« Un prof dans chaque classe » : Pap Ndiaye dans l’incantation
EXTRAITS
Malgré les mesures annoncées par le ministre de l'Éducation nationale pour pallier le manque de personnel et un recours accru aux contractuels, la rentrée scolaire s’annonce plutôt chaotique. La revalorisation salariale très attendue du corps enseignant reste floue, repoussée à 2023, et ne sera pas sans conditions.
août, Pap Ndiaye, dans la grande cour carrée de son ministère à Paris, a dit toute son « admiration » pour cette immense « machine bien huilée » que serait l’Éducation nationale. Une machine capable, si l’on rassemble les élèves et les personnels, de faire rentrer d’un même mouvement plus de 20 % de la population française jeudi 1er septembre.
Le ministre, nommé avant l’été, a appelé les commentateurs à « l’indulgence » pour les ratés, inévitables selon lui dans le contexte d’une pénurie de personnel inédite. Près de quatre mille postes de professeur étaient encore non pourvus à la fin de l’été, en particulier en Île-de-France, en raison d’une désertion des concours d’entrée dans l’Éducation nationale (pour devenir titulaire et donc fonctionnaire) dans certaines académies du premier degré, et pour plusieurs matières dans le second, en allemand, lettres classiques, physique-chimie et mathématiques.
À plus de 500 kilomètres de là, Clarisse B., professeure d’anglais, enrage devant un tel discours, assommée par les défauts de la « machine », notamment en matière de ressources humaines. Enseignante avec dix ans d’expérience, officiant comme TZR (titulaire d’un concours mais remplaçante sur une zone) à Annecy depuis 2015, elle s’est accordé une disponibilité l’an dernier, essorée « par les réformes Blanquer [ancien ministre de l’éducation nationale – ndlr] » et la gestion du Covid. « C’était soit ça, soit je démissionnais… »
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À plus de 500 kilomètres de là, Clarisse B., professeure d’anglais, enrage devant un tel discours, assommée par les défauts de la « machine », notamment en matière de ressources humaines. Enseignante avec dix ans d’expérience, officiant comme TZR (titulaire d’un concours mais remplaçante sur une zone) à Annecy depuis 2015, elle s’est accordé une disponibilité l’an dernier, essorée « par les réformes Blanquer [ancien ministre de l’éducation nationale – ndlr] » et la gestion du Covid. « C’était soit ça, soit je démissionnais… »
Partie se former un an à l’étranger pour se perfectionner en langue, la jeune femme a repris du service à la rentrée 2022 pour apprendre qu’elle sera affectée sur une zone à plus d’une heure de voiture de chez elle, « une heure trente en hiver » en raison des routes de montagne. Mais, pour le moment, sans poste.
Clarisse B. décroche alors son téléphone et contacte les établissements où elle enseignait jusque-là. « Autour de mon domicile, tous ont des blocs d’heures à remplacer, des temps partiels à compléter, ou des temps pleins, sur lesquels ils ont parfois déjà positionné des contractuels. » Le médiateur de l’académie ne dément pas, il s’agit de « fidéliser » les contractuel·les, qui peuvent, du fait de leur relation plus souple avec l’institution, refuser d’aller enseigner loin de chez eux. « Moi, titulaire, je vais donc rester en stand-by, payée à attendre qu’on m’appelle », explique Clarisse B.
Julie n’attend plus, elle renonce. Depuis quinze ans dans l’administration pénitentiaire, cette fonctionnaire a passé en juin un concours interne pour devenir professeure des écoles, en maternelle ou primaire, après un an de formation dispensée en cours du soir. Arrivée sixième sur neuf reçu·es, Julie apprend en juillet qu’elle sera envoyée à l’autre bout de son académie, pour un poste à 90 km de son domicile. « C’est trop loin, trop cher, impossible pour un premier poste où énormément de travail de préparation sera nécessaire, de la formation obligatoire puisque je suis stagiaire, sans même parler de mes trois enfants en bas âge. On me propose de repostuler comme contractuelle pour avoir un poste plus près de mon domicile. Mais je suis déjà fonctionnaire ! C’est impensable, et écœurant. »
De tels récits ne sont pas isolés et illustrent le décalage que ressentent nombre de professionnel·les de l’éducation nationale, qui ont de plus en plus l’impression de travailler dans une sorte de village Potemkine. Interrogé sur les images de ces contractuel·les recruté·es en speed dating dans diverses académies et à peine formé·es avant la rentrée, chahuté après la sortie controversée du recteur de l’académie de Créteil (particulièrement friande en matière de contractualisation), le ministre a donc tenté de déminer.
