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Boyard-Hanouna : derrière la polémique, le débat confisqué - Par Najat Vallaud-Belkacem
EXTRAITS
Il est temps « d’ouvrir le débat sur la réalité des pratiques économiques prédatrices de certaines entreprises peu scrupuleuses sur le continent africain », estime Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l’ONG One.
Cyril Hanouna a ainsi une nouvelle fois offert lors de son émission Touche pas à mon poste un spectacle affligeant de vulgarité en insultant violemment le député LFI Louis Boyard qui avait osé pointer la responsabilité des activités industrielles du groupe de Vincent Bolloré, propriétaire de la chaîne C8 hébergeant son émission, dans la déforestation et l’appauvrissement de certains pays d’Afrique. Derrière les indignations à peu de frais sur les réseaux sociaux, ce n’est pas seulement l’ARCOM que le député Boyard et son groupe devraient saisir, mais le procureur de la République, sauf à banaliser les injures et les outrages contre les élus, qui sont punis par des peines pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.
Mais au-delà de cet incident et de la polémique qui l’accompagne, il nous faut surtout ouvrir le débat sur la réalité des pratiques économiques prédatrices de certaines entreprises peu scrupuleuses sur le continent africain. Car c’est finalement de ce débat de fond que la violence et l’indécence du clash nous ont privés.
(...)
« Le groupe Bolloré n’a pas le monopole de l’absence de scrupules »
Pendant plus de 35 ans, les activités logistiques et portuaires du groupe Bolloré en Afrique, dont il s’est récemment délesté pour la somme record de 5,7 milliards d’euros, ont fait sa fortune. Ce groupe a été un acteur central de l’exploitation forestière et du commerce des bois tropicaux africains, au mépris des ravages de cette exploitation industrielle sur les hommes et l’environnement. Les activités africaines de la multinationale française, implantée dans 46 pays du continent, font l’objet de plusieurs poursuites judiciaires, dont une affaire de corruption présumée de deux chefs d’État pour obtenir la gestion de ports. Quels sont les investissements réalisés par le groupe ? Quel ont été le coût et le bénéfice de ces activités pour les pays concernés ? L’enrichissement de Vincent Bolloré a-t-il contribué à l’appauvrissement des pays africains concernés au lieu d’aider à leur développement ? A-t-il reposé sur la corruption de leurs dirigeants ? Ces questions doivent trouver des réponses.
Mais le groupe Bolloré n’a pas le monopole de l’absence de scrupules français sur le continent. Que dire du gigantesque projet d’exploitation pétrolier enfoui sous le lac Albert en Ouganda, dont Total possède 62 % des parts dans la holding chargée de construire cet oléoduc, qui traverserait 16 aires protégées en menaçant la biodiversité de la région et reposerait sur l’expropriation des habitants de près de sur 172 villages ougandais ? À l’heure de la COP 27, il s’agit d’un vaste chantier anachronique à 10 milliards de dollars visant à extraire un milliard de barils de pétrole pendant une durée de 25 à 30 ans, et qui pourrait émettre au moins 33 millions de tonnes de CO2 par an, soit plus de trente fois les émissions annuelles de l’Ouganda et de la Tanzanie réunis. Il est urgent d’y mettre fin.
(...)
Si le combat contre la censure qu’Hanouna et Bolloré cherchent à imposer est sincère, alors la presse doit enquêter sur ces enjeux et les élus en débattre pour prendre les décisions qui s’imposent. Cela mérite d’occuper plus de temps d’antenne et de place dans les journaux que les outrances et la vulgarité d’une sinistre télé-poubelle.
Par Najat Vallaud-Belkacem
Directrice France de One
L'affaire Boyard-Hanouna ou la démonstration de l'emprise de Bolloré sur ses affidés (Vidéo)
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L'affaire Boyard-Hanouna ou la démonstration de l'emprise de Bolloré sur ses affidés
Louis Boyard, député LFI, venu sur le plateau de "Touche pas à mon poste" ce vendredi s'est fait copieusement insulter. Mais au-delà d'injures honteuses, c'est le visage d'un Hanouna à la bott...
Le mythe de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux
La brusque prise de contrôle de Twitter par Elon Musk doit nous rappeler un point essentiel : le concept de liberté d’expression ne s’applique pas aux réseaux sociaux tels que nous les connaissons. Seules s’appliquent les règles d’utilisation des services, quelle que soit leur évolution.
