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Vivement l'Ecole!

À l’heure de la pénurie de profs, il faut le dire : oui, il s’agit du plus beau métier du monde, et de notre devoir

2 Septembre 2022 , Rédigé par Huffington Post Publié dans #Education

À l’heure de la pénurie de profs, il faut le dire : oui, il s’agit du plus beau métier du monde, et de notre devoir

TÉMOIGNAGE - « Dans notre société qui sait se montrer si déprimante, quoi de plus beau que de tendre une perche à un enfant en lui apprenant qu’il reste de belles choses à construire ou à réparer ? » questionne ce professeur des écoles.

RENTRÉE - Des métiers, j’en ai eu plusieurs : télévendeur, monteur pour la télévision, chargé de production pour un orchestre de musique classique, gestionnaire d’une association de quartier… Et puis j’ai eu mon groupe de rock avec lequel j’ai sillonné les routes et enregistré des disques, j’ai écrit six livres dont trois romans, j’anime aujourd’hui encore une émission de radio, publie des livres avec ma petite structure d’édition… Une vie professionnelle et passionnelle bien remplie, malgré une scolarité en dents de scie et des études bâclées par le désir de plonger un peu plus tôt que les autres dans la « vraie vie ».

Et me voici donc professeur des écoles, dans une REP+ de banlieue parisienne. Une reconversion sur le tard motivée par l’envie de « donner du sens ». Ou de donner tout court. On peut le dire, un lieu commun. Un leitmotiv se rependant comme une traînée de poudre chez les gens fatigués de ne plus savoir le pourquoi du comment ils travaillent toute la journée. La quête de sens, cette maladie du siècle hautement contagieuse mais pourtant bénigne, et dont il faudra surtout bien un jour se garder de trouver un vaccin.

Enseignant à 40 ans

À quarante ans passés, j’ai décidé de goûter à ce curieux métier, et de passer le fameux concours de recrutement de l’Éducation nationale. C’était il y a six ans.

« Tu verras, c’est dur, épuisant, les enfants sont impitoyables, la paperasse mange ton temps comme un ogre qui t’avale tout cru, on manque de moyens, de temps pour finir les programmes... ». Je l’ai entendu quelques fois, cette phrase. Souvent, en fait, c’est vrai. J’ai également croisé quelques futurs collègues, au moment de passer mon concours, dont le regard terne trahissait une lassitude qui faisait peine à voir. Pas de quoi vous dégoûter, mais clairement vous faire réfléchir.

Mais croyez-le ou pas, ils étaient au final très peu. Pour ne pas dire en quantité insignifiante par rapport aux autres. Ceux-là même, pléthoriques, dont les yeux brillaient quand ils m’évoquaient leurs élèves, leur classe, leurs méthodes, leurs coups de cœur et leurs coups de gueule, leurs éclats de rire et leur tendresse infinie pour les mômes qu’ils avaient en face d’eux toute la journée. Des gens à part, une sorte de guilde bizarre, de congrégation de bosseurs acharnés se reconnaissant entre eux.

« Une fois prof, tu feras partie de la Maison ». Je l’ai entendu aussi. Je n’avais aucune idée de quelle maison il s’agissait. Ça, je l’ai compris un peu plus tard. Une maison brinquebalante et nécessitant quelques travaux, peut-être, mais quelque part, une vraie maison. Accueillante et spacieuse.

La quête de sens était une chose. Mais un métier passion, ce vieux fantasme qui s’évapore comme une eau en plein soleil avec l’âge et l’expérience, c’était vraiment possible ?

Il est difficile de répondre sincèrement à cette question. Parce que chaque jour n’est pas forcément une épiphanie, loin de là. Nos classes sont parfois difficiles, notre humeur de temps à autre peu compatible avec la bienveillance lorsqu’un élève oublie pour la cinquantième fois sa trousse à la maison ou préfère raconter sa courte vie au lieu de travailler.

