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Vivement l'Ecole!

IPS : les collèges privés détruisent la mixité sociale dans les collèges publics.

24 Octobre 2022 , Rédigé par Snes Publié dans #Education

Nos établissements, de véritables passoires énergetiques

Le tribunal administratif de Paris a jugé que l’État devait rendre public l’IPS (Indice de Positionnement Social) de chaque collège.

Ces données n’étaient pas publiées jusqu’ici ; elles mettent en évidence le rôle majeur de l’enseignement privé dans la ségrégation sociale entre les établissements scolaires.

Une disparité incroyable au niveau national.

L’État a donc été forcé de publier (ici) l’ensemble des informations relatives aux IPS. Ces informations démontrent que l’enseignement privé ne joue pas le jeu de la mixité scolaire et même qu’il renforce la ségrégation.
Pour l’année 2021-2022, les 6 967 collèges sont ainsi répartis : 5 302 publics et 1 662 privé. Plus de 75 % d’entre eux sont publics. Cependant, si on considère les 200 collèges dont les IPS sont les plus élevés, seuls 25 % sont publics ! Quant aux 200 collèges dont les IPS sont les plus faible, seuls 2 % sont privés, ce qui est pire encore.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et contredisent Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, réaffirmant la «  volonté de poursuivre notre politique en faveur d’une plus grande mixité sociale et scolaire. ». Dans les faits, le réseau d’établissements privés sous contrat nuit à la mixité sociale en France.

Un constat sans appel dans les grandes villes.

Comme l’indique Youssef SOUIDI, chercheur sur la mixité sociale en collège, les chiffres sont effarants concernant certaines métropoles.

Des disparités majeures entre les départements.

Ces données permettent également de prendre la mesure de l’écart entre les départements français. Ainsi, la Guyane concentre les établissements les plus défavorisés (10 établissements avec un IPS inférieur ou égal à 60) avec un IPS moyen de 75 dans le public contre 107 dans le privé. Ces résultats sont à mettre en regard, par exemple, de l’IPS moyen pour les collèges parisiens : 105.

Rappel : Qu’est-ce que l’IPS ?

L’Indice de Positionnement Social est un indicateur mis en place par la DEPP (Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance, autrement dit le service statistique de l’Éducation Nationale) afin d’établir l’impact des professions des parents sur la scolarité de leurs enfants. Pour ce faire, la DEPP a attribué un indice déterminé par les habitudes éducatives et culturelles pour différentes professions (Plus d’information sur la construction de l’IPS ici).
Ainsi, un.e élève qui vivrait seul.e avec sa mère chômeuse aurait un IPS de 38 alors qu’un.e élève qui vivrait avec une mère professeur des écoles et un père ingénieur aurait un IPS de 179.
L’objectif de l’IPS est de prendre en compte les effets moyens du milieu social sur la scolarité. Comme tout indicateur, il a des limites. Il ne prend par exemple pas en compte les disparités géographiques (Est-ce la même chose d’être vendeur.se place Vendôme que dans une banlieue?).

Pour obtenir l’IPS d’un établissement, on moyenne les IPS de tous les élèves.

Ce que revendique le SNES-FSU

Les économies d’échelle se font dans l’enseignement public plutôt que dans le privé (le plus souvent confessionnel). En 2005, il y avait 9 155 postes à pourvoir au CAPES contre 6 880 en 2021 (soit une baisse de 25%) alors que le nombre de postes au CAPEPS n’a diminué que de 4 % (de 1300 à 1 250) sur la même période pour le privé.

Le SNES-FSU dénonce le détournement des fonds publics prévues en faveur des établissements publics sociologiquement ou géographiquement défavorisés vers des établissements privés comme le permettent désormais les CLA (591525 euros consacrés au privé dans le budget 2023) ou les TER. Il revendique l’unification du système éducatif dans un service public laïc intégrant l’actuel enseignement privé sous contrat.

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Est-il vrai que l’uniforme à l’école n’a jamais été obligatoire en France ?

