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#IWD2020 - Droits des femmes : 45 ans après la loi Veil, l’IVG est menacée en Europe...
Acquis de haute lutte, le droit à l’avortement régresse en Europe… En cette Journée internationale des droits des femmes, nous vous proposons un ensemble d’articles pour tirer la sonnette d’alarme et mettre à l’honneur celles et ceux qui résistent.
Elle affronta les insultes, les menaces, les pressions. Elle tint bon. Portée par des convictions féministes qui se passaient de bannière mais plaçaient au-delà de tout le respect de la dignité humaine, elle fit légaliser l’avortement en France, le 17 janvier 1975. Enfin, les femmes n’étaient plus obligées de se cacher et de subir des interventions dans des conditions sanitaires souvent déplorables, qui mettaient leur vie et leur liberté en danger. Nombre de jeunes Françaises d’aujourd’hui ne mesurent pas à quel point le combat de Simone Veil fut difficile. Et sa victoire, historique. Désormais, l’autorisation de l’IVG semble aller de soi. Pourtant, ses opposants n’ont jamais désarmé. Ils ne cessent même de se renforcer.
Leurs offensives, réelles en France, s’avèrent plus acérées encore dans d’autres pays qui nous sont proches. Pas besoin d’aller aux États-Unis, où la situation devient dramatique dans des bastions conservateurs tels que l’Alabama, la Géorgie, l’Ohio, le Mississippi… Dans notre Europe aussi, l’accès à l’avortement, et même parfois à la contraception, est entravé bien plus qu’on ne le pense, au nom de convictions religieuses, de politiques natalistes, ou en raison d’un manque de moyens dont les plus vulnérables, comme toujours, font les frais. Ce dossier spécial est un cri d’alarme, et un coup de chapeau à celles et ceux qui résistent pour que les femmes conservent le contrôle de leur corps. Un hommage, aussi, à Simone Veil, libre et courageuse, que nous n’aurons jamais fini de remercier
Valérie Lehoux
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Droits des femmes : 45 ans après la loi Veil, l'IVG est menacée en Europe
Acquis de haute lutte, le droit à l'avortement régresse en Europe... En cette Journée internationale des droits des femmes, nous vous proposons un ensemble d'articles pour tirer la sonnette d'al...
#IWD2020 - Viols, harcèlement : des étudiants de Sciences-Po Paris témoignent sur Facebook...
Depuis quelques jours, des dizaines d’étudiantes et d’étudiants de l’établissement parisien racontent sous couvert de l’anonymat des agressions sexuelles dont ils ont été victimes.
Les plus grandes écoles parisiennes ne sont pas épargnées par la misogynie, le sexisme, le harcèlement, ni même les agressions sexuelles. Sciences-po ne fait pas exception à la règle. Depuis plusieurs jours, des dizaines et des dizaines d'étudiantes, suivies par des étudiants, se confient sous couvert de l'anonymat via les groupes Facebook des différentes promotions. Habituellement, ces groupes ne sont utilisés par les étudiants que pour parler de leurs cours, des événements à venir, ou encore pour obtenir des conseils et de l'aide de camarades. Leur usage s'en trouve désormais bouleversé.
Tout a basculé mercredi soir, sur le groupe de la promo 2 024. Un témoignage anonyme, partagé à plusieurs reprises, raconte le viol d'une étudiante de première année. « En première année, j'ai été violée. Je n'ai réussi à mettre ce mot là-dessus que très récemment. Encore aujourd'hui, je ressens beaucoup d'angoisse quand je le croise à Sciences-po et que je sens son regard sur moi. »
Ce message va entraîner une véritable vague de témoignages. Trois jours plus tard, on estime à au moins 200 le nombre de posts, publiés essentiellement dans les groupes d'étudiants de première, deuxième et troisième années. Pour préserver leur anonymat, les étudiants transfèrent leurs mots par messagerie privée à des amis, qui se chargent ensuite de les diffuser dans les groupes. « Certains font référence à des événements vécus dans le cadre de Sciences-po, d'autres sont totalement indépendants. Mais à notre âge, l'école représente une part importante de notre vie », confie Mathilde*, étudiante en troisième année.
« J'ai dit non, tout doucement. Je ne sais pas s'il m'a entendue. Je sais juste qu'il ne m'a pas écoutée. Je sais juste qu'à ce moment-là, il m'a violée », écrit une étudiante dans un autre post. Certaines victimes ont accepté de transmettre au Parisien des extraits de leurs messages, mais en soulignant qu'elles redoutaient d'être identifiées.
