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Vivement l'Ecole!

politique

Il faut repolitiser notre jeunesse...

9 Mai 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique

Il faut repolitiser notre jeunesse...

74% des jeunes français disent qu'ils n'iront pas voter le 26 mai.

Ceci confirme le fait que notre jeunesse soit "dépolitisée".

C'est tragique!

Il faut très rapidement "repolitiser" la jeunesse. Ne plus interdire aux enseignants d'aborder des problèmes politiques en classe. Ne plus avoir peur de donner à la jeunesse le goût de la PRATIQUE politique. Réintroduire le débat contradictoire dès le collège, la "disputatio". C'est une urgence éducative.

Je me souviens de mes années collège/lycée. J'ai 61 ans. Nous étions toutes et tous très politisés. De droite comme de gauche. Nos enseignants ne s'interdisaient rien. Ne nous interdisaient rien. TOUS les sujets étaient abordés. La guerre du Vietnam, les dictatures sud américaines, la françafrique, la liberté de parole dans les lycées, la contraception naissante, que sais-je encore? Tout!

Cela a-t-il fait de nous d'abominables gauchistes ou de méchants réac'? Peut-être. Mais au moins étions-nous concernés par la "chose publique". Nous avions conscience d'être des citoyens dans la "Cité" et nous voulions participer. Naïvement parfois sans doute, mais nous aimions la politique. Elle nous passionnait. Sans exception. Par classe et génération entières!

Aujourd’hui, que faisons-nous de notre jeunesse?

Une infime partie accède à Sciences Po. Je n'ai rien contre. Cette jeunesse-là se voit offrir les clefs de la politique - au sens large. Les autres jeunes filles et garçons sont appelés à aller voter, à manifester pour le climat. Sans clefs de compréhension. "On ne parle pas de politique en classe!". Et l'on s'étonne qu'ils n'y aillent pas, qu'ils ne répondent pas aux sommations effarouchées des adultes: "Mais enfin, soyez responsables! Allez voter!". Quand la pratique politique est montrée du doigt comme une pratique honteuse, quand elle est interdite dans les enceintes scolaires - ou réservée à quelques-uns après bien des difficultés pour ne serait-ce qu'afficher un tract - il ne faut pas être surpris de constater l'effacement de la jeunesse du paysage politique.

Oui vraiment, il est urgent de réarmer notre jeunesse. La réarmer pour lui ouvrir le champ du débat politique, respectueux des différences, à l'écoute des autres. Et bien au-delà des heures consacrées à l'Education Morale et Civique dans le premier comme dans le second degré.

Sans la jeunesse, absente de plus en plus souvent des scrutins successifs, notamment la jeunesse rurale et des périphéries, la politique risque fort de n'être plus que ce qu'elle devient sous nos yeux:

une friche au milieu de laquelle s'entre-dévorent populistes et libéraux. On ne peut pas dire que ce soit un "programme" très enthousiasmant.

Un slogan de Mai-68 affirmait: "Sois jeune et tais-toi".

Je réponds:

"Sois jeune et prends la parole".

Mais pour cela, nous toutes et tous, enseignants ou pas, devons prendre la décision de permettre à TOUTE la jeunesse de réinvestir le champ de la politique.

Le blé en herbe est là. Il n'attend que la récolte...

Christophe Chartreux

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Portrait-robot des sympathisants de La République en marche... "La France qui va bien"...

