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Vivement l'Ecole!

Mouloudji... Et Apollinaire...

5 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Guillaume Apollinaire...

5 Octobre 2022 , Rédigé par christophe

lettre ? lou apollinaire extrait

 

Au demeurant, je vais en écrire un pour vous tout exprès et nul doute qu'inspiré par une passion aussi violente et puisque c'est de vous qu'il s'agit, d'une essence aussi délicate, je n'écrive là mon livre le plus rempli de cette humanité qui est à mon gré la seule chose digne de toucher les hommes et d'être recherchée par un écrivain.

J'aurais voulu déjà écrire un poème pour vous. Il m'eût été trop personnel et n'eût dépeint que les sentiments que vous avez éveillés en moi et aussi votre grâce. Mais, en somme je ne connais rien de vous sinon que je vous trouve infiniment jolie et digne d'être aimée sans espérance de retour.

Je voudrais tout savoir de vous et je ne sais rien, sinon que vous avez été mariée et ne l'êtes plus.

 

Guillaume Apollinaire - Lettres à Lou

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Journée du droit au collège : «Il y a des gens plus égaux que d’autres»

5 Octobre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Egalité

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A Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, le président du Conseil national des barreaux Jérôme Gavaudan est intervenu dans un établissement afin de «promouvoir le droit». De grands principes sans cas pratiques qui auraient permis aux collégiens de plus s’impliquer dans les débats.

«Il est connu ou pas ?!» «Fais une photo avec lui au pire !» Dans la salle de classe, Me Jérôme Gavaudan a déjà commencé à répondre aux journalistes, il est prêt, à la place du professeur. Son costume bleu en jette, comme ses cheveux : gris et courts, impeccables. Il est presque 8 heures, les élèves de la classe de 5e du collège Gabriel Péri d’Aubervilliers entrent mi-curieux, mi-impressionnés. Ils sont un peu plus d’une vingtaine, dans des manteaux gris, des vestes à capuches noires. Ici, c’est plutôt le jogging qui est tendance.

«Eh mais comment il fait froid !», lance un des jeunes. Rapidement, le silence se fait. L’avocat peut se présenter : Me Jérôme Gavaudan, conseiller marseillais depuis 1990, président du Conseil national des barreaux (CNB). «C’est quoi ?» «L’institution qui regroupe tous les avocats de France», répond simplement celui qui insiste pour que, aujourd’hui au moins, on l’appelle Jérôme. «Je ne suis pas non plus le chef des avocats ! Mais si vous imaginez une pyramide… Je suis tout en haut.» Voilà pour le pedigree. Le président du CNB s’est déplacé en région parisienne à l’occasion de la journée du droit au collège.

Depuis cinq ans, des avocats interviennent dans des établissements volontaires pour échanger avec des élèves sur le rôle de la justice, son fonctionnement, avec, à chaque fois, un thème. Cette année, ce sont 500 collèges qui participent. A Aubervilliers, c’est la CPE Mathilde Zarrougui-Malon qui avait entendu sur France Inter – «la radio des profs» – qu’une telle journée existait. Le thème proposé cette année l’a particulièrement intéressée : sommes-nous tous égaux face au droit ?

Spoiler : non. Mais la question mérite d’être posée, d’autant plus avec des jeunes de 11 ans à 13 ans. Parmi eux, Moussa, sweat bleu et pantalon de sport noir. Derrière sa nonchalance apparente, il cache une vivacité d’esprit qu’il a parfois un peu de mal à contrôler. «Mais t’es bête toi», l’entendrons-nous répondre à celles et ceux qui ne sauront pas exactement identifier le rôle d’un procureur. Son professeur, M. Selamati, éprouve quelques difficultés à le contenir.

On parle violences conjugales, greffier, victimes, échelle des sanctions droits des mineurs… Ça baille un peu à droite, à gauche. Qui décide du droit, d’ailleurs ? «Le président de la France !» «C’est Macron !» «Mais non, c’est l’Assemblée nationale qui vote les lois», rectifie calmement Nida, jeune fille aux cheveux lisses assise au premier rang

«Se faire sanctionner pour sa couleur de peau»

Après une heure de discussions un peu générales, le temps que les élèves se familiarisent avec la présence d’inconnus dans leur classe, les débats s’emballent un peu. Sommes-nous égaux face à la justice ? Le «non» l’emporte. Pour Ibrahim, dégaine fatiguée et corps avachi, les pauvres ont moins de moyens pour se payer de bons avocats. «Oui, il y a beaucoup d’injustices quand même», note Nida, toujours très calme. Sadio complète : «Une injustice, c’est quand quelqu’un n’a rien fait mais qu’il se fait sanctionner, pour sa couleur de peau par exemple.» Le groupe acquiesce. «Par exemple, dans la police, il y a des racistes, je l’ai vu dans Enquête d’action, enchaîne Moussa. En fait, il y a des gens plus égaux que d’autres.» Petit malaise du côté de la défense. «La France est un pays qui accueille tout le monde, quelle que soit son origine, sa couleur de peau, son handicap, argumente Jérôme Gavaudan. Ce dont vous parlez, c’est un mot à la mode, c’est de la discrimination.» Petit malaise du côté de l’encadrement, ce coup-ci. «Mais oui, il ne faut pas être naïf, il y a beaucoup d’inégalités en France», concède tout de même l’avocat.

