Coup de coeur... Stéphane Carlier...
Mme Habib dans son salon à neuf heures du matin ressemble à une femme jouant au casino le samedi soir. Chemisier de soie havane ou léopard, bracelets faisant cliqueter ses moindres gestes et Shalimar, beaucoup de Shalimar, tellement de Shalimar que le parfum, imprégnant l’endroit, en est devenu la marque autant que son carrelage blanc à effet marbré ou les deux notes de son carillon à l’entrée. Son maquillage excessif accentue l’expression de fatigue de ses yeux sortant légèrement de leurs orbites. Sa voix est enrouée, cassée par la cigarette comme à la fin d’une journée passée à attendre. Son teint est bistré par la poudre autant que les séances sous les lampes, Mme Habib est accro au bronzage (aux beaux jours, à la pause déjeuner, il n’est pas rare de la voir, place de la Libération, assise à un bout de banc pas encore à l’ombre, déguster sa salade de riz, le visage offert au soleil).
Souvent, le mardi matin, Clara se demande comment elle a occupé les deux jours précédents. Elles n’en parlent pas, leur relation exclut ce genre de confidences. Ce sont celles faites aux clientes, glanées au fil du temps, qui ont permis à Clara de se représenter qui est sa patronne.
Il y a donc eu un M. Habib, passeur de patronyme honni, qui s’en est allé d’une manière ou d’une autre, mort ou juste parti, Clara n’est pas trop sûre, ce sujet est le plus tabou de tous. Il y a sa fille, infirmière près de Toulon, qu’elle voit une ou deux fois par an et avec qui ça n’a pas l’air d’être l’amour fou. Il y a Paris — ah, Paris ! Mme Habib y a vécu autrefois et, de cela, s’ouvre facilement. Elle raconte toujours les mêmes histoires. Qu’elle voyait le dôme du Panthéon de la fenêtre de sa cuisine, qu’un acteur dont Clara a oublié le nom déposait des roses sur son palier en se rendant au théâtre, que les Parisiens sont intelligents, cultivés, qu’ils lisent tous. N’importe quel clampin dans le métro a un bouquin dans les mains. C’est peut-être ça, les rides qui dessinent des parenthèses de chaque côté de sa bouche : le regret de ne plus vivre dans la ville où elle a été le plus heureuse.
Stéphane Carlier - Clara lit Proust
"Les annonces du gouvernement sont loin de répondre à la gravité de la situation", selon la secrétaire générale du SNES-FSU
"Les annonces du gouvernement sont loin de répondre à la gravité de la situation", a déclaré mercredi sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES-FSU), alors que la grève s'annonce suivie par les professeurs jeudi 28 septembre.
Après ce que la professeure de sciences économiques et sociales appelle la "rentrée de la pénurie" tant les établissements ont manqué de personnel et à la suite de "la vague de démission", les enseignants descendront dans la rue pour exprimer leur "colère" et leurs attentes, notamment sur la question "de l'attractivité salariale". La syndicaliste rencontrera le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye lundi 3 août pour porter les revendications de son secteur.
franceinfo : Savez-vous déjà combien de professeurs feront grève demain ?
Sophie Vénétitay : ll est difficile d'avancer un chiffre la veille parce que les professeurs de collèges et de lycées ne sont pas obligés de se déclarer grévistes avant la journée de grève. Jeudi matin, nous aurons des chiffres fiables et directement constatés sur le terrain. Cela dit, nous avons organisé un grand nombre de réunions ces dernières semaines, notamment sur la question des salaires et ces réunions ont toujours réuni beaucoup de collègues.
"On sent qu'il y a beaucoup d'attentes sur la question salariale, beaucoup de colère aussi, après les dernières annonces du gouvernement, parce qu'il y a eu tromperie par rapport aux promesses du président Emmanuel Macron pendant la campagne."
Sophie Vénétitay, SNES-FSU
à franceinfo
Aujourd'hui, par rapport à ce qu'il avait promis, le compte n'y est pas. Un mois après la rentrée très difficile qu'on a vécu, la rentrée de la pénurie, on a bien vu qu'on manquait d'enseignants. Finalement, les annonces qui sont faites sont très loin de répondre à la gravité de la situation. Puisque nous parlons ni plus ni moins de nos salaires et de l'avenir de l'école, oui, demain [jeudi], nous serons mobilisés, en grève.
