Une école (encore) genrée - Par Claude Lelièvre
EXTRAIT
Comment se fait-il que l’École soit encore victime d’une socialisation genrée qui véhicule l’image discriminante d’une fille douce et soumise ainsi que celle d’un homme viril et fort tandis que la société, notamment avec les mouvements féministes, évolue dans le sens opposé. Manque de coopération volontaire ou naïveté des politiques publiques ?
Selon les informations délivrées par France Inter le 7 septembre dernier, le ministère de l’Éducation nationale et celui chargé de l’Égalité entre les hommes et les femmes comptent renforcer la lutte contre les stéréotypes de genre à l’École. «Les garçons sont trop souvent élevés dans un idéal de force, de virilité, quand on a encore tendance à associer les filles à la douceur et à la soumission » décrypte un conseiller ministériel en charge de faire bouger les lignes.
Encore faudrait-il que l’on tire les leçons d’une longue histoire pour que cela puisse être pris en considération...
(...)
Claude Lelièvre
A lire (abonnés) en cliquant ci-dessous
/https%3A%2F%2Faoc.media%2Fwp-content%2Fuploads%2F2022%2F09%2Fgenrecole.png)
Une école (encore) genrée - AOC media
Comment se fait-il que l'École soit encore victime d'une socialisation genrée qui véhicule l'image discriminante d'une fille douce et soumise ainsi que celle d'un homme viril et fort tandis que ...
https://aoc.media/opinion/2022/09/21/une-ecole-encore-genree/
Najat Vallaud-Belkacem aux Rencontres du Développement Durable 2022 (Vidéo)
Adoptés en 2015 par l'Assemblée générale des Nations unies, les ODD forment ensemble l'Agenda 2030. C'est une grammaire commune à tous les acteurs de la société civile : entreprises, collectivités locales ou associations peuvent autant s'y référer que les acteurs diplomatiques. C'est un langage courant pour penser la transition et faire le lien entre les piliers économiques, sociaux, environnementaux et politiques du développement durable. C'est un référentiel utile pour « penser le monde d'après », comme certains l'espéraient au début de la pandémie. C'est aussi et surtout un système de mesure qui nous permet d'évaluer, à l'échelle mondiale, le progrès. Or, les 25 premières semaines de la pandémie ont représenté une régression équivalente à 25 ans de progrès dans la réalisation de l'Agenda 2030.
Coup de coeur... François Villon...
Belle leçon aux enfants perdus
Beaux enfants, vous perdrez la plus
Belle rose de vo chapeau ;
Mes clercs près prenant comme glus,
Se vous allez à Montpipeau
Ou à Ruel, gardez la peau :
Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,
Cuidant que vausît le rappeau,
Le perdit Colin de Cayeux.
Ce n'est pas un jeu de trois mailles,
Où va corps, et peut-être l'âme.
Qui perd, rien n'y sont repentailles
Qu'on n'en meure à honte et diffame ;
Et qui gagne n'a pas à femme
Dido, la reine de Carthage.
L'homme est donc bien fol et infâme
Qui, pour si peu, couche tel gage.
Qu'un chacun encore m'écoute !
On dit, et il est vérité,
Que charterie se boit toute,
Au feu l'hiver, au bois l'été.
S'argent avez, il n'est enté,
Mais le dépendez tôt et vite.
Qui en voyez-vous hérité ?
Jamais mal acquît ne profite.
François Villon
A voir... « Juste sous vos yeux », de Hong Sang-soo...
/https%3A%2F%2Fwww.slate.fr%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2Fstyles%2F1200x680%2Fpublic%2Fcapture_decran_2022-09-18_a_14.22.13_0.png)
"Juste sous vos yeux", une femme trouve son chemin
Avec humour, tendresse et lucidité, le nouveau film de Hong Sang-soo accompagne son héroïne le long de rencontres où se révèlent, en douceur, les possibilités d'appartenir à un monde et de ...
Ces établissements scolaires qui manquent toujours de professeurs : « Nous avons des noms sur le papier, mais pas d’enseignants dans les classes »
EXTRAITS
Deux semaines après la rentrée, des problèmes subsistent. Les rectorats plaident une « période d’adaptation » inhérente à la rentrée. Les heures de cours perdues s’accumulent pour les élèves.
