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Vivement l'Ecole!

art

Sortir... "Un bestiaire japonais. Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo (XVIIIe/XIXe siècle) - Paris/Maison de la culture du Japon

3 Décembre 2022 , Rédigé par Maison de la culture du Japon Publié dans #Art, #Culture

Un bestiaire japonais Vivre avec les animaux à Edo-Tokyo ( XVIIIe et XIXe  siècles) - broché - Collectif - Achat Livre | fnac

Cette nouvelle exposition de la MCJP évoque l’histoire des relations des habitants de la ville d’Edo – qui deviendra Tokyo en 1868 – avec les animaux et témoigne de la culture à laquelle cette coexistence a donné naissance. Coorganisée avec le Edo-Tokyo Museum, elle réunit plus d’une centaine d’estampes ukiyo-e, de peintures et d’objets du quotidien. Au fil du parcours, le public pourra appréhender cette symbiose entre l’homme et l’animal, de même que l’attention portée à l’environnement naturel qui régnaient aux XVIII e et XIX e siècles dans la ville d’Edo. 

SALLE D’EXPOSITION (NIVEAU 2)
TARIF 5 € / RÉDUIT 3 €*
RÉSERVATION CONSEILLÉE SUR NOTRE BILLETTERIE

MARDI-SAMEDI > 11H-19H NOCTURNE LE JEUDI JUSQU’À 21H

FERMÉ LES JOURS FÉRIÉS ET PENDANT LES VACANCES DE NOËL
COORGANISATION : TOKYO METROPOLITAN FOUNDATION FOR HISTORY AND CULTURE / EDO-TOKYO MUSEUM
AVEC LE CONCOURS DE JAPAN AIRLINES ET DE L'ASSOCIATION POUR LA MCJP

Pour en savoir plus, cliquer ci-dessous

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De Baruch Weil à Marcel Proust. Entretien avec Antoine Compagnon (vidéo)

2 Décembre 2022 , Rédigé par La Vie Des Idées Publié dans #Litterature, #Art, #Culture

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Sortir... Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d'or à l'Institut du Monde Arabe / Paris

25 Novembre 2022 , Rédigé par France Culture Publié dans #Education, #Art, #Histoire, #Culture

Expo "Sur les routes de Samarcande" Institut du monde arabe

Une collection d’œuvres uniques, exposées pour la première fois hors des musées d’Ouzbékistan, qui nous plongent dans l’histoire et les savoir-faire ancestraux d’un pays creuset de civilisations millénaires. Du 23 novembre au 4 juin 2023 à l'Institut du Monde Arabe à Paris.

Somptueux manteaux chapans et accessoires brodés d’or de la cour de l’Émir, selles en bois peintes, harnachements de chevaux en argent sertis de turquoises, précieuses tentures brodées suzanis , tapis, ikats de soie, bijoux et costumes de la culture nomade ainsi qu’une quinzaine de peintures orientalistes : au fil d’un parcours déployé sur plus de 1100 m² se déploient près de 300 pièces inédites, représentatives des trésors de l’Ouzbékistan.

Des trésors d'artisanat constitutifs de l'identité ouzbèke

« Sur les routes de Samarcande » magnifie la renaissance des splendeurs artisanales au XIXe et au début du XXe siècle, constitutives de l’identité ouzbèke. Le textile, à l’instar des puissances du monde islamique, y joue un rôle capital ; la broderie de Boukhara, notamment, occupe une place particulière parmi les nombreuses formes d’art d’Ouzbékistan.
Bien d’autres pièces sont à découvrir au fil de l’exposition, offrant une perspective plus large de la société de l’époque, dont les fameux ikats et leur florilège de couleurs, des tissages fruit de techniques ancestrales, et des spécificités stylistiques régionales du Khorezm, de la vallée du Ferghana ou de la région du Karakalpak, où des accumulations de bijoux prolongeaient le vestiaire féminin.

Partenaire
Institut du Monde Arabe

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Sortir... "Sam Szafran. Obsessions d'un peintre" - Musée de l'Orangerie/Paris - Jusqu'au 16 janvier...