Il y a pourtant eu des efforts de faits en ce qui concerne justement les salaires dans l'Education nationale. Est-ce insuffisant, selon vous ?
Oui. Dans l'entre deux tours, Emmanuel Macron avait promis une augmentation de 10% de salaire pour tous les enseignants, sans contrepartie, dès janvier 2023. Nous avons compris que cela ne serait pas en janvier 2023, mais en septembre 2023 et que nous étions très loin des 10% pour tout le monde, puisque là, le gouvernement nous annonce un budget de 635 millions d'euros pour l'année 2023, pour augmenter les salaires. Nous, au SNES-FSU nous avons fait nos calculs. Pour augmenter les salaires de tout le monde de 10% en 2023, il faudrait 1,2 milliard d'euros. Le compte n'y est pas. Et ce n'est peut-être pas juste un problème de calculatrice de la part du ministère. Il n'y a vraiment pas suffisamment d'efforts financiers. C'est un peu comme si le ministère courrait un marathon et qu'au bout d'un kilomètre, il levait les bras en disant : "c'est bon, on a fait le travail". Non, le travail n'est pas fait. Et cela ne permet pas de vraiment s'attaquer à la racine du problème, qui est un problème d'attractivité salariale en profondeur et sur le long terme.
Même si le gouvernement s'est engagé à ce qu'aucun enseignant ne gagne moins de 2 000 euros nets par mois à compter de la prochaine rentrée en 2023 ?
Le fait qu'aucun enseignant ne commence sa carrière à moins de 2 000 euros est un début. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut aussi penser aux milieux et aux fins de carrière. Et pour ces collègues-là, nous sommes encore très largement dans le flou, alors que ce sont des collègues qui ont perdu en pouvoir d'achat ces dernières années, qui ont subi le gel du point d'indice, qui subissent aujourd'hui l'inflation et qui, aujourd'hui, ont parfois du mal à assurer certaines dépenses. Je pense à des collègues qui sont sur plusieurs établissements et qui doivent faire parfois des centaines de kilomètres dans la semaine.
Aujourd'hui, il y a un réel problème de salaires dans l'Education nationale et ce problème concerne tout le monde. En ne s'attaquant pas aux milieux et aux fins de carrière, le ministère prend le risque d'attiser beaucoup d'amertume et de colère alors qu'on connaît une vague de démissions dans l'Education nationale. Donc, s'il n'y a pas de mesures fortes, le gouvernement risque d'alimenter cette vague de démissions et ce n'est pas le moment, nous manquons déjà d'enseignants dans nos collèges et lycées. D'autre part, il ne faut pas oublier certaines catégories. Il faut savoir qu'il y a beaucoup d'AESH qui ont un salaire de 800 à 900 euros. Comment peut-on vivre avec cela ?
Le ministère lance les "concertations" dans les établissements
EXTRAITS
"Dans le cadre des travaux du Conseil national de la refondation et de la démarche nouvelle de concertation qu’il porte, il est désormais indispensable de faire émerger, au niveau local, des initiatives de nature à améliorer la réussite et le bien-être des élèves, et à réduire les inégalités scolaires", écrit le ministère. En amont de ces concertations qui ouvriront en octobre, le ministère publie un guide pour aider les établissements à entrer dans la démarche. Au bout du processus, la rédaction d'un projet d'école ou d'établissement par les personnels mais aussi les familles, les élus locaux et les "acteurs du tissu économique local". Suivant l'idée d'E. Macron, il semble que tout le monde soit capable de rédiger un projet d'établissement.
L'organisation des réunions de concertation
"Il est indispensable de permettre à l’ensemble de notre société de se réapproprier ce « bien commun » qu’est l’école", explique Pap Ndiaye en introduction au guide destiné aux personnels de direction pour l'organisation des concertations voulues par E Macron dans le cadre de "l'école du futur". Ces concertations, prévues en octobre, " ont pour perspective la liberté d’innovation des équipes, que nous voulons plus grande afin de créer dans chaque territoire, par l’association de toutes les parties prenantes, une dynamique collective autour de l’école. Réunir les regards et les jugements de tous ceux qui fréquentent les établissements afin de mieux définir leur projet pédagogique".
