baccalaureat
"Un quart de la classe ne vient plus du tout" : après les épreuves de spécialité du baccalauréat, ces lycéens sont démotivés
Les lycéens connaitront mercredi leurs notes des épreuves de spécialité du baccalauréat. Pour la première fois depuis la réforme, ces épreuves ont eu lieu en mars. Les professeurs constatent un certain relâchement du côté des élèves.
"Je ne me suis pas réveillé, ça m'arrive de temps en temps, glisse Mathis, 17 ans, le visage un peu embrumé en arrivant à son lycée, à Paris, alors qu'il est midi passé. Il n'y a plus personne en cours. Un quart de la classe ne vient plus du tout depuis les épreuves de spécialité. C'est un peu un relâchement total !" L’adolescent cumule quelques cours ratés depuis que les épreuves de spécialités du bac sont passées, mi-mars. Il est loin d’être le seul. "Il y a tellement de pression avant le bac. Du coup, quand il n'y a plus du tout de pression, on est en mode détente, on a l'impression d'être en vacances alors qu'il y a quand même cours", ajoute une camarade du même établissement.
Ces lycéens connaîtront mercredi 12 avril leurs notes des épreuves de spécialité du bac, qui représentent un tiers de la note finale. Ces épreuves se sont déroulées du 20 au 22 mars, pour la première fois depuis la réforme du bac instituée en 2019. Il y a bien le contrôle continu, qui compte encore pour le bac, mais les dossiers Parcoursup sont bouclés donc la motivation est en chute libre et ce n’est pas l’épreuve de philosophie ou le Grand oral, prévus mi-juin, qui vont remobiliser les élèves.
"On perd nos élèves dès le mois de mars"
"Le fait que ce soit en mars, c'est plus tôt qu'avant, quand c'était à la fin du mois de mai. Ça a tout avancé", explique Yoan, professeur d’histoire-géographie près de Rouen. Dans ses classes de 30 élèves, il y a au moins quatre ou cinq absents à chaque cours depuis quelques semaines. "On observe un désinvestissement. En fait, ils ne voient pas qu'ils préparent les études supérieures, ils voient qu'ils préparent leur bac. Ils ont l'impression que ça y est, ils sont en vacances. Ils s'interrogent même sur l'intérêt de travailler. On est un peu surpris par l'ampleur du phénomène cette année !"
Ce désinvestissement des élèves, les chefs d’établissement aussi le dénoncent. C’est parce qu’on est obligé de supprimer trop de cours pour organiser les examens, regrette Florence Delannoy, proviseure à Lille et responsable académique du syndicat SNPDEN. "Pour le grand public, il y a eu deux épreuves de spécialités, deux jours, admettons. Sauf qu'en fait, on a mis des journées de révisions avant, des journées de repos après, on a ajouté des journées d'harmonisation, des journées de corrections. On fait passer aux élèves, je ne sais combien d'oraux spécifiques. Ce qui fait que les professeurs sont au travail, mais ils ne peuvent plus faire cours à leurs élèves".
Les élèves sont livrés à eux-mêmes selon Florence Delannoy. "Je me mets à la place d'un élève de seconde, qui a cours de 8 heures à 9 heures et de 15 heures à 16 heures parce que tous les autres cours ont été supprimés. Oui, il se désengage, il n'a pas envie de se lever le matin, et on peut le comprendre." Avec cette réforme du bac, le ministère de l'Éducation voulait "reconquérir le mois de juin". "Là, on est en train de perdre nos élèves dès le mois de mars" affirme la cheffe d’établissement.
Noémie Bonnin
Le bac à mars forcé ?
Qu'implique la tenue des épreuves de spécialités en mars pour l'organisation du bac et l'année de terminale ? Et qu'en est-il des éventuelles perturbations de la session de 2023 ?
Avec
Benjamin Quennesson Professeur de Sciences économiques et sociales (Académie de Lille) et co-secrétaire général de l'APSES (association des professeurs de SES)
Édouard Geffray Directeur général de l'enseignement scolaire (DGESCO)
Marion Valarcher Doctorante à Sciences Po et ATER à l’Université de Tour
Dominique Faure Proviseure (Académie de Nantes)
"Comment l’action collective s’est-elle transformée dans les sociétés démocratiques ?" - voilà un sujet d’actualité et un sujet du baccalauréat 2023, il a été donné en spécialité Sciences Economiques et Sociales
Louise Tourret parle avec ses invités de ces épreuves de spécialités qui se déroulent pour la première fois en mars depuis la réforme du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer, jusqu'à présent mise à mal par l'épidémie de Covid : Benjamin Quennesson, professeur de Sciences économiques et sociales (académie de Lille) et co-secrétaire général de l'APSES (association des professeurs de SES), gréviste pour la surveillance de l’examen ; Marion Valarcher, doctorante à Sciences Po et Attachée Temporaire d'Enseignement et de Recherche à l’Université de Tours, dont les recherches portent sur le lien entre le lycée et les études supérieures (car c’est bien la raison du choix du mois de mars pour les épreuves de spécialités : améliorer les transitions) ; Dominique Faure, proviseure de lycée (académie de Nantes) et membre du SNPDEN (Syndicat National des Personnels de Direction de l'Éducation Nationale) ; et Edouard Geffray, directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco).
Dans cette émission vous entendrez également deux lycéens qui ont composé en ce premier jour du baccalauréat 2023 parmi les 536 000 candidats et candidates : Ephram Strzalka-Beloeil (académie de Versailles), vice-Président de La Voix Lycéenne, et Gayan, (académie de Paris).
