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Vivement l'Ecole!

Rentrée : l’atterrissage dans la douleur des profs fraîchement diplômés

12 Septembre 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

Rentrée scolaire : la politique de la chaire vide ?

Une semaine après leurs débuts, l’heure est aux premiers constats pour les nouveaux titulaires. Entre affectation à la dernière minute, conditions de travail dégradées et bas salaires : la rentrée est synonyme, pour nombre d’entre eux, d’improvisation et de désillusion.

La veille de la rentrée des classes, Solène, professeure des écoles tout juste titularisée à Paris, reçoit sur les coups de 21 heures un mail du rectorat. Lapidaire, le courriel lui indique que son affectation a été modifiée, sans concertation. Elle apprend que dès le lendemain, elle devra tenir la craie devant une classe de CE1. 

Elle qui s’était faite à l’idée de remplacer des collègues absents sur de très courtes durées, souvent à la journée, un peu partout dans Paris, se retrouve pour sa première année d’enseignement à effectuer des remplacements beaucoup plus longs, une fois par semaine dans quatre classes différentes... Ce qui implique de composer un programme cohérent sur l’année, en concertation avec les professeurs habituels.

« Si j’avais connu mon affectation plus tôt, j’aurais pu préparer un programme, ou au moins quelques cours, tempête Solène. Là, je commence l’année avec presque rien. »

À quelques heures de se trouver face aux élèves, la jeune professeure doit improviser, sans autre prétention que de faire bonne figure. 

« C’est impossible de se familiariser avec quatre méthodes de travail différentes en si peu de temps. Pour l’instant, je ne prends vraiment pas plaisir à enseigner », raconte, désabusée, la néo-enseignante. Par ailleurs, elle ne percevra pas le supplément de salaire, d’environ 200 euros, qui allait de pair avec sa première affectation en compensation des va-et-vient quotidiens entre des écoles dispersées aux quatre coins de son académie. Une somme sur laquelle elle comptait pour rembourser son prêt étudiant.

Affectation à la dernière minute, conditions de travail dégradées, défiance des parents et bas salaires : la rentrée a été synonyme d’atterrissage en douleur pour Solène et nombre d’autres professeur·es débutant·es, confronté·es pour la première fois aux réalités du métier. 

"Ceux qui débutent dans la profession ont besoin d’être rassurés."

Guislaine David, porte-parole nationale du SNUipp-FSU

« Cette année, beaucoup de jeunes collègues ont attendu deux mois leur affectation et l’ont reçue la veille de la rentrée », confirme Guislaine David, porte-parole nationale du SNUipp-FSU, principal syndicat du premier degré. Une affectation qu’ils et elles ont l’obligation d’accepter en raison de leur devoir de service inhérent au statut de fonctionnaire. En guise de compensation, ils perçoivent une indemnité lorsqu’ils sont envoyés à plusieurs kilomètres de leur domicile.

La représentante syndicale insiste : « Ceux qui débutent dans la profession ont besoin d’être rassurés. Quand on les prévient à la dernière minute, ou lorsqu’on les envoie loin de chez eux, dans des classes surchargées, on les met tout de suite en difficulté. »

Au point que certain·es néo-enseignant·es songent déjà à la démission, une semaine seulement après la rentrée. Ce phénomène n'est pas tout à fait nouveau, mais s’est nettement accéléré ces dernières années. En une décennie, le nombre de jeunes démissionnaires a été multiplié par six, selon le ministère de l’éducation nationale.

Professeur débutant : premier arrivé, dernier servi

Contre leur gré, les jeunes enseignantes et enseignants ont été pris dans les flots tempétueux de cette rentrée, marquée par la pénurie de professeur·es. Dans les académies les plus en tension, nombreuses sont ceux à ne pas avoir obtenu une classe fixe à l’année, devant se contenter de jouer le rôle de remplaçante ou de remplaçant. 

Ce sentiment d’injustice s'est nourri des déclarations du recteur de l’académie de Créteil, qui admettait, lors de la visite du ministre Pap Ndiaye, « fidéliser les contractuels et les faire passer avant les titulaires ». Avant de reconnaître que « ce mode de gestion est un peu contradictoire par rapport à ce qui se fait dans la fonction publique ». Une stratégie de flux tendu assumée par le recteur d’une des académies les plus déficitaires en nombre de professeur·es.

La pénurie crée en effet une concurrence entre contractuel·les et jeunes titulaires, les professeur·es plus ancien·nes obtenant souvent leurs premiers choix. Toutes et tous préfèrent avoir une classe attitrée à l’année, reléguant les postes de remplaçant·e dans leurs derniers vœux. 

Et à ce petit jeu, ce sont souvent les contractuel·les qui gagnent. Recruté·es en CDD, parfois après un simple entretien de motivation, ils et elles ont plus de « chance » de claquer la porte de l’Éducation nationale que les titulaires, qui ont obtenu leur diplôme après un concours et deux ans d’études. 

