lecture
Oui, les jeunes lisent encore. Mais différemment !
Depuis les années 1990, on s’interroge beaucoup sur les pratiques de lecture des jeunes, déplorant qu’ils se tournent moins vers ce loisir que les générations précédentes. C’est à l’entrée au collège que se produirait un décrochage : le nombre déclaré de livres lus baisse à partir de 11 ans.
Pourtant, le tableau de l’édition jeunesse est loin d’être sombre : en 2020, la valeur des ventes a augmenté de 9,9 % et de 16 % en 2021, et les achats de livres numériques pour la jeunesse ont augmenté de 44 % en 2020, pendant le confinement. La plus forte hausse concerne la littérature pour les enfants, mais les adolescents se sont vus proposer aussi des titres qui correspondent mieux à leur univers, largement transmédia.
Pour mieux comprendre comment ces tendances a priori contradictoires peuvent cohabiter, peut-être faut-il revoir nos représentations traditionnelles. Et si les jeunes, plutôt que de lire moins, lisaient en fait différemment ? Examinons de plus près ces nouveaux usages.
3h14 de lecture par jour
Si l’on oppose souvent les livres aux écrans, les dernières enquêtes considèrent l’e-book comme un livre à part entière, ce qui permet de mieux évaluer le nombre de livres lus. Cependant, cette prise en compte ne permet pas de considérer l’ensemble des activités littéraires des adolescents, qui peuvent aussi avoir lieu sur écran. Surfer sur Internet peut aussi rimer avec achats de livres et consultation de conseils de lecture.
Mais l’on continue de scinder les deux espaces. L’enquête Ipsos sur les jeunes Français et la lecture indique ainsi que les 7-19 ans lisent 13 minutes de plus qu’en 2016, mais qu’ils passent moins de temps à lire (3h14 par jour en moyenne) que sur les écrans (3h50 par jour en moyenne). Comme les livres numériques ne sont pas très répandus (moins de 10 % des ventes totales des éditeurs), l’on n’envisage pas que le temps d’écran puisse s’intégrer aussi dans le temps de lecture.
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Or, si le changement profond qui a touché le monde du livre a été initié par l’ebook, un autre tournant s’est amorcé avec les réseaux sociaux et sous la forme de plates-formes de lecture et d’écriture. Côté réseaux, Instagram et TikTok ont pris le relais des vidéos YouTube, noyant ainsi les conseils de lecture dans le flux des posts, de telle façon qu’il est extrêmement difficile de quantifier le temps passé à regarder ces conseils de lecture.
Concernant les plates-formes, telles que Wattpad et Webtoon pour les plus célèbres, elles sont souvent omises par les jeunes eux-mêmes quand on leur demande combien de temps ils consacrent à la lecture, et ne sont pas comptées dans les ventes de livres même numériques, alors qu’elles sont centrées sur la création et le partage d’histoires.
Cette plateformisation du monde du livre s’inscrit dans le nouvel écosystème culturel qui s’efforce d’attirer les adolescents en misant sur la gratuité, la personnalisation des contenus et une offre pléthorique, tout cela leur assurant de trouver des textes qui leur plaisent et à la hauteur de leurs moyens financiers. Cet hyperchoix gratuit attire également parce qu’il se pratique sur des écrans tactiles : le geste digital provoque une intimité avec le récit que l’on adapte à soi-même, dans sa mise en page et sa disposition, dans les choix faits parmi ceux de l’algorithme, comme un prolongement de soi.
Sick-lit, New Romance, Fantasy… Des genres plébiscités par les jeunes
Il ne faudrait pas croire que ce n’est qu’une vaste entreprise de séduction : ces plates-formes transforment les pratiques et inquiètent l’industrie du livre. En effet, le modèle éditorial classique repose sur la légitimité accordée aux auteurs et aux textes par une sélection faite par les éditeurs qui garantissent ainsi une qualité littéraire aux textes publiés. Les plates-formes, elles, correspondent à une économie de la donnée : la gratuité s’appuie sur la revente des données des utilisateurs et laisse de côté le critère de la reconnaissance de la qualité littéraire. Ainsi, le succès d’un texte posté en ligne tient au nombre de personnes qui le lisent.
Privilégier ces canaux de lecture revient-il à faire fi de la qualité et à souscrire à une certaine frivolité ? En réalité, ce qui anime les jeunes, c’est la recherche de textes qui leur plaisent et font plus écho à leur vision du monde. Cette question se pose depuis toujours, et correspond aux enjeux soulevés par la littérature populaire.
L’idéal trouvé sur les plates-formes de lecture est ainsi de mettre le lecteur au centre du processus : il choisit les textes qu’il aime parmi des millions d’histoires proposées (plus de 100 millions sur Wattpad, toutes langues confondues), classées selon des catégories qui évoluent au fil des textes publiés et qui ne sont donc pas figées.
C’est ainsi que naissent de nouvelles catégories, comme la littérature Young Adult, divisée en catégories et sous-catégories qui établissent un classement non pas prescriptif, mais dans le but de proposer aux lecteurs des textes susceptibles de les intéresser. Laurent Bazin dans son étude La Littérature Young Adult distingue deux grands genres eux-mêmes divisés en sous-genres :
La fantasy, tout d’abord, qui continue ce genre littéraire et éditorial en le déclinant en fantasy médiévale, historique, mythique, urbaine, orientale, steampunk, et la dystopie ;
La romance, qui renouvelle le roman sentimental ancien sous l’influence de la « romance » anglo-saxonne, qui se décline en « chick-lit » (genre auquel se rattachent des romans comme Bridget Jones), « bit-lit » (dans le sillage du succès de Twilight), new romance et new adult.
