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Vivement l'Ecole!

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Viviane Youx : Le français au lycée droit dans le mur ?

15 Mai 2023 , Rédigé par Le Café Pédagogique Publié dans #Education

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EXTRAIT

Où va l’enseignement du français au lycée ? Dans les salles des personnels ou les réseaux enseignants s’exprime actuellement, et comme chaque année, un sentiment d’accablement des professeur.es face au rouleau compresseur des programmes et des épreuves de 1ère. Les demandes répétées d’allègement du nombre de textes à présenter sont restées lettre morte et des rappels à l’ordre sont même çà et là envoyés. Viviane Youx, présidente de l’Association Française pour l’Enseignement du Français, lance ici un appel. La question du nombre de textes est le symptôme d’une maladie bien plus grave ; ce sont les programmes et les épreuves dans leur globalité qui sont à reconstruire, pour que les professeur.es cessent d’être traité.es comme des comptables et les élèves comme des perroquets, pour que l’apprentissage du français soit enfin, authentiquement, une expérience de la langue et des langages, de la littérature et du monde. Cet appel sera-t-il enfin écouté ? Ou le sentiment d’accablement se transformera-t-il en sentiment d’abandon collectif ?

Le français au lycée : où allons-nous ?

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Comment l’enseignement du français, de la littérature a-t-il pu être ainsi dévoyé au lycée ?

Après trois ans et demi d’application des programmes 2019, les professeur·e·s de français au lycée sont au-delà de l’épuisement.

Certes, il y eut le confinement du printemps 2020, après lequel l’oral de français était la seule épreuve maintenue, puis finalement supprimée après les 80000 signatures de la pétition portée par l’AFEF.

Puis, il y eut des conditions difficiles, avec des demi-classes, de l’hybride présentiel-distanciel… Et une épreuve orale de première dont on diminuait le nombre de textes à présenter… Demande qui ressurgit cette année pour l’épreuve orale de juin.

Bien évidemment, cette préoccupation du nombre de textes est légitime et elle est vécue douloureusement quand vous devez « boucler un programme » pour présenter vos élèves avec toutes leurs chances ; et nombre de collègues se retournent actuellement vers leurs IPR pour savoir si d’éventuels aménagements sont prévus.

Mais, n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ? Avons-nous à ce point délaissé la qualité pour la quantité si l’enseignement du français au lycée se calcule en nombre de textes à présenter à l’oral ?

Quand la réforme du lycée, et des programmes, a été entreprise sous le précédent ministère, nous avions espéré, en français, voir prises en compte les avancées de la didactique. Nous espérions lutter contre le psittacisme inhérent à l’oral de français depuis tant d’années, en proposant que les élèves puissent être interrogés sur leur travail personnel, qu’ils puissent présenter leurs propres réalisations de l’année autour de l’écriture et la lecture littéraires. Au contraire, les programmes qui ont été promulgués, par chronologie de genres, se sont révélés très rigides et très lourds, avec des œuvres et parcours obligatoires, qui non seulement réduisaient la part d’initiative personnelle des professeur·e·s, mais les contraignaient à instaurer un bachotage permanent tout au long de l’année de première s’ils voulaient avoir une petite chance d’arriver au bout !

Ne s’est-on pas, une fois de plus, trompé d’objectif ? Pourquoi les élèves font-ils du français au lycée ? Et pourquoi de la littérature ?

Les programmes en vigueur sont certainement fort utiles, dans leur exhaustivité classique à la Lagarde et Michard, pour donner un vernis culturel, fixer des noms dans des périodes, distinguer les grands genres. Mais est-ce la finalité d’un enseignement littéraire ?

(...)

Viviane Youx, présidente de l’Association Française pour l’Enseignement du Français

Suite et fin en cliquant ci-dessous

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Mixité scolaire : «Pap Ndiaye a les mains liées» par un gouvernement réticent à l’idée de déplaire à la droite

13 Mai 2023 , Rédigé par Libération Publié dans #Education

Mixité scolaire : «Pap Ndiaye a les mains liées» par un gouvernement réticent à l’idée de déplaire à la droite

Pour la sociologue du CNRS Agnès Van Zanten, le ministre de l’Education nationale a très peu de marges de manœuvre sur un dossier sensible électoralement.

Un sujet explosif et un plan qui tombe à l’eau. Le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, devait dévoiler jeudi ses mesures, reportées depuis des mois, pour plus de mixité sociale et scolaire. Lâché par l’Elysée, il s’en est finalement tenu à une discrète réunion avec les recteurs et les directeurs académiques pour leur assigner des objectifs encore obscurs afin de réduire la ségrégation scolaire en France, pourtant «la plus forte de tous les pays développés», avait rappelé le ministre. Pour la sociologue Agnès van Zanten, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des politiques éducatives, Pap Ndiaye avait, de toute manière, très peu de marges de manœuvre sur ce dossier sensible.

Selon vous, pourquoi Pap Ndiaye n’a-t-il pas réussi à imposer son plan sur la mixité scolaire ?

Le ministre a les mains liées par rapport au contexte dans lequel a évolué le gouvernement. Clairement, ce dernier n’est pas favorable à l’idée de prendre des décisions qui risquent de déplaire dans les rangs de la droite, dont il a besoin pour soutenir les décisions à venir. La question de la mixité soulève beaucoup de résistances au sein de la population dans les groupes plus favorables à la droite. Toute mesure sur la mixité sociale qui serait un peu coercitive est perçue par les parents d’élèves des classes supérieures qui contournent la carte scolaire comme une limite à leur liberté. Ces parents craignent de voir leurs enfants cohabiter avec des élèves de milieux sociaux différents, car ils associent cette cohabitation à une baisse de leur niveau scolaire ou à de mauvaises fréquentations.

Beaucoup choisissent alors le privé, financé aux trois quarts par les fonds publics. Le ministre a bien demandé des efforts au secrétariat de l’enseignement catholique pour plus de mixité dans ses établissements, ce qui est louable. Mais sans obligation, ça ne changera rien…

Non, les moyens de pression sont surtout d’ordre moral, d’autant que le secrétariat général de l’enseignement catholique peut nommer les chefs d’établissement, mais ces derniers ont ensuite une autonomie quasi totale et peuvent donc recruter les élèves qu’ils souhaitent. Dans les grandes villes, le privé était déjà élitiste socialement, mais il est devenu tellement attractif qu’il est désormais aussi très sélectif scolairement. Il joue donc un rôle moteur dans la ségrégation des établissements, surtout dans les grandes villes.

Le ministre a demandé aux recteurs de créer avant l’été une «instance de dialogue, de concertation et de pilotage de la mixité sociale et scolaire». Chaque académie doit en même temps mener des concertations pour réduire «les différences de recrutement social entre établissements de 20 % d’ici à 2027». C’est un premier pas malgré tout ?