5 Mai 2019 , Rédigé par Fondation Jean-Jaurès Publié dans #Education, #Politique, #Sociologie

C'était en septembre 2018

CC

                                  _________________________________________

  • 14 % des Français se disent proches de LREM (14 % LR ; 13 % FN ; 9 % PS ; 7 % FI/FG ; 25 % aucun parti 
  • 58 % des sympathisants de LREM ont le sentiment d’avoir réussi leur vie (39 % au FN ; 49 % au PS ; 44 % chez l’ensemble des Français
  • En septembre 2016, 27 % des sympathisants LREM d’aujourd’hui se classaient à gauche ; 7 % au centre ; 40 % à droite ; 5 % à l’extrême droite ; 13 % n’étaient proches d’aucun parti
  • 70 % des sympathisants de LREM avaient voté pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle ; 20 % pour François Fillon 
  • 63 % des sympathisants de LREM jugent le mot Europe positif (41 % chez les Français ; 11 % au FN) 
  • 5 % des sympathisants de LREM pensent que la démocratie fonctionne mal (contre 20 % des Français)
  • 46 % des sympathisants de LREM pensent que la France devrait avoir à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections (42 % chez l’ensemble des Français ; 55 % au FN)
  • 38 % des sympathisants de LREM pensent qu’il y a trop d’immigrés en France (25 % au PS ; 26 % FI/PG ; 52 % chez l’ensemble des Français ; 75 % LR ; 94 % FN)
  • 81 % des sympathisants de LREM souhaitent aller vers plus de libre-échange pour permettre aux entreprises françaises de conquérir de nouveaux marchés dans les pays étrangers (+27 par rapport à LR)
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Immigration et Europe: des raisons d’être optimistes... Par Najat Vallaud-Belkacem...

4 Mai 2019 , Rédigé par Huffington Post Publié dans #Politique

Immigration et Europe: des raisons d’être optimistes... Par Najat Vallaud-Belkacem...

EXTRAITS

Les élections européennes sont l’occasion d’aborder le sujet de l’immigration. Une étude d'IPSOS au Royaume-Uni sur la perception de l’immigration vient apporter un éclairage nuancé sur les évolutions de l’opinion.

Comme d’habitude lors des campagnes électorales récentes, les élections européennes sont l’occasion d’aborder le sujet de l’immigration, et de voir se déployer dans les médias le lot habituel d’idée reçues, de propositions choc, et de solutions populistes.

Le Brexit fait, à ce titre, figure d’expérience grandeur nature: voilà un pays dont on sait que le rejet de l’immigration faisait partie des principaux leviers de vote “leave”. Un pays, aussi, où “Remainers” et “Brexiters” se mènent une guerre de tranchée politico-médiatique depuis deux ans, sans qu’aucun camp ne parvienne à prendre le dessus dans l’opinion publique de manière significative. Il est donc intéressant, aux abords de la campagne européenne, d’observer comment la question migratoire y a évolué depuis 4 ans.

Une étude menée depuis deux ans par IPSOS au Royaume-Uni sur la perception de l’immigration vient apporter un éclairage intéressant et nuancé sur les évolutions de l’opinion britannique vis-à-vis de l’immigration. En effet, 45% des Britanniques déclarent que l’immigration a eu un effet plutôt positif sur leur pays, une proportion en hausse d’environ 10 points depuis 2015, et nettement supérieure à celle de ceux qui déclarent que l’impact de l’immigration sur le Royaume-Uni est globalement négatif (31%).
Par ailleurs, on a constaté, depuis le référendum, une baisse significative des préoccupations centrées sur l’immigration. Les populistes et les réactionnaires pourront en conclure que c’est bien là la preuve que lorsque que les gens obtiennent ce qu’ils veulent -c’est-à-dire la fermeture des frontières, le repli -ils passent à autre chose. Que ce ne serait donc pas là “peurs” et “fantasmes”, mais une réelle demande légitime, à laquelle il est possible de répondre.

(...)

De cette étude, j’aimerais donc tirer deux conclusions optimistes:

- Nos voisins britanniques -et par hypothèse, les Européens dans leur ensemble- ne sont pas insensibles aux arguments et expériences “positives” véhiculées par la presse sur le sujet. Le complotisme, bien existant- selon l’enquête réalisée par Sophia Gaston, 58% des Britanniques pensent que le gouvernement cache le coût réel de l’immigration-, n’est pas une barrière insurmontable pour ceux qui cherchent à rétablir un dialogue sain et équilibré sur le sujet.

- Il y a un espace pour les acteurs “de terrain” -ONG, associations, mais aussi entreprises, qui comme IPSOS sont nombreuses à s’engager pour l’intégration concrète des réfugiés- dans ce débat, car l’expérience concrète de l’altérité est un élément clef pour apaiser les craintes.