Nous sommes souvent fatigués de répéter mille fois les mêmes consignes sans qu’elles soient jamais suivies, ou d’apprendre des notions mystérieusement oubliées le lendemain alors que les algorithmes de Minecraft sont connus à la perfection. On se sent souvent nuls, désarmés, pas à la hauteur. On s’en veut de ne pas pouvoir aider davantage l’un dans sa dyslexie ou l’autre à braver son environnement familial toxique pour pouvoir enfin se mettre au travail.

Un métier difficile ? Certainement. Insurmontable pour autant ? Loin de là

Et pour preuve, je ne reviendrai jamais en arrière. Pourquoi ? Parce que malgré sa difficulté (et encore, toute relative, quel métier a jamais été facile ?), il est une chose qu’on ne peut échanger contre rien au monde. Lorsqu’une lumière se met à briller au fond d’un jeune cerveau après la lecture d’un texte dont le sens résonne, lorsqu’une règle mathématique absconse est enfin comprise et ouvre les portes d’un embrassement bien plus large de cette formidable science, lorsque dans un débat philo un élève se décentre et place l’Autre au cœur de la conversation, lorsqu'un gamin vous dit en fin de journée : « Maître, en fait, c’est bien d’apprendre »... Eh bien, c’est plus qu’une satisfaction professionnelle. Peut-être sommes-nous des idéalistes naïfs, des gens qui vivons au pays des Bisounours (quelle expression détestable), mais le sens dont nous faisons quête prend dans ces moments sa forme la plus pure.

Dans notre société qui sait se montrer si déprimante si on la prend par le mauvais bout de la lorgnette, quoi de plus beau que de tendre une perche à un enfant en lui apprenant qu’il reste de belles choses à construire ou à réparer ? Quoi de mieux que de contribuer à notre humble niveau à essayer de lui ouvrir l’esprit, et à lui donner la certitude que lui, ce môme qui se croit comme tous les autres, est pourtant bel et bien unique et peut faire ce qu’il veut de sa vie tant qu’il accepte d’apprendre.

Éduquer, orienter, instruire

Parce qu’après tout, aimer apprendre, de soi et des autres, n’est-ce pas la clef de tout ? Et surtout d’une société peut-être pas parfaite, mais au moins meilleure qu’elle ne l’est ?

Quatre mille postes non pourvus cette année. C’est désolant. Désolant pour nous mais surtout pour eux. En ne participant pas à leur éducation, aux côtés de leurs parents, c’est la société de demain que nous (dé)construisons. Certains d’entre nous n’ont plus trop de cartes à jouer. Nous avons pris de l’âge. Trop, peut-être. Demain, le monde tournera sans nous et advienne que pourra.

Mais eux, ces enfants, ne sont-ils pas notre futur ? Ou plus encore, « leur » propre futur ? Celui-là même qu’il nous appartient de chérir et de livrer sans trop de bosses, de cassures et de contusions ?

Alors oui, il va falloir qu’on s’y remette. Éduquer, orienter, instruire. Aider à construire les futures générations est le devoir de notre société. On ne peut y déroger ni balayer tout cela sous le tapis. Leur futur en dépend. Notre legs également.

Et cela tombe bien. Parce que ce devoir n’est pas une purge. Loin de là. Il s’agit ni plus ni moins que du plus beau métier du monde.

J. Grima

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Camille Thomas... Ravel...

1 Septembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Sonia Devillers...

1 Septembre 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Gabriela ne sentait rien venir. L’Europe lui tendait les bras. Ma grand-mère atteignit la majorité à l’orée des années 1930. Elle s’inscrivit au jeu-concours d’un magazine qui lui fit gagner des séjours en Pologne et en Italie. Elle voyagea aussi avec son oncle et sa tante, Emmanoil et Liza Socor. Ensemble, ils rendirent visite au fils de ces derniers, le cousin Matei, qui avait le même âge que Gabriela et se trouvait à Berlin. Les deux jeunes gens, complices depuis l’enfance, avaient en commun l’amour de la musique et la fierté d’appartenir à une brillante famille. Quant à l’oncle Emmanoil, homme solaire et expansif, avocat, patron de presse et militant antifasciste de la première heure, il comblait la place laissée vacante par le père de Gabriela. À Berlin, les deux cousins, déjà bons pianistes, s’amusèrent follement à essayer des Bechstein. Portant le sigle d’un prestigieux facteur berlinois, ces instruments offraient une mécanique de haute précision et un toucher incomparablement puissant.

