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Vivement l'Ecole!

politique

Nouveau projet de loi sur l'immigration : un humanisme de façade ?

11 Décembre 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Politique, #Immigration, #Darmanin

Clément Viktorovitch revient chaque semaine sur les débats et les enjeux politiques. Dimanche 11 décembre : la nouvelle loi immigration, qui fera l’objet d’un débat au Sénat mardi prochain.

Ce nouveau projet de loi vise à la fois à expulser plus facilement les personnes en situation irrégulière, et en même temps à régulariser une partie des travailleurs sans papiers. Ce que révèle ce texte, il me semble, c’est une conception bien particulière de l’accueil et de l’immigration.

Pour le montrer, je me suis penché sur les mots utilisés par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Souvenez-vous : le 2 novembre dernier, dans les couloirs de l’Assemblée, il avait eu une formule choc. "Nous devons désormais être gentils avec les gentils, c'est-à-dire les étrangers qui veulent travailler en France, respecter nos règles, parler notre langue, être amoureux de notre drapeau. Et être méchants avec les méchants : ne pas accepter que quelqu'un qui ne veut pas s'intégrer, qui ne respecte pas nos règles, qui commet des actes de délinquance, reste sur le sol national."

"Gentil avec les gentils, et méchants avec les méchants" : le monde divisé entre le bien et le mal, c’est la définition du manichéisme ! La politique vue par les yeux d’un enfant de 5 ans. Le ministre de l’Intérieur s’est défendu en expliquant que ce n’était qu’une formule, mais c'est une formule qui produit tout de même des effets. Parler des étrangers qui auraient commis des actes de délinquance comme de "méchants", c’est une essentialisation. L’idée derrière, c’est que ces personnes, quoi qu’elles aient fait, quel que soit le contexte, ne seraient ni pardonnables, ni intégrables : la seule solution serait de les expulser le plus rapidement possible, par tous les moyens possibles.

Soyons clairs : ce qui pose problème, ce n’est pas la fermeté. Si des actes enfreignent les lois de la République, ils doivent être punis. Ce qui pose problème, c’est de confondre les actes et la personne. Désigner des "méchants", c’est la première étape pour faire sauter tous les garde-fous. Si on n’y prend pas garde, elle peut rapidement conduire à justifier l’injustifiable. Rappelons tout de même que c’est au nom de la "lutte du bien contre le mal" que George W. Bush avait fait la guerre en Irak.

Essentialisation et instrumentalisation de l'immigré

Gérald Darmanin n’a pas repris cette phrase quand ont été précisés les contours du texte. Mais il en a trouvé une autre : "S'ils travaillent en France, s'ils parlent français, ils seront intégrés. S'ils commettent des actes de délinquance ils seront expulsés. On veut ceux qui bossent, on ne veut pas ceux qui rapinent". Le verbe rapiner signifie commettre des vols ou de menus larcins. La phrase semble moins caricaturale, mais, en fait, elle ne sort ni du manichéisme, ni de l’essentialisation puisque, in fine, le débat reste centré sur une opposition entre bons et mauvais étrangers.

Mais surtout, il me semble que cette formule nous révèle l’idée que ce gouvernement se fait, fondamentalement, de l’immigration. Tout est contenu dans le verbe principal : "On veut". Ce que l’on distingue ici, c’est une conception purement instrumentale de l’immigration. Les nouveaux arrivants sont présentés comme des outils, évalués à l’aune de l’intérêt qu’ils présentent pour la nation. Ceux qui veulent rester doivent pouvoir démontrer une utilité directe, immédiate, matérielle. Les autres doivent repartir.

C'est d'ailleurs l’idée qui structure, aujourd’hui, l’essentiel des discours sur l’immigration. C’est, notamment, la perspective promue par le Rassemblement national… mais ce n’est pas la seule. On pourrait au contraire mettre en avant une conception humaniste de l’immigration. En insistant sur le parcours de vie des exilés, qui bien souvent fuient la guerre, la misère ou le réchauffement climatique, et que la France pourrait s’enorgueillir d’accueillir. On pourrait insister sur ce que ces personnes apportent au patrimoine immatériel de notre pays, par leur culture qui vient irriguer la nôtre, s’hybrider, se mêler à la nôtre, comme ça n’a jamais cessé d’être le cas depuis que la France est France. On pourrait aussi insister sur ce que ces personnes apportent à notre patrimoine matériel : deux études publiées récemment, l’une par trois chercheurs du CNRS en 2018, l’autre par France Stratégie en 2019, concluent à un effet bénéfique de l’immigration sur la croissance.

Les déplacements de population vont se poursuivre

Enfin, on pourrait parler de l’immigration comme d’une réalité intangible. Et là, ce sont les travaux de François Héran, professeur au Collège de France, qui a bien montré que, de toute façon, les individus se déplacent sur la surface du globe ; ils se sont toujours déplacés, ils continueront de se déplacer. La preuve : cette loi sera la 22e en 30 ans sur l’immigration. Aucune d’entre elles n’a jamais empêché, et n’empêchera probablement jamais, les gens de venir trouver refuge sur notre sol.