Pour en savoir plus:

Les graphiques sont disponibles sur le site d’IPSOSL’étude de Sophia Gaston est consultable ici

Najat Vallaud-Belkacem, Directrice Générale Global Affairs d’Ipsos, ancienne Ministre, d’abord des Droits des Femmes puis de l’Education nationale

Le billet complet est à lire en cliquant ci-dessous

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«Les candidats de la société civile rendent obsolètes les discours à coup de slogans» - Cécile Alduy

2 Mai 2019 , Rédigé par Libération Publié dans #Politique

«Les candidats de la société civile rendent obsolètes les discours à coup de slogans» - Cécile Alduy

EXTRAITS

La sémiologue Cécile Alduy a analysé les prises de parole des têtes de listes aux élections européennes et du Président lors de sa conférence de presse. Pour cette spécialiste du discours politique, la crise des gilets jaunes a permis l’irruption dans les médias de propos sans jargon.

Cécile Alduy est sémiologue et spécialiste du discours politique. Professeure de littérature française à l’université de Stanford et chercheuse associée au Cevipof (Sciences-Po), elle a notamment publié Ce qu’ils disent vraiment (Seuil, 2017). A trois semaines des élections européennes, elle revient pour Libération sur les mots des candidats pour parler d’Europe et sur la conférence de presse présidentielle de jeudi dernier.

Depuis l’automne, avec les gilets jaunes, on a vu jaillir sur les plateaux de télévision des Français qui ont pris la parole avec une langue souvent différente de celle des politiques…

Ce qui est fondamental dans le mouvement qui est né le 17 novembre, c’est cette irruption d’une parole éminemment politique qui n’est pas le sociolecte des politiciens. Qu’on soit d’accord ou non avec le contenu, on a soudain entendu une parole politique qui s’exprime dans la langue de tous les jours et qui parle de la vie de tous les jours. Qui n’est pas dans l’abstraction, les calculs, le jargon technique et économique, les grands principes abstraits et convenus, la joute oratoire lettrée, ni le faux «parler cash» des Wauquiez et autres… Une langue populaire au sens propre, la langue du peuple français telle qu’elle est parlée dans le quotidien, une langue non codifiée, qui n’a pas été filtrée par un plan médias, des éléments de langage, une volonté de «cadrage». La langue de ceux qu’on n’entend pas, qu’on n’écoute pas. Or, il est fondamental que la chose publique s’exprime, soit débattue et se résolve dans la langue de tous, sans apprentissage des codes pour passer dans les médias.

(...)

Raphaël Glucksmann (Place publique-PS), qui revendique une part de naïveté romantique, ne parle pas comme un socialiste. De même, François-Xavier Bellamy (LR) use d’une langue châtiée qui se démarque des déclarations de Laurent Wauquiez. Et Manon Aubry (LFI) ne s’exprime pas comme Jean-Luc Mélenchon…

Leurs styles à tous les trois ne sont pas les mêmes mais tous apportent une certaine fraîcheur. Glucksmann, un peu dilettante, mal à l’aise avec la promotion de soi ou le combat rhétorique à coup de petites phrases, parle sans cette diction compassée des politiques. Bellamy, lettré, un brin suranné dans son style compassé, est d’une extrême politesse tout en revendiquant une philosophie conservatrice étayée par des lectures. De son côté, Manon Aubry est assez cash, briefée mais encore plutôt neuve dans son rapport à la joute politique, et elle assume un discours de gauche. Ils rendent obsolètes les discours abstraits à coup de slogans et d’éléments de langage des autres candidats.

Contrairement à Jean-Luc Mélenchon ou Yannick Jadot (EE-LV) mais comme Benoît Hamon (Génération·s), Ian Brossat (PCF) et Raphaël Glucksmann, Manon Aubry s’affirme de «gauche». Son discours plus moral et moins populiste que la norme chez les cadres de La France insoumise vous semble-t-il efficace ?

Le résultat des urnes révélera l’efficacité ou non de ce changement de discours. Quoi qu’il en soit, c’est un virage important par rapport à la stratégie d’une rhétorique populiste hors clivage gauche-droite qu’avait assumée Jean-Luc Mélenchon pour les élections de 2017. Cette fois, Manon Aubry et La France insoumise s’adressent à une cible électorale classique, la gauche, alors que Jean-Luc Mélenchon refusait ce terme en 2017 pour s’adresser au «peuple» et stigmatiser «les élites» et «l’Europe de Merkel». La tête de liste revient, elle, sur un discours des valeurs, et non une mythologie du peuple.

