Coup de coeur... Yannick Haenel...
Je m'arrête un instant à Messine, face à La Résurrection de Lazare. On est en 1609. Le Caravage approfondit une solitude qui le dépouille ; il s’abîme dans une obscurité qui se resserre sur son souffle ; on dirait qu’il disparaît : d’ailleurs on ne sait plus rien sur lui -où vit-il ? avec qui parle-t-il ? Le Caravage rejoint son propre mystère. C’est la nuit, et il peint : sa main, dans l’ombre, trace de brusques lueurs qui, en fouillant l’épaisseur du péché, scintillent à la recherche de la grâce.
Il arrive qu’à force de regarder des peintures on se mette à voir quelque chose de très simple ; et que cette simplicité se change en lumière. Depuis que je m’aventure à écrire sur la vie et l’art du Caravage — depuis qu’avec ce livre je me suis mis à chercher dans la matière de la peinture une vérité qui pourrait se dire —, je suis guetté par un mouvement qui abandonne mes phrases en même temps qu’il les appelle : elles semblent partir dans des directions qui m’échappent, et je ne les reconnais pas toujours ; mais je les laisse faire, car il me vient avec elles l’espérance qu’en se perdant elles parviennent à s’éclairer d’une lumière qui n’est pas seulement raisonnable, à glisser vers je ne sais quoi de plus ouvert que leur sens, à entrer dans un pays plus inconnu encore que la poésie, où la vérité fait des apparitions étranges, comme s’il existait encore autre chose que la nuit et le jour, un temps qui échappe à leur contradiction, qui n’a rien à voir avec leur succession, qui défait le visible en même temps que l’invisible.
La peinture a lieu ici, à ce point d’éclat où l’on ne s’appartient plus, où le Caravage échappe non seulement à ses bourreaux, à ses ennemis, aux chevaliers de l’Ordre, à la mort qui le condamne et prend chaque jour une forme différente, mais aussi à ses mécènes, à ses amis, à ses amours, à tous ceux qu’il connaît à Rome, à Malte, à Syracuse ou à Naples, à tous ceux qu’il ne connaît pas et dont il redoute les désirs et le ressentiment.
Là, le visible s’efface ; et ne dépend plus de rien, ni du temps ni de l’espace, ni des histoires personnelles ni d’aucune conception sur l’art. La peinture et le mystère se rejoignent, comme ils se sont rejoints un jour sur un mur de la grotte de Lascaux, comme ils continuent à coïncider par fois, follement, sans qu’on puisse savoir pourquoi ni comment.
La solitude du Caravage réside dans cet emportement qui l’amène à vivre la peinture comme un moyen pour atteindre le mystère ; et à vivre le mystère comme un moyen pour atteindre la peinture. Ce mystère serait-il le nom de quelque chose de plus grand que nous, ou le rien à quoi nos vies sont mêlées et vers quoi elles se compriment, il n’affirme de toute façon qu’une chose qui manque. Parfois, rien n’est plus clair.
Alors voici :à force de regarder la peinture du Caravage et de m’interroger sur son expérience intérieure, sur la nature de son angoisse, sur la progression du péché dans sa vie et l’intensité de ce qui, à la fois, le sépare et le rapproche de la lumière, je me suis aperçu que de tableau en tableau, centimètre après centimètre, il se rapprochait du Christ.
L’histoire du rapport entre le Caravage et le Christ mériterait la matière d’un livre entier ; en un sens, c’est l’objet de celui-ci -mais il n’est pas si facile d’y accéder :un tel objet ne peut être abordé qu’à travers les tours et détours d’une passion, elle-même hésitante et emportée, timide et contradictoire, qui avance et recule, s’enflamme, se refroidit — s’interroge : il faut du temps, des phrases, et la capacité de convertir la pensée qui vient de ces phrases et de ce temps en une expérience, c’est-à-dire un récit.
Autrement dit, il faut en passer par de la littérature :elle seule, aujourd’hui que l’ensemble des savoirs s’est rendu disponible à travers l’instantanéité d’un réseau planétaire qui égalise tous les discours et les réduit à déferler sous la forme d’une communication dévitalisée, se concentre sur la possibilité de sa solitude ;elle seule, par l’attention qu’elle ne cesse de développer à l’égard de ce qui rend si difficile l’usage du langage, donne sur l’abîme ; elle seule prend le temps de déployer une parole qui cherche et qui soit susceptible, à travers ses enveloppements, de faire face au néant, de détecter des brèches, de susciter des passages, de trouver des lumières.