Enfin, Louise Tourret revient avec ses invités sur le mouvement social chez les enseignants pendant cette session 2023.
La citation :
"Pour la plupart des directions de lycées le bac en mars nécessite toute une organisation difficile à mettre en place avec l'ensemble des élèves présents dans l'établissement, cela implique donc des temps de pause avec ceux de première et de seconde, au moment où il faudrait justement remobiliser tout le monde sur la fin de l'année et les enjeux d'orientation. Par ailleurs une de nos grandes inquiétudes c'est comment, après le soulagement de ces premières épreuves, les élèves vont pouvoir continuer à s'investir dans l'enseignement, même s'il reste deux grandes étapes, le grand oral et l'écrit de philosophie", Dominique Faure
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«Bac Blanquer» Epreuves de spécialités du bac : «Je me suis senti pédagogiquement violent avec mes élèves»
A la veille des épreuves écrites anticipées, qui comptent pour un tiers de la note finale de l’examen, élèves et professeurs regrettent ce calendrier accéléré, synonyme de programmes bouclés au pas de charge.
A la façon d’un entraînement militaire, le week-end de Marine (1) est millimétré, calculé à la minute près. «Samedi et dimanche, révision de SES de 9 heures à 13h30. Pause déjeuner d’une heure, puis je réattaque avec l’HGGSP [histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, ndlr] jusqu’à 18 heures.» Et ensuite, repos ? Elève en terminale, la Francilienne fait les gros yeux. «Non ! Après une pause, je relis les cours jusqu’à 21 heures ou 22 heures, selon mon niveau de fatigue.» Même chose pour Ella, Parisienne de 17 ans, qui a de son côté prévu de réviser avec deux amies. Car ce début de semaine sonne déjà le début des examens du baccalauréat, avec, du 20 au 22 mars, le déroulement des épreuves écrites de spécialité, qui comptent pour un tiers de la note finale. Examens qui pourraient néanmoins être perturbés, certains syndicats appelant à une grève des surveillances dès ce lundi pour protester contre le projet de réforme des retraites.
Pour autant, les élèves se sentent-ils plus stressés que d’ordinaire, à l’approche de ces épreuves, première édition du «bac Blanquer» dont les passages anticipés avaient été repoussés ces dernières années en raison de la crise sanitaire ? «Autour de moi, tout le monde a l’air serein», observe Dana, élève du lycée Gustave-Eiffel à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Et d’ajouter, un sourire au bord des lèvres : «Sauf les profs, bien sûr.» Dans cet établissement, élèves et enseignants ont tout fait pour boucler le programme avant les vacances de février, afin d’entamer les séances de révision dès la rentrée scolaire. «Ça va très vite et les épreuves arrivent beaucoup trop tôt, admet-elle. Mais j’ai la chance d’être dans un lycée où les profs sont vraiment sur notre dos. Ça fait deux semaines qu’on révise ensemble.» Le proviseur Dominique Giot n’a d’ailleurs pas attendu que soient enfin mises en place des journées nationales de révision, accordées à la dernière minute par le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye. Pour les deux classes de terminale de l’établissement, jeudi et vendredi étaient déjà dédiés aux enseignements de spécialité, afin que les élèves «puissent se mettre en condition».
«Abattre» les chapitres
Mais la situation n’est pas aussi simple partout. Au lycée Gutenberg de Créteil (Val-de-Marne), la formule utilisée dans l’annonce de Pap Ndiaye – «par souci d’égalité» – reste en travers de la gorge de Fabrice Frattini, professeur de mathématiques : «Depuis quand y a-t-il égalité entre les élèves ?» Qu’il s’agisse des lycées entre eux, des spécialités choisies, des connaissances acquises au collège, ou encore des différences avec les promos précédentes, «les chances ne sont pas les mêmes», regrette l’enseignant, qui souligne le fort taux d’élèves en difficulté dans son établissement. «Ici, ça fait dix jours qu’on travaille pour que certains arrivent à avoir entre 4 et 8 sur 20.» Et avec l’apparition d’épreuves aussi tôt dans l’année, Fabrice Frattini dit ne pas avoir le choix : il doit se passer de toute variation éducative, comme le travail de groupe, et «abattre» les chapitres. «C’est simple, je me suis senti pédagogiquement violent avec mes élèves. En tant qu’enseignant, on peut toujours finir le programme. Mais est-ce que les élèves le terminent avec nous ?»
«Perdre deux, trois mois, ce sont des entraînements en moins pour les élèves», regrette son collègue David Boisseau, enseignant de sciences économiques et sociales. L’inconvénient, souligne-t-il, est qu’ils vont adopter une argumentation «très mécanique», sans vraiment chercher à mettre en place une réflexion pensée : «On va très vite sur des notions complexes, qui demandent une finesse d’esprit et une capacité d’abstraction que les élèves ont du mal à acquérir.» D’autant que les deux épreuves écrites de spécialité sont chacune dotées d’un coefficient de 16 (sur un total de 100 pour le bac). Et tous les élèves ne sont pas égaux concernant l’apprentissage des leçons : «Pour mon dernier chapitre de SES, on a reçu des cours imprimés», révèle Julien, scolarisé dans l’établissement Sonia Delaunay à Villepreux (Yvelines).
