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Vivement l'Ecole!

economie

Apprendre à faire des choix dans un monde incertain...

27 Mars 2023 , Rédigé par The Conversation Publié dans #Education, #Economie

Apprendre à faire des choix dans un monde incertain...
Apprendre à faire des choix dans un monde incertain
Isabelle Patroix, Grenoble École de Management (GEM)

Depuis 2020, le monde a changé et d’aucuns disent qu’il est devenu incertain. Les règles du jeu ont en tout cas changé, et celles-ci ne sont plus claires. Comment l’être humain et la société peuvent-ils jouer avec ces nouvelles règles – ou cette absence de règles ? Et comment le fonctionnement propre aux jeux peut-il nous éclairer sur cette nouvelle situation ?

Rappelons d’abord que les règles sont une caractéristique fondamentale du jeu et que ce sont elles qui permettent au joueur d’être inventif. Roger Caillois l’écrit dès 1958 : « Le terme de jeu combine alors les idées de limites, de liberté et d’invention. ». Qu’il ait à deviner des mots sans en prononcer d’autres (dans le cas de Taboo) ou qu’il doive dessiner un concept dans un temps donné (dans le cas de Pictionary), c’est parce qu’il est contraint que le joueur devient créatif. C’est parce qu’il y a des règles qu’il doit se dépasser pour réussir à l’emporter.

Outre son usage dans les séances de brainstorming, de créativité, dans les services innovation des entreprises, cette caractéristique du jeu se retrouve dans de nombreux domaines. En littérature, l’OuLiPo en a fait sa ligne de conduite : poser des règles pour solliciter la créativité. L’exemple le plus connu est celui de Georges Perec qui écrit un roman entier sans la lettre « e ». Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields, le « Nobel » des mathématiques, évoque, lui aussi, cet équilibre entre règles et liberté dans son TedX sur la naissance des idées.

Pendant les périodes de confinement, nous avons d’ailleurs pu constater au quotidien combien la créativité humaine était exacerbée par les contraintes. Denis Cristol en a d’ailleurs recensé quelques exemples, qu’ils soient inventifs, drôles, solidaires, musicaux, voire médicaux ou issus de la EdTech.

Les règles et la liberté de choisir

Au-delà de la créativité, la contrainte liée aux règles confronte le joueur à la prise de décision. A chaque tour, en effet, il est sommé de faire des choix. Au Monopoly, il devra décider s’il achète ou non telle rue ou telle avenue par exemple. Dans des jeux plus vastes comme Catan, Carcassonne, Seven Wonders, Risk, les règles sont plus nombreuses et les joueurs sont donc encore plus libres car ils peuvent élaborer des stratégies très différentes. Chaque partie sera l’occasion de tester une autre manière de jouer.

Le jeu permet alors de voir – action après action – les conséquences des choix des participants. Ces feedbacks immédiats permettent de visualiser les stratégies mises en place. Ils accroissent la motivation du joueur et sa capacité à progresser.

Cette caractéristique intrinsèque du jeu qui permet à la fois de choisir et de visualiser les conséquences de ses choix a donc une influence sur le déroulement du jeu. Par extension, si le jeu inclut un scénario avec des personnages, il sera possible d’influencer le déroulement du scénario. L’univers du jeu vidéo s’en est d’ores et déjà saisi. C’est le cas du studio Quantic Dream qui propose à ses joueurs des choix qui influencent le cours de l’histoire.

Dans Detroit : Become Human l’auteur et directeur du studio, David Cage, a réalisé un scénario de plus 5000 pages afin d’obtenir un récit complexe avec plus de 65 000 possibilités. Le scénario change en fonction des décisions, des dialogues et des choix moraux du joueur. Au-delà de l’expérience du joueur, ce jeu vidéo pose des questions sur les relations, humain/robot.

De la nécessité de retrouver des règles (du jeu)

Appliqué à des sujets cruciaux, le jeu permet donc aux participants d’en découvrir les conséquences. Cette caractéristique explique notamment l’usage exponentiel du « serious game » dans les domaines de la pédagogie, de la formation, de la sensibilisation aux sujets complexes actuels.

