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Vivement l'Ecole!

politique

Pour un espace médiatique de réflexion longue destiné au plus grand nombre...

3 Janvier 2018 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique, #Médias

Pour un espace médiatique de réflexion longue destiné au plus grand nombre...

L'article remarquable de Samuel Gontier dans Télérama (Voir post ci-dessous) pose bien le(s) problèmes(s) que l'opposition - mais pas qu'elle -  a et aura vis-à-vis de CERTAINS médias qui, de plus en plus s'éloignent de leur "cœur de cible" (informer) pour s'enfermer et NOUS enfermer dans un "système médiatico-politique" divisant les citoyens de ce pays en deux catégories. J'y reviendrai.

L'opposition face à ce tsunami de commentaires/chroniques est inaudible. Le "grand public", le citoyen lambda - je le vérifie chaque jour dans les discussions que je peux avoir avec des amis éloignés de la politique - n'a comme références que les chroniqueurs, les sondeurs (Brice Teinturier omniprésent) et quelques émissions populistes hélas très écoutées; je pense aux Grandes Gueules sur RMC et toujours sur RMC le très médiocre - je parle de ses propos - Eric Brunet (qui sévit souvent aussi chez Ardisson puisque ce "petit monde" se connait, se mélange, se croise.). Dans peu de temps, j'exagère à peine, Cyril Hanouna servira de "phare" à la pensée politique pour les français les moins politisés, les moins "éclairés" (ce n'est pas péjoratif).

Car il existe aujourd'hui - très schématiquement  - deux catégories de téléspectateurs/auditeurs/lecteurs:

- les "informés", politisés, curieux, hyper connectés, plutôt CSP+, abonnés à Télérama, Le Monde, Le Figaro et Mediapart. En très gros traits évidemment.

- les "non éclairés" que des médias - qui sont des entreprises devant faire de l'audience, donc de l'argent - attirent avec les "GG" sur RMC, les multiples talk show dont celui de Ruquier par exemple ou le "show" permet, grâce à une petite phrase extraite d'une heure d'antenne d'effacer la totalité du "talk" dans un buzz effréné qui s'étire jusqu'au samedi suivant.

Pour ce public-là, nul besoin de réflexion longue, de sujets "creusés". Du "prêt-à-penser" versant dans la facilité, voire la médiocrité paresseuse. Pire même, des erreurs monumentales, des approximations permanentes sont assénées sans la moindre correction, sans la moindre contradiction. Ou, comme chez Bourdin, des contradictions surjouées plus spectaculaires qu'informatives. Pour ce public, un politique peut se "planter" pendant 10 minutes sans que cela dérange qui que ce soit. (Je me souviens de ce passage cataclysmique d'Edouard Philippe chez Bourdin. Il fut "nul de chez nul" mais personne ne lui a adressé le moindre reproche. Très curieusement, il fut BEAUCOUP plus pointu sur le plateau de Médiapart. Il y a les émissions "nobles" et celles "populaires". La caviar contre le hamburger.

En clair, il y a - comme au restaurant - l'info 4 étoiles réservée à quelques-uns et l'info "gargote" pour les autres.

C'est ce public-là, "les autres", qu'il va falloir aller chercher. Ce n'est pas une entreprise facile tant ces français sont happés par les mâchoires de la facilité. Je le redis: ce ne sont pas des imbéciles. Mais quelques médias les prennent pour des imbéciles, voire en FONT des imbéciles.

Deux anecdotes pour finir: je prends parfois un café le matin en allant chercher mes journaux dans un bar du port. Il y a là des pêcheurs, des gens très simples avec lesquels j'aime parler et que j'aime écouter. Ils sont du "bon sens", parfois excessifs dans leurs propos mais il est intéressant de les entendre. Ici à Dieppe on penche beaucoup à gauche. C'est une ville communiste historique avec un bassin d'emplois TRES défavorisé. Ces gens-là souffrent avec dignité. J'ai beaucoup d'admiration pour eux. Et écoutant, ce matin, une conversation entre pêcheurs, j'ai entendu l'un d'entre eux, approuvé par les autres, tenir des propos "politiques" qu'il illustrait, sans rire, en citant...Hanouna et Téléstar!