Un « concours exceptionnel » contre la pénurie de personnel
Jouant de sémantique – « Les contractuels ne passent pas avant les titulaires, ils passent avant chronologiquement » –, Pap Ndiaye insiste : les quelque trois mille contractuel·les recruté·es cette année en plus de celles et ceux reconduits seraient une goutte d’eau dans un océan de titulaires : seulement 1,5 % des effectifs dans le premier degré et près de 9 % dans le secondaire (collèges et lycées), et surtout positionné·es en Île-de-France et dans l’outre-mer. Déjà, en juillet, il en faisait la promesse, « il y aura un professeur devant chaque classe dans toutes les écoles de France ».
Concédant un manque « d’attractivité structurel » pour le métier, le ministre a ensuite brandi des outils d’urgence. Le recours aux listes complémentaires (pour les candidat·es ayant manqué de quelques points seulement le concours d’entrée dans l’Éducation nationale), mais surtout un concours « exceptionnel », au printemps 2023 pour le premier degré seulement, afin de titulariser un certain nombre de contractuel·les en poste, sans plus de précisions.
Ce qui soulève déjà une montagne de questions, proches de celles qui agitent le reste des agent·es de la fonction publique, pour un bon tiers également sous contrat. Faut-il accepter des mesures dérogatoires afin de pallier la pénurie, quitte à entériner fermement le principe de la contractualisation dans l’Éducation nationale ? Comment ne pas manquer ainsi les racines du problème, à savoir les conditions de travail et de rémunération des enseignant·es, largement dégradées, y compris au regard de leurs voisins européens ?
« Pour nous, un concours exceptionnel est une bonne chose vu la situation, cela peut “déprécariser” les collègues aujourd’hui contractuels, mais nous souhaitons pouvoir négocier sur la nature des épreuves ainsi que les conditions de formation, de titularisation et d’affectation », explique Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. Le risque est en effet de créer de nouveaux écarts entre une partie du personnel, aux mains libres, et ceux tenus par les conditions du concours traditionnel, notamment sur le choix géographique dans la prise de poste.
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S’abritant sans risque ni surprise sous la figure de l’ancien ministre de l’instruction publique Jules Ferry, Pap Ndiaye a enfin placé cette rentrée sous de hautes ambitions : « Méfions-nous d’une école qui, tout en la promettant, n’accorderait pas l’égalité, car cela produit des injustices et une défiance dont tout le tissu social peut souffrir. » Les mots sont graves mais il en faudra plus pour convaincre le personnel, profondément abîmé par l’exercice que Jean-Michel Blanquer a fait de son ministère pendant cinq ans.
Un préavis de grève a été lancé par plusieurs syndicats dans l’Éducation nationale, pour s’adosser à la journée interprofessionnelle sur les salaires le 29 septembre. D’ici là, certaines équipes, notamment en Île-de-France, pourraient spontanément débrayer, dès les premiers jours de la rentrée.
Mathilde Goanec
Coup de coeur... Leslie Kaplan...
EXTRAITS
–Eh bien moi je n'applaudit pas, dit une jeune femme qui était venu s'asseoir pendant que Jérémie racontait, pourquoi applaudir, où est-il maintenant, le peuple révolutionnaire, où se cache-t-il, il n'y a plus de peuple, il n'y a que des consommateurs, le marché est le seul horizon, tous aliénés.
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L’appropriation privée de tout, du travail et de la terre, de l’air, de l’eau, des acquis scientifiques, des œuvres artistiques, non seulement ça empêche de vivre aujourd’hui mais ça met en danger la planète, les générations à venir…
Alors il y a ceux qui profitent du régime, qui sont pris dedans, prisonniers, volontaires ou pas du tout volontaires, mais il y a aussi la difficulté à sortir de cette référence, le marché.
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L’inégalité suppose qu’on sait à l’avance qui est l’autre, il est moins que soi, défini, relégué, enfermé dans une catégorie.