16 Novembre 2022 , Rédigé par Musée de l'Orangerie Publié dans #Art, #Culture

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Sortir... "Marcel Proust, la fabrique de l'oeuvre" - Bibliothèque François-Mitterrand/Paris - 11/10/2022 au 22/01/2023

12 Novembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Litterature, #Art

À l’occasion du centième anniversaire de la mort de Marcel Proust, la BnF propose une exposition conçue comme une véritable traversée d’À la recherche du temps perdu. Conduisant le visiteur à travers les étapes de la composition du roman, elle raconte la fabrique de l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature à travers près de 370 documents – manuscrits, tableaux, photographies, objets, costumes –, issus de l’exceptionnel fonds Proust de la Bibliothèque et d’autres collections publiques ou privées. 

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Frida Kahlo racontée aux enfants : une artiste symbole de résilience

7 Octobre 2022 , Rédigé par The Conversation Publié dans #Education, #Culture, #Art

La chronique de Delphine : Frida Kahlo, icône mondiale ou icône mondialisée  ? - Mission égalité - diversité - Université Claude Bernard Lyon 1

Frida Kahlo racontée aux enfants : une artiste symbole de résilience
Statue de l'artiste Frida Kahlo, dans le parc du même nom. Jeff Reuben, Wikimedia Commons, CC BY-SA
Eugénie Fouchet, Université de Lorraine

En racontant des histoires autour du vivre-ensemble, de la solidarité et de l’inclusion, la littérature de jeunesse ouvre sur une meilleure sensibilisation à la différence. En s’identifiant à des personnages témoins d’une altérité culturelle et/ou corporelle, ou tout du moins, en se projetant dans leur vie fictionnelle, les jeunes lecteurs et lectrices sont incités à poser un regard plus avisé et tolérant sur l’autre. Ce qui passe notamment par la proximité entre l’enfant/lecteur et l’enfant/personnage, en raison de similitudes d’âge et d’expériences familières et quotidiennes.

Le handicap est souvent mis en scène dans la littérature de jeunesse contemporaine. Par rapport aux années 1980 et 1990, les représentations y sont moins stéréotypées, moins moralisatrices et surtout beaucoup plus diversifiées et complexifiées. Raconter le handicap permet de mieux y sensibiliser les enfants, tout en brisant les tabous qui y sont liés.

Les personnages apparaissent comme des passeurs pour leurs lecteurs. À l’instar des personnages valides, ils sont incités à adopter une attitude solidaire et tolérante vis-à-vis des personnes handicapées. Les lecteurs et lectrices handicapés trouvent, de leur côté, à travers le personnage handicapé un parfait double fictif. Ils se retrouvent pleinement dans son quotidien parce qu’ils sont probablement confrontés aux mêmes difficultés d’accessibilité, de mobilité ou encore d’intégration auprès de leurs pairs. Ils trouvent, par ailleurs, du réconfort et de l’espoir face à l’amélioration du quotidien du protagoniste handicapé.

La littérature de jeunesse offre un riche réservoir de représentations du handicap, à hauteur d’enfants et d’adolescents. Le recours fréquent à un personnage animal ainsi qu’à l’imaginaire permet de parler de façon détournée et onirique du handicap, par exemple en ayant recours aux métaphores de l’animal blessé, de la fée sans ailes, comme dans l’album du même nom, de Martine Delerm, ou Tico et les ailes d’or, de Léo Lionni, ou encore de la poupée cassée.

Les mises en mots et en images des corps handicapés se révèlent dans toute leur féconde force symbolique et créative. Elles sont référentielles, métaphoriques ou euphémiques : le corps animalisé et notamment le « corps ailé », le corps prothétique (symbole, parfois, d’un corps augmenté), ou encore le corps-fauteuil. Cette dernière image est polysémique, en ce sens qu’elle est synonyme d’entrave ou, à l’inverse, de mobilité.

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Grâce à l’imaginaire et à l’art, le personnage se façonne un corps mouvant et hybride ; il saisit de fait la possibilité et même la liberté de se recréer une ou des identité(s) notamment corporelle(s), qui lui ressemble(nt) véritablement. L’altérité du personnage devient alors choisie et assumée, valorisée et même sublimée. Le personnage réinvente, transcende et donc se détourne, s’affranchit de son seul corps handicapé, dans lequel il est, par essence, défini et figé.

