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Fin de l'année... Bonne année...
Fin de l'année...
J’ ai toujours détesté les « fins »… La fin d’un film, la fin d’une histoire d’amour, la fin d’une journée, la fin d’un cours, la fin des vacances, la fin de l'année...
J’ai toujours détesté aussi les trop longs silences. Ils n’annoncent rien de bon. La semaine dernière, une de mes élèves, souvent silencieuse, - donc à-priori « sans problèmes n’est ce pas ?- est sortie de sa réserve… Prise d’une crise d’angoisse, elle hurlait dans le hall, annonçant des intentions suicidaires, montrant ses avant-bras striés de cicatrices, scarifiés… Cette « mode » de la scarification, empruntée à des sites Internet Gothiques ou prétendus tels, touchent de plus en plus de pré-adolescents, surtout des filles. Se faire mal effacerait leurs angoisses. Car, pour certaines, à cet âge-là, l’angoisse du lendemain, du présent aussi, est permanente. Les raisons de ce mal-être, de ce mal-vivre, sont très nombreuses :
- les difficultés familiales;
- les pressions exercées par les adultes;
- l’obligation qui leur est faite de se conformer à des images de mode ; malheur à celle ou à celui qui n’y parvient pas !
- l’incompréhension devant ce qu’on exige d’eux. « Mais ça sert à quoi ? » ; « Pourquoi je suis là ? » ; « De toutes façons, on est nuls ! » ; « Je n’y arriverai pas ! » ; « Je suis trop moche ! » ; « J’y comprends rien ! »… Autant de réflexions que nous écartons, cela m’arrive aussi, n’y prêtant pas attention. Ca leur passera… Ils font leur crise d’adolescence…
- le découpage de leur journée en tranches de savoirs. Tu suis ? tant mieux… Tu ne suis pas ? Tant pis pour toi… Et tu passes de zéro en observation, d’observation en retenue, de retenue en exclusion ; d’exclusion en scarifications… Je caricature ? A peine hélas…
- les « bons » élèves n’échappent pas non plus à ces silences angoissants. Tu feras « latin-allemand »… Que tu le veuilles ou pas… J’ai un jour entendu un père d’élève de sixième me tracer tout le cursus de sa fille jusqu’à son mariage ! Elle sera avocate, épousera un médecin ou, "au pire", un cadre supérieur. La petite fille, présente à l’entretien, était silencieuse… Forcément silencieuse… Sacrifiée sur l'autel des ambitions parentales... Si proche de « scarifiée »…
Ne croyons pas que le silence de nos élèves, le silence absolu de nos classes attentives ou semblant l’être, soit un gage de réussite. Il n’assure que notre tranquillité. Mais il ne nous renvoie que l’assourdissante angoisse de certains. Faisons-les participer ! Impliquons-les ! Donnons-leur toutes les occasions de parler, d’écrire, de créer, d’inventer, d’exprimer, de lire, de dialoguer entre eux et avec nous. De manière organisée bien entendu ! Ils ne demandent que ça !
Nous laisserons des traces en eux…
Ce ne seront plus celles des lames de rasoirs…
Bonne année...
Christophe Chartreux
« Lectures pour les collégiens »
L'Éducation nationale propose aux collégiens des listes d'ouvrages pour enrichir leur expérience de lecteurs et susciter leur curiosité : récits, romans, contes, pièces de théâtre, poésie, bandes dessinées, documentaires. Deux sélections spéciales, l'une à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale et l'autre autour de la Seconde Guerre mondiale, sont également disponibles.
Pourquoi quatre listes ?
Quatre listes sont actuellement à disposition ; elles sont renouvelées et mises à jour par un comité de lecteurs en fonction des productions éditoriales :
une liste d'ouvrages de littérature jeunesse ; en parallèle aux titres de la littérature patrimoniale étudiés en classe, elle propose des ouvrages qui illustrent des points des programmes
deux sélections spéciales, l'une à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale et l'autre autour de la Seconde Guerre mondiale
une liste de documentaires permettant de découvrir ou poursuivre l'étude de différents sujets.
Quels critères de sélection ?
