divers
Peut-être était-ce la définition du bonheur...
(A lire en écoutant Mozart...)
Juin 2018... Vers midi... Autoroute A13...
Paris était en vue... L'autoroute à cet endroit, après un péage, passe de "deux fois deux voies" à "deux fois quatre". Elle a faim !
La question que tu m'as posée est venue comme ça... Sans prévenir.
« Dis, tu crois que c'était mieux avant ? »
Sans réfléchir, je t'ai répondu non. Évidemment non.
« Pourtant, tes propos sont empreints de nostalgie souvent »
Sans doute oui. Mais pas la nostalgie d'une époque, ni d'une école qui aurait été parfaite quand celle d'aujourd'hui serait la cause de toutes les régressions. Ceux qui professent cela sont stupides ! Menteurs ! Idéologues ! Que sais-je encore! En tout cas ils se trompent...
Nostalgie bien davantage du parfum de ma mère, retrouvé dès la porte de la maison ouverte, là, dans le couloir. Il suffisait d'en suivre le souvenir laissé par son passage pour retrouver sa douceur. Assise dans la cuisine, ou lisant au salon, ou rêvant au jardin. Nostalgie des couleurs déposées par le jour sur les matins frais accompagnant ma marche vers l'école ou le lycée. Nostalgie des murs blanchis de chaux, caressés par mes doigts en attendant le rire de la petite fille du paysan. Nostalgie océane, salée, mouillée, sensuelle et chaude, mélangée au sable, accroché sur ma peau. Nostalgie de la voix d'un père, un jour absent, à qui j'ai pardonné le silence imposé. J'attendais son retour chaque soir. Son retour du lycée. Jusqu'à la disparition... Pas l'oubli. Nostalgie des amis, filles et garçons, enfants innocents, insouciants, joueurs, rieurs. Nostalgie des moments...
Tout cela n'était pas « mieux »... C'était seulement « bien »... Juste bien...
Peut-être était-ce la définition du bonheur...
Comme ce moment avec toi, aujourd'hui... Dont j'aurai bientôt la nostalgie...
Tu as souri et nous avons chanté...
Christophe Chartreux
“Le secret du bonheur en amour, ce n'est pas d'être aveugle mais de savoir fermer les yeux quand il le faut.”
Simone Signoret
Mort, où est ta victoire?...
Je n'ai pas regardé la cérémonie des Invalides.
Je n'ai pas voulu...
Pourtant je m'incline devant ces deux jeunes hommes, devant la douleur de leurs proches. J'admire le courage dont ils ont fait preuve.
Mais je suis de cette génération élevée dans la haine absolue de la guerre sous toutes ses formes. "Peace and love"... "Make love not war"... Les "protest songs"... Et tout ce qui a nourri ma jeunesse. Tout ce qui a fait de moi l'homme que je suis. Un idéaliste sans doute, un rêveur certainement, un amoureux infatigable de la beauté, des couchers de soleil, de la pluie, des femmes, des humains, de la vie...
"Mort où est ta victoire?" dit la Bible quelque part.
Oui où est la victoire de la mort quand elle ose emporter deux êtres dans la force de l'âge, quand elle ose séparer des familles à jamais, quand elle ose répandre des torrents de larmes sur les joues des enfants, compagnes, épouses, parents?... Cette "victoire" n'est nulle part! Deux hommes qui meurent au combat et ce guide africain massacré lui-aussi sont la preuve sacrificielle de la bêtise des guerres, de la bêtise des hommes, des puissants qui regardent les catastrophes depuis leur terrasse. "Bêtise, où est ta victoire"? Là, quelque part aux confins du désert burkinabé...
Alors les cercueils alignés dans la Cour des Invalides, sous les drapeaux, sous la musique militaire, sous le soleil éclatant dans un ciel bleu immaculé, je n'ai pas voulu les voir. Ils sont la guerre... Ils sont notre échec... Écoutons Giraudoux:
"Un discours aux morts de la guerre, c’est un plaidoyer hypocrite pour les vivants, une demande d’acquittement. C’est la spécialité des avocats. Je ne suis pas assez sûr de mon innocence…" La Guerre de Troie n'aura pas lieu"... Elle a eu lieu comme auront lieu d'autres guerres tuant d'autres enfants, femmes et hommes.
Je m'incline devant la douleur des vivants qui restent seuls, sidérés. Je m'incline devant ces hommes.
Mais qu'on ne me demande pas de trouver admirables ces cérémonies militaires. Je ne peux pas... Je ne PEUX PAS...
Pourtant j'avais assisté à celle honorant la mémoire des morts du Bataclan. J'avais pleuré ce jour-là dans cette même Cour des Invalides. Mais ceux-là n'avaient rien à voir ni à faire avec la guerre. Ils ont disparu en chantant et en dansant.
Ce n'est pas mieux et tout aussi révoltant.
Non, la mort n'est jamais belle. Jamais glorieuse. Jamais victorieuse.
Elle n'est que notre défaite. A toutes et tous.
Christophe Chartreux
Mes nuits... Souvenirs...