Les catégories continuent de s’inventer, dès qu’un texte inclassable est posté, c’est ainsi que sont nés la « sick-lit » et les « feel-good books ».
Lecteurs et auteurs à la fois
Cet espace de liberté de choix s’accompagne d’un espace d’écriture dont chacun peut s’emparer, car l’on confie son texte à la communauté et non à un système éditorial sélectif. Ce fonctionnement, mettant de côté les différences sociales et valorisant l’engagement, est certainement ce qui attire le plus les jeunes : non seulement ils y sont habitués, mais ils y trouvent leur compte étant à la fois lecteurs, auteurs, critiques, correcteurs.
Depuis 2012, les maisons d’édition tentent de suivre, bien sûr, ces tendances et publient des textes postés sur des plates-formes, comme ceux de Nine Gorman, créant de nouvelles collections pour les adolescents et les jeunes adultes. La fanfiction est un genre désormais pris au sérieux. Les maisons d’édition développent des bookstagrams et des booktoks et investissent ainsi les lieux numériques de la jeunesse. Les influenceurs littéraires sont eux aussi très écoutés.
Où sont les jeunes, alors, en ce qui concerne la lecture et la littérature ? Là où on ne les attend pas. Dans le Nouveau Monde, celui du troisième millénaire. La société est tiraillée entre l’envie de les ramener au système ancien, fondé sur le livre, papier de préférence, et la nécessité de les suivre dans ces nouveaux espaces de co-écriture. Cependant, au-delà de questions sociétales, cette culture libre et partagée soulève aussi des questions juridiques et financières autour du droit d’auteur.
Carine Roucan, Docteur en langue et littérature françaises, Qualifiée aux fonction de MCF section 9, Membre du GRIC UR4314. Enseignante en littérature, expression et édition, Université Le Havre Normandie
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Oui, les jeunes lisent encore. Mais différemment !
Depuis les années 1990, on s'interroge beaucoup sur les pratiques de lecture des jeunes, déplorant qu'ils se tournent moins vers ce loisir que les générations précédentes. C'est à l'entrée ...
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En Russie, la littérature pour enfants devient une arme de propagande

En Russie, l'offre culturelle se transforme sous l'effet indirect des lois adoptées par les députés depuis le 24 février 2022. C'est notamment le cas dans le domaine de la littérature jeunesse, où des activistes et des spécialistes des questions culturelles favorables au régime ont appelé à restreindre l'accès des jeunes lecteurs à certains livres, voire à les interdire, visant surtout les ouvrages qui diffuseraient les «valeurs occidentales», comme ceux de J. K. Rowling.
Le 13 décembre 2022, Vladimir Poutine a appelé le gouvernement à adopter des mesures susceptibles de populariser parmi la jeunesse «les héros de l'histoire et du folklore russe conformes aux valeurs traditionnelles». Un objectif immédiatement soutenu par une partie des spécialistes des politiques culturelles.
Il existe en Europe une tradition de régulation de la lecture enfantine par les adultes afin de transmettre à la jeune génération des connaissances et des valeurs communes. Généralement, les États optent pour la voie de la recommandation : ils font élaborer et diffusent des listes d'œuvres dont la lecture est recommandée aux enfants. Mais lorsque la littérature pour enfants devient une arme de propagande, le pouvoir utilise la censure pour restreindre l'accès des lecteurs aux textes qui, de son point de vue, menacent l'idéologie dominante. C'est ce qui se passe aujourd'hui en Russie.
La doctrine patriotique et les livres pour enfants dans la Russie actuelle
Désormais, la politique russe en matière de littérature jeunesse repose principalement sur l'idée que celle-ci doit transmettre des «valeurs spirituelles et morales traditionnelles» qui seraient propres à la Russie. Plusieurs lois fédérales encadrent l'édition jeunesse :
Les Fondements de la politique de la jeunesse de l'État dans la Fédération de Russie à l'horizon 2025 (ordonnance n°2403-r du 29.11.2014)
La Stratégie pour le développement de l'éducation dans la Fédération de Russie à l'horizon 2025 (ordonnance n°996-r du 29.05.2015)
La Stratégie de la politique culturelle de l'État à l'horizon 2030 (ordonnance n°326-r du 29.02.2016)
Ce dernier document définit ainsi les «valeurs spirituelles et morales traditionnelles» : «La vie, la dignité, les droits et libertés de l'homme, le patriotisme, le sens civique, le service de la Patrie et la responsabilité envers son destin, de hauts idéaux moraux, une famille solide, un travail créatif, la priorité du spirituel sur le matériel, l'humanisme, la charité, la justice, l'esprit collectif, l'entraide et le respect mutuel, la mémoire historique et la continuité des générations, l'unité des peuples de Russie.»
Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, Nikolaï Patrouchev, a déclaré le 30 mai 2022 que l'État devait commander plus de produits culturels susceptibles de «préserver la mémoire historique, susciter la fierté nationale et la formation d'une société civile mature consciente du rôle qu'elle a à jouer dans son développement et sa prospérité».
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Selon la vision conservatrice du gouvernement, la Russie aurait été, tout au long de son histoire, encerclée par des ennemis déterminés à la détruire. Cette volonté de démantèlement de la Russie aurait culminé avec la Seconde Guerre mondiale, laquelle est largement ramenée, dans le récit déployé par les autorités russes, au triomphe de l'URSS sur le nazisme allemand, triomphe dont la Russie actuelle serait la seule héritière.