Autre expérience vécue: AUCUN de mes élèves de 3e n'a jamais entendu parler de Médiapart, Télérama, l'Observateur. Je veux bien l'accepter. MAIS aucun n'a jamais entendu parler non plus du Monde, du Figaro ni de L'Express ou du Point. Leurs seules références "médias" sont des émissions de télévision (les plus populistes), "Les Infos dieppoises" (bi hebdo local) et pour certains, Paris-Normandie.

Ce n'est pas pourtant pas faute de les inciter à lire autre chose. Et pas seulement à l'occasion de la semaine de la presse au collège. Mais nous - les enseignants - ne sommes plus LA référence. Nous sommes entrés - depuis quelques temps - dans un monde qui informe, voire forme, les élèves par le biais d'outils qui nous échappent. Et évidemment, nous retrouvons les deux France dont je parlais:

- les élèves informés par des parents éclairés;

- les élèves "désinformés" par des parents qui le sont moins

Et la vie continue...

Il faudra trouver, construire, renforcer, faire connaitre des outils qui permettent d'aller vers cette dernière catégorie.

Sachant qu'il sera très difficile. de contrebalancer l'influence des "machines à buzz et à clics".

Celle ou celui qui proposera un tel espace de réflexion longue et d'échanges aura tout mon soutien.

Christophe Chartreux

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En 2018, Emmanuel Macron sera plus à gauche (que Georges Marchais)...

3 Janvier 2018 , Rédigé par Télérama Publié dans #Education, #Politique, #Médias

En 2018, Emmanuel Macron sera plus à gauche (que Georges Marchais)...

EXTRAIT - J'invite chacune et chacun à lire l'intégralité de cet article remarquable et passionnant/Voir lien en bas de page)

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Réunie dans “C dans l’air” et dans “24h Pujadas”, la fine fleur des éditorialistes a sacrifié son Jour de l’An à l’exégèse des premiers vœux télévisés d’Emmanuel Macron. Leurs analyses sans cesse renouvelées laissent penser que 2018 devrait furieusement ressembler à 2017. En tout cas, à la télé.

« Attention, danger pour Emmanuel Macron ! », prévient Bruce Toussaint. Comment ça ? On est le 1er janvier et notre président est déjà en danger ?? « Est-ce que ce sujet sensible peut faire tanguer la majorité ? » Le « sujet sensible » du présentateur de C dans l’air, sur France 5, ce sont « les migrants ». Bruce Toussaint sollicite un invité : « Est-ce que ce “et-en-même-temps” sur ce sujet précis, est-ce que ça peut marcher ? » De lacérer les tentes des exilés et-en-même-temps de gazer leurs couvertures ? « Est-ce que ça crée pas de la confusion ? » Pas du tout.

Brice Teinturier : « Il y a une constante qui est en phase avec ce que pensent majoritairement les Français. » Rien de tel qu’un sondologue pour m’informer de la constante en phase avec ce que je pense majoritairement. « Je rappelle que 65 % de nos concitoyens, depuis des années maintenant, considèrent qu’il y a trop d’immigrés en France. » Coïncidence, Ipsos leur demande depuis des années maintenant s’il y a trop d’immigrés en France. « Il y a des moments effectivement où la demande de générosité et d’humanité est très forte, nuance Brice Teinturier. On l’avait vu sur la photo du petit Eylan en 2015. Mais ça avait été très éphémère. » Ipsos n’avait même pas eu le temps de le mesurer. « Il y avait un + 9 points mesuré par mon confrère Elabe qui avait montré une émotion puis c’était retombé. » Un + 9 points d’émotion avant un brusque retour à la raison (des sondages).

« Il y a quelque chose d’assez constant, poursuit Brice Teinturier, c’est que les Français sont plutôt sur une position dure à l’égard de la question de l’immigration. » Pas plus dure que les questions qui leur sont posées par de prétendus « instituts ». « Et puis il y a cette distinction entre l’asile politique, “oui”, et l’arrivée de migrants économiques, “non”. C’est en gros ce que les Français se représentent à tort ou à raison. » Coïncidence, cette distinction est serinée par le personnel politique, les éditorialistes et les sondologues à tort ou à raison.