Le mois dernier, un citoyen américain qui s’était imprudemment rendu en Arabie Saoudite fut condamné à seize ans de prison pour des tweets «critiques» envers le régime. On ne peut qu’être d’accord sur le qualificatif : certains tweets évoquaient l’assassinat de Jamal Khashoggi, journaliste du Washington Post démembré vif au consulat saoudien d’Istanbul en 2018 pour avoir fait son travail. Ironie de l’histoire, les Saoudiens s’associaient deux semaines plus tard au rachat de Twitter par Elon Musk, entrepreneur autodéclaré comme «absolutiste de la liberté d’expression». Ce mariage de raison de la carpe et du lapin a trouvé une certaine cohérence à mesure que Musk endossait le rôle de «Twitt in chief». «La comédie est désormais légale sur Twitter», annonçait-il en fanfare dès son acquisition, rappelant son opposition à une modération excessive des contenus sur le réseau. Le nombre de messages mentionnant le mot «nègre», tabou aux Etats-Unis, a dans la foulée bondit de 500%, preuve que cette nouvelle politique avait trouvé son public.
Mais il y a «comédie» et «comédie» et, en termes de liberté d’expression, chacun a sa ligne rouge. Musk et les Saoudiens se sont avérés avoir la même : critiquer le boss. Ainsi @h3h3productions, un compte certifié par Twitter, cumulant le nombre respectable de 2,3 millions d’abonnés, a fait l’erreur de se déguiser en Elon Musk et d’user d’ironie. Malgré un discours ostensiblement parodique, ce crime de lèse-majesté lui a valu une radiation sans préavis, et cette prompte exécution numérique ne fut pas un cas isolé.
Rappelons que Twitter, même s’il n’a pas la popularité d’un Facebook, est extrêmement influent socialement, en particulier en politique. Avant qu’elle ne soit chassée par un autre fait divers, cette brusque prise de contrôle doit donc nous rappeler un point essentiel : le concept de liberté d’expression ne s’applique pas aux réseaux sociaux tels que nous les connaissons. Seules s’appliquent les règles d’utilisation des services, quelle que soit leur évolution. Il nous a été facile de l’oublier, ivres que nous sommes de la possibilité de nous adresser gratuitement au monde entier, et de nous comparer aux autres par le biais de métriques soigneusement pensées. Ces plateformes technologiques confortables sont aujourd’hui les béquilles indispensables de la vie sociale de nombre de nos concitoyens et, par ricochet, le passage obligé pour les politiques, les marques et les entrepreneurs sociaux en tous genres. De facto, elles sont devenues les lieux d’expression publique par excellence.
Nous avons littéralement délégué notre liberté d’expression à des entreprises technologiques dont les travers sont si nombreux qu’ils menacent directement la survie de nos démocraties (1). L’épisode Musk /Twitter met une fois de plus en lumière le caractère antinomique de leur fonctionnement par rapport à l’utopie primitive du Web : elles concentrent entre les mains de quelques-uns un pouvoir social et un contrôle de l’expression publique qui étaient promis à une décentralisation. Ce constat est d’autant plus douloureux à dresser qu’individuellement nous sommes captifs de ces plateformes : si vous quittez votre réseau historique pour un autre naissant, votre monde se restreint d’un coup aux quelques utilisateurs qui ont fait la même démarche que vous, vous perdez la richesse de votre environnement social et vos scores de popularité durement acquis.
Mastodon, alternative libre et décentralisée à Twitter, en a fait les frais dès sa sortie en 2016. En théorie, cette plateforme a tout pour plaire : toute entité possédant des serveurs peut déployer son propre réseau social et décider de sa politique de modération. Tout utilisateur peut choisir l’instance Mastodon dont la politique lui correspond le mieux, tout en gardant la possibilité d’interagir avec les utilisateurs des autres instances, et de migrer à tout moment en emportant ses données. En pratique, si vous arrivez sur une instance où vous n’êtes pas assez stimulé·e parce que la masse critique d’utilisateurs n’est pas atteinte, vous repartez sur Twitter, empêchant par là même l’instance d’atteindre cette masse critique. Sans choc externe provoquant un mouvement coordonné des utilisateurs d’une plateforme vers une alternative, il est pratiquement impossible de sortir du statu quo. La migration massive vers Mastodon de ces derniers jours (+300% de nouveaux utilisateurs et +61% de nouvelles instances) est une opportunité à saisir pour tous ceux souhaitant s’extraire du champ gravitationnel de Twitter, mais il n’est pas garanti que ce mouvement soit suffisamment massif à terme pour changer la donne, ou que les instances existantes puissent absorber le flux.
Vu l’importance de la médiation sociale numérique pour le débat public et nos démocraties, une réflexion s’impose donc : ne serait-il pas temps pour la puissance publique d’appuyer la diversification des plateformes de réseaux sociaux, en soutenant, par exemple, la création d’instances Masdoton sur le territoire ? De même que nous finançons nos routes et certaines infrastructures clés, il serait légitime que l’Etat finance des espaces numériques ouverts, affranchis de toute publicité, dotés d’une gouvernance citoyenne et, surtout, souverains. Le coût serait minime par rapport aux autres infrastructures. Reste à savoir si la volonté politique existe d’extraire la France du statut de colonie numérique des Gafam et de faire sortir la liberté d’expression de son carcan numérique.
par David Chavalarias, mathématicien, chercheur à l’Institut des systèmes complexes (CNRS)
(1) Toxic Data de David Chavalarias (Flammarion, 2022).