24 Octobre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

Uniforme scolaire japonais — Wikipédia

Interrogé sur CNews, le 15 octobre, sur les «atteintes à la laïcité à l’école», l’ancien magistrat et «consultant» sur la chaîne de Vincent Bolloré, Georges Fenech, a livré sa solution : «Au-delà des phénomènes purement religieux, c’est le fait de faire comprendre que l’école, ça doit être un sanctuaire, notamment vis-à-vis de tous les communautarismes, et toutes les religions bien entendu. Et […] la solution, puisque vous me demandez ce qu’il faut faire, c’est de rétablir l’uniforme à l’école. […] Et c’est beau. Moi, je vois des jeunes dans mon quartier qui ont des magnifiques uniformes, un peu à la britannique… Rétablissons l’uniforme à l’école, vous n’aurez plus le problème de savoir si l’ayaba [sic] est religieux…» L’animatrice hausse les bras : «Vous savez ce que vous répond une partie de la gauche : “Ha la la ! Retournons chez les bonnes sœurs ! Autoritarisme !”»

Le lendemain, le conseiller des Français de l’étranger à Hongkong, Marc Guyon, tenait les mêmes propos : «Je suis pour le retour de l’uniforme. Mes enfants vont à l’école tous les jours fièrement dans les couleurs de leur école, c’est très bien», écrivait-il sur Twitter. «L’uniforme fera-t-il un jour son retour dans les salles de classe ?» s’interrogeait de son côté le Figaro dans un article sur un potentiel groupe de travail à l’Assemblée nationale sur le sujet.

 

«Dans le primaire, il n’y a jamais eu d’uniforme»

Autant d’appels au «retour» de la tenue unique dans les établissements scolaires qui ont fait sursauter plusieurs d’internautes. «George Fenech, ancien député LR, n’est vraiment pas rusé ! Consultant chez CNews, il ne peut qu’ignorer qu’il n’y a jamais eu d’uniforme à l’école de la République !» écrit ainsi le twittos Pierre Dekan.

Pour appuyer leur propos, en réponse par exemple d’une nouvelle prise de position favorable à l’uniforme d’Eric Ciotti, certains accompagnent leur indignation d’un article de Ouest France daté d’octobre 2021, et titré : «En France, l’uniforme à l’école n’a jamais été obligatoire».

L’uniforme n’a-t-il vraiment jamais été obligatoire à l’école publique en France ? Oui et non. En primaire, la blouse avait, comme l’écrivent nos confrères, une fonction essentiellement protectrice, et n’était pas imposée par l’Etat. «Elle l’était parfois dans certains cas, pour certaines manipulations ou pour éviter les taches d’encre, avance l’historien de l’Education, Jean-François Condette (1). Mais de fait, dans le primaire, il n’y a jamais eu d’uniforme.»

Dans le secondaire, en revanche, l’uniforme était obligatoire, mais seulement pour les internes. «Lors de la création des lycées par Bonaparte en 1802, qui marque la naissance de l’enseignement public, les internes étaient tenus de le porter, rappelle ainsi Jean-François Condette. Or à l’époque, et jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, les internes représentaient 50% à 60% des élèves du secondaire masculin.» Et pour cause : vers la fin de l’Empire (1814-1815), il n’y avait que 35 lycées en France, soit en moyenne un pour trois départements.

Vêtement d’apparat

«Les familles étaient ainsi obligées d’acheter un trousseau extrêmement coûteux, comprenant des draps et du linge de nuit, mais aussi cet uniforme, qui pouvait constituer une vraie difficulté financière pour certaines d’entre elles», explique Jean-François Condette. D’apparence quasi militaire, surtout sous Napoléon, il évoluera ensuite en fonction des régimes politiques. Les collèges communaux, ancêtres de nos collèges actuels, tentent alors de l’imposer à leurs internes. Les externes en étaient dispensés, «mais avaient tous une tenue à peu près similaire de la petite bourgeoisie de l’époque, composée la plupart du temps d’un veston et d’un pantalon sombre», explique l’historien.