Brice Teinturier résume l’état de mon opinion : « Oui à un asile politique à condition que ses conditions d’opérationnalité soient bien précises. » La condition des conditions d’opérationnibilité est sans conditions, c’est très clair. « C’est tout l’objet du projet de loi. » Ouf, le gouvernement a tout prévu, même l’opérationnalitude. « Mais l’immigration économique, elle inquiète les Français. » « Y compris chez les sympathisants de gauche ? », demande Bruce Toussaint. « C'est chez eux que vous avez le clivage le plus équilibré entre une ligne d’ouverture et une ligne dure. » Ça me fait plaisir de savoir que je suis équilibré.

« Mais ça a beaucoup évolué. Quand vous avez 65 % des Français qui vous disent “il y a trop d’immigrés en France”, eh bien ça touche une partie des électeurs de gauche. » Par exemple, les électeurs de Manuel Valls, l’homme politique le plus extrêmement de gauche, au point de devenir l’étalon de la gauche à la télévision, comme le prouve la question suivante : « Gérard Collomb va-t-il plus loin que Manuel Valls ? »

(...)

Samuel Gontier

Suite et fin à lire en cliquant - absolument -  ci-dessous

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Revue de Presse Education... Récap...

3 Janvier 2018 , Rédigé par Les Cahiers Pédagogiques Publié dans #Education, #Politique, #Médias

Revue de Presse Education... Récap...

Vous avez pu peut-être vous mettre entre parenthèse lors de ces vacances. Aussi, je vous propose une petite “récap” de quelques articles présentés simplement par ordre approximatif de parution.

Et pour vous mettre en bouche, une petite “Vue du Québec” par Stéphane Allaire dans Le Quotidien dont le titre donne bien le ton : L’interdiction avant l’éducation. “On a appris récemment que, dès septembre prochain, le ministre de l’Éducation de la France, Jean-Michel Blanquer, interdira l’utilisation des téléphones intelligents aux élèves dans les écoles primaires. Cette orientation, qui avait été annoncée lors de la campagne électorale du président Emmanuel Macron, est justifiée par les motifs suivants. D’une part, on prétend que l’interdiction permettra aux élèves d’être plus attentifs en classe et de s’amuser avec leurs camarades pendant les pauses, plutôt qu’avoir le nez dans un écran. D’autre part, on affirme que la prohibition des téléphones réduira la cyberintimidation. En dépit de bonnes intentions, il est malheureux de constater que le gouvernement français privilégie l’interdiction à l’éducation.”

Le 26 déc. 2017, Claude Lelièvre sur son blog : Histoire et politiques scolaires réagit à L’étrange déclaration de Blanquer devant les représentants des cultes. ’ Jeudi dernier, le ministre de l’’Education nationale a déclaré que « les esprits sont mûrs » pour que soit développé l’enseignement du fait religieux dans l’Education nationale. De quoi peut-il s’agir puisque cet enseignement existe déjà, et que les « esprits » se sont révélés « mûrs » pour cela depuis pas mal de temps ?

Monsieur Blanquer, la discipline comme méthode d’apprentissage de la lecture n’est simplement pas la solution déclare Gabriel Cohn Bendit Professeur, ancien responsable national de l’École émancipée dans une Lettre ouverte à Jean Michel Blanquer, Ministre de l’Education Nationale.

Jean-Michel Zakhartchouk déclare, La laïcité, le fait religieux : tout sauf simple ! "En cette période de Noël où les crèches kitch côtoient les sapins en tous genres et où s’éloigne toujours plus le temps où des curés nous admonestaient de trop mélanger le profane et le sacré, « petit papa Noël » et « il est né le divin enfant », plusieurs faits ou déclarations nous font à nouveau réfléchir ce que peut être la laïcité aujourd’hui et en particulier concernant l’école."

Caroline Beyer dans le Figaro constate : La chorale revient en force à l’école. "Persuadé de son utilité pour le développement des enfants, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer mise sur le chant pour « permettre aux collégiens de prendre confiance en eux et en leur réussite »." Mais elle conclue par : “Une annonce qui laisse Loïc Saouter, directeur de la prestigieuse chorale du collège Hippolyte-Rémy de Coulommiers, un peu sceptique. « Nous connaissons bien ce type de plans, grince-t-il. Najat Vallaud-Belkacem nous avait promis la même chose l’an dernier sans que rien n’ait changé depuis (une circulaire avait été signée fin 2016 pour généraliser la pratique du chant choral, NDLR.) Et puis, comment trouver en un an autant de professeurs de chorale qu’il existe d’écoles en France ? »