Dans le fond de la classe, le professeur d’histoire, le vrai, écoute et recadre. A 26 ans, Colin Selamati compte deux années d’expérience dans ce collège de Seine-Saint-Denis. «L’égalité, la justice… Ce sont des sujets qui parlent beaucoup aux jeunes. Vous les voyez vous-mêmes, ils participent beaucoup.» Le tout, sans que les élèves n’aient pu travailler avant. «Ils font des liens avec les cours d’histoire, justement», assure le prof, qu’on devine satisfait, au visage impassible et doux. Sur les murs de sa classe, les fresques historiques servent de décoration, et plus. Une peinture murale funéraire chinoise fait face à Confucius, sous des illustrations de la Route de la soie. «Si on les laisse parler, ils ont beaucoup de choses à dire, surtout à Aubervilliers. Je suis certains que des élèves ici ont déjà vécu des situations compliquées», insiste Colin Selamati. Qui a du mal à masquer son agacement face au déroulement des deux heures de débat, sans aucun cas pratique permettant aux jeunes de se lâcher et de se projeter.

Les avocats ? «Ils font ça pour l’argent je pense»

Et, c’est le jeu des médias, la machine déraille un peu quand notre confrère de la chaîne de télévision M6 doit prendre des images et enregistrer les élèves dont les parents ont donné leur accord. La caméra, supportée jusqu’ici, finit par inhiber les, nombreux, motivés qui prenaient la parole. Même Moussa se tait presque. A la sortie, on demande si certains se verraient avocats un jour. Les réponses fusent, toutes dans le même sens. «Non, c’est trop de responsabilités.» «Je ne pourrais pas défendre un assassin d’enfant, puis moi je veux être architecte !» «Ils font ça pour l’argent je pense.» «Celui qui n’est motivé que par l’argent est un mauvais avocat, tempère Jérôme Gavaudan. On peut même être sanctionné pour cela.»

Le conseil est satisfait de son intervention. «C’est le rôle de l’avocat de promouvoir le droit dans toute la société et il est intéressant de voir qu’ils ont déjà quelques notions, qu’ils utilisent un terme tel que le “vivre ensemble”», se réjouit-il. Interrogé sur une éventuelle distance entre son personnage, unanimement qualifié d’«impressionnant» par les élèves, et son public du jour, il assure : «Ces journées sont surtout l’occasion pour des avocats d’intervenir dans leurs territoires et, justement, une consœur d’Aubervilliers va intervenir dans une autre classe après moi.» On ne peut s’empêcher de lui parler de son costume bleu. «Je me suis posé la question ce matin, peut-être qu’une tenue plus décontractée aurait détendu tout le monde… Mais j’ai aussi des rendez-vous cet après-midi !»

Ludovic Séré

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A voir... "Un beau matin" de Mia-Hansen Love... Avec Léa Seydoux, Nicole Garcia, Pascal Greggory...

5 Octobre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Cinema

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Education à la sexualité (+ commentaire)

5 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Education

Education à la sexualité (+ commentaire)

Éducation à la sexualité : "À chaque séance, des jeunes filles revendiquent le droit de circuler librement, c'est un changement net", raconte une enseignante.

Depuis 2001, les collégiens et les lycéens doivent recevoir au moins trois séances annuelles d'éducation à la sexualité. Mais peu d'établissements scolaires respectent cette obligation.

"Avez-vous déjà eu des cours d’éducation à la sexualité ?" C’est par cette question qu’Aude Paul, professeure de français au lycée Louise Michel de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, débute la séance du jour, consacrée aux stéréotypes de genres. La plupart des élèves de Seconde répondent "oui". Au collège, ils ont étudié la reproduction, la contraception, la prévention des infections sexuellement transmissibles, en cours de SVT. Mais ce matin-là, il s’agit d’aller au-delà de ces aspects biologiques, et de discuter du sexisme, des agressions sexuelles, du consentement.

Des thèmes qui doivent faire partie des cours d’éducation sexuelle, et qui sont souvent peu abordés, d’après une étude menées en 2021 par le collectif #NousToutes auprès de plus de 10 000 personnes. Pire encore, selon un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, rendu public en septembre, à peine 15% des lycéens, et 20% des collégiens, ont suivi les trois séances annuelles obligatoires d’éducation à la sexualité. Le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a lancé mi-septembre un état des lieux de la situation et souhaite voir enfin respecter cette loi.

