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Vivement l'Ecole!

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Revue de Presse Education... Fabulettes - TAP en PLS - Nuances et perspectives - Vive la presse!

21 Mars 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Fabulettes - TAP en PLS - Nuances et perspectives - Vive la presse!

Cette semaine encore une fois nous n’échappons pas au Coronavirus ni aux fabulettes de Jean-Michel Blanquer. Le monde quand même vit, respire et s’interroge, hors de cette chambre d’écho épidémique, sur la frénésie des classements et des évaluations, les conditions de la réussite scolaire et les apports du distanciel (entre autres). Et, à l’heure de la semaine de la presse et des médias à l’école, l’éducation aux médias nous offre des billes pour prendre du recul (poke aux profs-doc).


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Illustration de Fabien Crégut
Les fabulettes de Jean-Michel

On se contamine à la maison mais pas à l’école. Nous apprenons ainsi que le COVID applique magiquement les gestes barrière et que les établissements scolaires constituent de véritables sanctuaires. « Les enfants qui sont contaminés, la plupart du temps quand on remonte la chaîne de contamination, ce n’est pas du tout à l’école qu’ils se sont contaminés, ils se sont contaminés en famille  », a expliqué Jean-Michel Blanquer au micro de BFML’OBS , fort facétieux relève que dans la même interview le ministre a donné un taux d’incidence dans les écoles plus élevé que le niveau pris en compte pour appliquer des mesures de confinement (version 1, 2 ou 3 ?). Il a aussi évalué à un peu plus de 2000 le nombre de classes fermées. Le site vousnousils souligne la hausse inquiétante des chiffres. « On compte 2018 classes fermées, contre 833 la semaine dernière. Et du côté des personnels, 1809 personnes positives au covid-19, contre 1106 la semaine dernière. » La réalité dépasse la méthode Coué. Les difficultés de remplacement face à l’augmentation des cas chez les enseignants inquiètent les parents d’élèves comme c’est le cas à Nantes où leur mobilisation est relayée par France Bleu.

Rassurez-vous, des mesures sont prises à commencer par la demi-jauge pour les lycées. Au fil des mois pandémiques, notre vocabulaire s’enrichit. En ce début de 3e confinement qualifié « d’hybride » le terme de demi-jauge tient la corde de mot vedette. Mais attention, il y a demi-jauge et demi-jauge. « En ce qui concerne les lycées de ces 16 départements confinés, le ministère de l’Éducation nationale a précisé à franceinfo que la "demi-jauge" évoquée par le Premier ministre s’entendait à l’échelle du lycée, et non pas à celui d’une classe. Il s’agit d’un "fonctionnement hybride". Les lycées ne devront donc pas diviser les classes en deux groupes. Mais c’est au niveau de l’effectif global de l’établissement que cela devra se faire. » peut-on lire sur le site France Info . Mesdames et messieurs les Perdirs, nous vous souhaitons un bon week-end de casse-tête. « Est-ce que le ministère réalise que les chefs d’établissements concernés vont devoir réaménager toute la vie de leur établissement et informer les familles en une journée ? Qu’ils vont sans doute passer le week-end à répondre aux parents qui auront légitimement des questions ? », interroge Stéphane Crochet, de l’Unsa dans Libération.


TAP en PLS

Les enseignants sont en première ligne pour éprouver le triptyque TAP « Tester, Alerter Protéger » dans des conditions plutôt brouillonnes et contrariantes. Ils ont constaté qu’ils devaient contribuer au déploiement des tests salivaires y compris pécuniairement. « Ces tests salivaires, présentés par le ministre de l’Éducation nationale comme l’outil majeur pour maintenir les écoles ouvertes, seront gratuits pour les enfants. Les enseignants peuvent en bénéficier à l’occasion du passage des équipes des laboratoires dans les établissements. Mais ils devront débourser un euro, soit le reste à charge appliqué par l’Assurance maladie. » explique France-Info. « Ce n’est pas pour la somme, mais c’est pour ce que cela renvoie comme image de la relation avec notre employeur », regrette une enseignante. Le regret vaut aussi pour les vaccins pour lesquels les personnels de l’éducation ne sont pas jugés prioritaires. « Ainsi, s’il est vrai que d’autres pays ont commencé la vaccination des enseignants, il faut rappeler que les enseignants sont prioritaires aux États-Unis uniquement après les maisons de retraite et les soignants ou qu’en Espagne ils font partie de la deuxième vague de la campagne de vaccination. Néanmoins, d’autres nations - l’Italie ou le Portugal- les ont effectivement pris en compte comme prioritaires de première ligne. » explique 20 Minutes.
Le contraste est donc fort entre des déclarations gouvernementales énamourées sur le rôle primordial des écoles (et donc la nécessité de les laisser ouvertes) et le mépris ressenti par les enseignants à leur égard. Pourtant, La Croix relève dans un rapport de la Cour des Comptes sur l’école « Si la mobilisation des enseignants pour assurer la continuité pédagogique a été « réelle et rapide » pendant la crise sanitaire, des efforts doivent être accomplis pour mieux les former aux usages numériques et structurer les enseignements. ».


Nuances et perspectives

Puisque le présent est tortueux, prenons de la hauteur pour réfléchir sur ce qui bouge. Bruno Magliulo s’intéresse à l’évolution de l’évaluation en s’interrogeant sur la complémentarité ou la concurrence entre évaluation interne (contrôle continu) et évaluation externe (épreuves nationales). « Dans quelle mesure l’accroissement progressif de la prise en compte du contrôle continu défavorise-t-elle les élèves scolarisés dans des établissements sélectifs ?  ». L’évaluation par compétences est une des réponses qu’il apporte à la question.

Pour les lycées, évaluation ou classement ? «  En 2021, le classement des lycées de l’Etudiant observe une forte augmentation de la note obtenue par les établissements  », une progression due aux bons résultats au bac. La revue précise que dans ce contexte, ce sont les critères d’accompagnement qui sont déterminants. « Les lycées dits "accompagnateurs, qui ont pour vocation de suivre les élèves pendant tout le cycle terminal et de les faire progresser, tirent donc leur épingle du jeu.  » Ainsi, le lycée Germaine Tillon du Bourget (93) est classé 4e. Il est toutefois absent du top ten du Figaro qui lui préfère (comme c’est étonnant) le lycée Stanislas. Le choix des données pèse sur les classements.
Claude Lelièvre alerte d’ailleurs sur les comparaisons hâtives en particulier celles entre le public et le privé. « Il est d’autant plus absurde de prétendre faire des comparaisons fondées entre le secteur public et le secteur privé que seuls 7% des élèves de terminale ont eu une scolarité uniquement dans le privé, 53% uniquement dans le public, et 40% dans le public puis le privé ou dans le privé puis le public.  »

L’école branchée fait un retour sur une conférence donnée par John Hattie sur (entre autres) la rétroaction pédagogique « Ce qui manque trop souvent dans la rétroaction offerte aux élèves, selon le chercheur John Hattie, c’est une indication vers la prochaine étape requise pour progresser, le « what’s next ». Et pour favoriser le progrès, il faut viser l’engagement. Attention toutefois, rappelle-t-il, « faire quelque chose » ne veut pas dire « être engagé  » !

L’Etudiant salue « des innovations qui viendront sans doute enrichir durablement le fonctionnement des universités et grandes écoles... ». Les enseignants du supérieur sont descendus de leur estrade pour se creuser les méninges et selon l’un d’eux, «  aménager le calvaire pour en faire un terrain d’expérimentations pédagogiques ». Une perspective positive pour un secteur particulièrement touché par les effets délétères du distanciel prolongé.

Un travail de fond semble toutefois nécessaire pour soigner le malaise enseignant et envisager de profonds changements pour une école réellement démocratique. « Il me semble urgent d’engager une véritable réflexion pédagogique pour construire une école plus juste et plus efficace, car ce qui est sûr, c’est que l’on ne pourra pas enseigner dans l’école d’après avec la pédagogie d’hier... » souligne Philippe Watrelot dans un entretien pour la revue "Animation & Education" de l’OCCE. Un article intitulé très justement « Avant de penser l’École, il faudrait la panser ! ». Et il y a du travail !


Vive la presse

Que serait cette revue sans toutes les publications qui nous informent ? Rien du tout, nada ! La presse se fête et s’expérimente la semaine prochaine. Radio-France met les petits plats dans les grands avec InterClass’UP, plateforme destinée à l’éducation aux médias, un prolongement voire une démultiplication des formidables Interclass’, émissions construites par des lycéens en collaboration avec des journalistes de France Inter. La chaîne publique de radios a également ouvert une plateforme de ressources pour les lycéens et les étudiants. « Après une année marquée par des conditions d’enseignement difficiles, lycéens et étudiants s’apprêtent à passer les traditionnels examens de fin d’année. Avec ce nouvel espace, Radio France entend leur fournir des outils et des clés d’apprentissage complémentaires aux cours dispensés par leurs enseignants.  ».
« La Semaine de la presse et des médias dans l’école, organisée du 22 au 27 mars 2021, portera sur le thème "s’informer pour comprendre le monde". Elle abordera également la liberté d’expression pour rendre hommage à Samuel Paty. » explique le Journal des Femmes avec un lien vers le site du CLEMI.
La presse quotidienne régionale s’associe à l’évènement comme La voix du Nord à Grande Synthe. « Une série de rendez-vous en ligne est organisée par l’Alliance pour l’éducation aux médias (Apem), émanation de l’Alliance de la presse d’information générale, qui regroupe 300 quotidiens régionaux et nationaux. » explique la Montagne. Une moisson de ressources pour fêter la presse et porter haut et fort la liberté d’expression.

Cette semaine aux manettes Monique Royer

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"Comment la Finlande a-t-elle vaincu les "fake news" ?" - Par l'Ecole...

21 Mars 2021 , Rédigé par France Inter Publié dans #Education, #Médias

Ce que contient la loi française contre les "fake news"

On part en Finlande qui a trouvé la solution contre les FakeNews. Les Finlandais ont même une arme secrète : leurs enfants ! Alors qu’a priori ce sont eux qui sont le plus souvent victimes de la désinformation – le portable étant une prolongation d’eux-mêmes - ; la Finlande a trouvé le moyen d’en faire la solution.

Le tout mesuré par l’Union européenne dans un classement annuel d’éducation aux médias. La Finlande est largement en tête des 35 pays de l’enquête, alors que la France, par exemple, se classe misérablement entre la Slovénie et l’Espagne à la 15e place.

La recette est simple : éducation aux médias et ce depuis le plus jeune âge. C’est-à-dire à compter de six ans ! Depuis 2014, dans toutes les matières enseignées et à tous les âges, on apprend à critiquer les infos ou à repérer les mensonges.

La Russie pour bruyant voisin

L’annexion par la Russie de la Crimée a rappelé de très mauvais souvenirs aux Finlandais – qui ont gagné leur indépendance de Moscou en 1917 – mais surtout, la Finlande et l’Estonie – la république balte sœur – ont servi de banc d’essai à Moscou.

Attaques informatiques en règle, campagnes de désinformation et… multiplication des fake news : la Finlande était une cible de choix : elle n’est pas encore membre de l’OTAN mais se prépare à le devenir.

Donc, face à Moscou, Helsinki a dégainé le meilleur de son modèle social, à savoir l’éducation. Après tout, la Finlande est encore aujourd’hui en tête des pays de l’UE dans le classement PISA des systèmes éducatifs pour « la compréhension de la lecture ».

Bien nommer le problème

D’abord "fake news" est trop général et recoupe mal des réalités différentes : 

- il y a la mésinformation, c’est-à-dire la simple erreur factuelle ; 

- la désinformation, c’est-à-dire le mensonge délibéré pour nuire.

Mais aussi la malinformation ou le ragot qui peut être vrai mais qui est diffusé dans le seul but de blesser. Et puis il y a les travaux pratiques. En maths, par exemple, on décortique des stats pour montrer qu’elles peuvent être manipulées, en art on étudie l’utilisation des images et des vidéos, en histoire on s’attarde sur la propagande et ses conséquences et en littérature sur la polyphonie des mots.

Avant tout, les enfants adorent le côté "petit détective de l’info" que ce programme met en avant et il y a des résultats concrets : lorsqu’il s’est agi de vacciner contre le papillomavirus, les parents se sont montrés d’emblée réticents. Ce sont leurs filles qui les ont convaincus et cette campagne a été un vrai succès. L’arme secrète de Finlandais, l’éducation, a parfaitement joué son rôle.

Anthony Bellanger

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Revue de Presse Education... Inégalités H/F - Harcèlement - Covid - Enseignement supéireur...

15 Mars 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Inégalités H/F - Harcèlement - Covid - Enseignement supéireur...