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Le mythe de la liberté d'expression sur les réseaux sociaux
La prise de contrôle de Twitter par Musk doit nous rappeler un point essentiel : le concept de liberté d'expression ne s'applique pas aux réseaux sociaux tels que nous les connaissons. Seules ...
Et hop ! Les députés transforment la redevance en impôt invisible
EXTRAIT
Les députés ont voté la fin la redevance audiovisuelle samedi 23 juillet. Mais comment financer les chaînes et radios publiques ? Par une fraction de la TVA, pardi ! Soit un impôt qui ne se voit pas. N’est-ce pas prendre les Français pour des naïfs ? Explications.
Tant d’amateurisme et de désobligeance sont confondants. Après des heures de débats houleux, la disparition de la contribution à l’audiovisuel public (CAP, ex-redevance) a été adoptée par les députés en plein cœur de l’été par moins d’un tiers de la représentation nationale alors en séance. Elle sera remplacée par une fraction de la TVA votée par le Parlement chaque année. Joli tour de passe-passe qui consiste à remplacer un impôt par un autre, le tout au nom du pouvoir d’achat et dans une joyeuse improvisation.
(...)
... Faire dépendre le financement des télévisions et radios publiques du bon vouloir de l’État, c’est remettre en cause leur indépendance et, en prime, risquer de se voir censurer par le Conseil constitutionnel. Tollé général et reculade désorganisée. Dans la pagaille, Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et fine connaisseuse de l’audiovisuel, sort de son chapeau la cartouche TVA, et la fait avaliser par son groupe et ses alliés sans vrai débat.
Malin. À première vue, du moins. (...) Non seulement les Français vont continuer à payer pour leurs télévisions et radios publiques, mais les quelque cinq millions de foyers modestes qui en étaient jusqu’ici exonérés vont désormais devoir mettre au pot. Supprimer un impôt visible pour le remplacer par un impôt invisible et plus injuste, c’est du grand art. Les Français et leur audiovisuel public méritaient mieux que ce mauvais numéro de prestidigitation.
Olivier Milot
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Et hop ! Les députés transforment la redevance en impôt invisible
Les députés ont voté la fin la redevance audiovisuelle samedi 23 juillet. Mais comment financer les chaînes et radios publiques ? Par une fraction de la TVA, pardi ! Soit un impôt qui ne se vo...
L'information à l'heure des réseaux sociaux
EXTRAITS
A chaque époque son média dominant. De fait, nous sommes passés en matière de transmission de l’information, du règne absolu de la télévision à celui d’internet au point qu'il ne semble pas exagérer d’affirmer qu’internet, et en particulier sa déclinaison à travers les réseaux sociaux, impose aux autres médias - télévision, radio, presse - son modèle de transmission de l’information.
A chaque époque son média dominant. En octobre 1993, c’est-à-dire il y a près de trente ans, Ignacio Ramonet publiait, dans « le Monde diplomatique », un article où il analysait comment la télévision avait réussi à imposer son modèle à l’ensemble des médias en matière de traitement de l’information. Or, depuis, la télévision s’est peu à peu muée en média du passé. Au tournant des années 2010, la marionnette de PPDA dans les Guignols de l’info ponctuait déjà la présentation de son journal télévisé parodique par la formule restée célèbre : « Vous regardez l’ancêtre d’internet. » De fait, nous sommes passés au début du XXIème siècle, en matière de transmission de l’information, du règne absolu de la télévision à celui d’internet. Le passage d’un média dominant à un autre entraîne nécessairement un certain nombre de changements formels qui ne sont pas sans conséquence sur le contenu même de l’information. Il ne semble pas exagérer d’affirmer qu’internet, et en particulier sa déclinaison à travers les réseaux sociaux, impose aux autres médias - télévision, radio, presse - son modèle de transmission de l’information.
(...)
En ce qui concerne la télévision l’influence prédominante des réseaux sociaux d’internet est sans doute à chercher dans les chaînes d’info en continu, présente depuis la fin du siècle dernier dans le paysage audiovisuel mais dont l’influence a commencé à se faire sentir à partir des années 2000, c’est-à-dire en même temps qu’internet établissait son modèle dominant à l’ensemble de la sphère médiatique. À la différence du rituel du journal télévisé commençant à heure fixe et coïncidant avec l’heure des repas, la chaîne d’infos en continu offre la promesse d’une information disponible à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
On pourrait supposer qu’une telle dilatation temporelle s’accompagne d’une offre informationnelle accrue. C’est pourtant exactement le contraire que l’on peut constater et cela aussi bien d’un point de vue qualitatif que d’un point de vue quantitatif. Pour comprendre ce paradoxe, nul besoin de recourir à une théorie du complot qui voudrait que la sphère médiatique procéderait à de la rétention volontaire d’informations dans le but de laisser la grande masse des citoyens dans l’ignorance. En réalité, c’est à la fois plus simple et plus compliqué. J’identifie pour ma part deux grandes causes à cet état de fait. Il y en a sans doute d’autres qui m’ont probablement échappé et que je ne peux par définition pas mentionner.