La démarche prônée par le gouvernement, "se traduit par l’organisation de temps d’échanges ouverts sur la vie et le fonctionnement de leur école, collège ou lycée. En pratique, le directeur d’école ou le chef d’établissement fixe les modalités de ces échanges et veille à associer tous les personnels, les collectivités territoriales, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes... Au-delà, la concertation a vocation à être ouverte aux autres partenaires de l’école ou de l’établissement : associations partenaires, notamment pour le continuum temps scolaire/temps périscolaire, mais aussi représentants de la sphère économique, notamment pour les questions relatives à l’orientation des élèves ou encore à leur formation professionnelle". Le ministère insiste sur la présence des entreprises, nécessaire à la mise en place des demi journées d'orientation.
(...)
François Jarraud
Suite et fin à lire en cliquant ci-dessous
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Le ministère lance les "concertations" dans les établissements
"Dans le cadre des travaux du Conseil national de la refondation et de la démarche nouvelle de concertation qu'il porte, il est désormais indispensable de faire émerger, au niveau local, des ...
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Éducation nationale : de quoi le collège est-il malade ? - Par Claude Lelièvre
Depuis la création du « collège unique » en 1975, le collège est régulièrement apparu comme le « chaînon manqué » du système éducatif. S’il est sorti des radars politico-médiatiques ces cinq dernières années, le nouveau ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye vient de le remettre au premier plan, déclarant dans une interview au Midi Libre le 18 septembre que l’on « doit maintenant s’attaquer au collège car c’est l’homme malade du système éducatif ».
Comme symptômes maladifs, il a surtout évoqué les résultats des élèves en mathématiques et en langues. Ce qui ne manque pas de surprendre, car même si les résultats ne sont effectivement pas bons, ce n’est pas la première fois que l’on peut le constater, tant s’en faut. Mais, dans le passé, ces résultats au niveau du collège n’ont pas suscité beaucoup d’émotions ou de réactions, au contraire de ceux en lecture, orthographe ou histoire au niveau du primaire qui, eux, ont à plusieurs reprises défrayé la chronique.
Faudrait-il voir dans ce nouvel intérêt, pour les mathématiques, l’effet en retour des diatribes passionnées sur la nouvelle place des mathématiques lors de la réforme des lycées ? Et, pour les langues, y aurait-il un lien avec l’annonce, en juillet dernier, que l’évaluation des compétences en langues étrangères deviendrait dès 2025 une option de l’étude internationale PISA ?
Toujours est-il que cette évocation du « collège, homme malade du système éducatif », a de nouveau agité ceux qui considèrent le « collège unique » sous le prisme d’une maladie « autoimmune », à condamner sans appel et par principe, et ceux – fort différents – qui pensent plutôt que le « collège unique » n’a pas vraiment été institué de façon cohérente, et jusqu’au bout du projet. Pour les uns, cette création n’avait pas lieu d’être, et il faudrait la supprimer. Pour les autres, la création n’a pas été assez loin dans sa logique et il faudrait au contraire l’approfondir et la consolider, voire la refonder car souffrant d’une maladie congénitale.
Des critiques qui datent
C’est le président de la République Valéry Giscard d’Estaing qui a voulu ce collège envers et contre tout ; voire contre tous, à commencer par certains de ses proches. Dès le 25 juillet 1974, il déclarait publiquement :
« Le premier objectif, c’est l’élévation du niveau de connaissance et de culture des Français […]. On peut se poser la question de savoir si, à côté de l’obligation de scolarité jusqu’à seize ans, il ne faudrait pas imaginer une autre obligation qui serait de donner à chaque Française et à chaque Français un savoir minimal ».
Mais les expressions « savoir minimal » ou « savoir minimum » employées par Valéry Giscard d’Estaing sont vite comprises ou retournées par les oppositions politiques ou syndicales dans le sens de « minimiser les savoirs ». Même certains de ses proches se distinguent par leur opposition de principe au « collège unique », en des termes très virulents. Jean-Marie Benoist, pourtant candidat UDF (le parti de Giscard d’Estaing) aux législatives de 1978, a accusé dans un ouvrage intitulé La génération sacrifiée cette réforme d’« aller vers le règne de l’uniformité, digne des démocraties populaires […]. Cela se traduit par la culpabilisation de tout aristocratisme, de tout élitisme dans le savoir : raccourcir ce qui dépasse, ce qui excelle, voilà le mot d’ordre ».