Cela ne veut pas dire qu’il faudrait abolir les frontières. Je pose simplement la question, d’une part, du regard que nous portons sur les personnes que nous accueillons. Et, d’autre part, de la manière dont les accueillons. De ce point de vue, le gouvernement me semble bien éloigné de l’humanisme qu’il ne cesse pourtant de revendiquer.

Clément Viktorovitch 

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Enseignants menacés par l’extrême droite : la crainte d’un passage à l’acte violent

4 Décembre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Politique

Enseignants menacés par l’extrême droite : la crainte d’un passage à l’acte violent

Ces derniers jours, une professeure de Valenciennes et les organisateurs d’une conférence de Cédric Herrou dans un lycée de Vendée ont été la cible de menaces, après la charge du parti d’Eric Zemmour et de son mouvement «Protégeons nos enfants». Le ministère de l’Education nationale se mobilise.

Protéger les enfants en harcelant les profs ? Les enseignants et plus généralement l’école, antre supposé du «wokisme», sont devenus la cible de campagnes de haine orchestrées par l’extrême droite à l’initiative de Reconquête. Le parti d’Eric Zemmour en a fait son nouveau cheval de bataille pour tenter d’exister médiatiquement en excitant la fachosphère. Cette semaine, à Valenciennes (Nord), une professeure de philosophie a été menacée pour avoir organisé une sortie pédagogique dans un camp de migrants. Soutenue par sa hiérarchie, elle a déposé plainte. Contacté, le ministère de l’Education nationale assure prendre ces alertes très au sérieux et dit sa crainte d’un passage à l’acte violent.

Avant que CNews et consorts ne s’en emparent, cette polémique a été montée de toutes pièces en ligne par l’extrême droite. «Il faut virer cette [enseignante] et tous les profs qui endoctrinent leurs élèves», attaque mardi 29 novembre l’islamophobe Patrick Jardin sur le portail d’extrême droite Riposte laïque. Sous la plume de Jardin, la démarche pédagogique de la prof devient un «endoctrinement» pro-immigration. Et si ce soutien de Zemmour félicite «Reconquête des Hauts-de-France d’avoir révélé ce fait horrible», il tance le Rassemblement national qui s’est «contenté d’un simple communiqué». Dans les commentaires, très vite, une avalanche de racisme et de sexisme. Des menaces aussi. «Il est temps de ressortir guillotine, cordes et autres afin de les remettre en état», écrit l’un. «Ces gens sont des militants trotskistes et rien d’autre […]. Il n’y a pas d’autre solution que de les éradiquer un à un», répond un autre.

«Une action coordonnée et ciblée de l’extrême droite»

C’est la deuxième année que l’enseignante organise cette initiative sur la thématique des migrations avec une sortie pédagogique. L’an passé, elle n’avait provoqué aucun remous et s’était très bien passée. Le 28 novembre au matin, le mouvement «Protégeons nos enfants» s’en empare pourtant et crie au scandale sur les réseaux sociaux. Lancé par Reconquête à la rentrée, ce réseau appelle sur son site internet les «parents vigilants» à dénoncer «l’infiltration» de «l’idéologie “woke” et de l’islamisme» dans les écoles. Ce projet zemmourien prend principalement la forme d’appels aux témoignages sur de supposées dérives dans l’enseignement pour ensuite épingler publiquement sur les réseaux sociaux, les établissements, et parfois les professeurs, concernés, les livrant à la vindicte de la fachosphère. Contactée, Agnès Marion, responsable «Protégeons nos enfants» à Reconquête, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Dans la foulée des messages de «Protégeons nos enfants», Eric Zemmour rebondit sur Twitter : «Nous découvrons qu’à Valenciennes un professeur (sic) de philosophie décide d’enrôler ses élèves dans des activités pro-migrants à Calais. Le grand endoctrinement au service du grand remplacement. Est-ce l’école que nous voulons ?» Les sites d’extrême droite embrayent. Les messages haineux et violents, associés à des photos de l’enseignante, se déversent par centaines. Au point que, le jour même, la préfecture du Nord identifie la menace et alerte le rectorat, qui prévient la professeure de philosophie. Elle dépose plainte pour menaces contre X le lendemain. La protection fonctionnelle lui est accordée et le rectorat se joint à la procédure, tandis qu’elle reçoit des menaces jusque sur son mail personnel. «C’est une action coordonnée et ciblée de l’extrême droite. Elle vise clairement l’école», condamne une source dans l’établissement, qui salue la réaction de l’Education nationale : «On voit que la période Blanquer est terminée.»

«La méthode est absolument indigne»

L’affaire n’est pas un cas isolé. Il y a moins de quinze jours, une conférence du militant en faveur des droits des exilés Cédric Herrou organisée dans un lycée de Luçon (Vendée) avait dû se dérouler sous protection policière. Déjà, Reconquête était à la manœuvre. La communication du parti d’Eric Zemmour avait échauffé les esprits. «L’ambiance était très lourde», dit à Libé Jean-Marie Careil, de l’association Solulo, qui avait participé à l’organisation de ce déplacement. «Le lycée a reçu de très nombreux appels pour tenter de faire pression», raconte le responsable associatif. Ouest-France a révélé que l’établissement a également reçu un appel de menaces. «Les autorités ont pris les choses en main», souligne Jean-Marie Careil, qui dit avoir «reçu en amont la visite du renseignement territorial».