Au fil des années, le Caravage se rapproche du Christ :on le mesure en observant l’évolution de leur distance dans les tableaux. En 1599, ils ne sont pas encore dans le même cadre : alors que Jésus se tient dans La Vocation de saint Matthieu, le Caravage est dans Le Martyre, le tableau d’en face — il est présent, d’une manière douloureuse, aux côtés du crime, plutôt que dans l’aura de la vocation. On a vu qu’il se contente de lancer, d’une toile à l’autre, un regard angoissé, honteux et peut-être défiant au Christ. L’innocence est impossible ; le Caravage est enfoncé dans l’épaisseur du péché ; et pourtant, il n’a pas encore tué.
À peine quatre ans plus tard, en 1603, le voici de plain-pied avec Jésus : il est présent dans la scène de L’Arrestation du Christ, ce tableau saisissant, plein de tumulte et de cris nocturnes, qu’on peut voir à la National Gallery de Dublin, où, dans une extraordinaire mêlée à sept personnages comprimés dans un étau de ténèbres, des soldats en armure s’emparent du Christ que Judas, aux traits déformés par la laideur morale, vient de trahir.
Tandis que le Christ, mains jointes et la tête enveloppée d’un large pan de manteau rouge qui protège sa lumière intérieure comme un dôme angélique, détourne son regard de ses agresseurs avec une douceur affligée, quelqu’un, isolé à droite du tableau et qui ne fait partie ni de la troupe des soldats ni de celle des apôtres, émerge de la masse en s’efforçant d’éclairer la scène à l’aide d’une lanterne qu’il lève au-dessus des têtes ; son visage est fatigué, mais il est dans la lumière, le regard tourné vers le Christ dont il essaie de s’approcher : c’est lui, c’est le Caravage. Le sens de cette métaphore est clair : par son art, le peintre s’efforce de se rendre présent aux temps sacrés, il éclaire le monde depuis l’invisible auquel l’ouvre la peinture ; mais on peut penser que, avec son visage levé avidement vers la scène, le Caravage fait plus qu’éclairer son atelier mental. Ses yeux tourmentés et sa bouche ouverte expriment une attente, comme si le Caravage cherchait avant tout à se rapprocher du Christ. Mais le salut n’est pas à sa portée : entre le Christ et lui, l’espace est bloqué (par des corps, par les fautes du Caravage) — la distance est encore grande entre les deux.
Et nous voici donc en 1609, en Sicile, à Messine : le Caravage est condamné à mort par le pape, recherché par l’Ordre de Malte, cerné par une vendetta personnelle ; il se cache et il peint - il n’y a pas plus seul au monde que lui.
En six ans, il a énormément peint le Christ, on se souvient, entre autres, des deux Flagellation. Voici qu’à grands traits ocre, rouges et noirs, négligeant désormais le détail des carnations pour approfondir avec plus d’intensité l’espace dramatique où entre vie et mort s’agitent les humains, il se consacre à ce qui est peut-être son plus grand tableau, le plus audacieux : La Résurrection de Lazare.
Yannick Haenel - La solitude Caravage
A lire... "Parce que chaque élève compte" - Kamel Chabane et Benoît Falaize/Préface de Philippe Meirieu
Casser les préjugés sur les quartiers populaires et leurs élèves, donner une autre image de cette jeunesse trop souvent stigmatisée, ou suspectée d’offenses aux valeurs de la République, battre en brèche le slogan devenu sens commun des « territoires perdus » ; écouter les enseignants qui, chaque jour, font leur métier, inventent, innovent, ne comptent pas leurs heures et accompagnent les enfants comme les familles ; dire ce que peut l’école contre les stéréotypes, les propos complotistes, les préjugés haineux, les adhésions religieuses toxiques : voilà le projet de cet ouvrage.
Car ce travail existe, il est là. Et ce livre en témoigne.
Des enseignants, parents et élèves y racontent des parcours, expériences et innovations pédagogiques qui font mentir tous les discours fatalistes : d’une enquête historique menée par une classe de 3e sur un convoi parti en 1944 pour le camp d’Auschwitz-Birkenau à un projet photographique d’une classe de CM2 sur l’image des jeunes dans les « quartiers », en passant par la création d’une maison des sciences ou d’ateliers de théâtre d’improvisation, le projet républicain de l’éducabilité de tous est bel et bien vivant !