Il faut effectivement s’adapter aux caractéristiques des territoires. Cette instance est un premier pas nécessaire, mais c’est totalement insuffisant. Il faut mettre en place à côté un accompagnement des acteurs sur le terrain et ensuite une vraie évaluation. L’objectif des 20 %, qui reste encore flou, ne sera par ailleurs pas mesuré puisque aucune instance n’a été créée pour cela. C’est une finalité vers laquelle le gouvernement veut que les établissements tendent, mais qui ne sera pas évaluée. Par ailleurs, la mixité ne doit pas être un objectif purement arithmétique. On ne peut pas juste mélanger les enfants. Derrière, il faut une politique pédagogique, éducative pour créer les conditions qui permettent que ça marche.

Lesquelles ?

Il faut par exemple former les enseignants à faire classe avec des groupes hétérogènes. Sinon, beaucoup se sentent désarmés et cela peut avoir des effets négatifs. Il faut aussi bien réfléchir à la façon dont s’opère ce mélange en veillant à avoir des classes avec une mixité scolaire modulée pour ne pas se retrouver avec des élèves avec des niveaux scolaires totalement opposés.

Dans la boîte à outils dans laquelle les recteurs devront piocher l’idée la plus adaptée à leur territoire pour plus de mixité, le ministre a notamment mis en avant celle de la création de filières d’excellence dans les collèges et lycées plus défavorisés. Est-ce un bon dispositif en faveur de la mixité sociale ?

Non, il s’agit d’une politique très élitiste qui se consacre à quelques bons élèves qu’on pousse très loin en se désintéressant des autres. Et quand on crée des classes de niveau, il y a un risque très grand de recréer de la ségrégation à l’intérieur d’un établissement puisqu’on concentre des élèves de classe moyenne ou supérieure dans une même classe. Ces enfants ne se mélangent pas avec les autres, parce qu’ils n’ont parfois pas les mêmes horaires et leur situation à part peut créer des tensions entre élèves. On supporte des privilèges quand les gens sont loin, mais moins quand ils sont à côté.

Mais comment rendre plus attractifs des établissements publics fuis par de nombreuses familles plus favorisées ?

Il n’y a pas de solution unique ni à court terme dans ce domaine. C’est un travail à moyen terme en ayant recours aux dispositifs les mieux adaptés à chaque territoire pour attirer les familles tout en créant une mixité à la fois scolaire et sociale dans chaque classe. La mixité sociale s’enclenche avec des familles qui appartiennent plutôt aux fractions intellectuelles des classes moyennes ou supérieures qui acceptent d’être dans des établissements plus défavorisés et qui créent alors un effet d’entraînement. Davantage de familles de milieu plus favorisé arrivent ensuite, les résultats s’améliorent, le climat scolaire aussi. Mais cela suppose également d’avoir des équipes enseignantes stables. Or, dans les établissements publics en difficulté, on a souvent un taux de rotation enseignante très élevé.

Même avec un ministre engagé sur ces questions, cela bloque toujours. Il est donc impossible de mener une politique de mixité sociale et scolaire ?

Il ne faut pas être fataliste. Il faut trouver les bons leviers et les bons relais à l’échelle locale, adapter les exigences et les ressources en fonction des situations, accompagner et évaluer les initiatives sur le terrain. La mixité sociale à l’école n’est pas une utopie.

Propos recueillis par Cécile Bourgneuf

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L’électorat enseignant, convoité par les Le Pen - Par Claude Lelièvre

12 Mai 2023 , Rédigé par The Conversation Publié dans #Education

L’électorat enseignant, convoité par les Le Pen - Par Claude Lelièvre
L’électorat enseignant, convoité par les Le Pen
Claude Lelièvre, Université Paris Cité

Le monde enseignant a longtemps été considéré comme foncièrement réfractaire au vote en faveur des partis d’extrême droite. Mais, désormais, on n’en est plus assuré, tant s’en faut.

C’est ce qu’avait d’ailleurs pointé à sa façon Marine Le Pen lorsqu’elle a salué la création du collectif Racine rassemblant des enseignants « bleu marine » en déclarant à la fin de son colloque du 12 octobre 2013 qu’une telle initiative « était inimaginable il y a quelques années ».

En réalité, la démarche délibérée des Le Pen vers les enseignants vient de loin, même si le succès n’a pas été au rendez-vous immédiatement.

Les messages des Le Pen adressés aux enseignants

Marine Le Pen s’était déjà adressée aux enseignants lors du colloque du Front national sur l’école de septembre 2011 en leur disant on ne peut plus nettement :

« Nous n’avons pas su vous parler. Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices de la destruction de l’école. Pour l’immense majorité d’entre vous, c’était une erreur et cette époque est révolue. »

Jean-Marie Le Pen lui-même était allé dans le même sens, cinq ans plus tôt, le 12 novembre 2006, lors de son discours au Bourget sur son « projet présidentiel » pour 2007, en se présentant comme « l’espoir de renouveau et la conscience progressiste du pays ». Il avait alors fustigé « le mépris des fonctionnaires, forcément absentéistes, qu’on veut rendre responsables de la destruction des services publics, alors que le plus souvent, fidèles à leur mission, ils en sont les premières victimes ».

Et pour ce qui concerne plus spécifiquement l’école et ses enseignants, Jean-Marie Le Pen avait mis en avant des préoccupations qui peuvent être partagées par nombre d’enseignants sans qu’elles soient des singularités propres au Front national :

« L’école est le véritable et premier lieu où se forge l’égalité, celle des chances. Or la véritable sélection, j’ose le dire, est source de l’égalité véritable […]. Lire, écrire, compter, connaître l’histoire et la géographie de son pays sont des bases essentielles qui aujourd’hui manquent à un élève sur quatre en sortie du primaire. L’école publique doit aussi respecter scrupuleusement la neutralité religieuse, politique et philosophique »

L’aggiornamento des Le Pen ne semble pourtant pas avoir eu un effet sensible immédiat. Quelques mois après son intervention au Bourget d’octobre 2006, Jean-Marie Le Pen n’obtient que 3 % des intentions de vote exprimées chez les enseignants pour le premier tour de la présidentielle de 2007 selon un sondage effectué en février 2007 par l’IFOP pour Le Monde de l’éducation.

Et quelques mois après son intervention de septembre 2011, Marine Le Pen n’atteint que 5 % des intentions de vote exprimées dans le sondage effectué par l’IFOP pour Le Monde de l’Éducation en février 2012. Marine Le Pen reste à l’étiage de ces 5 % selon le sondage effectué par l’IFOP à la mi-avril 2017.