«Dans leur tête, ils n’ont pas le droit d’échouer»
Au lycée Gutenberg de Créteil, les élèves n’ont pu bénéficier cette année que d’un seul bac blanc de quatre heures pour s’entraîner, contre six répétitions générales en 2019 – planifiées sur un an et demi. Une différence d’organisation importante, martèle David Boisseau, «qui n’est pas du tout adaptée à leur apprentissage». Ainsi, de plus en plus de jeunes font des crises de panique pendant les devoirs, raconte l’enseignant. «Dans leur tête, ils n’ont pas le droit d’échouer.» Le professeur n’avait «jamais connu» un tel niveau d’angoisse étalé «tout au long de l’année». Conséquence directe, selon lui, du contrôle continu mis en place depuis la réforme du bac. «Il n’y a plus d’entraînement. Pour eux, seules les notes comptent.»
Autre source de stress pour les élèves : l’intégration des résultats des épreuves finales de spécialité aux dossiers sur Parcoursup. Pour Dana, qui souhaite intégrer Sciences-Po Paris, l’enjeu est de taille : «Si tu rates tes épreuves, tu as énormément de risques de ne pas être accepté dans la licence ou l’école de ton choix, explique-t-elle. Ça va influencer ton Parcoursup, qui va lui-même influencer ton avenir. Donc soit tu gagnes tout, soit tu perds tout.»
Benjamin Soyer
(1) Le prénom a été modifié.
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Epreuves de spécialités du bac : "Je me suis senti pédagogiquement violent avec mes élèves"
Juste avant les épreuves écrites anticipées, qui comptent pour un tiers de la note finale de l'examen, élèves et professeurs regrettent ce calendrier accéléré, synonyme de programmes boucl...
Pour nos élèves, nous faisons la grève du bac
Des enseignants d’un lycée de Seine-Saint-Denis prévoient un piquet de grève pendant les épreuves de spécialités du baccalauréat, qui se tiennent du 20 au 22 mars. Ils dénoncent les injustices provoquées selon eux par la récente réforme de l’examen.
Malgré une opposition quasi unanime de l’ensemble de la communauté éducative, l’ancien ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a fait le choix en 2019 d’imposer une refonte du lycée général et technologique qui suscite aujourd’hui une grande souffrance, aussi bien du côté des élèves que de leurs enseignant·e·s. Le dernier avatar de cette réforme consiste à faire passer les épreuves de spécialités au mois de mars. Les deux épreuves auxquelles se confronteront nos élèves de terminale entre lundi et mercredi compteront pour 32 % de leur note finale et, surtout, seront décisives dans l’étude des dossiers sur Parcoursup transformant le bac en instrument de sélection qui n’ouvre plus, mais bloque l’accès au supérieur.
Ce nouveau calendrier des épreuves du bac, anciennement positionnées en juin, prive nos élèves de trois mois de formation. Concrètement, trois mois de cours en moins, cela signifie : avancer à marche forcée, renoncer aux temps d’échange si savoureux avec nos élèves afin d’approfondir leurs savoirs, renoncer aux sorties scolaires permettant d’élargir leurs horizons, ne pas pouvoir faire de la remédiation, adopter une pédagogie verticale qui ne permet pas une réelle appropriation des savoirs et des méthodes. Certain·e·s d’entre nous, pour finir les programmes dans les délais impartis, ont été réduits à distribuer des polycopiés en guise de cours. Le calendrier du bac sur lequel le ministre Pap Ndiaye refuse de revenir nous conduit à maltraiter nos élèves, tout particulièrement celles et ceux qui sont les plus éloigné·e·s de la culture scolaire. Ce sont aussi les plus fragiles socialement. En les privant de trois mois pour apprendre et progresser, nous présentons ces élèves au bac alors qu’ils n’auront pas eu le temps de s’y préparer, d’assimiler contenus et méthodes de travail. Ce n’est pas la journée de révision que le gouvernement leur a accordée à la dernière minute le 17 mars qui masquera la réalité de cette impréparation.
Un lycée du tri social
Qu’adviendra-t-il de nos élèves de terminale au printemps ? Comment peut-on penser que des jeunes de 17 ans, une fois Parcoursup et leurs épreuves de spécialités passées, reviendront docilement en classe finir un «programme de contrôle continu» et préparer leur grand oral ?
Le lycée dans lequel nous travaillons n’est plus un espace de formation, de réflexion et d’émancipation. Il est devenu un lycée du tri social, subordonné à la logique de Parcoursup, qui se déploie dès la classe de seconde avec le choix des spécialités et qui accroît les inégalités et le déterminisme scolaires.
Mais ce n’est pas tout. Il y a quelques semaines, en même temps que nos collègues de nombreux lycées situés dans des quartiers populaires du pays, nous avons appris de notre rectorat que l’an prochain nous disposerons de moins d’heures de cours pour accompagner un nombre d’élèves inchangé. Concrètement, nous devrons, à la rentrée prochaine, accueillir jusqu’à 35 élèves dans nos salles, qui le plus souvent ne disposent même pas de cette capacité d’accueil. Alors que certains de nos élèves dorment dans des voitures, vivent dans des hôtels sociaux, sont en situation de handicap ou ont des existences marquées par la précarité, l’école de la République est incapable de les accueillir dignement. Plus d’élèves par classe, c’est nous mettre dans l’incapacité d’être attentif à chacune et chacun d’entre eux, de les accompagner au plus près pour leur permettre de progresser. Comme avec le bac en mars, cette politique d’économie budgétaire signe l’abandon des élèves les plus vulnérables, celles et ceux qui ont besoin de plus d’attention pour réussir.