Dans cette revue de presse, il sera beaucoup question d’aspects peu réjouissants pour notre système éducatif, bien éprouvé par la pandémie et quelques contrecoups. Il sera ainsi de question des inégalités hommes-femmes, de l’école à l’ère de la pandémie, de l’enseignement supérieur lui aussi aux prises avec le COVID, de prévention du harcèlement et des violences en milieu scolaire ainsi que de la très lassante polémique autour de l’islamophobie, de l’islamo-gauchisme et de ses conséquences pour les libertés académiques. Je conclurai tout de même avec des informations diverses un peu plus réjouissantes.

Inégalités hommes-femmes

En cette semaine du 8 mars, la question des inégalités hommes-femmes et ce que fait l’école pour les résorber est un thème abordé sous plusieurs angles.
Ainsi, l’excellent podcast 7 milliards de voisins de RFI aborde la question délicate et brûlante de l’impact du Covid sur l’éducation et scolarisation des jeunes filles : « Plus de 11 millions de filles dans le monde sont menacées de ne pas retourner à l’école après la crise de la Covid-19 (Unesco), elles manquent à l’appel essentiellement en Afrique.
Déscolarisées, certaines ont été contraintes au mariage ou ont été victimes d’abus sexuels. La pandémie va-t-elle anéantir des années d’effort vers l’égalité filles garçons ? Quels choix politiques pour protéger la scolarité des filles ?
 »
Le Monde aborde la question du contrôle social des jeunes filles en milieu rural, un entretien là aussi très intéressant mais hélas réservé aux abonnés :« Des Deux-Sèvres, en passant par les Ardennes désindustrialisées et les touristiques presqu’île de Crozon (Finistère) et massif de la Chartreuse, Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, a étudié les trajectoires des « filles du coin », dans l’ouvrage du même nom à paraître le 18 mars (Presses de Sciences Po, 264 p., 23 €). Celles qui, souvent de catégorie populaire, voient leur destin scolaire et professionnel largement déterminé par la géographie, et qui jouent la carte de la débrouille, loin des grandes villes. Celles, encore, qui doivent composer avec la polarisation genrée des rôles sociaux et des emplois disponibles dans leur territoire. » Les loisirs y sont plus limités pour elles que pour les garçons, et la question de la réputation, déjà assez genrée, est encore plus contraignante en milieu rural où le relatif anonymat n’est guère possible.
L’Etudiant pointe des obstacles persistant sur le chemin de l’égalité hommes-femmes dans l’enseignement supérieur. Ils sont très classiques, et on retrouve la maternité au premier rang de ces écueils : « Les trajectoires de carrières dans l’enseignement supérieur sont toujours défavorables aux femmes par rapport aux hommes. Il existe en effet plusieurs points de blocage, dont la maternité, qui favorisent le décrochage des femmes dans leurs parcours. Décryptage. »
Enfin, le gouvernement propose son édition 2021 des données statistiques sur les différences de parcours entre filles et garçons, de l’école à l’enseignement supérieur. Il y a encore du boulot.


Lutte contre le harcèlement et les violences en milieu scolaire

A la suite de la mort tragique d’une jeune fille, victime de harcèlement et retrouvée noyée dans la Seine à Argenteuil après avoir été frappée par deux camarades, Marlène Schiappa annonce la création d’un comité des parents contre le harcèlement, rapporte franceinfo :« Marlène Schiappa annonce dimanche 14 mars sur franceinfo la création d’"un comité" pour "mieux outiller les parents" contre le harcèlement scolaire. Invitée du 8.30 franceinfo, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la Citoyenneté, estime que "face à la question du harcèlement", les parents "n’ont pas encore été assez partie prenante". "Je crois qu’aucun parent n’imagine que son propre enfant est en train de participer à un phénomène de harcèlement ou de cyberharcèlement". »
Dans le même esprit, France 3 relaie la proposition d’un chef d’établissement de Seine-Saint-Denis d’inscrire dans les programmes l’éducation aux réseaux sociaux : « La mort d’Alisha, une adolescente de 14 ans, frappée puis noyée par deux de ses camarades de classe à Argenteuil ce lundi a ravivé de nombreuses problématiques liées au harcèlement subit par certains adolescents sur les réseaux sociaux. Radouane M’Hamdi, chef d’établissement d’un lycée à Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis, pose un diagnostic "alarmant" qui relève des "problèmes de harcèlement scolaire de plus en plus nombreux et complexes".
Face à cette constatation, il propose en tant que secrétaire départemental du Syndicat National des Personnels de Direction de l’Education Nationale d’inscrire dans les programmes scolaires l’éducation aux réseaux sociaux.
"Il faut sensibiliser les élèves à ces problématiques graves, afin qu’ils puissent en prendre conscience et agir en conséquence lorsqu’ils y sont confrontés", a-t-il confié à France 3 Paris Ile-de-France . Pour se faire, il demande, entre autres, le passage à 30 heures de vie de classe par an contre 10 actuellement
. »
Signalons également une tribune d’élus sur le sujet du harcèlement dans l’Opinion.
Dans un autre registre, France Bleu évoque la mobilisation des parents d’élèves d’une petite école pour améliorer le climat scolaire très dégradé dans une classe. Il semblerait qu’il devienne nécessaire de bloquer une école pour obtenir des moyens décents pour s’occuper des élèves en difficulté :« Ils tirent la sonnette d’alarme depuis des mois et avaient prévenu, si rien n’est fait, ils bloqueraient l’école ce vendredi 12 mars. Parents et élus de Saint-Éloi-de-Fourques sont donc passés à l’acte. Toute la journée, ils se sont relayés devant l’établissement pour alerter sur la situation. "On veut que nos enfants retrouvent une scolarité tout à fait normale, parce que là, ils ont plus de trois mois de retard, les tables de multiplication ne sont pas encore faites, ni le présent, ni le futur" explique Sophie, la mère d’Emma, scolarisée dans la classe de CP-CE1. Les parents formulent plusieurs demandes : le dédoublement de la classe, la présence d’un maître G (enseignant spécialisé) et d’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) pour aider les enfants qui causent des troubles. Selon les parents et le maire de la commune, il n’y a pas en effet un seul enfant à l’origine des violences et des incivilités mais "cinq ou six" avance la petite Emma, qui a été agressée par un camarade. »
Enfin, des élus et anciens élus du PS réclament dans une tribune des cours d’éducation sexuelle à l’école pour prévenir les agressions et autres comportements de ce type : « De #MeToo à #MeTooInceste en passant par #MeTooGay, la question du consentement demeure au cœur de l’actualité. Pourtant, rien ne semble être fait pour construire collectivement une approche commune du consentement, nécessaire à l’établissement d’une véritable culture renouvelée des relations affectives et sexuelles pour toutes et tous. La notion de consentement est pourtant une des conditions sine qua non à la prévention des violences sexuelles, mais aussi à la construction d’un vivre-ensemble autour de valeurs communes. »


Ecoles et COVID

La Croix tire un bilan intéressant de la continuité pédagogique pendant le premier confinement et d’un an de pandémie :« Depuis mars dernier, l’éducation nationale, souvent dépeinte en « mammouth », a su faire preuve d’agilité, même si la continuité pédagogique s’est appliquée diversement. Elle a surtout entrepris un réel effort de rattrapage en matière de numérique. »
France Info souligne également les efforts fournis par les enseignantes (semaine du 8 mars oblige) pendant le confinement : « Depuis le début de la pandémie de coronavirus Covid-19 il y a un an, elles ont souvent dû faire bien plus que leur métier, voire le réinventer. Émilie et Caroline, enseignante dans les Bouches-du-Rhône, cheffe d’établissement en Essonne, n’ont jamais hésité.
D’abord, pendant le premier confinement, à Marseille, lors duquel Émilie a dû gérer pour certains de ses élèves la fracture numérique, bien sûr, mais pas uniquement. "J’ai fait des exercices au téléphone, explique-t-elle, et des dictées aussi au téléphone. On s’est aussi occupé de livrer des paniers alimentaires à des familles qui n’avaient plus accès à l’aide alimentaire."
 »
Je vous recommande également de lire un excellent entretien avec Mélanie Héard paru sur le site des Cahiers pédagogiques. On y parle de la balance coûts/bénéfice de l’ouverture des écoles en temps de COVID et de la nécessité de sécuriser l’ouverture pour tous ( partie qu’oublie régulièrement M. Blanquer) : « Au départ, il y a une nette différence d’appréciation du risque encouru à l’école par les élèves et les enseignants. La note de Terra Nova, « Pour une autre stratégie de lutte contre le Covid à l’école », commence par cette phrase : « Les connaissances scientifiques accumulées depuis près d’un an ne laissent plus aucun doute : 1) les enfants sont des vecteurs de transmission de l’épidémie, et 2) l’école est impliquée dans sa diffusion. »
Or, le 2 mars dernier, sur France Inter, Jean-Michel Blanquer, se référant à une « étude du professeur Fontanet », réaffirmait : « Bien sûr qu’il y a des contaminations à l’école, mais pas plus qu’en dehors. Pour l’enseignement primaire, c’est même moins que dans le reste de la société. »
Mélanie Heard décrypte : « Il s’agit d’un édito, pas d’une étude, ce n’est pas la même chose. Ce papier d’Arnaud Fontanet dans le British Medical Journal explique que les enfants sont à risque à l’école dès lors que l’incidence est forte dans la population générale (ce que personne ne conteste en France aujourd’hui), et que le problème majeur est qu’ils vont transmettre le virus à leurs parents et grands-parents, et donc qu’il faut sécuriser les écoles. Il n’y a pas de controverse scientifique, il y a un consensus sur la réalité du risque à l’école. L’école ne protège pas du Covid ! »
Pour autant, la note publiée par Terra Nova n’a pas été écrite dans un objectif polémique, mais dans une approche constructive, pour appeler à mettre autour de la table « toutes les énergies disponibles et volontaires », explique Mélanie Heard.
 »
Et puisque je parlais de M. Blanquer, il nous offre ces jours-ci un festival de voeux pieux et de pensées magiques qui, à coup sûr, vont beaucoup nous aider à lutter contre le virus. Le dernier exemple en date ? Cette interview au Parisien où pêle mêle, il "espère" sans aucune espèce de supposition raisonnable que les épreuves terminales du bac pourront se tenir normalement (ou comment se préoccuper davantage du sort de sa réforme que de l’intérêt des élèves), il explique qu’on ne doit fermer les écoles seulement après avoir tout essayé (tout en n’essayant rien) en est une nouvelle (et lassante) illustration :
« Au moment où les chiffres épidémiques s’emballent et que la rumeur d’un nouveau confinement — total ou partiel — plane sur le pays, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer entend tout faire pour préserver l’école et éviter le même scénario qu’au mois de mars 2020.
Inquiet face aux phénomènes de violences entre jeunes et de harcèlement, il livre pour notre journal ses premières pistes. Il affirme que « cette violence que l’on voit chez les plus jeunes serait pire si les écoles avaient été fermées ».
Quant à la prochaine présidentielle et les régionales de juin, il défend l’idée d’un front républicain pour contrer le RN, même si cela devait être au détriment d’Emmanuel Macron et de sa majorité. Enfin celui qui a renoncé à être la tête de liste d’En Marche en Ile-de-France pour le prochain scrutin, n’exclut pas d’être candidat lors des prochaines élections législatives en 2022.
 »
Toujours dans le Parisien, une piqûre de rappel à M. le ministre : si on maintient les écoles ouvertes, il serait bon de vacciner les enseignants en priorité : « « Je suis toute la journée au contact d’enfants potentiellement porteurs du Covid-19. Ils ont moins de six ans, donc ne portent pas de masque. On est dans la même pièce pendant sept heures. Chaque soir, je rentre chez moi en craignant d’avoir chopé le coronavirus … Et je ne vais pas faire un test PCR tous les matins ! » Coralie, professeure des écoles en Seine-Saint-Denis, espère toujours être vaccinée « très rapidement ». Las : à 36 ans, et sans aucune comorbidité, il lui faudra patienter quelques mois. La priorité aux profs, souhaitée dès le début de la campagne de vaccination par Jean-Michel Blanquer, est pour l’instant passée à la trappe. »
De toute évidence, les grands discours sur l’école, poumon de la République, comme les promesses (surtout celles de M. Blanquer), n’engagent vraiment que ceux qui les croient.