Plusieurs critères ont guidé la réalisation de ces listes :
- la qualité des ouvrages qui suscite le plaisir de lire,
- le rapport le plus pertinent possible avec les programmes de chaque niveau du collège,
- le désir d'aiguiser la curiosité des collégiens et enrichir leur expérience de lecteurs.
Comment tirer parti de ces listes ?
Deux possibilités sont offertes pour consulter ces listes :
- une application à consulter en ligne : pour chaque titre, une mini-fiche de lecture propose une présentation, un commentaire sur l'intérêt de ce titre, le point du programme abordé et des mots-clés. Les fiches signalent aussi d'éventuelles particularités de l'ouvrage : thème sensible, prolongement... Le logo
signale les titres sélectionnés le plus récemment.
- un fichier au format Excel à télécharger qui permet plusieurs tris simultanés par auteur, mot-clé, genre, nouveauté...
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" Lectures pour les collégiens "
L'Éducation nationale propose aux collégiens des listes d'ouvrages pour enrichir leur expérience de lecteurs et susciter leur curiosité : récits, romans, contes ...
2017... Mettons une grande claque au déclinisme permanent!...
Zemmour, Finkielkraut, Debray, Onfray, Polony, Brighelli, Brunet et quelques autres, dont le magazine abject "Valeurs Actuelles", ont imposé pendant 5 ans l'idée d'une "France en échec", négative, triste, grise... Tous nostalgiques d'un âge d'or fantasmé.
"Surtout ne parlez pas de bonheur! Cela porte malheur!"
Pensant que le déclinisme permanent pouvait faire office d'état des lieux, voire de "projet", ils ont passé leur temps à caricaturer, salir, mentir. Chaque bonne nouvelle - et bien sûr qu'elles ont été nombreuses sans pour cela occulter les difficultés - fut immédiatement transformée en catastrophe par des interprétations et trahisons amplifiées sur les réseaux dits "sociaux", caisse de résonance pour l'immédiateté, mais cercueil des "raisonnements raisonnables".
Même Alain Juppé fut englouti avec son "Identité heureuse" par le triste et catastrophique François Fillon. Surtout ne parlez pas de bonheur! Cela porte malheur!
Hélas, hélas, une partie de la gauche a servi aussi de porte-voix au pessimisme érigé en principe. Il faut dire qu'il est très vendeur...
Hélas, hélas, quelques ministres ont préféré la démission, bien davantage pour tenter l'aventure solitaire - la palme revenant à Emmanuel Macron, solitaire parmi les solitaires, égocentré à l'excès, nourri de sa propre "importance", proposant du "neuf" avec du déjà "vieux" - que pour s'intégrer à un collectif responsable. Car "être en responsabilité", ce n'est pas un maroquin que l'on accepte d'honorer pour se déshonorer ensuite en l'abandonnant en cours de route.
"Ne soyons pas optimistes! Soyons positifs!"
A cette France de l' "identité malheureuse", du "suicide français", de la "soumission", je souhaite bien autre chose de plus positif. Elle le mérite. Il faut, en 2017, tourner le dos au pessimisme, au malheur toujours et seulement annoncé!
Je souhaite, c'est la période des voeux, un programme, un projet qui provoque l'enthousiasme, le désir, l'envie, l'appétence, Un programme qui rompe avec le déclinisme que nous avons subi pendant 5 ans. Pas un jour sans que des voix complaisamment sollicitées n'annoncent le pire, encore le pire, toujours le pire. Pas un jour sans que la politique-fiction ne fasse office de vérité absolue, indiscutable et toujours pour annoncer le pire! Pas un jour sans que la moindre réforme ne soit repeinte aux couleurs du malheur. Je me souviens de ce qui fut dit et écrit par les augures tristes au sujet de la réforme du collège, la "crise de l'école" n'étant qu'un des aspects du portrait de la France établi par la famille des déclinistes. La civilisation allait disparaître! La culture française allait sombrer! Evidemment il n'en fut rien...
Le vainqueur de la primaire de la gauche - et je souhaite que ce soit Manuel Valls, seul candidat ayant la stature d'un homme d'Etat - ne doit néanmoins pas commettre l'erreur d'un optimisme béat, d'un projet qui offrirait à espérer une France où tout ne pourrait aller que bien, madame la Marquise. Cet optimisme-là est un aveuglement parce que la réalité est aussi aux temps difficiles dans de nombreux domaines et il ne faut SURTOUT PAS les occulter. Le projet serait à juste titre accusé de ne s'adresser qu'aux "bobos sans soucis", oublieux du peuple qui souffre.