Nous sommes en colère
Enfin, c’est dans ce contexte que nous avons appris du gouvernement qu’il nous faudra travailler au minimum jusqu’à 64 ans pour partir à la retraite. Nous devrons travailler plus longtemps, alors que nous sommes confronté·e·s à une dégradation sans précédent de nos conditions de travail. Ces deux années de travail supplémentaires que le gouvernement veut imposer à celles et ceux qui exercent les métiers les plus pénibles heurtent aussi les familles de nos élèves : agents d’entretien, femmes de ménage, caristes, aides-soignantes, infirmières, aides à domicile, ouvriers de la logistique et du bâtiment, etc., tou·te·s ces indispensables dont les métiers sont si précarisés qu’ils ne permettent pas toujours de se défendre socialement et politiquement. C’est aussi à elles et eux que nous pensons lorsque nos grèves nous conduisent à déserter nos salles de cours, ainsi qu’à nos collègues contractuels, particulièrement précarisés par cette réforme et toujours plus nombreux dans notre académie.
Nous sommes en colère. Devant l’absence d’écoute, il ne nous reste que la grève pour lancer l’alerte sur la dégradation du service public de l’éducation auquel nous sommes profondément attaché·e·s.
Monsieur le ministre, vous qui avez à de nombreuses reprises proclamé votre volonté de réduire les inégalités scolaires, allez-vous mettre fin à ce scandale du bac en mars et rétablir les épreuves en juin ? Allez-vous rendre à nos lycées populaires les moyens humains et matériels nécessaires à la réussite et au bien-être de nos élèves ?
Cette réalité, après tant de témoignages d’enseignant·e·s, les retours des associations disciplinaires, des syndicats, et même des inspecteurs et des chefs d’établissement, vous ne pouvez l’ignorer. Il est temps de prendre vos responsabilités, de nous écouter et de remettre l’idéal d’égalité au cœur de nos lycées, en commençant par rétablir le bac en juin.
Signataires : Michael Barbut (SES), Frédéric Bernat, Grégoire Bosia (Histoire-géographie), Laïla Bouatira (Histoire-Géographie), Silvère Coulin (Philosophie), Aurélien Cunat (Lettres modernes et théâtre), Benoît Del Torchio (SVT), Dorine Despouys (Lettres modernes), Charlotte Desseix (SES), Rose Gourdan (Anglais), Guillaume Grandjean (Français), Agathe Homand (SES), Anaïs Lasvigne (Anglais), Mathilde Laugier (Histoire-géographie), Julia Léobal (Lettres Modernes), Julie Leonis (Espagnol), Anouchka Lima (Mathématiques), Sabrina Mahfoufi (Physique-Chimie), Thibault Michel (documentaliste), Roberto Molina (Espagnol), Vincent Pouille (philosophie), Alicia Rinaldy, Adrien Thet (Lettres Modernes)
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Pour nos élèves, nous faisons la grève du bac
Des enseignants de Seine-Saint-Denis prévoient un piquet de grève pendant les épreuves de spécialités du baccalauréat, qui se tiennent du 20 au 22 mars. Ils dénoncent les injustices provoqu...
Le retour du "c'était mieux avant" à propos du BAC
C’est un marronnier décliniste ‘à quoi bon 80% d’une classe d’âge au BAC, si c’est pour brader l’examen national’. C’est le même refrain chaque année début juillet. Ce matin, la question sondage du Figaro c’est Le niveau du BAC est-il trop faible ? Je parie sur la réponse demain ! Entendez, c’était mieux avant la victoire du pédagogisme post 68 et la culture du tout-écran. S’il est vrai, comme l’a montré le sociologue Gérald Bronner, qu’Internet, les algorithmes, ont tendance à s’adresser plus à notre cerveau archaïque, il est aussi vrai, comme le montre de nombreux tests de connaissances, qu’un adolescent d’aujourd’hui acquiert beaucoup plus d’informations qu’un adolescent du siècle dernier. Et qu’il sait aussi les traiter, les analyser. Internet n’a pas tuer la connaissance ni la capacité à raisonner, seul l’abus des écrans est néfaste. Le déclinisme qui accuse la modernité d’acculturer nos enfants rappelle le mythe de Theuth (Platon). Le Dieu Theuth invente l’écriture et propose sa trouvaille au roi d’Egypte qui la refuse parce que bien sûr, cette nouvelle technique va tuer la culture orale et atrophier le cerveau, puisque la mémoire ne sera plus nécessaire !
Mais le niveau baisse-t-il vraiment?
Si l’on prend l’orthographe, la syntaxe en français (pour les sciences c’est plus sujet à caution), si l’on prend la connaissance des grands classiques de la littérature, il y a une baisse certaine du niveau telle qu’on le mesure avec nos critères académiques. appelons ça la culture verticale. et c’est préoccupant puisqu’il s’agit de notre culture commune, qui faisait que nos grands-parents, partout en France, savaient 3 ou 4 fables de la fontaine… et les grandes dates de l’histoire, du baptême de Clovis à jusqu’à Valmy. mais ils ne savaient pas grand-chose du vaste monde, des idées et des cultures des autres. nos enfants ont une large culture horizontale, internet leur a développé des capacités, des agilités intellectuelles très puissantes, même si –en cas d’abus d’écran- leur capacité de concentration sur des formes plus classiques d’acquisition des connaissances se détériore. l’idéal serait d’arriver à restaurer de la culture verticale sans perdre la culture horizontale, c’est l’éternel dilemme entre le nombre d’heures de français et calcul (les savoirs fondamentaux) et les nécessaires apprentissages de notre temps. ce débat très politique mérite mieux que les anathèmes pavloviens sur le bradage du bac qui, de toute façon, n’est plus le bon instrument de mesure des savoirs. les réactions aux résultats du bac dépendent de ce que l’on veut faire dire au réel… ce n’est pas parce qu’on rehausse les notes, que le niveau baisse. et d’ailleurs qu’est-ce que le niveau global? une somme de connaissances classiques ou la capacité à s’adapter à un monde devenu complexe ? le plus préoccupant, c’est que la maitrise des savoirs verticaux dépend à nouveau du capital culturel de chacun. donc les inégalités se creusent. mais que chaque année une controverse existe souligne un aspect positif : l’éducation reste un enjeu central des préoccupations françaises. et ce n’est pas le cas dans tous les pays.