Les élèves sont invités à "parler librement" dans un "cadre rassurant"

Au lycée de Bobigny, la séance de deux heures débute par le visionnage du court-métrage Majorité opprimée. Dans celui-ci, un homme est harcelé, insulté dans la rue, agressé sexuellement par plusieurs femmes. Puis, quand il va porter plainte, une policière remet en cause son témoignage. Sa compagne lui fait remarquer qu’il portait des vêtements courts, sous-entendant qu’il l’a un peu cherché. Certains lycéens rient de gêne face à la situation, d’autres sont choqués. À l’issue du film, ils s’accordent tous sur un titre à donner au court-métrage : "Monde parallèle", "L’inversion des rôles"...

La discussion commence alors avec les deux enseignantes qui co-animent cette séance. "Dans la vraie vie, ce sont plus les femmes qui se font agresser. Quand ce sont les femmes qui sont victimes, c’est banalisé. Alors que quand ce sont des hommes, ça fait bizarre", souligne Rizlene. "Va-t-on croire un homme quand il dit avoir été agressé ? Parce que normalement, ce n’est pas aux hommes que ça arrive", ajoute une de ses camarades. "Les femmes ne sont pas crues quand elles témoignent", estime sa voisine. Au fil des deux heures de la séance, les lycéens pointent toutes les situations qui leur ont paru problématique dans le court-métrage, avant d’imaginer des moyens de se protéger contre les violences sexistes et sexuelles. Tesnin, une des lycéennes, évoque une vidéo vue sur Tiktok, où "une fille est obligée de faire des cris d’animaux dans la rue, pour éloigner les hommes. Ce n'est juste pas normal de ne pas pouvoir s’habiller sans être sifflée, accostée !"

En face d’eux, Aude Paul, enseignante de français, est là pour définir les termes, différencier harcèlement, agression, viol, donner quelques faits : "Huit agressions sexuelles sur dix sont commises par des personnes qui connaissent la victime. Elles se déroulent plutôt au domicile, au travail, dans la sphère privée, moins dans la rue", et que "98% des auteurs d’agression sexuelle et de viol sont des hommes." Sa collègue, Elodie Gevrey, professeur d’espagnol, donne en fin de séance quelques numéros d’urgence : le 3919 pour les femmes victimes de violences, le 3018 pour le cyber-harcèlement.

De ces deux heures, Ghaouti et Saïd retiennent la notion de consentement et l’importance d’écouter les victimes. "Quand c’est non, c’est non. On ne peut pas demander des choses si elle n’est pas consentante. Il ne faut pas forcer", dit Ghaouti. "Et puis, il faut se mettre à la place des personnes qui se retrouvent dans ce genre de situation", ajoute Saïd. "Ça peut les aider à en parler, à se sentir dans un climat de confiance." Ce climat de confiance, c’est justement celui que les enseignants du lycée Louise Michel tentent d’instaurer. Ils sont une vingtaine à animer ou co-animer des séances d’éducation à la sexualité. Certains ont suivi des modules de formation continue sur le sujet, d’autres se sont renseignés sur les plateformes pédagogiques type Eduscol.

"On a la chance ici d’avoir des enseignants très sensibilisés." Aude Paul franceinfo

Ils "prennent en charge ces séances, ou au moins nous aident à les organiser, et l'équipe de direction nous soutient ", précise Aude Paul, enseignante de français. La co-animatrice de la séance du matin est investie depuis plusieurs années dans le lycée. Elle est la référente pour les autres enseignants sur l’éducation à la sexualité. "Je ne dirais pas qu’au quotidien, dans ce que j’observe dans les couloirs, ces séances changent les mentalités", regrette-t-elle. "En revanche, il y a une prise de parole, bien plus libre. À chaque séance, des jeunes filles revendiquent le droit de circuler librement, dans la tenue qu’elles ont choisi. Ce changement est net. "

Pour sa collègue, Elodie Gevrey, co-animatrice de la séance, "On peut parler de plus en plus de sujets. Certes, il y a des différences culturelles, de lois entre les pays, par exemple sur la polygamie. On doit rappeler qu’elle est interdite en France. Mais on est de moins en moins confronté, gêné par les aspects culturels et religieux." Ces séances sont l’occasion de "donner des informations fiables, des chiffres pour casser leurs préjugés, leurs stéréotypes. On pose un cadre pour discuter de ces thématiques. Un cadre rassurant où ils peuvent poser toutes leurs questions."

Manque de personnel compétent pour assurer les cours d'éducation à la sexualité 

Au lycée Louise Michel de Bobigny, les équipes pédagogiques arrivent à mener une séance par an et par classe d’éducation à la sexualité. Malgré ce volontarisme, cela ne suffit pas à atteindre les objectifs fixés par l'article L. 312-16. de la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, qui impose trois séances annuelles au collège et au lycée, et d’en parler dès l’école élémentaire. Dans les faits, très peu d’établissements y arrivent, comme le pointe le rapport de l’Inspection générale de l’Education, intitulé "Éducation à la sexualité en milieu scolaire".