La littérature de jeunesse dévoile des imaginaires et des esthétiques du handicap. Certains albums se font symboliquement œuvres d’art, par le mariage parfait de la poétique de l’image à la poétique du texte. C’est le cas du livre animé Frida, de Sébastien Perez, qui se révèle spectaculaire, par son grand format ainsi que par l’interférence de ses planches illustrées découpées et aux couleurs chatoyantes.

Bande-annonce du livre « Frida « par Sébastien Perez & Benjamin Lacombe, Éditions Albin Michel 2016.

Cette galerie de tableaux en relief recrée l’œuvre de Frida Kahlo, sous le pinceau du talentueux Benjamin Lacombe. Cette immersion picturale dans l’enfance et l’univers de Frida Kahlo se retrouve, dans d’autres albums tels que La poupée cassée : un conte sur Frida Kahlo, de Marie-Danielle Croteau et Rachel Monnier ou Frida c’est moi de Sophie Faucher et Carmina Cara.

Frida Kahlo, une artiste déterminée

Depuis les années 2000 à aujourd’hui, une vingtaine de documentaires jeunesse et d’albums ont été consacrés à cette artiste. Certains albums s’inscrivent dans des éditions ou des collections spécifiquement consacrées à des artistes et/ou à des scientifiques. Ainsi, l’album Frida Kahlo des éditions Kimane est publié dans la collection « Petite § Grande » qui valorise des femmes inspirantes et courageuses, devenues célèbres.

éd.Kimane

La renommée de la peintre mexicaine Frida Kahlo renvoie tant à la singularité, à l’importance de sa peinture qu’aux grandes épreuves qu’elle a traversées : la poliomyélite dont elle est atteinte, le tragique accident qui, à dix-sept, lui a causé de multiples fractures et l’a contrainte à porter un corset orthopédique, toute sa vie. Alors qu’elle reste alitée à la suite de cet accident, elle s’initie à la peinture et notamment à l’autoportrait pour mieux apprivoiser mais aussi mettre à distance son corps meurtri. Elle trouve ainsi la force de vivre, d’extérioriser son moi intérieur, ses traumatismes ainsi que sa douleur.

Frida Kahlo symbolise, pour les jeunes lecteurs et surtout les jeunes lectrices, une héroïne remarquable. Elle incarne l’émancipation féminine et la créativité, si bien qu’elle a marqué l’histoire culturelle du XXe siècle, tant par l’originalité et la richesse de ses œuvres que par son parcours personnel. Sa vie et son œuvre témoignent de sa détermination inébranlable, puisée dans ses souffrances corporelles et psychologiques. Grâce à son talent créatif, sa vulnérabilité est devenue sa force même. Son expérience artistique est corrélée à son expérience du handicap.

Éditions les 400 coups

La renaissance symbolique de la jeune femme en artiste est au cœur des albums. L’art permet à Frida Kahlo de contourner, compenser et même transcender les souffrances, les limites imposées par son corps diminué et brisé. Sa souffrance, souvent extériorisée sans fard dans sa peinture-miroir, est ainsi conjurée. Aussi les pinceaux de Frida symbolisent-ils les ailes de sa liberté, à l’origine de son vital élan créatif. Son esprit combatif corrélé à une forme de dépassement de soi ou encore de résilience par la peinture ouvre sur un message d’espoir, à l’adresse des jeunes lecteurs et lectrices pour les inciter à réaliser leurs rêves, malgré les épreuves de la vie.

Dans La poupée cassée, le portrait final de Frida Kahlo la dépeint assise majestueusement sur son lit à baldaquin et les bras croisés. Le drap blanc, chamarré et drapé qui recouvre ses jambes concourt à l’effacement symbolique de son corps handicapé.

L’art intimiste et cathartique de Frida Kahlo

Les albums offrent une immersion dans l’œuvre de Frida Kahlo, à travers son processus créatif. D’où les portraits récurrents de l’artiste au travail, entourée des toiles vierges ou peintes et de son matériel : une palette, un chevalet, des pinceaux, des crayons… Frida Kahlo et Frida c’est moi s’achèvent, à merveille, sur la mise en scène d’une exposition de l’artiste, entourée de ses œuvres. La consécration de l’artiste qui se révèle ici concourt à héroïser Frida Kahlo.