Un vote enseignant en faveur du Rassemblement national minoritaire mais qui s’installe

Si on suit les indications du tableau 5 établi par Luc Rouban dans sa Note de recherche pour l’élection présidentielle 2022 à partir des données de l’enquête présidentielle 2022 par Cevipof et Ipsos, vague 24, d’avril 2021, on aurait eu 10 % de déclarations d’intentions de vote parmi les suffrages exprimés des enseignants, contre 8 % en mars 2017 est-il mentionné.

Luc Rouban. Les fonctionnaires face à l’élection présidentielle de 2022 (en avril 2021). [Rapport de recherche] CEVIPOF. 2021, pp.12. ffhal-03613479

Il semble bien qu’il y a eu un décollage progressif et continu (avec « effet retard ») du taux de déclarations d’intention de votes exprimées par les enseignants en faveur de Marine Le Pen passant de 5 % en février 2012 à 8 % en mars 2017 puis 10 % en avril 2021. Et cela va dans le sens d’un vote Le Pen qui s’installe dans le paysage enseignant durant ces dernières années, après bien des efforts de leur part.

À cela s’ajoute le taux d’intentions de vote exprimées en faveur de Marine Le Pen par les enseignants au second tour des élections présidentielles de 2022 qui attire l’attention et qui continue à être de nature à frapper les esprits.

Dès le 19 avril 2022, il a été indiqué dans le journal 20 minutes que « selon une enquête du Cevipof pour le second tour, 48 % des enseignants seraient prêts à voter pour Emmanuel Macron et 22 % pour Marine Le Pen ». Puis le 25 avril, sur RTL, il a été mis en avant qu’« un quart des professeurs a voté pour Marine Le Pen au second tout des présidentielles selon une étude du Cevipof ». Même s’il convient sans doute de relativiser (car au premier tour on choisit et au second tout on élimine, ce qui n’a pas le même sens), cela donne quand même à réfléchir.

S’il ne s’agit certes pas d’une vague susceptible d’emporter vraiment le monde enseignant, il n’en reste pas moins que l’on a quitté la place d’un vote dans les marges pour un vote certes foncièrement minoritaire chez les enseignants, mais qui s’installe et fait désormais partie du paysage.The Conversation

Claude Lelièvre, Enseignant-chercheur en histoire de l'éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Cinq chiffres clés à avoir en tête sur la mixité sociale à l'école

12 Mai 2023 , Rédigé par France Inter Publié dans #Education, #Mixité

Cinq chiffres clés à avoir en tête sur la mixité sociale à l'école

Par Noémie Lair

Le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye doit présenter ce jeudi son plan pour plus de mixité sociale et scolaire. Voici cinq chiffres à connaître sur la mixité sociale (ou l'absence de mixité sociale) dans les établissements scolaires.

L'école "est injuste avec les pauvres", déclarait le ministre de l'Éducation nationale sur Brut au moment de la rentrée scolaire fin août. Pap Ndiaye avait alors dit que la question de la mixité scolaire était "très clairement une des priorités" de son ministère. Ce jeudi, il doit donc annoncer son plan pour renforcer cette mixité. Il a déjà évoqué plusieurs leviers d'action : la création de "sections d'excellence", comme les sections internationales, dans des territoires défavorisés, la création de binômes de collèges "proches géographiquement mais très contrastés socialement", ou encore la participation de l'enseignement privé sous contrat à cet effort.

L'enjeu est de taille. Dans une note d'information publiée en juillet dernier, le ministère soulignait que cette "ségrégation sociale entre établissements"renforce les inégalités scolaires" et "soulève un enjeu de cohésion nationale, dans la mesure où elle rend plus difficile la rencontre de jeunes de milieux sociaux différents". Par ailleurs, les enquêtes PISA de l'OCDE montrent que la France est l'un des pays où l'origine sociale des élèves pèse le plus sur leur réussite scolaire, et ce depuis plusieurs décennies.

42% d'élèves défavorisés dans le public, contre 18% dans le privé

Le public accueille une large partie des élèves issue de milieux défavorisés quand, à l'inverse, le privé scolarise davantage d'enfants très favorisés. Dans sa note d'information de juillet dernier, le ministère relève en effet qu'à la rentrée 2021, la proportion d’élèves qui sont enfants d’ouvriers ou d’inactifs (milieu défavorisé) était de 42,6% dans le public contre 18,3% dans le privé. À l'inverse, la proportion d’enfants d’enseignants, de cadres supérieurs, de chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus ou dont le représentant exerce une profession libérale (milieu très favorisé) est plus élevée dans le privé (40,1%) que dans le public (19,5%).

Élèves favorisés : l'écart entre privé et public se creuse de 10 points en 30 ans

Ces écarts de composition sociale entre le privé et le public se sont creusés ces trente dernières années. Le ministère a étudié les milieux sociaux des élèves entrant en sixième, pour lesquels des données sur une longue période étaient disponibles. En 1989, la proportion d’élèves de milieu social très favorisé était supérieure de 11 points dans les collèges privés par rapport aux collèges publics. "Cet écart est resté assez stable au cours des années 1990, puis a augmenté fortement à partir du début des années 2000, pour atteindre 20 points en 2021", note le ministère. "L’écart selon la proportion d’élèves d’origine sociale défavorisée s’est également creusé : il était de 16 points sur les entrants en sixième en 2003, puis est passé à 23 points en 2021."

Sur les dix premiers collèges en termes de position sociale, neuf sont privés

Parmi les dix collèges aux indices de position sociale (IPS) les plus élevés, neuf sont privés, un seul est donc public. C'est ce qui ressort de la publication mi-octobre de cette indice, qui mesure la situation sociale des élèves, selon la profession des parents, les pratiques culturelles, etc. Plus l'indice est élevé, plus l'élève évolue dans un contexte favorable aux apprentissages.

Selon ces données pour l'année scolaire 2020/21, sur les 100 premiers collèges en termes d'IPS, 81 sont privés sous contrat. À l'inverse, sur les 100 établissements avec les IPS les plus faibles, il n'y a qu'un seul collège privé.

Environ 10% d'élèves boursiers dans le privé

Le ministre de l'Éducation nationale souhaite aller "au-delà des 10%" d'élèves boursiers dans le privé, a-t-il réaffirmé sur France Inter le 21 avril. Si l'on se réfère aux derniers chiffres disponibles, ceux de la rentrée 2021, il y avait plus précisément 11,8% d'élèves boursiers dans le privé, contre 29,1% dans le public. Au total, près de 1,4 million de jeunes (métropole et DROM) bénéficiaient d’une bourse nationale. Un nombre qui stagne ces dernières années.