Je souhaite à 2017 d'être l'année du changement. Pas le changement tel que nos classes politiques l'entendent depuis des décennies. L'entendent encore. Ecoutez Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen. Tous vous promettent le changement. Mais dans de vieilles bassines, avec de vieilles recettes. Du faux neuf et du vrai vieux. Echec assuré!
Non un autre changement: changement d'approche, de vision, de mentalité. "Ne soyons pas optimistes! Soyons positifs!" serait mon modeste slogan.
Que l'espoir à nouveau fasse vivre. Chaque français, sans en oublier aucun.
Et au diable les déclinistes!
Christophe Chartreux
"Il n'y a point de génie sans un grain de folie"
Aristote
L’Histoire-Géo sur YouTube : 9 chaînes pour la découvrir autrement...
Parlons Y-stoire, 35 000 abonnés, est une chaîne créée en 2014 par Baptiste Cornabas, prof d’histoire-géo dans le secondaire. Ses vidéos sont un complément audiovisuel à ses cours, mais ne se limitent pas à des capsules utilisables dans le cadre d’une classe inversée : l’objectif est ainsi pour le prof de « faire partager sa passion ».
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Graphiste, titulaire d’un BTS de communication visuelle, et passionné de cinéma, Fabien Campaner a créé une chaîne YouTube, On va faire cours, dans laquelle il parle d’une façon ludique et humoristique, des clichés de l’Histoire au cinéma. Pourquoi l’Histoire, alors que sa passion, c’est le cinéma ? « Parce que vis au quotidien avec une doctorante en Histoire, et que l’on se transmet nos passions respectives », explique-t-il sur MinuteGeek. Il conçoit ainsi chacune de ses vidéos avec sa compagne, Lucie Card.
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Lancée en 2014, Pour la petite histoire, se concentre sur les anecdotes de l’Histoire avec un grand « H ». Le créateur de cette chaîne, Riog Nimal, amateur mais passionné d’histoire, raconte par exemple, dans des vidéos brèves mais légères et très bien illustrées dans un style graphiquement proches de la BD, quelle est l’origine du mot « boycott », les origines du système Braille, la façon dont Jules César a renversé la République romaine, ou encore « l’incroyable histoire du surf ».
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Romain Filstroff, créateur de la chaîne Linguisticae, est étudiant en master de linguistique historique et indo-européenne, à Vienne (Autriche). Passionné par la linguistique et les langues, il tente de vulgariser un domaine très complexe, dans des vidéos ludiques, suivies par plus de 141 000 abonnés.
La série « Paye ton expression » propose de découvrir l’origine et l’évolution des mots et des expressions françaises. Par exemple, d’où vient l’expression « tout de go » (est-ce lié au jeu de go, à l’anglais « to go », ou à une expression ancienne, « tout de gob », qui signifiait « avaler d’un trait » ?), ou le débat sur la bonne écriture de « ‘au temps pour moi’ ou ‘autant pour moi' », liée au vocabulaire militaire d’antan selon l’Académie Française.
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Chaîne alimentée par « OrigineDarwin », un youtubeur suisse anonyme, « Origine » n’est suivie que par 5080 abonnés, mais propose une vingtaine de vidéos passionnantes sur l’origine d’un fait ou d’une réalité historique, utilisables notamment par les enseignants.
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otalement déjanté et un poil geek, l’énigmatique RaAaK a lancé en août 2013, la chaîne « Epic Teaching of the History » (ETH). Auto-entrepreneur travaillant dans l’audiovisuel, le youtubeur est un autodidacte, grand consommateur de livres et de revues historiques. Sur sa chaîne, il partage sa passion pour l’Histoire avec 167 000 abonnés, dont certains sont enseignants et utilisent ses vidéos avec leurs élèves.
Le ton d’ETH est humoristique, mais le fond est très sérieux – et chaque sujet est abordé par RaAaK grâce à un important travail documentaire. Les sujets sont très variés, allant de l’histoire de la fourchette à celle de la Tour Eiffel, en passant par l’histoire du pantalon, l’Empire Romain, ou la disparition des dodos.