Brossat et Hamon ne sont pas issus de la société civile, Yannick Jadot ne l’est plus. Cela s’entend-il ?

Hamon et Jadot s’expriment comme des vieux routiers des partis politiques. Ian Brossat réussit à donner un coup de jeune au discours politique mais plutôt par sa clarté tant de diction (nette et claire) que de propos (concrets, argumentés, explicites). C’est fou mais la clarté en politique n’est pas monnaie courante à gauche, ni au centre - qu’on se rappelle François Hollande qui ménageait la chèvre et le chou ou le «en même temps» d’Emmanuel Macron qui a laissé perplexe plus d’un commentateur.

(...)

Macron a donné jeudi dernier la première conférence de presse de son quinquennat. Le président de la République a une langue bien particulière mixant les anglicismes et un vocabulaire désuet mais certains mots ou formules vous ont-ils plus marquée que d’autres cette fois ?

Emmanuel Macron a essayé de gommer ses idiosyncrasies stylistiques qui ont pu agacer et prêter à la caricature («Macron le littéraire», «Macron et le globish des start-uppers et du business», «Macron et les petites phrases blessantes»). Son allocution était millimétrée pour respecter un savant équilibre entre style officiel classique assez soutenu dans la construction du discours et des phrases, et simplicité de ton et de vocabulaire. Ni mot suranné, ni anglicisme trop neuf, ni soudaine chute de niveau de langue vers le familier (on se souvient du «pognon de dingue»), mais un ton empreint de patience et de sincérité, comme d’un professeur ou d’un parent s’adressant à des interlocuteurs traités non en égaux, mais avec respect et pédagogie. Avec le soupçon de condescendance qui en résulte…

(...)

Dans ses échanges avec les journalistes, le chef de l’Etat a notamment promis d’être plus «humain» dans sa façon de réformer, affirmant avoir été «touché dans sa chair» par les souffrances exprimées au début du mouvement des gilets jaunes…

Il a en effet surinvesti le registre des émotions pour décrire ce que veulent les Français et créer un lien émotionnel avec eux. L’objectif est double. D’une part délégitimer les revendications précises des contestataires qui, dans cette optique psychologisante, parlent sous le coup de la colère ou de la jalousie sociale et ne sont donc pas rationnels ou justes. D’autre part, offrir au peuple ce qu’on appelle en négociation l’«emotional pay back», une contrepartie émotionelle : donner de la considération… plutôt que le retour de l’ISF en quelque sorte.

Jonathan Bouchet-Petersen Chef adjoint du service France@BouchetPetersen

L'entretien complet est à lire en cliquant ci-dessous

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Najat Vallaud-Belkacem – Élue coqueluche des complotistes...

30 Avril 2019 , Rédigé par Les rencontres de Michelle Publié dans #Politique

Najat Vallaud-Belkacem – Élue coqueluche des complotistes...

Najat Vallaud-Belkacem est une femme jeune qui a collectionné les Maroquins prestigieux et les trolls en tous genres. Première femme Ministre de l’Education. Première femme issue de la diversité. Soupçonnée d’avoir changé de prénom, d’être une petite fille éleveuse de chèvre. Elle a vraiment cohabité avec la bêtise.

Cette femme, vous l’avez souvent vue sur BFM. Elle faisait de la traduction politique, du damage control gouvernemental. Vous connaissez l’intonation de sa voix, ses regards, son sourire. Là devant vous, il y a une femme plus vraie, plus juste. Une femme qui ne se ment pas, qui ne cède pas : « critiquer Moix quand on est patron de chaîne, c’est très intéressant, mais est-ce que quelqu’un peut m’expliquer où sont passées les animatrices de télévision de plus de 50 ans ? »

Najat Vallaud-Belkacem est une Ministre qui finit par vous dire : « Être une femme ? C’est douter ». Oh bien sûr on pourrait penser à une forme de fausse modestie, une rhétorique politique un peu trop rodée. Ce qu’on entend, c’est une femme qui, dans l’intimité avec elle-même, ne se donne pas d’autre choix que l’action. Tant mieux pour nous, on l’attend.