L'art et l'éducation doivent donc inculquer aux jeunes cette idée que la Russie d'aujourd'hui est avant tout le pays qui a sauvé le monde du nazisme, en un effort héroïque dont aucun aspect ne saurait être remis en question. Les évocations de faits historiques susceptibles d'assombrir cette vision irénique (rappel du pacte Molotov-Ribbentrop, des erreurs des dirigeants, de la quantité colossale des pertes humaines dont une partie au moins aurait probablement pu être évitée, etc.) sont considérées comme des falsifications de l'histoire et sont poursuivies en vertu de la loi fédérale n°278-FZ du 01.07.2021 «Sur les modifications de la loi fédérale “Sur la commémoration de la victoire du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945"».
«L'Arbre de Noël d'armoise»
Les mésaventures que subit actuellement le roman d'Olga Kolpakova L'Arbre de Noël d'armoise illustrent parfaitement les conséquences du durcissement du régime sur ces questions.
Le livre, sorti en 2014 chez la maison d'édition Kompas Guide, a remporté en 2019 le prix Piotr Erchov, attribué à des ouvrages destinés à la jeunesse, dans la catégorie «meilleure œuvre patriotique pour la jeunesse».
Cependant, à l'été 2022, le département de politique intérieure de la région de Sverdlovsk (Oural) a donné aux bibliothèques la consigne orale de retirer le livre du libre-accès. Les bibliothèques ne peuvent plus prêter ce livre aux mineurs, ni l'utiliser dans leurs manifestations à destination du jeune public. Comment un livre jusque là salué par les enseignants et les fonctionnaires a-t-il pu faire l'objet d'une telle interdiction ?
La protagoniste du roman, qui se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, est une fillette de cinq ans, Marihe, du diminutif allemand «Mariechen» («petite Marie»). Elle vit près de Rostov-sur-le-Don avec sa famille qui parle allemand et ne connaît que quelques rudiments de russe, car elle appartient au groupe des Allemands de Russie.
De même que les Allemands de la Volga, dont le sort tragique est plus connu, ces Soviétiques descendent des populations germaniques installées dans l'Empire de Russie dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Catherine II les avait invitées pour peupler et cultiver les terres nouvellement rattachées à l'Empire de Russie dans les régions de la Volga, du Sud de la Russie et de l'Est de l'Ukraine actuelles. Dans les quelque 150 années suivantes, il n'y a pas eu, les concernant, de politique de russification ni d'assimilation massive. Les communautés allemandes formaient des villages entiers. La pénétration de la langue russe s'est faite de manière hétérogène, au gré des trajectoires sociales. La différence de religion a joué un rôle, limitant les mariages interconfessionnels dans lesquels le russe aurait pu devenir la langue commune. L'école n'a pas non plus pu imposer la langue russe, puisqu'elle n'était pas obligatoire.
En 1941, lorsque l'avancée des troupes nazies menace ces régions, les hommes valides sont envoyés au front et leurs familles, dont celle de Marihe, sont déportées en Oural et en Sibérie.
La narration est menée du point de vue de la fillette. Ainsi, l'auteure décrit les événements historiques des années 1941-1942 tels qu'ils ont pu être perçus par un jeune enfant. Ce texte écrit «en se mettant à genoux», selon l'expression d’Erich Kästner, ce regard enfantin, construisent une voix narrative sincère et chargée d'émotions exprimant une nette position antifasciste.
Kolpakova puise aussi dans la tradition littéraire des XIXe et XXe siècles pour décrire l'enfance malheureuse de Marihe. L'intrigue reprend les événements majeurs de cette représentation : la séparation avec un des parents, l'errance, la vie chez des étrangers, la mort d'un proche (frère, sœur, mère ou père), l'éloignement, puis la rencontre fortuite avec des amis ou des parents, la faim, le dénuement, la maladie, l'aide providentielle d'étrangers, le travail physique éprouvant…
La fillette décrit ainsi la faim :
«Au printemps, ma grand-mère s'est mise à faire de la soupe avec des orties, des pissenlits et de l'aneth. Parfois, Lilia allait chercher de l'oseille dans la montagne. De l'eau et des orties, ce n'est vraiment pas bon, surtout sans sel ni pommes de terre. Je pleurais, je ne voulais pas manger cette mixture. »
Ces privations matérielles sont présentées comme des épreuves qui font grandir.
Le regard naïf porté par Marihe sur le contexte politique est contrebalancé par la prise de position tranchée de l'auteur contre le fascisme. L'enfant donne sa tonalité éthique au récit : «Dans toute nation, il y a des gentils et des méchants, des personnes bonnes et mauvaises, cupides et généreuses. Ceux qu'on appelait désormais "nazis”, c'étaient les Allemands méchants. Voilà ce que papa avait dit. »
Censure et harcèlement
Mais en juin 2022, dans le cadre de ses charges administratives, Ivan Popp, maître de conférences à l'Université pédagogique de l'Oural, expertise le livre à la demande du gouvernement de la région de Sverdlovsk. Selon ses conclusions, le roman «déforme les faits historiques, spécule et invente des légendes» et «suivant la tendance libérale européenne, compare l'Union soviétique avec l'Allemagne fasciste […], falsifie les faits historiques et discrédite les dirigeants et l'histoire» russes. Svetlana Outchaïkina, ministre de la Culture de la région de Sverdlovsk, s'est appuyée sur cette analyse pour exiger, à travers une circulaire confidentielle, le retrait du livre des bibliothèques pour enfants.