« Évidemment que ça génère de la colère de voir un contractuel nous passer devant alors qu’on a réussi un concours très difficile, tandis que lui n’a pas eu à le passer », confesse Margaux*, professeure du premier degré dans le XXarrondissement de Paris. 

À cela s’ajoute un sentiment de déqualification du métier : « Quand il suffit d’une formation de quatre jours pour devenir enseignant, on donne l’impression que c’est facile, ajoute Guislaine David (SNUipp-FSU). Or, on n’apprend pas à enseigner la lecture à des élèves de CP en quatre jours. »

Toutefois, par-delà la colère, la solidarité entre enseignant·es, peu importe leur statut, finit souvent par l’emporter. « Même si je refuse de cautionner ce système, je ne peux pas laisser un collègue en galère », assure Karine*, enseignante en CM1-CM2, qui compte « filer des cours clés en main » à une contractuelle de son école qu’elle a trouvée en larmes en salle des profs. « Ça nous oblige à aller au-delà de nos missions, mais on le fait pour le bien des enfants. »

Les conditions de travail grèvent le moral des nouveaux

Il n’y a pas que la dévalorisation de leur métier qui alimente les envies de départ, les conditions de travail aussi. Le décalage entre les objectifs fixés par les formateurs et formatrices et la réalité des moyens pour les réaliser en frappe plus d’un·e. 

Il n’a fallu qu’une semaine à Romain* pour « revoir [ses] ambitions à la baisse et accepter de se concentrer sur des choses plus simples ». Nouveau professeur à Lille dans une classe à double niveau en REP+ (réseau d’éducation prioritaire), il déplore le trop grand nombre d’élèves dans sa classe. « Avec 20 élèves, dont une bonne partie en difficulté, je peux difficilement consacrer du temps à chacun comme on me le demande. » 

"Les parents savent que j’ai peu d’expérience, donc je n’ai pas le droit à l’erreur et ça me stresse un peu."

Romain, professeur en élémentaire à Lille

Ancien cadre dans l’industrie et petit-fils d’instituteur, il a souhaité se reconvertir afin, dit-il, de « se sentir utile à la société ». Après une semaine de découverte du métier, ce sentiment reste intact. Il a appris son affectation deux jours avant la rentrée, un délai trop court pour concocter un programme. 

Sa rentrée, passée à rattraper le retard de son affectation tardive et à fureter pour récupérer les fournitures manquantes de sa classe, n’a pas suffi à le décourager. Lui qui avait déjà quelques stages à son actif était préparé aux conditions difficiles du métier. Les parents restaient sa seule crainte : « Avec eux, je sais que je marche sur des œufs. Ils savent que j’ai peu d’expérience, donc je n’ai pas le droit à l’erreur et ça me stresse un peu. »

Si Romain ne partage pas avec ses jeunes collègues les doutes sur leur avenir dans la profession, il s’accorde au moins sur le décalage entre le salaire et la charge de travail : « Entre les heures de classe et le temps qu’on passe chez nous à préparer les cours, on mérite plus que notre salaire net de 1 800 euros. » Fin août, Pap Ndiaye reconnaissait lui-même, sur RTL, que « les salaires ne sont plus à la hauteur des travaux et des efforts demandés »

Yunnes Abzouz

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Cher·e élève de lycée professionnel...

11 Septembre 2022 , Rédigé par Questions de classes Publié dans #Education

Le lycée professionnel va être rénové pour mieux former aux métiers d'avenir

EXTRAIT

je viens vers toi pour m’excuser.

Cela fait plus de 20 ans que je lutte avec toi mais nous sommes en train de perdre cette lutte.

Je m’excuse car si mon métier est en train de perdre de son sens, si mon travail se dégrade de jours en jours, c’est surtout de toi dont il s’agit. Il s’agit de ton avenir, il s’agit de ta vie, il s’agit de ton émancipation réelle.

A force, on se connaît bien. Toi et moi sommes depuis le début aux marges de l’école. Les vrai·es professeur·es de mathématiques me voient au mieux comme un fou sympathique qui perd son temps, au pire comme un éducateur se faisant passer pour un professeur. D’ailleurs, je n’ai pas passé le même concours que les vrai·es professeur·es. Les vrai·es lycéen·nes te voient comme celle ou celui qui ne sert à rien à part perturber les cours. Et je ne parle même pas de tes vrai·es professeur·es. Le président de la République lui-même a du mal à te qualifier comme un·e lycéen·ne lorsqu’il annonce que les 2/3 des lycéen·nes des lycées professionnels sont des décrocheuses et décrocheurs. Bref 418.000 décrocheuses et décrocheurs. D’ailleurs, il ne s’agit même pas de les raccrocher puisque ce sera désormais à l’entreprise de s’occuper d’elles et eux.

Le président de la République t’invite à quitter l’école sans protester.

