces ministérielles et le vécu des établissements. Qu'il s'agisse de l'interdiction des portables , du dispositif Devoirs faits ou encore des évaluations, ce qui se passe dans les établissements a peu à voir avec la communication ministérielle.

Portables : La loi n'a rien changé

 "Depuis 5 ans aucun collègue ne nous a parlé de problème de gestion des téléphones portables", explique Philippe Vincent secrétaire général du Snpden Unsa, le premier syndicat des personnels de direction. "Il n'y avait pas de problème. On a l'impression que la voie législative ne s'imposait pas".

Inutile au moins dans le second degré, la loi n'a d'ailleurs rien changé. Un sondage réalisé par le syndicat auprès de ses membres (un quart des établissements ont répondu) montre que seulement 36% d'entre eux envisage de modifier leur règlement intérieur. 

(...)

Devoirs faits, c'est pas à faire...

Le Snpden s'est aussi attaché à faire un décryptage du dispositif Devoirs faits. Lancé par JM Blanquer, Devoirs faits a été présenté comme un dispositif permettant à tous les collégiens défavorisés de bénéficier d'une aide pour faire leurs devoirs. JM Blanquer a expliqué lors de sa conférence de rentrée que c'est une mesure sociale donnant les mêmes chances à tous.

Or l'enquête du Snpden montre que seulement la moitié des établissements ont disposé d'un financement suffisant pour mettre en place Devoirs faits. "Il y a eu de vraies négociations de marchands de tapis avec les rectorats pour cette mesure", dit-il. "L'intendance n'a pas suivi". Cela a retardé le démarrage.

Surtout le Snpden dévoile comment ça se passe concrètement. La plupart des collèges voient leurs horaires cadrés par les transports scolaires. Or Devoirs faits est arrivé bien après que les horaires aient été fixés. En clair il est impossible de mettre en place Devoirs faits en fin de journée dans la plupart des collèges ou alors c'est au bénéfice d'un très petit nombre d'élèves. L'enveloppe aurait du être fixée en mai pour une application à la rentrée.

Alors combien d'élèves en bénéficient ? "Entre 6 à 7%" estime P Vincent. "Et souvent ce sont les meilleurs et non les élèves en difficulté". L'encadrement est aussi fort variable selon les établissements, Devoirs faits pouvant être encadré aussi bien par des surveillants (AED) que des enseignants.

(...)

F Jarraud

Billet complet à lire en cliquant ci-dessous

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"Il faut soutenir la mixité sociale au collège"... (Merci à Najat Vallaud-Belkacem)

12 Septembre 2018 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Politique

"Il faut soutenir la mixité sociale au collège"... (Merci à Najat Vallaud-Belkacem)

Les expérimentations de secteurs multi-collèges réalisées dans les arrondissements de Paris dits difficiles s'avèrent positives. Pourquoi ne pas les multiplier ?

Alors que les élèves viennent de reprendre le chemin de l’école, les discussions sur la ségrégation scolaire à Paris (1) ont été relancées lors de la réunion plénière de l’Observatoire parisien de la mixité sociale et de la réussite scolaire, qui a eu lieu le 6 septembre 2018 en présence de la maire de Paris et du recteur de l’Académie.

A Paris, 85 000 élèves fréquentent 175 collèges. 65% sont scolarisés dans un établissement public et 17% grandissent dans une famille socialement défavorisée, c’est-à-dire que leurs parents sont ouvriers, chômeurs ou inactifs. Or, dans les collèges parisiens, la mixité sociale n’opère pas. Dans le XIIarrondissement, dans l’est de Paris, les collèges privés Saint-Michel de Picpus et Sainte-Clotilde accueillent moins de 2% d’élèves de familles défavorisées. Dans certains collèges publics de la capitale, ce taux atteint 60%. Quand on connaît les inégalités sociales vis-à-vis de la réussite scolaire en France, très fortes par rapport à d’autres pays de l’OCDE, ce constat est choquant.