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Le retour du "c'était mieux avant" à propos du BAC
'De nos jours, on donne le BAC !' Au lendemain des résultats, on entend encore une fois ce refrain . C'est un marronnier décliniste 'à quoi bon 80% d'une classe d'âge au BAC, si c'est pour brad...
Grand oral du Bac, petits brouillons...h
Grand oral du bac: «J’avais préparé mes élèves à ce que ça ne se passe pas comme prévu»
Epreuve à repasser, absence de jury, manque d’examinateurs de spécialité: le grand oral du baccalauréat ne se déroule pas de façon idoine pour certains élèves. Si certains syndicats déplorent des problèmes d’organisation, le ministère de l’Education nationale assure que ces dysfonctionnements restent marginaux.
Camille (1), en terminale STMG, l’assure : son grand oral s’est bien déroulé. Pourtant, elle fait partie de ces élèves qui vont devoir le repasser. Lundi 20 juin, quand elle s’est présentée dans un lycée du Val-de-Marne, un seul examinateur l’attendait, au lieu des deux attendus. Deux jours plus tard, elle est reconvoquée pour le 28 juin. «J’étais dans l’incompréhension totale. Mon prof de spécialité m’a dit que c’est parce que je n’avais eu qu’un seul membre de jury. J’ai trouvé ça injuste.» La voilà obligée de plancher à nouveau. «Ce que je redoute le plus, c’est de ne pas faire aussi bien que le premier, que les questions soient plus difficiles ou le jury plus dur», s’inquiète la jeune femme. Sollicité, le ministère de l’Education nationale affirme que cette situation a pu arriver «dans quelques rares cas», mais qu’un «rappel a été fait en quelques heures et la situation ne s’est pas reproduite». A voir.
Certains élèves n’ont même pas eu la chance de voir un examinateur. En Seine-Saint-Denis, un lycéen, convoqué le 20 juin, a été renvoyé chez lui moins de deux heures plus tard. Le jury ne s’était pas présenté. «Il s’était préparé assidûment, témoigne sa mère. C’est une situation déstabilisante pour nos enfants. Le lycée nous a dit que 24 élèves étaient concernés mais personne ne nous a contactés pour nous informer ou nous rassurer, on ne savait même pas quand ils seraient reconvoqués.» Si leur oral n’a pas été annulé, d’autres lycéens n’ont pas pu le passer dans les conditions normales de l’examen. «En raison d’erreurs de convocation, des professeurs d’établissements privés ont pu faire passer leurs propres élèves», observe Audrey Chanonat, secrétaire nationale pédagogie du SNPDEN, le syndicat national des personnels de direction. Certains élèves ont également été évalués par des examinateurs dont aucun n’enseignait leur spécialité.
Disparités territoriales
Du 20 juin au 1er juillet, un peu plus de 540 000 candidats doivent passer le grand oral, nouveauté du bac Blanquer mis en place en 2019 et chamboulé par deux années de Covid. Cette épreuve, qui consiste à interroger les élèves sur des questions préparées en amont en lien avec leurs spécialités et sur leur orientation postbac, avait lieu pour la première fois l’année dernière. Déjà, l’organisation avait été chaotique : jurys absents, convocations de dernière minute, manque de professeurs de spécialité. «On se disait que c’était normal parce que c’était la première fois, se rappelle Lucie (1), enseignante en anglais dans les Yvelines et examinatrice du grand oral. Mais on pensait que ce serait réglé.»
Les retours de chefs d’établissements font état de disparités territoriales. A Lille, «moins de couacs d’organisation» ont été relevés cette année et les «quelques absences ont pu être facilement remplacées», salue Florence Delannoy, proviseure au lycée Montebello. Secrétaire académique du SNPDEN Créteil, Sébastien Volpoet est lui formel : «C’est mal organisé, pire que l’année dernière.» Audrey Chanonat dresse, elle, un bilan plus contrasté. «Il semble que ça a été globalement mieux que l’an dernier mais nous avons en effet eu des remontées d’absence de jurys», déroule-t-elle. Elle ajoute : «Certains établissements ont pu pallier ces difficultés avec des enseignants du lycée mais parfois ça n’a pas été possible.» Des «bugs académiques» qu’elle est dans l’impossibilité de chiffrer. La structure même de cette nouvelle épreuve – avec un jury dit naïf et un autre devant obligatoirement enseigner dans l’une des deux spécialités de l’élève – complexifie, selon elle, ces remplacements.
Le ministère de l’Education nationale assure que «dans la quasi-totalité des cas, [les épreuves] se sont déroulées sans aucune difficulté». Même mot d’ordre du côté du Siec (Service interacadémique des examens et concours dans les académies de Créteil, Paris et Versailles), qui reconnaît qu’«il arrive à la marge que le nombre de professeurs absents en dernière minute soit supérieur au nombre de professeurs de réserve» pouvant engendrer une attente, voire un report exceptionnel. Aux absences imprévisibles s’en ajoutent d’autres, plus évitables. Certains enseignants ont été sollicités à la fois pour évaluer le grand oral et pour des oraux de concours comme le Capet (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique). «Des bugs liés au fait que ce ne sont pas les mêmes services qui organisent les différentes convocations», analyse Audrey Chanonat.
