C’est désormais officiel : les maires pourront décider d’ici la rentrée s’ils conservent ou non la réforme des rythmes scolaires, mise en place par Vincent Peillon en 2013 puis ajustée par Benoît Hamon en 2014, qui modifiait l’organisation du temps passé par les élèves en classe. Avant l’arrivée au pouvoir de François Hollande, les enfants scolarisés en primaire allaient à l’école quatre jours par semaine, la réforme prévoyait qu’ils s’y rendent quatre jours et demi afin de réduire le temps de cours quotidien. En fait, il s’agissait de répartir le temps d’apprentissage (24 heures hebdomadaires) sur cinq matinées (et plus des après-midi).

Le reste du temps, les élèves étaient encadrés par des animateurs lors d’activités extrascolaires, financées par les municipalités avec quelques subsides de l’Etat. Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait dit sa volonté de donner plus de liberté aux maires, qui avaient d’abord eu des difficultés à mettre en œuvre la réforme avant de se dire à 83% satisfaits de celle-ci (1). Ce mercredi, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a publié au Journal Officiel un décret les autorisant à revenir sur la réforme Peillon.

Présenté au début du mois à la communauté éducative, ce décret permet un «élargissement du champ des dérogations à l’organisation de la semaine scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires publiques». Ce qui avait provoqué des protestations, notamment au Sénat. Concrètement, les municipalités et les conseils d’école (l’instance principale de concertation des établissements scolaires) pourront demander à la direction académique des services de l’Education nationale (Dasen) que l’organisation des heures de classe repasse à quatre jours, ce qui était le cas entre 2008 (où le ministre de l’Education d’alors, Xavier Darcos, avait supprimé une matinée de classe, le samedi matin) et 2013.

Ironie de l’histoire, le ministre Blanquer publie un décret que le directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Education nationale Blanquer n’aurait guère goûté. Auditionné en mai 2010 par la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, dans le cadre d’une mission d’information sur les rythmes scolaires, Jean-Michel Blanquer, qui travaillait alors au ministère avec Luc Chatel, se montrait assez critique du passage à la semaine de quatre jours (ou huit demi-journées). «Il est clair en tout cas que si la semaine de neuf demi-journées n’a pas été choisie, c’est parce que, comme l’a indiqué M. Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale, "le monde des adultes s’est entendu sur le monde des enfants"», peut-on lire dans le rapport d’information. Selon Blanquer, la semaine des quatre jours et demi présentait plusieurs avantages, dont la «continuité de la semaine […], bonne pour l’enfant». Tandis que celle de quatre jours impliquait des journées de six heures, qualifiée par Blanquer lui-même de «bien remplies, trop remplies».

(1) Selon une enquête de l’Association des maires de France citée par le Monde.

Kim Hullot-Guiot

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