Selon David Boudeau, président de l’association des professeurs de biologie et géologie, cela s’explique d’abord par un défaut de formation des enseignants sur ces thématiques. Mais aussi par un manque de temps et de place prise par ces questions dans les programmes, notamment en SVT.  Ces cours d'éducation à la sexualité "reposent notamment sur les infirmiers et médecins scolaires, psychologues de l’Education nationale, et ils sont de moins en moins nombreux", constate-t-il. "Dans mon lycée, en Vendée, l’infirmière est à cheval sur plusieurs établissements. Elle ne peut pas former les enseignants, participer et coordonner trois séances par an et par classe. Nous ne pouvons en réaliser qu’une".

Ce déficit d’éducation à la sexualité a des conséquences dramatiques sur les comportements des jeunes. Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, dans une note de vigilance publiée fin août, estime que "l’absence d’éducation à la vie sexuelle favorise le sexisme, qui est lui-même l’antichambre des violences". Sa présidente, Sylvie Pierre-Brossolette établit un lien de cause à effets. "Dans les études que nous avons menés, la tranche des 18-34 ans a des pratiques de violence beaucoup plus élevées que ses aînés. Une partie de la réponse se situe dans l’ignorance totale de ce que doivent être des relations normales et saines entre femmes et hommes", résume-t-elle. 

"L’éducation ne fournit pas son travail, et les images pornographiques comblent le vide. On y voit des rapports sexuels violents, sexistes, parfois racistes."

Sylvie Pierre-Brossolette à franceinfo

La pornographie, mais aussi les stéréotypes sexistes, et la remise en cause de la parole des victimes alimentent ce que les sociologues appellent la "culture du viol". Dans une étude Ipsos, réalisée l’an dernier, un quart des jeunes hommes interrogés estime que lorsqu’une femme dit "non" à une relation sexuelle, cela veut dire "oui".

Thomas Giraudeau

Commentaire :

Article intéressant. J'y lis les mots reproduction, contraception, prévention des infections sexuellement transmissibles, sexisme, agressions sexuelles, consentement, viol, harcèlement, antichambre des violences, pornographie, stéréotypes sexistes. Tous ces mots désignent évidemment des contenus absolument essentiels et qu'il FAUT aborder lors de ces séances.

MAIS... Il y a UN mot qui n'apparait JAMAIS. Celui de “plaisir”.

Si les cours d'éducation à la sexualité (on devrait dire "aux sexualités) oublient le contenu de ce mot-là et aussi difficile que ce soit d'en parler à des adolescent-e-s, on passe à côté de quelque chose qui me semble quand même absolument incontournable.

En lisant l'article, je me suis mis à la place des élèves. Je serais sorti de la salle la trouille au ventre ! Je ne dis pas qu'il faille inciter des ado à avoir des relations sexuelles mais aborder la notion de “plaisir” me semble d'une importance absolue. Ne pas l'aborder, c'est passer à côté d'un aspect capital du sujet.

Mais peut-être ne suis-je qu'un un vieux con soixante-huitard.

Conclusion: prévention ok. Mais pas seulement.


CC

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Journée mondiale de l'enseignement - Mai 68 et l'évolution de l'enseignement... (Audio)

5 Octobre 2022 , Rédigé par France Inter Publié dans #Education, #Histoire, #Pédagogie

Peut-on parler de révolution éducative ? Est-ce que les changements n'étaient pas inéluctables et déjà en germe dans les années 60 ? Comment les élèves, les professeurs ont-ils perçu mai 68 et ce qui a changé à l'École ?

Francis était lycéen en mai 68. Il avait fait une grève de la faim avec ses camarades pour protester contre la nourriture de la cantine ! Une grève très suivie par les élèves. Le climat était à la rébellion. Il n'était plus possible d'accepter le modèle d'enseignement connu jusque-là.

Il y avait un message, délivré par les professeurs et qu'il fallait apprendre par coeur. il n'y avait aucune discussion sur l'enseignement : il fallait accumuler les connaissance et savoir les restituer.

(...)

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Explosion des gestes suicidaires des adolescentes depuis le Covid : un phénomène sans frontière qui demeure inexpliqué

4 Octobre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Jeunesse, #Femme

Suicide chez les adolescents : que faire ? quelle prévention ? | Santé  Magazine

Du Canada à l’Australie en passant par Hongkong, on constate, comme en France, une très forte croissance des gestes suicidaires recensés pour les filles de 10 à 19 ans depuis fin 2020. Alors que la hausse a été faible ou inexistante chez les adolescents. Les chercheurs restent prudents dans les hypothèses avancées pour expliquer ce phénomène.

Début 2022, Libération avait révélé que la hausse des gestes suicidaires enregistrée en France chez les adolescents et les jeunes adultes depuis fin 2020 était essentiellement portée par une progression inédite chez les adolescentes et les jeunes femmes (+27,7 % d’hospitalisations pour lésions auto-infligées chez les femmes âgées de 10 à 19 ans sur la période couvrant septembre 2020 à août 2021 comparée à l’année 2019). Fin septembre, un rapport de la Drees est venu confirmer les éléments que nous avions alors présentés.

