politique
"Amish" - Quand à l'abaissement du débat politique s'ajoute la ringardise présidentielle...
Ringardise
Avant-hier, les «chevelus en sandales et pulls qui grattent». Hier, les «Khmers verts», les «ayatollahs de l’écologie». Désormais… les «amishs». En voilà une trouvaille subtile et inventive qu’a dégotée Emmanuel Macron pour moquer les élus EE-LV et de gauche mobilisés pour réclamer un moratoire et un débat sur le déploiement de la 5G.
Certes, les Verts ont l’habitude de servir d’épouvantails obscurantistes, d’être taxés de dangereux décroissants, de végans excités, d’austères dépourvus du sens de la fête (voir l’épisode de feu le sapin de Noël bordelais). La tactique est éculée, à défaut d’être constructive. Car Emmanuel Macron, chantre de la «pensée complexe», ne s’est pour le coup pas foulé. Refuser en bloc une innovation technologique est un peu court. Mais y voir un bienfait au seul motif que c’est une innovation, est-ce ainsi que l’on remporte la palme de la modernité ? Est-ce avoir fait le tour de la notion de progrès ?
Ses opposants lui ont renvoyé ses compliments de ringardise et de posture. Que Macron veuille en découdre avec ses adversaires verts en les cornérisant dans une «écologie du moins» face à ce qui serait une «écologie du mieux» est une chose. Mais c’est vite oublier la parole donnée en juin à la Convention citoyenne pour le climat. Ces 150 personnes auxquelles le Président savait gré de «tourner le dos au modèle de la décroissance», et dont il promettait de retenir les propositions, sauf trois d’entre elles. Leur demande d’un moratoire sur la 5G ne figurait pas parmi ces «jokers».
Discréditer l’émetteur est par ailleurs commode pour se débarrasser de son message. Sans opposer d’emblée un «niet» à la 5G, de multiples questions méritent pourtant d’être posées, dans le calme et, de part et d’autre, sans oukase. Son impact environnemental d’abord ; son utilité sociale (à ce titre, la cantonner au visionnage de «pornos en HD dans un ascenseur», dixit Eric Piolle, était aussi un raccourci) ; la priorité de franchir ce cap quand il faudrait déjà en finir avec les zones blanches ; ses enjeux de souveraineté et de sécurité ; ses risques sanitaires.
Dans la même intervention - sans risques, devant un parterre de startuppeurs de la French Tech -, Macron a eu beau jeu d’en appeler à un «débat éclairé». Le voilà bien parti. Pour en poser le cadre, peut-être eut-il fallu éviter d’emblée de se ranger du côté de la France «des Lumières» contre les tenants du «retour à la lampe à huile». Conseil d’amish.
Laure Equy
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Avant-hier, les " chevelus en sandales et pulls qui grattent". Hier, les "Khmers verts", les "ayatollahs de l'écologie". Désormais... les "amishs". En voilà une trouvaille subtile et inventive qu'a
https://www.liberation.fr/france/2020/09/15/ringardise_1799569
A lire... Confusions - Marie Tanguy... Une ex plume d'E Macron parle... "Quand ils parlaient de la classe moyenne et en ricanaient, c’est comme s’ils parlaient de ma mère."
Avec l'ancienne plume de Macron qui a démissionné après un burn-out
Après avoir lu le récit de Marie Tanguy, on s’imagine une femme endurcie par la politique qui lui a fait tant de mal. La réalité est tout autre. Lorsque j’arrive dans le café où nous avons rendez-vous, sa jeunesse me frappe. Plus tard, elle me confiera qu’on la confond souvent avec la baby-sitter quand elle va chercher sa fille à la crèche. Pour me saluer, elle se lève précipitamment, faisant tomber son sac à dos qui s’écrase bruyamment contre le sol.
Trente-trois ans ? J’aurais parié qu’elle avait moins. Ses grands yeux qui ont, un jour, été cernés de noir me sourient. Son débardeur laisse entrevoir deux larges tatouages sur ses bras. C’est la première interview qu’elle donne pour la promotion de son livre : « Je suis un peu stressée » avoue-t-elle. Posé sur la table à côté d’un expresso, son livre Confusions s’apprête à sortir en librairie. Elle y raconte son ancienne vie de plume pour Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017.