L’enseignement supérieur sous COVID

Il semblerait que Mme Vidal décide de faire au moins un peu mieux semblant de s’intéresser à la détresse étudiante. Ouest France annonce quelques mesures en ce sens : « « Je voudrais souligner le courage des étudiants. » Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a salué « l’engagement » des étudiants malgré une « période très compliquée », ce mercredi, sur Europe 1.
Rappelant le panel des aides apportées aux étudiants depuis le début de la crise sanitaire, la ministre a annoncé « le gel des droits d’inscription pour la deuxième année consécutive », alors qu’ils augmentent, habituellement, au rythme de l’inflation. S’inscrire en fac ne coûtera donc pas plus cher en 2021 qu’en 2019.
Autre annonce de Frédérique Vidal, « le gel des loyers des résidences Crous », dans la mesure où il n’est pas certain que les étudiants puissent retrouver normalement des petits emplois cet été pour financer leurs études.
 »
Par ailleurs, le Parisien signale que le site destiné à permettre aux étudiants de faire valoir leur droit à un soutien psychologique gratuit est enfin ouvert depuis mercredi. Il valait mieux ne pas avoir de problèmes trop urgents ou ne pas compter dessus : « Tous les jeunes qui s’y connecteront auront la possibilité de prendre rapidement rendez-vous – par visioconférence ou en cabinet – chez un psychologue à côté de chez eux, sans débourser un centime. Et ainsi bénéficier des « chèques psy », le forfait d’accompagnement psychologique, promis en janvier par Emmanuel Macron, qui n’était pour l’heure accessible que dans certains départements.
Une condition pour y prétendre : être orienté par son médecin généraliste ou le service de santé universitaire (si vous êtes inscrit à la fac). « L’anonymat de l’étudiant sera respecté, insiste-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Toutes les données présentes sur le site resteront confidentielles. »
 »
Enfin, Parcoursup, dont les qualités intrinsèques ne sautaient déjà pas aux yeux, inquiète encore davantage les lycéens en temps de COVID et de réforme du bac : « "Plus que d’être perdu par rapport à la plateforme de Parcoursup, ce qui ajoute beaucoup de trouble, c’est la réforme du bac et le fait d’avoir peu de visibilité" par rapport à la sélection par l’enseignement supérieur, a souligné jeudi 11 mars sur franceinfo Sylvie Amici, présidente de l’Association des conseillers d’orientation-psychologues de l’éducation nationale. Les lycéens de terminale qui ont jusqu’à ce jeudi soir pour faire les vœux d’orientation ne posent "pas que des questions techniques, il y a beaucoup d’inquiétudes", souligne-t-elle, notamment parce que certains ont décroché ou raté des cours à cause de l’épidémie de Covid-19. »


Islamophobie, islamo-gauchisme ou comment abîmer les libertés académiques

Mme Vidal, déjà à la pointe de la lutte contre la détresse des étudiants (non), s’autocongratule pour le contre-feu dangereux qu’elle a allumé dernièrement en évoquant avec beaucoup de légèreté "l’islamo-gauchisme" qui règnerait dans les universités. Quelques indignations (justifiées pour la plupart) et une mise en pâture de centaines d’enseignants-chercheurs par un blog d’extrême droite plus tard, Mme Vidal se pose maintenant en garante des libertés académiques,en s’appuyant sur les incidents à Sciences Po Grenoble : « La ministre de l’Enseignement supérieur a ajouté : « c’est mon travail que de protéger l’université et cette liberté d’expression contre des radicalités. C’est traiter quelqu’un d’islamophobe qui peut le tuer et c’est ce que, malheureusement, nous avons vu avec l’assassinat de Samuel Paty. Et, évidemment, je ferai tout pour que cela n’arrive pas dans le monde universitaire. » »
Pour retrouver un peu d’intelligence et de mesure sur le sujet, on lira avec profit la tribune de François Dubet dans Alternatives économiques, qui montre très bien combien il est dangereux de confondre le militantisme borné et idiot de quelques uns avec des pans entiers des sciences humaines : « Le théorème de Thomas affirme que la croyance dans un phénomène social finit par engendrer sa réalisation. C’est la prophétie auto-réalisatrice. Par exemple, la crainte de la faillite bancaire conduit les individus à retirer leurs avoirs et à vendre leurs actions, provoquant ainsi une crise économique réelle, la crise qu’ils voulaient justement éviter.
Ce théorème s’applique à une foule de phénomènes dans lesquels les croyances se transforment en faits objectifs. En demandant une enquête sur l’islamo-gauchisme dans l’enseignement supérieur et la recherche, la ministre Frédérique Vidal est en train de produire l’islamo-gauchisme qu’elle voulait justement combattre.
 »
On pourra également lire la tribune d’Etienne Balibar dans Libération, qui souligne que le conflit fait tout à fait partie des lieux de savoir : « Alors que le gouvernement reproche aux universitaires leur militantisme, le philosophe s’interroge : quel rapport y a-t-il en sciences sociales entre la nécessité de prendre parti et celle du savoir pour le savoir ? L’université doit, plus que par le passé, ouvrir ses portes et ses oreilles à l’extérieur de la société. »
Plus navrant, le retour sur une semaine de polémiques à l’IEP Grenoble Au départ de cette histoire, le collage imbécile, relayé par un syndicat local, sur les murs de l’école qui a jeté en pâture deux enseignants dont les opinions (et peut-être aussi la manière de faire) n’avaient pas l’heur de plaire à certains étudiants. Il serait peut-être bon de réapprendre le goût de la controverse argumentée au lieu de jeter l’autre en pâture en se contentant de le traiter d’islamophobe (cela vaut aussi pour le reproche d’islamo-gauchisme...).
L’affaire s’envenime d’ailleurs, puisque ce ne sont plus deux, mais trois enseignants de l’IEP qui sont placés sous protection policière. Eh oui : le collègue qui se plaignait à juste titre d’avoir été jeté en pâture a utilisé le même procédé contre une collègue : « L’enseignante, ayant dit avoir été menacée à son tour, elle a donc été placée sous surveillance policière le 6 mars dernier, tout comme Vincent T. et Klaus K.
La direction de Sciences Po Grenoble s’est refusée à tout commentaire. Rappelons qu’une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Grenoble, pour tenter de retrouver les auteurs du collage sauvage et que le ministère de l’Enseignement Supérieur a diligenté sur place deux inspecteurs généraux pour auditer l’IEP de Grenoble.
 »
Souhaitons que cette école et l’enseignement supérieur puissent retrouver un peu de sérénité...


Et si nous gardions un peu de positif pour la fin ? Voici un compte rendu, paru sur le site des Cahiers pédagogiques, du lancement d’un nouveau collectif, Convergence(s) pour l’éducation nouvelle : « Le distanciel, bien sur, c’est froid, ça encourage le magistral, ça empêche les interactions, ça déshumanise un peu, beaucoup ! Et pourtant, ça permet aussi facilement, en direct, de communiquer des quatre coins du monde, avant des rediffusions qui amplifient l’audience.
C’est ce qui a incité les organisations qui sont à la base de Convergence(s) pour l’éducation nouvelle à lancer le 6 mars sur une webtélé une « visio » célébrant à la fois cette naissance et le centenaire du Congrès de la Ligue internationale pour l’éducation nouvelle. Cet événement eut lieu à Calais en 1921, et c’est dans cette même ville, avec le soutien de la municipalité, que devait se dérouler une manifestation regroupant les huit associations, dont le CRAP-Cahiers pédagogiques, qui étaient déjà à l’initiative des deux premières Biennales de l’éducation nouvelle. En attendant , on l’espère, une vraie célébration en présentiel début juillet
 »
Pour conclure cette revue de presse, je me permets de vous ajouter ce petit lien vers le crowdfunding pour la refonte du site des cahiers pédagogiques.

Aurélie Gascon

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Revue de Presse Education... Métier - Covid - Genre - Cantine...

28 Février 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Métier - Covid - Genre - Cantine...

Alors qu’il reste encore une semaine de vacances à la zone B, La situation de l’école semble s’engluer éternellement dans le marasme covidien. Mais heureusement, notre bon parti majoritaire nous a dégotté une bonne petite polémique, et même deux pour faire bonne mesure (mais nous n’allons observer que celle sur les cantines lyonnaises, ne soyons pas trop gourmands). On s’intéresse aussi au genre et au métier d’enseignant.


Métier

Dans Le Monde, on évoque la discipline de sélection...et son manque d’attrait pour de futurs enseignants. « Professeur de maths, un métier qui peine à attirer
A l’université, les étudiants spécialisés dans cette discipline sont aspirés vers d’autres carrières. Le nombre de candidats au Capes de mathématiques a chuté de 17% en quatre ans.
 » Comme beaucoup de bons articles, une phrase, en début résume l’idée : « Dans mon domaine et en maîtrisant l’anglais, je peux travailler de n’importe où dans le monde en étant bien payé », assure-t-il. Alors, enseignant… » Je me mets à sa place, mal payé, mal considéré, pris éternellement entre des directions qui changent selon le vent (enfin le ministre...) et les exigences souvent contradictoires des différents acteurs de l’éducation, ça ne fait pas tellement envie...
RFI peut peut-être y trouver une réponse à sa question « Pourquoi la France est-elle classée parmi les derniers en mathématiques en Europe ? »

Mickaël Faivre, vient de publier sur sa chaine Youtube, Bref. Je suis professeur documentaliste. Il y recense (avec forcément des excès) les poncifs que certains peuvent avoir sur les professeur documentaliste et surtout il présente son métier, un bon moyen de travailler les rôles du collège en 6è, par exemple.
sur Youtube https://www.youtube.com/watch?v=34lNXv7Zi54

Vous souhaitez devenir professeur(e) ? Vivre au Lycée vous a trouvé le site avec un test fait pour vous (spoiler, 9/10 chances que ce ne soit pas fait pour vous !)

Dans La France Agricoleon apprend que« Le sénat planche sur l’enseignement agricole « idéal » et doit remettre son rapport  » cette semaine (pour abonnés). Espérons pour l’enseignement agricole que Denormandie ne soit pas aussi fossoyeur que le ministre du MENJS

Nathalie Elimas, secrétaire d’État chargée de l’Éducation prioritaire, présente dans L’Etudiant « la première phase d’une expérimentation autour de contrats locaux d’accompagnement qui sera menée à la rentrée de septembre dans 172 établissements de 3 académies. ». Je vous rassure, on n’apprend pas grand chose de cette interview : « Nous travaillons à la mise en place de critères d’évaluation », « Le choix des établissements concernés à l’intérieur de ces académies s’appuie sur une série d’indicateurs nationaux et d’indicateurs propres aux académies qui permettent de déterminer les besoins liés aux "unités éducatives" » indicateurs dont vous n’aurez évidemment pas les attendus, etc.


Covid

Dans Le Monde, « Covid-19 : « Il existe en France un déni du risque de l’épidémie à l’école »
Malgré les données scientifiques démontrant le rôle des écoles dans la diffusion du virus, le gouvernement a choisi de les maintenir ouvertes. Or cette décision ne s’accompagne pas d’une stratégie de prévention, déplorent, dans une tribune au « Monde », l’ex-directeur de Santé publique France, François Bourdillon, et la politiste Mélanie Heard.
[...]
Les données virologiques établissent, par exemple, que la charge virale excrétée par les enfants, même asymptomatiques, est comparable à ce qui est observé chez les adultes. Les données britanniques tirées d’un échantillon aléatoire montrent que les classes d’âge scolaire ont des taux de prévalence supérieurs à ceux des adultes. En France, à partir des seules données de dépistage cette fois, la réalité de la circulation du virus chez les enfants est désormais soulignée à chaque point hebdomadaire de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France [...]
D’une semaine sur l’autre, le nombre de classes fermées en France est en très nette hausse. La situation actuelle est, en outre, profondément modifiée par la diffusion de nouveaux variants bien plus contagieux, y compris chez les enfants. Et tous les modèles disponibles s’accordent pour les décrire comme capables de provoquer une vague d’infections dramatique à l’échéance de moins d’un mois dans notre pays.
Devant cette convergence d’informations scientifiques, bien des pays européens ont décidé de fermer leurs écoles : le débat porte alors sur la stratégie de prévention qui permettrait de les rouvrir sans alimenter une reprise de l’épidémie. Mais, dans notre pays, il existe un déni de la réalité du risque et l’« arbitrage » en faveur de la continuité scolaire est tenu pour intangible.
 » En clair, une situation de dilemme entre continuité scolaire et risque épidémique...Et à Chambourcy, on n’a pas pu dire "oh oui !" à la reprise lundi pour cause de variant sud-africain...