Les joueurs peuvent ainsi visualiser les conséquences de leur agissement sur la planète par exemple comme dans Change Game réalisé par la fondation Euro-Mediterranean Center on Climate Change (CMCC). Ils peuvent aussi réfléchir à leur choix et à leur éthique au travers de jeux tels que Are You Sure ou Finethics.

Vous l’aurez compris, dans un jeu, c’est en fait la règle qui rend l’être humain créatif et c’est la multiplicité des règles qui lui donne la liberté de faire des choix et d’établir une stratégie.

Ce qui explique, par exemple, que le Morpion soit un jeu qui lasse vite et dont on se détourne par ennui. Ce jeu qui n’est composé que d’une seule règle (aligner trois signes identiques en ligne sur la grille) n’est pas assez contraignant pour inciter le cerveau à se dépasser et ne sollicite donc pas sa créativité. Il ne comprend pas non plus assez de règles pour permettre d’effectuer d’établir une stratégie.

Dans un monde devenu incertain, les règles floues, inattendues, en apparence inexistantes, sont donc forcément déstabilisantes pour l’être humain. Peut-être qu’il nous faudra projeter de nouvelles règles à l’image de Red Team, apprendre à lire entre les lignes, à repérer les signaux faibles ; user peut-être de la prospective pour détecter les nouvelles règles et apprendre à jouer avec.The Conversation

Isabelle Patroix, Docteur en littérature, Playground Manager, Grenoble École de Management (GEM)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Des lycées autour de Toulouse pris à la gorge par les factures d'électricité multipliées par quatre ou cinq

12 Octobre 2022 , Rédigé par France Bleu Occitanie Publié dans #Education, #Economie

Hausse de la facture d'électricité de 1,55% en août

INFO FRANCE BLEU - Des lycées de la région toulousaine se retrouvent dans l'impossibilité de payer leurs factures d'électricité. Dalkia, l'opérateur qui a conclu le marché avec la Région pour certains établissements, leur présente des factures multipliées par quatre ou cinq.

Le gestionnaire-comptable ne s'attendait pas à pareil coup de massue. Car la facture d'électricité du lycée Déodat de Séverac à Toulouse ne concerne que la lumière, l'alimentation des ordinateurs et essentiellement, la cuisine. Pas encore le chauffage, au gaz. De 16.000 euros mensuels l'année dernière, Dalkia lui demande désormais 72.000 euros par mois, un contrat à l'année pour 2022-2023 à partir de septembre. Une augmentation de 450% pour cet établissement qui compte onze bâtiments et accueille 2.000 élèves. 

Les lycées publics de l'ex-Midi-Pyrénées, en majorité liés à Dalkia, connaissent une augmentation de cet ordre de grandeur, x4 ou x5, même si la Région parle plutôt de facture doublée. "C'est un scandale. Pourquoi l'électricité augmente de la sorte ? Ils ne sont pas liés à des problèmes de production", s'emporte Éric Fouchou-Lapeyrade, gestionnaire-comptable du lycée Déodat.

 

"On a prévenu Dalkia qu'on paierait ce mois-ci, mais on ne paiera plus avant janvier." - Éric Fouchou-Lapeyrade, gestionnaire-comptable du lycée Déodat de Séverac à Toulouse

 

Concernant le chauffage au gaz, là aussi, un contrat lie la Région avec Dalkia, la filiale d'EDF, mais l'opérateur ne devrait pas l'amender avant juin 2023, les tarifs sont gelés jusque-là. Ce contrat est d'ailleurs renouvelable -ou pas- l'année prochaine.

 

Choisir entre l'entrée et le dessert à la cantine

 

La Région leur a demandé de puiser dans le fonds de roulement, en promettant d'aider les plus fragiles. "J'ai 730.000 euros de fonds de réserves, mais rien que le surplus d'électricité c'est 560.000 euros à soustraire. Je n'ai plus rien pour le pédagogique, le matériel, les sorties scolaires", détaille Éric Foucou-Lapeyrade.