Et puis, comme je ne suis pas vraiment fortiche en mathématiques, comme je n’ai pas passé le bon concours, j’ai du mal à trouver ces décrocheuses et décrocheurs dans les données publiées par l’Éducation nationale. Prenons l’exemple du cursus du baccalauréat professionnel : 173.000 élèves en seconde bac pro, 174.000 en première baccalauréat professionnel et 163.000 en terminale baccalauréat professionnel. Je ne vois pas cette perte immense annoncée.

Et puis, 82 % de réussite pour celles et ceux qui passent le baccalauréat professionnel.

Mais peut-être, le baccalauréat professionnel n’est-il pas un vrai baccalauréat ? Peut-être qu’être en baccalauréat professionnel signifie être par nature une décrocheuse ou un décrocheur.

(...)

Mathieu Brabant, professeur de mathématiques en lycée professionnel

Suite et fin en cliquant ci-dessous

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Bon week end... A lundi...

10 Septembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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The Beatles...

9 Septembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... William Shakespeare...

9 Septembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Litterature

Les Joyeuses Commères de Windsor – FICHES DE RÉVISIONS

« FALSTAFF. - Mistress Ford, votre chagrin a dévoré ma mésaventure : je vois que votre amour est plein de soumission, et je vous promets que ma reconnaissance ne restera pas en arrière de lui de l'épaisseur d'un cheveu, non seulement, Mistress Ford, dans le simple office de l'amour, mais dans tout ce qui est accoutrement, compliment et cérémonie de l'amour. Mais êtes-vous sûre de votre mari, aujourd'hui?

MISTRESS FOND. - Il est allé faire une battue aux oiseaux, mon doux Sir John. 

MISTRESS PAGE, du dehors. - Hé, holà, ma commère Ford! hé, holà!

MISTRESS FORD. - Entrez dans le cabinet, Sir John. 

(Falstaff sort. Mistress Page entre.)

MISTRESS PAGE. - Comment va ma chérie? qui avez-vous au logis outre vous-même?

MISTRESS FORD. - Mais personne, si ce n'est mes gens.

MISTRESS PAGE. - Vraiment.

MISTRESS FORD - Non, bien sûr. (A part.) Parlez plus haut.

MISTRESS PAGE,.- Vraiment je suis heureuse que vous n'ayez personne ici.

MISTRESS FORD. - Pourquoi?

MISTRESS PAGE. - Parbleu, commère, votre mari est encore dans ses vieilles lunes; il est là-bas avec mon mari, et dans un état... Il faut entendre comme il se raille de toute la partie mariée de l'humanité, comme il maudit toutes les filles d'Eve de n'importe quelle couleur, comme il se donne des tapes sur le front, en criant : perce donc, perce donc! Vraiment toutes les folies que j'ai eu occasion de voir jusqu'à présent n'étaient que soumission, politesse et patience, comparées à la maladie qui le travaille maintenant : je suis heureuse que le gros chevalier ne soit pas ici.

MISTRESS FORD. - Comment, est-ce qu'il parle de lui?

MISTRESS PAGE. - Il ne parle de personne que de lui, et il jure que la dernière fois qu'il l'a cherché, il a été emporté dans un panier : il assure à mon mari qu'il est ici maintenant, et il les a dérangés de leur divertissement, lui et les autres personnes de sa société pour tenter une nouvelle vérification de ses soupçons; mais je suis heureuse que le chevalier ne soit pas ici; maintenant il verra l'étendue de sa sottise.

MISTRESS FORD. - A quelle distance est-il, Mistress Page?

MISTRESS PAGE - Tout près, au bout de la rue; il sera ici tout à l'heure.

MISTRESS FORD. - Je suis perdue! le chevalier est ici.

MISTRESS PAGE. - Eh bien! alors vous êtes entièrement déshonorée et lui est un homme mort. Quelle femme êtes-vous! Faites-le partir; faites-le partir : mieux vaut la honte que le meurtre.

MISTRESS FORD. - Par quel chemin doit-il partir? Comment dois-je m'y prendre pour le sauver? Le placerai-je encore une fois dans le panier?

(Falstaff rentre).

FALSTAFF. - Non, je ne veux plus entrer dans le panier : ne puis-je sortir avant qu'il n'arrive?

MISTRESS PAGE. - Hélas! trois des frères de M. Ford gardent la porte avec des pistolets pour que personne ne sorte; autrement vous auriez pu vous évader avant qu'il n'arrivât. Mais que faites-vous ici?

FALSTAFF. - Que ferai-je? je vais me glisser dans la cheminée.

MISTRESS FORD. - Ils ont toujours l'habitude d'y décharger leurs fusils de chasse; fourrez-vous dans le four.

FALSTAFF. - Où se trouve-t-il?

MISTRESS FORD. - Il y regardera, sur ma parole. Il n'y a pas un placard, lui coffre, un bahut, une malle, une cave, une voûte, dont il n'ait un catalogue pour aider sa mémoire et il les passe en revue sa note à la main : il n'y a pas moyen de vous cacher dans la maison.

FALSTAFF. - Alors, je dois sortir.