Ce qui l’est encore plus est que ces établissements si différents sont parfois éloignés de quelques centaines de mètres. C’est le cas dans l’Est de Paris. Ainsi, à quelques rues et environ 500m de distance du collège Saint-Michel de Picpus, le collège public Tillion accueille 32% d’élèves de familles défavorisées. La Ville et l’Académie de Paris incitent les familles de classes moyenne et supérieure à scolariser leurs enfants dans leur collège de secteur : en modifiant les secteurs des établissements, en donnant des moyens supplémentaires aux établissements où sont concentrés les enfants de familles défavorisées (dispositif «Tous Mobilisés»), en proposant des options spécifiques (classes à horaires aménagés musique, apprentissage renforcé de langues étrangères), en accordant un bonus pour l’orientation au lycée aux élèves ayant effectué leur scolarité dans un établissement classé en Réseau d’Education Prioritaire (REP).

Ecole privée vs école républicaine

Pourtant, cela ne suffit pas à rééquilibrer socialement les collèges. A cela plusieurs raisons. Premièrement le poids du secteur privé, qui scolarise 35% des collégiens à Paris et bénéficie massivement de subventions publiques (70% du budget global. Ainsi, les frais restant à la charge des familles sont relativement limités (120 à 200 euros par mois). Les parents qui choisissent le privé le font pour de nombreuses raisons. Il s’agit parfois de leur foi religieuse. Mais pas toujours. Combien de fois n’a-t-on pas entendu : «Dans le privé, au moins les enfants travaillent, il n’y a pas de violences, et les profs ne sont jamais absents.» Comme l’indiquent des travaux sociologiques (2), même des parents qui ne sont pas croyants semblent globalement avoir plus confiance dans les valeurs diffusées par les écoles privées, que dans celles de l’école publique, républicaine et laïque.

Deuxièmement, nombre de stratégies peuvent être utilisées par les parents pour éviter le collège de secteur. Les dérogations en bonne et due forme sont rarement acceptées par le rectorat, mais déménager, louer un studio/chambre de bonne dans le «bon» secteur, s’arranger avec des amis pour recevoir du courrier chez eux et donc déclarer une fausse adresse peut fonctionner.

Pourquoi tant d’efforts pour éviter le collège de secteur ? La plupart des parents sont effrayés par la mauvaise réputation d’un établissement où ils n’ont jamais mis les pieds et dont ils ne connaissent aucun élève. N’y restent alors que les enfants de rares parents qui sont moins inquiets et surtout ceux qui n’ont pas d’autre choix. Et ce, quelles que soient la compétence et la bienveillance des équipes éducatives, les initiatives menées (sorties, voyages, projets collaboratifs entre disciplines), et l’expérience positive des élèves. Les parents d’élèves de ces collèges devraient sans doute diffuser plus largement des informations sur les aspects positifs de la scolarité de leurs enfants !

En 2017, le ministère de l’Education nationale et la ville de Paris ont lancé des expérimentations de secteurs multi-collèges dans les XVIIIe et XIXe arrondissements, dans le nord-est de Paris, grâce notamment à la mobilisation de parents dans le cadre du collectif «Apprendre ensemble». Un an après, ce dispositif a porté ses fruits : le nombre de jeunes inscrits en 6e dans un collège privé a diminué, les élèves dans les collèges sont plus représentatifs de leur quartier, et le climat scolaire dans les établissements concernés s’est amélioré. Les résultats scolaires sont en cours d’évaluation.

Apprendre à vivre ensemble

En 2018, la ville de Paris propose d’élargir ce dispositif à d’autres quartiers, dont le nôtre (collèges Courteline et Tillion dans le XIIe arrondissement et Ravel dans le XXe arrondissement). Ce projet nous semble positif pour les élèves d’aujourd’hui et de demain. Evidemment les élèves des collèges Tillion et Ravel, dont le profil socioéconomique est en moyenne moins favorisé, ont beaucoup à y gagner. Mais tout le monde a intérêt à briser la ségrégation sociale qui empêche certains enfants d’avoir accès à une scolarité permettant de devenir des adultes compétents et des citoyens avertis. Et les enfants de classes moyennes peuvent gagner à côtoyer des enfants d’autres milieux et apprendre à vivre ensemble, quelle que soit l’origine sociale et culturelle. Dans notre quartier, situé à quelques centaines de mètres de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes touché par les attentats de novembre 2015, favoriser le vivre ensemble est particulièrement important.