« Les victimes sont partout »
L'anonymat total - aucune victime et aucun agresseur ne sont cités - explique aussi cet effet boule de neige. Les faits décrits sont particulièrement graves. Ils concernent des cas de harcèlement, de viols. Des faits de pédocriminalité y seraient également décrits. « Cette année, pendant ma troisième année, j'ai été agressée sexuellement par un étudiant duquel je refusais les avances depuis pourtant quelques mois, publie une troisième étudiante. J'étais en boîte, il m'a empoigné le postérieur et il m'a embrassée. Comme ça, comme si de rien n'était. »
Mathilde fait également partie des étudiantes qui ont décidé de sortir du silence, pour raconter le viol dont elle a été victime. « J'ai vécu des choses qui étaient très difficiles à partager. Lorsque j'ai vu les premiers témoignages, je me suis dit que je voulais contribuer à cet élan. J'ai pu échanger ensuite avec des personnes qui avaient subi des agressions tout aussi graves que la mienne. On se rend compte que les victimes sont partout. »
Les récentes polémiques ne seraient pas étrangères à cette vague de témoignages. « Le contexte joue forcément, explique Mathilde. Nous sommes plus de deux ans après #MeToo, l'affaire Polanski a joué énormément, poursuit l'étudiante. À Sciences-po, on ne s'en est pas remis, il y avait de la colère. La volonté de témoigner s'est faite de façon très spontanée. »
La direction de Sciences-po, qui n'a pas encore réagi officiellement sur le sujet, n'était pas joignable samedi. Des courriels de soutien auraient tout de même été envoyés de façon informelle auprès de plusieurs étudiants. L'école dispose depuis cinq ans d'une cellule de veille pour la prévention du harcèlement sexuel. Celle-ci travaille à la bonne information des étudiants sur cette thématique. Elle propose aussi un accueil aux étudiants qui en auraient besoin et peut « proposer une protection des personnes et mettre en place un dispositif d'accompagnement nécessaire à la situation », ou encore signaler aux instances disciplinaires les faits lorsque cela est nécessaire.
« En réalité, très peu d'étudiants ne se tournent vers cette cellule », confie une étudiante. Difficile, quand on est victime d'une agression, de pousser la porte des administrations pour se faire aider. Encore plus lorsque le traumatisme demeure grand. Ce que raconte une victime sur un groupe Facebook : « Il me faudra encore plus d'un an pour sortir du déni. Encore quatre ans après, le mot « viol » résonne en moi, me ronge, sans que je réussisse néanmoins à me l'approprier. »
« Sciences-po est de bonne volonté, ils ont lancé des initiatives mais, dans les faits, ça ne sert pas à grand-chose, appuie Mathilde. Les situations sont tellement complexes. Souvent, les victimes ne souhaitent même pas porter plainte. Les témoignages montrent qu'elles sont dans la majorité des cas agressées par un ami, un parent, un proche, un camarade… L'agresseur est connu et agit souvent avec une malveillance inconsciente, qui n'excuse rien. » Et qui n'empêche plus de témoigner.
Ludwig Gallet
*Le prénom a été modifié
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Viols, harcèlement : des étudiants de Sciences-Po Paris témoignent sur Facebook
Les plus grandes écoles parisiennes ne sont pas épargnées par la misogynie, le sexisme, le harcèlement, ni même les agressions sexuelles. Sciences-po ne fait pas exception à la règle. Depuis...
Tribune de Despentes : «La preuve que la littérature n’est pas morte» - Yves Citton
«Le texte de Virginie Despentes montre la force de l’écrivain de mobiliser l’attention sur une question dans l’espace public. C’est la preuve que la littérature n’est pas morte. En quoi cette tribune est littéraire ? D’abord, par la capacité à intégrer la dimension affective. Ensuite, par celle de raconter des histoires : le texte raconte une petite histoire des césars, avec Adèle Haenel qui sort, Roman Polanski dans le rôle du violeur. Mais surtout, il est très riche en ce qui concerne le jeu des adresses. Dans un rapport scientifique, on dit très clairement à qui on s’adresse. La littérature, elle, peut problématiser le jeu des adresses : quand Virginie Despentes dit "vous", elle s’adresse à "vous" les puissants, "vous" les mecs. Mais moi, en tant que mec, professeur d’université, je suis aussi un puissant, je m’identifie donc à eux. Si elle disait "Monsieur Macron, vous êtes une ordure", je serai du côté de ceux qui dénoncent. L’ambiguïté de son "vous" est que je dénonce en même temps que je suis dénoncé.