Bruno Magliulo poursuit ses réflexions sur le “remplacement” d’APB : Les "attendus" dans la nouvelle plateforme "Parcours sup" : de quoi s’agit-il ? A quoi cela servira-t-il ? "Comme beaucoup le savent désormais, en France, il a été décidé de mettre en œuvre une nouvelle plateforme télématique de gestion des candidatures des bacheliers désireux de passer dans l’enseignement supérieur. Nommée "Parcours sup", elle vient remplacer en 2018 la plateforme "admission post bac" (APB") qui existait depuis 2009. Au moment où nous rédigeons cet article, la version définitive de cette nouvelle plateforme n’est pas encore connue : elle fait l’objet d’un débat parlementaire qui doit aboutir à une loi dont on espère qu’elle sera votée avant le 15 janvier 2018, date officielle du lancement de la nouvelle plateforme."

Des sociologues lancent une pétition contre la sélection à l’université, le 28 décembre 2017 ! Un peu tard, n’est-il pas ?

Le 28 décembre, sur Adozen.fr, une ancienne vidéo refait surface, l’interview de Michel Fize dans laquelle il déclarait : « Il faut supprimer les notes à l’école » en juin … 2014. “Michel Fize est sociologue et chercheur au CNRS. Il nous explique en quoi le système scolaire mériterait d’être révolutionné notamment par l’abandon des notes et même la transformation du Bac. L’enjeu, selon lui, est de développer le plaisir d’apprendre en favorisant le renforcement positif. Les élèves seraient ainsi bien plus motivés (intrinsèquement) et moins stressés.” Une ancienne vidéo, oui, mais à réécouter !

Le 29 déc. 2017 Christophe Chartreux sur son blog : Le blog de chris titre : Education - Notre école mérite un débat digne, majeur et responsable…Voilà ce que mérite notre école : un débat digne, majeur et responsable. Utile. Gardons-nous de l’enchaîner aux modes populistes, aux bassesses, aux résumés hâtifs. Et par là, de l’asservir !

Et puis la célèbre polémique est relancée par Jean Sévillia le 29/12 : Histoire de France : arrêtons les mensonges. “Faut-il débaptiser les lycées Colbert ou réhabiliter les « fusillés pour l’exemple » de 14-18 ? Il n’est pas de mois où l’actualité ne ramène une controverse suscitée par la volonté de certains de réécrire l’histoire de France selon leurs critères politiques et idéologiques. Face à la manipulation du passé par le politiquement correct, défendre l’histoire véridique est un impératif vital.”

Toute l’équipe des rédactrices et rédacteurs de votre revue vous souhaite une très belle et heureuse année 2018.

Bernard Desclaux

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Aulnay... Champigny... Attention, danger imminent...

2 Janvier 2018 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique, #Champigny

Aulnay... Champigny... Attention, danger imminent...

Danger imminent!

Après ce qui s'est passé à Aulnay et Champigny, et qui est EVIDEMMENT intolérable et inexcusable, après les indignations, les colères, les récupérations habituelles du FN et de Wauquiez (pléonasme?), il faudra que vienne l'autre temps: celui de la réflexion et de l'action.

Je me souviens d'un texte écrit et envoyé à titre privé il y a quelques mois. Dans lequel je parlais des "banlieues" et de ces jeunes écoutant des chansons appelant quasiment à la violence "anti flics", s'ennuyant à mourir, dealant à longueur de journée, absentéistes scolaires la plupart du temps. Bref des "exclus" qui sont exclus ou s'excluent d'eux-mêmes.

Résumer la jeunesse des "banlieues" à cela est évidemment TRES réducteur mais cette jeunesse existe et, hélas, voit ses rangs grossir année après année.

Beaucoup de choses ont été faites et continuent, pour certaines, de l'être:

- la police de proximité (Jospin) stupidement supprimée par Sarkozy et timidement réinstallée par Macron/Collomb sous une forme hybride qui ne convient pas;

- l'Ecole qui travaille dans des conditions difficiles. Au passage, ce n'est pas en distribuant les Fables de La Fontaine dans trois académies ou en organisant des "rentrées en chantant" que cette jeunesse trouvera matière à espérer, à rêver, à se projeter au sens de "réaliser des projets". Les projets de cette jeunesse-là s'arrêtent souvent dans les cages d'escaliers.