«Au moindre grain de sable, ça peut jouer très fort»
Samy, professeur de SES dans l’académie de Créteil, avait pris les devants. «En tant que prof de spé, j’avais préparé mes élèves à ce que ça ne se passe pas comme prévu.» Les conséquences pour les candidats ne sont pas à balayer. «Tous les élèves ne sont pas bien armés pour gérer des dysfonctionnements de dernière minute. Pour ceux qui ne savent pas bien rebondir, au moindre grain de sable, ça peut jouer très fort», s’alarme l’enseignant.
Lucie, professeure d’anglais, a été sollicitée le lundi pour le lendemain 8 heures : «Je remplaçais une prof prévenue elle-même au dernier moment et qui ne pouvait pas annuler un rendez-vous médical pris de longue date.» Une organisation bancale que le ministère, là aussi, conteste. «Toutes les convocations ont été envoyées dans les délais», écrivent-ils, rappelant que les remplaçants peuvent être «convoqués au fil de l’eau». Sébastien Volpoet s’agace que son travail mené auprès du Siec n’ait pas porté ses fruits : «Au moins un professeur de réserve par spécialité doit être sollicité par centre d’examen. Dans la réalité, on s’est aperçu que certains n’avaient personne en réserve sur certaines matières.» L’Education nationale concède que «selon les disciplines, il peut être plus difficile d’intervenir, notamment lorsqu’il s’agit [de spécialités] pour lesquelles il y a peu d’enseignants sur tout le territoire de l’académie». Le Siec avance pour l’Ile-de-France le chiffre de «8 000 enseignants convoqués dont environ 1 200 sur les commissions de réserve». Une marge visiblement insuffisante pour ne laisser aucun élève sur le carreau.
Marlène Thomas
(1) Les prénoms ont été changés.
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Bac de français 2022 : « Les femmes sont mieux prises en compte dans les œuvres au programme »
EXTRAITS
De plus en plus d’autrices sont désormais au programme du bac de français, remarque dans un entretien au « Monde » Françoise Cahen. Un réel progrès, selon cette professeure de français au lycée d’Alfortville, qui avait lancé une pétition à ce sujet en 2016.
Olympe de Gouges, Madame de La Fayette, Marguerite Yourcenar et Nathalie Sarraute : quatre autrices sont au programme du bac de français des séries générales et technologiques en 2022. En 2016, Françoise Cahen, agrégée et docteure en lettres modernes, enseignante au lycée Maximilien-Perret d’Alfortville, avait lancé une pétition, signée par quelque vingt mille personnes, pour dénoncer l’absence d’écrivaines au programme de terminale de l’ex-filière littéraire. Une initiative qui lui avait valu le soutien de la ministre de l’éducation nationale de l’époque, Najat Vallaud-Belkacem, et l’inscription au programme du bac L 2017 de La Princesse de Montpensier, une nouvelle de Madame de La Fayette. Six ans plus tard, Françoise Cahen reconnaît que les lignes ont bougé.
Olympe de Gouges, Madame de La Fayette et Marguerite Yourcenar figuraient parmi les autrices que vous mentionniez dans votre pétition il y a six ans. Elles font désormais partie du programme de français au baccalauréat. Comment percevez-vous cette évolution ?
La place des femmes a vraiment changé, elles sont mieux prises en compte. Olympe de Gouges constitue un excellent choix. Le texte étudié au programme – Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne – permet de travailler sur la notion d’égalité entre les hommes et les femmes dans la littérature. Il s’agit toutefois d’un texte court, pas très substantiel à étudier pour les élèves. Comme on ne connaît pas bien Olympe de Gouges, il me semble qu’on n’a pas osé aller vers ses pièces de théâtre. L’une d’elles, sur l’esclavage, aurait peut-être été plus riche pour le baccalauréat.
De réels efforts ont été entrepris depuis la pétition. Toutefois, les autrices citées en 2016 sont seulement un petit lot de femmes connues. On pourrait peut-être aussi faire surgir plus de femmes occultées par l’histoire littéraire. Par leurs travaux, les universitaires ont la capacité de les rendre visibles, notamment en les mettant au programme de l’agrégation, comme ils l’ont fait avec Christine de Pizan, une poétesse méconnue du Moyen Age.
Cela a permis de diffuser ses œuvres, d’enrichir les études sur elle, de l’intégrer aux cours des professeurs d’université. Aujourd’hui, de façon très concrète, on la retrouve dans nos manuels au lycée. Les universités peuvent et doivent donc nous aider à consacrer ces autrices. On multiplierait ainsi les œuvres de ces femmes susceptibles d’être au programme du baccalauréat de français.
(...)
Pensez-vous que le nouveau ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, pourra apporter une dynamique nouvelle sur ces sujets ?
Ses travaux d’universitaire et ses recherches laissent entrevoir qu’il est très sensible aux problématiques d’égalité culturelle. Je crois qu’il restera forcément quelque chose de visible de ses idées. S’il a accepté la mission, c’est qu’il estime nécessairement pouvoir agir sur ces questions. Ces sujets peuvent être tout à fait stimulants intellectuellement : ils font bouger nos références, provoquent de nouvelles rencontres entre la littérature et les élèves.
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Bac de français 2022 : " Les femmes sont mieux prises en compte dans les œuvres au programme "
De plus en plus d'autrices sont désormais au programme du bac de français, remarque dans un entretien au " Monde " Françoise Cahen. Un réel progrès, selon cette professeure de français au lyc...