Le jour de la conférence, une quarantaine de gendarmes ont été déployés devant l’établissement. «On a senti que les jeunes étaient troublés, ils ne comprenaient pas», nous dit Cédric Herrou. Son déplacement s’est ensuite poursuivi avec une visite aux sœurs carmélites du couvent de la ville, qui travaillent avec l’association Solulo. «Là aussi la police était présente», raconte le militant associatif, qui souligne l’ironie de voir la maréchaussée s’interposer entre des bonnes sœurs et des manifestants venus à l’appel du parti du défenseur autoproclamé des racines chrétiennes de la France…

A Valenciennes comme à Luçon, ces menaces font suite à la charge sonnée par Eric Zemmour et son parti contre l’école, érigée en haut lieu de «l’endoctrinement» des enfants par la «religion fanatique et totalitaire» du «wokisme», déclarait Eric Zemmour sur CNews mi-novembre. «La méthode est absolument indigne, c’est mettre en danger notre collègue de Valenciennes, dénonce la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay. La façon dont elle a été jetée en pâture sur les réseaux sociaux, c’est une méthode dont on sait qu’elle peut avoir des conséquences dramatiques…» Jean-François Caremel, délégué Snes-FSU du lycée de Valenciennes visé par l’extrême droite : «C’est irresponsable compte tenu du précédent de l’assassinat de Samuel Paty. On est sur les mêmes mécanismes qui ont conduit à cet attentat et que l’extrême droite a dénoncé et instrumentalisé pour pointer du doigt les musulmans de France».

«Refus de tout projet qui fait de l’école un lieu d’émancipation»

D’autant que la démarche de l’enseignante s’inscrit, selon Sophie Vénétitay, «tout à fait dans les projets pédagogiques qu’on peut mener, il n’y a pas de problème de neutralité de l’école». Cédric Herrou insiste : «Quand je vais voir des jeunes, je ne fais pas de prosélytisme, ils sont suffisamment intelligents pour se faire leur propre avis.» D’autant, poursuit-il, qu’il s’agit simplement de faire réfléchir les élèves sur la devise républicaine qui est au fronton des mairies et de nombreuses écoles publiques. «Cela montre la vision d’Eric Zemmour, qui est celle d’un refus de toute liberté pédagogique, de tout projet qui fait de l’école un lieu d’émancipation par le savoir et formant les citoyens de demain, conclut la secrétaire générale du Snes-FSU. Ce que visiblement il n’accepte pas».

Luc Pham, conseiller en charge des valeurs de la République au cabinet du ministre de Pap Ndiaye, souligne la «crainte» que «des gens qui prennent les choses très vite au pied de la lettre», passent à l’acte. «Le nom de cette enseignante a été mentionné, il y a une menace personnelle. Il y a toujours un risque que des gens soient prêts à en découdre…» C’est pourquoi il y a une «vigilance» des différents services de l’Etat, et notamment des ministères de l’Intérieur et de l’Education nationale, pour prévenir tout risque de violence, assure-t-il. «L’école ne doit pas se laisser imposer des diktats, insiste Luc Pham. Ce serait se soumettre à des groupes de pression qui veulent entacher notre liberté à nous former, et non pas à nous formater. Il ne faut pas que nous cédions, ni ne renoncions au rôle de l’école qui est de faire des élèves des citoyens éclairés.»

Pierre Plottu et Maxime Macé

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Annie Ernaux : un engagement qui dérange

1 Décembre 2022 , Rédigé par En attendant Nadeau Publié dans #Litterature, #Politique, #Droit des femmes

Annie Ernaux, le singulier universel | L'Humanité

EXTRAIT

Le 10 décembre prochain, Annie Ernaux recevra le prix Nobel de littérature et prononcera à cette occasion son discours de réception. Mais d’ores et déjà, la première écrivaine française récompensée est la cible d’attaques injustifiées concernant ses engagements politiques, qu’il est urgent de dénoncer mais dont il faut aussi comprendre la signification plus profonde. Car si Annie Ernaux est attaquée au moment même où son œuvre est célébrée dans le monde entier, c’est que ses textes sont porteurs d’une critique de la domination symbolique, que ses détracteurs font tout pour reproduire.

Il est dans la tradition française des intellectuels engagés de mettre leur capital symbolique au service d’une cause, à l’image d’Émile Zola dans l’affaire Dreyfus. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1952, François Mauriac s’engageait dans le combat anticolonial, engagement qui lui valut insultes et menaces. L’académicien avait déjà pris position contre le franquisme, puis contre la politique de collaboration. Jean-Paul Sartre, qui refusa la distinction de l’Académie suédoise en 1964, utilisait de longue date sa renommée mondiale pour défendre les opprimés de par le monde, ce que la classe dominante ne lui a pas pardonné.