« Politiquement, j’y croyais très fort. J’ai vu en Macron quelque chose qu’il n’était pas »
Après plusieurs années à écrire les discours de la CFDT, elle décide d’abandonner un travail qu’elle adore pour embarquer pour la campagne de Macron, candidat auquel elle croit. « Politiquement, j’y croyais très fort. J’ai vu en Macron quelque chose qu’il n’était pas. J’ai été séduite par son intelligence, la cohérence de ses propos. Il avait des mots qui résonnaient très fort en moi. Il parlait d’émancipation et disait qu’il voulait rendre le pouvoir à ceux qui font. » Le candidat lui fait beaucoup penser à Rocard. Mais elle se trompe et le réalise très vite.
Marie Tanguy se retrouve parachutée dans l’un des services les plus importants de la campagne : le pôle Idées. Dans un bureau de 11m², ses collègues et elle préparent d’arrache-pied le programme à la virgule près. La jeune femme s’occupe avec d’autres des discours du futur président de la République. Toute son équipe travaille 7 jours sur 7 et ne termine jamais avant 1 heure du matin. Rapidement, elle commence à se comparer à ses collègues qui malgré la fatigue restent toujours aussi brillants. À l’inverse d’eux, chaque discours que doit faire Marie Tanguy est délicat, chaque mot est une souffrance et sort avec difficulté.
(...)
... "Quand ils parlaient de la classe moyenne et en ricanaient, c’est comme s’ils parlaient de ma mère."
Justine Reix
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Avec l'ancienne plume de Macron qui a démissionné après un burn-out
Photo de Vincent Vallon. Dans son livre, Marie Tanguy raconte un rêve qui s'est transformé en cauchemar, celui de travailler comme plume d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 20...
Je crois au socialisme comme "écologie politique"...
Emmanuel Macron ou la « République de droite »
Emmanuel Macron au Panthéon pour célébrer "150 ans en République" le 4 septembre 2020 - Capture vidéo Nos Lendemains.
EXTRAIT
Le Président Macron a prononcé un discours ce vendredi 4 septembre au Panthéon, discours supposé célébrer les 150 ans de la proclamation de la République par Léon Gambetta, un 4 septembre 1870.
Ce moment solennel fut aussi l’occasion de transmettre quelques messages politiques plus actuels, ceux-ci passant en revue la « République sociale », le « séparatisme » et la « sécurité ».
Comme le rappelle Vincent Martigny, interrogé par le journal Le Monde en date du 5 septembre:
« Parler de la République en France, c’est une formule convenable pour parler d’identité politique, ce ne sont pas des discours neutres. C’est préparer la présidentielle« .
En écoutant Emmanuel Macron, bien des passages ont du faire sursauter. Le candidat Macron puis le Président de plus en plus candidat à sa propre succession, sur ce sujet de la République comme celui de la laïcité, a eu des prises de position pour le moins « élastiques », tellement qu’elles enveloppent l’attitude du Chef de l’Etat dans un flou manié avec maestria. Hélas.
Une phrase – par exemple – a beaucoup surpris:
« On ne choisit jamais une part de France. On choisit la France« .
Rien n’est plus faux!
(...)
Christophe Chartreux
Suite et fin en cliquant ci-dessous
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Emmanuel Macron ou la "République de droite" - Nos Lendemains
Le Président Macron a prononcé un discours ce vendredi 4 septembre au Panthéon, discours supposé célébrer les 150 ans de la proclamation de la République par Léon Gambetta, un 4 septembre 1...
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Festival des Idées - Crise : qui doit payer l'addition ? Avec Najat Vallaud-Belkacem (entre autres)
Crise : qui doit payer l'addition ?
Carte blanche de Regards.
Intervenants
"S’adapter", nouvel horizon du libéralisme ? avec la philosophe Barbara Stiegler (vidéos)
A lire:
« Il faut s’adapter ». Sur un nouvel impératif politique, de Barbara Stiegler, Gallimard, « NRF Essais », 334 p., 22 €.
Lire un extrait en suivant le lien ci-dessous
Bougainvilliers, mimosas et thé à la menthe... "L’imagination est la liberté de l’esprit" - Angel Parra
Je suis un grand amoureux. De Kerouac, des « road movies », de ces chansons qui invitent à emprunter les routes mythiques, la Nationale 7 en France ou la « Route 66 » aux Etats-Unis. J’aime conduire. Tu cherches fébrilement une chanson à me faire écouter. Tu t’enthousiasmes pour tout ou presque. On ne peut qu’être bon lorsqu’on s’acharne à seulement trouver une chanson. Les kilomètres sont avalés. Voilà, tu as trouvé ! Juliette… « Une Petite Robe Noire »… Appuyée contre la portière, légèrement tournée vers moi, les pieds nus, le regard perdu vers la liberté, tu sembles apaisée.