Le déclin de l’uniforme obligatoire pour les internes va intervenir dans la seconde moitié du XIXe siècle, surtout après 1880, sous la pression de deux phénomènes : la multiplication des lycées et des collèges communaux qui, en proposant une offre scolaire plus proche des familles, va faire baisser le nombre d’internes en France (37% des élèves du secondaire masculin en 1900), mais aussi les interventions de certains médecins et hygiénistes, qui s’en prennent à cette tenue. «Pour des raisons d’économies, les familles achetaient des uniformes de grandes tailles, dans lesquels les élèves flottaient en début de scolarité. Mais une fois qu’ils grandissaient, ils se retrouvaient de plus en plus serrés, “coincés” dans leur tenue, les empêchant parfois de bien respirer et de bouger facilement», avance Jean-François Condette. Certains proviseurs ont alors décidé de réserver l’uniforme aux seules sorties en ville, «et proposé un habit plus ordinaire, tout en demeurant “bourgeois”, à l’intérieur de l’établissement, parfois avec une blouse là aussi». A la fin du XIXe siècle, et au début du XXe, l’uniforme est ainsi progressivement mis de côté lors des cours. Il reste cependant de rigueur pour les sorties du dimanche et du jeudi. Et devient ainsi, petit à petit, un vêtement d’apparat.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’en dans les années 20 et 30, on assiste au délitement progressif de l’uniforme obligatoire. «Le vêtement de ville devient majoritaire, non normé mais assez homogène : un veston pour les garçons et une robe longue pour les filles, constate Jean-François Condette. L’uniforme progressivement disparaîtra au cours des décennies suivantes, mais une sorte de code vestimentaire demeurera dans le secondaire, celui d’une tenue sobre et classique.» Il faudra attendre l’après 1968 pour que les tenues à l’école se diversifient et se simplifient, tout en s’ouvrant aux effets de modes, notamment avec la fin de l’interdiction du pantalon pour les filles.

Luc Peillon

(1) Auteur, avec Jean-Noël Luc et Yves Verneuil, de l’Histoire de l’enseignement en France – XIXe-XXIe siècle, Armand Colin.

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Vacances, j'oublie tout !

22 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Vacances

Chers amis,

A lundi depuis le Béarn...

Bonnes vacances aux élèves et à tous les personnels de l'éducation...

Et bon courage à celles et ceux, nombreux, qui ne prennent pas de vacances.

CC

Un été dans les Pyrénées : les plus belles vallées du Haut Béarn -  Easyvoyage

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Amy Winehouse...

22 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... P.E. Cayral...

22 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Litterature

GUS

« Faites sortir le père. »

L’ordre est rapide et sec.

Place nette a peut-être été faite dehors, mais ici, à l’intérieur, c’est infâme. Il y a belle lurette que le liquide dans lequel je flotte n’est plus transparent. Si j’ouvre les yeux, ça me pique. Avant, quand je regardais, je voyais des orangés, des vagues jaunes ou rougies : elles m’inondaient la tête, les membres et m’enveloppaient entièrement. Ce n’était jamais très net, non, plutôt un halo tiède et délicieux. Mais là, plus rien de ces couleurs. Je me croirais dans l’eau d’un fond de puits – mais pas de seau auquel s’agripper pour se tirer de là. Mon cordon fait un nœud et me serre le cou. Je ne peux pas l’enlever. Je me demande comment je vais arriver à sortir. Je veux écarter mes bras et mes jambes, mais je n’ai aucune place. Je suis comprimé de tous côtés ; j’ai l’impression que ma colonne vertébrale sort de mon dos à force d’être serrée, et mon ventre plié me donne la nausée.