Aussi l’oncle Emmanoil commanda-t-il deux demi-queues, un pour son fils et un pour sa nièce bien-aimée. Des cadeaux, voilà tout. C’est ainsi que, dans la famille de ma grand-mère, on démarrait dans la vie : avec un piano chacun ! Cela avait du bon. Gabriela allait poursuivre sur la voie musicale, en étudiant, puis en enseignant au Conservatoire de Bucarest. Le cousin Matei Socor deviendrait, lui, un chef d’orchestre porté aux nues par le régime, compositeur de l’hymne national roumain, directeur de la radio nationale et de l’union des compositeurs. Un communiste de la première heure.

Sonia Devillers - Les exportés

Les exportés de Sonia Devillers - Editions Flammarion

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A l’heure de la rentrée scolaire, des élèves face à une machine à stress

1 Septembre 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

Les élèves français sont deux fois plus stressés que leurs voisins  européens | Matelem

EXTRAITS

Le Covid-19, les dernières réformes et les difficultés chroniques du système éducatif ont multiplié les formes de mal-être des écoliers jusqu’aux lycéens.

Le système scolaire est-il devenu une machine à stress ? A l’heure où 12,1 millions d’élèves reprennent le chemin de l’école, du collège et du lycée, jeudi 1er et vendredi 2 septembre, la question mérite d’être posée. La santé psychique des adolescents fait l’objet « de beaucoup d’alertes » de la part des « milieux médicaux », a insisté Pap Ndiaye, le ministre de l’éducation nationale, lors d’un direct avec les internautes sur la plate-forme Brut, le 29 août. Dans un contexte social, économique et environnemental anxiogène, le nombre de passages aux urgences pour gestes suicidaires est en forte hausse chez les jeunes de 11 à 24 ans (+ 27 % sur les premiers mois de 2022 par rapport à la même période en 2021), en particulier chez les jeunes filles, selon les données de l’agence Santé publique France.

Dans les écoles et établissements scolaires, le constat est clair : la crise sanitaire a bel et bien fait basculer des adolescents dans le mal-être. « Avant le Covid-19, il y avait des pics de stress à des moments définis, la rentrée ou l’approche des examens pour les 3es, les 1res et les terminales, rapporte Sylvie Magne, cosecrétaire générale du syndicat des infirmières scolaires (SNICS-FSU). Mais, depuis la rentrée 2020, le stress, les phobies scolaires ou l’absentéisme ne sont plus cantonnés à ces deux périodes. On voit des ados qui ont perdu en motivation et des enfants plus agités qui ont du mal à entrer dans les apprentissages. »

(...)

Pour beaucoup de professionnels qui sont au plus près des enfants et des adolescents, il est clair qu’une pression accrue s’exerce. « Rien n’a bougé dans les manières d’apprendre, alors que le monde a considérablement changé », note Patrice Huerre, pédopsychiatre et auteur de Comment l’école s’éloigne de ses enfants (Nathan, 173 pages, 14,90 euros). « La pression scolaire augmente à mesure que les parents sont de plus en plus inquiets pour l’avenir de leurs enfants, qui cherchent à les rassurer en ayant de bons résultats », ajoute-t-il.