Une très forte augmentation des pensées suicidaires et des tentatives de suicide chez les seules adolescentes et jeunes femmes avait déjà été rapportée aux Etats-Unis. Les centres de prévention des maladies avaient en effet observé «un bond de 50 %» des hospitalisations hebdomadaires pour tentatives de suicide chez les adolescentes entre février 2021 et mars 2021, par rapport la même période en 2019. Alors que le nombre d’hospitalisations pour les mêmes causes chez les adolescents demeurait stable sur la même période.

De nombreuses études scientifiques parues depuis un an démontrent que ces deux pays ne sont pas des exceptions. Ainsi, en Espagne, l’analyse du registre des tentatives de suicides de Catalogne montre que les tentatives de suicides des adolescentes ont augmenté de 195 % sur la période courant de septembre 2020 à mars 2021, comparée à la même période une année plus tôt.

Si l’on regarde du côté du Canada, les tendances sont également évocatrices. Ainsi, pour le Québec, entre 2019 et 2021, le taux de visites aux urgences en raison d’idée suicidaires a crû de 50,9 % chez les filles de 10-14 ans et de 16,3 % chez les filles de 15-19 ans (à comparer avec une progression de -1 % et -14,5 %, respectivement, chez les garçons). Concernant les tentatives de suicides, la progression est de 84,8 % et 21,3 % dans ces deux classes d’âges (contre 28,9 % et 8,7 % chez les garçons), selon les chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec.

De telles tendances se retrouvent également en Australie. Selon une étude publiée courant 2022, relative à la situation dans le sud-est du pays, «chez les jeunes femmes (10-24 ans), la croissance des taux de présentation aux urgences pour automutilation ou idées suicidaires s’est accélérée depuis le Covid-19, pour atteindre 31,7 % par an. Les adolescentes âgées de 13 à 17 ans sont à l’origine de la majeure partie de cette augmentation, les taux augmentant de 47,1 % par an […]. En revanche, chez les hommes âgés de 10 à 24 ans, il n’y a pas eu de croissance significative des présentations au cours de la période». Chez les hommes de 18 à 24 ans, «ces taux ont même diminué : -5,2 % par an».

«Limiter les comparaisons directes»

Si ces courbes semblent similaires, le psychiatre au CHU Bicêtre et chercheur à l’université de Paris-Saclay Fabrice Jollant met en garde contre la juxtaposition de chiffres issus de travaux qui peuvent suivre des méthodologies très différentes : «Dans ces études, il y a beaucoup de variabilité sur l’âge des populations, sur ce qui est mesuré (tentatives de suicide, suicides, gestes auto-infligés, idées suicidaires), sur les périodes étudiées (selon qu’elles couvrent ou non le début de pandémie), les modalités de “recrutement” des personnes qui sont le sujet des recherches (personnes passant par les urgences, patients hospitalisés uniquement, sondages téléphoniques en population générale, ou auprès de populations étudiantes, etc.). Les pays en eux-mêmes varient sur le plan culturel, mais également sur celui des modalités de contrôle de la pandémie, des actions de soutien à l’économie… Tout cela complique les synthèses. De fait, il est souvent plus pertinent de limiter les comparaisons directes, ou tout du moins de les restreindre aux pays sociologiquement et économiquement proches.»

Par ailleurs, la hausse statistique des pensées suicidaires et des tentatives de suicides ne se retrouve toutefois pas dans tous les pays pour lesquels des données existent (la grande majorité des données proviennent de pays à revenu élevé). Ainsi, au Danemark, aucune différence statistiquement significative entre les sexes n’a été constatée depuis le début de la crise, comme l’ont confirmé à CheckNews les auteurs d’une étude parue en septembre 2021, qui ont poursuivi l’analyse et le suivi après publication. Une étude suisse mentionne également une augmentation «statistiquement non significative» des passages des filles aux urgences psychiatriques en 2021 comparé à 2019. Un suivi de cohorte réalisé à Hongkong au fil des deux premières vagues, dont le détail nous a été transmis par les auteurs, suggère que la part d’adolescentes présentant des idées suicidaires est restée stable (autour de 24,5 %) – bien que, dans le même temps, celle des adolescents diminuait de manière très notable (passant de 24 % à 17 %).

Pour l’heure, si le phénomène semble s’observer dans plusieurs pays, aucun bilan n’a encore été dressé, à l’échelle mondiale, sur le sujet.