La réunion parents-professeurs des 2des est à peine terminée que deux mères de famille se dirigent vers le stand de la FCPE, devant le lycée Eugène-Delacroix, à Drancy (Seine-Saint-Denis). Leurs enfants n’ont pas de professeur d’espagnol depuis la rentrée, et personne n’a pu les rassurer quant au délai qui sera nécessaire pour résoudre le problème. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? », demande l’une d’elles aux représentants de parents d’élèves. « Appelez le rectorat tous les jours pour qu’il trouve quelqu’un », lui conseillent les élus, assurant que la direction fait tout ce qu’elle peut de son côté.
La promesse d’un enseignant devant chaque classe à la rentrée n’a pas été tenue dans ce lycée polyvalent accueillant plus de 2 000 élèves et étudiants. Mathématiques, espagnol, anglais, sciences et vie de la Terre (SVT), histoire-géographie, mais aussi biotechnologies ou gestion-administration pour la voie professionnelle… Il manquait ici, de source syndicale, plus d’une dizaine de professeurs le 16 septembre, sur un effectif total de 190.
Pour les élèves, ce sont des dizaines d’heures de cours déjà perdues. « On ne peut pas compenser en interne, beaucoup de professeurs font déjà des heures supplémentaires et les emplois du temps ne sont pas toujours compatibles », explique Colleen, enseignante d’anglais au lycée, qui ne souhaite pas donner son nom.
(...)
Dans les rectorats, on affirme qu’il s’agit d’une « période d’adaptation » inhérente à chaque rentrée. « Nous ne manquons pas d’enseignants, ce sont des ajustements, assure-t-on par exemple au rectorat d’Orléans-Tours, où plus de 90 % des chefs d’établissements déclaraient au moins un poste vacant après la rentrée, selon le SNPDEN. Dans le second degré, nous avons 15 600 enseignants répartis dans un peu plus de 300 établissements… C’est un défi de gestion des ressources humaines et la répartition des enseignants peut prendre du temps. »
(...)
D’après les proviseurs, si ces manques de début d’année sont classiques, ils durent davantage qu’à l’accoutumée cette rentrée. « Le nombre de postes vacants baisse progressivement, mais les affectations, notamment des stagiaires, ont pris du retard », constate Laurence Colin, secrétaire générale adjointe du SNPDEN et proviseure d’un lycée professionnel en Gironde où il manque encore deux professeurs, contre sept le jour de la prérentrée.
(...)
« Si les absences sont résolues rapidement, nous pouvons essayer d’assurer des heures de rattrapage sur le reste de l’année, explique Radouane M’Hamdi, proviseur du lycée André-Boulloche à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), où il manquait encore, le 16 septembre, des enseignants pour assurer dix-huit heures de français et neuf heures de sciences économiques et sociales (SES). Mais il y a trente-six semaines de cours par an, donc un poste vacant plus de trois semaines, c’est 10 % des heures annuelles dans la discipline qui sont perdues pour les élèves et ça devient difficile à compenser. »
Un terreau d’inégalités des chances, particulièrement préjudiciable lorsqu’il touche des classes à examen. Les professionnels s’inquiètent aussi du risque de décrochage de certains élèves dont les emplois du temps sont noyautés dès la rentrée, notamment en filière professionnelle. « Quand les élèves ont huit heures de travaux pratiques dans la journée avec un enseignant et que ce dernier n’est pas là, les dégâts potentiels sur les élèves sont énormes », relève Laurence Colin.
Enseignants, chefs d’établissement et parents s’inquiètent désormais de savoir à quel point les viviers de remplaçants ont été mobilisés pour couvrir ces manques. Et combien seront encore disponibles pour pallier les absences, beaucoup plus nombreuses, qui s’accumuleront cet hiver.
et
Education sexuelle: un défi de taille
Un rapport de l’Inspection générale de l’Education révélé par «Mediapart» pointe les manquements de l’institution sur l’éducation à la sexualité en milieu scolaire.
Peut mieux faire. C’est ainsi que l’on pouvait noter la copie rendue par l’Etat au sujet de l’éducation sexuelle dans l’enseignement public. En effet, en juillet 2021, l’Inspection générale de l’Education, du sport et de la recherche remettait au ministre de l’Education nationale de l’époque, Jean-Michel Blanquer, un rapport intitulé «Education à la sexualité en milieu scolaire», jamais rendu public par le ministère alors dirigé par Jean-Michel Blanquer, dont Mediapart mardi 20 septembre.