Entrevue de Paloma Martínez avec l’auteure et l’illustratrice de l’album jeunesse Frida c’est moi, Sophie Faucher et Cara Carmina (Norma Andreu) respectivement (Radio Canada International).

Si les autoportraits sont recréés de façon plus enfantine, ils n’en demeurent pas moins empreints de la souffrance corporelle et psychologique de l’artiste. D’ailleurs, les albums figurent deux emblématiques autoportraits de Frida Kahlo qui exacerbent le plus le corps souffrant et/ou blessé : « La colonne brisée » et « Les deux Fridas ».

Le corps fracturé de l’artiste est transfiguré, dans la représentation assez fidèle de La colonne brisée, dans Frida : de son buste nu et fracturé en deux, se dévoile une colonne ionique grecque. Son corps mutilé est exacerbé et sublimé par la technique de la découpe au laser.

Dans Frida Kahlo, tous les motifs du tableau d’origine « Les deux Fridas » sont dépeints, tels que les deux cœurs apparents et même exhibés des femmes qui les relient l’une et l’autre, par les veines, etc. L’impression d’une peinture qui jaillit de la chair et du sang de Frida se retrouve bien ici. D’ailleurs, la brutale mise à nu des corps souffrants est à peine atténuée par les traits un peu plus schématiques du cœur écorché ou par le visage plus enfantin et moins grave des sujets peints. Les couleurs ici un peu plus claires et douces amoindrissent quand même un peu l’âpreté du tableau. Ils témoignent d’une vision plutôt fidèle de son art, ainsi que de sa dimension intime et cathartique.

Dans Frida c’est moi, les tableaux sont complètement recréés et euphémisés pour être complètement adaptés à des petits enfants. Ils sont beaucoup plus colorés, naïfs, simplifiés et moins sombres aussi. Ils ne gardent que quelques motifs centraux des autoportraits originaux, à l’instar du corset dans La colonne brisée. Or, ce corset suffit à signifier l’immobilisation partielle du corps. Frida Kahlo est dépeinte, sous les traits d’une très jeune fille afin de susciter la proximité mais aussi l’empathie avec les lecteurs et lectrices. Les albums proposent, somme toute, une passionnante entrée dans l’univers artistique de la peintre.The Conversation

Eugénie Fouchet, Docteure ès lettres, au CREM, Université de Lorraine

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Sortir - Habibi, les révolutions de l'amour - Institut du Monde Arabe, Paris - 27 septembre 2022 - 19 février 2023

28 Septembre 2022 , Rédigé par IMA Publié dans #Art

Institut du monde arabe (@imarabe) / Twitter

Poursuivant la mise en valeur par l’IMA des 1001 facettes de la culture arabe et de sa créativité, « Habibi, les révolutions de l’amour » présente, déployées sur 750 m2, des œuvres récentes autour des identités LGBTQIA+. Autant de nouveaux regards, exprimant avec force les interrogations sociales, personnelles et esthétiques qui traversent la création contemporaine.

À l'attention des visiteurs : L'accès à certaines œuvres présentées lors de cette exposition est réservé aux seules personnes majeures.

 

Comme dans de nombreuses autres régions du monde, des luttes se jouent dans le monde arabe pour pouvoir exprimer librement son identité de genre et sa sexualité. Les soulèvements populaires de ces dernières années ont profondément bouleversé les sociétés et ont permis une amplification du militantisme LGBTQIA+. Les artistes, qu’ils se trouvent dans le monde arabe ou dans les diasporas, participent à leur manière à ce mouvement. Ils questionnent, témoignent, se battent en créant des œuvres bouleversantes, intimistes ou exubérantes, de résilience ou de lutte, sentimentales ou politiques, qui explorent leurs identités mais également leurs secrets, leurs émotions, leurs souvenirs et leurs rêves. Dans un monde où la présence des LGBTQIA+ n’est pas toujours acceptée, voire sanctionnée, l’exposition montre les territoires explorés par ces artistes : l’intime, le quotidien, le rapport au corps, l’engagement.

