(...) Najat Vallaud-Belkacem présentait ce mardi un bilan - qui ressemblait plus à un point d’étape - de l’action du gouvernement en faveur de la mixité sociale dans les collèges.

Quelle était l’idée de départ ? C’était l’un des engagements de la gauche à son arrivée au pouvoir en 2012 : prendre des mesures pour lutter contre les établissements-ghettos. «La ségrégation qui existe dans nos établissements n’est pas un ressenti ou un fantasme : c’est une réalité, dont nous connaissons l’ampleur, et dont nous mesurons les effets délétères», a réaffirmé la ministre, mardi. Le constat ne fait plus débat, la situation est connue de tous, pointée par les enquêtes internationales (et dernièrement Pisa). En France, 63 % des collégiens d’origine sociale défavorisée sont scolarisés dans seulement 10 % des établissements. La ségrégation est plus forte dans les grandes villes, où les familles contournent plus la carte scolaire car les collèges sont proches les uns des autres.

L’objectif d’une plus grande mixité avait été inscrit dans la fameuse loi de refondation de l’école de 2013. Mais il a fallu attendre les attentats de janvier 2015 pour que les choses commencent un peu à bouger… La ministre avait alors lancé un appel à la mobilisation aux départements volontaires. L’originalité de son plan tenait surtout à la méthode. Plutôt que d’«imposer une énième réforme de la carte scolaire par le haut», la ministre proposait de prendre le problème à l’envers : aider chaque territoire à trouver des solutions locales, du cousu main. Et prenant le temps de convaincre les parents qu’il est dans l’intérêt de leur enfant d’être dans un établissement mixte. Beaucoup l’ignorent, mais la recherche scientifique a montré que la mixité dans un collège (et dans la classe !) a des effets positifs ou neutres sur les résultats scolaires de la quasi-totalité des élèves (exception faite de la petite élite des très bons élèves). En novembre 2015, la ministre annonçait avoir «convaincu» 20 départements «de droite et de gauche» de participer à l’expérimentation, portant à chaque fois sur un territoire bien délimité : un périmètre comprenant deux ou trois collèges proches les uns des autres et avec des écarts significatifs dans leur composition sociale.

Où en est-on aujourd’hui ?

A la rentrée 2016, sur les 20 projets annoncés un an avant, 12 se sont concrétisés, selon le ministère. Certains élus locaux ont renoncé en cours de route, d’autres ont reporté à la rentrée 2017, parfois en réduisant la voilure, comme Paris qui a divisé par trois le nombre de projets envisagés. «L’acceptabilité politique des maires d’arrondissement était une condition indispensable», a expliqué le rectorat, mardi, lors de la journée d’études organisée par le ministère mardi. En clair, toucher à la carte scolaire est très souvent sujet à mécontentement. Vallaud-Belkacem avait convié au pied de la tour Eiffel élus locaux, rectorats, chercheurs scientifiques et… journalistes pour dresser un premier bilan. Et surtout, annoncer un nouveau chiffre triomphant : «Désormais, ce sont 27 académies, 46 départements, 82 projets et 248 collèges qui sont investis dans la démarche !»

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Marie Piquemal