17% d'élèves dans le privé

À la rentrée 2021, environ 17 % des élèves étaient scolarisés dans l’enseignement privé sous contrat, soit un peu plus de 2,1 millions d’élèves. Dans le détail, dans le premier degré, les écoles du public et du privé sous contrat ont accueilli 6,4 millions d'enfants. Parmi eux, 5,6 millions étaient dans le public et 867.700 dans le privé, soit 13,4%, un pourcentage stable ces dix dernières années.

Dans le second degré, parmi les 5,6 millions de collégiens et de lycéens, 4,4 millions étaient dans le public et 1,1 million dans le privé, soit 21%. Ce pourcentage a augmenté au début des années 2000 (il était de 20% en 1995) et stagne depuis 2010.

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Mixité scolaire - Najat Vallaud Belkacem : « J’avais affronté et géré les résistances, il suffisait de poursuivre sur la lancée »

12 Mai 2023 , Rédigé par Le Café Pédagogique Publié dans #Education, #Mixité

Mixité scolaire - Najat Vallaud Belkacem : « J’avais affronté et géré les résistances,  il suffisait de poursuivre sur la lancée »

EXTRAITS

Les enjeux de la mixité sociale à l’école, Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Éducation nationale sous Hollande, connait bien. Les résistances que rencontrent toutes prises d’initiative politique en la matière aussi. Pourtant, contrairement à Pap Ndiaye, elle a résisté et a su porter une politique éducative de mixité ambitieuse. Que le Ministre actuel ait finalement décidé de lâcher le dossier ne l’étonne pas. Lâché par l’Élysée, il n’a pas su dépasser les calculs politiques pour mener à bien le seul combat ambitieux pour l’École qu’il avait promis de mener.

Que pensez-vous de la timidité des annonces du ministre ? 

Je ne suis pas très surprise. Je suis bien placée pour savoir que c’est un sujet difficile. Qui nécessite un véritable engagement du ministre mais aussi de ses autorités de tutelle, ou à tout le moins que lui soit laissée la marge de manœuvre nécessaire. Il ne me semble pas que ce soit le cas. Je suppose que la crainte de «crisper » y est pour beaucoup. Ce qui me parait surprenant c’est que sur d’autres sujets – la retraite par exemple – l’appétence à aller au combat semble bien plus forte. Mais bien sur ce ne sont pas les mêmes publics que l’on brusque.

(...)

Vous avez été ministre et avez œuvré pour plus de mixité. Votre action a-t-elle été limitée ?

Ce qui limite l’action en matière de mixité c’est d’abord une série de mythes collectivement intériorisés : que le mélange nuirait à la réussite individuelle parce qu’il retarderait les « meilleurs ». Que les actions en faveur de la mixité priveraient de leurs chances de parcours d’excellence ceux qui sont aujourd’hui les mieux servis du système scolaire. Que derrière la mixité sociale c’est la mixité ethnique – dont certains ne veulent tout simplement pas – qui pointerait le bout de son nez.

Certains de ces mythes sont assumés et reviennent régulièrement dans le débat public, d’autres moins et doivent néanmoins se lire en filigrane.

Pour chacun d’entre eux les réponses sont connues, documentées : les « meilleurs » ne voient pas leurs résultats baisser au contact de la mixité. Ce n’est pas parce qu’on permet à des gens d’origine plus modeste d’accéder à des filières d’excellence que soudain les plus aisés sont privés de la possibilité d’y parvenir. Charge peut-être à chacun d’y aller, cette fois, pour de vrai au « mérite » . Quant à la mixité ethnique, eh bien oui, notre pays est divers, ses enfants sont divers, au nom de quoi un séparatisme de fait nous aiderait-il à mieux vivre cette diversité ? N’est-ce pas au contraire lui la plus grande des menaces pour notre cohésion ?

Le problème de ces mythes c’est qu’ils sont autoréalisateurs. Oui, à force de laisser ce séparatisme de fait s’installer dans les collèges, on a vu apparaitre des établissements marqués au fer rouge de la réputation de n’héberger que des « élèves à difficultés » qui font fuir les autres, alimentant ensuite la crainte qu’une opération « mixité sociale » vienne importer leurs difficultés dans un cadre qui en était préservé.

(...)

Quel bilan tirez-vous de votre action en faveur de la mixité ? 

Les résultats sont aujourd’hui connus, ils ont été étudiés par les chercheurs qui accompagnaient la démarche et notamment Julien Grenet et Elise Huillery. En vrac, je pense à plusieurs choses. Une composition sociale des établissements concernés désormais plus mixte, sans qu’ait été constatée de fuite vers le privé – cette fuite s’opère en réalité quand la part d’élèves défavorisés dans un collège dépasse les 40-50%, le faisant apparaitre comme un collège ghetto, pas quand on les mélange justement de façon proportionnée aux autres. Des performances scolaires qui n’ont pas eu à en souffrir contrairement au mythe tenace. Et en revanche, une claire amélioration du bien-être personnel des élèves, du climat scolaire et de ce qu’on appelle les attitudes sociales. Une perception de soi qui s’améliore avec davantage d’optimisme sur le rendement de l’effort et une plus grande capacité à se projeter dans la société. Des élèves « défavorisés » plus enclins à coopérer et des élèves « favorisés » qui adhèrent davantage aux valeurs de solidarité…bref, évidemment c’est un bilan très positif.

Mon regret à nouveau, c’est vraiment la façon dont l’impulsion a disparu après mon départ de Grenelle. C’est un énorme temps perdu évidemment ,mais c’est surtout un gâchis d’opportunité. Une fois que j’avais lancé la dynamique, et affronté et géré les résistances qu’il y avait à gérer,  il suffisait de poursuivre sur la lancée pour que la démarche s’étende à tout le pays. Car l’expérimentation n’avait pas vocation à être une fin en soi, elle était conçue comme une phase de l’élaboration des politiques éducatives. Elle avait pour objectif d’imaginer des solutions concrètes destinées à être ensuite déployées à l’échelle nationale. Cette étape n’est malheureusement jamais venue. Au lieu de quoi des années se sont écoulées dans un silence absolu sur cet enjeu. Résultat : aujourd’hui lorsqu’il en est enfin à nouveau question, on se retrouve à devoir reprendre tout à zéro, y compris les questions lunaires à la Gerard Larcher sur le mode « mais au fait, est-ce bien le rôle de l’école que de se préoccuper de mixité ? » … (Soupir).

(...)

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda

Entretien complet à lire en cliquant ci-dessous

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Mixité scolaire : Pap Ndiaye perd la bataille

12 Mai 2023 , Rédigé par Libération Publié dans #Education, #Mixité

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Alors que le ministre de l’Education comptait faire de ce sujet un marqueur de sa politique, il n’a communiqué ce jeudi 11 mai que sur deux éléments, en catimini, bien loin du plan espéré. La question du privé, cruciale, n’a pas été abordée.