Annie Ernaux n’a pas dérogé à cette tradition en appelant, le jour où la vénérable académie annonçait son choix de la distinguer, à manifester contre la vie chère et l’inaction climatique, dans la continuité de son combat contre les injustices sociales. Son œuvre met à nu la violence symbolique inhérente aux rapports de classe, qu’elle parvient à dépasser par une écriture qui restitue au monde d’où elle vient, celui des petites gens, des dépossédés, des sans voix, toute sa dignité. La poignante description d’un avortement clandestin qui ouvre son premier roman, Les armoires vides (paru en 1974, alors que se tenaient à l’Assemblée nationale les débats sur le projet de loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse), fondée sur une expérience sur laquelle elle est revenue dans L’événement (2000), et son analyse fine de la violence symbolique qui s’exerce dans les rapports genrés, mais aussi l’affirmation du désir féminin et jusqu’au renversement du rapport de domination dans l’aventure que narre Le jeune homme, font d’elle une référence pour les féministes.

(...)

Gisèle Sapiro

L'intégralité est à lire en cliquant ci-dessous

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Visée par des élus Reconquête, une prof contrainte d’annuler une sortie scolaire et de porter plainte pour menaces

1 Décembre 2022 , Rédigé par Huffington Post Publié dans #Education, #Politique

Gros Plan : Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock - CinéSéries

(Illustration Webmaster/Les corbeaux - A Hitchcock)

À Valenciennes, une sortie pédagogique auprès de migrants de Calais a été annulée « par sécurité » après une levée de boucliers de la part de l’extrême droite.

Quand l’extrême droite fait annuler une sortie scolaire à coups de menaces. Le rectorat de Lille a annoncé mardi 29 octobre avoir annulé « par sécurité » une sortie pédagogique auprès de migrants de Calais après des « menaces » sur les réseaux sociaux contre l’enseignante organisatrice. Menaces pour lesquelles il va porter plainte, conjointement avec la professeure visée.

Cette enseignante « mène un projet pédagogique interdisciplinaire, intitulé ’exil et frontières’ » avec sa classe préparatoire Hypokhâgne du lycée Watteau de Valenciennes, a expliqué à l’AFP le rectorat de l’académie de Lille. Dans ce cadre, elle devait emmener vendredi 2 décembre ses étudiants aux abords d’un camp de migrants de Calais, notamment auprès de l’association de soutien aux exilés, L’Auberge des migrants.

Mais cette sortie, dont les détails ont été communiqués lundi 28 novembre sur les réseaux sociaux par le « réseau parents vigilants », proche du parti Reconquête !, a déclenché une levée de boucliers de militants d’extrême droite.

Activité annulée, menaces et diffamation

Quelques heures plus tard, Éric Zemmour tweetait à ce sujet « Le grand endoctrinement au service du grand remplacement. Est-ce l’école que nous voulons ? ».

Le délégué départemental de Reconquête ! Simon Flahaut a également critiqué sur Twitter le « combat idéologique » de l’enseignante, des élus Rassemblement national des Hauts-de-France évoquant, eux, une « propagande pour l’immigration ».

Ces dernières heures, « sur les réseaux sociaux notamment, cette enseignante a reçu différentes menaces personnelles, et a été largement diffamée », a regretté auprès de l’AFP le rectorat.

« Suite aux réactions violentes », il a « été décidé, conjointement avec l’établissement, d’annuler cette activité éducative et pédagogique, les conditions de sécurité n’étant pas réunies », indique le rectorat dans un communiqué.

« Le bénéfice de la protection juridique du fonctionnaire a été accordé à l’enseignante ». « La rectrice condamne fermement les menaces portées à son égard et porte plainte », a-t-il ajouté, précisant que la plainte sera déposée mercredi. La professeure a également assuré à France 3 Régions avoir porté plainte au commissariat contre les menaces reçues.

Par Le HuffPost avec AFP

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Abstention, extrême droite... Qu'avons-nous raté ?

29 Novembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique, #Jeunesse

Abstention, extrême droite... Qu'avons-nous raté ?

Deux chiffres retiennent depuis quelques années mon attention et avivent mes angoisses, provoquent un questionnement. Le chiffre de l'abstention de plus en plus important à chaque échéance électorale avec parmi ces abstentionnistes un nombre très conséquent de jeunes. Et un autre annonçant régulièrement que Marine Le Pen ferait le plein des voix chez les 18-22 ans.

Il est indéniable qu'une partie importante de la jeunesse de ce pays est "au mieux" complètement démotivée, au pire attirée par les extrêmes, notamment l'extrême droite.

Comment cette génération de 18-22 ans, et en élargissant à 18-30 ans pour les abstentionnistes, COMMENT ces jeunes passés par l'Ecole, passés devant des professeurs véhiculant d'autres valeurs que celles déversées par le Rassemblement National, peuvent-ils aujourd'hui tendre une oreille attentive à un discours de haine ?

En clair, qu'avons-nous raté ?

Les gouvernants et Ministres qui ont occupé le bureau de la Rue de Grenelle n'ont, dans leur quasi-totalité, pas compris qu'un ascenseur social en panne, et qu'on ne fait rien pour réparer, qu'on rafistole, offre à ceux qui en sont prisonniers des occasions multiples de TOUT tenter pour échapper au piège. Dans ce "TOUT", il y a les extrêmes populistes prompts à récupérer les égarés, les oubliés, les ghettoïsés, les délaissés. Tous ceux qui à défaut de se glisser dans le moule préfabriqué -mais pas pour eux- de la "machine-école" iront se vautrer innocemment dans la démagogie du Rassemblement National ou resteront au fond de leur lit les jours d'élection.