Et les tests salivaires dans tout ça ? Pour l’instant on n’en voit pas trop la couleur...
Dans La Dépêche, on évoque la zone C, la plus importante en nombre d’élèves et qu’« Il ne faut pas s’attendre à un déploiement massif puisque plusieurs écoles en France n’ont toujours pas été dotées en matériel. Il s’agit en fait d’une nouvelle étape dans la lutte contre le virus alors que la situation sanitaire est jugée très préoccupante » et pour la zone A ? « en Nouvelle-Aquitaine, par exemple, «  l’arrivée de ces tests a pris du retard pour les élèves du 1er degré  », observe Stéphanie Anfray, présidente de la FCPE 33  »
Mais...
Ouest-France annonce « Covid-19. Les enseignants devront« superviser » les tests salivaires
“Les élèves doivent cracher dans une pipette. Le ministère demande aux directeurs d’école « d’encadrer » l’opération. « Scandaleux », dénoncent des enseignants. Juste du bon sens pour rassurer les enfants, se défend le ministère.”
 »
Confirmé par l’article de BFMTV malgré un titre en trompe-l’œil : « Les enseignants craignent de devoir s’occuper des tests salivaires dans les écoles, le ministère nie » sauf que juste après, dans l’article, le ministère ne nie plus du tout.
Depuis l’UNSA éducation et le SNU-ipp ont protesté chacun de leur côté contre cette mesure.

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Faut-il en rire ? Sans doute pas, mais il vaut mieux continuer à rire. Parmi d’autres, Philippe Watrelot mentionne le rire à l’école (et hors d’école, chez les enseignants) dans La Croix : « Les règles parfois insensées et les revirements auxquels l’école est soumise depuis des mois engendrent un déchaînement de blagues sur des sites comme ParentsProfs (parentsprofslemag.fr), Wesh Wesh Prof (sur Facebook), RIP-éduc (@RIP_educ sur Twitter, « Réseau d’information prioritaire, le premier blog d’actualité bienveillant, éthique, responsable, bienveillant et bienveillant »). Des images détournées moquent le « protocole fantôme » censé protéger élèves et enseignants, l’aération des salles surchargées en plein hiver, l’enseignement à une classe entièrement masquée… « Le ministre de l’éducation en prend plein la figure, mais il faut dire que c’est assez facile… », pointe Philippe Watrelot ». Ils ont oublié mon cher EdukAktus, mais je leur pardonne, l’article est vraiment plaisant à lire. Je mentionne encore : « « On rit pour ne pas pleurer, observe encore Philippe Watrelot. On est tellement agacés…, c’est un mécanisme de défense. » L’enseignant utilise également l’humour dans sa salle de classe. « Faire des blagues aide à prendre du recul, y compris avec les élèves. La période est dure et triste pour eux aussi. » Pour autant, le prof ne se prend pas pour un humoriste : « Je ne suis pas un stand-upper frustré ! Quand je blague en classe, ce n’est jamais gratuit. C’est aussi une manière de construire la relation pédagogique avec mes élèves. » ».


Genre

Claude Lelièvre revient dans une interview pour L’autonome sur la question du genre à l’école.
Extrait choisi : « Le combat pour résorber la division sexuée de l’école passait aussi par la mixité scolaire. Comment s’est-elle mise en place ? Était-ce une volonté délibérée de mélanger les élèves des deux sexes ?
Contrairement à ce que l’on entend souvent, la mixité scolaire n’est pas un pur produit de mai 68. Elle a commencé à se mettre massivement en place dès le début des années 1960. C’est un processus au long cours, qui commence par le primaire et qui, au début des années 1970, ne fait que s’achever.
Ce qui est remarquable c’est qu’on ne le fait pas pour des raisons idéologiques, puisque l’on n’a jamais tranché le débat entre les partisans de la « coéducation » et les tenants du statu quo, mais pour des motifs organisationnels et d’économies d’échelle. On a peut-être « gagné » des postes d’enseignant en fusionnant les classes, mais on a raté l’occasion d’un débat revisitant les fondements de notre école.[...]
Même sous un ministre aussi progressiste (pour son temps) que Jean Zay, l’éducation était encore extrêmement genrée. Aussi les femmes ont-elles dû « grignoter » progressivement ce qui leur était refusé. Par exemple, le taux de jeunes femmes parmi les inscrit·es à l’université, qui n’était que de 3 % en 1900, n’a cessé de croître : 10 % en 1914, 25 % en 1930, 45 % en 1970, 50 % en 1980 et à présent elles y sont largement majoritaires.
Toutefois, notamment parce que l’on n’a jamais réinterrogé un certain nombre de stéréotypes sexistes qui étaient à la base de notre système éducatif, cela s’est fait avec d’énormes disparités selon les disciplines. Si dans le domaine des lettres et des langues, les femmes représentaient déjà 33 % des étudiant·es en 1914, elles sont encore aujourd’hui très minoritaires dans les écoles d’ingénieur·es.
 »

Monsieur Patate ? ou Madame polémique à deux balles ? La marque annonce qu’elle va désormais s’appeler Potatoe Head (tête de patate) et non plus Mister Potatoe (Monsieur Patate) pour faire place à toute la famille et tous les genres. Et cela fait un gros titre, un peu partout. Pas de quoi fouetter un chat, purée !

Et si on parlait des règles à l’école ? Violaine Morin s’est intéressée au sujet dans Le Monde (réservé abonnés). « La région Ile-de-France, qui a lancé à la rentrée 2020 une campagne pour équiper les lycées en distributeurs de serviettes hygiéniques et tampons gratuits, estime qu’une élève sur trois ne dispose pas d’un accès satisfaisant aux protections périodiques.  ». « La marque Always estime, quant à elle, sur la base d’une étude Google Survey, que 130 000 Françaises ratent les cours, chaque année, à cause de leurs règles.  »

Et dans le MESRI ? La ministre a annoncé des distributeurs gratuits à la rentrée pour « lutter contre la précarité menstruelle » a-t-elle annoncé le 23 février sur RTL. Reste à savoir combien de temps les budgets permettront de les réapprovisionner quand on peine à trouver papier hygiénique, savon et essuie-mains déjà. Une réponse partielle dans cet article du Huffington Post d’octobre 2019 : les facs se sont emparées du sujet via leurs BDE surtout. Ainsi à Rennes 2 « Durant la semaine de la rentrée, pas moins de 10.000 kits de 18 serviettes ou tampons bio et sans plastique seront distribués gratuitement, de même que 1300 cups et serviettes réutilisables. »


Cantine

N’ayant aucune envie de m’infliger plus d’islamo-gauchisme ou d’écriture inclusive (je vous renvoie à cette revue et relue pour ce dernier sujet), j’ai choisi ma polémique de la semaine : la viande à la cantine.

Revenons d’abord sur le contexte : pour limiter les manipulations et permettre de mieux gérer les flux d’élèves dans les cantines de la municipalité lyonnaise, le maire a décidé de supprimer les menus avec viande temporairement.
Donnons ensuite la parole à un militant : Benoit Biteau, député européen EELV était jeudi soir sur C8il explique sur sa page Facebook : « Ils nous prennent vraiment pour des imbéciles.
➡️Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon avait pris la même décision l’an dernier pour les mêmes raisons ; ça n’avait posé aucun problème au gouvernement à ce moment-là. Etrange non ?
➡️Les enfants défavorisés mangent plus de viande que les enfants des milieux plus aisés. C’est une étude du ministère de l’Agriculture qui le montre !
➡️Le marqueur social le plus fort est en réalité l’accès aux fruits & légumes : la malnutrition des enfants défavorisés est aujourd’hui surtout liée à l’inaccessibilité des fruits & légumes
➡️60% de la viande servie aujourd’hui dans les cantines est importée de l’étranger
➡️Et enfin, les études sur les cantines scolaires qui ont expérimenté le menu végétarien montrent que manger MOINS de viande, c’est manger MIEUX de viande. MIEUX pour les enfants car de meilleure qualité et MIEUX pour les éleveurs français car approvisionnement local ! »
Rappelons que si le maire de Lyon supprime la viande, il ne propose pas pour autant que des menus végétariens, le poisson figurant encore au menu. Et pour la viande des cantines, on est très loin du tournedos rossini soyons honnête, plus près de la semelle dégoulinante de sauce (pour masquer sans doute). Rappelons aussi que cela ne représente pas plus de 4 repas par semaine (sur 21 !).
Libération veut aller plus loin que la polémique : « les 206 écoles de la ville prévoient aussi de se tourner progressivement vers une alimentation bio et tournée vers des producteurs locaux. » pas de quoi rendre hystériques les éleveurs il me semble (réservé abonnés).
Libération publie aussi la tribune de parents d’élèves lyonnais qui s’indignent : « Alors que la situation des écoles est actuellement préoccupante sur de nombreux points, qu’il semble qu’aucune enveloppe supplémentaire au budget de l’éducation nationale ne permette d’imaginer des conditions plus « normales » d’étude en temps d’épidémie, qu’un grand nombre de familles mais aussi toute une partie de la jeunesse se voient fortement précarisées et isolées en cette période, le gouvernement trouve donc urgent de saisir préfecture et tribunal concernant la composition des menus dans les cantines lyonnaises. » et reviennent sur leurs précédentes demandes de prise en compte de qualité dans les cantines.

Mais voilà que le maire de Clermont-Ferrand s’y met aussi selon Le Point. « Les cantines scolaires de Clermont-Ferrand distribuent deux menus végétariens par semaine, a indiqué la mairie, assurant vouloir ainsi « améliorer la qualité des repas ». « Nous proposons depuis le mois de janvier deux menus végétariens, sans poisson ni viande, et cela fonctionne très bien », a déclaré mercredi 24 février à l’Agence France-Presse Nicolas Bonnet (EELV), adjoint chargé de la restauration à la mairie de Clermont-Ferrand.
Le personnel des cantines « a été formé à la cuisine végétarienne pour explorer de nouvelles façons d’agrémenter, de composer les plats, car il ne s’agit pas seulement de supprimer le jambon les jours où il y a purée-jambon », a-t-il ajouté, précisant que les œufs, la crème ou le beurre étaient servis normalement
 »

Qu’en dit la professeure en nutrition Martine Laville ? Dans La Croix, Eve Guyot l’a interrogée. « D’abord, il ne faut pas confondre le régime végétarien qui exclut la viande et le poisson, et un menu végétalien qui se débarrasse de l’ensemble des protéines d’origine animale, dont les œufs ou le fromage. Si le régime végétalien est une catastrophe pour la santé, notamment celle des enfants qui sont en pleine croissance, le menu végétarien ne présente aucun danger, et peut même être bénéfique. »
Pourtant sur sa page Facebook, Vie de Carabin a publié une petite BD expliquant les différentes sources de fer et leur absorption. N’étant pas du tout spécialiste (et même n’y connaissant rien), je laisse les pros en parler et vous y renvoie, sauf si c’est pour l’insulter comme certains semblent l’avoir fait...

Un point m’alarme surtout, toutes ces polémiques fondées sur rien, sur des interprétations (parfois personnelles "je pense que...", "j’ai entendu" très scientiste tout ça) étranges des faits ne servent-elles pas à masquer les vrais sujets qui devraient réellement nous occuper ? Nous enfirouaper (joli terme québécois) voire nous occuper l’esprit pour éviter d’avoir à répondre à de vraies questions d’importance ?

Emilie Kochert, contente de reprendre les cours demain

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Julia Cagé, économiste, spécialiste de la presse : “Ils veulent faire des médias sans journalistes !”

28 Février 2021 , Rédigé par Télérama Publié dans #Médias

L'information est un bien public ; refonder la propriété des médias

PLUS LOIN AVEC… Chaque dimanche, interview au long cours avec un acteur ou un observateur de notre époque. Aujourd’hui, l’économiste Julia Cagé, qui plaide pour une meilleure indépendance des médias. Un enjeu d’importance, à l’heure où l’homme d’affaires Vincent Bolloré multiplie les grandes manœuvres pour étendre son influence sur le secteur.

Sauver l’information. C’est l’humble mission que s’est fixée l’économiste Julia Cagé, déjà autrice en 2015 du remarqué Sauver les médias, où elle repensait leur modèle économique. Son nouvel opus, L’information est un bien public (éd. Seuil), qu’elle cosigne avec l’avocat Benoît Huet, est destiné à armer citoyens, journalistes, étudiants, politiques… dans le combat en faveur de l’indépendance de l’information et le pluralisme des médias. Avec des propositions concrètes à la clé. Des préconisations qui revêtent un enjeu stratégique, alors que les hommes d’affaires Vincent Bolloré et Arnaud Lagardère rivalisent pour étendre leurs influences respectives sur le secteur. Bolloré, qui contrôle déjà Canal+, et sera bientôt aux commandes de Prisma Média, aurait notamment des ambitions sur Europe 1, M6 et RTL…

Pourquoi avoir décidé d’écrire un nouveau livre sur les médias ?