La première cause est à chercher dans le modèle économique des chaînes d’information en continu. Ce modèle repose sur une concurrence visant à obtenir le plus de téléspectateurs possibles, ce qui les amène donc à sélectionner les sujets les plus susceptibles d’intéresser le public. Or ces sujets sont en réalité en nombre relativement réduits et tournent en boucle sur l’ensemble des chaînes. Comment pourrait-il en être autrement ? Là où autrefois le téléspectateur regardait un programme, le journal télévisé qui pouvait donc imposer son propre contenu à des téléspectateurs captifs, il cherche à présent une information et il y a de grandes chances pour que cette information corresponde à ce qui domine l’actualité dans le moment présent. Par conséquent, si la chaîne ne parle pas de ce qui préoccupe le téléspectateur, il sera amené à changer de chaîne pour trouver l’information qu’il recherche.
La deuxième cause serait à rechercher dans la gestion de l’économie de l’attention, celle du téléspectateur. On le sait, le temps moyen passé sur une chaîne d’information en continu par un téléspectateur est relativement court, de l’ordre de quelques minutes. Le but de la chaîne est d’attirer le téléspectateur, mais également de le retenir le plus longtemps possible, ou, a minima, de l’inciter à revenir le plus fréquemment possible. Pour cela, il est bien plus rentable de jouer sur l’effet de suspense que sur la divulgation d’informations. Le téléspectateur est placé dans l’attente d’un supplément d’information : on va rejoindre un correspondant sur place, telle personnalité va intervenir, on attend de plus amples informations d’un moment à l’autre… Tout est mis en place pour que vous restiez captif du fil d’actualité. Le but ultime est donc de vous informer le moins possible afin de créer une frustration que vous allez chercher à combler en restant dans l’espoir chimérique d’obtenir une information plus substantielle.
(...)
Qu’on mette les choses au point, les commentaires des éditorialistes n’ont absolument pas pour but d’expliquer l’actualité ou d’essayer de la comprendre. Ce sont, la plupart du temps et comme souvent sur internet, des bavardages, ce que les anglophones appellent des « small talks » et qui ressortissent essentiellement à la fonction phatique du langage : la fonction phatique consiste en effet selon la terminologie de Jakobson à assurer le lien communicationnel à l’exclusion de tout autre type d’information. Les commentaires des éditorialistes pourraient donc se résumer la plupart du temps à cette phrase que nous prononçons quand nous sommes au téléphone : « Allo ? Vous m’entendez ? Ne coupez pas ! » Qu’on observe les étymologies particulièrement éclairantes de « buzz » et de « Twitter » : dans les deux cas, on notera l’analogie avec un bruit sans aucune signification.
Mais à vrai dire, la seule fonction phatique n’est pas suffisante pour caractériser la nature des commentaires des éditorialistes. S’y ajoute aussi, sous les dehors d’un discours qui se veut surplombant et objectif, une autre fonction du langage, la fonction émotive. Le commentaire de l’actualité à la télévision occupe en effet souvent la fonction du like ou dislike des réseaux sociaux. Le but du commentaire n’est donc pas, encore une fois, de fournir une explication éclairante sur un sujet précis mais de porter un jugement de valeur. On le sait, la mobilisation des émotions est un ressort puissant de l’attention et permet donc d’attirer et de retenir le téléspectateur. On comprendra donc que les plateaux des chaînes d’information soient organisés de manière à produire un contenu émotionnel d’autant plus puissant qu’il sera contradictoire : les éditorialistes se recrutent donc, non en fonction de leurs compétences sur tel ou tel sujet mais en fonction de leur orientation idéologique, ce sera le représentant de tel journal de gauche en face du représentant de tel journal de droite. On retrouvera donc à la télévision les débats enflammés que peut susciter dans les commentaires telle ou telle publication des réseaux sociaux. Cela influe évidemment sur la nature des informations retenues : à l’information consensuelle telle qu’elle pouvait se présenter de manière caricaturale dans le 13h de Jean-Pierre Pernaut, on préférera une information clivante à même de générer des prises de position tranchées et contradictoires.