- de nombreuses associations réalisent aussi des petits miracles quotidiens mais isolément, chacune dans leur coin, sans beaucoup de moyens.

Je crois qu'il serait temps qu'une voix forte, que DES voix collectives, s'élèvent pour:

1- mettre en lumière ce qui est fait, parfois par des jeunes eux-mêmes;

2- exiger une sorte de "Grenelle" (je n'aime pas trop cette expression qu'on a mise à toutes les sauces) réunissant LES interlocuteurs impliqués et concernés:

Police/Justice/Education/Culture/Monde associatif/Urbanisme et architecture (Architecture scolaire et urbaine: je crois essentiel de se pencher sur les lieux de vie et de travail, lieux qui conditionnent, par leurs formes, des vies entières.), etc...

Si l'on continue de limiter nos réactions à des colères, des indignations sans lendemains, nous irons vers des tragédies et des soulèvements d'une jeunesse qui, à tort ou à raison, considère qu'elle ne fait plus partie de la République...

De cette "Nation française" dont Emmanuel Macron a très imprudemment parlé lors de ses vœux. La Nation n'est pas française. Elle est Nation. Point!

Sanctionnons mais, "en même temps", arrêtons d'exclure...

Christophe Chartreux

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L'école publique à l'ancienne... (Video)

2 Janvier 2018 , Rédigé par France Inter Publié dans #Education, #Pédagogie, #Politique

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" Il n’est plus interdit d’interdire..." - 2018 sera-t-il l’anti-Mai 68?...

2 Janvier 2018 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Politique, #Mai 68

Anticipation d’une comparaison sociale et sociétale entre l’année qui vient (2018) et la cinquantenaire dont on se souvient (1968).

Je suis le (tout) petit frère de Mai 68. Et je garde une admiration enflammée pour les barricadiers de l’amour libre et pour les incendiaires d’une consommation à laquelle ils céderont avec délices. Je ne suis pas encore, à diable ne plaise, le grand-père de la génération gnangnan, celle de 2018. Dans cette comparaison déraisonnable que déclenche la rime chiffrée des saisons, je vais essayer de m’éviter l’acrimonieux «C’était mieux avant», comme le bêta «Demain sera bien».

Mai 68 ? Mais, c’était il y a un siècle, voyons… Il paraît certain que la prometteuse et ambivalente 2018 n’aura rien à voir avec cette échauffourée d’enfants gâtés, furieuse et ardente, libératrice et libérale. L’année 2018 sera bienveillante et geek, vegan et réseauteuse, édifiante et décroissante.

Essayons pourtant de voir comment les tweets guillotineurs des années bientôt 20 font écho aux slogans de rue du joli Mai. Ou comment les murs Facebook à amitiés en chaussettes et en «likettes» pourraient se faire bombarder par les pavés des émeutiers d’avant-hier.

«Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner»

1968 est glorieuse et industrieuse. L’exode rural se poursuit et l’immobilier prospère. Les usines fument noir et les voitures roulent à tombeau ouvert. Surtout, le chômage est inconnu au bataillon. Ce qui permet la revendication salariale et l’acquisition sociale.

2018 s’annonce comme une rare trouée de bleu dans un ciel plombé depuis des décennies par la mondialisation délocalisatrice et la révolution numérique. Macron-la-Chance croise les doigts pour que les patrons qu’il chouchoute consentent à embaucher au lieu de robotiser. Le récent quadra est d’un tradi pompidolien dans son approche quand Mai 68 estimait qu’on ne pouvait tomber amoureux d’un taux de croissance. L’ennui, c’est qu’en 2018, la sociale est plus morte que vive et le syndicalisme aux abonnés absents. Un mouvement imaginatif comme Nuit debout reste lettre morte. Malgré sa fécondité, l’idée d’un revenu universel avorte. La peur du déclassement et l’angoisse du lendemain courbent les échines. Le questionnement métaphysique n’est plus de saison. La majorité de la population craint de perdre son boulot et de vider sa vie de cette distraction rémunératrice. Seules les marges continuent à interroger les modes de production. Hier, le Larzac et Lip étaient autogestionnaires. Aujourd’hui, on est zadiste ou start-upper, baba bricoleur de sobriété ou techno rivé en permanence au miroir flatteur de son écran.