Fortes chaleurs : comment les lycées s'organisent-ils avant les épreuves de philosophie du bac ?
Salles de classe aérées toute la nuit, ventilateurs, réserves de bouteilles d'eau : avec les températures caniculaires attendues ce mercredi, les lycées se sont organisés avant l'épreuve de philosophie.
Le bac de philosophie a lieu ce mercredi 15 juin au matin, pour 523.199 candidats très exactement ! Coup d'envoi de l'épreuve à 8 heures, jusqu'à 12h. Il s'agit de la dernière épreuve écrite pour les filières générale et technologique. Les candidats auront trois sujets au choix par filière.
Mais cette année, ils devront composer avec la chaleur. Le ministère de l'Education nationale a donné des consignes pour que les chefs d'établissements veillent au maximum à protéger les salles d'examen de la chaleur et qu'ils mettent de l'eau à disposition.
Garder la fraîcheur dans les salles
Ce n'est pas la première fois que le mercure s'affole pendant des examens. En 2019, les épreuves du brevet avaient été reportées de quelques jours pour que les candidats planchent dans de meilleures conditions. Cette fois-ci, il n'a pas été envisagé de décaler le bac mais des consignes ont été adressées aux proviseurs.
Sur son site internet, le ministère de l'Education nationale a listé des recommandations. À Nice, les élèves ont l'habitude des températures élevées mais les lycées ont quand même pris des mesures pour s'adapter. Au lycée Guillaume Apollinaire, la proviseure Sylvie Pénicaut, qui est aussi représentante du syndicat des chefs d'établissements SNPDEN, raconte que les salles d'examen ont été aérées toute la nuit : "On ne refermera les fenêtres que vers huit heures, dit-elle, pour garder le maximum de fraîcheur et on a aussi acheté un à deux ventilateurs par salle, selon la taille des salles. On a essayé de faire au mieux. C'est une problématique qui va se poser de plus en plus, donc il faut prévoir."
Les épreuves de français l'après-midi
La proviseure a aussi commandé des stocks de petites bouteilles d'eau : "Les 300 candidats en auront une sur leur table en arrivant, et on passera aussi si nécessaire avec des brocs d'eau et des verres. C'est vraiment primordial qu'ils puissent s'hydrater régulièrement. On a aussi des surveillants qui sont dans les couloirs, pour permettre d'aller se rafraîchir éventuellement au lavabo si nécessaire."
Mais ce qui inquiète Sylvie Pénicaut, c'est l'épreuve de français pour les élèves de Première, qui aura lieu ce jeudi 16 juin, entre 14 heures et 18 heures : "Je vois pas comment on va pouvoir rafraîchir les salles à l'avance, fait-elle remarquer. Elles seront déjà chaudes quand les candidats vont arriver. Notre lycée est mal isolé. On est bien jusqu'à 10 heures le matin et après, il commence à faire très chaud. Alors on a essayé de mettre au maximum les élèves côté nord mais cela a une limite parce qu'on a une vingtaine de salles qui vont être occupées donc il y en a forcément qui seront côté sud."
Les proviseurs aurait préféré que le bac de français ait lieu le matin. "Maintenant qu'il y a très peu d'épreuves écrites, estime Sylvie Pénicaut, qu'elles soient organisées le matin, ce serait plus facile, il ferait plus frais, les conditions seraient plus supportables". Mais si l'après-midi a été choisi, selon le ministère de l'Education nationale, c'est pour laisser davantage de temps aux lycées pour numériser toutes les pages des copies de philosophie.
Sonia Princet
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Fortes chaleurs : comment les lycées s'organisent-ils avant les épreuves de philosophie du bac ?
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Le bac philo de Libé: l’union (populaire) fait-elle la force ?
En politique, la force va à la force. Il suffit d’une promesse de victoire pour que des conflits auparavant insurmontables deviennent des malentendus vite dépassés. Récemment, la gauche française apparaissait tellement désunie qu’on la donnait pour morte. Et puis, forte d’un petit miracle (le score de Jean-Luc Mélenchon), elle s’est retrouvée comme un seul homme derrière l’espoir d’une conquête. Mais si la force favorise l’union, l’union fait-elle la force ?
«La populace, disait Victor Hugo, ne fait que des émeutes. Pour faire une révolution, il faut le peuple.» L’union du peuple confère une direction à la force des gens, elle évite qu’elle ne se disperse et ne se transforme en une juxtaposition de faiblesses. Jusqu’ici, la politique est semblable à l’amour : il arrive qu’un plus un fassent davantage que deux. Etre unis, ce n’est pas seulement ajouter ses forces, c’est en découvrir de nouvelles. Le «je» s’étonne que le «nous» puisse réaliser tant de choses : s’embrasser avec fougue durant des heures ou prendre la Bastille. Il suffit parfois d’être ensemble, ou de l’être à nouveau, pour se sentir immortels. Une force qui va en sachant où elle va paraît invincible. Que peut-on contre un peuple uni et déterminé ?
Il y a pourtant des raisons de se méfier du romantisme politique. Il n’est déjà pas sûr qu’un couple, même uni, constitue un seul individu, alors un peuple… «L’union fait la force» est la devise de la Belgique, un pays dont on sait bien qu’il est traversé par des divisions culturelles et linguistiques qui le placent souvent au bord du chaos. Quand on valorise l’union pour l’union, c’est certes pour se donner du courage, mais aussi pour voiler ses faiblesses. Le risque est alors de réaliser l’union par le haut, par exemple en pensant qu’un seul homme, roi ou président, suffira à faire taire les discordes. La Boétie a sous-titré son Discours de la servitude volontaire le «Contre-un». Il visait justement cette tentation de sacrifier la liberté singulière des sujets au mythe de l’unité sociale. Au nom de la force que confère l’unité on abandonne parfois le droit. Surtout lorsque l’on se met à croire que l’union s’incarne dans un monarque, fut-il présidentiel.