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Najat Vallaud-Belkacem - «Les politiques libérales étouffent l’Union européenne»...

30 Avril 2019 , Rédigé par L'Observateur du Maroc et d'Afrique Publié dans #Politique

Photo L'Observateur du Maroc et d'Afrique

Photo L'Observateur du Maroc et d'Afrique

EXTRAITS

Najat Vallaud-Belkacem a quitté la vie politique, mais la politique ne la quitte pas. L’ancienne ministre des Droits des femmes puis de l’Education nationale sous le quinquennat de François Hollande est sur tous les fronts. Depuis un an et demi, elle multiplie les expériences : elle est à la fois directrice générale déléguée des études internationales et de l’innovation pour l’institut de sondage Ipsos et directrice d’une collection d’essais nommée « Raison de plus » au sein de la maison d’édition Fayard. Le mois dernier, elle a enfilé une nouvelle casquette en écrivant les paroles d’une chanson nommée «Lampedusa» en hommage aux réfugiés et en soutien à l’association SOS Méditerranée.

Dans sa nouvelle vie, Najat Vallaud- Belkacem voyage beaucoup, rencontre des sociologues, des économistes, des climatologues et essaye de repenser le monde dans son ensemble, au-delà des frontières de la France. Sans ne jamais faire de «plan sur la comète» comme elle aime le répéter, Najat Vallaud-Belkacem ne s’interdit rien. «La vie a plus d’imagination que toi», cette phrase de sa mère et titre de son autobiographie est son leitmotive. Elle évoque «une parenthèse» et non pas un retrait de la vie politique. L’ex-élue du parti Socialiste a rejoint le privé, mais l’engagement lui reste chevillé au corps.

Erigée en exemple de la méritocratie française, l’ancienne ministre n’oublie pas d’où elle vient. À 5 ans, elle quitte les montagnes du Rif où elle n’a pas accès à l’eau et à l’électricité pour s’installer avec sa famille dans une cité du nord d’Amiens. C’est dans son histoire qu’elle puise sa force et sa détermination.

Pendant un entretien d’une heure dans les locaux d’Ipsos, Najat Vallaud-Belkacem est revenue pour nous sur son enfance, son parcours, sa vie actuelle, mais également sa relation à la France et au Maroc. Elle a répondu aux questions de notre correspondante à Paris, Noufissa Charaï. @Noufissachara

(...)

La politique vous manque-t-elle ou avez- vous l’impression de vous engager différemment ?

Je continue à suivre de très près ce qui se passe dans l’actualité française. Mais ce que j’ai gagné, c’est un horizon plus vaste et la possibilité de penser les sujets à l’échelle du monde et pas seulement à l’échelle de la France. Je peux procéder bien plus aisément à des comparaisons, je me forme chaque jour à des outils de compréhension de l’opinion, de ses perceptions, de ses choix, de ses biais, qui me permettent d’appréhender bien mieux les phénomènes qui traversent nos sociétés.

Vous avez également lancé votre propre collection d’essais baptisée « Raison de plus », chez Fayard. Est-ce également un moyen pour vous de rester engagée politiquement ?

Quand j’ai voulu faire une parenthèse dans ma vie politique, j’ai pensé qu’il fallait que j’apporte néanmoins une contribution au débat public auquel je n’allais plus prendre part au premier plan, mais dont en qualité de citoyenne, je continuais à espérer qu’il soit de meilleure qualité que celui que j’avais connu quand j’étais aux responsabilités . J’ai toujours été frappée par la façon dont les grands sujets qui traversent nos débats publics sont malmenés parce que, sauf exception, ceux qui viennent vous en parler n’ont pas de science particulière qui puisse vous éclairer. Cela nous donne toujours des débats très idéologiques et passionnels, qui reposent davantage sur des préjugés et des idées toutes faites que sur un véritable savoir. J’ai eu l’idée de créer cette collection d’ouvrages, dont je suis la directrice , pour répondre à ce manque : sur les sujets qui me paraissent importants, demander à des chercheurs un éclairage et une prise de position nourrie des seuls résultats de leurs travaux. Et ce dans une forme accessible au plus grand public, ce sont donc des essais courts, et pas des travaux académiques. Et ils se concluent dans la mesure du possible par des recommandations d’action. Dans le dernier « Civiliser le Capitalisme », l’auteur Xavier Ragot défend, par exemple, l’idée d’un Etat providence en Europe pour redonner du sens à l’Union européenne. Le prochain essai portera sur les politiques publiques, qui parfois confortent les inégalités sociales au lieu de lutter contre les injustices.