Ce devait être son grand jour. Celui des annonces sur son plan mixité sociale à l’école, enjeu crucial en France, comme l’ont clairement mis en lumière les indices de position sociale des établissements scolaires. Publiées à l’automne par le ministère de l’Education nationale, ces données montrent des disparités sociales flagrantes entre établissements scolaires du public, mais aussi entre ceux du public et ceux du privé, qui concentrent les élèves les plus favorisés.

Pap Ndiaye voulait en faire un marqueur de sa politique. «Une école plus efficace et plus juste pour les enfants de milieux défavorisés : c’est l’héritage que je veux laisser», avait déclaré le ministre de l’Education nationale devant la presse en novembre. Il pensait alors même faire des annonces quelques semaines plus tard sur le sujet. Mais elles n’ont cessé d’être repoussées, en raison du mouvement social autour de la réforme des retraites, justifiait son ministère. Six mois plus tard, enfin, la rue de Grenelle promettait encore des déclarations après les vacances de printemps. Ce devait donc être ce jeudi 11 mai. Devant la presse ? Non, ce sera finalement devant les recteurs et les directions académiques. En catimini, pas d’annonces en grande pompe, donc. Vous aurez dans la foulée un communiqué et un dossier de presse, assurait encore la veille son cabinet. Cette discrétion autour des annonces après des mois de teasing n’augurait déjà rien de révolutionnaire. Encore moins en apprenant que le ministre n’allait finalement même pas aborder la question du privé, qui aspire pourtant une large partie d’élèves de milieux favorisés, au détriment du public, alors qu’il est financé aux trois quarts par l’Etat et les collectivités, sans droit de regard sur son recrutement. Le protocole d’accord avec l’enseignement catholique, poids lourd du secteur, ne sera signé que dans quelques jours, a priori.

«Il ne s’agit que de mesures homéopathiques»

Pap Ndiaye a bien parlé aux recteurs ce jeudi matin pour introduire davantage de mixité sociale dans les établissements publics qui scolarisent 80% des élèves. Dans les starting-blocks, les journalistes spécialistes de l’éducation attendaient donc avec impatience les éléments du dossier de presse, qui n’arrivera jamais. A coup de relance, le cabinet finira par envoyer un simple texto : «Le ministre reviendra sur tout cela dans les prochains jours lors de la signature du protocole avec le privé.» Lunaire. Et de communiquer seulement sur deux éléments très parlants. D’abord, le ministre a fixé comme objectifs «d’accroître la mixité sociale dans les établissements publics en réduisant les différences de recrutement social entre établissements de 20% d’ici à 2027». Abscons. Sans compter que Pap Ndiaye avait au départ annoncé vouloir leur fixer des objectifs applicables dès la rentrée 2023.

Les discussions, qui ont pourtant duré déjà longtemps, vont même reprendre, au niveau local cette fois. Nouvelle sectorisation, fermetures d’établissements trop ségrégués, secteurs multicollèges (consistant à mélanger les compositions sociales opposées de deux établissements voisins), ouvertures de filières d’excellence… Pap Ndiaye a rappelé les différents leviers à leur disposition pour plus de mixité et leur a demandé de créer «une instance académique de dialogue, de concertation et de pilotage de la mixité sociale et scolaire» en réunissant tous les acteurs indispensables pour que la mayonnaise prenne : les collectivités territoriales, les représentants des établissements et des parents d’élèves. Ils devront ainsi «partager les constats et préparer les actions adaptées à chaque territoire».

Interrogés par Libération, de nombreux connaisseurs du dossier restent sans voix en apprenant la nouvelle avant de juger «sidérant», «effarant» ou même «triste» la conclusion de ce plan en faveur de la mixité sociale, qui n’en est pas un. Car tous le reconnaissent, Pap Ndiaye ne manquait pourtant pas de volonté sur ce dossier. «Ses recherches sur la question noire l’ont amené à être sensibilisé sur la question de la ségrégation sociale et ethnique, remarque Pierre Merle, sociologue spécialiste des questions des politiques éducatives. Le ministre a cette préoccupation sociale dans un gouvernement qui ne l’a pas. Son plan a donc peu de chance d’aboutir et il ne s’agit que de mesures homéopathiques.»

«Guerre sociale menée contre les milieux défavorisés»

Emmanuel Macron, pourtant toujours prompt à parler d’éducation, qu’il érige comme l’une des priorités de son quinquennat, n’a effectivement jamais dit le moindre mot sur la mixité sociale. La Première ministre, Elisabeth Borne, non plus. «Pap Ndiaye a été stoppé en plein vol, résume un fin connaisseur du système. Il fait ce qu’il peut sur un sujet qu’il porte tout seul et il ne peut donc pas beaucoup parce qu’il y a visiblement des freins puissants à une politique volontariste de mixité sociale et scolaire, avec des gens qui se soucient peu de l’hétérogénéité des classes.» Pour Pierre Merle, ces annonces montrent toute «l’impuissance du ministre vis-à-vis d’une question taboue pour la droite, avec un gouvernement pour qui la question de la mixité ne fait pas partie de son système de pensée fondé sur la seule idée du mérite individuel des élèves, comme si notre système était juste et qu’il n’y avait nullement besoin de le réformer».

La question du privé, mise en avant de façon courageuse par le ministre, n’a pas arrangé les choses. Les Républicains se sont rapidement emparés de ce sujet hautement inflammable, jugeant qu’il s’agissait là d’une «nouvelle guerre scolaire». Pap Ndiaye n’imposera pourtant finalement rien à l’enseignement catholique, si ce n’est des objectifs chiffrés pour accueillir davantage d’élèves boursiers, sans quotas. «Le sommet de l’Etat semble vouloir trouver une suite à un quinquennat mal engagé en gardant la possibilité de rallier les voix des Républicains, estime Rémy-Charles Sirvent, secrétaire national du SE-Unsa et secrétaire général du Comité national d’action laïque. Or, ce qu’ils appellent une guerre scolaire est pour nous une guerre sociale menée contre les enfants et les familles de milieux défavorisés.» Et Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l’enseignement scolaire, de s’interroger sur la possibilité de voir un jour naître une véritable politique publique de mixité sociale : «Combien de temps va-t-on continuer à avoir des élites de droite et de gauche n’ayant jamais fréquenté d’enfants du peuple durant leur scolarité, et qui prétendent ensuite gouverner ce même peuple ?»