C’est pourquoi il n’y a pas d’union populaire sans débats intenses sur les institutions. Une institution démocratique est justement ce qui fait tenir des individus ensemble sans nier leurs singularités : comme dans un Parlement idéal, on y recherche l’unité à travers la discussion des désaccords. L’union fait le droit autant que la force si elle est conquise à chaque instant plutôt que postulée une fois pour toutes. Spinoza, le seul philosophe classique à être authentiquement démocrate, disait qu’une multitude a moins de chances de se tromper qu’un individu isolé, ne serait-ce que parce qu’il est rare que beaucoup de personnes s’entendent «sur une seule et même absurdité». Plus on est de fous, moins on délire sur la même folie, plus il y a de chances que nos illusions se neutralisent les unes les autres. L’union populaire fait la force (Spinoza dirait plutôt la «puissance») si elle demeure toujours «nouvelle», c’est-à-dire si elle valorise le conflit.
Michael Foessel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
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Le bac philo de Libé: l'union (populaire) fait-elle la force?
Alerte, voilà le bac philo ! Pour le réviser, "Libé" fait plancher les philosophes sur des sujets revisités. Au tour de Michaël Fœssel d'explorer la question arithmétique : quand un plus un ...
"La réforme du bac est un désastre"
EXTRAITS
« Le bac en mars, une mesure qui pénalise les apprentissages de nombreux lycéens »
La réforme du bac est un désastre, estime Jean-Yves Mas, professeur en sciences économiques et sociales en lycée, dans une tribune au « Monde ». Elle pénalise les plus faibles, rend le suivi des élèves plus difficile et ampute d’un tiers leur formation.
Pendant que le gouvernement et Le Figaro font la chasse au « wokisme » dans l’éducation nationale, les professeurs qui enseignent une matière de spécialité en terminale n’ont eux qu’un seul objectif : finir impérativement le programme avant le mois de mars. En effet, cette année, la réforme du lycée, dont l’application avait été perturbée par le confinement et l’épidémie de Covid-19 en 2020 et 2021, s’applique désormais pleinement en terminale, et sa mesure la plus absurde est désormais effective : les épreuves d’enseignement de spécialité auront bien lieu à la mi-mars 2022 et non fin juin comme avant la réforme.
Rappelons que dans le nouveau « bac Blanquer », les élèves choisissent deux spécialités qui comptent pour 32 % de la note finale et qui sont évaluées par un examen terminal (coefficient 16 chacune). Autrement dit, la génération 2004, après avoir subi le confinement en 2020, et eu cours les deux tiers de l’année en demi-jauge en 2021, voit sa formation amputée d’un tiers par la réforme du bac de 2022.
En effet, la prise en compte des notes du bac dans Parcoursup est une des mesures-phares de la réforme de Jean-Michel Blanquer et de Pierre Mathiot. Les années précédentes, les dossiers de Parcoursup étaient remplis à la moitié de l’année scolaire, la sélection se faisait alors sur les résultats du premier et du deuxième trimestre. En fixant le passage des spécialités au mois de mars, la réforme permet donc d’intégrer les notes des spécialités dans Parcoursup.
(...)
... le plus grave, c’est qu’en amputant d’un tiers le temps d’apprentissage global des élèves dans les disciplines censées représenter le cœur de leur formation, la réforme du bac risque de pénaliser les élèves les plus faibles, ceux qui ont le plus besoin de temps pour maîtriser certaines compétences. Quand on voit les difficultés de certains jeunes à maîtriser orthographe et expression, on ne peut que s’indigner des effets délétères de l’avancement des dates du bac sur le niveau réel des élèves.
On pense ici notamment à l’exercice de la dissertation dans certaines spécialités (sciences économiques et sociales ; histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues), dont l’apprentissage commence, certes, en 1re, mais qui étaient, jusqu’à présent, approfondies surtout en terminale. Seuls les élèves qui auront acquis ces savoir-faire en 1re seront donc capables de satisfaire aux exigences méthodologiques des épreuves de spécialité. C’est donc bien une mesure qui pénalisera les apprentissages de nombreux lycéens puisque ces compétences ne seront en général pas revues à l’université.
(...)
Le bilan de la réforme du bac est tout simplement désastreux : elle pénalise les élèves les plus faibles, complexifie les emplois du temps des lycéens (qui ont parfois cours de 18 heures à 19 heures), engendre des tensions supplémentaires à propos du contrôle continu, rend le suivi des élèves plus difficile et ampute d’un tiers leur formation. En assujettissant l’enseignement au lycée au dispositif de sélection Parcoursup, le ministère de l’éducation montre qu’il considère désormais que le rôle du lycée est uniquement de sélectionner les élèves et non de participer à leur formation intellectuelle. Voilà pourquoi nous estimons qu’il doit repousser les dates du bac au mois de juin et renoncer à cette réforme absurde et inutile.
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" Le bac en mars, une mesure qui pénalise les apprentissages de nombreux lycéens "
TRIBUNE. La réforme du bac est un désastre, estime Jean-Yves Mas, professeur en sciences économiques et sociales en lycée, dans une tribune au " Monde ". Elle pénalise les plus faibles, rend l...