(...)

Dans la chanson ("Lampedusa" - Parole de Najat Vallaud-Belkacem/Note du webmaster), vous évoquez donc la situation des réfugiés. Vous avez dénoncé les propos du ministre français de l’Intérieur qui a accusé les ONG d’être parfois « complices de passeurs ». François Hollande n’a pas emboité le pas à Angela Merkel pour l’accueil des réfugiés et Emmanuel Macron non plus. La France a-t-elle été à la hauteur du drame humanitaire qui se joue en Méditerranée ?

Je ne mettrai pas sur le même plan l’attitude du gouvernement de François Hollande et celle du gouvernement actuel. J’ai souvenir de la véritable mobilisation organisée par le précédent gouvernement auprès des maires notamment pour que les réfugiés accueillis le soient dans de bonnes conditions un peu partout en France. Souvenir surtout de discours qui jamais n’ont cherché à crisper la situation, amplifier les peurs envers les réfugiés ou se dédouaner de ses responsabilités. S’agissant de l’actuel gouvernement , le refus d’accueillir l’Aquarius ou le récent discours du ministre de l’Intérieur sur la «complicité de certaines ONG avec les passeurs» émeuvent à juste titre tous ceux qui, comme moi, pensent qu’à chaque fois qu’on adopte les réactions et les arguments de l’extrême droite, on la fait progresser. Dans toutes nos démocraties, les populistes sont aux aguêts, prêts à prendre le pouvoir, et cela devrait tous nous obnubiler car il n’y a pas que le traitement des réfugiés qu’une telle arrivée des populistes au pouvoir affaiblit, mais bien toute la cohésion de nos sociétés. Après tout, on est toujours l’étranger de quelqu’un. La question aujourd’hui pour chaque gouvernement est donc non seulement humaine car accueillir des gens en souffrance ou les rejeter à la mer c’est une question d’humanité. Mais elle est aussi politique au sens de la cohésion nationale menacée par les populistes et extrémistes de tous bords. Je crois personnellement beaucoup, pour des défis de cette ampleur, à la gestion supranationale, soit à l’échelle de l’Europe soit à l’échelle des institutions internationales comme l’ONU. Si l’Italie a fini par se donner à des forces populistes c’est en grande partie parce qu’elle s’est retrouvée bien seule parmi les États européens à devoir gérer l’afflux de réfugiés. Avec des règles européennes claires de répartition de l’effort entre pays, je persiste à penser que le cours des événements eût été différent.

Il y a effectivement une montée du populisme en Europe qui va de pair avec une réelle remise en cause de l’Union européenne et de son fonctionnement actuel. Faut-il réformer l’Europe quitte à revoir les traités fondateurs ?

Je pense que pour l’Union européenne, il faut repenser le fond avant de repenser la forme. La façon dont on répond au Brexit depuis des mois et des mois me frappe : il n’est question que du type de traité de sortie de l’Union européenne sur lequel les parties prenantes pourraient se mettre d’accord. Mais à quel moment répondra-t-on au cri d’alarme lancé par une partie de la population britannique qui au fond, derrière le mot « Brexit », a exprimé d’abord et avant tout la même chose que les Gilets Jaunes en France : la frustration de vies inégales qui semblent compter pour si peu. La question donc, avant d’être celle des traités et de l’interprétation que nous pouvons en faire, estd’abord celle des politiques conduites. Les politiques libérales menées depuis trop longtemps étouffent. Par exemple, comment l’idée d’un salaire minimum européen est tournée en dérision par les libéraux . Il fut pourtant une époque où l’Europe faisait bien davantage. C’est cela la bataille de fond qu’il nous faut reprendre à l’occasion de cette élection européenne.