Afin que ce projet aboutisse, nous, parents d’élèves, souhaitons que la concertation démarre rapidement. De plus, des moyens humains et financiers supplémentaires sont nécessaires pour rendre tous les collèges attractifs et restaurer la confiance dans l’école républicaine : par exemple, effectifs d’élèves par classe réduits, nouvelles options linguistiques, artistiques, sportives, encadrement éducatif renforcé. Sous ces conditions, pourquoi ne pas inscrire son enfant dans le collège de secteur ?

(1) Peut-on accroître la mixité sociale à l’école ? Gabrielle Fack & Julien Grenet, Regards croisés sur l’économie 2012/2 (n° 12).

(2) Les marchés scolaires - Sociologie d’une politique publique d’éducation. Agnes van Zanten, PUF, 2013.

Collectif Collèges Paris Est

Merci au passage à Najat Vallaud-Belkacem...

CC

Najat Vallaud-Belkacem, le 4 novembre 2015 — Alain ROBERT/Apercu/SIPA

Najat Vallaud-Belkacem, le 4 novembre 2015 — Alain ROBERT/Apercu/SIPA

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CP à 12 élèves en éducation prioritaire: Une belle mesure côté pile, des inquiétudes côté face...

11 Septembre 2018 , Rédigé par 20 Minutes Publié dans #Education, #Politique

CP à 12 élèves en éducation prioritaire: Une belle mesure côté pile, des inquiétudes côté face...

7 septembre 2017 et toujours d'actualité

CC

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La réduction des effectifs dans les classes de CP des quartiers les plus défavorisés ne fait pas l’unanimité chez les enseignants…

C’est la mesure phare de la rentrée scolaire : la création de classes de CP à 12 élèves dans les REP + (réseau d’éducation prioritaire renforcée) pour mieux les encadrer. La preuve encore avec la visite lundi d’Emmanuel Macron et de Jean-Michel Blanquer d’une école de Forbach (Moselle) afin de vanter à nouveau le dispositif. Une mesure sera étendue au CP des REP et aux CE1 des REP + à la rentrée 2018 et aux CE1 des REP à la rentrée 2019.

Sur le papier, la copie semble parfaite, car tous les enseignants apprécient de pouvoir travailler avec des effectifs moindres. Et des chercheurs (1) ont montré que la réduction de la taille des classes faisait baisser les problèmes de discipline, avait un effet sur la motivation des élèves et sur leur interaction avec les enseignants… Mais sur le terrain, cette mesure semble poser quelques soucis dans sa mise en œuvre et suscite des doutes à plus long terme. 20 Minutes a relevé les objections.

Des problèmes de locaux se posent

Pour diviser les classes de CP en deux, il a fallu pousser les murs afin de trouver à chaque fois deux salles. Pas toujours facile dans les écoles qui accueillent beaucoup d’enfants en raison d’une démographie très forte dans la commune. Selon la rue de Grenelle, cela a été possible dans 86 % des cas. Même si parfois il a fallu réquisitionner la salle d’informatique ou investir dans une construction modulaire.

Mais dans 14 % des cas, deux profs vont être contraints de cohabuter dans la même salle de cours cette année. Avec parfois une fausse cloison ou un paravent pour séparer les deux groupes. Et toutes les communes ne sont clairement pas logées à la même enseigne, car en Seine-Saint-Denis, seulement 56 % des classes de CP ont pu investir deux salles séparées. « Or, il faut avoir de l’espace pour pouvoir bien enseigner à des élèves de CP », estime Pauline, en charge d’un CP à 12 élèves à Vaulx-en-Velin.

On a déshabillé à Paul pour habiller Jacques

Pour mettre en place les CP à 12 en REP +, le ministère de l’Education n’a pas prévu de création de postes spécifiques pour cette rentrée, étant donné qu’elle avait été préparée par le précédent gouvernement. Il a donc fallu se débrouiller avec les moyens existants pour trouver les 2.500 postes nécessaires à sa mise en œuvre, en opérant « un détournement de fonds », ironise même Francette Popineau, secrétaire générale du SNUIpp. « Nous n’avons pas de problème avec une baisse des effectifs, bien au contraire, précise-t-elle » mais le dédoublement des CP en REP + mis en œuvre cette année a lieu en piochant dans les effectifs des remplaçants, des enseignants dédiés à la scolarisation des moins de 3 ans et surtout au dispositif "Plus de maîtres que de classes (PMQC)" ». « Un tiers des enseignants affectés au PMQC ont été redéployés », a d’ailleurs confirmé Jean-Michel Blanquer lors de sa conférence de presse de rentrée.