Mais la prédominance des éditorialistes dans le système médiatique ne s’arrête pas là. Les caractéristiques de la fonction d’éditorialiste contamine en effet le reste du champ journalistique : c’est ainsi qu’un bon nombre de présentateurs, animateurs, intervieweurs, se sont mués en éditorialistes, prenant position de manière ostensible là où on attendrait un minimum de neutralité, au moins apparente. Ce qui a pour effet (et pour but) de transformer un certain nombre d’interviews en matchs de boxe où l’aspect conflictuel importe davantage que l’obtention d’informations. Là encore, il faut chercher dans ce changement de paradigme l’influence que font subir les réseaux sociaux à l’ensemble du système médiatique. Les passages les plus saillants d’une émission de télévision sont susceptibles d’être repris sur internet et c’est la recherche de cette reprise qui constitue le but ultime du journaliste de plateau. La forme en est de manière emblématique « la petite phrase ». Que le nombre de mots sur Twitter soit limité, empêchant ainsi le développement de tout raisonnement complexe n’est évidemment pas anodin et produit quasi-mécaniquement un appauvrissement de la pensée et de la compréhension. L’information des chaînes d’info en continu est donc devenu de fait « un récit raconté par un idiot plein de bruit et de fureur et ne signifiant rien ».
(...)
... les énoncés produits sur internet et en particulier sur les réseaux sociaux ont un statut particulier en cela qu’ils ne sont ni totalement ancrés, ni totalement coupés. On connaît généralement l’identité de l’énonciateur, à ceci près qu’il peut s’agir d’une identité fictive (ainsi cher lecteur et chère lectrice ignores-tu mon identité réelle à moins que tu ne sois de mes proches), on peut déterminer le moment où l’énoncé est produit qui ne correspond d’ailleurs pas forcément à sa réception (à moins qu’on ne vive que par et sur internet), en revanche rien ne nous précise le lieu (internet devient le lieu de référence : lorsque j’utilise le terme « ici », c’est mon blog que je désigne, pas le lieu réel où j’écris, identifiable sur une carte), le destinataire n’est pas forcément explicite, à tel point qu’il peut ou non apparaître dans l’énoncé (si j’utilise le pronom de deuxième personne, tu crois savoir que c’est à toi que je parle, même si je ne sais pas qui tu es).
La nature particulière et ambiguë des énoncés produits sur internet brouille donc les codes habituels de communication. On est là sans être ici, on s’adresse à quelqu’un sans savoir à qui, on est dans une temporalité indéterminée qui n’a ni début, ni fin. Les éléments de la situation d’énonciation qui trouvent leur origine dans le réel deviennent de pures abstractions désincarnées. Autrement dit, nous avons à faire à des énoncés sans situation d’énonciation, sans pour autant être des énoncés coupés par rapport à la situation d’énonciation. C’est à l’image des plateaux des chaînes d’information en continu peuplés de gens qui font comme s’ils connaissaient le réel mais qui n’en connaissent que la représentation. Il faut lire l’article consacré au sujet par mon collègue Sylvain Grandserre qui décrit en détail et de l’intérieur cet écosystème médiatique (en l’occurrence le fonctionnement de l’émission des Grandes Gueules et plus généralement de BFMTV), pour se rendre compte à quel point les professionnels censés rendre compte du réel n’en connaissent strictement rien, enfermés qu’ils sont dans l’espace artificiel des plateaux de télévision où ils côtoient essentiellement leurs semblables. Le fait même de passer à la télévision vous déconnecte du réel quand bien même vous en seriez issu.
(...)
Petrus Borel, professeur de français en lycée
Texte intégral à lire en cliquant ci-dessous
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L'information à l'heure des réseaux sociaux
A chaque époque son média dominant. En octobre 1993, c'est-à-dire il y a près de trente ans, Ignacio Ramonet publiait, dans " le Monde diplomatique ", un article où il analysait comment la ...
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La Nupes, invisibilisée dans les médias
Le programme de la Nouvelle union populaire écologique et sociale a été présenté jeudi 19 mai et il n’a pas toujours reçu un écho médiatique à la hauteur du rassemblement politique qu’il représente.
Si l’on veut connaître la nuance politique d’un journal ou son degré de compréhension de la gauche à trois semaines des élections législatives, il suffit de regarder son traitement de la conférence de presse des 650 propositions de la Nupes, la Nouvelle union populaire écologique et sociale qui rassemble insoumis, écologistes, socialistes et communistes.
Pour ce « programme partagé », présenté jeudi 19 mai 2022, c’est un traitement a minima avec seulement un maigre article perdu dans une page intérieure pour Le Figaro, Le Parisien ou Les Échos, propriété de Dassault ou de LVMH. En revanche, il a fait la Une pour L’Humanité, Libération et Le Monde. Il faut dire que ce programme commun de la gauche, qui rappelle celui de 1972, est un événement incontestable que seul le parti-pris peut faire mine d’ignorer. Et pourtant, ni le 20h de Julien Arnaud sur TF1, ni celui de France 2 n’ont jugé digne de lui consacrer le moindre titre.