«Cette tribune est finalement assez proche du type de réaction qu’on peut avoir sur les réseaux sociaux : c’est un coup de gueule qui a pour but de partager des affects. Qu’on le fasse sur des paragraphes ou en 240 signes revient au même. Despentes réagit aux césars, les gens réagissent à Despentes : le texte s’inscrit dans une logique où chacun exprime ses affects. C’est un texte réactif : il présuppose quelque chose à quoi on réagit, et que cette chose a de l’importance. C’est d’ailleurs le paradoxe de toute chose réactive, parce que ça donne de l’importance à un machin comme les césars qui ont assez peu d’intérêt.
«C’est bien de gueuler ensemble. Dans une manifestation, gueuler permet de faire foule, les affects sont importants pour des questions énergétiques. Mais une fois qu’on a gueulé, la question est : qu’est-ce qu’on construit, qui on attaque ? "Les puissants", on ne va pas pouvoir les cibler tous d’un même tir ; dans un second temps, il faut donc viser plus précisément. C’est ce qui explique le retour de bâton : une fois le temps des affects passé, certains peuvent avoir le sentiment que le texte est incomplet. Mais ils ne saisissent pas que la réponse est dans la fuite, le refus de se confronter à ce système.
«C’est un texte riche, on voit l’écrivaine qui prend la plume. En ce qui concerne la tonalité, je classerais cette tribune dans le genre littéraire de l’élégie, qui est une plainte centrée sur le sujet. C’est le lyrisme d’un cœur qui soit vomit sa rage, soit exprime sa douleur. L’élégie donne un style à la communication des affects, un peu comme le rap, qui a permis de donner un lieu commun pour exprimer la rage que l’on ressentait. Ressentir la rage à plusieurs, c’est quelque chose d’important !
«Je dirais que ce texte s’inscrit dans une lignée de gestes historiques qui ont eu une importance dans les mouvements sociaux, des gestes qui ont su capter et exprimer la rage pour que les gens s’y reconnaissent. Je ne pense pas qu’on puisse parler de violence ici : ce qu’on désigne comme violent, c’est souvent une contre-violence ponctuelle à des formes de violence institutionnalisées. Par ailleurs, Virginie Despentes ne nomme personne pour dire qu’il faut lui casser la gueule. L’emphase tient plus à la tonalité lyrique du texte. Dire que son texte est populiste ou démagogique reviendrait à laisser au seul populisme la faculté de mobiliser des affects. Or c’est là le propre de l’écriture.»
Recueilli par Nicolas Celnik.
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Tribune de Despentes : "La preuve que la littérature n'est pas morte"
"Le texte de Virginie Despentes montre la force de l'écrivain de mobiliser l'attention sur une question dans l'espace public. C'est la preuve que la littérature n'est pas morte. En quoi cette ...
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"Faut-il purifier la culture" - France Info (Avec Najat Vallaud-Belkacem à partir de 15 minutes 45 secondes)
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"Ouvrez le 1". Faut-il purifier la culture ?
Franceinfo et l'hebdomadaire "Le 1" s'associent pour proposer un rendez-vous tous les mercredis à 21 heures sur le canal 27 et ses supports numériques. Pour ce nouveau numéro, Emilie Tran Nguyen...
Egalité des sexes - Bilan et perspectives... Najat Vallaud-Belkacem en Sorbonne le mardi 17 mars, 18/20h
Le 18 décembre 2019, Christina Koch devenait officiellement la femme ayant passé le plus de temps dans l’espace en continu. Son retour, le 6 février 2020, était ainsi l’occasion pour l’ensemble du monde scientifique de saluer une avancée majeure en matière d’égalité des sexes. Elle-même déclarait : « Mon plus grand espoir pour ce record est qu’il soit dépassé aussi vite que possible, puisque cela signifierait que nous continuons à repousser ces limites. ».
Ces limites, si elles sont l’objet d’une remise en question de plus en plus fréquente dans la majorité des domaines, ne peuvent en effet être ignorées : le record de Koch est honorable, mais c’est bel et bien un homme, Valery Polyakov, qui occupe la première place toutes catégories confondues (438 jours consécutifs contre « seulement » 328 pour Koch). Aujourd’hui encore, les femmes doivent se battre pour justifier leur place lorsqu’elles occupent une position importante.