MISTRESS PAGE. - Si vous sortez sous votre figure naturelle, vous êtes mort, Sir John. A moins que vous ne sortiez déguisé...

MISTRESS FORD. - Comment pourrions-nous le déguiser?

Mistress PAGE. - Hélas de ma vie! je n'en sais rien. II n'y a pas de robe de femme assez large pour lui, autrement, il aurait pu mettre un chapeau, un loup, un mouchoir, et s'évader ainsi.

FALSTAFF. - Bons coeurs, inventez quelque chose : n'importe quelle extrémité plutôt qu'un malheur.

MISTRESS FORD. - La tante de ma fille de chambre, la grosse femme de Brentford a une robe en haut.

MISTRESS PAGE. - Sur ma parole, cela fera son affaire; elle est aussi grosse que lui : et il y a aussi son chapeau à franges et son loup. Courez vite en haut, Sir John.

MISTRESS FORD. - Allez, allez, mon doux Sir John : Mistress Page et moi nous allons chercher un linge pour votre tête.

MISTRESS PAGE. - Vite, vite! nous montons vous habiller tout de suite : mettez la robe en attendant.

(Falstaff sort.)

MISTRESS FORD. - Je voudrais que mon mari le rencontrât sous cet accoutrement : il ne peut pas souffrir la vieille femme de Brentford; il jure qu'elle est sorcière; il lui a défendu ma maison et a menacé de la battre.

MISTRESS PAGE. - Que le ciel le dirige sous la canne de ton mari, et qu'après cela le diable dirige la canne!

MISTRESS FORD. - Mais est-ce que mon mari vient?

MISTRESS PAGE. - Oui, très sérieusement, il vient; et il parle aussi du panier; il faut qu'il en ait eu vent de quelque manière.

MISTRESS FORD. - Nous allons tâcher de le savoir; je vais donner ordre à mes gens d'emporter le panier et de s'arranger pour rencontrer mon mari à la porte, comme cela est arrivé la dernière fois.

MISTRESS PAGE. - Oui, mais il va être ici tout à l'heure; habillons-le vite comme la sorcière de Brentford.

MISTRESS FORD. - Je vais d'abord instruire mes gens de ce qu'ils doivent faire avec le panier. Montez; je vais lui porter un linge à l'instant.

(Elle sort.)

MISTRESS PAGE. - Pendu soit-il, le déshonnête laquais! nous ne pouvons assez le maltraiter. Par l'action que nous allons faire, nous laisserons la preuve que des femmes mariées peuvent être joyeuses et cependant honnêtes; nous qui plaisantons et rions souvent, nous ne faisons rien de mal. C'est un vieux proverbe bien vrai : « Ce sont les cochons paisibles qui mangent toutes les saletés. »

(Elle sort. Mistress Ford rentre avec deux domestiques).

MISTRESS FORD. - Allons, Messieurs, prenez encore une fois le panier sur vos épaules : votre maître est presque à la porte; s'il vous ordonne de le poser, obéissez-lui : vivement, dépêchons. (Elle sort.)

PREMIER DOMESTIQUE. - Allons, allons, enlevez-le.

SECOND DOMESTIQUE. - Prions le ciel qu'il ne soit pas encore rempli du chevalier.

PREMIER DOMESTIQUE. - J'espère que non; j'aimerais autant porter un égal poids de plomb. 

(Entrent Ford, Page, Shallow, Caius messire Hugh Evans).

FORD. - Oui, mais si la chose se trouve vraie, M. Page, avez-vous un moyen de me décocufier? Posez ce panier, manants! que quelqu'un appelle ma femme. Un jeune homme dans un panier! Canailles de maquereaux que vous êtes! J'ai contre moi une bande, une clique, une meute, une ligue; mais le diable en aura la honte. Hé femme, dis-je! arrivez, arrivez donc! regardez l'honnête linge que vous envoyez au blanchissage!

PAGE. - Parbleu, cela passe la permission, M. Ford! vous ne pouvez rester en liberté plus longtemps; il faut qu'on vous attache.

EVANS. - Parbleu, c'est d'un lunatique! c'est aussi fou qu'un chien fou!

SHALLOW. - Vraiment, M. Ford, ce n'est pas bien; vraiment.

FORD. - C'est aussi mon opinion, Monsieur.

(Mistress Ford rentre).
 

FORD. - Venez ici, Mistress Ford, Mistress Ford, l'honnête femme, l'épouse pudique, la créature vertueuse qui a pour mari un sot jaloux! je vous soupçonne sans motif, Madame, n'est-ce pas?

MISTRESS FORD. - Le ciel m'est témoin que vous me soupçonnez sans motif, si vous me soupçonnez de quelque acte malhonnête.

FORD. - Bien dit, front d'airain; soutenez cela ferme. - Sortez de là-dedans, maraud! (Il jette les linges hors dit panier.)

PAGE. - Voilà qui passe la permission!

MISTRESS FORD. - N'avez-vous pas de honte? laissez les linges où ils sont.