Cécile Bourgneuf

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« Peut-on préparer au vivre ensemble si l’on ne scolarise pas ensemble ? »

12 Mai 2023 , Rédigé par Le Café Pédagogique Publié dans #Education

« Peut-on préparer au vivre ensemble si l’on ne scolarise pas ensemble ? »

EXTRAIT

Annoncé à grands bruits depuis des mois par le ministre de l’Éducation nationale lui-même, le Plan mixité tarde à être dévoilé. Les annonces prévues initialement en mars, ont été reportées à aujourd’hui. Pour autant au sein du cabinet ministériel, on indique que les annonces du jour n’évoqueront pas le protocole que l’Education Nationale devrait signer avec l’enseignement privé sous contrat pour plus de mixité dans leurs établissements. Un protocole très attendu qui finalement ne devrait pas être à la hauteur des enjeux. Pap Ndiaye, qui réunit ce matin les recteurs et Dasen, devrait brosser les grandes lignes de ce qu’il reste de son plan mixité dans la journée. En attendant ces annonces, le Café pédagogique interroge Jean-Paul Delahaye, inspecteur général et ancien DGESCO qui avait, en 2013, participé à l’inscription de la mixité sociale au sein de l’École comme impératif national dans la loi de Refondation.

Quels enjeux de la mixité sociale à l’Ecole ?

La mixité sociale à l’École est un enjeu d’intérêt général. Les enfants de milieux populaires sont plus sensibles à leur environnement social que les élèves de milieux favorisés, qui de toutes façons vont réussir où qu’ils soient scolarisés. Il s’agit donc d’un enjeu essentiel pour la réussite de tous les élèves. C’est la raison pour laquelle, nous avions inscrit la mixité sociale et scolaire comme impératif national dans la loi de Refondation de 2013. Cet objectif politique a été initié par Vincent Peillon, et déployé avec beaucoup de courage et de volontarisme par Najat Vallaud Belkacem de 2015 à 2017. Il est assez désolant de constater que de depuis 2017, il ne s’est pratiquement rien passé au niveau national. Heureusement que, localement, les équipes engagées dans des expérimentations ont continué le travail, pris des initiatives, comme à Toulouse ou à Paris.

La reprise en main, au niveau national, par le ministre de l’Éducation Nationale actuel, est un signal positif, une bonne nouvelle. Enfin, on reprend une politique qui n’aurait jamais dû être abandonnée.

Mais le ministre, dont il faut saluer le courage car le sujet est épineux, semble bien seul sur ce sujet majeur. Pour l’instant, on ne voit pas de relai sur un sujet aussi important alors que le Président ne se prive pas de porter une parole nationale sur la question éducative. Sur la mixité scolaire, ce silence est-il lié au fait que la mixité scolaire pourrait aller à l’encontre de certains intérêts particuliers ? L’absence de mixité sociale et scolaire ne nuit pas à tout le monde dans notre pays.

(...)

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda

Suite et fin à lire en cliquant ci-dessous

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A lire ou relire dans le café pédagogique

Entretien avec le présidente de l’enseignement catholique sous contrat

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Le 13 mars

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Pourquoi dessiner fait-il du bien aux enfants ?

11 Mai 2023 , Rédigé par The Conversation Publié dans #Education

Apprenez à décrypter les dessins de vos enfants

Pourquoi dessiner fait-il du bien aux enfants ?
Richard Jolley, Staffordshire University et Sarah Rose, Staffordshire University

Lorsque la météo ne se prête pas à une promenade au parc, nous avons tendance à nous en remettre aux crayons de couleur et au papier pour distraire les plus jeunes. Mais le dessin est bien plus qu’une activité ludique. Il peut aussi apporter beaucoup aux enfants dans leur développement.

Recensons ici quelques-uns des bénéfices de cette activité – qu’il s’agisse de communication, de mémoire et d’apprentissage – ainsi que les manières dont les parents peuvent aider leurs enfants à développer leur créativité.

Le dessin permet aux enfants de s’inspirer de leurs expériences du monde et, grâce à leur esprit inventif, de les transformer en créant de nouveaux liens et de nouvelles connexions. Leur imagination se nourrit de leurs connaissances, de leurs souvenirs et de leurs fantasmes et le dessin permet aux enfants d’exprimer leurs idées et d’en garder trace.

L’une de nos recherches s’est penchée sur la place du dessin dans les écoles maternelles chinoises. S’appuyant sur une longue tradition d’enseignement des techniques de dessin figuratif aux jeunes enfants, le programme de ces écoles permet aux enfants de prendre plaisir à réaliser des images originales.

Lorsqu’on a demandé aux enfants de dessiner d’où ils venaient, un jeune garçon a ainsi dessiné une rose, symbole de Kunming, sa ville d’origine, et a représenté ses cheveux couverts de pollen rouge.

Apprendre en dessinant

Le dessin est aussi un moyen de communiquer avec les autres. Un enfant peut revivre sur le papier un événement heureux comme un anniversaire ou dire sa tristesse face à un deuil par exemple.

Ainsi, ce mode d’expression tient une place clé dans l’art-thérapie avec les enfants pour traduire les difficultés émotionnelles et comportementales auxquelles ils peuvent être confrontés, et donc les aider à les surmonter et à aller de l’avant.

Le dessin peut aussi les aider à apprendre. La recherche montre que le recours au dessin peut faciliter la compréhension des enfants d’autres disciplines comme les sciences. On a ainsi indiqué à un groupe d’enfants deux stratégies pour intégrer un concept scientifique. L’une consistait à dessiner des idées, l’autre non. Parmi les élèves qui ont bien réalisé chacune des stratégies, ceux qui ont utilisé le dessin sont parvenus à une meilleure compréhension du sujet.

Dessiner serait aussi un appui pour le travail de la mémoire. Des recherches ont montré que les enfants donnent plus d’informations sur un événement vécu lorsqu’on leur demande de le dessiner tout en le racontant. Ainsi, le dessin permettait aux enfants de mieux se souvenir d’événements survenus un an plus tôt.

C’est en forgeant qu’on devient forgeron, et c’est bien sûr vrai pour le dessin. Il s’agit d’un exercice de résolution de problèmes, les enfants essayant de produire une image bidimensionnelle pour représenter un objet ou une scène d’un monde tridimensionnel. Avec l’âge, la pratique et l’enseignement, leurs représentations deviennent en général de plus en plus réalistes. Au cours de cette progression, les enfants testent différentes lignes et formes, différents alignements et proportions.

Comment inciter un enfant à dessiner

Pour permettre à nos enfants d’apprendre par le dessin, nous pouvons tout d’abord leur donner simplement le matériel et le temps de l’utiliser.