Ce dispositif, lancé en 2013, consistait à affecter un enseignant supplémentaire en renfort dans les écoles pour permettre la co-intervention auprès d’élèves en difficulté. Il était plébiscité par les profs, même s’il n’avait pas été évalué. « Pendant quatre ans, j’ai participé à la mise en œuvre du PDMQC. Toute l’équipe trouvait qu’il fonctionnait bien, qu’il permettait de faire progresser les élèves et d’améliorer les méthodes pédagogiques des enseignants. Et là, on apprend que le ministre a supprimé une partie des postes dédiés à ce dispositif pour les redéployer afin de dédoubler les CP en REP. C’est très dommage », explique Alice, professeure des écoles dans l’Yonne.

A Vaulx-en-Velin, près d’une école sur deux était d’ailleurs en grève lundi pour la rentrée afin de protester contre les suppressions de postes sur fond de réforme du CP à 12 élèves. « Pour mettre en place les CP à 12, il a fallu supprimer des postes affectés au PMQC, alors que le dispositif portait ses fruits. Par ailleurs, toutes les classes ne seront pas logées à la même enseigne : moi j’aurais 12 élèves de CP dans ma classe, tandis que ma collègue, en aura 26 en CM1 et en CM2. Ce n’est pas cohérent », explique Pauline. Même son de cloche chez Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa : « Ces dédoublements de classe risquent aussi d’avoir pour conséquence une augmentation des effectifs dans d’autres classes ou dans d’autres écoles », redoute-t-il.

L’efficacité de la mesure n’est pas sûre

Même si des études (1) indiquent que des effectifs allégés favorisent la réussite en primaire, il n’empêche que la communauté éducative n’est pas unanime sur le sujet. En cause, l’expérimentation de CP dédoublés sous Luc Ferry entre 2002 et 2004, qui avait porté sur 200 classes. Elle avait été abandonnée, car jugée trop coûteuse et peu probante. « Le dédoublement du CP n’est pas en soi un facteur de réussite », avait d’ailleurs reconnu Luc Ferry dans une interview parue dans Le Parisien.

« Je suis assez dubitative sur l’efficacité de la mesure si elle ne s’étale pas sur plusieurs années. Car si c’est pour mettre les enfants en classe de 12 pour que l’année d’après ils soient noyés dans un grand groupe, cela ne portera pas ses fruits. C’est bien de mieux les accompagner dans l’apprentissage de la lecture en CP et en CE1, mais il faut les aider ensuite à comprendre ce qu’ils lisent », estime Pauline. Certains enseignants craignent aussi que le nombre de 12 élèves ne soit pas suffisant pour créer une dynamique de classe, l’enseignant devant s’appuyer sur un petit groupe de bons élèves pour tirer les élèves vers le haut. « Or, une classe à 12 élèves repose encore plus sur les individus qui la composent. Cela peut entraîner un manque d’émulation entre les élèves », avance Stéphane Crochet.

La question de la formation des enseignants se pose

Pour optimiser les conditions de réussite du dispositif, Jean-Michel Blanquer a indiqué que les enseignants affectés aux CP dédoublés devaient avoir plus de trois ans d’expérience. Reste que ce n’est pas un gage suffisant pour Claire Krepper, secrétaire nationale du Se-Unsa : « Ce dispositif ne peut pas fonctionner en soi. Un accompagnement soutenu des enseignants est nécessaire pour les aider à adapter leur pédagogie », souligne-t-elle. Un avis partagé par Pauline : « On n’enseigne pas de la même manière à 24 élèves qu’à 12. Or, je n’ai reçu aucune formation pour adapter mes pratiques pédagogiques », alerte-t-elle.

Ce à quoi la rue de Grenelle répond : « Tous les professeurs concernés recevrontune formation spécifique à ce nouveau contexte d’enseignement ». Mais on ne sait pas quand, ni comment.

(1) Une étude de  l'Institut des politiques publiques parue ce mercredi qui analyse les résultats d'une quinzaine de travaix de recherche internationaux indique que la réduction des tailles de classes améliore sensiblement les résultats scolaires des élèves concernés. Concrètement, cette politique permet de "faire progresser un élève médian de deux ou trois rang dans la classe" à la fin de l'année.

Delphine Bancaud

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