À la mi-juillet 2022, Olga Kolpakova met en ligne le texte de Popp et rapporte des cas de retrait de l'ouvrage du libre accès de certaines bibliothèques. Cette annonce émeut les écrivains pour la jeunesse et les spécialistes de la lecture enfantine, qui publient sur les réseaux sociaux des textes soutenant le roman et critiquant l'analyse qu'en a faite Popp, et qui continuent de relayer les annonces relatives à sa situation. Des écrivains ont aussi lancé un mouvement pour soutenir financièrement l'auteur et son éditeur. Le Moskauer Deutsche Zeitung, revue bihebdomadaire rédigée en allemand et russe, a pris position en faveur du livre et des écrivains pour enfants ont écrit au gouvernement de la région de Sverdlovsk pour défendre l'ouvrage et son auteure. Evguéni Roïzman, ancien maire d'Ekaterinbourg (la plus grande ville de l'Oural) aujourd'hui prisonnier politique, a également soutenu le livre. L'éditeur a demandé à l'Institut de littérature de l'Académie des sciences russe, la Maison Pouchkine, de procéder à une analyse littéraire du roman.
Ce rapport d'expertise, rédigé par le Centre de recherche sur la littérature pour enfants, souligne la qualité littéraire et didactique du roman de Kolpakova. Après l'avoir lu, le gouverneur de la région de Sverdlovsk, Evguéni Kouïvachev, a déclaré en août 2022 que l'interdiction du livre était inadmissible.
Aucune décision officielle n'a suivi, si bien que les bibliothèques continuent de retirer le roman de leurs rayons.
Malgré la chape de plomb qui pèse sur la Russie aujourd'hui, ce soutien multiforme, y compris de la part d'un responsable haut placé comme Kouïvachev, montre qu'il existe quand même encore un petit espace de débat dans la Russie d'aujourd'hui. Pour autant, à l'instar du sort réservé au livre Un Été en cravate de pionnier, d'Elena Silvanova et Katerina Malisova, faisant l'objet de poursuites pour propagande LGBT+, la censure de L'Arbre de Noël d'armoise fait peser de sérieuses inquiétudes sur le climat intellectuel dans lequel grandissent les enfants russes. Cet épisode révèle des mécanismes de contrôle des esprits dont l'impact sur la société russe risque de se faire sentir encore longtemps.
Laure Thibonnier-Limpek, Enseignant-Chercheur à l'Institut des Langues et Cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie (ILCEA4), membre du Centre d'Etudes Slaves Contemporaines, Université Grenoble Alpes (UGA) et Svetlana Maslinskaia, Professeur de littérature russe invitée à l'ILCEA, Université Grenoble Alpes (UGA)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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En Russie, la littérature pour enfants devient une arme de propagande
En Russie, l'offre culturelle se transforme sous l'effet indirect des lois adoptées par les députés depuis le 24 février 2022. C'est notamment le cas dans le domaine de la littérature jeunesse...
Lire des histoires aux enfants, pourquoi c’est important
Lorsqu’elle est pratiquée de façon régulière, la lecture présente un certain nombre de vertus sur le plan cognitif et le plan émotionnel. Dès lors, identifier les facteurs qui favorisent cette activité revêt un intérêt notable, en particulier pour permettre aux plus jeunes de bénéficier le plus tôt possible, et de façon durable, de ces bienfaits.
Parmi ces facteurs, il en est un qui peut particulièrement exercer un effet précoce sur le goût pour la lecture : le fait de lire des histoires à son enfant, ce qu’on appelle aussi la lecture partagée.
Découvrir la « langue des livres »
Simple de prime abord, cette activité pourra néanmoins susciter une expérience forte. Découvrons comment Maryanne Wolf, professeure de développement de l’enfant et de neurosciences cognitives aux États-Unis, décrit avec acuité et sensibilité la dimension phénoménologique de cette activité conjointe dans l’ouvrage Proust et le calamar :
« Imaginons la scène suivante. Un enfant est blotti contre l’un de ses proches et écoute attentivement les mots prononcés coulant comme un ruisseau, des mots contant des histoires de fées, de dragons et de géants vivant dans des contrées lointaines encore jamais imaginées ».
Selon la professeure, le cerveau de l’enfant à qui on lit des histoires se prépare à lire bien plus tôt que ce que l’on pourrait penser. Par exemple, le traitement de mots comme « elfe » ou d’expressions comme « il était une fois », que l’on rencontre rarement dans les conversations ordinaires, familiarisera l’enfant de façon précoce à la « langue des livres ».
Ainsi, les deux activités qui se produisent en parallèle pendant la lecture partagée, « entendre la langue écrite et ressentir un sentiment d’amour », seraient « les meilleures fondations de ce long apprentissage qu’aucun spécialiste des sciences cognitives ou de l’éducation ne peut mettre en œuvre », poursuit Maryanne Wolf.
Développer son langage oral et écrit
Plusieurs recherches ont été menées ces dernières décennies pour déterminer les effets de la lecture partagée sur le développement de l’enfant. Dans une méta-analyse publiée en 2011 dans le journal scientifique Psychological Bulletin, Suzanne Mol et Adriana Bus de l’Université de Leiden aux Pays-Bas les ont répertoriés.