Incarné par celles et ceux qui, envers et contre tout, continuent de penser et de prouver, jour après jour, que chaque élève compte.
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Casser les préjugés sur les quartiers populaires et leurs élèves, donner une autre image de cette jeunesse trop souvent stigmatisée, ou suspectée d'offenses aux valeurs de la République, bat...
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Enseignement professionnel : « Il nous faut réfléchir aux verrous budgétaires, réglementaires et d’orientation qui nous empêchent d’avancer »
EXTRAITS
Vincent Troger, historien spécialiste de l’enseignement technique et professionnel, estime que l’apprentissage avant le bac peut mettre en difficulté beaucoup de jeunes.
Vincent Troger, maître de conférences honoraire en sciences de l’éducation, historien de l’enseignement technique et professionnel, regrette que les filières professionnelles ne soient toujours pas perçues comme une voie de réussite.
« Réussir à ce que nos jeunes aillent plus vite vers le marché du travail et mieux » est l’un des objectifs assignés à la réforme du lycée professionnel par Emmanuel Macron. Y voyez-vous un « mauvais » objectif ?
Ce qui me frappe, surtout, c’est que cet objectif semble être en contradiction avec l’ambition affichée par le système depuis de nombreuses années : conduire plus de jeunes vers plus d’études supérieures. C’est la tendance de fond, en France comme ailleurs dans l’OCDE. On attend des jeunes polyvalents et diplômés au-delà du bac. Et c’est d’autant plus vrai que tous les indicateurs attestent que cette élévation du diplôme est la voie pour trouver du travail. Ou, en tout cas, c’est une protection contre le chômage. Va-t-on vers un changement de fond de la logique ? C’est ce qui doit être précisé.
(...)
Le sujet a été très présent dans cette campagne présidentielle, et pas seulement dans le programme Macron. Cela vous a-t-il surpris ?
Cela fait des années que le lycée professionnel est au centre des préoccupations politiques. Il n’a cessé d’être remis en chantier, quelle que soit la coloration des gouvernements, avec, toujours, l’objectif de « revaloriser » cette voie.
L’enseignement professionnel n’est pas né, à la fin des années 1930, d’un projet politique fortement structuré, mais d’un besoin de formation accélérée de la main-d’œuvre pour les industries de guerre. Un demi-siècle plus tard, c’est la gauche qui, en 1985, crée le baccalauréat professionnel ; c’est aussi un ministre de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui expérimente en 2001 le rapprochement entre le lycée professionnel et l’apprentissage en lançant le label des « lycées des métiers ». Mais c’est ensuite la droite qui généralise le cursus sur trois ans – contre quatre, auparavant – pour le bac professionnel et ouvre l’accès des BTS aux bacheliers. Vincent Peillon poursuit cette politique en créant, en 2013, les « campus des métiers », qui deviendront, avec Jean-Michel Blanquer, des « campus d’excellence ».
A chaque fois, ces initiatives portent la même ambition : mettre en réseau tous les niveaux de formation professionnelle dans une branche précise, pour offrir une évolution ascendante aux élèves. Il me semble qu’on est encore, aujourd’hui, dans cette logique, avec une nouveauté dans l’impulsion : les ministères de l’éducation et du travail sont appelés à collaborer, ce qui va être compliqué. Le rapprochement était en germe depuis la loi sur la formation professionnelle de 2018 ; il est désormais acté avec la nomination de Carole Grandjean comme ministre déléguée.
(...)
On ne peut pas occulter que le lycée professionnel souffre aussi d’être devenu le réceptacle de jeunes orientés par défaut. Comme une sanction à leurs difficultés scolaires…
On touche là un autre verrou qui est, pour moi, le carcan temporel. Il faut, en France, que chaque année l’élève avance d’un an, avec un programme donné. Pourquoi ne pas offrir à des élèves de passer leur bac en deux ans et à d’autres en quatre ans ? La jeunesse a besoin d’explorer, de faire des essais, parfois d’étudier, parfois de travailler, avant de revenir vers les études… Accompagner des parcours non linéaires serait peut-être aussi l’une des voies pour limiter l’échec et le décrochage. Ce serait une manière de se donner de la souplesse. Une souplesse que cette jeunesse demande.