Il est également important d’encourager les enfants à dessiner. Un rapport du Conseil des arts d’Angleterre a révélé que de nombreux enfants ne sont pas encouragés à participer à des activités artistiques, mais que ceux qui le sont ont plus de chances de s’intéresser aux arts à l’âge adulte. Cela suggère que ce soutien peut être important, non seulement dans l’immédiat, mais aussi pour l’évolution future de chacun.

Vous pouvez aussi vous asseoir à côté de votre enfant pendant qu’il dessine. Nous avons constaté que les enfants dont les parents passaient plus de temps avec eux pendant qu’ils dessinaient prenaient plus de plaisir à dessiner.

Les psychologues qui travaillent avec de jeunes patients leur demandent souvent de dessiner et le dessin peut aussi être utile aux parents pour mieux comprendre ce que vivent et pensent leurs enfants.

Par ailleurs, les recherches ont montré que les enfants s’inspirent souvent des dessins faits par d’autres, comme les dessins animés ou les dessins de leurs parents ou de leurs frères et sœurs et apprécient qu’on leur fasse une démonstration pour les aider à réaliser leurs propres dessins. Dessiner avec votre enfant ou collaborer à un dessin commun peut lui apporter de nouvelles pistes.

La réalisation de dessins et de motifs géométriques est souvent présentée comme un moyen efficace d’exercer la motricité fine et la coordination œil-main des enfants. Le gribouillage peut également être très amusant et a été associé à une augmentation de la créativité et de l’imagination et de l’acquisition de compétences. La recherche a aussi montré que le gribouillage améliorait la mémorisation chez les adultes qui écoutaient un message téléphonique monotone. Vous pouvez donc montrer l’exemple à votre enfant et gribouiller avec lui.

Vous pouvez également initier votre enfant à différents styles, par exemple le manga, ce qui peut les aider à donner un sens au monde qui les entoure. Vous pouvez aussi emprunter des bandes dessinées à la bibliothèque pour diversifier vos modèles.The Conversation

Richard Jolley, Associate Professor of Developmental Psychology, Staffordshire University et Sarah Rose, Senior Lecturer in Psychology and Child Development, Staffordshire University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Devoir de réserve des enseignants : quelles limites à leur liberté d’expression ?

11 Mai 2023 , Rédigé par France Culture Publié dans #Education

https://api.francelive.fr/resources/yWBNNV6nyRymlVH-5g7nAc-GiH-4HR-MXrd1yEewNK0Xnsji8gpF6_4hc11ZnVZ-e7uKVptlJ9cLjT1cogrEaIwE9QUsLtczT1N3oJs6nh-W2YOSIJfPgoe1rWKMFN_S-KW0ZQSKejnplapP-DVx-CNWcBqOJyxlg6s8U-5bG96332b78Qmoi53EzzzD6IbIM8K5KzSC3gC80Feq6wEfKw
Deux enseignants de philosophie ont été suspendus par l’éducation nationale pour une durée de trois mois, suite à des propos qu’ils auraient tenus à répétition sur les réseaux sociaux, et donc, manquement à leur devoir de réserve. Que dit donc le devoir de réserve pour les enseignants ?
Avec Valérie Piau avocate​​​​​​​
A écouter en cliquant ci-dessous
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Plan pour la mixité sociale à l’école : le privé grondé mais pas puni

11 Mai 2023 , Rédigé par Libération Publié dans #Education

Enseignement privé

Le ministre de l’Education nationale entend faire participer l’enseignement sous contrat à l’effort de mixité sociale à l’école, dont le plan est dévoilé ce jeudi. Mais Pap Ndiaye n’imposera rien à ces établissements pourtant abondés par l’Etat.

A la question : «Les familles qui choisissent le privé souhaitent-elles la mixité sociale ?» Jean-François Canteneur, directeur diocésain de l’enseignement catholique de Paris – l’équivalent d’un recteur côté public – rétorque sans ambages : «Clairement non. Elles ne sont pas à la recherche de gens différents d’elles.» La réponse a le mérite d’être honnête. Mais elle dédouane la responsabilité même de l’enseignement privé sous contrat (qui scolarise 2 millions de jeunes, soit 17 % des élèves français), de plus en plus pointé pour le manque flagrant de mixité sociale dans ses établissements. A tel point que le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, promet depuis des mois d’inclure le privé dans son plan mixité sociale à l’école, enfin présenté ce jeudi aux recteurs et directions académiques des services de l’éducation nationale (Dasen) après avoir été sans cesse repoussé depuis novembre.

S’il était déjà connu, le fossé social entre le privé et le public saute désormais aux yeux depuis la publication, cet automne, des indices de position sociale (IPS) de l’éducation nationale qui permettent de savoir si les élèves sont en moyenne issus d’un milieu social favorisé. Ainsi, parmi les 10 % des collèges les plus favorisés de France, plus de 60 % sont privés. A la rentrée 2021, le privé sous contrat accueillait deux fois plus d’élèves socialement très favorisés que le secteur public. Inversement, 18,3 % des élèves du privé sous contrat sont de milieu défavorisé contre 42,6 % des élèves du public. Un écart qui ne cesse de se creuser, selon les services statistiques de l’éducation nationale.

Comment l’expliquer ? La loi reconnaît à ces établissements un «caractère propre», ce qui leur permet de recruter les élèves comme bon leur semble, de façon très opaque. Ils ne sont donc pas soumis comme le public à la carte scolaire. Pourtant, la France subventionne massivement la concurrence privée de son école publique. Depuis la loi Debré de 1959, les établissements privés sous contrat sont en effet financés à 73 % par les fonds publics. «Cette loi est clairement favorable aux écoles confessionnelles, rendues beaucoup plus accessibles à la population qui va utiliser le privé comme un recours face à une décision d’orientation défavorable ou pour contourner la carte scolaire», décrypte Jérôme Krop, historien de l’éducation.

«La part de l’éducation religieuse n’est plus déterminante»

L’Etat rémunère les enseignants, qui passent les mêmes concours que ceux du public, tandis que les collectivités locales (mairie pour les écoles, départements pour les collèges et régions pour les lycées) prennent en charge les dépenses de fonctionnement comme l’entretien des salles, le chauffage ou l’électricité. Charge aux établissements privés de financer, grâce aux contributions des familles et aux dons défiscalisés émanant de fondations, les dépenses d’investissement et celles liées à leur «caractère propre», comme le catéchèse. Seule contrepartie : le privé sous contrat doit respecter les programmes scolaires et ne pas imposer d’enseignement religieux.