«Faites l’amour, pas la guerre»

Mai 68 est le contemporain du «Summer of Love» hippie et de l’orgasmique chanson Je t’aime moi non plus de Gainsbourg. Les corps se dénudent, les droits (contraception et avortement) se conquièrent, les frustrations se liquident. Catho ou coco, la morale classique vole au vent. Les divorces recomposent les familles et les autonomies se font aventureuses et esseulées.

L’année 2018 s’annonce comme une contre-révolution sexuelle. L’égalité rêvée par 68 tardant à s’imposer, les femmes saturent des abus de pouvoir et des harcèlements masculins continués. Anonymat d’Internet aidant, elles mitraillent à tout va, ciblant les violences répertoriées comme les libidos qui leur déplaisent. Estomaqués, les hommes prennent cher. Ils n’ont pas vu le coup venir, tout à leur illusion d’avoir grandement évolué depuis 68. Prostitution interdite, porno menacé, censure féministe en remontée, l’époque rogne sur des libertés vécues comme des agressions. Et on se clashe sur #Balancetonporc tout en se «matchant» sur Tinder dans une remise en cause déstabilisante des codes de séduction français.

Si l’amour devient une guerre de (presque) toutes contre beaucoup, les conflits armés prospèrent, les marchands de canon ont les pouces aux bretelles et le pacifisme qu’espérait tant 68 se regarde avec commisération. La France de 2018 continue à jouer les gendarmes dans son pré carré africain d’autant plus facilement que Daech est un épouvantail sanglant. Entre deux attentats, on se retrouve embarrassé d’oser encore en référer au Déserteur de Vian, comme aux Deux Oncles de Brassens.

«Comment peut-on penser à l’ombre d’une chapelle ?»

Mai 68, c’est le refus des croyances et la contestation permanente, la remise en cause de l’autorité bourgeoise et du conservatisme bienséant. Surtout, c’est l’irrespect à langue tirée. 2018, c’est le respect exigé à coup de tweets hurleurs par les religions, les minorités, les disgraciés divers et variés et même par les chênes centenaires, symboles phalliques et grabataires s’il en est, qu’il faudrait enlacer au lieu de les abattre.

Mai 68 s’est construit contre l’Empire américain avant de s’y rallier à plein. 2018 va devoir se dépatouiller avec le politiquement correct qui a traversé l’océan et déconseille de rire de tout avec n’importe qui. Il n’est plus interdit d’interdire. Ce serait même recommandé. Et, c’est souvent bête à pleurer.

Luc Le Vaillant

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1968-2018 : 50 ans de Mai 68...

1 Janvier 2018 , Rédigé par France Culture Publié dans #Education, #Politique, #Histoire

2018 marque le cinquantenaire de Mai 68. Un anniversaire qui fera sans doute l'objet de nombreux débats et rétrospectives. Est-il essentiel de commémorer cet événement ? Cette année, la question de l'héritage de Mai 68 se pose avec encore plus d'acuité. Reportage de Claire Flochel.

Des barricades et des pavés au quartier latin, des centaines de milliers de personnes dans les rues, une France paralysée par des mouvements sociaux, la plus grande grève générale de son Histoire. C'est certain, Mai 68 a marqué une rupture.

Emmanuel Macron, né neuf ans après Mai 68, réfléchirait à une façon d'y revenir en 2018. Il ne songe pas à une commémoration officielle mais à une réflexion autour du rôle de l'utopie dans l'Histoire. L'Elysée en a discuté avec Daniel Cohn-Bendit. Mais cette année, celui qui incarne à lui seul Mai 68 ne veut pas participer à une éventuelle commémoration. "Je ne vois pas pourquoi 50 ans après, je continuerai à radoter" , a t-il expliqué.

Mai 68 est un événement fondateur, sa commémoration est donc une évidence pour une société, selon Pascal Ory. "Mai 68 a été un échec politique mais une réussite culturelle sur la longue durée", explique l'historien qui cite la loi Veil, le mariage pour tous, le développement de la préoccupation écologique comme exemples. "Bien que nous soyons dans une période complètement différente, nous sommes des enfants de 68 en ce qui concerne les genres de vie", dit encore Pascal Ory.