On aime l’égalité parce que c’est avec un égal qu’il y a un autre, une rencontre, quelqu’un à découvrir, inconnu, nouveau.
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« Si vous convient à Monsieur, toi convient a citoyen », mais la liberté alors, tutoyer pourquoi, citoyen citoyenne, rabattre l’arrogance, le côté injurieux des uns vis-à-vis des autres, le mépris, empêcher ça, mais peut-on l’empêcher.
Leslie Kaplan - Mathias et la Révolution
Mutations: les profs coincés à la classe départ
EXTRAITS
En ce mercredi de prérentrée pour les professeurs, le taux de mobilité des enseignants, à 1 % dans le premier degré, n’a jamais été aussi bas. Les syndicats dénoncent un système «cassé» qui laisse des fonctionnaires dans des situations désespérantes.
Comme chaque mardi matin depuis un an, David quitte le domicile de sa femme sous les pleurs de ses deux petits garçons. C’est parti pour deux heures de train, plus de 300 km à avaler, avant de rejoindre Paris, où il est professeur d’EPS dans le XXe arrondissement. Depuis que sa femme a été mutée à Dijon, c’est seul, loin de sa famille, qu’il vit dans la capitale toute la semaine. Sa demande de mutation pour la suivre n’a pas été acceptée, une décision qu’il peine à digérer : «J’adore vraiment mon métier actuel, mais si ma mutation n’est pas vite acceptée, je réfléchirai à une reconversion. Au bout de quinze ans d’ancienneté, je devrais quand même avoir le droit de travailler près de ma famille.»
Comme tous les professeurs, David connaissait le «mode de fonctionnement» de l’éducation nationale en termes de mobilité : un barème à points, basé sur l’ancienneté, la situation personnelle et familiale. Mais, aujourd’hui, bon nombre de collègues et de syndicats enseignants dénoncent un système «cassé». En effet, le taux de mobilité des professeurs des écoles dans l’éducation nationale est d’environ 1 %. Un plus bas historique. Une des lourdes conséquences du problème hypersensible de recrutement dans le secteur. Moins il y a de candidats aux concours d’entrée, plus les demandes de mutations sont refusées. Or la faible mobilité effraie les potentiels candidats. Un cercle vicieux.
Barème sclérosé
Seuls 3 500 professeurs des écoles ont obtenu une mutation cette année, sans pour autant décrocher leur premier vœu. Ils étaient pourtant 17 462 à vouloir changer de département, sur 358 000 enseignants du premier degré (maternelle et élémentaire), soit 1 %. «Le taux de satisfaction de 20,44 %, est en chute continue depuis plus de dix ans. Pour mémoire, il s’établissait à 23,95 % en 2017, et à 45,97 % en 2013, écrit le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles affiliées à la Fédération syndicale unitaire (SNUipp FSU). Concrètement cela signifie que des enseignantes et enseignants sont empêchés de muter depuis plusieurs années.»
Dans le second degré (collèges et lycées), la tendance aussi est mauvaise. «En 2021, 42,1 % des enseignants avaient obtenu leur mouvement, en 2020, ce taux de satisfaction était de 44,4 %. Une chute de deux points en un an, c’est énorme et ça ne doit pas être négligé», prévient Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire nationale du Syndicat des enseignants de l’Union nationale des syndicats autonomes (SE-Unsa), et responsable carrière des personnels. En 2015, 55 % des demandes de mobilité parmi les titulaires avaient entraîné une mutation. Ainsi, même des académies qui n’étaient pas les plus demandées jusqu’alors deviennent difficiles à intégrer. Comme celle de Clermont-Ferrand : le nombre de points nécessaires pour espérer y entrer a explosé en deux ans. En histoire-géographie, le dernier entrant en 2020 disposait de 164 points, contre 983 une année plus tard. De quoi décourager ceux qui étaient proches du but. En 2022, le barème est certes un peu retombé mais il s’élève toujours à 625 points.