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Des familles perdues face à Parcoursup

Dans les grandes classes, on souligne aussi la responsabilité des dernières réformes – celle de Parcoursup et celle du bac, qui ont diffusé le stress sur les deux dernières années de scolarité. « Au collège, le mal-être des élèves concerne surtout les problématiques de harcèlement et au lycée, la pression scolaire », résume à grands traits Gwénaël Le Paih, secrétaire général adjoint du SNES-FSU. Et de regretter : « Avec l’instauration d’une dose de contrôle continu, les lycéens ont l’impression de passer le bac tous les jours. »

« Les notes sont vécues comme une sanction et génèrent un stress diffus sur l’ensemble de l’année », abonde Mathilde Gambrelle, enseignante d’histoire-géographie à Guingamp (Côtes-d’Armor). Dans son établissement rural, les familles, peu au fait des subtilités de l’enseignement supérieur, sont également perdues face à Parcoursup. Une angoisse qui monte dès la classe de 2nde avec le choix des enseignements de spécialité et se manifeste régulièrement par des crises de larmes. « Il suffit parfois d’un simple “Comment ça va ?” pour ouvrir les vannes », rapporte l’enseignante.

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Il y a, enfin, ceux qui refusent désormais d’aller en cours. Odile Mandagaran, présidente de l’association Phobie scolaire, est submergée par les sollicitations. « Près de 150 familles nous contactent chaque semaine depuis la pandémie, alors qu’on en comptait entre trente et cinquante auparavant, relève-t-elle. Les familles se désespèrent. A quelques jours de la rentrée, elles voient leur enfant recommencer à somatiser, être dans l’incapacité d’acheter ses fournitures scolaires voire de sortir de son lit. »

Les familles confrontées au problème dénoncent d’abord la responsabilité du système scolaire, qui, là encore, ne sait pas « accompagner » les enfants différents, ceux qui ont du mal à s’adapter au fonctionnement normé de l’école, comme ceux qui la rejettent après des faits de harcèlement.

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Sylvie Lecherbonnier et Violaine Morin

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Sylvie Pierre-Brossolette: «L’école est le premier lieu de cristallisation du sexisme»

1 Septembre 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

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La présidente du Haut Conseil à l’égalité enjoint les pouvoirs publics à mettre sur pied «un plan d’urgence de l’égalité à l’école» pour cette rentrée, et à impliquer davantage les établissements dans la lutte contre les violences et les discriminations sexuelles.

Un énième indicateur au rouge pour cette rentrée scolaire. Moins visible que la pénurie de profs, l’incapacité de l’Education nationale à jouer son rôle de lutte contre les violences faites aux femmes et les inégalités filles-garçons n’en reste pas moins tout aussi alarmante. Dans une note de vigilance, consultée par Libération, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) exhorte les pouvoirs publics à mettre sur pied «un plan d’urgence de l’égalité à l’école». Culture du viol, éducation à la sexualité parcellaire, amplification des stéréotypes… la présidente du HCE, Sylvie Pierre-Brossolette, appelle le gouvernement «à passer aux actes».

A quel point la culture du viol est-elle encore prégnante chez les jeunes ?

Toutes les études montrent que les jeunes générations, globalement les 18-24 ans, sont très sensibles aux questions de genre, d’égalité, mais, dans leur pratique, sont les plus sujets à la culture du viol. C’est le paradoxe de la situation. Ce décalage nous préoccupe beaucoup car, lorsqu’on est déjà sujet aux violences dans ses jeunes années, on l’est souvent après. Cela peut conduire en partie à expliquer les chiffres catastrophiques des féminicides, en augmentation de 20 %. Les données de notre vigilance prouvent l’urgence à s’en occuper. Une personne sur quatre déclare dans notre étude sur le vécu du sexisme chez les jeunes avoir déjà eu des rapports sexuels non consentis. Une proportion terrible. Notre «baromètre sexisme» dénombre également qu’une femme sur cinq de moins de 24 ans a déjà subi un viol ou une agression sexuelle. Une sur deux a également déjà vécu un acte ou un propos sexiste à l’école et subi des remarques sur son physique ou sa tenue. Malgré tous les efforts de lutte contre le sexisme et la violence, ces constats sont fort préoccupants. Du côté des garçons, un sur cinq considère qu’insister pour avoir un rapport sexuel avec sa conjointe n’est «pas du tout sexiste». Et un quart estime que lorsqu’une femme dit «non» pour une relation sexuelle, cela veut dire «oui», selon l’enquête de l’association Mémoire traumatique et victimologie. C’est un échec.