Les locataires de la Rue de Grenelle, et je le dis sans esprit de provocation, nos syndicats aussi parfois, ont laissé l'Ecole au milieu d'un gué balayé, submergé par les "valeurs" marchandes. N'avez-vous jamais été choqué de constater que le premier reportage des télévisions françaises présentant la rentrée scolaire soit tourné dans une grande surface ? Le premier geste de la rentrée scolaire est devenu d'abord un geste d'achat, concession faite -une de plus- à la société de consommation, de mauvaise consommation, de gaspillage dans la plupart des cas. Jamais je n'ai entendu un Ministre ou un responsable syndical pester contre ces habitudes.

L'Ecole a cédé. Oh j'entends bien sûr d'ici les déclinologues entonner leurs antiennes. Je ne vais pas ici les énumérer. On ne les connait que trop et elles se trompent souvent de cibles, toujours de méthodes. L'Ecole a cédé, non pas aux pédagogues (bien au contraire hélas !), non pas à un quelconque oubli de l'apprentissage des valeurs républicaines, non pas non plus à un "modernisme" qui l'obligerait à regretter l'encre, les pleins et déliés ou la blouse grise. Non.

L'Ecole a fait le choix de l'immobilisme plutôt que celui la résistance active qu'il aurait fallu opposer -que certains opposent contre vents et marées- au diktat des évaluations à outrance, au diktat de l'empilement de réformettes indigestes, mal choisies, mal mises en place. Au diktat de la vitesse et du "trop plein", car il faut toujours en faire plus, plus vite et avec moins. Toujours remplir nos jeunes cervelles. Du moins remplir celles qui acceptent les grandes quantités... Au diktat de la lâcheté alors que la vérité obligeait à reconnaître que nos programmes scolaires sont à refonder, à relier. Au diktat d'une pensée unique consistant à nous arc-bouter sur l'illusion que notre Ecole française serait la meilleure du monde. Au diktat des tenants d'un système transformant la nécessaire SELECTION en une sélection sociale depuis la maternelle jusqu'à l'Université. Le regretté Richard Descoings aurait pu témoigner encore des difficultés qu'il éprouva à faire admettre au Conseil d'Administration de Sciences-Po qu'ouvrir la prestigieuse maison de la rue Saint Guillaume aux élèves de ZEP fut un chemin de Croix. En France l'élitisme est une vertu. Hélas on n'en regarde que ceux qui en bénéficient. Plus rarement ceux qui échouent, qui échouent très tôt, qui échouent dès la maternelle puis toute leur vie. Dès le plus jeune âge en France, certains sont en échec dès l'aube de leur "métier d'élève". Les futurs désespérés sont très bien "formés" en France...

Et ce sont ces cohortes d'abandonnés d'un système qui ne veut pas se réformer ou se réforme mal qui iront demain glisser dans l'urne un bulletin RN. Oh pas par amour immodéré des thèses du parti de Marine Le Pen. Mais plutôt par dépit. Par dégoût. Par fatalisme. Pour dire qu'il ne leur reste que ça. Pour se "venger" peut-être. Et tous ceux aussi qui n'iront pas voter du tout, écœurés, découragés...

Jusqu'à quand allons-nous "rater" nos élèves ?... Après la catastrophe, il sera trop tard pour nous.

Mais plus encore pour eux !

Christophe Chartreux

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Post-fascisme, néo-féminisme, dé-mondialisation… Qu’est-ce qui se niche dans ces préfixes ?

24 Novembre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Politique, #Sémiologie

préfixe – laclassebleue

Utilisés dans tous les courants idéologiques, ces néologismes à rallonge sont de redoutables outils rhétoriques pour qualifier un adversaire ou le discréditer. Ils tentent aussi de construire un nouveau récit, plus en phase avec le présent.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, est-elle «néo» ou «post»-fasciste ? Faut-il tendre vers une société «dé-mondialisée» ? Les «néo-féministes» existent-elles ? Si les mots ne sont pas neutres, ces petits outils syntaxiques que sont les préfixes, qui occupent une place prépondérante dans la création du lexique de la langue, ne dérogent pas à la règle. «Deux tiers des néologismes sont aujourd’hui formés sur la base de préfixes, détaille Christophe Gérard, linguiste à l’université de Strasbourg. Une dominance nette qui explique sans doute pourquoi les politiques y ont massivement recours.»