Sanctions, notes… Les parents contestent de plus en plus l’autorité scolaire
Dessin de Chaunu pour Ouest-france
Analyse De nombreuses familles saisissent le médiateur de l’éducation nationale pour contester les décisions de l’école. Une augmentation qui s’explique à la fois par la crise sanitaire, la réforme du bac et le manque de personnel.
Un célèbre dessin de presse de Chaunu résume avec humour l’évolution des relations entre les parents d’élèves et l’institution scolaire. À droite de l’image, une scène censée se dérouler en 1969. Des parents montrent le bulletin scolaire à leur enfant, tout penaud, en lui demandant d’un air sévère : « C’est quoi ces notes ? ». À gauche, la même scène, en 2009. Mais, là, les parents s’adressent directement à la maîtresse, devant un enfant au sourire provocateur.
Le dessin se veut caricatural, mais il illustrerait des situations de plus en plus fréquentes, si l’on en juge par les conclusions du rapport d’activité 2021 de la médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, présenté lundi 25 juillet.
Sur les 18 000 saisines traitées par cette instance chargée de la régulation des conflits, 78 % ont été présentées par les « usagers de l’éducation nationale » (élèves, étudiants, familles) dont 12 % concernaient la notation et l’évaluation. Soit cinq fois plus qu’il y a cinq ans.
Au-delà des notes, les familles contestent également les sanctions pour des questions de discipline ou de comportement (20 % des saisines) et remettent globalement plus souvent en cause les décisions de l’école : 46 % des saisines liées à la vie scolaire concernent les conflits parents-établissement.
« La place des notes exacerbe la sensibilité des parents »
« En tant que proviseur, je traite régulièrement des situations de tension entre des enseignants et des parents,surtout depuis la fin des confinements, témoigne Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN-UNSA). Cette période a généré une proximité historique entre l’école et les parents, mais une fois terminée, certains ont eu l’impression qu’ils pouvaient continuer à s’immiscer dans la classe et donner un avis sur les contenus. »
Le proviseur de la cité Berlioz de Vincennes pointe également du doigt la question du contrôle continu. « La place des notes à partir de la première et dans Parcoursupexacerbe la sensibilité des parents sur les évaluations. J’en vois de plus en plus qui demandent une révision des notes. »
Le poids du diplôme est tel que les familles attendent beaucoup de l’école, analyse de son côté Pierre Périer, sociologue de l’éducation. « Ils veulent que leur enfant réussisse sa scolarité mais aussi son orientation. Et ceux qui connaissent bien les ficelles de l’institution savent ce qu’il faut faire pour forcer leur avantage. Ils s’investissent d’autant plus, ajoute-t-il, que le discours politique met l’accent sur la réussite de tous les élèves. »
Si tous les enfants peuvent réussir alors le mien aussi, se disent beaucoup de parents, pris entre « des attentes » vis-à-vis de l’école qu’ils aimeraient « contrôler » et une « relation de dépendance » puisqu’ils ne peuvent pas en changer le fonctionnement, souligne le sociologue. « Or, c’est ce sentiment d’impuissance qui engendre des conflits », dit-il.
Une détérioration du climat scolaire
Et la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver ces frustrations. Le rapprochement entre l’école et les familles n’a été «qu’uneparenthèse, rappelle Pierre Périer. Aujourd’hui, on est revenu à l’état antérieur des relations entre les parents et l’institution scolaire qui, historiquement, a toujours été assez fermée, et cela génère de nouvelles tensions. » Depuis la pandémie de Covid, il y a également « une prise de conscience encore plus forte des inégalités et une demande de scolarité normale », explique le sociologue, auteur de Des parents invisibles. L’école face à la précarité familiale (Puf, 2019).
Du côté de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), on note également les effets post-confinements. Non seulement les liens tissés pendant cette période inédite n’ont pas toujours été maintenus, mais « les parents sont de moins en moins associés au fonctionnement des instances », assure Éric Labastie, secrétaire général de la Fédération. Le représentant déplore une « détérioration du climat scolaire », avec « un manque de personnel et notamment d’enseignants non remplacés » qui peuvent exaspérer les parents dans un contexte où « les établissements ne répondent pas toujours à leurs interrogations. »
La colère s’exprime d’autant plus facilement que les familles ont pris l’habitude de communiquer par mail, voire par SMS avec les enseignants et les établissements pendant les confinements. « Avec le multimédia, certains se permettent des choses qu’ils n’oseraient pas dire en face-à-face, constate Bruno Bobkiewicz. On est beaucoup plus courageux et violents dans les termes derrière un écran. »
Paula Pinto Gomes
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Sanctions, notes... Les parents contestent de plus en plus l'autorité scolaire
De nombreuses familles saisissent le médiateur de l'éducation nationale pour contester les décisions de l'école. Une augmentation qui s'explique à la fois par la crise sanitaire, la réforme d...