Notre invitée, Mme Najat Vallaud-Belkacem, en est la preuve vivante : par son témoignage, elle nous permet de faire un bilan sur le combat pour l’égalité des sexes. Tant par son parcours que par les idées qu’elle porte, elle offre au débat actuel sur le féminisme un exemple de la combativité qui va de pair avec une fonction de premier plan pour une femme.
Porte-parole de Ségolène Royal, puis de François Hollande, conseillère régionale puis présidente de la commission culturelle, elle devient ensuite conseillère municipale à Lyon avant d’accéder aux postes ministériels prestigieux qu’on lui connaît sous les gouvernements de Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls, puis Bernard Cazeneuve. Si un tel parcours inspire le respect, il permet aussi de comprendre que si la société est plus encline à favoriser l’égalité, cette dernière reste cependant l’enjeu d’un combat quotidien. Insultes et dévalorisations récurrentes jonchent une carrière politique placée sous le signe d’une lutte pour la reconnaissance d’idées fortes, comme l’égalité des chances ou le droit à l’éducation pour tous.
C'est pourquoi le Groupe Socialiste Universitaire vous invite à partager l'honneur de cette rencontre, organisée sous la forme d'une conférence à laquelle vous êtes toutes et tous conviés !
📣 Événement ouvert à toutes et à tous, dans la limite des places disponibles.
⚠️ Ouverture de la billetterie le dimanche 8 mars à 20H.
Rendez-vous le 17 mars en Sorbonne !
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Najat Vallaud-Belkacem en Sorbonne
Causes event in Paris, France by Groupe Socialiste Universitaire and Groupe Socialiste Universitaire de la Sorbonne on Tuesday, March 17 2020 with 231...
Annonce d'une formation obligatoire sur l'égalité entre les filles et les garçons - Une opération de com'...
"Je crains une opération de com'" : des enseignants réagissent à l'annonce d'une formation obligatoire sur l'égalité entre les filles et les garçons
Le Premier ministre a fait cette annonce lundi, lors de la clôture du Grenelle sur les violences conjugales.
"C'est encore une mission que l'on ajoute aux nombreuses missions des enseignants, soupire Omar, professeur d'histoire-géographie dans les Yvelines. L'école, ce n'est pas une institution à tout faire, à pallier les manques de la société." Cette "nouvelle mission", qu'Omar regarde avec scepticisme, a été annoncée, lundi 25 novembre, par Edouard Philippe lors de son discours de clôture du Grenelle contre les violences conjugales. "Nous allons proposer aux enseignants une formation qui sera désormais obligatoire durant leurs études, puis de manière continue, sur l'égalité entre les filles et les garçons", a déclaré le Premier ministre. Et le chef du gouvernement de poursuivre : "Il faut enseigner des principes, des façons d'exprimer, des façons de détecter ou de répondre."
Justement, sur le principe, les enseignants contactés par franceinfo saluent la mise en place prochaine de cette formation. Tous doutent néanmoins de sa faisabilité. "L'idée est bonne, juste et pertinente, mais les moyens risquent de ne pas être à la hauteur", assure Omar, qui craint des "dispositifs qui risquent d'être de la cosmétique". Lucile, professeure de philosophie dans un lycée de l'Aveyron, s'interroge aussi sur les conditions de mise en œuvre de la formation : "Est-ce que cela va se réduire à une vidéo ou à une demi-journée de formation ? Parce que je ne suis pas sûre que cela suffise à faire évoluer les mentalités." Comme Omar, Lucile espère qu'il ne s'agira pas seulement d'un effet d'annonce. "Après la marche du 23 novembre, je crains une opération de com'", explique-t-elle.
"Comment fait-on pour former tout le monde ?"
Du côté des syndicats, même inquiétude. "C'est toujours bien, les grandes intentions, et c'est essentiel, l'égalité entre les hommes et les femmes, mais quelle application réelle ? Comment fait-on pour former tout le monde alors qu'il y a 800 000 enseignants en France", pointe Jean-Rémi Girard, président du SNALC (Syndicat national des lycées et des collèges). Ce dernier alerte aussi sur les programmes très chargés en formation initiale : "On a tellement de choses à transmettre. Il faut s'assurer de la maîtrise du programme, des différents enseignements, de la didactique, de la gestion de classe... A un moment donné, comment fait-on pour tout faire rentrer dans les maquettes de formation ?"