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Suivie par 37 000 abonnés, la chaîne « Le Cartographe » propose de raconter l’Histoire par les cartes. L’auteur des vidéos, anonyme, aborde (avec un ton très sérieux qui tranche avec celui des autres youtubeurs) une grande variété de sujets historiques, exploitables par les professeurs du primaire et du secondaire, de l’âge des Vikings à l’Histoire de l’Ecosse, en passant par la Guerre Froide, le traité de Tordesillas (1494) et l’Allemagne nazie.
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N’oublions pas les chaînes YouTube des profs d’histoire ayant recours à la classe inversée : leurs vidéos constituent des ressources très utiles pour les autres enseignants, mais aussi intéressantes pour les passionnés d’histoire.
Parmi les chaînes incontournables, celle d’Alexandre Balet, prof au collège expérimental Clisthène (Bordeaux), pionnier de la « flipped classroom », et sur qui nous avons déjà écrit. Ses capsules sont utilisables de la 6e à la 3e, en accès libre.
Sylvain Bruyère, professeur en collège dans l’académie de Reims, anime de son côté une chaîne éducative d’histoire-géo, Mémo Histoire, qui propose des vidéos et des podcasts audio, là aussi librement utilisables dans le cadre du programme de 3e, de 5e, ainsi qu’en histoire de l’art.
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Fabien Soyez
Et vous pourrez en savoir et en voir BEAUCOUP plus en cliquant ci-dessous et en rendant visite très souvent au site VousNousIls
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L'Histoire-Géo sur YouTube : 9 chaînes pour la découvrir autrement
Profs, étudiants ou amateurs passionnés : les youtubeurs vulgarisateurs se multiplient, notamment en Histoire-Géo. Voici une sélection de plusieurs chaînes passionnantes ! Les contenus d'éduc...
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VousNousIls " l'emag de l'education
Profs, étudiants ou amateurs passionnés : les youtubeurs vulgarisateurs se multiplient, notamment en Histoire-Géo. Voici une sélection de plusieurs chaînes passionnantes ! Philippe Mercier ...
Maths-Vidéos, l’appli pour aider les jeunes en maths...
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Maths-Vidéos, l'appli pour aider les jeunes en maths
Philippe Mercier, professeur de mathématiques, propose des vidéos de remise à niveau via Maths-Videos, désormais décliné en application pour téléphone mobile. Maths-Vidéos est un outil pé...
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Instruction ou Education?... L'Ecole prisonnière de son Histoire...
Les professeurs d’école, mais aussi l’ensemble de la profession enseignante, s’assignent des objectifs très souvent divergents, les uns souhaitant "instruire" et seulement "instruire, les autres voulant "éduquer" et seulement "éduquer".
La synthèse des deux missions, Eduquer/Instruire, avait été établie il y a dèjà fort longtemps par Jean Marc Favret en 1985 pour le CNDP :
"Education et Instruction sont inséparables (…). L’enfant doit apprendre à bien lire, écrire et compter et, dans le même temps, à se situer dans le monde qui l’entoure. (…) Qu’on le veuille ou non, qu’on en prenne conscience ou non, toute classe est une classe hétérogène. Les origines culturelles et sociales, les diversités linguistiques et techniques croisent à l’envi les différences d’apparences et de comportements. Le public de l’école est varié mais sa mission reste unique. Or le système scolaire doit permettre à chacun de s’outiller pour la vie".
Concilier la vie des enfants et les objectifs assignés à l’éducation -instruction comprise- est le lot commun de TOUS les enseignants. Même les inconditionnels des « savoirs » ne peuvent pas contourner cette donnée. Celui qui affirme « Je n’ai aucun problème de discipline » n’explique en fait que son autorité, son influence, son pouvoir de séduction permettant d’obtenir de ses élèves les conditions qui permettent de travailler. Et ce travail qui conditionne l’instruction, c’est l’éducation.