Chers amis... Quartiers d'août...
Chers amis,
Le blog prend ses quartiers d'août à compter d'aujourd'hui.
Donc quelques articles de temps à autres jusqu'au 28 août sauf actualité brulante.
Bel été !!!
CC
Coup de coeur... Tierno Monénembo...
"- Tenir l'Afrique par le Sénégal et le Soudan, c'est tenir le sabre par la lame ! Sans le Fouta-Djalon, nous risquons de tout perdre là-bas !
Il s'interrompit quelques instants pour se diriger vers la mappemonde collée au mur :
- Revoyons un peu, si vous le voulez bien, monsieur le ministre, la carte du monde. Qu'avons-nous autour de notre pauvre France ?
Il prit la règle et montra d'un air grave l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, rien que des ennemis ! Comment survivre dans ce guêpier ? L'Afrique ! Il n'y avait pas d'autre solution ! "Elle doit être le corps et nous l'esprit !", insista-t-il. Il avait compris, lui, dès son arrivée à Gorée, qu'elle devait immédiatement cesser d'être une simple réserve d'esclaves et d'oléagineux pour devenir, minutieusement dégrossie sous le scalp d'Athènes et de Rome, une amie, une alliée, une province française. Alors, la France pourrait y lever une grande armée ; grâce à elle, la conquête de l'Italie serait facile ainsi que le passage par le Brenner vers l'Autriche. L'Allemagne n'aurait plus le choix : la paix éternelle et peut-être même l'union face à une Angleterre ennemie de l'Europe. Et comment faire de l'Afrique une province française ? En faisant du Fouta-Djalon sa base, c'était aussi évident que le nez au milieu du visage".
Tierno Monénembo - Le roi de Kahel
A lire... "Toutes les histoires sont vraies" de Guy Birenbaum - Sortie le 9 septembre
Quatrième de couverture
Dans une suite de textes fulgurants, véritable puzzle qui donne à ce roman cousu main des allures de fausse autobiographie (où tout serait vrai), Guy Birenbaum traverse les époques et dresse un tableau poétique, social, nerveux, tendre et nostalgique, d’une France qu’il a connue ou approchée, dans des heures terriblement sombres et d’autres parfaitement lumineuses. Cet ensemble doux-amer, mais souvent drôle, caresse des souvenirs heureux, des rencontres insensées, les souffrances et les joies d’un enfant terrible, mais fait surtout écho à ce qui nous rassemble tous : l’amour du vécu.
Intervieweur à la radio et à la télévision (Europe1, France Info, RTL), moniteur de tennis, chercheur, enseignant, éditeur, chroniqueur, auteur, blogueur, Guy Birenbaum a fait tout ça. Mais ce qu’il préfère dans la vie c’est sa famille, son chien (un berger australien de 35 kilos) et les plages de Trouville et Deauville. Il aime aussi prendre des photos et raconter des histoires. « Toutes les histoires sont vraies » est son premier roman.
Publier aux éditions Braquage, qui ont notamment édité le livre remarquable de J-D Beauvallet Passeur, c’est faire le choix de la petite édition artisanale et indépendante. Il est donc important que dès maintenant ceux que le livre intéresse le précommandent. Quasiment par militantisme. Pour les remercier de cette démarche ils auront un cadeau, puisque nous offrons la photo de couverture en tirage original, numéroté et dédicacé. Une photo que j’ai prise en août 1981. Par ailleurs, ils recevront le roman un peu avant sa sortie.
" Toutes les histoires sont vraies "
Le 9 septembre je publie mon premier roman aux éditions Braquage. Voici le texte de la quatrième de couverture. Dans une suite de textes fulgurants, véritable puzzle qui donne à ce roman cousu ...
https://guybirenbaum.com/2022/06/26/toutes-les-histoires-sont-vraies/