Mes nuits…
(À lire en écoutant, doucement, le Caprichio arabe de Francisco Tárrega. Par Alexandra Whittingham)
J'ai connu des nuits fantastiques…
Fasciné par les lumières des lampadaires défilant en rangs serrés, de plus en plus serrés quand augmentait la vitesse de l’aronde-Simca conduite par mon père, je restais allongé sur la banquette arrière les soirs tardifs de retour de « Casa » vers El Jadida et des personnages fantastiques venaient peupler mon imagination pour disparaître au profit d’autres quand je me redressais pour regarder au loin les éclats timides des bougies hésitant à éclairer les misérables maisons isolées au milieu d’un paysage invisible rendu plus étrange encore par la nuit profonde que dérangeaient quelques rares véhicules dont beaucoup se fondaient dangereusement dans l’obscurité. La pauvreté se passe de feux de signalisation…
L’arrivée à El Jadida était toujours annoncée, la nuit. Bien des kilomètres avant les premières maisons, le phare de Sidi Bouafi m’envoyait son message. Des traits de lumière traversaient le temps et l'espace réunis, à intervalles réguliers. Mon phare était là. Présent. Je savais être chez moi. Il m’accueillait à signaux ouverts comme d’autres ouvrent leurs bras. L’univers du silence bruissait alors de voix audibles par moi seul. De voix illuminées comprises par l’initié que j’étais. Depuis lors je sais. La nuit, c’est la lumière. On est bien plus aveugle le jour lorsque l’on voit tout mais qu’on n’imagine rien.
Entre Tanger et Algéciras, dans un sens et dans l’autre, j’ai parfois franchi les « Colonnes d’hercule », de nuit toujours.
Tanger le jour était fascinante. Les ombres – « Il n’y a pas de soleil sans ombres » disait Camus – de Truman Capote et Jack Kerouac, d’Antoine de Saint-Exupéry et Tennessee Williams, de Paul Morand et Roland Barthes, de Jean Genet et Marguerite Yourcenar, de Paul Bowles et Joseph Kessel, tant d’autres encore se découpaient sur les murs blancs. Avec mes parents, je les ai tous croisés au Café Hafa ou au marché du Petit Socco. J’ai parlé littérature à la Libraire des Colonnes avec Paul Bowles et Mohammed Choukri. À huit ans… À quatorze ans… Avant une nuit magique à l’hôtel El Minzah… « Regarde qui est assis dans le fauteuil là-bas » me soufflait mon père… Et je « voyais » Beckett !
Mais les soirées tangéroises, tièdes, épaisses, bruyantes, salées, venteuses, capricieuses, toujours au bord du vice, m’enveloppent encore…
Avant d’embarquer dans un des bateaux blancs en partance pour l’Europe andalouse d’où l’Afrique n’est jamais complètement partie, ma mère prenait ma main et nous marchions le long du quai, le long des files de voitures en attente. La mer d’un port la nuit est un émerveillement. Par nos mains enlacées, c’était un poème permanent. Elle seule savait me parler des pêcheurs au lamparo, dont les lumières flottaient sur une eau striée de longs filets violacés comme autant de varices sur des jambes fatiguées, souvenirs de vidanges interdites par quelque navire parti pour d’autres nuits, d’autres eaux, d’autres quais…
Sur le bateau, pendant la traversée, je ne pouvais rester allongé sur les transats. Il fallait que j’aille regarder les étincelles de mer, éclaboussures jouant, au sortir des hélices, avec les lampes et feux de position du navire. La nuit était aussi noire que la mer quand mon regard portait plus loin, au-delà des remous. J’apercevais les signes de vie que la côte, à l’approche d’Algéciras, me renvoyait. Qui pouvait vivre là ? Et là ? Et encore là ? Quelle femme pouvait bien se préparer dans cette maison tout entière contenue dans l’ampoule tremblotante, pour aller danser le flamenco à Grenade, à Sacromonte ?
J’eus bien d’autres nuits, toutes lumineuses.
Te souviens-tu de celle-là, éclairée par un lustre accroché très haut dans une pièce immense ? Une belle nuit de partage et d’échanges. Tu t’es levée pour aller ouvrir la porte-fenêtre donnant sur le jardin effacé par l’obscurité. Puis tu es revenue t’asseoir, as allumé une cigarette.
Et tu m’as souri… De ce sourire qui me guérit de tout…
Christophe Chartreux
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"Elle me laissa l'embrasser sur les lèvres. Une bouche tendre. Un parfum doux derrière l'oreille."
Mohamed Choukri
A lundi...
Chers amis,
les vacances pyrénéennes sont terminées... Je retrouverai mes montagnes début juillet...
Retour en Normandie et le blog reprendra vie lundi...
A bientôt...
CC
Chers amis... Rien ce jour...
Chers amis,
Rien ce jour...
Je n'éprouverais aujourd'hui aucun plaisir à "nourrir" le blog comme je le fais quotidiennement.
Nous reprendrons demain...
Quelques textes et musiques peut-être...
Et tout cela le jour de mes 61 ans...
Anecdotique et dérisoire remarque mais je me souviendrai intimement, charnellement, de cette nuit de feu comme de ces terribles 11 septembre 2001 et 13 novembre 2015. Il s'agissait alors d'attentats.
Hier il s'agissait, d'après ce que l'on sait au moment où j'écris ces mots, d'un "attentat du destin" contre un chef d'oeuvre de "pierres dentellières", d'un bûcher dans lequel disparaissait une part de notre Histoire commune.
Nous la reconstruirons...
Christophe Chartreux
Chers amis... Vacances!...
Chers amis,
c'est le temps des vacances. Une quinzaine de jours en Béarn...
Le blog ferme donc jusqu'à dimanche soir sauf quelques informations de temps à autre...
Amitiés à toutes et tous...
CC