Malgré (ou à cause de) cette querelle Instruction/Education, l’évolution de l’Ecole me semble paradoxale. On pourrait facilement démontrer que, contrairement aux affirmations de certains tenants du fameux « c’était mieux avant », rien n’a fondamentalement changé : le tableau noir (devenu vert puis blanc) où sont encore très souvent inscrits les incontournables exercices du BLED, Bible de l’orthographe ; l’estrade ; les boites de craies (devenues "marqueurs") ; très souvent même les paquets de bons-points et d’images, tout est encore là. La configuration des tables a été à peine revue et corrigée en collège et lycée après mai 1968. Et tout cela aussi bien en milieu rural qu’urbain. Seules fantaisies concédées à la tradition : des murs repeints et un micro ordinateur (plus imposé que choisi), mais…le bureau du maître toujours face à ses élèves ! (C’est symbolique car j’ai parfaitement conscience que ce n’est pas en supprimant ou en changeant le bureau de place qu’on évoluera "automatiquement" plus vite.)
S’il fallait une autre preuve de cet immobilisme, la lecture du Code Soleil (recueil de tous les textes administratifs concernant l’enseignement primaire) y suffirait. Entre 1929 (1ère édition) et 1999, seules deux parties ont disparu : celle concernant les devoirs et droits des membres de l’enseignement public et celle qui présentait la législation de l’enseignement…privé ! On a également débaptisé le Conseil Supérieur de l’Instruction Publique en celui de l’Education Nationale et les Inspecteurs Primaires sont devenus Inspecteurs de l’Education Nationale (IDEN) puis Inspecteurs e l'Education Nationale (IEN). Quelle révolution!
Je conseille également la lecture du Dumas utilisé dans tous les Cours Moyens de France pendant des années (J’ai sous les yeux, au moment où j’écris ces lignes, l’édition originale de 1931 : L. Dumas, Le Livre Unique de Français, Hachette Paris 1931). En laissant de coté la présentation, évidemment dépassée et vieillotte, tous les exercices (Lecture ; Grammaire ; Vocabulaire ; Orthographe ; Composition Française) sont contenus dans le même ouvrage et ont pour fondement un seul et même texte par leçon. Textes qui pour 108 d’entre eux - sur 120 - n’ont aucune « valeur littéraire ». Cela ne rappelle-t-il rien à ceux qui dénoncent les contenus d’apprentissages actuels. 1931…2016…C’était mieux avant ?
En près d’un siècle, la « révolution pédagogique » responsable de TOUS les maux de l’école n’a pas eu lieu ! Au contraire, l’Ecole reste prisonnière de son Histoire.
Christophe Chartreux
Education... "Une idée folle"... Bande annonce...
Tourné dans neuf établissements scolaires - publics et privés, de la maternelle au collège, aux quatre coins de la France - Une Idée Folle pose la question du rôle de l’école au XXIè siècle.
A quels défis les citoyens de demain vont-ils devoir faire face et comment les y préparer ?
En cultivant l’empathie, la créativité, la coopération, la prise d’initiatives ou encore la confiance et soi et l’esprit critique chez les élèves en parallèle des savoir fondamentaux, les enseignants de ces écoles font le rêve fou de former une future génération de citoyens épanouis et responsables qui auront à coeur de transformer positivement la société qui les entoure.
Education... 2017: offrons à nos élèves la possibilité de continuer d'oser...
Michel Serres qu'il est inutile de présenter nous offrait, c'était en 2007 je crois de mémoire, sa vision de l'Education dans un numéro du Monde de mars.
A 81 ans, Michel Serres nous parlait d'un monde en métamorphose pour lequel il est urgent et nécessaire d'inventer d' "inimaginables nouveautés". Plus loin, à propos des pédagogies du XXIème siècle, le "vieux jeune homme" conseillait d'en expérimenter en même temps qu'apparaissaient et se multipliaient les nouvelles technologies.
Depuis fort longtemps déjà, des Philippe Meirieu ou Edgar Morin, chacun à leur manière, ne disent pas autre chose. Pourtant, malgré ces avis éclairés, malgré des expériences innovantes aux réussites incontestables, malgré des travaux, des séminaires, des colloques, des conférences nationales et internationales, malgré les résultats d'enquêtes (dont PISA mais pas seulement), malgré les recommandations d'experts reconnus comme de praticiens anonymes, l'Ecole a peu évolué de 2007 à 2012, se contentant ici d'ordinateurs, là de tableaux blancs interactifs mais refusant de bouleverser ses habitudes. Il faut rappeler que le pouvoir en place n'a rien fait pour encourager les audaces. Pire, il a supprimé 80 000 postes et la formation. Rien que ça!