Prononcer un terme peut l’investir d’une charge politique qui prévaut sur sa neutralité originelle ; le débat sémantique autour de la victoire de Meloni aux élections législatives du 26 septembre l’illustre bien. Il n’a d’ailleurs pas manqué d’irriter, à l’instar de la journaliste conservatrice Gabrielle Cluzel qui a ironisé sur Twitter : «Néo-fasciste, post-fasciste… on peut en inventer plein d’autres : para-fasciste, péri-fasciste, sub-fasciste, crypto-fasciste…» La majorité des médias et politiques a opté pour l’étiquette «post-fasciste», reconnaissant ses racines tout en évitant l’écueil de l’anachronisme. «“Néo” évoque simplement une reprise au présent, tandis que “post” induit une actualisation par la distance, un dépassement qui permet de désamorcer toute critique, analyse Bruno Cautrès, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et spécialiste en comportements politiques. La proximité idéologique est ainsi conservée, tout en marquant une rupture nette avec le passé.» Si le «post-fascisme» a donné lieu à des divergences conceptuelles et idéologiques, les spécialistes s’accordent sur l’idée d’une reconnaissance de l’héritage fasciste, mais sans volonté de rompre avec les institutions démocratiques – en somme, une modération de l’autoritarisme pour ouvrir un dialogue avec les forces de la droite et s’intégrer dans le jeu politique. «Orientation politique consistant à dépasser partiellement ou totalement un passé fasciste ou néofasciste sans toutefois le renier», définit ainsi le dictionnaire italien Garzanti. Cette idée de dépassement, de rupture avec le passé, n’est pas sans poser problème au philosophe Michaël Foessel, pour qui les échos entre hier et aujourd’hui sont trop troublants pour considérer que nous vivons pour toujours après le fascisme. «Le “post” implique une nouveauté qui inscrit le présent dans un reniement explicite du passé», rappelait-il dans les pages de Libération. «Il est curieux de le convoquer pour caractériser un parti qui n’a même pas pris la peine de modifier l’oriflamme qui lui sert de logo et dont chacun sait qu’il est le signe historique du ralliement au Duce de ceux qui, certes, sont venus après le régime fasciste, mais dans l’espoir d’en restaurer les principes.»

«Diaboliser la notion»

C’est à force d’être répété qu’un néologisme infuse dans l’opinion publique. L’onde de résonance du «néo-féminisme», concept politiquement très situé, est révélatrice : «Si le terme est si péjoratif, c’est d’abord parce qu’il a été vulgarisé par des intellectuels et politiciens de droite conservatrice, pointe Cécile Alduy, professeure et chercheuse associée au Cevipof et spécialiste du discours politique. En offrant aux éditorialistes le temps et la place pour diffuser leurs discours, des chaînes comme CNews ou BFM permettent la mise en circulation de termes qui feront rapidement office de prêt-à-penser…» Le préfixe devient ici une arme idéologique : «Parler de “néo-féminisme” permet de diaboliser la notion, d’opérer une rupture entre un “vrai” féminisme et ce qui relèverait de l’usurpation, en louant des actions passées pour mieux disqualifier les combats actuels.»

Pour Bruno Cautrès, cette tendance n’est pas récente – pas plus qu’elle n’est circonscrite au champ politique. «En sciences sociales, les néologismes comme “post-structuraliste” ou “post-durkheimien” offraient un gage d’effort conceptuel, la maîtrise d’un certain héritage intellectuel constamment actualisé», décrit-il. Dans le domaine commun, l’appropriation d’un terme par un groupe social ou une formation politique devient ainsi facteur d’identité. Le «néo-libéralisme» en est un exemple : «Au départ, il s’agissait d’une volonté de classification historique, pour établir filiations et évolutions», analyse Cécile Alduy. Les néo-libéraux des années 80 se réclamaient eux-mêmes de cette nouvelle appellation. «Le terme a ensuite surtout été employé dans un sens critique, et aujourd’hui, il est généralement utilisé plus factuellement, pour décrire l’état économique du monde.» Pas nécessairement figée, la connotation peut donner lieu à de nombreuses fluctuations… Quand bien même on aurait bien du mal à imaginer des «néo-féministes» se réclamant de ce terme aujourd’hui. Surtout, les préfixes deviennent des outils d’ajustement, permettant de penser les défis de l’époque – du moins d’essayer. «Ils précisent des termes qui viennent souvent de loin, reconnaît Bruno Cautrès. Il faut souvent plusieurs décennies avant qu’un mot (généralement issu des sciences sociales ou de la sociologie) infuse dans le vocabulaire des médias et des conversations. Inventer un nouveau vocabulaire politique n’est pas chose aisée !» En faisant coïncider ces termes datés aux nouveaux défis de l’époque, les préfixes participent donc à la construction d’un nouveau récit, se voulant plus en phase avec le présent… Même si ce dernier demeure plus complexe que ce que ces instruments syntaxiques tentent (parfois artificiellement) d’en dire.

Radicalité politique et écologique

L’usage des préfixes couvre la totalité du spectre idéologique, ce qui rend difficile sa corrélation à une position politique précise. Mais son infusion dans les discours d’extrême droite est particulièrement frappante. Les traces remontent au régime de Vichy : «Pétain avait fondé tout son discours sur l’idée de “refaire”, détaille Cécile Alduy, autrice de la Langue de Zemmour (Seuil, 2022). Avec son parti Reconquête, Zemmour revendique cet héritage.» Il n’est pas le seul : «Jean-Marie Le Pen a participé à la création de néologismes de stigmatisation très dure, rappelle Christophe Gérard. Ce qui explique que l’extrême droite utilise allègrement des termes comme “re-migration”, “redresser”, “re-radicalisation”, “refaire la France”…» Pour Cécile Alduy, ils sont perçus comme des remèdes essentiels à des situations de «dé-clin», de «dé-cadence». «Et permettent de dramatiser, d’accentuer, de moraliser l’histoire pour justifier le besoin d’un retour au passé.»