FORD. - Je vais vous démasquer tout à l'heure.

EVANS. - Cela est déraisonnable! Voulez-vous prendre au collet le linge de votre femme? Venez donc.

FORD. - Videz le panier, vous dis-je.

MISTRESS FORD. - Pourquoi, mon mari, pourquoi?

FORD. - M. Page, aussi vrai que je suis un homme, il y a eu quelqu'un qu'on a fait sortir hier de ma maison dans ce panier : pourquoi ce quelqu'un n'y serait-il pas encore? Je suis sûr qu'il est dans ma maison : mes informations sont exactes, ma jalousie est raisonnable : sortez-moi tout le linge.

MISTRESS FORD. - Si vous y trouvez un homme, il mourra de la mort d'une pure.

PAGE. - Il n'y a personne.

SHALLOW. - Par ma fidélité, ce n'est pas bien, M. Ford : cela vous fait grand tort.

EVANS. - M. Ford, il vous faut prier et non pas suivre les imaginations de votre coeur. C'est là des jalousies.

FORD. - Bon, celui que je cherche n'est pas là.

PAGE. - Non, et il n'est nulle part si ce n'est dans votre cervelle.

FORD. - Aidez-moi à fouiller ma maison pour cette fois : si je ne trouve pas ce que je cherche, ne montrez aucune indulgence pour mon acharnement; que je sois à jamais l'objet de vos plaisanteries après boire, et qu'on dise de moi "Jaloux comme Ford qui fouillait une coquille de noix creuse pour y trouver l'amant de sa femme." Faites-moi ce plaisir encore une fois; cherchez avec moi encore une fois.

MISTRESS FORD. - Holà, hé, Mistress Page! descendez ainsi que la vieille femme; mon mari veut entrer dans la chambre.

FORD. - La vieille femme! qu'est-ce que c'est que cette vieille femme?

MISTRESS FORD. - Parbleu, c'est la femme de Brentford, la tante de ma femme de chambre.

FORD. - Une sorcière, une coquine, une vieille coquine voleuse! est-ce que je ne lui ai pas interdit ma maison? elle porte des messages, n'est-ce pas? Nous sommes de simples gens, nous; nous ne savons pas tout ce qui peut se passer sous le couvert de ce métier de diseuse de bonne aventure. Elle opère par des charmes, des sorts, des figures et autres jongleries qui sont en dehors de notre élément : nous n'y connaissons rien. Descendez, devineresse, sorcière; descendez, dis-je!

MISTRESS FORD. - Voyons, mon aimable mari... Mes bons Messieurs, empêchez-le de battre la vieille femme.

(Falstaff rentre  sous des habits de femme, conduit par mistress Page).
.
MISTRESS PACE, - Venez, mère Prat; venez, donnez-moi votre main.

FORD. - Je m'en vais la pratiquer. (Il le bat.)  Loin de ma maison, sorcière, guenille, coquine, putois, rogneuse! dehors! dehors! Je m'en vais vous en donner des conjurations! je m'en vais vous en dire des bonnes aventures.

(Falstaff sort.)

MISTRESS PAGE. - N'avez-vous pas de honte? je crois que vous avez tué la pauvre femme.

MISTRESS FORD. - Et il la tuera certainement. Voilà qui vous fait grand honneur.

FORD. - Pendue soit-elle, la sorcière!

EVANS, - Je crois que la femme est peut-être bien une sorcière : je n'aime pas quand une femme a une grande parbe : j'ai aperçu une grande parbe sous son loup.

FORD. - Voulez-vous me suivre, Messieurs? je vous en conjure, suivez-moi; voyez seulement le résultat de ma jalousie : si j'aboie ainsi sur une piste absente, ne vous liez plus à moi quand je tomberai à l'arrêt.

PAGE. - Obéissons encore un peu à son humeur : venez, Messieurs. (Sortent Ford, Page, Shallow, Caïus et Evans). »
 

(Shakespeare, Les Joyeuses commères de Windsor, Acte IV, scène 2).
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L’école suédoise, dégradée par une logique de marché, est devenue un contre-modèle

9 Septembre 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

Drapeau de la Suède drapeau usé-look Stockholm Suède' Autocollant |  Spreadshirt

EXTRAITS

Le système scolaire du pays scandinave, longtemps très estimé, s’est affaibli à mesure que l’enseignement privé prenait du poids et s’autonomisait. Les inégalités se sont creusées, et l’enseignement public est fui.

Analyse. L’école suédoise va mal. Avant des élections législatives prévues dimanche 11 septembre, les leaders politiques ont beau s’opposer sur les solutions, ils font tous le même constat. Chaque année, 16 000 élèves quittent le collège sans pouvoir entrer au lycée. Les différences de niveau entre les établissements ne cessent de croître. Partout, les enseignants qualifiés manquent à l’appel.