Certains établissements liés à Dalkia comme le sien ont décidé d'agir sur la cantine, pour amortir ces augmentations inattendues ; non pas sur les tarifs, sur lesquels la Région a la main et ne veut pas léser les familles, mais sur les menus.

 

À Déodat bientôt, il faudra choisir entre un fromage et un fruit, comme au lycée international de Colomiers, où ils ont déjà préféré le dessert à l'entrée. Des efforts ont aussi été demandés sur le nombre de photocopies.

 

Les gestionnaires-comptables, qui gèrent aussi bien les lycées que les collèges, ont rendez-vous avec le vice-président chargé des lycées à la Région, la semaine prochaine. Il leur a justement promis qu'il ne les laisserait pas glisser vers la banqueroute, des subventions exceptionnelles vont être votées prochainement. Mais jusqu'à quand ? La Région s'occupe de 224 lycées.

 

"On va peut-être payer l'équivalent des dotations de fonctionnement des lycées (67 millions d'euros) rien qu'en coût d'énergie. On n'a pas encore passé l'hiver, comment va-t-on pouvoir payer, nous qui ne prélevons pas d'impôts ?" - Kamel Chibli, vice-président de la Région Occitanie chargé des lycées

 

La Région Occitanie prévient qu'elle ne pourra pas suivre. La présidente, Carole Delga, en a parlé à Elisabeth Borne, plusieurs ministres ont été approchés. Ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros que la Région pourrait réclamer à l'État pour compenser ces factures exponentielles.

 

Bénédicte Dupont

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Le dégel du point d’indice, ou l’art d’offrir ce qui est dû - Vidéo

7 Juin 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Education, #Economie

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Emmanuel Macron prône l'hyper-privatisation de l'enseignement supérieur

20 Janvier 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Université, #Economie

Etudiants, comment choisissez-vous votre université?

Pour le chef de l’Etat, l’université de demain doit opérer un changement systémique qui passerait par une forte augmentation des frais d’études et le développement de filières professionnalisantes privilégiant des parcours à rendement sûr et rapide.

Après s’être attaqué, entre autres, à la relation d’emploi et à la protection sociale, Emmanuel Macron a donné un aperçu de ce qu’il prévoit pour l’enseignement supérieur lors du congrès de France Université (ex-Conférence des présidents d’université). Il a plaidé pour une «transformation systémique» qui signifierait en gros la fin du service public d’enseignement supérieur.

Dans un discours mélangeant poncifs réactionnaires et clichés néolibéraux, il a repris le vieux thème de l’autonomie des universités avec lesquelles l’Etat devrait passer des contrats d’objectifs et de moyens pluriannuels. Les objectifs seraient l’employabilité des étudiants à la sortie, ce qui transformerait l’université, en principe généraliste, en simple école professionnelle spécialisée dont les formations devraient «répondre aux besoins des métiers», ce qui ne va pas être simple puisque ça change tout le temps selon Macron («nous vivons dans un monde où faire une carrière dans un même métier va devenir de plus en plus rare»).

L’enseignement supérieur qu’il souhaite aurait un segment de prestige, probablement lié d’une façon ou d’une autre aux grandes écoles, accueillant les meilleurs étudiants et accaparant l’essentiel des fonds de recherche, ainsi qu’un ensemble d’établissements beaucoup moins prestigieux accueillant le gros des lycéens et principalement destinés à offrir des formations courtes et «professionnalisantes».

L’objectif : faire baisser les dépenses publiques

Emmanuel Macron situe le principal problème de l’université dans le fait que «l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants» et qu’il y a des difficultés avec un modèle «beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde». Outre le fait que ce dernier point est faux (la proportion de financement public est plus élevée dans les pays nordiques ou même l’Allemagne), on ne voit pas bien en quoi cela constituerait un problème, sauf à avoir pour objectif de baisser les dépenses publiques. Et c’est précisément ça l’objectif.