Distinguer gestes suicidaires et décès par suicide

Comme nous l’expliquions début 2022, il est important de distinguer pensées suicidaires et tentatives de suicide d’une part, et des suicides conduisant à la mort d’autre part (dits «suicides aboutis»). Notons par exemple que, dans l’essentiel des pays pour lesquels les données sont disponibles, le Covid n’a pas entraîné d’augmentation du nombre de morts par suicide chez les adolescents (voir par exemple en Allemagne). Toutefois, une étude sur 24 pays à revenus élevés et 9 à revenus moyens a identifié une augmentation significative des suicides des adolescentes en Angleterre, en Autriche, au Japon et en Estonie (les services statistiques du pays nous confirment qu’aucune donnée n’est collectée sur les seules pensées suicidaires ou tentatives de suicides). Selon des données consultées par le Washington Postune augmentation de 43 % des suicides chez les femmes d’une vingtaine d’années aurait été rapportée en Corée du Sud au cours du premier semestre de 2020, alors même que le taux de suicide chez les hommes diminuait.

Si la surreprésentation des femmes, en particulier jeunes, dans les statistiques liées aux idées suicidaires (ou aux tentatives de suicides n’aboutissant pas à la mort) semble donc avoir été accrue depuis la pandémie, de manière parfois spectaculaire, dans plusieurs pays, celle-ci n’est pas du tout une chose nouvelle. «Les différences de genre dans les conduites suicidaires entre filles et garçons sont l’un des résultats les plus forts de l’épidémiologie des comportements suicidaires», note ainsi le psychiatre Charles-Edouard Notredame, spécialiste des enfants et adolescents au CHU de Lille. Ce constat se retrouve dans de nombreuses régions du monde. A titre d’exemple, en Australie, avant le Covid-19, les taux de présentation aux urgences des femmes de 10 à 24 ans pour ces motifs étaient déjà près de deux fois supérieurs à ceux de leurs homologues masculins, selon l’étude précitée.

Pierre-André Michaud, professeur honoraire de l’université de Lausanne spécialiste de la santé des adolescents, résume le constat habituellement dressé sur ce sujet : «Les garçons, de façon générale, expriment leur malaise dans l’action : ils ont des accidents, et lorsqu’ils font des tentatives de suicide, elles se terminent plus fréquemment par un décès que chez les filles. Ces dernières ont tendance à manifester leur malaise à travers la communication et moins au travers l’action.» Mais comme le précise Charles-Edouard Notredame, «ce phénomène extrêmement connu, ancien même s’il n’est pas constant ou continu, reste paradoxalement assez mal expliqué. Il n’y a, à vrai dire, pas énormément d’études qui traitent spécifiquement des causes des différences de genre au niveau des conduites suicidaires. Et, à ma connaissance, aucune étude n’a présenté de résultat spécifique sur la cause de cette différence de genre durant le Covid».

«Difficile de bien interpréter des données hospitalières»

De fait, les auteurs des études menées dans les différents pays concernés restent encore très prudents dans les hypothèses avancées pour expliquer l’évolution des chiffres.

«Qu’elles portent sur le suicide ou les tentatives de suicide, les statistiques doivent être interprétées avec prudence, insiste Pierre-André Michaud. Tout d’abord parce que dans certaines cultures et dans certains pays, le suicide lui-même n’est pas toujours enregistré comme tel. D’autre part, parce que les autorités sanitaires mettent toujours un certain temps, généralement plusieurs années, à mettre à jour les statistiques de mortalité. Et il en va de même pour les tentatives de suicide. Celles qu’on peut enregistrer sont celles qui résultent d’une hospitalisation. Mais tous les pays n’ont pas les standards de la France en la matière, qui recommande une hospitalisation pour toute tentative de suicide. Par ailleurs, si les hôpitaux universitaires tiennent des statistiques, dans tous les pays les petits hôpitaux ne répertorient pas nécessairement ces hospitalisations.»

La chercheuse à l’université McGill de Montréal Marie-Claude Geoffroy, spécialisée dans la prévention du suicide des jeunes, juge également «difficile de bien interpréter des données hospitalières». «Cela reflète-t-il une aggravation de la détresse plus marquée chez les filles ? Une augmentation de la recherche d’aide plus marquée chez les filles ? Une diminution des services à l’externe [avec un report massif sur l’hôpital, ndlr] ?»

L’hypothèse selon laquelle les chiffres traduiraient, au moins en partie, une meilleure recherche d’aide de la part des filles est avancée par plusieurs interlocuteurs. «Présentement, on n’est pas capables d’affirmer qu’il y aurait une augmentation des tentatives de suicide, ou s’il n’y aurait pas plutôt une plus grande vigilance à l’égard des tentatives de suicide, note ainsi Jérôme Gaudreault, président de l’Association québécoise de prévention du suicide. Car s’il y avait plus de tentatives de suicide, il y aurait plus de morts par suicide, ce qui n’est pas le cas.» Pierre-André Michaud, de son côté, note «qu’en Suisse, mais aussi en Pologne, ainsi qu’en Slovénie, on a observé une forte augmentation des consultations pour idées suicidaires depuis le début de la crise du Covid, alors même que la mortalité par suicide a – très modestement – diminué. On peut émettre l’hypothèse que grâce à ces consultations, grâce au repérage qu’on peut faire de l’adolescent à risque de suicide, on fait diminuer le taux de mortalité par suicide».