La politique, dit-on, n’intéresse personne. Pourtant, il y avait là, à la fois de l’image, du symbole et du fond. Pour la photo, il n’est pas courant de voir sur la même scène Olivier Faure pour le PS, Julien Bayou pour Europe Écologie-Les Verts, Ian Brossat pour le PC et Jean-Luc Mélenchon pour les insoumis. Pour le symbole, il est encore plus notable de voir que toutes ces formations ont été capables de s’entendre sur le nom de Mélenchon comme Premier ministre et de mettre entre parenthèses leurs différences pour présenter des propositions communes, dans 95% des cas.
Et parmi elles, la possibilité de changements en profondeur pour des dizaines de millions de personnes. Que ce soit un SMIC passant de 1 300 à 1 500 euros net, une révolution fiscale avec 14 tranches d’imposition au lieu de cinq, la retraite à 60 ans, un investissement massif dans la bifurcation écologique avec un million d’emplois à la clé, le blocage des prix de première nécessité… Bref, une rupture « raisonnée mais ferme » comme dit le leader de la France insoumise.
Le soir du premier tour, un comptage par formation politique a pour but d’éviter de montrer la force de Nupes. De la même façon, beaucoup de contre-feux semblent allumés pour détourner les médias de cette union politique. Il y a les sujets légitimes comme le nouveau gouvernement, l’Ukraine, Cannes… et puis ceux qui semblent faits pour rallumer des polémiques, comme l’affaire du burkini à la piscine de Grenoble.
Face à cela, Nupes promet de revoir pas mal de choses dans les médias avec une loi anti-concentration, un Conseil national des médias ou encore des mesures de protection contre les influences politiques et financières dans les rédactions.
Amaury de Rochegonde
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Chronique des médias - La Nupes, invisibilisée dans les médias
Le programme de la Nouvelle union populaire écologique et sociale a été présenté jeudi 19 mai et il n'a pas toujours reçu un écho médiatique à la hauteur du rassemblement politique qu'il r...
Comment s'informent les adolescents ?
Comment apprennent-ils à s'informer dans les différents médias et peut-on leur apprendre à bien s'y orienter ?
En cette année d’élection présidentielle il était prévu de proposer une émission sur la manière dont les adolescents s’informent sur la politique. La guerre en Ukraine bouscule la programmation et le sujet fait bien plus la une que la campagne électorale. Il est également largement traité dans les médias qui s’adressent au public jeune – alors finalement la question posée dans cette émission est simplement "comment s’informent les adolescents ?", sur ces sujets comme sur d’autres.
Etre et savoir tente d'y répondre en s'appuyant sur les 5 W du journalisme, souvent utilisés pour expliquer les bases de l’information dans l’éducation aux médias : What ? Who ? Where ? When ? Why ?
Alors que regardent, écoutent et lisent les adolescents pour s’informer ? Qui produit ces contenus ? Vers quels médias se tournent les jeunes ? Le travail du jeune journaliste Hugo Travers, alias Hugo décrypte, donne un exemple précis de ce qui peut être fait en la matière et qui rencontre un large public.
Comment les adolescents accèdent à l’information, dans quelles conditions (c’est le où et le quand) ? Si s’informer est une pratique qui pour eux s’intercale avec d’autres usages, en ligne, sur les mêmes réseaux sociaux, que cela implique-t-il pour ce jeune public ?
Et pourquoi faut-il éduquer les adolescents à bien s’informer ? Quelques éléments de réponse pour introduire les réflexions qui suivent : l’enjeu est démocratique mais surtout il va au-delà de la jeunesse car s’intéresser à ce que regardent les adolescents revient à nous éduquer nous-mêmes tant le paysage médiatique et le journalisme évoluent aussi à leur contact. Les adolescents sont peut-être précurseurs en ce qui concerne la manière dont nous allons tous nous informer dans le futur.
Enfin, cette question concerne l’institution scolaire et il est également question dans l'émission de ce qu’il est possible de faire en classe avec une enseignante !Louise Tourret s'entretient avec Maryse Broustail, professeure d'histoire-géographie au lycée à Mantes-la-Jolie (académie de Versailles), chargée de mission pour le CLEMI (Centre pour l'éducation aux médias et à l'information) Versailles, Sophie Jehel, maîtresse de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8, elle vient de publier aux éditions de l’INA, L'adolescence au cœur de l'économie numérique, Jean-François Ebeling, rédacteur en chef adjoint en charge d’Arte journal junior, Hugo Travers alias Hugo Décrypte, journaliste et vidéaste, fondateur des médias Hugo Décrypte et Mashup.
La citation
"On sait qu’il y a des jeunes qui ne vont s’informer que par nous, ou quasiment, pour connaitre les programmes des candidats et savoir pour qui ils souhaiteraient voter. Le travail est donc colossal et la responsabilité l’est tout autant (…) c’est un travail de pédagogie", Hugo Décrypte
Pour aller plus loin
Lien vers la page de la Semaine de la presse et des médias dans l'école sur le site du CLEMI
Lien vers le CEMTI (Centre d'étude sur les médias, les technologies et l'internationalisation) à l'Université Paris 8
Louise Tourret
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Comment s'informent les adolescents ?