Paul Guth, le professeur de lettres de Giscard d’Estaing en classe de troisième s’est joint au concert de condamnations sans appel dans sa Lettre ouverte aux futurs illettrés, parue elle aussi en 1980, allant jusqu’à accuser la réforme de « lavage de cerveau ». C’est François Bayrou, pourtant l’un des principaux lieutenants de Valéry Giscard d’Estaing à l’UDF et ministre de l’Éducation nationale d’Édouard Balladur, puis de Jacques Chirac, qui a lancé le slogan : « collège unique, collège inique » lors de la rentrée 1993, et le mot d’ordre « passer du « collège pour tous » au « collège pour chacun ».
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Bref, il y a tout un passé et un passif de diatribes qui présentent le collège unique comme intrinsèquement « malade », d’une « maladie auto-immune » en quelque sorte. Est-ce que ce sont ces références que Pap Ndiaye a en tête ? Ou la métaphore de la maladie renvoie-t-elle au sentiment que la création du « collège unique » a été manquée ? Le principal promoteur du « collège unique », Valéry Giscard d’Estaing, est lui-même clairement conscient de ce manquement originel, selon ses mots dans une interview au Monde en 2001 :
« Tout le monde devait aller au collège, et tous les collèges devaient être les mêmes.[…]. Le débat doit se concentrer sur cette question : quels savoirs donner à cet ensemble de jeunes, qui constituent un acquis culturel commun […]. Au lieu d’avoir rabattu tout l’enseignement des collèges vers l’enseignement général, les rapprochant des classes de la 6° à la 3° des lycées d’autrefois, en un peu dégradé, il aurait mieux valu en faire une nouvelle étape de la construction du cycle scolaire ».
Socle de compétences
Une vingtaine d’années après, il y a eu une certaine avancée dans le sens du collège unique souhaité par VGE. Le Conseil supérieur des programmes mis en place par le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon en octobre 2013 a été la cheville ouvrière d’une définition du « socle commun de connaissances, compétences et culture », puis de la révision d’un seul tenant des programmes depuis le début du primaire jusqu’à la fin du collège, sous le ministère dirigé par Najat Vallaud-Belkacem.
Mais cette avancée a eu des limites. D’une part, parce qu’il n’y a pas eu la plupart du temps une définition précise de la façon d’évaluer ce qui devait être en priorité acquis par les élèves. D’autre part, parce que la question du « chaînon collège » est restée de fait en déshérence tout au long des cinq années du ministère de Jean-Michel Blanquer qui ont suivi.
Par ailleurs, et bien des années avant, la question de qui devrait encadrer les élèves du « collège unique » a été de fait tranchée en faveur des seuls professeurs de lycée qui se sont imposés de haute lutte à la fin des années 1980, avec le corollaire afférent que le collège reste (sinon dans les faits, du moins selon un idéal implicite) dans la référence culturelle du premier cycle des anciens lycées – c’est-à-dire un « petit lycée », au lieu d’être le dernier cycle ad hoc d’une scolarité obligatoire allongée à 16 ans. Le corps des enseignants issus du primaire supérieur (les « maîtres de cours complémentaires » ou « PEGC », qui existaient dans le « collège d’enseignement secondaire », créé en 1963) est mis en extinction à partir de 1988. Et on ne songe d’aucune façon de recourir au modèle des corps enseignants des lycées technologiques ou professionnels.
Il y a donc des problèmes de continuité : d’une part entre la fin du primaire et le début du collège, et d’autre part de la fin du collège à l’entrée effective dans la pluralité des lycées. Face à cet imbroglio relatif, on songe le plus souvent à des aménagements plus organisationnels que structurels. Et c’est encore le cas.
D’expérimentations en concertations
La principale organisation de parents d’élèves- la FCPE – souhaite que les élèves de sixième et cinquième n’aient pas plus de quatre enseignants. Le deuxième syndicat de professeurs du secondaire – le SNALC – propose un collège « modulaire » où les élèves seraient regroupés en fonction des difficultés dans certaines matières. Lors de la campagne des présidentielles, Emmanuel Macron a indiqué qu’il fallait faire de la classe de sixième « une liaison efficace avec le primaire » dès la rentrée 2023.
Des expérimentations sont en cours, notamment dans six collèges de l’Académie d’Amiens sous la forme de « sixièmes tremplin ». Les élèves en difficulté ont des séquences supplémentaires en mathématiques ou français. Les liens avec l’école primaire sont renforcés : des professeurs des écoles peuvent même intervenir au collège.
À partir de la cinquième, devrait commencer une expérimentation d’une « demi-journée » par semaine de « découverte des métiers » (une mesure figurant dans le programme présidentiel d’Emmanuel Macron), sous forme notamment de visites d’entreprise et de lycées professionnels, de mini-stages.