Dans le Temps de la démondialisation (coll. la République des idées, Seuil), le spécialiste de l’histoire économique Guillaume Vuillemey invite à «protéger les biens communs contre le libre-échange» en inventant une «nouvelle forme de souveraineté fondée sur un protectionnisme social et environnemental». Loin d’être une ode au protectionnisme nationaliste, la démondialisation propose une nouvelle organisation de l’économie mondiale, qui prend en compte l’augmentation des interdépendances humaines et les interconnexions qui régissent nos sociétés contemporaines, mais pour les soustraire aux effets d’un néolibéralisme ravageur. Dans la même ligne, les auteurs du livre collectif Plurivers. Un dictionnaire du post-développement (coll. le Monde qui vient, Wildproject) s’érigent «contre l’idéologie du développement», la dépassant (à l’aide de notions comme celle de «dé-développement») pour proposer des «pratiques radicalement différentes qui, de tous les continents, pointent vers des futurs écologiquement sages et socialement justes.» A chaque fois, ces nouveaux termes permettent de consacrer une rupture avec le passé, et rehaussent une radicalité politique et écologique qui exhorte à faire table rase pour penser l’après. La préfixation semble décidément dans l’air du temps.

Copélia Mainardi

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Boyard-Hanouna : derrière la polémique, le débat confisqué - Par Najat Vallaud-Belkacem

17 Novembre 2022 , Rédigé par l'Obs Publié dans #Medias, #Politique, #Hanouna, #Boyard

Vincent Bolloré, le patron de Cyril Hanouna, condamne le canular homophobe  dans TPMP - Voici

EXTRAITS

Il est temps « d’ouvrir le débat sur la réalité des pratiques économiques prédatrices de certaines entreprises peu scrupuleuses sur le continent africain », estime Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l’ONG One.

Cyril Hanouna a ainsi une nouvelle fois offert lors de son émission Touche pas à mon poste un spectacle affligeant de vulgarité en insultant violemment le député LFI Louis Boyard qui avait osé pointer la responsabilité des activités industrielles du groupe de Vincent Bolloré, propriétaire de la chaîne C8 hébergeant son émission, dans la déforestation et l’appauvrissement de certains pays d’Afrique. Derrière les indignations à peu de frais sur les réseaux sociaux, ce n’est pas seulement l’ARCOM que le député Boyard et son groupe devraient saisir, mais le procureur de la République, sauf à banaliser les injures et les outrages contre les élus, qui sont punis par des peines pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.

Mais au-delà de cet incident et de la polémique qui l’accompagne, il nous faut surtout ouvrir le débat sur la réalité des pratiques économiques prédatrices de certaines entreprises peu scrupuleuses sur le continent africain. Car c’est finalement de ce débat de fond que la violence et l’indécence du clash nous ont privés.

(...)

« Le groupe Bolloré n’a pas le monopole de l’absence de scrupules »

Pendant plus de 35 ans, les activités logistiques et portuaires du groupe Bolloré en Afrique, dont il s’est récemment délesté pour la somme record de 5,7 milliards d’euros, ont fait sa fortune. Ce groupe a été un acteur central de l’exploitation forestière et du commerce des bois tropicaux africains, au mépris des ravages de cette exploitation industrielle sur les hommes et l’environnement. Les activités africaines de la multinationale française, implantée dans 46 pays du continent, font l’objet de plusieurs poursuites judiciaires, dont une affaire de corruption présumée de deux chefs d’État pour obtenir la gestion de ports. Quels sont les investissements réalisés par le groupe ? Quel ont été le coût et le bénéfice de ces activités pour les pays concernés ? L’enrichissement de Vincent Bolloré a-t-il contribué à l’appauvrissement des pays africains concernés au lieu d’aider à leur développement ? A-t-il reposé sur la corruption de leurs dirigeants ? Ces questions doivent trouver des réponses.

Mais le groupe Bolloré n’a pas le monopole de l’absence de scrupules français sur le continent. Que dire du gigantesque projet d’exploitation pétrolier enfoui sous le lac Albert en Ouganda, dont Total possède 62 % des parts dans la holding chargée de construire cet oléoduc, qui traverserait 16 aires protégées en menaçant la biodiversité de la région et reposerait sur l’expropriation des habitants de près de sur 172 villages ougandais ? À l’heure de la COP 27, il s’agit d’un vaste chantier anachronique à 10 milliards de dollars visant à extraire un milliard de barils de pétrole pendant une durée de 25 à 30 ans, et qui pourrait émettre au moins 33 millions de tonnes de CO2 par an, soit plus de trente fois les émissions annuelles de l’Ouganda et de la Tanzanie réunis. Il est urgent d’y mettre fin.

(...)

Si le combat contre la censure qu’Hanouna et Bolloré cherchent à imposer est sincère, alors la presse doit enquêter sur ces enjeux et les élus en débattre pour prendre les décisions qui s’imposent. Cela mérite d’occuper plus de temps d’antenne et de place dans les journaux que les outrances et la vulgarité d’une sinistre télé-poubelle.

Par Najat Vallaud-Belkacem
Directrice France de One

https://www.nouvelobs.com/opinions/20221112.OBS65818/boyard-hanouna-derriere-la-polemique-le-debat-confisque.html

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L'affaire Boyard-Hanouna ou la démonstration de l'emprise de Bolloré sur ses affidés (Vidéo)

17 Novembre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Médias, #Politique, #Hanouna, #Boyard

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De la vulgarité à la médiocrité... Et inversement.