Il y avait tellement de couleurs dans mon jardin ! Des géraniums aux fleurs énormes, des arums à donner le vertige, en cornettes de bonne sœur avec un rayon de soleil au milieu, des pois de senteur, des soucis et mes chers bougainvilliers qui escaladaient tout, en retombant lourdement, épuisés… Je m’enivrais des parfums mélangés. J’étais au paradis.
Au printemps explosaient d’autres senteurs. Celles de fleurs d’orangers. De l’oranger devrais-je dire. Il n’y en avait qu’un. Mon bel oranger.
Au marché d’El Jadida, tout dégoulinait de fruits et de légumes divers. À mourir de plaisir au milieu des cris et des bousculades. Les paniers s’emmêlaient. Même l’étal du boucher, ruisselant de sang, attirait mon regard. Ce rouge virant au noir sur les tabliers blancs.
Et puis les mimosas ! Ma mère les adorait. Elle en faisait des bouquets décorant la maison de jaune à la Van Gogh. Le vase sur le piano était toujours le plus fourni. Je n’ai jamais su pourquoi. Un hommage à la musique sans doute.
Elle est belle cette chanson de Juliette.
« Tu as remarqué. Il n’y a plus de débats en France, de débats d'idées, raisonnable et raisonné ». Nous approchions de Mantes.
Mon père et ses amis enseignants débattaient souvent. Politique, pédagogie, que sais-je encore ? La France est le pays de la « disputatio », du débat humaniste. Quel repas de famille, quelle rencontre entre collègues ne contient pas son débat, ses propos contradictoires, ses arguments défendus pied à pied ? Nos assemblées résonnent encore, des siècles après, des envolées lyriques d’un Hugo, d’un Jaurès, d’un Mitterrand. Tout en France fait débat.
J’adorais le bleu de fleurs de Volubilis. Plus tard, je découvrirai ses ruines. Mon Tipasa à moi. Sans la mer ni les absinthes. Mais la même caresse sur les pierres et le ciel incrusté dans la brûlure du temps. Ici pas de « maître des horloges ». Quel orgueil de seulement croire pouvoir le devenir !
La France en effet se voit privée de débats. Se voit privée de politique au sens noble de sa pratique. Le nouveau pouvoir autoproclamé « nouveau monde » ne veut ni droite ni gauche. Le citoyen, au sens étymologique du terme, devient un « collaborateur » dans une France startupisée. Les oppositions sont sommées de ne pas exister. Même la presse, le « quatrième pouvoir », se voit accusée de « ne pas chercher la vérité ». Alors qu’elle ne fait que cela. Le vote est délégitimé. Les réseaux sociaux se transforment en tribunaux d'opinion d'où la raison s'absente. Le faux triomphe du vrai que s'approprient des sorciers ou des activistes illuminés et aveuglés par des gloires éphémères. La simplification est omniprésente avec ce qu'elle véhicule d'approximations. La rigueur et la précision ont disparu, bousculées par la dictature de la vitesse, du spectacle, de l'indignation criarde et du narcissisme ridicule.
- C’est bien pire que la disparition du débat. Ce sont quelques-unes de nos libertés qui risquent la disparition.
Ton regard sembla s’assombrir. Je m’en voulus de te peiner.
J’aimais tant courir sur le sable vers la mer. Antoine Doinel à la fin des « Quatre Cents Coups ». Mais je ne m’arrêtais pas. Je ne me retournais pas pour, face caméra, regarder s’éloigner mon enfance. Non ! Je plongeais tête la première dans les rouleaux Atlantique pour hâter la caresse de l’eau sur mon corps. Et je priais n’importe qui pour que cela ne s’arrête jamais. Le sel brûlait mes yeux que je gardais ouverts sous l’eau, toujours !
- Il faudra qu’on partage un thé à la menthe un jour.
Oui mais servi dans un verre, tombant de haut. La théière ventrue souplement soulevée, dessinant dans l’espace une hanche de femme… J’aimais tant les parfums de Khadija qui se mêlaient à ceux du thé et de la menthe… A ceux des fleurs et des arbres du jardin…
- Oui, nous partagerons un thé à la menthe. C’est promis.
Ton sourire était revenu…
Christophe Chartreux