En cette année d'élection présidentielle il était prévu de proposer une émission sur la manière dont les adolescents s'informent sur la politique. La guerre en Ukraine bouscule la programmat...
https://www.franceculture.fr/emissions/etre-et-savoir/comment-s-informent-les-adolescents
Guerre d'Algérie : ce que la télévision française en montre aujourd'hui
Benjamin Stora et Georges-Marc Benhamou sont les invités de l'Instant M pour « C’était la guerre d’Algérie », diffusé lundi 14 et mardi 15 mars sur France 2.
Il fallait bien cinq épisodes d’une heure pour brosser 132 ans de colonisation française en Algérie et sept années de guerre. L’injustice, la misère, l’humiliation, la lutte armée, l’engrenage de la terreur, la défaite du politique, la radicalisation des deux côtés.
Il fallait ces voix multiples pour construire le récit choral des enfants du conflit. Arabes musulmans qui comptent les morts et les mutilations, descendants de combattants, pieds-noirs arrachés à leur terre, héritiers d’une extrême-droite jusqu’au-boutiste, fils et filles de Harkis, appelés du contingent à vie traumatisés, juifs à l’identité broyée…
Tous, ils disent la mémoire à l’œuvre, ils disent la guerre d’Algérie dans la France d’aujourd’hui.
Il fallait une producteur-documentariste né en Algérie, George-Marc Benamou. Il fallait un historien né en Algérie, Benjamin Stora. Il fallait une antenne de service public.
Extraits de l'entretien
La guerre d'Algérie
Qu'est-ce que la France peut montrer aujourd'hui qu'elle ne pouvait pas montrer hier ? Benjamin Stora explique : "Contrairement à ce qu'on croit, il existe beaucoup d'images de la Guerre. Elles proviennent de l'armée, de l'UCPAD (Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense). Elle a énormément filmé cette guerre. Mais les documents ont rarement été montrés : pour des raisons de censure, mais aussi parce que les Français voulaient oublier cette guerre. Donc les archives audiovisuelles (500 000) dorment depuis au Fort d'Ivry en particulier. Parfois, des verrous sautaient grâce à des documentaires : celui de Peter Batty (La Guerre d'Algérie (1984)), ou le mien (Guerre d'Algérie : la déchirure 1954 – 1962). Mais il fallait aller plus loin et remonter 132 ans en arrière."
Le premier épisode de la Guerre d'Algérie : les débuts de la colonisation
Pourquoi remonter si loin ? Georges Marc Benhamou confie que Pierre Joxe, appelé en Algérie et fils d'un ministre du Général De Gaulle dit : "La première guerre d'Algérie date de 1830. Et la guerre est-elle d'ailleurs vraiment terminée ? On ne reconnaît officiellement en France le terme de Guerre d'Algérie que depuis 1999 !"
Un documentaire pour lever les tabous
Georges Marc Benhamou : "Pour réaliser ce documentaire, nous étions guidés par l'étoile de Camus et de Mouloud Feraoun, deux grands écrivains libres qui ont vécu le drame algérien et essayé de lever tous les tabous, de dire toutes les vérités. L'extrême gauche et l'extrême droite nous feront peut-être des reproches. Mais l'important est de tout dire et de ne plus censurer."
En Algérie, un sentiment antigaulliste
On ne sait pas toujours, mais pendant la Seconde guerre mondiale, L'Algérie avait été un fief de pétainistes. D'où un fort sentiment anti-gaulliste. Benjamin Stora explique : "Les Européens d'Algérie, comme on les appelait à l'époque, préféraient Giraud à de Gaulle qui était plutôt mal vu. De Gaulle était surnommé "la grande Zohra" dans les milieux ultras de la colonisation. Ils le soupçonnaient d'être un "bradeur d'Empire". Et le reproche sera fait aussi, à d'autres comme Pierre Mendès-France. On montre dans ce film qu'à chaque fois que des portes pouvaient s'ouvrir et que des occasions pouvaient se présenter vers plus de paix, elles se refermaient. Cela va conduire à des situations qui vont déboucher sur de la violence.
Le grand mensonge de la colonisation, un sujet d'aujourd'hui
Georges-Marc Benhamou remarque que "La campagne électorale tourne autour de questions d'assimilation, de la pseudo-non-compatibilité de l'islam avec La République… Mais l'histoire bégaie depuis 1871 ! L'universalisme républicain le message de Jules Ferry, magnifique d'un côté et de l'autre les contradictions insupportables du colonialisme. Et tout cela va créer de la violence."
"La dramaturgie des relations franco-algérienne avec des espérances folles est incroyable. À la fin des années 1920, quand Ferhat Abbas, le grand patron du nationalisme algérien modéré Messali Hadj aspirent à la France : ils vont taper à la porte de la France pendant trente ans ! Nice et la Savoie vont devenir françaises après l'Algérie, mais leurs habitants vont devenir français, les Algériens pas.