"On demande tellement à l'école, on a l'impression qu'on empile des injonctions.à france info"
"A force d'avoir des formations institutionnelles imposées, les enseignants ne peuvent plus se former eux-mêmes", dénonce aussi Jean-Rémi Girard. Le syndicaliste espère aussi que l'on ne mettra pas de côté tout le personnel éducatif. "Il faut former les CPE, mais aussi les profs contractuels. Or, on ne les forme déjà pas à enseigner alors qu'ils sont de plus en plus nombreux !"
Pourtant, le sujet de l'égalité entre les femmes et les hommes n'est pas absent de la formation des enseignants. Depuis la loi de refondation de l'école de 2013, l'éducation à l'égalité fait partie intégrante de la formation initiale. Mais, selon un rapport du Haut Conseil à l'égalité femmes-hommes (HCE) de février 2017, relayé par Le Monde en 2018, "seulement la moitié des personnes qui travaillent dans les établissements scolaires bénéficient d'une formation à l'égalité. Pour les futurs enseignants, celle-ci reste le plus souvent optionnelle et surtout très variable d'une ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation) à l'autre". Concrètement, "une école sur deux considère avoir formé 100% de ses étudiants pour un volume horaire variant de 2 à 57 heures annuelles", indique le rapport. C'est pire en formation continue. Seulement 1% des journées de formation porte sur cette thématique.
Des disparités entre enseignants sur cette question
Noémie, 25 ans, enseignante en CE2, CM1 et CM2 et directrice d'école dans l'Aube, a eu la chance d'être formée sur ces questions. "Cela m'a donné des clés pour aborder ces sujets avec les élèves, savoir trouver les bons mots, avoir le bon discours", explique-t-elle. La jeune femme aborde désormais chaque année cette thématique avec ses élèves.
"L'année dernière, on avait une affiche d'une artiste qui disait que les petits garçons peuvent pleurer. On a aussi parlé du 8 mars ou des stéréotypes véhiculés dans les Disney ou les catalogues de Noël.à france info"
L'annonce du Premier ministre va, pour elle, dans le bon sens. "C'est une bonne chose de poursuivre sur cette lancée-là, les mentalités évoluent."
Plus âgés, Lucile et Omar n'ont, eux, eu droit à aucune formation. Et ils en perçoivent aujourd'hui les manques. "Ce que l'on peut rencontrer, c'est des réflexions sexistes de la part de certains garçons, rapporte Omar. On ne sait pas forcément si ce sont des réflexions sexistes ou des provocations. On demande alors aux élèves de se taire. On gagnerait à être formés."
Lucile, qui se présente comme féministe, est très sensibilisée à ces questions. "Il faut que tout le monde soit formé pour détecter les violences et avoir le bon discours." Cette enseignante regrette aussi l'attitude de certains de ses collègues : "Nous avons eu des discussions houleuses sur les filles qui venaient en short au lycée. Ils parlaient toujours des vêtements des filles et ne disaient rien sur les garçons qui faisaient du sport torse nu." Elle attend maintenant avec impatience les modalités d'application de l'annonce du Premier ministre : "Sur le principe banco, mais il faut que cela soit vraiment efficace".
Margaux Duguet
Agressions sexuelles : « L’éducation nationale garantit l’omerta et l’impunité aux agresseurs, qu’ils soient élèves ou personnels »
EXTRAITS
Des élues et des responsables syndicales dénoncent, dans une tribune au « Monde », les violences sexistes et sexuelles au travail dans l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche.
Dans un discours prononcé le 25 novembre 2017, Emmanuel Macron prenait l’engagement solennel que son gouvernement ferait de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes au travail la « grande cause de son quinquennat ». Plus de deux ans après, les faits démentent le discours. Les enseignantes seront dans la rue le 23 novembre à l’occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
Dans un collège de Villejuif (Val-de-Marne), en mai 2019, une enseignante demande au rectorat de la protéger suite à la plainte qu’elle dépose pour viol contre un collègue. Dans un collège d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), neuf enseignantes demandent, en juin 2019, à leur hiérarchie de les protéger d’une situation de harcèlement sexuel qui perdure pour certaines d’entre elles depuis plusieurs années.