10 Novembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Politique

Cyril Hanouna intercepte Emmanuel Macron à sa sortie de TF1 - Puremedias

 

Depuis l'entrée en fonction du Président Macron, 2017 puis 2022 - mais cela avait déjà commencé avant l’intronisation de CE « monarque républicain » - la vulgarité et la médiocrité gouvernent le quotidien des français. Des médias paresseux portant la « chose » jusqu'au raffinement. Quand les ministres défilent sur le plateau "populiste" de Cyril Hanouna, à quoi assistons-nous sinon au triomphe du superficiel, du clash, de la "politique-spectacle" et du remplacement de la réflexion documentée par les opinions, les approximations, les erreurs et souvent, les mensonges.

 

La vulgarité est aujourd'hui partout. Difficile d'y échapper. Y compris au sommet de l'Etat et du gouvernement. Nous parlons ici, vous l'aurez compris, non pas de cette « vulgarité » qui désignait et désigne encore parfois le « vulgum pecus », accusé par les nobles et bourgeois de s'exprimer et d'agir sans respecter les codes par eux établis, mais de la vulgarité quotidienne traduite en mépris du peuple. 

 

Ce mépris est l'une des pires vulgarités qui soit, provoquant chez celles et ceux qui la pratiquent une terrifiante « infirmité de l'âme ». Pourtant ils assument, droits dans leurs bottes, cette vision du peuple : les puissants, les nantis, les dirigeants d'une part et de l'autre, les faibles, les pauvres, les précaires, une grande partie de la jeunesse, le troupeau bêlant des citoyens silencieux ou que l'on fait taire lorsqu'il ose protester à coups de matraques et de lacrymogènes. Cette construction les arrange d'autant plus qu'elle appuie ses fondations sur une partie des médias, un contre-pouvoir qui n'a de cesse de donner au petit peuple sa part de vulgarité. A quoi bon, doivent se dire les Bolloré et autres magnats, offrir au citoyen lambda une once de qualité, d'excellence, d'exigence ? Ces gens-là n'ont pas besoin d'être instruits ; et moins ils le seront, plus ils seront faciles à diriger, moins ils désireront se révolter. Ou quand la vulgarité devient une véritable vision de la société et porte atteinte à la dignité humaine de chacun, donc à la liberté de tous.

 

De la vulgarité à la médiocrité – et inversement – il n'y a qu'un pas

 

Qu'est-ce que la médiocrité dans la France macronienne ? L'affaire est somme toute assez simple. Depuis le triomphe du « En même temps », chacun est sommé de rester à sa place. Tout débordement, tout excès, tout ce qui échappe à cet « En même temps » est soupçonné de déviance. Toutes et tous autant que nous sommes devons « rester dans le rang ». L'originalité n'est pas de mise. « Pas assez » ou « Trop » sont l'objet de soupçons. Il faut, c'est un dogme, rester « moyens ». Et se glisser dans les vêtements de la « médiocratie ».

 

En médiocratie, les responsables comme les exécutants doivent faire preuve de leurs compétences. Très bien, me direz-vous. Hélas ces compétences, souvent utiles et incontestables, validées par des diplômes d'écoles parfois dites « grandes », sont mises au service de directives absurdes, contradictoires ou bien, priées de véhiculer l'idée qu'une annonce est plus importante qu'une réalisation. Le Président Macron – et toutes ses déclinaisons macronistes – est passé maître dans l'art de projeter le citoyen dans un futur sans bornes. A tel point que l'annonce devient objet de commentaires tellement nombreux, à longueur de plateaux squattés par des chroniqueurs plus militants que journalistes, qu'elle devient « réalité virtuelle ». On n'en commente d'ailleurs jamais les résultats puisque très souvent l'annonce n'est pas suivie de faits. Et ceux-ci, lorsqu'ils arrivent, ne sont pas évalués.

 

En médiocratie macronienne, le rêve fou de celles et ceux qui la dirigent est de « fabriquer » un individu appliquant à la lettre une fiche de directives pré-écrites. Chaque citoyen dispose d'une "fiche de poste". Il devient alors le serviteur docile d'une idéologie pensant pour lui. L'individu ne pense plus. Il tire un trait sur son autonomie. Il rentre dans le rang du troupeau. Quel confort en effet ! Pour le pouvoir qui, utilisant une « novlangue » incompréhensible mais ayant le « mérite » de la nouveauté, inonde les esprits pour anéantir la critique, pourtant forme avancée des esprits éclairés. 

 

Enfin en médiocratie, la médiocrité se mêle au "flou". La clarté serait-elle à ce point dangereuse qu'un chef d'état la dissimule, la noie dans un brouillard épais ? Il faut le croire tant cet outil de gouvernance est utilisé souvent.

 

Vulgarité et médiocrité... Deux moyens souvent utilisés par les pouvoirs politiques successifs mais portés à un degré d'efficacité et de « perfection » jamais atteintes à ce jour.

 

Christophe Chartreux

 

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Les médias sont de droite - Vidéo

22 Octobre 2022 , Rédigé par France Inter Publié dans #Politique, #Médias

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