Dès le plus jeune âge, les filles adoptent des stratégies d’évitement…

Deux jeunes filles sur trois s’enfuient lorsqu’elles sont sifflées, insultées, selon les dernières études du HCE. La même proportion renonce à s’habiller comme elles le souhaitent. Et plus d’une sur deux renonce également à prendre les transports en commun seule. Il faut mieux les protéger. On pourrait développer le Plan Angela [un réseau de lieux sûrs permettant aux femmes de se mettre en sécurité, ndlr], notamment à proximité des établissements scolaires, sans oublier de renforcer la lutte contre le cyberharcèlement en distribuant, par exemple, à chaque rentrée un guide informatif aux collégiens et lycéens. Il faut que l’Education nationale, ainsi que le reste des ministères concernés, prenne conscience que le chemin de l’école peut être un parcours du combattant pour les filles.

L’Education nationale n’assume-t-elle pas suffisamment son rôle de prévention ?

Il est aussi vital de protéger les femmes que d’éduquer les jeunes pour éviter des suites violentes. L’Education nationale est fondamentale, elle ne peut pas tout faire, mais elle peut faire beaucoup. L’éducation sexuelle et l’enseignement du respect, la pédagogie en matière d’égalité femmes-hommes, doivent être dispensées dès l’école et tout au long de la scolarité. Sinon, le seul véhicule d’apprentissage sera le porno, qui impose un modèle de violences, de sexisme et de racisme délétères. La loi prévoyant trois séances par an et par classe (du CP à la terminale) d’éducation à la vie sexuelle et affective a été votée voilà vingt ans. Même ce minimum n’est pas respecté par la plupart des établissements. Les répondants à l’enquête du collectif #NousToutes [portant sur les collèges et lycées] n’ont eu en moyenne que 2,7 séances sur les 21 obligatoires. Il est difficile de complètement en vouloir à l’institution car les professeurs ne sont pas formés, qu’il est ardu de parler de ces sujets, mais il aurait fallu prendre ce problème à bras-le-corps depuis longtemps. Nous appelons à nommer une personne dédiée à cette question dans chaque établissement ou de missionner le ou la référente filles-garçons. Cette personne vérifierait qu’il y a un programme et que les élèves suivent ces heures, nouerait des accords avec des associations. Le minimum serait aussi que le ministère rappelle les établissements à leurs obligations. Nous proposons aussi une évaluation de ces programmes obligatoires au bout de trois ans, tout en menant une consultation auprès des élèves pour sonder leurs attentes.

Le système éducatif amplifie-t-il les stéréotypes de genre ?

L’image des femmes est éminemment importante, autant aux yeux des garçons pour qu’ils les respectent qu’à ceux des filles pour qu’elles soient sûres d’elles. Or il se trouve qu’elle est minorée et stéréotypée dans les manuels scolaires. Moins de 10 % des textes présentés ont été rédigés par des femmes. Celles représentées dans une fonction professionnelle au statut supérieur ne représentent qu’à peine plus de 1 % des illustrations étudiées. Ces représentations biaisées ne sont pas sans conséquence sur la répartition encore très sexuée et défavorable aux femmes dans les orientations professionnelles. Il faut que ce soit une obligation dans les recommandations du Conseil supérieur des programmes d’avoir une juste proportion de figures féminines dans les manuels, programmes et sujets d’examens. Nous voudrions aussi un plan national d’orientation professionnelle ambitieux, que les mêmes orientations soient proposées aux filles qu’aux garçons, que toutes sortes de rôles modèles de femmes ayant réussi dans les secteurs dits masculins soient aussi présentés. Si rien n’est fait, il faudra peut-être envisager un jour d’aller jusqu’aux quotas dans les grandes écoles et filières scientifiques. Si les filles se voient confinées dans des stéréotypes, des rôles minorés, que les garçons sont dominants, promis aux jobs les plus prisés, cela crée des rapports de force qui se retrouvent dans la vie affective et sexuelle un jour. C’est un tout. L’école ne doit pas oublier qu’elle est le premier lieu de cristallisation du sexisme. Et le sexisme d’aujourd’hui constitue les violences de demain.