C'est le grand mensonge de la colonisation. Quand le député Blum-Viollette du Front populaire veut proposer la nationalité à 24 000 personnes sur 9 millions ! C'est la révolution. Le lobby colonial d'Alger empêche Léon Blum de déposer ce projet."
Explique Georges-Marc Benhamou. Il ajoute que l'issue aurait pu être différente : "Au fond, on croit qu'il n'y a qu'un nationalisme algérien qui dirige l'Algérie, qui est le Front de libération nationale. Il y a eu d'autres tentations.
Il y avait d'autres chemins : le chemin assimilationniste, le chemin ouvrier, démocratique et pluraliste de Messali Hadj, qui aurait pu qui aurait pu être le Mandela de l'Algérie. On voit que les radicaux, les militaires français, les blocages font que les extrêmes des deux côtés vont l'emporter."
Montrer la violence
La violence des rapports est une donnée importante du conflit franco-algérien. Benjamin Stora précise qu'il existe une immense "souffrance algérienne, avec le déplacement de deux millions de paysans algériens, la destruction de milliers de familles, l'utilisation du napalm aussi et bien sûr, la torture, les exactions… Cela a marqué considérablement l'imaginaire algérien. Mais les réalisateurs montrent aussi "l'exil, l'exode, l'arrachement de tous ces Français d'Algérie qui sont nés là-bas sur 2, 3, 4, 5, 6 générations ! On a du mal à imaginer cela aujourd'hui. Toutes ces personnes parties terrorisées vers un pays qu'ils connaissaient à peine."
C'était la guerre d'Algérie sur France TV
ALLER PLUS LOIN
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Guerre d'Algérie : ce que la télévision française en montre aujourd'hui
Benjamin Stora et Georges-Marc Benhamou sont les invités de l'Instant M pour " C'était la guerre d'Algérie ", diffusé lundi 14 et mardi 15 mars sur France 2. Il fallait bien cinq épisodes d'un...
https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-du-lundi-14-mars-2022
Nos démocraties à la merci des réseaux sociaux (Vidéo)
David Chavalarias présente son ouvrage, Toxic Data, paru le 2 mars chez Flammarion, où il analyse et décrypte comment la manipulation de masse se déploie sur les réseaux.
Février dernier, les convois de la liberté atteignent l’Arc de triomphe. Sur Twitter et sur Facebook, la tension est à son comble. Les anti-pass vont prendre la capitale. Dans leur laboratoire, une équipe de mathématiciens cartographient ce moment de suractivité sur les réseaux sociaux et s’interrogent : Quels comptes s’emploient à relayer tel ou tel message et dans l’intérêt de qui ? Les algorithmes favorisent-ils la montée de telle ou telle colère ? Des robots viennent-ils grossir les rangs des insurgés ? Des puissances étrangères ont-elles intérêt à semer la discorde, chez nous, en France ? Les réseaux sociaux sont-ils la meilleure arme de la Russie et de la Chine cherchant à reconfigurer l’ordre mondial ?
David Chavalarias publie « Toxic Data », tout y est très simplement expliqué : Comment les mouvements d’opinion sont aujourd’hui hautement manipulés et amplifiés sur les réseaux au point que nos démocraties vont y laisser leur peau.
Toxic Data
Comment les réseaux manipulent nos opinions
« Le 5 mai 2017, durant l’entre-deux-tours de la présidentielle, un tweet révèle des milliers de courriels de l’équipe d’En Marche. Il sera massivement relayé pour tenter de faire basculer l’opinion, et avec elle l’élection.
Qui était à la manœuvre de ces MacronLeaks ?
Le GRU russe, qui aurait hacké les boîtes mail, l’alt-right, l’extrême droite française… et 20 000 bots, des robots pilotés par intelligence artificielle. »
D’élection en élection, une lame de fond s’abat sur chaque citoyen : les réseaux sociaux nous manipulent et déchirent notre tissu social. De fait, la science révèle notre dangereuse inadaptation à la nouvelle donne numérique. Comment se prémunir des intoxications à l’heure du vote ? Une analyse stupéfiante doublée de pistes concrètes, tant individuelles que collectives, pour nous protéger et préserver nos démocraties.
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Nos démocraties à la merci des réseaux sociaux
David Chavalarias présente son ouvrage, Toxic Data, paru le 2 mars chez Flammarion, où il analyse et décrypte comment la manipulation de masse se déploie sur les réseaux. Février dernier, les...
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Toxic Data de David Chavalarias - Editions Flammarion
Toxic Data : présentation du livre de David Chavalarias publié aux Editions Flammarion. " Le 5 mai 2017, durant l'entre-deux-tours de la présidentielle, un tweet révèle des milliers de courrie...