Le texte dresse un constat relativement sévère des actions menées par le ministère. Selon ce rapport remis en juillet 2021, «moins de 15 % des élèves bénéficient de trois séances d’éducation à la sexualité pendant l’année scolaire en école et au lycée (moins de 20 % en collège)», alors que ces trois séances sont prévues par la loi. De même, une enquête du collectif féministe #NousToutes, réalisée entre 2021 et 2022 et dévoilée en février dernier par Libération, montrait que les élèves n’avaient eu en moyenne que 2,7 séances d’éducation à la vie sexuelle et affective, soit à peine 13 % des 21 séances qu’ils auraient dû avoir au cours de leur scolarité. De son côté, le nouveau ministre de l’Education, Pap Ndiaye, a affirmé sa volonté de remettre ce sujet sur la table. «La loi de 2001 nous enjoint de façon très claire de parler d’éducation à la sexualité», et «nous devons respecter la loi», confiait-il la semaine dernière à nos confrères de franceinfo.
Vaste programme
D’ailleurs, si les inspectrices mettent en lumière les manquements de l’institution en matière d’éducation sexuelle, elles préconisent de : «Mieux intégrer l’éducation à la sexualité à la politique éducative», notamment en rendant l’éducation à la sexualité plus lisible, et en inscrivant l’éducation à la sexualité dans les projets académiques et les projets d’établissement. Les inspectrices préconisent également de «formaliser fermement trois séances annuelles dédiées», ou encore de «renforcer la formation des acteurs.» De même, il importe selon elles de «maintenir (l’éducation à la sexualité), de l’identifier clairement, de mieux la structurer, de l’améliorer et de lui donner une véritable place au sein du ministère de l’Education nationale, en concertation avec les ministères de la Santé, de l’Egalité entre les filles et les garçons et de la Protection de l’enfance», écrivent-elles.
Enfin, le rapport insiste sur la formation des acteurs, et met en avant la nécessité de : «renforcer le déploiement des formateurs académiques sur l’éducation à la sexualité, pour former à long terme tous les personnels d’enseignement, d’éducation, d’encadrement, d’inspection intervenant en établissement scolaire sur l’éducation à la sexualité».
Un outil de lutte
«La loi impose pourtant trois séances d’éducation sexuelle par an et par niveau. Et quand elle est respectée, on ne parle aux jeunes que de reproduction, de contraception ou de risques», déplorait en décembre dernier la coautrice du documentaire Options éducation sexuelle Carine Lefebvre-Quennell. Pourtant, conçues comme un outil de conscientisation pour les élèves, ces séances sont un véritable levier de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, d’autant qu’elles permettent d’évoquer des notions clefs comme le consentement.
Et faute de formation académique, de plus en plus de jeunes se tournent vers des auteurs qui s’adressent directement à eux là où ils sont susceptibles de les trouver : sur les réseaux sociaux. A titre d’exemple, entre 2015 et 2020, la chaîne YouTube «Parlons peu, parlons Cul», qui réunit plus de 600 000 abonnés, évoquait les questions liées à la sexualité, du désir à l’orientation sexuelle, en passant par la masturbation. Enfin, plus récemment, c’est la créatrice du compte Instagram féministe Jemenbatsleclito aux 697 000 abonnés, Camille Aumont Carnel, qui publiait un livre intitulé Adosexo, sous-titré «le guide d’éducation sexuelle de référence». Mais malgré ces initiatives chargées de bonnes intentions, il demeure regrettable que l’Education nationale tarde à s’emparer de ce qui constitue un enjeu de santé publique majeur.
Eloïse Duval et AFP
/https%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Fresizer%2FasBP6b2ujLxk5Y_sjwyBqEcXiTU%3D%2F1200x630%2Ffilters%3Aformat%28jpg%29%3Aquality%2870%29%2Fcloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com%2Fliberation%2FPYIUX7R7R5DI3O6FLUKQHKKTMI.jpg)
Education sexuelle: un défi de taille
Peut mieux faire. C'est ainsi que l'on pouvait noter la copie rendue par l'Etat au sujet de l'éducation sexuelle dans l'enseignement public. En effet, en juillet 2021, l'Inspection générale de ...
Coup de coeur... Kaouther Adimi...