Ma mère cherche une position plus confortable sur les étriers. À chaque mouvement, je violace un peu plus, bien au-delà de l’ecchymose bleuie. Rien de bon en perspective. J’ai des pans de poumons qui tirent et me font mal. Le liquide qui m’entoure pénètre dans ma gorge. J’entends vaguement des commentaires et des injonctions, des bruits de machines et d’outils métalliques : ils tintent lorsqu’ils sont extraits rapidement de leur housse en plastique. Mais c’est flou. Mes tympans sont peut-être la seule chose de mon être encore intacte, mais comme je baigne dans le gras, mon audition se noie. Des bruits d’écoulements finissent dans une cuvette au pied du lit. Entre les tables et les écrans, des gens en blouse assis sur des tabourets roulent dans une fanfare de métronomes et de bips aigus. Un goût pâteux aussi me tapisse la bouche.

 

P.E. Cayral - Au départ, nous étions quatre

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Notation des élèves : une étude avance que les enseignants ne seraient pas objectifs

22 Octobre 2022 , Rédigé par Midi Libre Publié dans #Education, #Evaluation

Notation des élèves : une étude avance que les enseignants ne seraient pas objectifs

Les bulletins de notes sont un incontournable dans notre système éducatif. Mais ce mode d’évaluation est loin de faire consensus. Il serait même biaisé, si l’on en croit des chercheurs de l’université de Trente.

Ilaria Lievore et Moris Triventi se sont penchés sur le système d’évaluation par notation en menant l’enquête auprès de près de 40 000 élèves italiens en seconde. Ils ont comparé les résultats qu’ils ont obtenus lors de tests standardisés en langues et en mathématiques, aux notes qu’ils ont décrochées durant leurs examens de fin d’année.

Le but : montrer que l’attribution d’une note à toute production scolaire contribue à renforcer un problème systémique.

En effet, les chercheurs ont constaté que les enseignants ont tendance à attribuer de meilleures notes aux filles qu’aux garçons dans toutes les matières.

Les écarts de performance entre les deux sexes sont plus marqués lorsqu’on s’intéresse aux résultats des tests standardisés. Les filles se sont plus démarquées en sciences humaines, en langues et en lecture, tandis que leurs homologues masculins réussissent mieux en mathématiques.

De précédents travaux scientifiques confirment les conclusions d’Ilaria Lievore et de Moris Triventi, qui ont récemment été publiées dans le British Journal of Sociology of Education. Le psychologue du développement Jean-Paul Fischer et le démographe Xavier Thierry ont découvert, dans une étude publiée en mai dans le British Journal of Developmental Psychology, qu’un écart entre les deux sexes se creuse au CP. En moyenne section de maternelle, filles et garçons ont les mêmes performances en mathématiques. Le niveau des garçons se révèle toutefois supérieur en fin de CP.

Des récompenses scolaires aux nombreuses implications

Mais comment expliquer que le système d’évaluation des enseignants semble favoriser les filles ? Les deux chercheurs de l’université de Trente ont essayé de comprendre cette préférence en prenant en compte des facteurs tels que le type d’école ou encore la taille et la composition des classes.

Ils ont également cherché à savoir si certaines caractéristiques propres aux professeurs, comme leur ancienneté, leur expérience ou même leur genre, peuvent justifier ce biais de notation.

Seuls deux facteurs se sont avérés avoir un effet sur les notes des filles et des garçons, et uniquement en mathématiques. Il s’agit de la taille des classes et du type d’établissement scolaire.

Ainsi, l’écart entre les sexes en matière de notes en maths était plus important lorsque les classes étaient plus grandes. Les filles étaient également mieux notées que les garçons dans les écoles techniques et académiques que dans celles professionnelles.

Selon les auteurs de l’étude, il est possible que les enseignants récompensent inconsciemment les élèves plus calmes et disciplinés, qui leur facilitent la vie.

Autre théorie avancée : gonfler les notes des filles en mathématiques est un moyen de les encourager à se tourner vers les filières scientifiques.

Quoiqu’il en soit, ces biais de notation dans le système éducatif italien sont considérables.