Un anniversaire loin de faire l'unanimité

Comme Nicolas Sarkozy qui voulait, en 2007, liquider l'héritage de Mai 68, cette année encore la droite s'insurge contre la commémoration d'un mouvement qui a marqué, selon elle, le début de la fin, la fin du respect de l'autorité et la fin de la morale. Les débats ne font que commencer en ce début d'année, mais l'historien Jean Garrigues estime qu'ils ont au moins le mérite d'entretenir la mémoire : "La mémoire de Mai 68 se perd aujourd'hui, il est donc important de la faire revivre et de rappeler ce qu'a signifié ce moment dans notre vie nationale".  

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C'était en août 2017... Monsieur le Président, la semaine de 4 jours est une déscolarisation institutionnelle... Par Jean-Paul Delahaye...

30 Décembre 2017 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education, #Politique

Résultat de recherche d'images pour "semaine de quatre jours"

Chaque jour, un "article" revenant sur l'année 2017...

Un choix arbitraire...

Mais de coeur...

Christophe Chartreux

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EXTRAIT

Monsieur le Président, votre décision de rendre à nouveau possible la semaine de 4 jours est une désolarisation institutionnelle. C'est une facilité qui signe un retour aux errements de 2008. Cette capitulation devant les intérêts particuliers est un coup porté à tous les enfants en général mais singulièrement aux enfants des milieux populaires qui n’ont que l’école pour construire leur devenir.

Jean-Paul Delahaye

Ancien directeur général de l’enseignement scolaire (2012-2014)

Monsieur le Président de la République, la semaine de 4 jours est une déscolarisation institutionnelle

Nous sommes un curieux pays, Monsieur le Président de la République, qui considère que les enfants apprendront d’autant mieux qu’ils fréquenteront moins l’école primaire. Pourtant, comme vous le savez, les mauvais résultats de 30 % de nos élèves de 15 ans aux évaluations nationales et internationales proviennent pour l’essentiel de difficultés non résolues au début de leur scolarité. Or, en 2008, le gouvernement de l’époque a décidé contre toute logique de supprimer une matinée de classe à l’école primaire française, c’est-à-dire de priver les enfants d’un bon temps scolaire, en concentrant les 24 h de classe sur 4 lourdes journées de 6h. Une exception sur la planète qui a eu pour conséquence de réduire le temps scolaire de nos élèves du primaire à 144 jours de classe, contre par exemple 190 pour les enfants du Royaume-Uni, 210 pour ceux d’Italie et du Danemark. Mais il est vrai que, suite à cette décision nuisible aux enfants, les collectivités locales ont fait des économies de fonctionnement et de transport scolaire, les parents qui le pouvaient ont pu combler ce manque d’école en finançant des activités complémentaires et les enseignants ont bénéficié d’une organisation leur enlevant une matinée de classe. Comme le disait en 2010 le directeur général de l’enseignement scolaire, qui est aujourd’hui votre ministre, tout cela a été rendu possible parce que "le monde des adultes s’est entendu sur le monde des enfants". Et il avait parfaitement raison.

Plusieurs textes majeurs ont d’ailleurs rapidement dénoncé cette décision. Je crois utile, Monsieur le Président, de vous les rappeler car ils n’ont peut-être pas été portés à votre connaissance. Ils sont toujours d’actualité.

(...)

Jean-Paul Delahaye

Le billet complet (d'une très grande hauteur de vue) est à retrouver en cliquant ci-dessous

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Education - Notre école mérite un débat digne, majeur et responsable...

29 Décembre 2017 , Rédigé par christophe Publié dans #Education, #Politique

Education - Notre école mérite un débat digne, majeur et responsable...

2017 s'achève. Une année difficile pour celles et ceux ayant démocratiquement lutté pour un résultat politique qui ne fut pas celui de leurs attentes... Il est temps de dire ce que pourrait être, ce que nous aimerions que soit la forme du débat éducatif et pédagogique en cette année 2018 qui va commencer. Le dire de manière la moins bavarde possible, les "babillages" et bavardages ayant trop souvent pris le pas sur la réflexion longue, posée, mesurée et pourtant bien plus nécessaire et utile que toutes les conversations de plateaux télé et radios dont le "bruit" a couvert souvent l'intelligence raisonnable.