À travers ces récits qui se jouent des règles et de la norme, il est aussi question de l’émancipation individuelle, de la liberté des corps, de la liberté d’exister dans sa différence et de la liberté d’aimer. En cela, les artistes exposés à l’IMA dépassent les genres, et touchent à l’universel.

Commissariat :

Elodie Bouffard, Responsable des expositions

Khalid Abdel-Hadi, Directeur éditorial de My Kali magazine

Nada Majdoub, Commissaire associée

Autour de l'exposition

Visites guidées pour les groupes et les visiteurs individuels, séances de Jeudis de l’IMA, échanges en live dans le cadre du podcast Jins, rencontres littéraires, séances de cinémas et performances inédites.

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A voir... "Les travaux et les jours" d'Anders Edström et C.W. Winter...

22 Juin 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Cinema, #Art

Sur plus de huit heures, la chronique de C.W. Winter et Anders Edström suit, au fil des saisons, le quotidien d’une communauté paysanne dans les montagnes de Kyoto. Une expérience bouleversante qui mêle fiction et réalité où transperce la permanence des choses mais aussi de leur finitude.

Le temps – étendu, dilaté, répété – est ce qui permet aux cinéastes C.W. Winter et Anders Edström de faire advenir les Travaux et les Jours. Etalée sur plus de huit heures et trois longs métrages, cette chronique de la vie d’un village des montagnes de la préfecture de Kyoto s’organise autour de cycles. Celui des jours et des nuits, des levers et des couchers, celui des repas, de la besogne quotidienne et agricole qui s’adapte au temps météorologique. On semait hier, on sème aujourd’hui, on sèmera demain. En cinq saisons et quatorze mois, le film compose le portrait d’une famille, d’une communauté, d’un territoire autour d’un village de 47 habitants de la vallée de Shiotani. Un espace à la fois hors du temps – et des cadences de la ville – et en plein dedans, puisqu’un décompte plane au-dessus de ces montagnes. A mesure que les jeunes quittent les lieux, ces espaces se dépeuplent. Condamnés par la marche de l’histoire.

Il est justement question d’histoire dans la première scène du film – bien que la période de référence semble un peu floue. Autour d’un kotatsu (ces tables basses qui servent de chauffage collectif) sur lequel s’empilent les bières, une douzaine d’hommes racontent des conneries en riant. Ils ont entre 40 et 60 ans. La nuit est déjà bien avancée. Le plus loquace explique que, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, en France, il n’y avait pas de toilettes. Les gens faisaient caca dans la rue, assure-t-il. Et c’est parce qu’il y avait de la merde partout que les Français ont inventé le talon aiguille. Pour marcher dans la fange, mais sans la toucher. Depuis l’extérieur de la maison, on entend encore les explosions de rires quand un invité remonte dans son camion et s’en va jusqu’à la maison de Tayoko Shiojiri. Avec son mari, Junji, cette vieille dame, qui résume pour nous sa journée à chaque aurore, sert de point d’ancrage à un film rythmé par ses gestes. On la regarde dans ses tâches domestiques, nettoyer l’autel familial, en rendez-vous médical, ou s’activer sur le lopin de terre où elle cultive des radis blancs.

Cohabitation du naturel et de l’artificiel

En ne se comportant pas comme les films bien élevés qui ne s’étirent pas au-delà de trois heures, les Travaux et les Jours s’affranchit de toute forme de hiérarchie. Si cette femme revient à l’écran jusqu’à ce que se forme un récit de vie, le film s’intéresse tout autant aux mues de la nature qu’aux mots de l’humain. A la parole et aux échanges, qui constituent les temps forts du film, s’ajoutent une multitude de temps «faibles». Tout sauf faibles, en réalité, encore moins «morts» puisqu’ils montrent l’étendue du vivant. C.W. Winter et Anders Edström dessinent un lieu. Regarder une journée, c’est s’attarder sur la disposition d’un quartier pavillonnaire de la vallée et voir comment le logement est rhabillé par les saisons. C’est observer comment chacun fait ses courses, mais aussi un talus pilonné par le soleil, l’écoulement de la pluie sur un bout de grillage, une fenêtre couverte d’insectes, les bâches qui couvrent les légumes. Des formes sans cesse renouvelées par l’heure, la lumière, le climat. C’est observer la cohabitation du naturel et de l’artificiel, du beau et du moche. En regardant et regardant encore, le film montre la permanence des choses et leur finitude.