Dans un collège à Toulouse (Haute-Garonne), à la fin du mois d’octobre 2019, une assistante d’éducation dénonce auprès du rectorat des viols perpétrés par des collégiens sur des collégiennes aux alentours de leur établissement. Dans un grand lycée de Nancy (Meurthe-et-Moselle), en octobre 2019, un enseignant a été placé en détention préventive pour des faits de harcèlement, d’agressions et de viol sur des élèves. Les faits, dont certains remontent à 2012, avaient alors été classés sans suite.
(...)
Un devoir d’exemplarité
Dans l’accord contre les inégalités entre les femmes et les hommes dans la fonction publique, il est écrit explicitement que les employeurs publics ont un devoir d’exemplarité en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et qu’il leur est demandé un principe de tolérance zéro. Or le ministère de l’éducation nationale n’a toujours pas mis en place de négociations pour rendre ses mesures effectives dans des textes réglementaires.
Toutes les six minutes, une femme subit un viol ou une tentative de viol. Quand elles trouvent le courage de porter plainte, dans 70 % de cas elle est classée sans suites, et quand elle est instruite, les crimes sont souvent déqualifiés en agressions sexuelles. Le ministre de l’éducation nationale est directement responsable de la santé et de la sécurité des personnels qui travaillent dans son administration et de celles des élèves. Il doit mettre en œuvre sans délai une véritable politique de lutte contre les violences faites aux femmes.
(...)
Nous exigeons que cesse cette culture du viol qui veut que les victimes, à défaut d’être secourues et assistées, soient rendues coupables. Nous exigeons la mise en place de formations contre la culture du viol et sur le consentement, tant pour les personnels que pour les élèves et étudiant-e-s, ainsi que la mise en place de cellules d’écoute et de cellules psychologiques pour soutenir les victimes.
Des mesures conservatoires immédiates
Nous exigeons des mesures effectives de protection des victimes, aujourd’hui contraintes de choisir entre côtoyer quotidiennement leur agresseur ou quitter leur poste ou l’établissement dans lequel elles suivent leur scolarité ou font leurs études. Nous exigeons que des procédures disciplinaires à l’encontre des agresseurs soient engagées indépendamment de plaintes pénales, comme le prévoit la loi et que les victimes soient protégées et puissent occuper leur poste ou poursuivre leur scolarité dans des conditions sereines.
Nous exigeons que des mesures conservatoires immédiates soient prises à l’encontre des membres de l’institution ayant laissé dégénérer cette situation, qu’ils appartiennent ou non à l’établissement. Nous exigeons que les victimes ayant dénoncé cette situation ne subissent aucune forme de pression et bénéficient immédiatement de la protection fonctionnelle à laquelle elles ont droit.
(...)
Signataires : Sophie Abraham (chargée des questions femmes au SNUipp-FSU), Sylvie Aebischer (CGT-Educ’action, représentante au CSE), Lisa Badet (vice-présidente de la FIDL), Cendrine Berger (secrétaire générale de la CGT-Ferc Sup), Marie Buisson (secrétaire générale de la Ferc-CGT), Louise Bihan (commission antipatriarcat de Solidaires étudiant-e-s syndicats de luttes), Luce Desseaux (chargée des questions femmes au SNUipp-FSU), Sigrid Gérardin (cosecrétaire générale Snuep-FSU), Janique Guiramand (secrétaire nationale de SUD-Recherche EPST), Pauline Guittot (représentante SUD-Education en CAPN), Louise Gury (cosecrétaire fédérale SUD-Education, représentante au CSE), Armelle Mabon (SUD-Education), Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, Francette Popineau (cosecrétaire générale SNUipp-FSU), Héloïse Moreau (présidente de l’UNL), Emmanuelle Puissant (CGT-Ferc Sup), Cécile Quantin (SUD-Education), Christèle Rissel (secrétaire nationale de la CGT-Educ’action), Anne Roger (cosecrétaire générale Snesup-FSU), Frédérique Rolet (secrétaire générale SNES-FSU), Aurélia Sarrasin (secrétaire nationale SNES-FSU), Fatna Seghrouchni (cosecrétaire fédérale SUD-Education) Valérie Sipahimalani (secrétaire générale adjointe SNES-FSU), Josiane Tack (secrétaire générale du SNTRS-CGT), Maud Valegeas (représentante SUD-Education au CSE), Charlotte Vanbesien (secrétaire fédérale de la Ferc-CGT), Sophie Vénétitay (secrétaire générale adjointe SNES-FSU), Isabelle Vuillet (secrétaire nationale de la CGT-Educ’action).