Parce qu’il y a urgence : jamais le paysage médiatique n’a été autant bouleversé, jamais on a vu autant de coups portés contre l’indépendance des journalistes, ni autant de changements d’actionnariat. Tout s’accélère à quelques mois de l’élection présidentielle, et ce n’est pas un hasard. Mais la bataille qui oppose actuellement Vincent Bolloré et Bernard Arnault pour le contrôle des médias de Lagardère ne doit pas être vue comme une fatalité. Europe 1, Paris Match, Le Journal du dimanche, on en pense ce qu’on veut, mais ce sont d’abord des journalistes qui produisent de l’information, un bien public indispensable au bon fonctionnement de nos démocraties. Je n’en peux plus que le monde politique soit aussi indifférent à un secteur aussi stratégique, ou fasse mine de l’être. Il faut redéfinir les règles du jeu et armer citoyens, journalistes, étudiants, politiques… pour défendre l’indépendance et le pluralisme des médias.

(...)

Richard Sénéjoux

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Revue de Presse Education... Islamo-gauchisme - Covid - Mixité

22 Février 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Islamo-gauchisme - Covid - Mixité

L’actualité du monde de l’éducation est régulièrement secouée par diverses polémiques. Cette semaine ne déroge pas à la règle puisque plusieurs sujets agitent les médias et les commentateurs. Dans cette revue, on parlera donc d’ « islamo-gauchisme », de l’évolution de l’épidémie et de ses variants, et, en fin, un peu de mixité sociale.


Islamo-gauchisme

« Frédérique Vidal est-elle bien à sa place au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ? Ce n’est pas la première fois que la question se pose, tant l’ex-présidente d’université est coutumière des bourdes ou petites phrases explosives. Alors que l’université souffre de la pandémie, qui la force à organiser des cours à distance, que les étudiants peinent à trouver un sens à leurs études faute de contacts humains et d’horizon, que certains se retrouvent contraints d’avoir recours à l’aide alimentaire, la ministre préfère s’inquiéter de l’« islamo-gauchisme » qui, selon elle, "gangrène" les universités ». C’est en ces termes qu’ Alexandra Schwartzbrod revient sur les propos de Frédérique Vidal dans son article sur Liberation.fr. La journaliste enfonce le clou : « Ses propos sont si décalés par rapport aux drames quotidiens des étudiants qu’ils ne sont pas dignes de la fonction. La très policée Conférence des présidents d’université (CPU) l’a d’ailleurs appelée à "élever le débat". (...) le rôle d’une ministre de l’Enseignement supérieur est-il d’hystériser le débat et de s’ériger en police politique de la recherche et des débats universitaires ? Évidemment non. Il reste que les propos de Vidal, qui suivent de peu la prestation très sécuritaire et droitière de Gérald Darmanin face à Marine Le Pen, s’inscrivent dans un climat ».

Soazig Le Nevé pour Le Monde.fr revient sur l’enquête lancée par Frédérique Vidal sur « l’islamo-gauchisme » à l’université. La ministre de l’enseignement supérieur a en effet chargé le CNRS de mener une "étude scientifique" pour définir "ce qui relève de la recherche et du militantisme" ». La journaliste rappelle au passage, dans cet article réservé aux abonnés, que lorsque enflait « la polémique sur "les ravages" de "l’islamo-gauchisme" à l’université, en octobre 2020 », c’était le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui « était alors à la manœuvre ». Frédérique Vidal avait alors plutôt pris de la distance avec ces affirmations.

Dans un autre article, toujours sur le site du Monde, on peut lire : « Si dans un communiqué le CNRS s’est, lui, dit prêt à "participer à la production de l’étude souhaitée par la ministre", il a toutefois insisté sur le fait que le terme d’islamo-gauchisme "ne correspond à aucune réalité scientifique", regrettant une "polémique emblématique d’une instrumentalisation de la science". Le centre de recherche a par ailleurs tenu à "condamner avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques" ».

Sur le site du Figaro (partie réservée aux abonnés), on parle d’une « opération déminage » lancée pour tenter de freiner la flambée des réactions. « Par l’intermédiaire du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, Emmanuel Macron a souhaité rappeler son "attachement absolu à l’indépendance des enseignants-chercheurs". C’est une "garantie fondamentale de notre République" et "cette conception est partagée par l’ensemble des membres du gouvernement et continuera à être défendue", a insisté le porte-parole, mercredi, à l’issue du Conseil des ministres ».

Il faut dire que les réactions sont multiples et s’enchainent depuis : « Jacques Maire, député de La République en marche, a jugé jeudi 18 février sur franceinfo le terme "d’islamo-gauchisme" employé par la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal de "profonde erreur", même si, selon lui, elle "pointe le doigt sur quelque chose de réel" ». De son côté, Eric Fassin interrogé par Franceinfo estime qu’« il s’agit d’une chasse aux sorcières ! Ce n’est pas un bilan des recherches, mais un tribunal de "l’islamo-gauchisme", comme l’annonce clairement Frédérique Vidal sur CNews. Or ce mot n’a rien de scientifique : c’est un slogan polémique venu de l’extrême droite. Certes, à l’Assemblée nationale, la ministre change de lexique et parle de "post-colonialisme", mais quand Jean-Pierre Elkabbach lui parlait sur CNews de "race, genre, classe", elle approuvait aussi. C’est tout et n’importe quoi ! ». Toujours sur Franceinfo, Jean Chambaz, le président de Sorbonne Université va plus loin : « il y une orientation de ce gouvernement qui va draguer des secteurs de l’opinion publique dans des endroits assez nauséabonds". Et d’ajouter que "connaissant Frédérique Vidal", il a d’abord cru "que c’était une phrase sortie de son contexte". L’islamo-gauchisme est un terme absolument peu précis, issu des milieux de la droite extrême, repris par certains députés LR qui voudraient interdire l’enseignement de certaines disciplines à l’université. On se croirait dans l’ancienne Union soviétique. Ça me fait davantage penser aux slogans du 20e siècle dénonçant le judéo-bolchévisme. On accole deux mots qui font peur pour ne pas définir la réalité d’un process ».

Cette polémique masque une réalité assez bien décrite par Alexandra Schwartzbrod pour libération.fr : « Alors que l’université souffre de la pandémie, qui la force à organiser des cours à distance, que les étudiants peinent à trouver un sens à leurs études faute de contacts humains et d’horizon, que certains se retrouvent contraints d’avoir recours à l’aide alimentaire, la ministre préfère s’inquiéter de l’islamo-gauchisme qui, selon elle, "gangrène" les universités ».

Pour aller plus loin, on pourra lire l’article de Stéphane Dufoix sur le site du Jdd, professeur de sociologie à l’Institut Universitaire de France, intitulé « Enquête sur l’"islamo-gauchisme" dans la recherche : l’impossible décolonisation de l’Université »

La polémique, quant à elle, risque de durer. En effet, Jean-Michel Blanquer « vole au secours de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur » (...) et a estimé, samedi 20 février, en parlant de l’islamo-gauchisme, qu’il s’agissait d’un « fait social indubitable ». Forte de ce soutien, la ministre de l’enseignement supérieur persiste et signe.

COVID

Malgré une courte accalmie, l’épidémie déjoue à nouveau les pronostics. La propagation des variants change la donne.

Le site de Ouest-France reprend les dernières données publiées : « 22 046 nouvelles contaminations au coronavirus ont été recensées ce dimanche par Santé publique France contre 22 371 la veille et 16 546 dimanche dernier. Le nombre des décès enregistrés en 24 heures dans les hôpitaux s’élève à 160, contre 183 samedi. Ce qui porte le nombre total de décès depuis le début de l’épidémie à 84 306 ». « Le taux moyen d’occupation des lits en réanimation (par rapport à la capacité en lits dans ces services avant la crise), s’élève ce dimanche soir à 67,2 %. C’est le taux moyen le plus élevé observé en France depuis le 3 décembre dernier. Après être descendu à 51 % début janvier, ce taux remonte doucement mais sûrement depuis ».

« Invité ce samedi du programme Apolline de Malherbe, le rendez-vous (BfmTv), Jean-Michel Blanquer a évoqué les enjeux des prochaines rentrées scolaires dans les semaines à venir, sous la menace de l’épidémie de Covid-19 et de ses différents variants. Lors de cet entretien, le ministre de l’Éducation nationale a affirmé que "d’après les études" qu’il a pu consulter, il "observe qu’à l’occasion des vacances, ils (les enfants, NDLR) ont tendance à se contaminer davantage que lors de la période scolaire ».

Sur le site de l’éducation nationale, le point du 19 février montre quand même, alors que deux zones sont en vacances, que le nombre de contaminations parmi les élèves et les personnels continue d’augmenter. Pour les élèves, on observe 5422 cas supplémentaires (cumul sur les 7 derniers jours) dont + 847 en 24h et pour les personnels, 647 cas supplémentaires cumulés dont +120 en 24h.

Après avoir durci le protocole pendant quelques jours, le ministère l’a assoupli le 12 février. On peut lire sur le site Vousnousils.fr que « le syndicat Snes-FSU a interrogé le ministère de l’Éducation nationale sur les bases scientifiques de l’allègement du protocole sanitaire ». « le Snes-FSU a affirmé, dans son compte-rendu, qu’aucun avis n’a été rendu par la Haute autorité à la Santé ou le conseil scientifique ».

Paul Gratian pour Ouest-France se fait l’écho de la difficulté que représente ces changement incessants du protocole pour les personnels des établissements scolaires : « On est complètement paumés sur le terrain. Ça m’est déjà arrivé d’avoir l’air plus au courant que le chef d’établissement », abonde Marion*, professeure de français dans un collège de Seine-et-Marne. Car les règles ne cessent de changer, et ce, parfois de manière très discrète. Alors que le protocole a à nouveau été allégé vendredi 12 février 2021, plusieurs responsables syndicaux expliquent avoir découvert ces nouvelles règles au hasard de leurs réseaux sociaux. "Si on n’écoute pas les médias ou si on n’actualise pas le site internet du ministère tous les jours, on n’est pas mis au courant des directives concernant les protocoles. Les directeurs ne savent plus quel protocole s’applique, c’est un vrai désordre ", regrette Guislaine David, porte-parole du syndicat d’enseignant SNUipp-FSU. "On a vraiment l’impression que le ministère change en catimini les règles du jeu, pointe cette responsable de ce syndicat des enseignants du premier degré français, jugeant cette évolution "assez incompréhensible et insensée". " Les autorités de santé ont pensé que c’était mieux de revenir au système précédent", s’est défendu Jean-Michel Blanquer sur BFM TV le lundi 15 février, sans pour autant préciser quelle autorité de santé il évoquait ».

Alors faut-il pour autant fermer les écoles ? La question reste posée. Nous sommes à peu près tous convaincus de l’importance de maintenir les élèves en présentiel. Encore faut-il s’en donner les moyens.

Le Think Tank Terra Nova publie une note pour une autre stratégie de lutte contre le covid à l’école. Un article de FranceInfo revient sur cette publication : « Pour Terra Nova, le constat est sans appel : "Les enfants sont des vecteurs de transmission de l’épidémie, et l’école est impliquée dans sa diffusion." Dans un rapport (PDF) publié mercredi 17 février, le groupe de réflexion alerte sur la propagation du virus en milieu scolaire et formule des conclusions qui pourraient donner des arguments aux syndicats d’enseignants, inquiets en raison d’un nouveau protocole sanitaire allégé à l’école ». « Le rapport ne préconise pas pour autant la fermeture des établissements scolaires, en raison des impacts négatifs d’une telle décision, à commencer par les pertes pour l’apprentissage des élèves ». « Le rapport préconise d’abord de "permettre aux enfants et adolescents de devenir acteurs de la lutte contre l’épidémie". Il invite à s’inspirer des multiples exemples de la lutte contre le tabac et l’alcool, de l’éducation à la sexualité, de la dépendance aux écrans ou encore de la prévention routière. Pour faire passer un "message d’engagement solidaire", le rapport suggère de faire appel à des influenceurs, des vidéos didactiques, des quiz, des BD, des jeux…Dans un deuxième temps, Terra Nova invite à mieux accompagner les enseignants, en première ligne pour faire respecter les gestes barrières en classe. Pour cela, Terra Nova propose de prévoir "un dispositif global de formation et de modules didactiques pour la classe concernant l’épidémie". Enfin, le rapport propose d’améliorer l’aération des salles, notamment avec le déploiement de capteurs de CO2 dans les classes ». Le rapport préconise aussi de développer une stratégie de dépistage de masse à l’école.

MIXITÉ SOCIALE

Durant la semaine écoulée, plusieurs médias ont évoqué la question de la mixité sociale à l’école et reviennent sur l’expérimentation de secteurs multi-collèges conduite à Paris depuis septembre 2017. L’Institut des politiques publiques publie une étude qui tire un bilan positif sur le sujet. Delphine Bancaud pour le site 20minutes.fr, rappelle que « ce dispositif consiste à définir des secteurs communs à plusieurs collèges géographiquement proches, de manière à rééquilibrer leur recrutement social ».