Ce manque d'audace allait de pair avec un manque de courage politique. En matière scolaire, je l'ai découvert depuis peu en fait, le conservatisme n'est ni de droite ni de gauche. Il est consubstantiel souvent et profondément à quelques syndicats et à une part non négligeable d'enseignants, toutes générations confondues. Incompréhensible attitude puisque dans le même temps, ces mêmes professeurs critiquent allègrement le "système" mais renâclent devant TOUTES les réformes, le terme de "réforme" servant à lui seul de repoussoir.
Il faut dire que les désormais politiquement ultra-corrects Finkielkraut, Polony, Zemmour, Brighelli, Barjon et récemment Rama Yade, entonnent partout où ils passent le chant du conservatisme revendiqué. "L'école est par nature conservatrice" avait osé écrire une Rama Yade très en verve dans un livre d'une grande médiocrité de fond et de forme intitulé "Plaidoyer pour une instruction publique", Grasset, Paris 2011... Propos révélateurs néanmoins d'une position hélas largement partagée à l'intérieur même de l'institution scolaire, y compris dans une partie de l'électorat TRES à gauche. Peut-être suis-je naïf mais là, certaines choses m'échappent...
A toutes ces frilosités, car pour beaucoup d'enseignants la peur de l'inconnu est très présente, je choisis et choisirai toujours les audaces d'un Michel Serres, les visions d'un Edgar Morin, les courages d'un Philippe Meirieu et - dut-on m'enfermer dans un "trip de supporter", j'assume! - l'abnégation d'une Najat Vallaud-Belkacem dont on ne louera jamais assez la patience observée face aux médisances, aux caricatures et aux blocages en tout genre.
Tous, avec d'autres, ont raison depuis longtemps. Chaque année qui passe voit leurs analyses confortées, leurs avertissements justifiés:
- quand donc enfin allons-nous avoir le courage de les entendre ?
- combien d'années d'échecs faudra-t-il pour que nous décidions d'accompagner sans barguigner les transformations radicales nécessaires ?
- combien de milliers de gamins abandonnés en cours de scolarité a-t-il fallu pour que nous mettions en place les outils QUI EXISTENT désormais (merci Najat!) permettant l'arrêt - du moins l'inversion de la courbe - du massacre des décrocheurs?
- quand déciderons-nous d'accepter les réformes mettant fin à un système qui ne produit pas les inégalités sociales mais les creuse davantage encore ?
Formulons un voeu... 2017 et l'échéance majeure des présidentielles, au milieu d'un monde chaotique, dangereux, bouleversé nous permettront peut-être d'oser...
D'oser avec l'audace tranquille d'un Michel Serres dont le parapluie multicolore illumine les ombres grises et menaçantes des orages non désirés...
Christophe Chartreux
"Nos enfants ne savent plus écrire, ni lire! Tout cela par la faute d'Internet, de Google!"...
Une mère d'élève, bon chic bon genre de province, femme de médecin "en vue", me disait il y a quelques temps :
"Nos enfants ne savent plus écrire, ni lire! Tout cela par la faute d'Internet, de Google!".
Je ne me souviens plus de la réponse que j'ai formulée. Il y a vingt-et-un ans naissait Google. Il y a aujourd'hui un monde avant Google et un monde après. Lequel des deux est le meilleur des mondes ?
Je pense, contrairement à une partie de l'intelligentsia française, contrairement à Alain Finkielkraut entre autres, que l'outil Internet dont Google est l'une des entrées peut, comme n'importe quel outil, être expliqué et compris par nos élèves. SURTOUT par nos élèves contemporains très ouverts aux nouvelles technologies. Je me souviens des torrents de boue qui ont été déversés sur le malheureux stylo BIC lorsqu'il fit son apparition et remplaça peu à peu le porte-plume puis détrôna même le stylo encre. On peut le regretter avec des sanglots longs dans la voix. Pourtant que de belles dissertations j'ai lues écrites au stylo BIC. Même au stylo BIC.