La croissance observée dans les statistiques pourrait donc être celle des pensées suicidaires exprimées à un professionnel de santé, et non pas les pensées suicidaires dans l’absolu. L’expression plus précoce du mal-être permettrait un meilleur diagnostic, une meilleure prise en charge. Tout en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une hypothèse explicative parmi d’autres, «qui n’est pas encore étudiée scientifiquement», Jérôme Gaudreault souligne ainsi que «les efforts de sensibilisation sur la santé mentale, sur la prévention du suicide, particulièrement la santé mentale chez les jeunes, pourraient avoir conduit à ce que les professionnels de santé, mais aussi le grand public, identifient mieux les troubles de santé mentale. On va demander de l’aide plus rapidement, et on va plus rapidement orienter vers l’hôpital. On pourrait aussi ajouter que les urgentologues, dans les hôpitaux, prennent les tentatives de suicides plus au sérieux, particulièrement chez les jeunes, et vont avoir tendance à hospitaliser les gens davantage».

Les femmes plus exposées aux risques de la crise

Mais ces interprétations sont loin d’être les seules hypothèses en lice pour expliquer l’explosion des gestes suicidaires recensés depuis fin 2020 chez les adolescentes et les jeunes femmes. Aux Etats-Unis, des travaux réalisés auprès d’adolescents hospitalisés en psychiatrie suggèrent que, durant le Covid, les pensées suicidaires pourraient avoir été renforcées par l’apparition de conflits familiaux, de problèmes financiers, de changements marqués dans les modes de vie, et l’impossibilité de participer à des événements importants à ces âges. D’autres travaux, plus spécifiquement centrés sur les adolescentes, suggèrent un rôle central de la perte d’interactions sociales durant la pandémie sur l’apparition d’idées suicidaires.

Selon une étude islandaise parue mi-2021«les symptômes dépressifs plus marqués [durant la crise du Covid] étaient associés à une utilisation passive accrue des médias sociaux et à une diminution des contacts avec les membres de la famille par téléphone ou par les médias sociaux chez les filles, et à une diminution du sommeil et à une augmentation des jeux en ligne en solitaire chez les garçons. Les inquiétudes concernant le fait d’avoir contracté le Covid, les changements dans la routine quotidienne et scolaire, et le fait de ne pas voir ses amis en personne figuraient parmi les principaux facteurs contribuant à une mauvaise santé mentale identifiés par les jeunes, en particulier les filles».

Une étude slovène, qui corrobore une surreprésentation des femmes parmi les personnes exprimant des idées suicidaires durant le Covid-19, avance des éléments de réflexion complémentaires, soulignant que «les jeunes femmes constituent un groupe potentiellement particulièrement touché par l’isolement social, ce qui entraîne un niveau plus élevé de solitude, d’anxiété et de stress». Les auteurs estiment que les adolescents «ont généralement une capacité plus faible que les adultes à faire face aux situations stressantes et sont enclins à réagir de manière impulsive et émotionnelle. Par conséquent, la détresse liée à la pandémie peut entraîner une augmentation des comportements suicidaires». Parmi d’autres hypothèses avancées, le fait que «le stress lié aux études, aux notes et aux difficultés à suivre des cours en ligne en raison d’un soutien technique ou adulte inadéquat [pourrait constituer] l’un des facteurs de risque importants contribuant à l’augmentation du comportement suicidaire des adolescents pendant la pandémie de Covid-19».

Selon l’ONU Femmes, en charge de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes au sein des Nations unies, la pandémie s’est accompagnée d’une augmentation et d’une intensification des violences à l’égard des femmes et des filles, en particulier au sein des foyers.

Florian Gouthière

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Gérard Manset...

4 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Marie Ndiaye...

4 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Litterature

Trois femmes puissantes - Poche - Marie NDiaye - Achat Livre ou ebook | fnac

 

Oh, songeait Rudy en donnant de brusques coups de volant dans les virages, ce n'est pas Gauquelan qu'il eût été utile d'empêcher à jamais d'émerger de sa sieste, la tête pleine encore de rêves fallacieux que le frottement des mains sur les yeux ne chassait pas, mais bien plutôt son père à lui, Rudy, aux intentions meurtrières nettement et fanatiquement établies en son coeur où se mêlaient sans cesse l'amitié et la colère, l'attachement aux autres et le besoin d'anéantir.

Et n'était-ce pas le digne fils de cet homme - là qui avait pris plaisir à serrer le cou du garçon de Daram Salam, puis, tout à l'heure, à épier le sommeil abandonné d'un étranger ?

Luiqui, songea-t-il débordant de dégoût pour lui-même, avait pleuré sur la glycine massacrée, il se rappela que son père avait manifesté une sentimentalité séduisante envers les bêtes, parlant, après certains repas, de se faire végétarien, ou fuyant ostensiblement loin des cris des poulets que maman égorgeait régulièrement derrière la maison.