Ces expérimentations pourraient se multiplier dans le cadre de la grande campagne de concertation qui doit être menée cet automne dans les établissements en liaison avec leurs partenaires locaux en vue de projets locaux innovants (un budget de 500 millions d’euros leur étant dédié au niveau national). À noter qu’au sein du ministère il n’est pas exclu d’évaluer les programmes existants et voir s’il faut les transformer. Mais dans quel sens ?
Claude Lelièvre, Enseignant-chercheur en histoire de l'éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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Éducation nationale : de quoi le collège est-il malade ?
Depuis sa création, le collège unique a été l'objet de multiples critiques. S'il est sorti des radars politico-médiatiques le dernier quinquennat, une déclaration du ministre le remet au prem...
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Emmanuel Macron omniprésent dans les débats sur l’éducation, au risque de braquer la communauté enseignante
EXTRAITS
Salaire des enseignants, concertation sur la refondation de l’école, lycée professionnel… Le président Macron multiplie les prises de parole sur les sujets éducatifs en cette rentrée.
C’est une première qui est restée gravée dans les esprits : le 25 août, le président Macron a réuni les recteurs d’académie en Sorbonne, événement d’ordinaire présidé par le ministre de l’éducation. « Les recteurs les plus naïfs se sont dit : “Tiens, le président s’intéresse à nous”, souffle un universitaire habitué de la rue de Grenelle, qui souhaite rester anonyme. Les autres ont pensé que leur ministre était désormais sous tutelle. »
Cette anecdote résume une forme de désarroi de la communauté éducative depuis la rentrée. Alors qu’une journée de grève devait permettre de jauger l’impatience des enseignants sur les questions salariales, jeudi 29 septembre, les acteurs du secteur s’interrogent sur ce pas de deux président-ministre de l’éducation nationale.
Quinze jours après la rentrée, le président Macron a repris la main, en présentant devant des enseignants et chefs d’entreprise des Sables-d’Olonne (Vendée) son projet de réforme de la voie professionnelle. Pap Ndiaye et Carole Grandjean, la ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnels, sont restés en retrait.
Quelques jours plus tard, tous les enseignants recevaient un e-mail présidentiel dans lequel nombre de syndicats ont vu la confirmation que leurs revalorisations seraient en deçà de leurs attentes, avec une partie indexée sur la capacité à accepter de nouvelles missions.
(...)
Un défaut de maîtrise du sujet
Les enseignants affirment que la partition est, pour eux, de plus en plus difficile à lire. Beaucoup assurent avoir été « soulagés » du départ de Jean-Michel Blanquer, ministre associé à la gestion du Covid-19, avec lequel les tensions s’étaient accumulées jusqu’à son départ de l’hôtel de Rochechouart, au printemps 2022. Pour certains, l’arrivée de Pap Ndiaye est un heureux changement : c’est un professeur d’histoire, connaisseur des questions d’inégalités, puisque lui-même auteur d’un ouvrage intitulé La Condition noire (Calmann-Lévy, 2008)… Mais pourquoi l’avoir nommé si c’est pour finalement ne pas le laisser parler ? « Pap Ndiaye avait un certain crédit auprès des enseignants, même si ces derniers ont voulu rester prudents, analyse un ancien recteur. Il a essayé de faire passer des signaux, mais la logique du macronisme est en train de tout écraser. »
(...)
Pour les enseignants, le chef de l’Etat apparaît souvent « très loin » des questions scolaires. « Quand le président prend la parole, c’est au grand public qu’il s’adresse, pas à nous, juge une enseignante de mathématiques, qui ne souhaite pas donner son nom. Par exemple, ils ont annoncé partout le retour des maths en première, et les gens pensent que le problème est réglé. Mais cet enseignement est facultatif et, dans mon établissement, seuls quatre élèves l’ont choisi. Ça, évidemment, l’opinion ne s’en rendra pas compte. »
(...)