Pire encore, ils pourraient avoir des conséquences à long terme. "Il existe une forte corrélation entre le fait d'avoir des notes élevées et des résultats scolaires souhaitables, comme le fait d'être admis dans de bons collèges ou d'avoir moins de chances d'abandonner l'école", a déclaré Ilaria Lievore, doctorante en sociologie à l’université de Trente, dans un communiqué.

Les performances scolaires des élèves ont, sur le long terme, un impact sur le fait d’avoir des revenus plus élevés, une meilleure situation professionnelle ou même une plus grande satisfaction dans la vie.

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Les médias sont de droite - Vidéo

22 Octobre 2022 , Rédigé par France Inter Publié dans #Politique, #Médias

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Léo Ferré chante Rimbaud...

21 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Arthur Rimbaud...

21 Octobre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Litterature

Les illuminations * par RIMBAUD Arthur :: (1962) | OH 7e CIEL

Aube

J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.

Arthur Rimbaud, Illuminations

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Education : Pourquoi les principaux de collège et les proviseurs de lycée ont le blues

21 Octobre 2022 , Rédigé par 20 Minutes Publié dans #Education

Violences au collège : "Il faut sortir du cercle vicieux du silence" -

GRISE MINE La forte pression qui pèse sur ces personnels ces dernières années a des conséquences sur leur perception de leur métier

La rentrée des personnels de direction (proviseurs, principaux, principaux adjoints) a été difficile, alors même qu’ils étaient déjà fatigués par ce qu’ils avaient dû gérer pendant la crise sanitaire.

Depuis quelques années, leurs conditions de travail se sont dégradées et beaucoup d’entre eux ne se sentent pas considérés par la haute hiérarchie de l’Education nationale. Leurs relations avec les équipes pédagogiques se sont également détériorées.

Cela joue sur les vocations, car le nombre de candidats au concours interne de recrutement des personnels de direction était en forte baisse en 2022.

Ils arrivent rincés aux vacances de la Toussaint, qui débutent ce samedi. Les personnels de direction (proviseurs, principaux, principaux adjoints…), ou « Perdir », comme on les appelle dans le jargon de l’Éducation nationale, ont dû gérer une rentrée difficile. « Nous l’avons organisée avec des profs qui manquaient dans certaines classes, en raison de la crise du recrutement enseignant. En ayant l’impression de devoir faire la même chose avec moins de moyens », explique Véronique Rosay, secrétaire nationale chargée des carrières au SNPDEN (le principal syndicat des chefs d’établissement).

Des complications qu’ils avaient anticipées, car selon une enquête du même syndicat réalisée en septembre, 44 % des personnels de direction se disaient perplexes sur la façon dont l’année allait se dérouler. Et même s’ils aiment leur métier, leur quotidien est devenu plus pesant ces dernières années. D’ailleurs, selon une enquête * de l’Autonome de Solidarité Laïque (ASL) parue ce mardi, 30 % des personnels de direction disent ressentir une appréhension avant de prendre leur service, versus 6 % en 2013. « Ils ne sont pas épargnés par l’impression d’une perte de sens de leur métier », commente Éric Debarbieux, professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université Paris-Est Créteil.

Un emploi du temps à rallonge

En cause, un contexte professionnel qui s’est dégradé avec la crise sanitaire, puisqu’ils ont été en première ligne : « Lors de celle-ci, les Perdir ont été soumis à de fortes pressions. Ils devaient être réactifs pour répondre aux injonctions de dernière minute, mettre en œuvre l’enseignement à distance, faire respecter les protocoles sanitaires, gérer les absences des enseignants malades… Impossible de prendre de la hauteur et de réfléchir au pilotage pédagogique », explique Véronique Rosay.