Censé être égalitaire, garant d’objectivité et de transparence, le barème à points est sclérosé depuis quelques années. La faute aux suppressions de postes : 7 900 dans le second degré sous le mandat du ministre de l’Education sortant, Jean-Michel Blanquer, selon le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes-FSU) et SUD éducation. «C’est l’équivalent de 166 collèges», alerte le syndicat alors que 440 postes disparaîtront à la rentrée 2022. Mais la faute aussi à la recrudescence de «postes à profil», qui s’appuient sur les compétences des candidats afin de pourvoir des postes spécifiques (de direction par exemple). Hors barème, ils échappent donc totalement au système classique des mutations et contribuent à gripper un peu plus le mécanisme. En 2022, à titre expérimental, un mouvement sur postes à profil a été organisé par le ministère afin de pourvoir 442 «postes à forts enjeux». Elisabeth Allain-Moreno, du SE-Unsa, accuse le ministère de «profiler des postes classiques qui ne demandent aucune exigence particulière».
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«J’ai besoin de partir de Paris pour me reconstruire»
Début juillet. Eve, assise derrière son ordinateur, attendait encore la réponse de sa mutation. Refus. Encore. Professeure des écoles à Paris, elle demande depuis plusieurs années de partir enseigner dans le Gers, dans le Sud-Ouest d’où elle est originaire. Une demande encore plus pressante depuis que son conjoint a trouvé du travail dans les Landes. Depuis janvier, elle est en disponibilité pour ne pas vivre loin de lui. «Je n’y retournerai pas, je vis désormais à 800 km de là. C’est impensable», désespère-t-elle. Une tristesse et une colère d’autant plus grande que sa mutation était appuyée par les services sociaux et un psychologue, la quarantenaire ayant perdu un bébé à la naissance en 2014. «Ils savent que j’ai besoin de partir de Paris pour me reconstruire, mais ça ne rentre pas en compte dans leur décision.»
Autant de situations intenables qui auraient pu, avant la loi de transformation de la fonction publique de 2021, être portées à l’attention de l’administration par les syndicats. Cette réforme technique, passée inaperçue, a des conséquences bien concrètes pour les enseignements : les syndicats n’interviennent plus dans les commissions de mutation, alors qu’ils jouaient un rôle pour temporiser et gérer les frustrations. Ce sont désormais les lignes directrices de gestion (élaborées par l’administration pour encadrer la mobilité et la valorisation des parcours professionnels) qui en déterminent les orientations, livrant les enseignants aux arbitrages de la seule administration. «On ne peut plus faire notre travail de vérification des points de chacun, pour s’assurer qu’il n’y a pas d’erreurs. Alors qu’il y en avait très souvent, pointe Sophie Vénétitay du Snes-FSU. Aujourd’hui les collègues ne comprennent plus leur barème retenu par l’administration et on ne peut pas les aider.»
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Démissionner pour repasser le concours
Dans le premier degré, le ballet des mutations est aussi rythmé par des professeurs qui ont passé le concours hors de leur académie mais qui souhaitent y revenir. «C’est connu, certaines académies sont réputées plus faciles pour obtenir le concours que d’autres», explique Iannis Roder. Seuls 17,96 % des inscrits ont obtenu le concours en Bretagne en 2021, alors que l’académie parisienne en a reçu 73,17 %. Certains acceptent donc de passer quelques années loin de leur département d’attache avant de se lancer dans la course aux mutations. Un marathon. Tristan, originaire de Bretagne, a passé le concours à Paris pour suivre sa conjointe. Mais, très vite, il s’est rendu compte que cette nouvelle vie qu’il espérait pour «quelques années» pourrait bien devenir son tombeau. En 2020, il fallait au moins 600 points pour sortir de l’académie de Paris, 1 200 pour espérer intégrer celle de Rennes. «J’en avais 22», plaisante-t-il. Plus qu’un seul choix s’offre à lui : il démissionne en septembre 2021 et vient de repasser le concours dans sa Bretagne natale.
Pour se rapprocher de leur famille, beaucoup de professeurs optent aussi pour la mise en disponibilité. Difficile à obtenir pour «convenance personnelle», cette année sabbatique est accordée de droit pour le suivi de conjoint, ainsi que pour s’occuper de ses enfants de moins de 12 ans. Depuis un an, c’est donc le choix qu’a fait Fanny, enseignante dans les Yvelines, afin de suivre son mari qui a trouvé du travail à Strasbourg, alors que sa mutation avait été refusée. Fanny ne dispose que de 294 points alors que le dernier entrant dans le Bas-Rhin en avait cette année 705. «On peut gagner 150 points par an de séparation de conjoint, mais même avec ça, il faudrait attendre plusieurs années pour se retrouver. En disponibilité, on n’en gagne que la moitié. Autant dire que je vais devoir attendre au moins sept ans avant de redevenir professeure», dit-elle. En attendant, elle prolonge sa disponibilité et songe même à démissionner. Une situation «à peu près tenable» car elle a eu la chance de trouver du travail dans un établissement pour les élèves malvoyants. En effet, pendant cette période, l’enseignant ne dispose ni de sa rémunération, ni de ses droits à la retraite, ni de ses droits à l’avancement.