Marlène Thomas

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Éducation : le Président n'était pas au courant !

1 Septembre 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

À Marseille, Emmanuel Macron annonce le retour des maths « en option » en  première dès la rentrée

EXTRAITS

« Alors on m'a dit : il y a des projets d'établissement. Ça fait cinq ans que je suis Président de la République, et je n'étais pas au courant de ça » (Discours de la Sorbonne du 25 Août). Tentons donc de combler si béantes lacunes en matière d'éducation et de pédagogie. 

Depuis 1981 et le ministère d'Alain Savary, le débat sur la pédagogie du projet n'a cessé de se développer pendant des années et de manière parfois quelque peu abrupte au sein de l'institution éducative. Le président aurait dû se renseigner auprès de son ex-ministre Blanquer, car les archives du ministère doivent déborder de comptes rendus de ces débats, mais il est vrai que la pédagogie active n'était pas la tasse de thé de ce dernier, il préférait, lui, l'omnipotence des « chefs ».

Le document le plus élaboré et le plus pertinent que nous pouvons porter à la connaissance du Président et peut-être à celle de son nouveau ministre est connu des enseignants s'intéressant à la pédagogie comme « la brochure bleue » intitulée « Souillac ou... Le projet d'établissement » éditée par le Centre national de documentation pédagogique sous la houlette de la direction des collèges du ministère de l'Education et qui rend compte du séminaire qui se tint dans ma bonne ville de Souillac (Lot) les 11, 12 et 13 octobre 1982.

La consultation de ce document lui aurait évité de réinventer la poudre et de réaliser soudain qu'en matière d'éducation et de pédagogie le « verticalisme » jupitérien « malgré l'excellent travail de tout un chacun, (sic)» ne fonctionne pas, que « tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes » et que « notre système scolaire ne corrige pas suffisamment les inégalités de naissance ». N'est-ce pas le moins que l'on puisse dire ?

Et puis voici qu'il se laisse aller à rêver : « nous rêvons que nos enfants s'épanouissent à l'école... , voilà qui va ravir ceux que je nomme « les instructeurs » qui ne jurent eux que par la « transmission », c'est-à-dire l'inculcation, autrement dit le « gavage ».

Il rêve encore que l'école « permette à tous de choisir leur destin », formulation celle-ci qui n'est pas sans poser problème : qu'est-ce donc que ce destin ? Quelle part de déterminisme, de fatalisme, de fatum, d'amor fati, constitue ce destin ? Y a -t-il dès lors quelque place pour une parcelle de libre arbitre ? Et voici qu'il s'inquiète du vieux serpent de mer de la formation professionnelle qu'il n'est pas un ministre depuis un demi-siècle qui ne se soit juré de la réformer.

Et voici qu'il se fait (une fois de plus) révolutionnaire s'écriant dans cet amphithéâtre qui en a entendu d'autres en matière de révolutions : « cette révolution que je vous demande […] c'est une révolution culturelle ! ». Foin « des méthodes trop pensées d'en haut », ce qu'il veut c'est « une méthode nouvelle qui part du bas », et plus d'autonomie pour les établissements, et donner aux enseignants les moyens de s'organiser collectivement, bref, une pédagogie pour ainsi dire libertaire.

(...)

Nestor Romero

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