«En France, on a un enseignement privé qui, dans les textes, remplit une mission de service public pour le compte de l’Etat. Or, le privé sélectionne les élèves à l’entrée et en cours de scolarité, ce qui rejoint la logique de marché qui n’existe pas dans le public», souligne Choukri Ben Ayed, professeur de sociologie à l’université de Limoges. «Les motivations à l’égard du privé ont changé en un demi-siècle, pointe l’ancien recteur Bernard Toulemonde, spécialiste du privé. La part de l’éducation religieuse n’est plus déterminante pour la grande majorité des parents d’élèves qui s’en fichent royalement. Ils optent pour le privé pour fuir un public jugé défaillant, parce qu’il y a moins d’enfants d’immigrés et pour un entre-soi social.»

«On ne fait pas de séparatisme. La mixité est pour nous un gros enjeu, on a envie de prendre notre part là-dedans et d’ouvrir un peu nos horizons», défend Jean-François Canteneur, rejoint en chœur par le secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme depuis la mise sous pression du ministre de l’Education nationale. «L’enseignement privé sous contrat participera à l’effort de mixité : sans cela, notre politique de mixité sera vouée à l’échec», martelait Pap Ndiaye devant le Sénat début mars. Le ministre a pourtant finalement choisi de décorréler la question du privé de ses annonces de jeudi. Le «protocole d’accord» pour introduire davantage de mixité sociale dans l’enseignement catholique, qui compte 97 % des élèves du privé sous contrat, «sera signé quelques jours plus tard, indique son cabinet à LibérationCe n’est qu’une partie d’un grand tout sur la mixité, l’essentiel des mesures portant sur le public», où sont scolarisés 80 % des élèves. Pap Ndiaye a plusieurs fois précisé qu’il n’y aurait rien d’obligatoire dans ce «partenariat» avec le privé et qu’il n’était nullement question de «rallumer la guerre scolaire», comme le dénoncent les Républicains.

«Plus facile de changer d’école que de changer l’école»

Et pour cause, «celui qui déclenche cette guerre scolaire se sait d’office perdant», résume l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. Pour preuve, les énormes manifestations de 1984 contre le projet de loi Savary qui prévoyait de rapprocher les établissements publics et privés en un «service public, unifié et laïque de l’éducation nationale». François Mitterrand avait alors abandonné en rase campagne. Dix ans plus tard, François Bayrou, alors ministre de l’Education dans le gouvernement d’Edouard Balladur, avait tenté l’inverse avec moins de contrainte et plus d’argent pour le privé, là encore sans succès. «A chaque fois, des millions de personnes ont manifesté parce que les Français sont farouchement pour qu’il y ait deux secteurs, décrypte Claude Lelièvre. La moitié des familles utilisent à un moment ou à un autre les deux secteurs pour au moins un de leurs enfants. Les parents veulent pouvoir zapper en cas de problème, car il est plus facile de changer d’école que de changer l’école. Ça ne veut pas dire qu’aucun infléchissement n’est possible, mais il faut le faire avec doigté.»

Prudent, Pap Ndiaye ne touchera donc pas au libre choix des familles et à la sacro-sainte liberté de recrutement du privé qui a d’office fixé ses limites : «Nous n’accepterons ni quotas, ni rattachement à la carte scolaire, ni affectation obligatoire des élèves», tranche Philippe Delorme. La marge de manœuvre est étroite. Pap Ndiaye cherche donc à ce que l’enseignement catholique s’engage sur des objectifs chiffrés non contraignants et fixés sur le long terme. Avec plus d’établissements modulant leurs frais de scolarité selon les revenus des familles (860 euros par an en moyenne pour un collégien du privé) et surtout en augmentant le nombre de boursiers, qui représentent aujourd’hui moins de 10 % des effectifs du privé, trois fois moins que dans le public. Aucun quota ne sera imposé, «il s’agit de progresser de manière raisonnable», a complété le ministre le 7 mai sur France 3. Et cela en veillant à ce que la mixité scolaire soit aussi respectée pour éviter que le privé n’accueille que les meilleurs élèves boursiers, au détriment du public. La tâche s’annonce d’autant plus complexe que l’enseignement catholique n’a en réalité aucun pouvoir, si ce n’est de persuasion, sur ses établissements qui restent largement autonomes.

Pap Ndiaye assure avoir un moyen de pression en modulant les contributions versées par les collectivités locales au privé sous la forme de bonus-malus. Plus un établissement accueillera d’élèves défavorisés, plus il recevra de moyens, et inversement. C’est déjà ce qui se fait à Paris et en Haute-Garonne. «Ces contributions représentent environ 5 % du budget d’un établissement, donc ce ne sont pas des sommes décisives», nuance Rémy-Charles Sirvent, secrétaire national du SE-Unsa et secrétaire général du Comité national d’action laïque (Cnal). C’est ce que constate le Conseil départemental de Haute-Garonne, qui verse 54 euros en moyenne à chaque collégien et module cette aide en fonction de la mixité sociale des établissements. Résultat, sur 21 collèges privés, aucun ne bénéficie de bonus et 13 préfèrent payer un malus, plutôt que de diversifier leur recrutement. Voilà pourquoi le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias entend aller plus loin avec sa proposition de loi déposée le 11 avril au Sénat pour moduler les dotations des collectivités mais aussi celles de l’Etat aux établissements privés sous contrat en fonction de leur mixité sociale.

«L’argent tout de suite, les objectifs lointains, la contrainte jamais»

De son côté, l’enseignement catholique se dit prêt à faire des efforts à condition que les collectivités prennent en charge le coût de la cantine et du transport scolaire, comme elles le font pour les élèves du public. Pap Ndiaye ne ferme pas la porte à cette idée, ce qui modifierait la répartition tacite des moyens évaluée à 80 % dans le public contre 20 % dans le privé. De quoi faire enrager Rémy-Charles Sirvent, qui résume le deal en une phrase : «L’argent tout de suite, les objectifs lointains, la contrainte jamais.» Le Cnal demande depuis des années à la Cour des comptes d’examiner le montant global du financement public vers l’enseignement privé : «On ne peut pas encore injecter de l’argent public sans avoir cette information.» «Ce n’est pas à la puissance publique de financer un système éducatif parallèle», appuie Jean-Paul Delahaye.

Et l’ancien directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Education nationale de pointer le dernier cadeau très coûteux du gouvernement au privé : en 2019, la scolarisation obligatoire à 3 ans instaurée dans le public et dans le privé par l’ex-ministre Jean-Michel Blanquer, «n’a pas eu d’autres effets que de financer les écoles maternelles privées qui ne l’étaient pas jusqu’alors». Dans le public, la très grande majorité des enfants de 3 ans étaient en réalité déjà scolarisés. «Cette ségrégation sociale pèse sur notre avenir démocratique, s’inquiète Rémy-Charles Sirvent. Est-ce qu’il sera un jour possible en France de réunir des enfants séparés par le rang social de leurs parents sur les bancs d’une même école ?»

Cécile Bourgneuf

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