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Entre 2012 et 2021, le nombre de professeurs en disponibilité (pour suivi de conjoint ou convenance personnelle) a bondi de 17 700 à 24 200. Dans le cadre d’Aide aux profs, Rémi Boyer est constamment confronté à ces situations. «On n’a que ça, que ça, que ça ! 90 % des gens qui nous demandent à obtenir leur disponibilité pour convenance personnelle ou leur démission, c’est pour pouvoir se barrer de l’endroit où ils sont. Ils n’imaginent pas y passer leur carrière.» Depuis quinze ans, il accompagne les personnels en souffrance au travail dans leurs projets de reconversion. A l’image de Melissa, qui a franchi le pas. Professeure des écoles depuis 2006, elle s’est mise en disponibilité en 2020 pour rejoindre son compagnon, dans les Pyrénées-Atlantiques depuis cinq ans. «Il me manquait plus de 300 points, j’aurais dû encore attendre des années. Au bout d’un moment, on arrête de jouer le jeu et on pense à nous et à notre famille.»
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Chloé Rabs
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Mutations: les profs coincés à la classe départ
Comme chaque mardi matin depuis un an, David quitte le domicile de sa femme sous les pleurs de ses deux petits garçons. C'est parti pour deux heures de train, plus de 300 km à avaler, avant de ...
Rentrée scolaire : quelles revalorisations salariales prévues pour les professeurs ?
Le chef de l'État et le ministre de l'Éducation nationale ont assuré des revalorisations salariales à venir pour les professeurs français, notamment ceux qui débutent leur carrière. France Inter fait le point sur ce que l'on sait des promesses de l'exécutif et du calendrier d'application.
859.000 professeurs font leur pré-rentrée ce mercredi matin aux côtés de tous les autres personnels de l'Éducation nationale. Une rentrée scolaire marquée par une hausse du nombre de contractuels : ils sont 65.000, en ce début septembre, public et privé confondus, signe d'une forte pénurie de personnels enseignants et d'une réelle crise des vocations. Le manque d'attractivité pour le métier d'enseignant s'explique principalement par la faiblesse des salaires. Toutefois, une revalorisation est prévue par le ministère de l'Éducation. Elle doit permettre de rémunérer 2000 euros nets par mois, au minimum, chaque professeur à partir de septembre 2023.
2000 euros minimum en début de carrière
Ce coup de pouce vise ainsi les enseignants en début, mais aussi en milieu de carrière car, actuellement, un professeur atteint les 2000 euros mensuels lorsqu'il parvient à l'échelon 8 de la grille des salaires, c'est-à-dire après 13 ou 14 ans d'ancienneté. Si l'on prend en compte les primes, c'est au bout de 11 ans qu'un enseignant gagne plus de 2000 euros. Mais le ministre de l'Education nationale a bien précisé que cette annonce portait sur le salaire, hors primes.
Car jusque-là ce sont ces bonus qui ont boosté les débuts de carrière. Un professeur débutant gagnait 1700 euros par mois en 2020, il va passer à un peu plus de 1900 euros cette année grâce aux primes. Mais le rattrapage sur les milieux de carrière est tout aussi indispensable : après 15 ans d'exercice, un enseignant a un salaire moyen inférieur de 18% à celui de la moyenne européenne.
Augmentation générale de 10 à 20%
C'est pour cette raison que le gouvernement prévoit une augmentation générale de 10%, voire jusqu'à 20%. Les 10% correspondent à une progression des salaires pour tous les enseignants, au-delà des premiers échelons. Mais aucun calendrier n'est fixé. Pour obtenir 20% de revalorisation il faudrait que les professeurs acceptent de "nouvelles missions" . Or les discussions s'annoncent difficiles.