Il y a un côté idéologique dans le discours de Macron. L’étudiant guidé par les signaux de prix néglige sa formation (d’où, selon Macron, les taux d’échec élevés en première année) car elle est quasiment gratuite. Si elle était payante (et suffisamment chère), l’étudiant ferait plus d’effort pour rentabiliser cet investissement dans son «capital humain».

Ce côté idéologique révèle la vision du monde de Macron mais c’est secondaire par rapport aux changements «systémiques» qu’impliquerait une forte augmentation du coût des études pour l’étudiant (ou sa famille). La logique est que l’augmentation des frais d’études permettrait de pallier la baisse du financement public de l’enseignement supérieur. Les dépenses privées se substitueraient aux dépenses publiques.

La première conséquence serait de faire une ségrégation entre d’une part les étudiants issus de familles aisées qui pourront financer les études de leurs enfants, lesquels seront donc relativement libres de leur choix d’orientation, et d’autre part ceux qui n’iront pas à l’université ou s’endetteront pour suivre de préférence des parcours à rendement sûr et rapide comme les fameuses filières professionnalisantes dont Macron réclame le développement.

Ensuite, les familles aisées finançant les études de leurs enfants vont faire face à une charge supplémentaire ; elles seront alors d’autant plus réticentes à payer des impôts finançant une dépense publique dont elles ne bénéficieront que peu, ce qui alimentera des attentes parfaitement compatibles avec la mise en œuvre du projet néolibéral de transformation sociale dont Macron est porteur. Enfin, le développement des prêts étudiants favorisera l’activité des établissements financiers, un secteur que le pouvoir affectionne tout particulièrement. Cela conduira à terme à une dette étudiante comme il en existe dans certains pays (pour comparaison : le gouvernement britannique prévoit un encours de 560 milliards de livres sterling en 2050) et, bien sûr, une partie de ces prêts ne pourra pas être remboursée, le coût devant être au moins en partie pris en charge par l’Etat.

En 1986, un important mouvement de contestation s’opposait avec succès à un projet de réforme de l’enseignement supérieur prévoyant la sélection et l’augmentation des frais d’inscription. Cette réforme était une version édulcorée d’un projet plus radical. Ce qu’on devine du projet Macron va plus loin que celui des ultras de 1986 que le ministre Alain Devaquet avait jugé inacceptable. On peut supposer sans risque qu’il pourrait tout aussi bien avoir la faveur de Valérie Pécresse ou d’autres candidats à droite.

Bruno Amable, professeur à l'université de Genève

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"Il faudra plus que des coups de com' sur Twitter pour assurer notre survie sur cette planète" - Najat Vallaud-Belkacem

8 Décembre 2021 , Rédigé par Huffington Post Publié dans #Economie, #Politique, #Environnement

COP26] Il reste dix ans pour sauver la planète

"Un monde plus juste, c’est l’ambition de ONE. Cela doit aussi être celle de nos futurs élus", résume Najat Vallaud-Balkacem, directrice de l'ONG et ancienne ministre socialiste.

La pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques, additionnées aux conflits et aux effets des changements climatiques, n’en finissent pas d’accroitre les inégalités. Pour la première fois depuis les années 90, le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seul de l’extrême pauvreté -soit avec moins de 1,60 euro par jour- est en augmentation, tandis qu’en France, le Secours catholique rapporte que près de 10% de la population française auraient eu recours à l’aide alimentaire en 2020.

Le nombre de catastrophes naturelles quant à lui a été multiplié par 5 sur les 50 dernières années. Et si tous les continents en ont été les victimes, 90% des personnes qui en sont décédées vivaient dans les pays en développement.

Nous ne pouvons plus l’ignorer, l’aggravation des sécheresses et des inondations vont non seulement affecter la production alimentaire mondiale, mais également accroitre le potentiel épidémique de certains virus et la transmission de maladies infectieuses. L’inaction contre le changement climatique tue déjà, sous nos yeux, et la crise du Covid-19 nous prouve qu’il n’est plus possible de penser l’avenir de notre pays sans se soucier de ce qui se passe dans le reste du monde.