Alors oui, mille fois oui, il faut absolument permettre à nos élèves, dès l'école primaire, de s'emparer d'Internet et de Google. Ne pas le faire serait tout simplement une hérésie, un contresens historique majeur. Nous pourrions, nous les enseignants, regretter longtemps d'avoir laisser nos enfants à l'écart de la "révolution informatique". Ce serait faire des ces élèves des adultes aveugles et sourds, handicapés.
Ce serait aussi laisser Internet et Google aux seules élites, à tous ceux qui craignent pour leur magistère. Car si l'on trouve des écrits et images absolument lamentables sur la toile, on peut y découvrir de véritables perles, en très grand nombre. J'y ai lu des articles, des textes, des poèmes merveilleux. Ecrits par des anonyme ou des artistes plus connus. J'y ai vu des photos d'une beauté saisissante. Tout cela en quelques sauts de sites en sites, comme on feuillette des livres chez les bouquinistes des bords de Seine. Google et Internet sont eux aussi des bouquinistes et l'internaute flâne pour s'attarder parfois le long des quais informatiques.
J'y ai lu des lettres d'amants improbables. Jamais sans Google ni Internet je n'aurais découvert cette correspondance de Nelly Kaplan et Andre Pyere de Mandiargues rassemblée dans un livre débordant d'une vérité lumineuse comme peuvent l'être les étincelles du regard dans les yeux des amants. Lisez et relisez Ecris moi tes hauts faits et tes crimes chez Tallandier Paris 2009.
Internet et Google, bien appris et maîtrisés, ne sont d'aucun danger. Si c'est un risque d'offrir au plus grand nombre ce qui jadis était réservé à quelques uns, alors je veux courir ce risque!
A corps perdu mais à espoir retrouvé...
Christophe Chartreux
Education - La ministre et le poids des mots...
Huit journalistes de la rédaction du journal Sud Ouest ont été « primés » et ont pu rencontrer le personnage qu’ils souhaitent faire découvrir aux lecteurs de leur quotidien. Retrouvez ici le troisème et dernier volet du portrait de Najat Vallaud-Belkacem publié le 21 décembre 2016 et réalisé par Nicolas Espitalier.
Sud Ouest. Parlez-vous encore le dialecte berbère, le tamazight, votre langue maternelle?
Najat Vallaud-Belkacem. Oui, bien sûr. Mais, mon grand regret, c’est de n’avoir pas réussi à le parler avec mes enfants, qui n’y sont absolument pas familiarisés. Mon autre regret, c’est que, ce que je parle, ce n’est pas une langue à proprement parler mais un dialecte. Ils ont certes récemment inventé un alphabet, le tifinagh, mais ce sont pour moi des hiéroglyphes qui n’ont rien de naturel.
Le berbère vous permet-il d’exprimer des choses que vous ne sauriez exprimer en français ?
Non. La langue française est merveilleuse, elle est celle qui permet d’avoir le plus de subtilité, de nuances. Je suis du genre à me rendre malheureuse parce que, essayant d’exprimer quelque chose, je n’arrive pas à trouver le mot exact, alors qu’il existe forcément. C’est une drôle de pathologie, j’en conviens, mais c’est la stricte vérité (sourire). Le berbère, en tout cas ce que j’en connais, est un langage qui convient mieux à des choses concrètes qu’à des concepts. Je sais dire « Servez-vous votre verre », mais je ne saurais pas dire « Je n’en peux plus ». « Je t’aime » n’existe pas : on dit « Je te veux », comme en espagnol, ou « Tu me plais ». Ça dit quelque chose de la culture, d’ailleurs.
Quel souvenir gardez-vous de votre première rentrée en France, en maternelle, à Abbeville, en 1982 ?
Je n’en ai qu’un souvenir assez vague, mais l’impression qui demeure, c’est d’avoir toujours considéré l’école comme un havre de paix. Et c’est suffisamment fort pour le dire, parce que beaucoup d’enfants, y compris les miens parfois, ne vivent pas forcément l’école comme ça. De nos jours, il y a une telle multiplication des centres d’intérêt et des sources d’information que l’école n’apparaît plus nécessairement aux élèves comme le lieu par excellence où assouvir sa curiosité et son envie de se projeter dans le monde. Pour moi, à l’époque, il n’y avait que l’école et la lecture à la maison.
Et votre truc, c’était le français ?