Amandine Hirou pour L’Express, indique que « la France est l’un des pays de l’OCDE où l’origine sociale des élèves détermine le plus fortement leurs performances scolaires à l’âge de 15 ans. Plusieurs autres études ont également mis en évidence le niveau très élevé de ségrégation sociale qui caractérise les établissements du second degré en France, en particulier au collège. À Paris, cette absence de mixité est encore plus flagrante qu’ailleurs. Ce qui s’explique, entre autres, par le découpage de la carte scolaire, la concentration d’une population socialement hétérogène sur des territoires restreints, l’abondance de l’offre pédagogique ou encore la place centrale de l’enseignement privé ».

Eva Mignot publie un article (réservé aux abonnés) sur le même sujet sur le site alternatives-economiques.fr et dresse un bilan globalement positif mais contrasté de l’expérimentation en compagnie de Julien Grenet, pilote du projet.

Mattea Battaglia pour Le Monde revient elle-aussi sur cette expérimentation. Elle rappelle les deux modalités choisies pour favoriser la mixité dans les collèges concernés : « les deux modalités testées sont la « montée alternée » – les collégiens sont répartis alternativement entre les deux établissements – et le « choix régulé », qui fait intervenir un algorithme d’affectation conçu par des chercheurs, lequel prend en compte les vœux des parents tout en équilibrant la composition des établissements ». Elle indique que le bilan est « encourageant » mais aussi que « le dispositif, reconduit à la rentrée, ne sera pourtant pas étendu ».

On pourrait s’interroger longuement sur toutes ces expérimentations menées et qui, malgré des évaluations plutôt positives ne sont pas reconduites. Je ne suis pas loin de penser comme l’ami Philippe Watrelot que nous assistons à une véritable « mise au pas » et qu’elle s’accélère même actuellement. Je vous recommande fortement la lecture de son billet de blog.

Pour conclure cette revue de presse, je me permets de vous ajouter ce petit lien vers le crowdfunding pour la refonte du site des cahiers péda.

Pascal Thomas

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Revue de Presse Education... Nid de vipères ? - La formation - Sauver la maternelle - Supérieur - Améliorer l’enseignement

14 Février 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Nid de vipères ? - La formation - Sauver la maternelle - Supérieur - Améliorer l’enseignement

L’actualité s’est tournée vers Trapes cette semaine, dévoilant un vrai nid de vipères, difficile à démêler. On s’inquiète aussi pour la formation des enseignants, la maternelle et l’orientation. L’inquiétude est aussi de mise pour les étudiants. Pour terminer des ressources pour améliorer son enseignement.


Nid de vipères ?

C’est une affaire bien compliquée qui a secoué l’actualité cette semaine. Un enseignant de Trappes est-il vraiment menacé ? Est-il vraiment sous protection policière ? Et pourquoi le maire se permet-il de s’introduire dans un lycée pour distribuer des tracts ? Quelques articles pour essayer de comprendre.

Assassinat de Samuel Paty : Pourquoi Didier Lemaire, professeur de Trappes, est-il sous protection rapprochée ? « Quatre mois après l’assassinat de Samuel Paty, Didier Lemaire, qui enseigne la philosophie à Trappes, a été placé sous protection rapprochée, a indiqué le ministre de l’Intérieur » 20 Minutes
Un professeur de Trappes se dit menacé, les autorités locales font part de leur incompréhension. "Jusqu’à présent pourtant, M. Lemaire, de son propre aveu (notamment face aux enquêteurs), n’avait jamais fait l’objet de menaces, ni de mort ni d’aucune sorte, ni de la part d’élèves, ni des habitants de Trappes, ni de ses collègues, ni sur Internet. Tout juste avait-il provoqué « quelques remous », décrit une source proche de l’enquête, sur les réseaux sociaux après sa tribune dans L’Obs puis à la suite de la diffusion du reportage néerlandais." Le Monde

Professeur menacé à Trappes, tract du maire... On vous explique la polémique en quatre points
“La polémique n’en finit pas de gonfler depuis une semaine, autour de Trappes, alimentée par deux hommes : Didier Lemaire, enseignant de philosophie dans le lycée de cette commune des Yvelines à la réputation sulfureuse, et Ali Rabeh, son maire.” La Dépêche.
Trappes : une enquête ouverte pour des menaces de mort à l’encontre du maire
“L’élu serait la cible de menaces après avoir remis en cause les affirmations du professeur de philosophie Didier Lemaire sur l’avancée inquiétante de l’islamisme dans la ville des Yvelines.” Le Figaro


La formation

Un autre sujet qui a suscité quelques articles à l’occasion d’un rapport du CNESCO : la formation continue des enseignants, très insuffisante. Malheureusement, on peut douter de son amélioration quand on voit les coupes sévères faites dans les moyens.

Trop courte, trop hors-sol : les faiblesses de la formation continue des enseignants
“Un rapport du Centre national d’étude des systèmes scolaires, publié mardi 9 janvier, dresse un état des lieux mitigé de la formation continue des enseignants français, pourtant régulièrement considérée comme un levier important d’évolution du système éducatif” Par Séverin Graveleau

Formation continue dans l’Éducation nationale : il reste beaucoup à faire. Par Cécile Blanchard
“La formation continue proposée à 1,2 million de personnels de l’Éducation nationale en France est-elle suffisante et satisfaisante ? Sujet important s’il en est, puisque, comme le relève Nathalie Mons, sa responsable, « il n’y a pas un seul rapport du Cnesco (Centre national d’étude des systèmes scolaires) qui ne souligne la nécessité d’une formation accrue des enseignants ». De fait, il s’agit là d’« une politique stratégique dans le développement et l’amélioration du système éducatif, de la qualité de vie à l’école et des apprentissages des élèves ».”

On parle aussi de la formation initiale, objet d’une réforme très critiquée. Notamment la formation des futurs professeurs des écoles.
Anissa Belhadjin et Bruno Robbes : La formation PPPE des futurs professeurs des écoles, une « très belle opportunité » ?
“Début février, les lycéens de terminale et leurs parents ont reçu, dans leur boite mail, un flyer vantant la nouvelle invention du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer : le « parcours préparatoire au professorat des écoles » (PPPE) qui ouvrira en septembre dans toutes les académies. Dans le même temps, une petite vidéo de présentation circule sur les réseaux sociaux. Le ministre y présente ce nouveau parcours, le qualifiant de « meilleur de l’enseignement supérieur ». Cette vidéo, très consultée ces derniers jours alors que Parcoursup vient d’ouvrir, est accompagnée de commentaires élogieux : nouvelle formation, très bonne chose, etc. La publicité promet d’être efficace. Mais de quoi ce PPPE est-il le nom ? Anissa Belhadjin et Bruno Robbes, enseignants-chercheurs engagés dans la préprofessionnalisation et la formation des enseignants à l’INSPÉ de Versailles, en proposent une analyse.”

Et voici le retour de la laïcité. Encore une fois, le ministère pense que la formation des enseignants à ce sujet est insuffisant. Il confie donc une "mission" (encore une mission) à Jean-Pierre Obin. On doute que c’est ce qui va permettre d’empêcher les difficultés des enseignants à enseigner certains sujets. Malheureusement on pense au gouvernement que pour résoudre les problèmes de la société et le terrorisme, il faut former les professeurs...
Laïcité à l’école : « Il faut réinitialiser le logiciel républicain, notamment pour les jeunes générations »
Entretien croisé “Jean-Michel Blanquer confie à l’ex-inspecteur Jean-Pierre Obin une mission sur la formation des enseignants à la laïcité.” Le Figaro

Formation. Quatre questions sur le métier de psychologue de l’Éducation nationale
“À la croisée des enseignants, des jeunes et de leurs parents, le psychologue de l’Éducation nationale a pour mission d’accompagner les collégiens, lycéens et étudiants ou apprentis vers les études qui leur conviennent et le monde du travail. La curiosité et l’envie d’aider sont primordiales.”


Sauver la maternelle

Les pédagogues s’émeuvent d’une éventuelle réforme de la maternelle. Les intentions du ministre inquiètent fortement.

Vers une réforme de la maternelle ? les petits font de la résistance
Blog : L’Ecole, les pieds sur terre...mais bientôt la tête sous l’eau
“La note du Conseil supérieur des programmes sur la maternelle suscite de nombreuses réactions chez les enseignants et les chercheurs. Indigente et peu subtile, une note solide n’est même plus exigée pour préparer une réforme. Souhaitant transformer la maternelle en classe prépa aux tests CP, elle s’attaque directement aux parents d’élèves, mais les élèves feront de la résistance.”

Plusieurs tribunes sont publiées cette semaine.
TRIBUNE, Défendons la maternelle
“Un collectif de syndicats enseignants et de quelques associations professionnelles dénonce la réorientation profonde du programme de la maternelle qui cantonnerait notamment les enseignements à un « bachotage » pour préparer les tests en CP.”
« Préservons les enfants de 3 ans d’une anthropométrie performative et comportementale » Tribune d’un Collectif
“Soumettre des enfants de maternelle à une grille d’observation comportementale pour déceler de potentielles futures déviances est une dangereuse dérive, dénonce un collectif de pédiatres, psychologues et spécialistes de l’éducation dans une tribune au « Monde ».”


Orientation

Autre domaine de réforme (et d’économies, mais on commence à en avoir l’habitude), l’orientation.

Un an après la création d’une agence régionale de l’orientation, des avancées et des ambiguïtés
“Formation. Un an après sa création, l’agence régionale de l’orientation tente de clarifier une information devenue cruciale en ces temps incertains. Non sans ambiguïté.”
Avec Inser’Jeunes, le gouvernement met en concurrence les formations professionnelles
“Un nouveau site, lancé le 9 février au soir par l’Education nationale et le ministère du Travail, permet aux jeunes et aux familles d’avoir accès immédiatement au taux d’insertion dans l’emploi pour chaque formation professionnelle, du CAP au BTS, de chaque CFA ou établissement scolaire. Pour le ministère il s’agit d’éclairer les choix des familles et d’aider à l’orientation des jeunes. Mais celles-ci sont -elles égales devant un site Internet officiel ? L’orientation par voie numérique peut-elle remplacer un accompagnement humain à l’orientation ?”
Sur le site du SNES : L’orientation scolaire, un marché à prendre !
“Comme dans d’autres secteurs de l’Éducation, le MENJS soutient les « Ed tech’ » en les labellisant et en leur apportant des fonds publics. Parallèlement, il détricote le service public d’information et d’orientation. Ainsi il ferme les CIO, assèche le recrutement des Psychologues de l’EN spécialité EDO, démantèle l’ONISEP et dénature ses missions.”


Supérieur

Etre étudiant en temps de pandémie, c’est particulièrement difficile. Tout le monde s’accorde à dire que les conséquences de l’enseignement à distance sont catastrophiques.

Enseignement supérieur : « Nous ne pouvons plus minimiser les séquelles de la crise »Tribune, Gabriel Galvez-Behar, Universitaire
“Le professeur des universités Gabriel Galvez-Behar dénonce, dans une tribune au « Monde », la dégradation des conditions de vie des étudiants et réclame au ministère de l’enseignement supérieur des moyens pour y faire face.”
Pas "d’atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de l’enseignement" à l’Ecole de droit de Clermont-Ferrand
“L’enseignant qui assure le cours de "Fondements historiques et philosophiques des libertés publiques" dénonçait "une atteinte aux droits fondamentaux" et "une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de l’enseignement, à la liberté d’expression et à la liberté de réunion dès lors que les étudiants de Master 2, eux, ont pu reprendre les cours en présentiel et que plusieurs universités permettent ce retour".”
On est sérieux à 20 ans (5). L’avenir des classes prépa est à l’université !
Par Jacques Vauloup le jeudi 11 février 2021
“On aimerait revoir au plus vite les jeunes à l’université, même masqués. Et pas seulement les néo-étudiants ni une seule journée par semaine. On aimerait que la situation exceptionnelle que nous vivons fût l’occasion pour nos gouvernants fébriles de traiter tous les étudiants de la même façon. Et de voir beaucoup plus loin que via les mesurettes tardives et notoirement insuffisantes prises en ce début 2021. Une priorité : transférer les moyens publics des classes préparatoires aux grandes écoles des lycées à l’université. De l’audace, du panache et de la vision, bon sang !”
Université : « le mal-être déborde » dans les bureaux des psychologues
9 février 2021 Par Khedidja Zerouali
“À Paris, dans un bureau d’aide psychologique universitaire, onze thérapeutes écoutent les angoisses des étudiants. Avec l’épidémie, les listes d’attente s’allongent. Et la mise en place de « chèques psy », annoncée le 5 février par Frédérique Vidal, fait grincer des dents.” abonnés

Boris Cyrulnik : « nous vivons une catastrophe de civilisation » Publié par Olivier Van Caemerbèke
“Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik présente son dernier ouvrage et son regard sur les conséquences de la crise du Covid-19 pour les élèves et les étudiants.”