“Assurer notre survie sur cette planète”

Pourtant, les échecs des récents sommets du G20 à Rome et de la COP26 à Glasgow nous le rappellent cruellement. Les actions politiques concrètes continuent de se faire attendre, éclairant le poids des intérêts économiques contraires à ce qui répond pourtant aux attentes majoritaires des populations du monde, et plus globalement à l’intérêt général humain le plus élémentaire : assurer notre survie sur cette planète. Triste illustration de de la gravité des crises mondiales face auxquelles il nous revient d’agir et du manque de volonté de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui pour s’en donner les moyens.

Récemment, le directeur du Programme alimentaire mondial des Nations Unies a lancé un défi sur Twitter au milliardaire Elon Musk: serait-il cap’ de consacrer à peine 2% de sa fortune personnelle pour lutter contre la faim dans le monde? Ce à quoi le mégalomane a rétorqué que si on pouvait lui prouver que ces 2%, soit 6 milliards de dollars, pouvaient réellement éradiquer les famines, il ferait immédiatement un chèque. Comme si les crises climatiques, les conflits et la fuite des capitaux, créés ou entretenus par un système inégalitaire dont il est le grand gagnant, celui-là même qui lui a permis de bâtir sa fortune, n’entraient pas dans l’équation. Comme si tout s’arrangeait toujours simplement à coup de chèques et de milliards. Comme s’il ne valait même pas la peine de dépenser 2% de sa richesse si ce n’était “que” pour sauver la vie de 42 millions de personnes au bord de la famine.

Comment en est-on arrivé à accepter une société ou les milliardaires s’affranchissent de payer leur juste part d’impôt presque légalement, puis viennent dicter leurs conditions aux institutions internationales qui les supplient publiquement de participer à l’effort collectif pour sortir des populations entières de la misère?

“Les plus grandes fortunes rivalisent d’égoïsme”

Le fossé qui ne cesse de se creuser entre les plus pauvres et les plus riches sur la planète sape la lutte contre la pauvreté et les inégalités, nuit à nos économies et fragmente nos sociétés. Pourtant, loin de prendre leur juste part à cet effort collectif pour notre survie, les plus grandes fortunes et leurs multinationales, soumises aux taux d’imposition les plus bas depuis des décennies, rivalisent encore d’égoïsme.

Mais pour agir efficacement et sur le long terme contre la pauvreté et les inégalités, et permettre d’atteindre en 2030 les Objectifs du développement durable sur lesquels la communauté internationale s’est accordée en 2015, il faudra plus que des coups de com’ sur Twitter. Les multimilliardaires ne sont pas plus légitimes que n’importe quel citoyen français pour demander comment sera dépensé leur argent pour faire face aux grands défis de notre époque.

"Un monde plus juste, c’est ni plus ni moins l’ambition de ONE et des citoyens engagés partout en France. Cela doit aussi être celle de nos futurs élus." Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l'ONG One.

C’est pourquoi l’ONG One lance une grande consultation citoyenne avec Make.org et pose la question. “Comment l’État, les entreprises et les associations peuvent-ils mettre fin à l’extrême pauvreté et aux inégalités dans le monde?”.

À quelques mois de l’élection présidentielle, il est temps de mettre en avant les solutions: comment enclencher un processus de réduction des inégalités en France et dans le monde? Que devraient faire nos représentants, nos industries et notre société civile pour lutter contre les flux financiers illicites, le manque d’accès aux soins ou à une éducation de qualité, les inégalités entre les femmes et les hommes, le pillage des ressources naturelles ou encore le manque de représentation des pays pauvres dans les négociations internationales?

Œuvrer pour un monde meilleur là-bas, c’est aussi participer à la construction d’un monde meilleur ici. Un monde plus juste, c’est ni plus ni moins l’ambition de ONE et des citoyens engagés partout en France. Cela doit aussi être celle de nos futurs élus.

Najat Vallaud-Belkacem, Directrice France de l'ONG One

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L'histoire d'un ascenseur tombé en panne...