Les syndicats estiment en effet que les enseignants assurent déjà de nouvelles tâches depuis quelques années sans avoir vu leurs salaires augmenter : l'orientation des élèves par exemple, à la place des conseillers dont c'était le métier, mais aussi l'accueil d'élèves en grande difficulté alors qu'on a supprimé des postes d'enseignants spécialisés des réseaux d'aide Rased. La première fédération de l'éducation nationale, la FSU, appelle à une journée de grève sur les salaires le 29 septembre.
Sonia Princet
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Le chef de l'État et le ministre de l'Éducation nationale ont assuré des revalorisations salariales à venir pour les professeurs français, notamment ceux qui débutent leur carrière. France I...
"Je m'appelle Merlida, j'habite dans une tente" : des milliers d'enfants vont faire leur rentrée scolaire tout en dormant à la rue
Plusieurs associations, menées par le collectif lyonnais "Jamais sans toit" lancent un réseau national avec la FCPE, pour repérer et reloger les familles qui vivent dans la rue.
Alla n'a qu'une hâte : porter son nouveau cartable pour la rentrée. "C'est maman qui me l'a acheté. J'ai la couleur bleue, avec un chat", décrit l'enfant. Il y a encore un an, elle vivait avec son frère et sa soeur, dans la voiture de ses parents soudanais, à Lyon. "On a appris que deux familles de l'école maternelle dormaient à la rue", explique Fanny Talbot, une enseignante qui lance la mobilisation avec ses collègues, face à cette situation "insupportable".
"Quinze jours avant les vacances de Noël, on a décidé, avec le collectif 'Jamais sans toit', d'occuper l'école parce qu'il commençait à faire vraiment très froid."
Fanny Talbot, enseignante
à franceinfo
Les deux familles ont dormi dans la salle polyvalente de l'école, "pendant deux semaines sur des matelas de sport", précise Fanny Talbot au micro de franceinfo. Pour cette rentrée 2022, 50 000 enfants vont rentrer en classes sans avoir d'hébergement pérenne, en vivant dans des hôtels sociaux, des squats ou des bidonvilles. Selon le dernier recensement associatif du 22 août, 1 658 mineurs n’ont pas pu obtenir de solution d’hébergement après appel au 115 et ont donc dormi dehors, sous des toiles de tente directement sur le trottoir.
Pour les parents d'Alla, le gymnase de l'école est de l'histoire ancienne. Le collectif lyonnais "Jamais sans toit" a accéléré les démarches pour que la famille obtienne son propre appartement, tout près de l'école. "Une grande maison, deux chambres, c'est bien", se réjouit la maman d'Alla. "Et il y a plein de jeux", rajoute Alla. "Là, c'est un peu le parcours idéal, j'ai envie de dire que malheureusement, ça ne se passe pas toujours comme ça", déplore l'enseignante.
Une centaine d'enfants concernés à Lyon
De fait, 45 autres familles sont encore à la rue dans la métropole lyonnaise, ce qui veut dire qu'une centaine d'enfants à Lyon feront leur rentrée sans un logement pérenne. C'est le cas de cette famille albanaise : "Je m'appelle Merlida, j'habite dans une tente". À 11 ans, Merlida vit depuis quelques jours dans un campement, juste à côté de la gare Lyon-Part Dieu, avec sa mère et sa petite soeur, Ruensa, 7 ans. Elles dorment "par terre", sous une toile de tente avec juste un tapis. "Il y a des valises, il n'y a pas de jouet", décrit Ruensa, qui en perspective le mois de septembre : "J'attends l'école".
"L'école est encore plus importante pour ces enfants-là, car c'est le seul moyen de s'en sortir. Ce sont des enfants qui sont épuisés, qui s'endorment en classe et qui n'ont donc pas les mêmes chances que les autres."
Fanny Talbot, enseignante
à franceinfo
"On voit d'ailleurs bien la différence : quand la situation devient stable, les enfants changent assez vite d'attitude en classe, c'est la meilleure des récompenses", ajoute Fanny Talbot. L'an dernier, une centaine d'élèves de la métropole de Lyon ont ainsi été mis à l'abri, après que les enseignants et les parents d'élèves ont occupé l'école. Un mode d'action et un combat que ces associations lyonnaises veulent aujourd'hui étendre à toute la France. Le collectif "Jamais sans toit" lance dès le 30 août un réseau national avec la FCPE, pour mieux repérer et reloger durablement ces familles.