Dans les écoles de Sciences politiques, un scandale a émergé avec la dénonciation de violences sexuelles.
#sciencesporcs, une nouvelle vague de dénonciations de violences sexuelles, cette fois dans les IEP
“Les établissements Sciences Po font face à de multiples procédures : une enquête préliminaire a été ouverte pour viol à Toulouse, deux pour agressions sexuelles à Grenoble, et un signalement à la justice a été fait à Strasbourg.” Le Monde avec AFP
"SciencesPorcs" : "Aucun fait avéré ne doit rester impuni", insiste la ministre Frédérique Vidal
“La ministre de l’Enseignement supérieur souligne aussi l’importance de veiller à ce que celles et ceux qui dénoncent leurs agresseurs ne soient pas obligées de renoncer à leurs études, ce qui constituerait "un deuxième traumatisme".”

Sciences Po : une administratrice provisoire est nommée à la tête de l’école
Par Wally Bordas • AEF Agence éducation et formation
“Le feuilleton continue à Sciences Po Paris. Après la démission, hier soir, du directeur Frédéric Mion, le ministère de l’Enseignement supérieur vient de nommer Bénédicte Durand, actuelle directrice de la formation initiale, administratrice provisoire de la prestigieuse institution. Cette proche de Frédéric Mion prend donc provisoirement les commandes de l’école, en pleine tempête.”


Améliorer l’enseignement

Réflexions et ressources pour donner envie d’améliorer son enseignement, notamment en mathématiques.

Comment améliorer les pratiques en éducation ?
“Si les pratiques des enseignants ont un effet sur les résultats des élèves comment les améliorer ? Benoit Galand (Université de Louvain) et Michel Janosz (Université de Montréal) publient un ouvrage (Améliorer les pratiques en éducation, Presses universitaires de Louvain) qui concerne très directement l’école française. Comment se fait-il que les tentatives de changement à grande échelle échouent ? L’ouvrage réunit plusieurs études qui invitent à s’intéresser davantage aux conditions d’application des recherches qu’aux découvertes de l’évidence based education. Et à travailler l’implantation de la recherche dans le monde enseignant.”
« Apprendre aux enseignants à réfléchir sur leurs habitudes pédagogiques »
Tribune de Marie Gaussel, chargée d’études et de recherche à l’Institut français de l’éducation
“Marie Gaussel, chargée d’études et de recherche à l’Institut français de l’éducation, rappelle, dans une tribune au « Monde », les nombreux travaux montrant l’importance, pour les enseignants, d’un retour « réflexif » régulier sur leurs pratiques pédagogiques.”
« Comment former des élèves performants et enthousiastes ? »
Tribune de Noémie Le Donné, analyste à l’OCDE
“Dans une tribune au « Monde », Noémie Le Donné, analyste à l’Organisation de coopération et de développement économiques, pointe les pratiques et politiques qui fonctionnent le mieux pour favoriser la réussite et l’enthousiasme des élèves.”

Baisse du niveau en maths : « La formation des enseignants est au centre des préoccupations, mais son contenu ne fait pas consensus »
Tribune de Vincent Troger, Maître de conférences émérite en sciences de l’éducation
“Deux récentes enquêtes pointent du doigt le faible niveau des élèves français en mathématiques. Vincent Troger, maître de conférences émérite en sciences de l’éducation, rappelle dans une tribune au « Monde » que des débats scientifiques sur les finalités et modalités d’enseignement de la discipline retardent l’amélioration de la situation.”
Pratiques pédagogiques à fort impact en mathématiques
“Cette ressource met l’accent sur les pratiques qui ont un fort impact sur l’enseignement et l’apprentissage des mathématiques, comme le montre la recherche (voir la méta-analyse de Hattie, Fisher, Frey et coll., 2017). Veuillez trouver ci-après une série de fiches de renseignements qui décrivent les pratiques pédagogiques à fort impact, y compris les façons dont elles peuvent être mises en oeuvre et dont elles se présentent en salle de classe.” Document provenant de l’Ontario et signalé par le Café pédagogique.

100 activités génériques de pédagogie active - Fiches complètes - Gratuit
“De quoi dynamiser n’importe quel enseignement, du primaire à l’université”

Pour lutter contre les webcams fermées et les silences plombants, le professeur de physique Julien Bobroff a repensé ses visios pour motiver ses étudiant·e·s. Voici ses techniques (spoiler : c’est pas banal).

 

Géraldine Duboz (récolte de Bernard Desclaux)

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Revue de Presse Education... Concert de blues - Dissonances - Harmonies...

7 Février 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Concert de blues - Dissonances - Harmonies...

Oh comme nous aimerions partager une revue de presse joyeuse, optimiste. Nous jouons contre des éléments plus forts que notre envie, unissant chorus pandémique et sourdines ministérielles. Du blues, des dissonances et des harmonies, voilà le menu de la semaine.

Concert de blues

Pas de nouveau confinement (pour le moment) mais un nouveau protocole. Le journal du redéconfinement proposé par Les Jours fait le point sur les nouvelles mesures dans un contexte où «  Les cas de grand n’importe quoi se multiplient sur ce qu’il faut faire dans les écoles : cas contact sans fermeture de classe, sécurité aléatoire d’un établissement à l’autre ». Le rythme s’accélère comme le constate Le Midi Libre dans l’Aude « Changement de décor ce vendredi 5 février, avec un nombre de classes revu à la baisse (5), mais cette fois cinq écoles et un collège du département fermés. » L’Obs comptabilise en France «  934 classes sont fermées en raison de cas de Covid-19 ».
« Covid-19 : moins concentrés, plus bagarreurs et soucieux… Les enfants sont eux aussi bouleversés par la pandémie », alertent des professionnels de l’enfance, enseignants comme psychologues.
Pendant que Jean-Michel fait le zouave selon l’Humanité, localement les équipes éducatives cherchent des solutions pour respecter les directives récentes. « Afin d’appliquer les nouvelles règles, comme la distance entre les élèves, le collège-lycée La Fontaine n’a pas eu d’autre choix que d’aménager l’espace habituellement dédié au sport et de faire appel à des parents bénévoles pour assurer la surveillance  » rapporte Alexis Morel sur le site France-Info.
La pandémie se rajoute aux restrictions de moyens. «  On n’imagine pas l’énergie qui est déployée par ces enfants, par les adultes qui les entourent, par un établissement. Mais même les plus grandes volontés rencontrent leurs limites quand elles mènent trop de batailles, et qu’elles sont trop seules. », témoigne une enseignante dans une tribune publiée par Libération où elle raconte le quotidien d’un collège classique meurtri par la mort d’un élève victime d’une guerre des quartiers.
A Givors, deux enseignants sont en grève de la faim. "Par notre action collective, par notre mobilisation, par notre grève de la faim, nous crions à la République à quel point nos élèves comptent pour nous. Nous voulons avoir les moyens de les accompagner, de les aider à grandir... et ce quoi qu’il en coûte".
A Caen, des chefs d’établissement ont manifesté mercredi devant le rectorat. « Ils s’inquiètent des suppressions de postes annoncées pour la rentrée prochaine, alors qu’ils doivent faire face aux difficultés scolaires liées à la crise sanitaire. » explique France-Bleu Normandie.
Les personnels de l’Education Nationale étaient appelés à faire grève et manifester ce mardi. Un mouvement peu relayé dans la presse. « Gestion calamiteuse de la crise sanitaire, conditions d’enseignement dégradées, salaires en berne, suppressions de postes incessantes… les motifs de la colère étaient vastes  » précise l’Humanité. Alexis Morel pour Radio France consacre un reportage aux raisons de cette colère.
La lassitude n’épargne pas les professeurs de l’enseignement supérieur assignés derrière leur écran pour cause de distanciel. « Il n’est pas dans notre tradition de nous plaindre. En tant que professeurs des universités, nous avions un statut considéré comme élitiste qui, aujourd’hui, ne correspond plus du tout à la réalité  », témoigne Sébastien Saunier, enseignant à Toulouse 1 Capitole.


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Illustration de Fabien Crégut
Dissonances

« Appartenance syndicale, pratiques culturelles et électorales sont de plus en plus différenciées dans le corps enseignant, comme le montre une enquête de l’IFOP pour la Fondation Jean Jaurès. » La fin d’une culture commune chez les enseignants est annoncée par Le Monde.
Pour les jeunes enseignants, le COVID complique encore plus la donne. « Absence de lien avec les collègues, directives changeantes, rapport aux élèves bouleversé… les conséquences de la pandémie rendent le début de carrière encore plus délicat. » Violaine Morin souligne l’incidence des difficultés de la communication distante ou à distance sur l’entrée dans le métier.
Une entrée qui sera quelque peu différente l’an prochain avec la nouvelle formule du CAPES. « Deux ou trois épreuves d’admissibilité et deux épreuves d’admission, dont un entretien « sur la motivation du candidat et son aptitude à se projeter dans le métier de professeur » explique vousnousils, rajoutant « Ces nouvelles épreuves ne font pas l’unanimité auprès des enseignants ».
Ces expressions de mal-être et d’incompréhensions semble résonner dans le vide comme les réponses formatées et déconnectées de la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, Sarah El Haïry, à la détresse des étudiants relayée par le Youtubeur Hugo Travers. « Semblant débiter un catéchisme républicain, s’appuyer sur des éléments de langage et vendre les dernières mesures gouvernementales – « 1 jeune, 1 solution » – comme un sésame, rien n’y fait.  » commente Télérama.
Pourtant, « En réalité, il n’est pas difficile d’imaginer les conséquences graves que peut avoir la crise sanitaire sur l’état psychologique et matériel de nombreux étudiants » écrit le sociologue Olivier Galland. Loin de l’image d’Epinal, il existe des difficultés psychologiques inhérentes à la vie étudiante, l’isolement d’une vie distante et confinée les amplifie.
« Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Paris Ve. Dans le bureau de Frédérique Vidal, malgré les piles de dossiers, l’ambiance est apaisée et la ministre, sereine en apparence. Très. Trop.  », contraste saisissant décrit par le Huffington Post entre la sérénité d’une « Ministre fantôme » et le chaos ressenti par nombre d’étudiants et d’enseignants du supérieur.
« En 90 pages documentées Saïd Benmouffok, professeur de philosophie, fait un portrait sans concession du ministre JM Blanquer et propose une vision d’ensemble de son action, très sombre » dans « le fiasco Blanquer » dont Lucien Marboeuf fait la recension. A la lecture, tout semble d’une logique imparable, de la mise au pas d’une institution à l’empreinte très droitière d’une politique éducative.


Harmonies

Allons sur le versant positif. Pas réellement au départ puisqu’il est question de l’expulsion d’une famille. Mais, la mobilisation d’une école toute entière met du baume au coeur. A Paris, un mouvement de solidarité s’est construit pour « Une enfant pleine de ressources, volontaire, qui ne cesse de progresser malgré les difficultés, la fatigue des trajets, la crainte d’une expulsion. » témoigne son enseignant. On leur souhaite de réussir pour que Fatimate puisse grandir et apprendre sereinement.
Regardons aussi la créativité des enseignants, celle qui permet par exemple de poursuivre le dialogue entre élèves de différents pays malgré l’impossibilité de se rencontrer en vrai. Pilar Carilla et Cécile Morzadec racontent comment « des enseignants français, belge et espagnols ont trouvé des moyens pour que les rencontres entre leurs élèves aient bel et bien lieu, malgré l’impossibilité de se déplacer du fait de la situation sanitaire  ». Bonne idée que de faire vivre malgré les aléas le programme ERASMUS qui constitue une belle réussite européenne. « Dix millions de personnes ont bénéficié du programme Erasmus depuis sa création en 1987.  », l’objectif est de doubler le nombre de bénéficiaires en sept ans en touchant de plus larges publics : apprentis, lycéens, adultes en formation par exemple.
Les salles de spectacle sont fermées certes mais l’art continue de s’épanouir en milieu scolaire. « Vingt-cinq terminales du lycée agricole La Touche à Ploërmel dans le Morbihan viennent de recréer, en posant devant un appareil photo, des peintures classiques. Des œuvres qu’ils ont choisies pour magnifier la vie rurale  » raconte le Journal du Dimanche. L’école est un refuge pour les troupes de théâtre . « Comme partout en France, les théâtres subventionnés parisiens continuent à accueillir des artistes en résidence et, surtout, à mener des actions culturelles en milieu scolaire. » peut-on lire aussi sur le site du JDD.
« Je suis complètement admirative de ce que les communautés éducatives mettent en œuvre. », Barbara Martin nourrit son optimisme avec la vitalité des enseignants et l’élan de la jeunesse. Elle fait partie de ces chefs d’établissement pour qui la co-construction et l’égalité des chances ne sont pas des vaines expressions.
Alors, oui co-construisons. Un nouveau souffle viendra peut-être d’une mobilisation collective pour la démocratisation de l’école à l’heure où « Notre école a plus que jamais besoin d’humanité, de justice, d’échanges et de coopération  » comme le constate le collectif Jean Zay dans une tribune publiée dans Libération. «  Commençons donc par admettre que toutes celles et ceux qui sont sur le terrain ont quelque chose à dire à ceux qui les dirigent – et non seulement l’inverse – et que les élèves eux-mêmes, ainsi que leurs parents doivent être associés aux réflexions.  » sonne comme un appel à contributions auquel vous pouvez répondre sur la plateforme du collectif.