Dès l’introduction de l’article, il est indiqué, références à l’appui, que la lecture partagée est considérée comme l’une des activités les plus importantes pour le développement des connaissances préalables aux succès ultérieurs en lecture. La mise en place avant l’âge de deux ans d’une habitude de lecture partagée exposerait l’enfant à une variété de stimuli linguistiques qui stimulent le développement de son langage et posent les jalons d’une pratique régulière de la lecture.
Ainsi, les enfants à qui on a fréquemment lu des histoires entrent à l’école avec un vocabulaire plus important et de meilleures capacités de compréhension. Cet effet significatif pourrait s’expliquer, au moins en partie, par le fait que les livres pour enfants contiennent trois fois plus de mots peu fréquents que les contenus télévisés ou que les conversations entre adultes et enfants selon Donald Hayes et Margaret Ahrens dans un article publié dans Journal of Child Language en 1988.
Par ailleurs, une méta-analyse d’Adriana Bus et de ses collègues, publiée en 1995 dans Review of Educational Research, montrait déjà que 64 % des enfants bénéficiant de la lecture partagée étaient les meilleurs lecteurs à l’école, ce nombre chutant à 36 % pour les enfants n’en bénéficiant pas. Ainsi, la lecture partagée aurait un impact significatif sur le développement des enfants en favorisant les habiletés nécessaires pour apprendre à lire et en suscitant une attitude positive vis-à-vis de la lecture.
Les résultats de la méta-analyse de 2011 vont dans le même sens en pointant les corrélations positives entre les activités de lecture partagée avec des enfants entre 2 et 6 ans et leur niveau de langage oral, tout comme l’étendue de leur vocabulaire et la capacité à l’utiliser et, enfin, le niveau atteint par la suite en lecture.
Compétences et goût pour la lecture
Pour en revenir aux liens entre lecture partagée et goût pour la lecture, regardons les résultats de l’étude d’Elsje van Bergen et de ses collègues réalisée aux Pays-Bas et publiée en 2017 dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry. Les chercheurs ont exploré les liens de causalité entre les capacités de lecture et le goût pour la lecture, mesuré en tenant compte uniquement de la lecture pour le loisir à la maison – et pas de celle d’ouvrages proposés par l’école – chez plus de 11 000 jumeaux ayant un âge moyen de 7,5 ans.
Après avoir mis en évidence dans un premier temps la corrélation positive (0,41) significative entre les capacités de lecture et le goût pour la lecture chez ces enfants, les auteurs de l’étude ont fait une analyse statistique supplémentaire qui leur a permis d’en conclure que ce sont les capacités de lecture, variables d’un enfant à l’autre, qui déterminent le goût pour la lecture plutôt que l’inverse.
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Ainsi, selon les résultats de cette étude, c’est l’aisance par rapport à la lecture qui amènerait les enfants âgés de 7-8 ans à lire davantage pour le plaisir et non pas le goût pour la lecture qui déterminerait les capacités de lecture.
Si nous reprenons maintenant l’ensemble des résultats décrits dans cet article, nous constatons qu’ils étayent le postulat proposé par Fletcher et Reese dans un article publié en 2005 dans le journal Developmental Review, selon lequel la lecture partagée déclenchera la mise en marche d’une causalité spirale : la lecture partagée stimulera le développement des capacités de langage et de lecture, ce qui en retour stimulera le goût pour la lecture.
Il ne faut bien évidemment pas pour autant écarter la possibilité que la lecture partagée puisse exercer un effet direct sur le goût pour la lecture. Cependant, les études scientifiques publiées à ce jour nous amènent à ne pas faire l’impasse sur le fait de considérer l’aisance par rapport à la lecture comme une variable intermédiaire entre lecture partagée et goût pour la lecture.
Frédéric Bernard, Maître de conférences en neuropsychologie, Université de Strasbourg
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Lire des histoires aux enfants, pourquoi c'est important
Lorsqu'elle est pratiquée de façon régulière, la lecture présente un certain nombre de vertus sur le plan cognitif et le plan émotionnel. Dès lors, identifier les facteurs qui favorisent cet...
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Les jeunes lisent-ils encore ? (Vidéo)
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Les jeunes lisent-ils encore ?
Quels rapports entretiennent les jeunes à la lecture ? Un sondage publié en mars vient relativiser l'idée selon laquelle les jeunes se seraient massivement éloignés de la pratique de la lectur...
Quels rapports les jeunes entretiennent-ils avec la lecture ?
À l’occasion d’un dossier consacré aux influenceurs littéraires et aux nouveaux enjeux pour la critique, nous nous sommes intéressés aux rapports que les jeunes entretiennent avec la lecture. Décryptage avec Sonia de Leusse-Le Guillou, directrice de l’association Lecture Jeunesse.
Lecture Jeunesse est une association qui étudie la lecture et l’écriture des adolescents.
Les jeunes lisent-ils ?
Avec les réseaux sociaux, les SMS, internet, l’école… en réalité ils n’ont jamais autant lu et écrit qu’aujourd’hui. En revanche la lecture de livres à tendance à diminuer. Mais c’est le cas dans toute la population, pas que chez les jeunes.
On constate que l’âge du décrochage se situe au collège, vers 13 a ns. 48,5 % des jeunes du collège ont des difficultés de lecture et de compréhension. Le niveau ne baisse pas d’année en année, c’est surtout les écarts qui se creusent entre les jeunes qui maîtrisent le mieux la lecture et l’écriture, et ceux qui maîtrisent le moins bien.
« En France, on lit moins pour le plaisir »
Pourquoi ?