Ces moments de stase, hors de l’humain et de la narration, établissent un autre type de transaction avec le spectateur. Le plein et le vide. Sauf qu’il ne faudrait pas chercher à remplir ces vides. Un couloir, la nuit, n’est pas une métaphore ou un outil surexpressif à la manière des pillow shots d’Ozu dont ces natures mortes semblent pourtant hériter. C’est un couloir vide. Passés au tamis de ce regard horizontal, à plat, les plans composent un écosystème. Une concomitance. Il faut voir et écouter. Regarder la route, les pins centenaires, mais également embrasser le chant des oiseaux, le ronflement des bagnoles ou d’une tronçonneuse. Apprécier le son mat d’un orage sur la neige comme le tac-tac régulier d’un robot ménager qui remue de la pâte à beignet. Le flish-flosh de la chaussure mouillée sur le béton comme la sérénade d’un insecte en surrégime qui éclipse le chant des grillons l’été. Le film s’entend autant qu’il s’observe. Les deux sens entrant parfois en contradiction, ou établissant des liens neufs, lorsque l’image dit une chose et que le son en dit une autre. Ainsi le récit d’une mythologie familiale (Iwo Jima, le paludisme et l’aubergine) partagé dans une voiture lancée sur l’autoroute est-il sonorisé par un chant d’hirondelles. Façon de dire que tout se déroule en même temps, tout le temps. Qu’examiner les humains ne fait pas disparaître les arbres.

Lettre d’amour posthume

Dans son extension infinie, les Travaux et les Jours habite le spectateur différemment. Invité surprise dans une famille éloignée qu’on ne se connaissait pas, on suit une discussion d’après repas. Dos à nous, un homme en pull vert raconte ses années d’étudiant. Plan fixe à la Ozu : caméra au ras du sol, avec des gens qui entrent et sortent au premier plan. Il dit sa bataille avec ses parents pour faire des études. La magie de sa découverte de Tokyo. Ses examens ratés et le futur retour au village. Il pleure, cherche des mouchoirs. On a envie de crier qu’ils sont là, sous la table. On ne sait pas qui sont ces gens, mais ils nous offrent leur intimité, leurs regrets, leurs joies.

Une précision. Que le film ne donne pas, sauf à scruter les crédits. Les Travaux et les Jours est un documentaire et aussi une fiction. Tayoko est la belle-mère d’Anders Edström et a déjà joué dans les films des deux cinéastes. Ce film-là devait être son portrait ainsi que celui de son mari Junji. Mort subitement deux semaines avant le début du tournage, l’homme est ici interprété par un ami d’enfance de la dame. Chaque reproche, chaque mot doux prononcé par elle se charge alors d’une autre portée. Lettre d’amour posthume. La maladie, l’affaiblissement et la mort traversent le film. Dès les premières minutes, Junji l’acteur regardait la vie dans un album de photos. Des paysages, des soirées mémorables, un enterrement. Probablement le sien. Les cycles de la nature se confondent avec ceux du corps. Le temps du film est du temps volé à la vie. On s’aimait hier, on s’aime aujourd’hui, on s’aimera demain.

Marius Chapuis

«Les Travaux et les Jours, parties 1, 2 et 3», d’Anders Edström et C.W. Winter, avec Tayoko Shiojiri, Hiroharu Shikata, Ryô Kase… 3h33, 2h10 et 2h28.

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Sortir... Le musée de Cluny ou la renaissance du Moyen-Âge

16 Mai 2022 , Rédigé par France Culture Publié dans #Histoire, #Art

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Sortir... Machu Picchu et les trésors du Pérou - Cité de l'architecture et du patrimoine - Jusqu'au 4 septembre

30 Avril 2022 , Rédigé par France Inter Publié dans #Architecture, #Art, #Histoire

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