Le système scolaire suédois, considéré comme l’un des plus performants et égalitaires du monde il y a encore trente ans, est désormais observé avec un mélange de répulsion et d’incrédulité. En 2013, l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis), publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avait révélé au grand jour ses dysfonctionnements : le niveau des jeunes Suédois en lecture, mathématiques et sciences s’était effondré. Depuis, il est légèrement remonté, mais les inégalités scolaires se sont creusées.

Pour comprendre cette évolution, il faut remonter à la fin des années 1980. L’école suédoise est alors encore très centralisée. Son organisation et son financement dépendent de l’Etat. Les établissements ont peu d’autonomie. Autre particularité : ils sont quasiment tous publics. En 1992, seuls 1,1 % des écoliers et collégiens et 1,7 % des lycéens étaient inscrits dans le privé.

Malgré ses bons résultats, ce système est alors de plus en plus critiqué pour son manque de diversité pédagogique et le peu de liberté de choix qu’il laisse aux parents. Alors que les finances publiques du pays sont dans le rouge, les Sociaux-Démocrates au pouvoir décident de décentraliser l’éducation : à partir de 1989, le primaire et le secondaire passent sous la responsabilité des 290 communes, malgré l’opposition des syndicats d’enseignants.

(...)

Le secteur a vu s’imposer une logique de marché. Pour augmenter leurs revenus, les établissements privés doivent attirer le plus d’élèves possible, tout en réduisant les coûts. Parmi les solutions : se passer d’une bibliothèque ou d’une cantine, mais aussi augmenter le nombre d’élèves par enseignant, ou embaucher des professeurs non qualifiés avec des salaires inférieurs.

La stratégie consiste également à attirer les élèves les moins difficiles, qui coûtent le moins cher. Pour y parvenir, les établissements privés ont développé différentes tactiques : s’installer dans les beaux quartiers, présenter un profil exigeant réservé à des élèves particulièrement motivés ou gonfler les notes. Soumis à la double pression des parents et de leurs supérieurs, les enseignants doivent obtempérer.

Aucune obligation de transparence

Mais l’outil le plus efficace reste les listes d’attente, car certains parents, les plus avertis, sont prêts à y inscrire leurs enfants dès la naissance. Elles peuvent rassembler des centaines de noms. Officiellement, les écoles privées n’ont pas le droit de faire de sélection et doivent accueillir les premiers inscrits. En réalité, elles n’ont de comptes à rendre à personne, puisque ces listes sont considérées comme des secrets commerciaux, dont la gestion n’est soumise à aucune obligation de transparence.

(...)

Avant les élections, les Sociaux-Démocrates et le Parti de gauche se sont engagés notamment à interdire les profits des acteurs privés et à réduire leur financement. Les centristes et libéraux proposent, pour leur part, de mieux encadrer le secteur privé, avec des contrôles accrus des pouvoirs publics. Mais aucun ne veut remettre en cause la liberté de choisir des familles à laquelle les Suédois sont attachés. Seule exception : les Démocrates de Suède (extrême droite) veulent interdire la dizaine d’écoles de confession musulmane.

Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale)

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Collèges et lycées : y a-t-il vraiment un prof devant chaque classe, comme l’avait promis Pap Ndiaye ?

9 Septembre 2022 , Rédigé par Telerama Publié dans #Education

Collèges et lycées : y a-t-il vraiment un prof devant chaque classe, comme l’avait promis Pap Ndiaye ?

EXTRAIT

Depuis le 31 août dernier, le hashtag NotreVraieRentrée circule sur les réseaux sociaux. Et manifestement, une semaine après la rentrée des classes, la promesse du ministre de l’Éducation nationale n’a pas été tenue.

Professeur d’anglais ? Absent. Éducation civique et morale ? Absent. Philosophie ? Absent. L’année a mal commencé pour les enfants de Marine (1), qui sont revenus du lycée avec un emploi du temps déjà truffé de trous. Dès la première semaine, les deux ados en terminale à La Rochelle ont perdu neuf heures de cours. « Ça m’ennuie beaucoup car la philo est une discipline du tronc commun qu’ils passent en épreuve terminale. Mais ce qui m’embête encore plus, c’est qu’il s’agit d’une matière nouvelle et qu’il est particulièrement compliqué de s’en débrouiller quand on n’en a jamais fait », alerte leur mère. Il y a aussi de quoi râler quand on annonce à des sections européennes un mois sans cours d’anglais… « Je trouve ça inquiétant que, dès la rentrée, il n’y ait pas de remplaçants dans des matières aussi importantes. »

Depuis le 31 août, le hashtag NotreVraieRentrée circule sur les réseaux sociaux. Et manifestement, la promesse du ministre de l’Éducation nationale qu’il y ait un professeur devant chaque classe n’a pas été tenue. Cet appel à témoignages lancé par le SNES n’en finit plus d’être alimenté. « Dans mon établissement, il manquait un prof d’histoire-géo et d’allemand le jour de la prérentrée. Leur absence était pourtant prévisible, ils sont en congé maladie depuis un moment… On s’est donc retrouvés à distribuer des emplois du temps avec Monsieur X ou Madame Y dans certaines cases », déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES. Selon une enquête menée par son syndicat sur un échantillon de 554 collèges et lycées répartis sur l’ensemble des académies de métropole et d’outre-mer, il manquait au moins un professeur dans 62 % des établissements deux jours après la rentrée… et 83 % rien que pour l’académie de Créteil, qui remporte une fois de plus la palme.