(...)

Que pensez-vous de la liste Parti Socialiste (PS) aux élections européennes menée par Raphael Gluksmann ?

Le Parti socialiste, réduit à sa plus simple expression, vit depuis des mois des moment difficiles. Que cette perception soit justifiée ou pas il passe pour le grand perdant de 2017 et c’est tout juste si les commentateurs prononcent encore son nom quand ils évoquent les débats politiques. Pourtant il travaille, il s’oppose, il se régénère. Mais ça ne semble pas suffire. Alors oui, dans ces conditions, s’allier avec Place Publique est une bonne chose. Elle permet de faire revenir des intellectuels et des gens qui ne voulaient pas forcément s’encarter, mas qui partagent les valeurs du parti. Cette alliance n’amoindrit pas le PS, au contraire, elle l’augmente, elle l’amplifie. Et Raphaël Glucksman a un vrai talent.

Certains élus PS critiquent le retour médiatique de François Hollande et craignent qu’il empêche le PS de se reconstruire. Quel est votre avis ?

Un ancien président de la République a évidemment des choses à apporter au débat public. L’entendre sur les plateaux de télévison, le voir écrire un livre pour tirer le bilan de son quinquennat, ça me parait complètement naturel. Son expertise apporte au débat public. Jamais je n’ai vu ses expressions publiques comme une limitation du PS ou de sa capacité à se reconstruire, les deux ne sont pas antinomiques.

Vous avez confié à Paris Match que «le sort de la gauche me colle aux tripes». La gauche a-t-elle définitivement perdu la bataille des idées ou peut-elle se renouveler?

On pourrait croire qu’elle a perdu cette bataille des idées, et pourtant pas tant que cela : Lorsque nous faisons des études à Ipsos et que nous interrogeons les gens sur leurs valeurs, sur les politiques publiques, nous notons que les idées de gauche sont largement partagées. Elles ont une assise beaucoup plus grande que ce que nous pensons. La question c’est toujours qui, aux yeux des électeurs, en est la bonne incarnation. Par exemple en 2017, une partie de gens de gauche ont cru qu’Emmanuel Macron pouvait en être un représentant… Dans une forme de confusion, mais aussi disons-le de fatigue à l’égard de la sociale démocratie, beaucoup de gens n’ont tout simplement plus la moindre idée de qui pourrait représenter ce courant de pensée.

Pour ma part, je pense que c’est une erreur que de vouloir passer par pertes et profits la sociale démocratie qui est une force de gauche et de complexité, raison pour laquelle elle peut parfois apparaître insuffisamment radicale a certains. Mais on a besoin de complexité. Tous les populismes cherchent à nous convaincre qu’ils pourront répondre aux défis d’un monde de plus en plus entremêlé, compliqué, par des solutions simplistes qui généralement se résument à exclure une partie de la population, pour certains les étrangers, pour d’autres l’élite, etc. C’est clairement plus facile de porter des idées aussi caricaturales, cela demande moins d’explication de texte. Mais c’est un mensonge. A la complexité du monde ne peut répondre qu’une offre politique sérieuse arrimée à des convictions fortes et capable de faire pousser des arbres (complexité) plutôt que de détruire des forêts (simplicité) .

(...)

Vous parlez fièrement de vos origines berbères. En 2011, le Maroc a reconnu le Tamazight comme langue officielle aux côtés de l’Arabe, c’était important pour vous ?

Durant toute ma prime enfance, les récits que j’ai écoutés étaient en Tamazight et donc se dire qu’il y a une reconnaissance et une volonté de trouver un alphabet pour le traduire en écrit, c’est plaisant, c’est une partie de moi, j’y suis donc extrêmement sensible. Après tout, avec une diaspora éparpillée aux quatre coins du monde, c’est une langue qui est parlée non seulement au Maghreb, mais aussi en Europe et parfois même aux États-Unis. Qu’elle puisse donc être mieux valorisée et reconnue me paraît assez naturel .

Quelle est votre relation avec le Maroc aujourd’hui ?