 

Monique Royer aux manettes cette semaine pour l’équipe revue de presse des Cahiers Pédagogiques

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A lire... L'inconnu de la poste - Florence Aubenas

5 Février 2021 , Rédigé par Hall du livre Publié dans #Médias, #Littérature

L'inconnu de la poste

À propos

« La première fois que j'ai entendu parler de Thomassin, c'était par une directrice de casting avec qui il avait travaillé à ses débuts d'acteur. Elle m'avait montré quelques-unes des lettres qu'il lui avait envoyées de prison. Quand il a été libéré, je suis allée le voir. Routard immobile, Thomassin n'aime pas bouger hors de ses bases. Il faut se déplacer. Je lui ai précisé que je n'écrivais pas sa biographie, mais un livre sur l'assassinat d'une femme dans un village de montagne, affaire dans laquelle il était impliqué. Mon travail consistait à le rencontrer, lui comme tous ceux qui accepteraient de me voir. » F. A.

Le village, c'est Montréal-la-Cluse. La victime, c'est Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. Ce livre est donc l'histoire d'un crime. Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes - tous, sauf un. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l'enquête policière, L'Inconnu de la poste est le portrait d'une France que l'on aurait tort de dire ordinaire. Car si le hasard semble gouverner la vie des protagonistes de ce récit, Florence Aubenas offre à chacun d'entre eux la dignité d'un destin.
     

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Revue de Presse Education... Colère - Anticipation - Déprime - Pour changer...

30 Janvier 2021 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Colère - Anticipation - Déprime - Pour changer...

Une actualité plutôt morose pour l’éducation cette semaine, entre une colère enseignante confrontée à la surdité du ministre, un confinement qui se profile mais ne s’annonce pas, et les étudiants qui n’en peuvent plus.


Colère

Cette semaine on a vu monter la colère des enseignants, colère qui s’est notamment exprimée lors de la grève du mardi 26 janvier. "Un appel à la grève et à la mobilisation a été lancé par six organisations syndicales, afin de réclamer de meilleurs salaires pour les enseignants, mais aussi dénoncer la gestion de la crise du Covid-19"
Pour comprendre cette colère profonde, on pourra aller lire des témoignages des personnels de l’éducation qui souhaitent notamment sauver le service public. (L’Humanité). Dans Le Monde, le SNUIPP résume la situation : “L’école « fait face à une crise grave et inédite où la réussite des élèves est menacée tandis que les personnels sont en première ligne et se sentent abandonnés. Des réponses à la hauteur des enjeux sont nécessaires pour permettre un tout autre service public d’éducation »”
En Dordogne, les professeurs d’EPS confrontés à l’interdiction du sport en intérieur, « manifestent "à poil" devant l’Inspection d’Académie ».

Et pourtant le ministre est complètement sourd à cette colère, lui qui se félicite des conclusions du Grenelle de l’éducation. Normal, il a tout fait pour que ce Grenelle propose ses idées à lui.
"Trois mois et une flopée de démissions plus tard (la CGT, la FSU, le pédagogue Philippe Meirieu), les dix ateliers mis en place viennent de rendre leur copie.
Jean-Michel Blanquer devrait rendre ses arbitrages dans quelques semaines. Mais, dès lundi 25 janvier au soir, sur LCI, le ministre a salué des perspectives extrêmement intéressantes ​. Pas étonnant. Une grande partie des recommandations vont dans le sens de ce qu’il prône depuis plusieurs années : affirmation de l’autorité de l’État, autonomie des établissements, libéralisation."
 Ouest-France

Une promesse non tenue : celle de la prime informatique qui devait être versée en janvier. « La prime informatique (150€ par an) est la seule revalorisation qui aurait du être touchée par la grande majorité des enseignants. Promise par le ministre pour le mois de janvier 2021 elle n’a pas été versée. " » Le Café pédagogique

Autre source de colère : la maternelle. Maternelle : Monsieur le Ministre, ça suffit !
“Le ministre n’oublie rien dans son entreprise de casse de l’école maternelle. Non content de la formater sur le modèle de l’école élémentaire, fort peu intéressé par la réaction massive que la note du CSP a provoquée, il vient de décider de ficher les enfants, dès 3 ans, sur la base de leurs comportements et ce jusqu’à la fin de leur scolarité." Une tribune à lire.
A lire aussi, deux essais vent debout contre Jean-Michel Blanquer
“Dans « Le Fiasco Blanquer » et « Jean-Michel Blanquer, l’Attila des écoles », Saïd Benmouffok et Pascal Bouchard s’appuient sur leur connaissance de l’école pour se livrer à une critique acérée de la politique du ministre de l’éducation nationale.” Par Luc Cédelle


Anticipation
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Le dessin de Fabien Crégut

C’est raté pour l’organisation. Pas un mot pour les écoles vendredi soir lors de l’intervention du premier ministre à l’issue du conseil de défense. Pourtant les enseignants aimeraient bien pouvoir anticiper, s’organiser. Ne pas « revivre le coup du "débrouillez-vous" ». Car, en effet « On est toujours les derniers informés, glisse une enseignante dans une école primaire bretonne. A chaque décision, on l’apprend d’abord dans la presse. » Comme elle, nombreux sont les professeurs à attendre les décisions concernant les prochaines vacances. Y aura-t-il trois semaines en février ? Ou deux ? Pour tout le monde en même temps ou par zones ? (Libération)

Pourtant le virus semble circuler de plus en plus dans les établissements :
« Les écoles connaissent ces derniers jours une flambée de cas de Covid-19, d’importants clusters apparaissent. Le protocole sanitaire, critiqué depuis des mois par tous les acteurs de l’Éducation nationale, est inefficace pour repérer et bloquer les transmissions. ». Et de nombreux scientifiques plaidaient cette semaine pour un reconfinement. “Jean-François Delfraissy a estimé dimanche que les nouveaux variants « changent complètement la donne ». (LeMonde)

La question se posait, et semble se poser encore de l’allongement des vacances d’hiver.Hypothèse évoquée par le porte parole du gouvernement jeudi matin, alors qu’au même moment le ministre de l’éducation disait le contraire. Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs été interdit de micro à la suite de cette cacophonie (selon Gala). En effet, “alors qu’un troisième confinement se profile, le ministre de l’Education réaffirme sa volonté de laisser les écoles ouvertes.
Laisser les écoles ouvertes quoiqu’il en coûte ? S’interroge Pascale Fourier sur son blog “ Responsable de la santé au travail de près de 850.000 de ses agents en poste devant élèves, que propose-t-il alors ? La fourniture de deux masques chirurgicaux par jour en remplacement des « masques-slips » ? Une priorité pour la vaccination de ceux qui seraient volontaires ? Non, rien.”

Certaines écoles se préparent à une éventuelle fermeture, en l’absence de consignes.
“ Pour ne pas être pris au dépourvu, les enseignants ont parfois perfectionné leurs outils pédagogiques en ligne et formé leurs élèves.”
A propos de l’enseignement à distance, un rapport est sorti sur le confinement de l’an dernier. “A partir d’une enquête réalisée auprès de 400 enseignants, l’Inspection générale de l’Education nationale porte un regard très critique sur la poursuite de l’enseignement pendant le premier confinement. Il préconise d’améliorer la formation pour les cours à distance, dans la perspective d’un éventuel reconfinement des écoles.” L’article


Déprime

Du côté des étudiants, la déprime augmente. Elle est d’abord le fait des cours à distance depuis plusieurs mois.
La galère des cours à distance : « La connexion a coupé… Je n’ai pas entendu la question » “Les syndicats étudiants ont appelé à manifester ce mercredi pour un « plan d’urgence ». Ils pointent le distanciel comme l’une des causes de leur mal-être. Reportage en cité U à Amiens dans la Somme.”
Cours en ligne : « L’enseignement désincarné est un simulacre »"Alors que débute le second semestre universitaire, élèves et enseignants vivent leur première rentrée en « distanciel ». Mais sans la dimension charnelle de l’expérience pédagogique, l’enseignement est dénaturé, déplore, dans une tribune au « Monde », Céline Letemplé, professeure d’anglais.”

Cette situation qui dure entraîne d’importantes difficultés, déprime, burn out, voire pire.
« Enseignants et étudiants, on est déjà tous en burn-out » : le monde de l’éducation en plein désarroi face à la gestion de la crise sanitaire
“Du secondaire au supérieur, élèves et professeurs ont manifesté, mardi, pour réclamer des moyens afin d’assurer à tous une continuité pédagogique en présentiel.”
Par Soazig Le Nevé

Pire : de nombreux étudiants doivent choisir entre manger et étudier car ils ont perdu l’emploi qui leur permettait d’avoir un revenu. On les voit très nombreux dans les distributions des associations caritatives. C’est pourquoi le programme des repas étudiants à un euro est bienvenue.
« Depuis le 25 janvier, tous les étudiants peuvent bénéficier de repas à un euro dans 400 points de distribution ouverts par les Crous. Un coup de pouce bienvenu en pleine crise sanitaire. »

Et le retour en présentiel ? Ce que prévoient les grandes écoles
“Le retour à petite dose de tous les étudiants dans leurs établissements, annoncé par Emmanuel Macron jeudi dernier, se mettra en place à partir de lundi et d’ici au 8 février au plus tard. Dans les grandes écoles, tous les étudiants n’ont pas la même envie de présentiel.”


Pour changer

Voici quelques articles intéressants et moins déprimants qui sont sortis cette semaine.

Tout d’abord, un article sur les professeurs documentaliste dont le métier est méconnu.« La caricature de la “dame du CDI”, c’est fini ! » : le blues des professeurs-documentalistes
« Les « profs-docs » se sont mobilisés en décembre après avoir été exclus du versement d’une prime informatique. Sans discipline propre, sans heures de cours dédiées ni salle de classe, la profession manque de reconnaissance et fait face à des difficultés au quotidien. » Par Séverin Graveleau.
Mais aussi une incursion chez un CPE.
“Insolence, bagarre, racket... Petit florilège des agressions auxquelles sont régulièrement confrontés les deux CPE d’un collège du nord-est parisien.” France Culture.

Quelques pistes pour démocratiser l’accès aux grandes écoles.
“Un rapport de l’Institut des Politiques Publiques publié en janvier révèle l’échec des tentatives mises en place depuis les années 2000 pour démocratiser les grandes écoles. C’est en réalité dès le lycée, lorsque les élèves formulent leurs vœux, que les mesures seraient les plus efficaces.”
Car en fait, dans les grandes écoles, la diversité sociale n’a pas progressé en dix ans
“Des élèves issus des couches les plus favorisées de la société et résidant en Ile-de-France : le vivier de recrutement de ces établissements n’a pas bougé, indique une vaste étude menée par un laboratoire de l’Ecole d’économie de Paris.”

Sur le site de la FCPE, une étude sur les relations entre l’école et les familles"L’institution scolaire, en s’ouvrant progressivement aux parents, a contribué à fabriquer une image du parent d’élève idéal, allié de l’école. Cependant, cette image du parent compétent, coopérant avec l’école et en maîtrisant les codes, fait courir le risque d’un jugement négatif sur les parents qui s’écartent de cette norme, au risque de les disqualifier à leurs propres yeux et aux yeux de l’institution. À ce titre, la formation des acteurs de l’école à la diversité des familles et à la relation à construire avec elles est une priorité, afin de ne pas redoubler les inégalités, en ajoutant aux difficultés de certains enfants celles de leurs parents face à l’école.” Par Pierre Périer, professeur en sciences de l’éducation, université Rennes 2 - CREAD

Des « apaches » aux « racailles » : « La perception de la violence change, pas les jeunes »
“Alors que le Sénat a adopté mercredi la réforme de la justice des mineurs, les historiens Véronique Blanchard et Mathias Gardet, auteurs d’un ouvrage consacré au traitement judiciaire de la délinquance juvénile dans l’après-guerre, retracent l’évolution des représentations, des normes sociales et des réponses pénales.”

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