Beaucoup dénoncent, ainsi, une « absence d’empathie » envers l’école publique, présentée par le chef de l’Etat sous l’angle de ses dysfonctionnements et de ses échecs, lui qui a évoqué à la rentrée des élèves « malheureux », des professeurs « désabusés » et des parents « inquiets ». En tout état de cause, le monde éducatif est en attente de plus de clarté – qu’elle vienne du président ou de son ministre – sur les chantiers en cours comme sur les revalorisations. « Ce que l’on voudrait, c’est savoir à quelle sauce on va être mangé, indique Pierre Fournier, proviseur du lycée polyvalent Jean-Moulin, à Béziers (Hérault), et syndiqué au SNPDEN-UNSA. Que la sauce soit préparée rue de Grenelle ou à l’Elysée, ça n’a au fond pas grande importance. »
Violaine Morin
Coup de coeur... Giorgio Bassani...
Ici, à leur place, ce soir-là, c'étaient nous, les vivants, qui étions assis. Mais en nombre réduit par rapport à naguère et non plus joyeux, riants et bavards, mais tristes et pensifs, tels des morts. Je regardais mon père et ma mère, l'un et l'autre très vieillis en quelques mois ; je regardais Fanny qui avait maintenant quinze ans mais qui, comme si une crainte secrète eût arrêté son développement, n'en paraissait plus que douze ; je regardais l'un après l'autre, autour de moi, oncles et cousins ; une grande partie desquels, quelques années plus tard, allaient être engloutis par les fours crématoires allemands et qui n'imaginaient certes pas qu'ils finiraient ainsi, et moi non plus je ne me l'imaginais pas, mais malgré cela, alors déjà, ce soir-là, même en les voyant si insignifiants avec leurs pauvres visages surmontés de leurs petits chapeaux bourgeois ou encadrés de leurs bourgeoises permanentes, même les sachant d'esprit tellement obtus, si incapables d'évaluer la portée réelle du présent et de lire dans le proche avenir, déjà alors ils m'apparaissaient enveloppés dans la même aura de mystérieuse fatalité sculpturale qui les enveloppe maintenant dans la mémoire.
Giorgi Bassani - Le jardin des Finzi-Contini
Sortir - Habibi, les révolutions de l'amour - Institut du Monde Arabe, Paris - 27 septembre 2022 - 19 février 2023
Poursuivant la mise en valeur par l’IMA des 1001 facettes de la culture arabe et de sa créativité, « Habibi, les révolutions de l’amour » présente, déployées sur 750 m2, des œuvres récentes autour des identités LGBTQIA+. Autant de nouveaux regards, exprimant avec force les interrogations sociales, personnelles et esthétiques qui traversent la création contemporaine.
À l'attention des visiteurs : L'accès à certaines œuvres présentées lors de cette exposition est réservé aux seules personnes majeures.
Comme dans de nombreuses autres régions du monde, des luttes se jouent dans le monde arabe pour pouvoir exprimer librement son identité de genre et sa sexualité. Les soulèvements populaires de ces dernières années ont profondément bouleversé les sociétés et ont permis une amplification du militantisme LGBTQIA+. Les artistes, qu’ils se trouvent dans le monde arabe ou dans les diasporas, participent à leur manière à ce mouvement. Ils questionnent, témoignent, se battent en créant des œuvres bouleversantes, intimistes ou exubérantes, de résilience ou de lutte, sentimentales ou politiques, qui explorent leurs identités mais également leurs secrets, leurs émotions, leurs souvenirs et leurs rêves. Dans un monde où la présence des LGBTQIA+ n’est pas toujours acceptée, voire sanctionnée, l’exposition montre les territoires explorés par ces artistes : l’intime, le quotidien, le rapport au corps, l’engagement.
À travers ces récits qui se jouent des règles et de la norme, il est aussi question de l’émancipation individuelle, de la liberté des corps, de la liberté d’exister dans sa différence et de la liberté d’aimer. En cela, les artistes exposés à l’IMA dépassent les genres, et touchent à l’universel.
Commissariat :
Elodie Bouffard, Responsable des expositions
Khalid Abdel-Hadi, Directeur éditorial de My Kali magazine
Nada Majdoub, Commissaire associée
Autour de l'exposition
Visites guidées pour les groupes et les visiteurs individuels, séances de Jeudis de l’IMA, échanges en live dans le cadre du podcast Jins, rencontres littéraires, séances de cinémas et performances inédites.
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Habibi, les révolutions de l'amour
Du mardi au vendredi : de 10h à 18h I Samedi, dimanche et jours fériés : de 10h à 19h Salle d'exposition (niveaux -1 et -2) L'accès à certaines œuvres présentées lors de cette exposition e...
https://www.imarabe.org/fr/expositions/habibi-les-revolutions-de-l-amour