J’ai une forme de curiosité évidente pour le Maroc, je regarde l’actualité, je vibre quand il se passe des choses qui me semblent aller dans le bon sens et je m’inquiète quand c’est le contraire. Le pays où je suis le plus moi-même c’est la France, parce que j’ai grandi là, que je vis ici et que j’aime ce pays , mais le Maroc est le pays de mes racines. J’ai donc une appétence évidente pour sa culture, sa musique, son cinéma…

Quel a été votre regard sur les manifestations d’Al Hoceïma ?

Cela fait partie des choses douloureuses. Comme je vous l’ai dit, je vibre pour les bonnes nouvelles comme le travail sur la constitution et la volonté d’instaurer plus de démocratie, mais il y a des moments plutôt cruels et douloureux comme les procès des manifestants d’Al Hoceïma. Je ne suis pas au Maroc, mais j’espère toujours une issue heureuse.

(...)

Le titre de votre ouvrage est une phrase de votre mère «La vie a plus d’imagination que toi». Comment imaginez-vous la suite pour vous ?

Cette phrase me correspond bien car je suis quelqu’un qui a rarement planifié sa vie de façon stratégique, ce n’est pas dans ma nature, j’aime bien laisser place à une part d’imprévu. Je pense que c’est un état d’esprit qui est en fait assez bienvenu dans le monde qui est le nôtre, car si peu de choses peuvent aujourd’hui être prises pour acquises, si peu de chemins sont tout tracés : nous ne passons pas toute notre carrière dans la même entreprise, vos études peuvent ne pas correspondre à votre travail, les possibilités de rencontres sont infinies . Personnellement, compte tenu du milieu où j’ai grandi mais également compte tenu d’une forme de timidité naturelle qui ne se prête pas à la politique, je n’étais pas vraiment destinée à en faire. J’ ai compris que je voulais faire de la politique quand Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Aujourd’hui, je suis incapable de vous dire où je me trouverai dans 10 ans, mais pour l’heure je suis heureuse des choix que j’ai faits, de m’être donnée entièrement en tant qu’élue locale, de n’avoir jamais fait de figuration en tant que ministre . J’ai mené des combats compliqués. Aussi bien comme ministre des droits des femmes, comme la loi pénalisant les clients de la prostitution qui fut une vraie bataille difficile, à contre courants , mais qui trois ans plus tard recueille l’adhésion de 75% de la population ; que comme ministre de l’éducation lorsque j’ai entrepris de multiples réformes pour lutter contre les inégalités et les injustices sociales. Aujourd’hui, le secteur privé élargit mes horizons et dans ce processus d’élargissement, l’imprévu peut se produire aussi, je ne sais pas si l’échelle sera française ou internationale, je ne sais pas quelle forme cela prendra et si cela sera dans le secteur privé, dans une fondation, dans une ONG ou même en politique dans le sens classique du terme. Ce que j’ai compris, c’est que l’engagement revêt différentes formes et je ne me mets pas de limite.

Propos recueillis par Noufissa Charaï

L'entretien complet est à lire en cliquant ci-dessous

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Danièle Sallenave, de l'Académie Française, s'adresse aux élites méprisant les "gilets jaunes"...

27 Avril 2019 , Rédigé par France Inter Publié dans #Politique

Extraits

"La meilleure définition du populisme, je l'ai trouvée chez un intellectuel polonais à qui j'avais plusieurs fois rendu visite avant 1989 à Varsovie, l'historien Bronislaw Geremek. Enfant juif rescapé du ghetto de Varsovie, militant chrétien et laïque convaincu, séduit par le marxisme, il se passionne pour l'histoire des pauvres, des marginaux, et plus généralement pour celle des luttes sociales. Répondant à des questions du monde.fr en juin 2008, il écrit : « Le populisme exploite l'absence du peuple sur la scène publique. "

"Qui sont les Gilets jaunes ? Ce sont des gens que les habitants des grandes villes ne croisent jamais. Des gens qu'on n' entend jamais. Il y a quelque part, dans un roman de Dickens une formulation extraordinaire pour désigner justement ceux qu'on ne voit pas et qui parfois se révoltent. « Quelque chose qui parfois se soulevait comme la mer, faisait un peu de mal et de dégâts, et retombait à nouveau."

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