Il ralentit en entrant dans le village, s'arrêta devant une épicerie qu'il connaissait un peu.

 

Marie NDiaye - Trois femmes puissantes

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Face à l’affaire Bayou, on ferait bien de relire Gisèle Halimi

4 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Feminisme, #Droit des femmes, #Femmes

Gisèle Halimi : l'avocate de tous les défis (1re partie) - Contribution :  Le Soir d'Algérie

Les écologistes, qui regroupent certainement les militants les plus en pointe sur les questions de sexisme, devraient se replonger dans un texte publié par l’avocate en 2003, après la sortie d’une enquête sur les violences sexistes et sexuelles.

Comment en est-on arrivé à cette dérive inquisitoriale qui conduira peut-être à la mort politique du parti écologiste alors même que, sur l’état de la planète, ce sont bien les écologistes qui ont eu raison avant tout le monde ? Comment les écologistes qui, là encore, sont précurseurs et avant-gardistes sur la question de l’égalité femmes-hommes en politique et la prise en compte de la réalité de la violence faites aux femmes, comment se sont-ils débrouillés pour se fourvoyer à ce point dans les dérives de l’espionite interne ?

Aux yeux du grand public, EE-LV est une sorte de mouvement politique de quelques milliers de membres, pour la plupart inconnus, qui ne cessent de s’écharper sur leurs statuts internes et se perdent dans une course à la radicalité puriste. Ils avaient pourtant un boulevard parce qu’ils sont dans le sens de l’histoire.

Dérives tragiques

L’historienne Michèle Riot-Sarcey explique que depuis toujours «la liberté aurait dû se décliner dans tous les domaines (politique, social et privé). Or, celle des femmes a été particulièrement négligée». Depuis MeToo, nous assistons à un rattrapage. Pierre Bourdieu soulignait déjà l’existence de la domination masculine qui «inscrit dans la définition de l’être humain des propriétés historiques de l’homme viril, construit en opposition avec les femmes». Le monde (occidental au moins) commence à comprendre que la vraie libération des femmes passera par cette déconstruction masculine et que, donc, le combat féministe n’est pas qu’un combat législatif.

Les partis politiques, ces machines à conquérir le pouvoir politique, sont-ils les mieux formatés pour mener un combat anthropologique ? Non, et les dérives tragiques observées chez les Verts en sont le signe. En France, cette idée selon laquelle le combat féministe le plus important était celui que les hommes devaient faire sur eux-mêmes est apparue au grand jour en 2003, au moment de la publication de l’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (ENVEFF), qui montre que les violences dont les femmes sont victimes n’apparaissent pas spécifiquement dans les statistiques de la délinquance. Cette enquête, pour la première fois, regroupe alors plusieurs sortes de violences physiques et psychologiques subies par les femmes. Elle révèle que près d’une femme sur dix vivant en couple a été victime de violences conjugales et qu’une femme sur cinq a été importunée sexuellement dans la rue ou au travail en 1999.

Enthousiasmante révolution des rapports humains

Cette enquête avait été très critiquée par la presse de droite et des féministes dites de la vieille école parce qu’elle semblait pointer une responsabilité intrinsèquement masculine plus que politique. Certains (même parmi les féministes) parlaient encore, en défense des hommes, de leurs pulsions souveraines… La crainte était que le féminisme dérive en guerre des sexes. Mais, cette même année 2003, une féministe universaliste et républicaine comme Gisèle Halimi, dans un très beau texte que republie ces jours-ci le Monde diplomatique, à qui il était destiné, défendait l’importance de l’ENVEFF. Gisèle Halimi s’adressait à l’autre partie de l’humanité ainsi : «Les hommes doivent avoir «l’intelligence théorique» de leur libération à travers la nôtre. Nous les convaincrons.»

Le travail le plus utile que puisse mener un parti politique qui voudrait être fer de lance du combat féministe moderne, post-MeToo, serait de suivre le conseil de Gisèle Halimi et d’œuvrer pour convaincre les hommes qu’ils ont tout à gagner de se débarrasser de l’injonction séculaire à la domination, à la virilité violente et écrasante. Les écologistes, qui regroupent certainement les militants les plus en pointe sur ces questions, sont en train de tout gâcher par leurs dérives coupeuses de têtes de surveillance interne. En répondant à ceux qui critiquaient l’enquête de 2003, Gisèle Halimi disait aussi ceci : «Nos procureurs ont-ils voulu nous mettre en garde contre des dérapages éventuels ? Ce serait la (toute) petite utilité de leurs propos.» Les dérapages éventuels, nous y sommes. Mais il ne faudrait pas que la dénonciation utile de ces dérapages ne fasse oublier l’importance et même l’enthousiasmante révolution des rapports humains entre hommes et femmes qui s’amorce en ce début de XXIe siècle.

Thomas Legrand

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