Les débats éducatifs et pédagogiques sont toujours passionnants et passionnels. Ils sont l'occasion de disputes mémorables, d'invectives, d'injures, de crêpages de chignons et autres prises de position, chacun défendant bec et ongles sa "chapelle". Ils offrent aussi et heureusement la possibilité de rencontres enrichissantes, de partages, d'échanges et d'amitiés sincères, y compris avec celles et ceux ne partageant pas les mêmes points de vue.

Mais revenons sur ce quinquennat achevé il y a six mois.

Ce fut - je parle ici du seul sujet qui m'importe: l'éducation, l'Ecole au sens large du terme - un long parcours ponctué de débats médiocres sur des sujets qui ne l'étaient pas. Oui le débat public méritait mieux que ces petites polémiques permanentes, répétées, offrant aux chroniqueurs l'occasion de "surfer" sur l'accessoire quand il aurait fallu se concentrer sur l'essentiel. Pendant cinq ans, tout fut mis en oeuvre, involontairement ET volontairement parfois, pour abaisser le niveau, pour disqualifier des chercheurs devenus inaudibles tant les échanges couvraient leurs voix, effaçaient leurs écrits. Les petites mesquineries ont réussi le triste exploit de vaincre les convictions, de dénigrer les compétences, d'abaisser les savoirs alors que ces convictions, compétences et savoirs contenaient tout ce qui aurait pu, ce qui aurait du rendre au débat public son intelligence.

Alors, petit à petit, subrepticement, à bas-bruit mais aussi à haute voix, les caricatures, les définitions grossières et mensongères souvent, les fantasmes entretenus, les fausses nouvelles - les "fakenews" - sont venus submerger la réflexion. Vouloir une école juste devenait aussitôt un "nivellement par le bas". Vouloir initier plus d'élèves aux langues mortes était traduit par une "mort annoncée de la civilisation", rien que ça. Réformer le collège était considéré comme une atteinte aux savoirs fondamentaux et aux disciplines. Et ainsi de suite dans un flot continu de mauvaise foi, de stériles échanges sur les réseaux dits "sociaux", sur les plateaux télés et radios faisant la part belle aux plus démagogiques, aux plus réactionnaires, aux plus menteurs et fiers de l'être. La contradiction légitime devenait inaudible. Un Eric Zemmour devenait tout à coup plus expert qu'un François Dubet ou qu'un Philippe Meirieu. Le populisme, déjà, l'emportait. L'immédiateté tuait le "temps long". Le buzz "faisait" l'actualité. Quant au grand public, parfois peu informé, voire désinformé, il était tenu à l'écart et méthodiquement sommé de se ranger sous la bannière des "vrais défenseurs" de la République, dont la droite la plus réactionnaire et la fachospère omniprésente. Ainsi fut perdue la "reine des batailles": celle des idées!
 
Tout cela doit cesser au risque mortifère pour notre école d'entrer dans une longue nuit conservatrice. Comment un Président de la République, jeune, dynamique et sincèrement européen, peut-il valider, encourager un projet éducatif tourné davantage vers le passé, replié sur des souvenirs fantasmés d'une école très franco-française quand il faudrait ouvrir les yeux et nous inspirer - sans le copier/coller - de ce qui se fait de mieux au sein de l'Union européenne? Comment accepter que notre école primaire persévère dans l'erreur avec cette absurde semaine de quatre jours?
 
2018 devra rendre la parole et la réflexion aux chercheurs, aux penseurs éclairés et éclairants, à toutes celles et ceux qu'on a fait taire. Ces chercheurs et penseurs, femmes et hommes de raison, pas toutes et tous d'accord entre eux mais justement, avec leurs différences, remettant à l'honneur la "disputatio" remplacée depuis des années par l'écume des futilités accessoires et la facilité. Ainsi sera remportée une autre bataille essentielle: celle de la culture! Une culture ouverte, plurielle, éloignée des condensés de raisonnement en 280 signes.
 
Voilà ce que mérite notre école: un débat digne, majeur et responsable. Utile.
 
Gardons-nous de l'enchaîner aux modes populistes, aux bassesses, aux résumés hâtifs. Et par là, de l'asservir!
 
Christophe Chartreux

 

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