On constate que l’origine sociale a une forte incidence sur les compétences de lecture et d’écriture. Avoir des livres au domicile familial, voir ses parents lire, a clairement un impact. Mais il y a aussi un caractère mortifère qui colle à la lecture. C’est une pratique qui reste associée à l’isolement, en opposition avec la socialisation que désirent particulièrement les jeunes.
D’ailleurs, en France, on lit moins pour le plaisir que dans les autres pays de l’OCDE. Pourtant, la lecture peut être un moyen de partager, la preuve avec les communautés qui se forment autour des mangas ou des influenceurs littéraires : les jeunes se servent des livres comme d’un support de discussion.
« Pas d’opposition avec le numérique »
Quelles sont les solutions pour limiter le décrochage au collège ?
Il faut d’abord sortir de l’idée que c’est une génération d’ignares, collés aux téléphones, que la lecture n’intéresse plus. C’est faux ! Cette idée crée une représentation chez les jeunes eux-mêmes qui se disent : « on n’aime pas lire, donc on ne lit pas ».
Il n’y a pas d’opposition à faire avec le numérique. Il faut plutôt partir de leurs centres d’intérêt, de leurs besoins, et les amener vers des pratiques de lecture adaptées. Il faut également voir commenter dans la formation des enseignants, on peut développer la connaissance de la littérature jeunesse pour l’intégrer aux parcours scolaires, en parallèle des « classiques » qui sont aussi nécessaires. Famille, Éducation nationale… On doit multiplier les incitations de façon complémentaire.
Niveau de lecture : «L’Education nationale se trompe d’indicateur et fait l’impasse sur la compréhension»
Roland Goigoux, auteur d’outils didactiques sur l’enseignement de la compréhension, réagit pour «Libé» aux évaluations du ministère sur le niveau de lecture des élèves, notamment de sixième.
Selon une évaluation du ministère de l’Education nationale, révélée ce lundi et réalisée auprès d’élèves de CP, CE1 et sixième, les retards constatés en français et en mathématiques après le premier confinement de 2020 ont été résorbés. Toutefois, Jean-Michel Blanquer confiait à nos confrères du Parisien «qu’une petite moitié d’élèves en difficulté» devait encore faire «l’objet d’efforts particuliers» en lecture, ne parvenant pas à atteindre le niveau «satisfaisant» au cours du test de fluence permettant de mesurer l’aisance de l’élève dans sa lecture d’un texte. Pour Roland Goigoux, professeur des universités et auteur d’outils didactiques sur l’enseignement de la compréhension, l’Education nationale se trompe de combat.
Les récentes évaluations scolaires menées auprès des sixièmes pointent qu’un peu plus de la moitié d’entre eux n’atteint pas le niveau «satisfaisant» au cours du test de fluence. En quoi consiste ce test ? Et qu’en pensez-vous ?
Le test de fluence, tel que l’Education nationale française le propose, est une évaluation du niveau de lecture des élèves selon deux critères : la vitesse et la précision. On oublie complètement l’expressivité ou la compréhension. Très clairement, on donne aux enfants à lire à haute voix un texte standardisé, qu’ils découvrent au moment de la lecture. Puis on relève le nombre de mots qu’ils ont su prononcer correctement en une minute, ce qui donne un indicateur de fluence. Mais cet indicateur n’est pertinent que si l’on considère que la lecture dépend seulement de la capacité des enfants à déchiffrer un texte. C’est ce que fait le ministère de l’Education nationale avec ces évaluations. On a renoncé à la compréhension, qui est pourtant la clé de tout. Le critère de qualité du déchiffrage est certes nécessaire, mais pas suffisant, il ne faut pas en faire un indicateur vedette. Quand on est professeur et que l’on veut que ses élèves apprennent une leçon, on leur demande de la lire. Mais pour que cette lecture soit efficace, il faut qu’ils comprennent.
Alors comment améliorer l’apprentissage de lecture chez les élèves de sixième ?
Cela suppose une tout autre pédagogie basée sur la qualité de la compréhension et c’est là que le ministère fait l’impasse. Il se trompe de cible. Par exemple, on utilise excessivement les questionnaires de lecture qui jugent le degré de compréhension des élèves par rapport à l’évaluation de l’enseignant, ce qui balise le parcours de lecture. Je pense qu’il faudrait remplacer cela par d’autres activités : de la reformulation, de la paraphrase. Lire, c’est traduire. Un enfant comprend un texte s’il arrive à le raconter à son tour, avec ses propres mots. Cela suppose d’aller chercher à comprendre entre les lignes, à faire parler les jeunes sur ce qu’ils perçoivent. Cela se travaille dès la maternelle, avec la lecture et l’explication de textes par des adultes, et cela pourrait également combler l’autre principale lacune des élèves : le manque de vocabulaire. Il ne suffit pas d’une leçon par semaine. Le vocabulaire de la langue écrite doit être une obsession incessante dans toutes les disciplines de l’école primaire.
Dans les établissements d’éducation prioritaire renforcée (REP +), soit ceux qui se situent dans les zones les plus défavorisées, seuls 40 % des sixièmes ont le niveau requis, et un tiers de ces élèves (33 %) possèdent un niveau de CE2, en lisant moins de 90 mots en une minute. Faut-il adapter cet apprentissage au niveau des différents élèves ? Et cet enseignement doit-il s’étendre au-delà du milieu scolaire ?