8 Mai 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Société, #Politique, #économie

L'ascenseur social toujours en panne ! - Dal 77 - Droit au Logement

La France a connu, pendant les Trente Glorieuses, une mobilité sociale forte et très ascendante. Les trajectoires descendantes restent moins nombreuses aujourd’hui, mais elles se multiplient, notamment pour certaines catégories de population. Qui sont les laissés-pour-compte de l'ascenseur social ?

Alors que la Chine affiche un taux de croissance de 18,4% au premier trimestre 2021, l’Union Européenne est à la traîne avec son 0,4% de récession. La France, elle, affiche 0,4% de croissance. Et cette atonie de la croissance dans les économies en développement, accentuée par la crise actuelle, n’est pas nouvelle : depuis 2001, la France n’a pas dépassé les 3% de croissance annuelle. Les possibilités d’enrichissement individuel et de mobilité sociale se sont taries avec la croissance dans les économies développées depuis les années 1990.

Il semble que, depuis les années 1990, il y ait plutôt une peur du déclassement, qui doit tout de même être prise avec beaucoup de sérieux parce qu'elle ne veut pas dire qu'il n'y a pas de réalité. Mais c'est plutôt un sentiment que la vie est plus dure pour ces générations que pour les générations précédentes. Il y a tout de même une précarisation de l'emploi, qui était moins forte pendant l'âge d'or des Trente Glorieuses. - Hélène Périvier

Pourtant, depuis la construction des tables de mobilité par l’INSEE en 1953, la mobilité sociale a augmenté en France, et elle a été plus souvent ascendante que descendante. Le taux d’immobilité sociale a presque été divisé par deux en cinquante ans : en 2012, 36 % des fils avaient un statut socioprofessionnel similaire à celui de leur père, contre près de 70 % en 1953. Pendant longtemps, cependant, ces changements de catégories socioprofessionnelles entre père et fils ont été majoritairement dus à des modifications structurelles du marché du travail.

C'est important de raisonner sur l'ensemble de la distribution. On a mis l'accent, à raison, sur la croissance de l'écart entre les 1% et les 99% restants, mais quand on regarde l'ensemble de la distribution des revenus, on n'arrive pas à des conclusions du même type : l'indice de Gini, qui mesure l'inégalité de revenu, est resté relativement stable pendant longtemps en France. - Louis-André Vallet

Depuis les années 1990, le marché du travail subit des transformations moins fortes et la mobilité sociale est moins dynamique, en France comme dans le reste des pays développés. Le chômage est devenu un phénomène de masse, la croissance est presque atone, et l’emploi s’est précarisé : face à ces phénomènes, est-il possible de renouer avec l’enrichissement continu des Trente Glorieuses ? Ne doit-on pas modifier les outils avec lesquels on mesure la mobilité sociale depuis maintenant presque 70 ans alors que la société s’est tant transformée ?

Pour en parler, nous avons fait appel à Louis-André Vallet, sociologue et directeur de recherches au CNRS et à Hélène Périvier, économiste à l’OFCE Sciences Po, directrice du programme PRESAGE (Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoirs sur le Genre).

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Festival des Idées - Crise : qui doit payer l'addition ? Avec Najat Vallaud-Belkacem (entre autres)

5 Septembre 2020 , Rédigé par Festival des Idées Publié dans #Economie, #Politique

Festival des Idées - Crise : qui doit payer l'addition ? Avec Najat Vallaud-Belkacem (entre autres)

Crise : qui doit payer l'addition ?

Carte blanche de Regards.

Intervenants

Manon Aubry
Gilles Finchelstein
Aurore Lalucq
Aurélie Trouvé
Najat Vallaud-Belkacem
Animateur
Pierre Jacquemain
Ce débat abordera notamment la question de la fiscalité, de la relance par le soutien aux entreprises, aux citoyens, etc.
Date: 5 septembre 14h30 - 16h
Festival des Idées - Crise : qui doit payer l'addition ? Avec Najat Vallaud-Belkacem (entre autres)
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"Nous manquons tellement d'audace"...

27 Décembre 2019 , Rédigé par Liberation Publié dans #Politique, #Economie

"Nous manquons tellement d'audace"...