édité par Phéline Leloir-Duault - Agathe Mahuet
Au Danemark, un salaire universel pour chaque étudiant
EXTRAITS
Les jeunes Danois ont droit à une aide qui peut atteindre jusqu’à 860 euros par mois, à laquelle s’ajoute la possibilité de souscrire un emprunt garanti par l’Etat.
Quand ils partent étudier à l’étranger, les jeunes Danois sont souvent interloqués de découvrir qu’à part dans les pays nordiques, la plupart des étudiants, en Europe ou ailleurs, ne bénéficient pas des mêmes conditions qu’eux. Leurs congénères doivent se débrouiller sans le « Statens Uddannelsesstotte » (SU) : le système de « soutien à l’éducation par l’Etat », établi en 1970, est tellement institutionnalisé au Danemark qu’il est vécu comme une évidence par les jeunes et leurs parents.
Des « bons mensuels »
En général, les jeunes Danois terminent le lycée à 19 ans, puis font une année de césure. Environ quatre sur cinq se lancent ensuite dans des études supérieures. Les autres sont orientés vers une formation professionnelle. La plupart quittent alors le foyer familial et peuvent prétendre à une aide de l’Etat.
Le système fonctionne sous la forme de 70 « bons mensuels », à utiliser tout au long de la vie (y compris pour les étudiants en reconversion), sous la forme d’une allocation. Le jeune étudiant peut aussi bénéficier d’un emprunt, qu’environ un tiers choisit de souscrire, à un taux de 4 % pendant les études, puis de 1 % ensuite, remboursable dans un délai de sept à quinze ans.
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En avril 2022, la commission de la réforme, nommée par le gouvernement social-démocrate, a proposé de convertir les bourses en prêts (éventuellement sans intérêt) pour les étudiants en master, afin de dégager des fonds, destinés à améliorer la qualité de l’éducation et de la formation en continu. Quelques mois plus tôt, le Conseil économique du mouvement travailliste, un think tank de gauche, avait fait une proposition similaire, arguant que les jeunes dont les parents ne sont pas allés à l’université ont cinq fois plus de risques de ne pas faire d’études supérieures. L’argent, estimait le think tank, serait mieux utilisé pour financer leur formation.
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Au Danemark, un salaire universel pour chaque étudiant
Quand ils partent étudier à l'étranger, les jeunes Danois sont souvent interloqués de découvrir qu'à part dans les pays nordiques, la plupart des étudiants, en Europe ou ailleurs, ne bénéf...
Coup de coeur... Virginie Despentes...
OSCAR
Chroniques du désastre
Croisé Rebecca Latté, dans Paris. Sont remontés à ma mémoire les personnages extraordinaires qu’elle a interprétés, femme tour à tour dangereuse, vénéneuse, vulnérable, touchante ou héroïque – combien de fois je suis tombé amoureux d’elle, combien de photos d’elle, dans combien d’appartements, au-dessus de combien de lits – j’ai pu accrocher et qui m’ont fait rêver. Métaphore tragique d’une époque qui se barre en couille – cette femme sublime qui initia tant d’adolescents à ce que fut la fascination de la séduction féminine à son apogée – devenue aujourd’hui ce crapaud. Pas seulement vieille. Mais épaisse, négligée, la peau dégueulasse, et son personnage de femme sale, bruyante. La débandade. On m’a appris qu’elle s’était convertie en égérie pour jeunes féministes. L’internationale des pouilleuses a encore frappé. Niveau de surprise : zéro. Je me roule en PLS sur mon sofa et je réécoute Hypnotize de Biggie, en boucle.
REBECCA
Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve, je t’écris. Je suis sûre que tu as des enfants. Un mec comme toi ça se reproduit, imagine que la lignée s’arrête. Les gens, j’ai remarqué, plus vous êtes cons et sinistrement inutiles plus vous vous sentez obligés de continuer la lignée. Donc j’espère que tes enfants crèveront écrasés sous un camion et que tu les regarderas agoniser sans rien pouvoir faire et que leurs yeux gicleront de leurs orbites et que leurs cris de douleur te hanteront chaque soir. Ça, c’est tout le bien que je te souhaite. Et laisse Biggie tranquille, bouffon.
Virginie Despentes - Cher connard