L’école française est championne du monde dans la reproduction d’inégalités sociales. Les enfants de milieux populaires disposent d’un champ lexical bien moins développé que ceux des classes moyennes. S’il existe de telles différences dans le niveau de lecture des élèves, elles sont liées aux pratiques familiales. Dans certains milieux, les parents passent énormément de temps à dialoguer, font argumenter les enfants, les placent comme témoins de tout, du matin au soir. D’autres familles ne le font pas du tout. Et c’est là qu’intervient l’école, qui doit jouer son rôle compensatoire. L’école n’aura jamais le temps nécessaire pour compenser les heures d’interaction avec la famille, mais il faut développer des techniques collectives pour compenser une partie des écarts et décalages. Il y a toute une série de techniques pédagogiques pour faire dans un temps limité ce que les familles savent très bien faire au bout d’un millier d’heures. Cela s’appelle la pédagogie. Mais il n’y a pas de pédagogie spéciale pour les enfants issus de quartiers défavorisés. Par contre, il y a une nécessité de donner plus à ceux qui ont le moins. Cela ne veut pas dire donner autre chose. Selon les enfants, on va plus ou moins vite, on étaye davantage. Il faut permettre à ces gamins de progresser. Si on va trop vite, ils peuvent se décourager car les autres font mieux, plus vite, et on va renforcer ce sentiment d’incompétence. Il faut faire attention au niveau initial, mais au fond la pédagogie doit être universelle.
Alicia Girardeau
Aucune méthode n’a su garantir à 100% la réussite des enfants en lecture - Par Christophe Chartreux
Instructions du 20 juin 1923 relatives au nouveau plan d’études des Ecoles Primaires Elémentaires (Bibliothèque pédagogique EDSCO, Editions scolaires, Chambéry 1950, (Edition originale, page 10) :
LECTURE : « Nous ne préconisons aucune méthode : la meilleure sera celle qui donnera les résultats les plus rapides et les plus solides. Entre la méthode d’épellation et la méthode syllabique ou la méthode globale, nous ne faisons aucun choix. »
Si l’enseignement de l’écriture n’a guère changé à l’exception de l’art et la manière de former les « anglaises », si celui du calcul s’est transformé dans la lettre mais pas dans l’esprit, l’enseignement de la lecture reste l’épicentre des plus violentes polémiques qui ont secoué les 50 dernières années du XXème siècle et les premières années du siècle qui commence.
A notre droite, les tenants de la méthode alphabétique qui, pensent ils, a fait ses preuves depuis la IIIème République auprès de ceux qui accédaient à l’instruction. A notre gauche, les tenants de la méthode dite « globale », élaborée par Ovide Decroly. En caricaturant et pour faire court, la méthode alphabétique permet de mémoriser les lettres puis de les combiner entre elles. La méthode globale permet de mémoriser des mots. Dans cette querelle, on retrouve les durs et les mous, les croyants et les athées, plus quelques intégristes fanatiques. Et encore ! Pour le grand public, la querelle n’oppose que deux méthodes. Mais l’affaire se complique singulièrement quand on sait qu’il existe beaucoup d’autres façons d’apprendre à lire ! Une seule chose est sûre : aucune méthode n’a su garantir à 100% la réussite des enfants en lecture.
Ceci est d’autant plus vrai que la querelle s’est accompagnée d’imprécations, d’imprécisions, de non-dits, d’interprétations, de mensonges même. N’a-t-on pas accusé la méthode globale de provoquer des troubles de la mémoire et de rendre certains enfants dyslexiques ? On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien mais la rumeur a laissé des traces indélébiles. Très récemment, on a même eu le culot d’expliquer les révoltes des banlieues par cette même méthode globale ! Les enfants lisent mal, c’est la faute à Decroly, donc ils brûlent des voitures ! Ah bon !
En 2006, il n’est en tout cas pas un seul maître en France pour prétendre n’utiliser QUE la méthode globale. En revanche, tous ou presque mélangent les genres : un zeste d’alphabétique, trois gouttes de globale et une sauce toute personnelle. Le cocktail fut d’ailleurs officialisé lors d’un colloque organisé en 1979 par Christian Beullac, Ministre de l’Education Nationale. Devant une assistance médusée et regardant le bout de ses chaussures, Colette Chiliand, psycholinguiste, concluait en ces termes :
« On ne peut pas réellement savoir si une méthode est bonne ou mauvaise. Quand le maître qui l’applique est convaincu, il y a toujours un taux exceptionnel de réussite. Quand il ne l’est pas, quand il obéit à untel ou untel, à une mode du moment, c’est l’échec ! »
Qu’on se le dise !.... en relisant les instructions officielles de1923 !
Christophe Chartreux
Pour changer (vraiment) l'école
6- La recherche pdagogique nest pas entendue, et ceci depuis des dcennies (On ne peut donc laccuser des maux et dfauts de notre enseignement) I - Analyse de lՃcole et de son contexte (cette partie...
École : Lego, la “nouvelle” méthode de lecture qui divise déjà...
Actuellement testée dans quelques centaines de classes de CP, cette méthode privilégie l’entrée dans la lecture par les lettres plutôt que les sons. Rien de révolutionnaire, mais certains craignent surtout la diffusion, à terme, d’un manuel officiel.
Nul ne peut ignorer cet incontournable jeu de Noël qui consiste à assembler des briques en plastique. Mais « lego », c’est aussi un verbe qui peut signifier « lire » en latin et qui désigne aujourd’hui une nouvelle méthode de lecture. Élaborée par une inspectrice de l’Éducation nationale et deux conseillères pédagogiques, celle-ci est testée à bas bruit dans 370 classes réparties dans plusieurs départements. Le ministère soutient cette expérimentation dans la foulée de la publication au printemps 2018 d’un « guide orange », présenté comme un outil pédagogique « pour enseigner la lecture et l’écriture au CP ».