Les anomalies de notre système politico-économique doivent mener à la révolution. Pas pour couper les têtes, mais pour changer radicalement de modèle.

Tribune. Les résistances et contestations sont nombreuses. Elles fleurissent partout. Mais, pour l’essentiel, elles visent à tempérer des réformes, à infléchir des dérives, à corriger des erreurs. C’est heureux. Mais n’est-il pas temps de demander beaucoup plus ? Ou plutôt : d’exiger tout autre ?

Le philosophe Thomas Kuhn décrivait l’avancée des sciences comme une succession de périodes «normales», suivies par l’amoncellement d’anomalies conduisant aux révolutions qui mènent à des changements de paradigmes. Il semble difficile de ne pas considérer aujourd’hui que notre modèle politico-économique, loin du fonctionnement «normal», est grevé de tant d’anomalies que tout plaide pour un changement radical de paradigme.

Ces anomalies ne sont pas marginales, mais existentielles. La vie sur Terre est en train de s’effondrer, et tous les chiffres sont affolants. La catastrophe dépasse largement le problème du réchauffement climatique : elle exige une révolution de notre rapport à l’espace, à la nature, à l’altérité. D’indécentes, les inégalités sociales sont devenues obscènes. Elles engendrent même une baisse de l’espérance de vie dans plusieurs des pays les plus riches. L’Occident moderne n’est plus que prédateur, il est maintenant suicidaire.

Pourtant, un peu partout, les pouvoirs politiques se raidissent, optent pour des mesures gravement liberticides, musellent les lanceurs d’alerte, décuplent les pouvoirs de la police et des autorités de surveillance, durcissent la répression, développent une dialectique du mensonge qui ne se dissimule même plus, nient l’intérêt commun au profit de celui de quelques-uns, affichent un cynisme qui confine à la provocation, humilient les minorités, précarisent les populations, encouragent les forces mortifères et répriment les résistances salvatrices.

Mais pourquoi faudrait-il se contenter de résister ? A quoi bon sauver quelques meubles quand tout le territoire est en feu ? N’est-il pas précisément temps d’envisager la révolution ? Certainement pas, évidemment, pour couper les têtes ou prendre revanche : de brutalités, nous fûmes abreuvés à la nausée. Il s’agit tout simplement de devenir enfin un peu sérieux et raisonnable - donc révolutionnaire - dans un monde qui nie la vie elle-même, en elle-même, dans un monde qui commet le pire : un crime contre l’avenir.

On peut - on doit - se battre sur «l’âge pivot» pour éviter que la réforme des retraites ne soit trop dévastatrice. Certes. Mais puisqu’il est question d’un régime «universel», ne serait-ce pas le moment de considérer ces mots avec sérieux ? Poser une question simple et de bon sens : une femme de ménage ayant, durant toute sa vie, mené un travail éreintant et sous-payé ne mérite-t-elle pas, au moins, la même retraite qu’un directeur de grande entreprise ayant déjà largement profité des douceurs de l’opulence et jouissant sans doute des économies suffisantes pour ne jamais y renoncer ? Le mot «universel» prendrait ici son sens ! La retraite doit-elle refléter les immenses disparités de la vie professionnelle qui la précède, et donc entériner - voire renforcer - les inégalités sociales ?

La pollution tue 800 000 personnes par an en Europe. L’Australie brûle, dévastée par une insoutenable canicule. Les animaux meurent partout. Les pays pauvres sont, matériellement et symboliquement, pillés avec une indolence qu’on pourrait presque dire sans précédent. Et le monde occidental découvre la vacuité d’un large pan de son axiologie, incapable de comprendre les enjeux sociaux, écologiques, décoloniaux, féministes, religieux, animalistes… C’est le moment ou jamais.