Beaucoup d’entre eux témoignent aussi d’une charge de travail qui s’est alourdie au fil du temps : « Théoriquement, notre temps de travail est de 48 heures par semaine, mais on en fait souvent 60 ou 70. Notamment parce que nos équipes de direction ne sont pas complètes. Il existe un problème de sous-administration générale des établissements, alors que les tâches administratives sont de plus en plus lourdes », souligne Bruno Bobkiewicz, secrétaire general au SNPDEN. Les proviseurs à la tête de lycées polyvalents ou de cités scolaires sont particulièrement sous l’eau. Et le fait que les chefs d’établissement habitent dans le collège ou le lycée dont ils ont la responsabilité en rajoute une couche : « On est toujours sollicité, et il est difficile de ne pas répondre puisqu’on habite sur place », explique Véronique Rosay.

« Ils sont les réceptacles de beaucoup de frustrations des enseignants »

Et si l’équipe pédagogique était auparavant un rempart, cela ne semble plus si évident. Toujours d’après l’enquête de L’Autonome de Solidarité Laïque (ASL), 42,7 % des personnels de direction se disent insatisfaits du climat dans leur établissement, alors qu’ils n’étaient que 17 % à le penser en 2013. Près de la moitié des personnels interrogés (48 %) perçoivent notamment une mauvaise qualité de la relation enseignants/direction, en augmentation de 14 points par rapport à l’enquête précédente de 2013. « Les Perdir sont les réceptacles de beaucoup de frustrations des enseignants. Ils sont entre le marteau et l’enclume, et doivent faire passer certaines injonctions du ministère qui sont contradictoires », décrypte Véronique Rosay.

« Les personnels de direction ne sont pas devenus plus mauvais, mais il existe un malaise croissant dans l’organisation. Notamment parce qu’il est très difficile de faire équipe avec un volant de profs contractuels qui changent chaque année. Du coup, chacun se replie dans sa fonction », souligne Éric Debarbieux.

Une méfiance accentuée face aux réformes

Autre source du malaise des Perdir : la distance qui s’est établie ces dernières années entre eux et la hiérarchie de l’Education nationale. Selon l’enquête de l’ASL, 48,8 % des Perdirs déclarent ne pas se sentir respecté par la hiérarchie de l’Éducation nationale. Notamment car ils ont le sentiment de vivre sous le joug des injonctions. « Nous sommes priés de faire appliquer des circulaires ou des réformes avec lesquelles nous ne sommes pas toujours d’accord. »

Pour preuve : la réforme du lycée, contestée par 55,9 % des Perdir, selon l’enquête de l’ASL, a généré des conflits tant avec les enseignants qu’avec les parents d’élèves. « Ils en ont ras le bol de la réfomite. Ils savent très bien qu’à peine une réforme appliquée, elle est abandonnée, car entre-temps, le ministre a changé. Or, il faut au moins cinq ans pour qu’elle porte ses fruits », souligne Éric Debarbieux. « On nous invente toujours un nouveau dispositif », renchérit Bruno Bobkiewicz.

Une baisse des vocations

Cette morosité ambiante a des répercussions sur les vocations. Le nombre de candidats au concours interne de recrutement des personnels de direction a beaucoup baissé en 2022 : 3.250, contre 3.940 en 2021. Et si on regarde ceux qui se sont présentés réellement aux concours, le chiffre est encore plus bas : 2.517 contre 3.073. « C’est la première fois qu’il y a une baisse aussi marquée. Ce qui montre que le métier est moins attractif », estime Bruno Bobkiewicz.

Et selon Véronique Rosay, le salaire ne correspond plus à la charge de travail : « Le différentiel avec la rémunération d’un prof qui fait des heures sup n’est pas significatif. » Comme certains enseignants, des chefs d’établissements finissent par prendre la poudre d’escampette : « Certains collègues demandent des détachements ou démissionnent. Car ils ne se voient pas travailler jusqu’à leur retraite dans ces conditions », souligne Bruno Bobkiewicz.

*L’échantillon 2022 porte sur 8.851 répondants d’une enquête de climat scolaire et de victimation renseignée en ligne entre mai et juillet 2022.

Delphine Bancaud

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