Oui, c’est pour ça que c’est absurde de me donner des leçons d’attention à la maîtrise des fondamentaux. Bien avant d’être ministre de l’Éducation, cela faisait des années que j’étais terriblement choquée de voir qu’on pouvait laisser sortir du collège des jeunes n’ayant pas le minimum de vocabulaire requis pour… tout simplement être au monde. C’est-à-dire le comprendre et le parler. C’est un sujet que j’ai pris à bras-le-corps. Cela n’est jamais commenté parce que, dans les débats éducatifs, malheureusement, seuls les polémiques et le buzz font florès, mais j’ai réformé l’ensemble des programmes de la scolarité obligatoire, notamment pour y mettre l’accent sur la maîtrise du français, à l’écrit comme à l’oral, tout au long de la scolarité. À 7 ans, à 15 ans, il faut continuer à enrichir le vocabulaire, la compréhension, donc l’esprit critique. Non, je ne crois vraiment pas avoir de leçons à recevoir sur ce sujet qui me tient si fort à cœur.
Selon vos proches, vous avez à cœur de pratiquer un français soutenu. Est-ce parce qu’il s’agit pour vous d’une langue acquise ?
Je ne cherche pas particulièrement à parler un français soutenu, mais j’ai le goût de la précision et de l’exactitude. Au lendemain des attentats de janvier 2015, je suis allée dans des collèges.
C’était le moment où naissaient de nouvelles théories du complot. En discutant avec les élèves, j’ai été frappée de voir à quel point beaucoup des erreurs d’analyse qu’ils faisaient venaient du fait qu’ils n’avaient pas compris un mot entendu dans les médias ou qu’eux-mêmes n’arrivaient pas à exprimer ce qu’ils avaient au fond du cœur. Vous vous souvenez de la série « H », avec Éric et Ramzy ? Éric utilisait souvent un mot pour un autre, et c’était très drôle. Derrière l’humour, il y a une réalité pour plein de gens. Ne pas disposer du bon mot, c’est n’avoir d’autre choix que la violence ou le retrait de la vie sociale.
Vous avez écrit, en 2012, « le pouvoir de la parole en est un ». Est-ce que, en politique, parler, c’est agir ?
La politique ne peut pas être faite que de parole, on est bien d’accord, mais la réponse est oui, indéniablement. C’est bien pour cela qu’il ne faut pas être léger, inconséquent, avec sa parole. Ce qui rend l’époque si compliquée, c’est qu’a contrario, lorsque vous êtes conséquent, que vous mesurez le poids des mots, que vous pesez au trébuchet chacune de vos formules, on vous accuse de faire de la langue de bois.
Ne pratiquez-vous pas la langue de bois ?
Non, ce que je pratique, c’est d’abord… une politesse (rire). Oui, vraiment ! Ce que j’entends par politesse, ce n’est pas le sourire – on me le reproche suffisamment –, c’est de ne pas ajouter du trouble au trouble. De ne pas considérer que le « parler vrai » passe automatiquement par l’injure, la caricature ou l’hystérie. Lorsque je m’exprime, c’est toujours en responsabilité. Je ne suis pas là pour me faire plaisir, ni pour faire de bons mots. Quand Nicolas Sarkozy dit « On va vous nettoyer ça au Kärcher » ou « Casse-toi, pauvre con ! », il se fait plaisir, mais il n’est pas en responsabilité.
Mais comprenez-vous le procès en langue de bois qui vous est fait ?
Je le comprenais quand j’étais porte-parole du gouvernement, parce que là, c’était presque institutionnel. Quand on vous interroge à propos d’un sujet sur lequel deux ministres sont en contradiction, vous n’allez pas prendre parti. Mais ce qui m’étonne, c’est qu’il continue depuis que je suis ministre de l’Éducation, parce que là, franchement, ça ne correspond plus à grand-chose. Je ne suis ni neutre ni spectatrice. Je suis dans le combat. On peut apprécier ou ne pas apprécier cela chez moi, mais ne pas le remarquer, c’est pour le moins étrange.
Retrouvez ici les premier et deuxième volets de ce portrait réalisé par Nicolas Espitalier pour Sud Ouest.
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La ministre et le poids des mots - Portrait dans Sud Ouest
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