Trois choix s’offrent à nous. Premièrement, nous pouvons continuer sur notre lancée et précipiter le pire. Emporter le monde entier dans le suicide sale de la dernière éjaculation meurtrière d’une minorité d’humains décidant du sort de tous. Deuxièmement, il est envisageable de ralentir un peu le processus : alterner, en quelque sorte, chimio et radiothérapies pour tempérer la prolifération tumorale. Troisièmement, il pourrait être tentant de devenir sérieux. C’est-à-dire d’oser tout mettre sur la table : interroger nos valeurs et comprendre comment nous avons pu en arriver à trouver que préférer la vie à l’argent est une position «radicalisée».

Changer profondément notre système financier - et ce n’est qu’une partie de la solution - semble impossible. Il y a, dit-on, des «réalités économiques». Peut-être. Mais, il y a aussi des réalités physiques, climatiques, biologiques, médicales… Et, qu’on le veuille ou non, elles ne sont pas contractuelles : on ne peut pas les renverser par une simple décision. Elles relèvent d’un niveau de réalité plus «profond», moins arbitraire, et témoignent toutes d’un monde à l’agonie.

Pourquoi le système économique - celui-là même qui confère autant de richesse à une poignée d’humains qu’à la moitié de la population mondiale - nous apparaît-il comme intouchable alors même qu’il est une pure convention, absolument contingente et réfutable par simple décision ? Les dégâts irréversibles qu’il engendre relèvent hélas, quant à eux, de réalités non conventionnelles. Les incendies immenses et les espèces disparues ne peuvent être défaits par décision collégiale. Il est temps enfin d’être sérieux et posé, rationnel et raisonnable. Donc radical dans la recherche d’un ailleurs. Il est temps de voir que les anomalies innombrables appellent une révolution. Une révolution contre la mort, contre la bêtise, contre la suffisance. Une révolution bienveillante, aimante et prégnante. Il est temps de vouloir plus que quelques thérapies ciblées : il est temps de guérir.

Aurélien Barrau professeur à l’université Grenoble-Alpes, astrophysicien au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie

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A lire... Extensions du domaine du don - Alain Caillé

19 Octobre 2019 , Rédigé par Actes sud Publié dans #Economie, #Sociologie

A lire... Extensions du domaine du don - Alain Caillé

"Extensions du domaine du don" rassemble et synthétise la plupart des fils patiemment tissés par Alain Caillé et ses amis du Mouvement anti-utilitariste en science sociale (MAUSS) depuis près de quarante ans. Longtemps le MAUSS s’est limité à critiquer la montée en puissance de l’économisme et à lui opposer les leçons qu’il est possible de tirer d’un paradigme puissant — celui du don —, issu d’un ouvrage méconnu du grand public qui a nourri la réflexion de nombreux intellectuels et chercheurs, l’*Essai sur le don* de l’anthropologue Marcel Mauss (1925).=

Œuvre extraordinairement pertinente qui montre que l’homme n’a pas toujours été “un animal économique doublé d’une machine à calculer” : les sociétés premières ne s’organisaient pas selon les principes du marché, mais selon la “triple obligation de donner, recevoir et rendre”. Ce paradigme n’a rien à voir avec ce qu’on entend le plus souvent par “don” — geste désintéressé, proche de la charité ou du sacrifice.

“Le don, explique Alain Caillé, est un acte chargé d’ambivalence, désintéressé en un sens, mais tout autant intéressé, à la fois libre et obligé.”

Cette triple obligation régit en réalité l’essentiel de nos rapports aux autres. Et il faut dès à présent l’universaliser pour jeter les bases d’une véritable philosophie politique alternative, qui permettra de dépasser le néolibéralisme et la vision économiciste des sujets humains. "Extensions du domaine du don" montre à quel point il est éclairant d’étendre l’approche par le don à tous les secteurs de la vie sociale : le jeu, le rapport à la nature, les relations internationales, le sport, l’art, la consommation, les psychothérapies, la religion, la question du pouvoir, etc.

 

✪ Également disponible en livre numérique.

[https://www.actes-sud.fr/…/lit…/extensions-du-domaine-du-don]

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Esther Duflo : "Repenser la pauvreté" - Vidéo/France Culture

16 Octobre 2019 , Rédigé par France Culture Publié dans #Economie, #Pauvreté

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