Le réalisateur était tendu. L'après-midi était consacré au tournage de l'attentat du Milk Bar. L'une des scènes montrait un petit garçon européen en train de lécher une glace, quelques secondes avant l'explosion d'une bombe du FLN déposée par Djamila Bouhired et Zohra Drif. Cette séquence avait suscité de nombreux débats et des discussions sans fin. Yacef Saadi avait tenté d'expliquer ses réticences: "C'est ce que font tous les journalistes et tous les écrivains, même les plus honnêtes : ils décrivent les victimes algériennes comme des ombres, sans histoire, sans chair, sans passé, et à l'inverse, ils humanisent les victimes françaises. Nous sommes des musulmans, un groupe d'individus sans visage, et eux, ce sont des hommes, des femmes et des enfants. Vous avez un biais." Mais Pontecorvo tenait à cette scène et avait balayé les arguments de Yacef : "Pas d'angélisme. C'était une guerre, vous ne cessez de répéter que vous étiez un combattant donc il faut montrer la réalité de la guerre, et que le spectateur comprenne qu'il y avait deux armées qui s'affrontaient même si elles ne disposaient pas des mêmes moyens." Le petit garçon qui jouait l'enfant européen avait applaudi, heureux de pouvoir passer son après-midi à lécher une glace, indifférent -aux états d'âme des adultes.
Kaouther Adimi - Au vent mauvais
Silence dans la classe !
Silence…
J’ai toujours détesté les « fins » … La fin d’un film, la fin d’une histoire d’amour, la fin d’une journée, la fin d’un cours, la fin de l’année, la fin des vacances aussi… La salle des professeurs s’est vidée. Je me retrouve seul ce samedi avant de reprendre la route et d’écouter Bach sur les dix-sept kilomètres qui me séparent de mon domicile. Le silence est total et il fait beau…
J’ai toujours détesté aussi les trop longs silences. Ils n’annoncent rien de bon. La semaine dernière, une de mes élèves, souvent silencieuse, - donc à-priori « sans problèmes n’est-ce pas ? - est sortie de sa réserve… Prise d’une crise d’angoisse, elle hurlait dans le hall, annonçant des intentions suicidaires, montrant ses avant-bras striés de cicatrices, scarifiés… Cette « mode » de la scarification, empruntée à des sites Internet Gothiques ou prétendus tels, touchent de plus en plus de pré-adolescents, surtout des filles. Se faire mal effacerait leurs angoisses. Car, pour certains, à cet âge-là, l’angoisse du lendemain, du présent aussi, est permanente. Les raisons de ce mal-être, de ce mal-vivre, sont très nombreuses :
-les difficultés familiales -les pressions exercées par les adultes
-l’obligation qui leur est faite de se conformer à des images de mode ; malheur à celle ou à celui qui n’y parvient pas !
-l’incompréhension devant ce qu’on exige d’eux. « Mais ça sert à quoi ? » ; « Pourquoi je suis là ? » ; « De toutes façons, on est nuls ! » ; « Je n’y arriverai pas ! » ; « Je suis trop moche ! » ; « J’y comprends rien ! »… Autant de réflexions que nous écartons, cela m’arrive aussi, n’y prêtant pas attention. Ça leur passera… Ils font leur crise d’adolescence…
-le découpage de leur journée en tranches de savoirs. Tu suis ? tant mieux… Tu ne suis pas ? Tant pis pour toi… Et tu passes de zéro en observation, d’observation en retenue, de retenue en exclusion ; d’exclusion en scarifications… Je caricature ? A peine hélas…
-les « bons » élèves n’échappent pas non plus à ces silences angoissants. Tu feras « latin-allemand » … Que tu le veuilles ou pas… J’ai un jour entendu un père d’élève de sixième me tracer tout le cursus de sa fille jusqu’à son mariage ! Elle sera avocate, épousera un médecin ou, au pire, un cadre supérieur. La petite fille, présente à l’entretien, était silencieuse… Forcément silencieuse…
Une future scarifiée ? Si proche de « sacrifiée » …
Ne croyons pas que le silence de nos élèves, le silence absolu de nos classes attentives ou semblant l’être, soit un gage de réussite. Il n’assure que notre tranquillité. Mais il ne nous renvoie que l’assourdissante angoisse de certains. Faisons-les participer ! Impliquons-les ! Donnons-leur toutes les occasions de parler, d’écrire, de créer, d’inventer, d’exprimer, de lire, de dialoguer entre eux et avec nous. De manière organisée bien entendu ! Ils ne demandent que ça !
Nous laisserons des traces en eux…
Ce ne seront plus celles alors des lames de rasoirs…
Christophe Chartreux