Et, déjà, sur les réseaux sociaux, les discussions entre pairs vont bon train. « Ici dans les Pyrénées-Orientales, on nous a dit que [la méthode Lego] serait sûrement obligatoire l’année prochaine », avance une enseignante. « Je viens de Paris et je ne vois absolument pas de quoi vous parlez », glisse une autre. « Maths ? Lecture ? Merci de me préciser de quoi vous parlez », insiste encore une internaute. Réponse d’une collègue : « Logique de ne rien trouver. On nous a interdit de faire des diffusions à ce stade de l’expérimentation. »
Marion Rousset
(Suite et fin en cliquant ci-dessous)
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École : Lego, la "nouvelle" méthode de lecture qui divise déjà
Actuellement testée dans quelques centaines de classes de CP, cette méthode privilégie l'entrée dans la lecture par les lettres plutôt que les sons. Rien de révolutionnaire, mais certains cra...
Pour en savoir plus:
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Lego, une méthode de lecture made in rue de Grenelle
Depuis septembre le ministère a mis en expérimentation une méthode de lecture qu'il a éditée, la méthode Lego. Nous avons voulu savoir comment cette méthode est accueillie sur le terrain par...
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/12/02122020Article637424894439377539.aspx
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Non! B.A. BA n’est pas le B.A. BA de l’apprentissage de la lecture
Depuis le temps qu'on s'y emploie... Ça se saurait... et ce serait si simple ! La question que l'on doit se poser est-elle : Quelle est la bonne méthode de lecture ? ou Y en a-t-il une ? Ou y a-t-il
Vers une nouvelle guerre pour la ''méthode syllabique"? - Par Claude Lelièvre
EXTRAIT
On se souvient de la dernière en date, en 2005, alors que Gilles de Robien était ministre de l'Education nationale. Deux des protagonistes d'alors, Stanislas Dehaene (professeur au Collège de France) et Alain Gest (député UMP de la Somme) viennent de participer à une nouvelle offensive en ce sens. La chronique de Claude Lelièvre.
Dans une tribune publiée par Le Monde le 20 décembre dernier, le professeur de psychologie cognitive expérimentale Stanislas Dehaene (qui avait participé en 2005 sur la demande du ministre de l'Education nationale Gilles de Robien à sa croisade pour la " méthode syllabique ") dénonce un ''scandale'' en se fondant sans autre précaution sur les résultats d'une étude menée par le sociologue Jérôme Deauvieau dans les écoles ECLAIR de la petite couronne parisienne: seuls 4 % des enseignants adopteraient une méthode syllabique, alors que c'est ce système qui réussirait le mieux aux enfants qui obtiendraient 20 points de réussite supplémentaires sur 100 aux épreuves de lecture et de compréhension. Mais il suffit pourtant de prendre connaissance de la façon dont cette étude a été menée et de ses limites méthodologiques pour avoir de sérieux doutes sur la solidité de ses conclusions.
Par ailleurs, le député UMP de la Somme Alain Gest, en compagnie d'une quarantaine de députés UMP, a déposé en juin dernier un projet de loi imposant le choix de la "méthode syllabique" pour l'apprentissage de la lecture : "il convient d'inscrire dans la loi le choix de la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture qui se révèle bien plus efficace que la méthode mixte et qui a largement fait ses preuves ".
Alain Gest s'était distingué en 2005 en posant le premier à l'Assemblée nationale une question au gouvernement sur les méthodes d'apprentissage de la lecture qui avait donné l'occasion au ministre de l'Education nationale Gilles de Robien de commencer publiquement sa croisade en faveur de la méthode syllabique.
On notera par ailleurs que Florian Philippot, le vice-président du Front National, s'est également prononcé en ce sens dans un communiqué le 22 mai dernier : " L'école doit miser sur les méthodes classiques d'enseignement : apprentissage de la géographie sur des cartes, de l'histoire sur des frises chronologiques, de la lecture par la méthode syllabique".
(...)
Claude Lelièvre
Suite et fin en cliquant ci-dessous
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Vers une nouvelle guerre pour la ''méthode syllabique"?
On se souvient de la dernière en date, en 2005, alors que Gilles de Robien était ministre de l'Education nationale. Deux des protagonistes d'alors, Stanislas Dehaene (professeur au Collège de ...
https://www.lexpress.fr/education/vers-une-nouvelle-guerre-pour-la-methode-syllabique_1312209.html
La lecture comme résistance... (Vidéo)
Il est important devant un texte que l’on connaît, de retrouver une attitude "d’enfant" ou de "convalescent" comme disait Baudelaire, qui voit le monde en nouveauté. Être capable de retrouver cette sorte de virginité, qui fait que vous lirez dans un texte, des choses que vous n’avez jamais lues…
"Nous lisons parce que, même si lire n’est pas indispensable pour vivre, la vie est plus aisée, plus claire, plus ample pour ceux qui lisent que pour ceux qui ne lisent pas."
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Il est important devant un texte que l'on connaît, de retrouver une attitude "d'enfant" ou de "convalescent" comme disait Baudelaire, qui voit le monde en nouveauté. Être capable de retrouver cette
https://www.franceculture.fr/conferences/college-de-france/la-lecture-comme-resistance