(...)

Marion Rousset

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"On m'a proposé un poste le jour de la rentrée" : comment les enseignants contractuels "comblent les trous" de l'Education nationale

9 Septembre 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Education

"On m'a proposé un poste le jour de la rentrée" : comment les enseignants contractuels "comblent les trous" de l'Education nationale

Face à la pénurie de professeurs titulaires, le ministre de l'Education nationale a annoncé le recrutement de 3 000 contractuels pour la rentrée 2022. Un statut qui cache bien souvent des conditions de travail précaires.

 

"J'ai été complètement lâchée dans la nature." Gaëlle, enseignante contractuelle depuis six ans, se rappelle de sa première rentrée comme si c'était hier. "Ils m'ont demandé si j'étais disponible dans la journée, j'ai déposé mes enfants à l'école et à 13h30, j'étais devant ma classe", se remémore cette ancienne ingénieure, qui s'est confiée à franceinfo, mardi 30 août. Sans entretien d'embauche, ni de formation, Gaëlle se retrouve devant 31 élèves de CM1 et de CM2. "Un enfant m'a dit qu'ils étaient en train de lire un livre donc j'ai rattrapé les wagons comme ça, explique-t-elle. C'était de l'improvisation."

L'expérience de Gaëlle, de nombreux enseignants contractuels l'ont également vécue. Ces professeurs du premier et du second degré sont recrutés chaque année, sur diplôme mais sans concours, afin d'enseigner dans les zones où il manque des titulaires. Et ils sont de plus en plus nombreux chaque année. Dans le secteur public, leur nombre a presque doublé entre 2008 et 2021, jusqu'à atteindre près de 40 000 à travers la France. Plus de 5% des effectifs totaux.

La rentrée 2022 devrait facilement battre ce record. Dans "un contexte de tension inédite pour le recrutement des professeurs", le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, a annoncé l'embauche de 3 000 contractuels supplémentaires. Les syndicats déplorent des conditions de travail difficiles, liées à ce statut précaire. Une dizaine de ces professeurs non-titulaires nous ont raconté leur expérience, parfois compliquée, dans le grand bain de l'Education nationale.

"Personne ne m'a appelé"

L'aventure des contractuels commence presque toujours de la même façon. Après le dépôt d'un CV sur la plateforme du ministère ou à Pôle emploi, ces diplômés de l'enseignement supérieur de tous âges reçoivent un coup de téléphone les informant de leur affectation dans un ou plusieurs établissements. Un appel qui tarde souvent à arriver, alors que la rentrée approche. "On est le 30 août, il est 11h16. La pré-rentrée est demain. Je n'ai aucune information", s'inquiète Jennifer, jointe par téléphone. Le jour de la rentrée, cette enseignante contractuelle d'espagnol n'avait toujours pas reçu d'affectation. L'année dernière, elle avait déjà eu la mauvaise surprise de passer d'un plein temps à un mi-temps. De quoi faire fondre ses revenus et raviver ses angoisses.

"D'une année à l'autre, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé."

Jennifer, enseignante contractuelle 

à franceinfo

Au même moment, d'autres contractuels contactés par franceinfo étaient toujours en attente d'une réponse. "Je ne sais pas encore si j'aurai un poste, personne ne m'a appelé", s'inquétait déjà Linda, mardi. A juste titre : le matin de la rentrée, elle n'avait toujours pas été contactée. En 2021, déjà, cette professeure contractuelle de mathématiques et d'arts plastiques en Ile-de-France, avait dû attendre le mois d'octobre pour finalement décrocher une affectation à la suite d'un désistement, et ce, malgré ses dix années d'expérience. "On comble les trous", résume Lionel, un autre contractuel.

Eloi*, lui, n'avait toujours pas eu de contact avec le rectorat mardi alors qu'il devait commencer le lendemain dans un établissement. "Je n'ai pas de contrat de travail et lorsque j'appelle le rectorat, je tombe sur une boite vocale qui me dit qu'ils sont fermés jusqu'au 14 septembre", souffle ce professeur d'histoire-géographie, qui a finalement signé son contrat mercredi, jour de la pré-rentrée des professeurs. L'année dernière, ce n'était pas mieux. "On m'avait proposé un poste le jour de la rentrée et en me demandant d'enseigner aussi le français." Une situation inacceptable pour les syndicats. "Il faut assumer qu'un professeur recruté ne peut pas se retrouver en vingt-quatre heures devant une classe", revendique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU.

