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Vivement l'Ecole!

antisemitisme

L’antisémitisme, une valeur actuelle. Par Cécile Alduy (Janvier 2020)

29 Août 2020 , Rédigé par Site de Benjamin Stora Publié dans #Société, #Antisémitisme, #Racisme

L’antisémitisme, une valeur actuelle. Par Cécile Alduy (Janvier 2020)

EXTRAIT

Doit-on s’offusquer qu’un journaliste de la droite conservatrice portraiture un intellectuel de gauche en « poussah pontifiant » qui a « fait du gras » depuis ses jeunes années d’étudiant ?

L’article de Bruno Larebière sur l’historien Benjamin Stora, paru dans le numéro spécial d’octobre 2019 de Valeurs actuelles sur la guerre d’Algérie a suscité l’indignation. Plus de quatre cents intellectuels sont signé une pétition contre ce texte jugé antisémite. Pourtant, si l’attaque ad hominem sur le physique de l’historien est abjecte, l’article à charge s’attarde peu sur les origines juives de l’universitaire. On est loin de Céline, ou de Je suis partout. Mais qu’est ce qu’un texte antisémite à l’aube de 2020 ? Décryptage.

Interrogé par nos soins, Larebière confie être « tombé des nues ». : « Je me contrefiche éperdument que Stora soit juif. Se serait-il appelé Kervadec, issu d’une lignée catholique de Concarneau (…) que j’aurais fait, ou pu faire, le même papier ». A première vue, rien dans l’article ne désigne explicitement la judéité de Benjamin Stora à la vindicte : il y est fait deux mentions, dont l’une est une citation de Stora lui-même. Pour le reste, le texte est une biographie acerbe de l’ascension sociale de l’universitaire : jeunesse lambertiste, consécration comme conseiller des princes et des médias. Mais la clé de la lecture de ce récit est dans le prélude, un double portrait physique de Stora jeune et « émacié » d’abord, puis corpulent aujourd’hui : « L ‘homme n’a pas seulement fait du gras, il a enflé (…) Gonflé, au risque d’exploser de cette mauvaise graisse ayant prospéré à proportion de la vanité qui n’a cessé de croitre en lui à mesure que s’élevait son statut social ».

Les images ont une idéologie.

Pourquoi donc parler du corps d’un intellectuel ? Que l’article passe entièrement sous silence l’apport scientifique de l’universitaire met la puce à l’oreille : ce n’est pas une vie réelle qui est contée, mais une fable. Comme Giton, le « riche » de La Bruyère, Stora prend trop de place, littéralement et socialement. La masse de ses travaux (52 livres) au lieu d’être à son crédit témoigne de son « poids » médiatique excessif. Si le corps de l’universitaire est une métaphore, sa vie est une parabole en filigrane de l’hégémonie culturelle grandissante de la gauche sur l’histoire de la colonisation et de l’essor de l’immigration (« massive » pour l’extrême-droite) qu’elle favorise.

On est loin de l’iconographie du Juif Süss, mais c’est le même procédé narratif de la parabole à valeur d’avertissement, ici par allusion. Stora a gagné la confiance des puissants (à force d’une ruse particulièrement perverse : la compétence !), il avait un agenda caché (l’immigration), résultat (que le lecteur de Valeurs actuelles n’aura aucun mal à déduire) : la France est menacée d’invasion, et « d’explosion ».

(...)

Cécile Alduy, Professeur à Stanford University, chercheuse associée à Sciences Po. Cécile Alduy a publié Ce qu’ils disent vraiment. Les Politiques pris aux mots (Seuil, 2017).

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