Apprendre le métier "sur le tas"

Sans pouvoir anticiper, les enseignants contractuels arrivent souvent dans leur établissement avec rien d'autre que leur cartable pour commencer à travailler. Mélissa*, enseignante sous ce statut depuis un peu plus de quatre ans dans le Puy-de-Dôme, décrit une forme de "précipitation" suivie d'un sentiment de "solitude" en se remémorant son premier jour de classe. "J'étais toute seule devant un groupe de BTS, rien n'a été mis en place pour m'accueillir, déplore-t-elle. Ce jour-là, je n'avais même pas eu accès à l'ENT [Environnement numérique de travail] tout de suite, et on ne m'a pas forcément donné de contacts avec les profs."

Au début, "nous sommes un peu lâchés dans l'arène", abonde Linda. Elle se rappelle des débuts compliqués, il y a onze ans. "J'ai eu un rendez-vous avec un inspecteur : on ne m'a même pas demandé si je savais faire une opération", s'indigne-t-elle. Sans formation préalable, l'enseignante débutante de l'époque apprend alors sur le tas les spécificités du métier, comme "savoir gérer un groupe" ou encore "comment faire un plan de classe".

Une formation express

Les premiers jours de contrat sont souvent synonymes "d'improvisation" pour ces contractuels, arrivés dans l'urgence pour remplacer des professeurs absents. "Ces enseignants que nous remplaçons n'ont pas forcément le temps de nous transmettre quoi que ce soit, explique Gaëlle. Donc, au début, il nous arrive d'enchaîner des soirées et des soirées de travail pour tout rattraper."

"J'ai demandé à être aidée. Ça a fait rire mes supérieurs, on me disait : 'Débrouille-toi !'"

Julie, enseignante contractuelle dans l'académie de Toulouse 

à franceinfo

Pour la première fois cette année, les enseignants contractuels ont été invités par leur rectorat à une formation de quelques jours avant la rentrée scolaire, sur directive du ministère de l'Education. Au programme : quatre jours d'apprentissage des bases du métier et quelques mises en situation. "On est très contents que cela ait pu enfin être mis en place, nous le demandions depuis longtemps", se félicite Dorothée Crespin, déléguée nationale à l'Unsa Education. Une formation insuffisante, juge de son côté Sophie Vénétitay : "C'est illusoire de croire qu'on peut devenir professeur en seulement quatre jours".

Par ailleurs, le ministère, contacté par franceinfo, rappelle que, tout au long de l'année, les personnels contractuels peuvent, "comme tous les autres personnels", s'inscrire à des formations. Dans le premier degré, dix-huit heures de formation obligatoire sont également prévues pour l'ensemble du corps enseignant. Mais, dans les faits, de nombreux contractuels interrogés font part des difficultés à se dégager du temps pour se former. "Les établissements n'ont pas forcément le temps de nous lâcher, explique Gaëlle. Parfois, il faut se déplacer à plus d'une heure de chez soi, c'est compliqué." Surtout qu'il faut se former "en dehors des heures de cours", sur son temps personnel, explique Linda, qui regrette "des attentes trop hautes" par rapport au "peu de reconnaissance''.

Une intégration compliquée

Une fois lancés, sans filet, dans la grande machine de l'Education nationale, les enseignants contractuels se sentent bien souvent un peu seuls. "On se retrouve dans une famille avec des codes, et dans cette famille, il y a l'intrus. Le contractuel, c'est l'intrus", témoigne Angèle*, professeure d'arts plastiques ayant enseigné en tant que contractuelle pendant plus de dix ans. 

Linda se souvient de son année 2021, durant laquelle un contrat l'amenait à passer seulement sept heures par semaine dans un établissement. "Je voyais peu mes collègues, confie-t-elle. On sent bien qu'on n'est pas intégré, qu'on ne fait pas partie de l'équipe." Sur une période courte, "les enseignants ne cherchent pas trop à nous parler parce qu'ils savent qu'on n'est pas là pour longtemps", ajoute GaëlleParfois, cela va plus loin : certains enseignants plus diplômés "refusent de saluer" les enseignants non titulaires ou alors s'auto-attribuent des "zones dédiées dans la salle des profs", racontent plusieurs contractuels.

"Dans la salle des professeurs, il y avait ceux qui avaient le droit de s'asseoir dans les fauteuils et les autres. Nous, les contractuels, on restait debout."

Benoît, enseignant contractuel dans l'académie de Grenoble 

à franceinfo

Ces mésaventures répétées ne doivent pas masquer de nombreuses expériences réussies. "L'équipe pédagogique m'a tout de suite prise sous son aile pour me coacher et me donner des conseils", salue Eloi*, contractuel en région lyonnaise. Une professeure chevronnée est même devenue sa tutrice "sur son temps personnel", précise-t-il. Il faut dire que les conditions de travail, parfois difficiles dans certains établissements, ont tendance à souder 'ensemble des enseignants. "Au collège, tout le monde est dans la même galère, relève Benoit. Dans ces conditions, il n'y a plus ni de différence, ni de concurrence."

 

Rachel Rodrigues - Robin Prudent

* Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressé(e)

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