Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vivement l'Ecole!

Michel Jonasz...

30 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

Lire la suite

Coup de coeur... Johann Zarca...

30 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

La nuit des hyènes - Johann Zarca

Zyed s’écarte du sentier, se noie dans les abysses du bois de Boulogne. Il s’arrête au pied de son arbre, enfin celui qu’il a décrété sien. Il dépose son sac de sport à terre et, vite, il se désape. Dans son kes, il récupère sa jupe jaune flashy et son débardeur rose bonbec. Il enfile ses fringues et fixe sa perruque brune en carré plongeant sur son crâne rasé. Il chope son sac à main, range son flash, ses clopes, son vieux téléphone et sa maille dedans. Son sac de sport restera toute la nuit au pied de son arbre – personne ne vient jamais là. Zyed troque ses baskets contre des escarpins et il se maquille à l’aveugle, dans l’obscurité du bois. Pas la peine de s’emmerder à faire dans le détail, ses clients le verront mal dans les ténèbres, et puis ils cherchent rarement la grâce et la subtilité auprès de lui. Il s’étale un rouge brillant sur les lèvres, se paillette un peu la ganache, foire le mascara. Et Zyed se transforme en Chicha. Et Chicha regagne le trottoir.

Johann Zarca - La nuit des hyènes

Lire la suite

A lire - «On ne naît pas mec» de Daisy Letourneur, le mascu entre deux chaises

30 Juin 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

L’essai sur les masculinités de l’autrice se veut pédagogique et inconfortable.

Pourquoi parler des «mecs» ? «L’impulsion première, pour étudier les masculinités, c’est la volonté d’inverser le point de vue, de braquer le spot sur celui qui jusque-là menait l’interrogatoire.» Derrière la lampe, Daisy Letourneur, «une femme blanche, trans et lesbienne», «ni une grande théoricienne, ni une chercheuse», militante à l’origine du blog la Mecxpliqueuse, «le blog qui mecxplique la vie aux mecs» – en référence au best-seller Ces hommes qui m’expliquent la vie (l’Olivier, 2018) de l’essayiste américaine Rebecca Solnit.

Dans la lumière, différents spécimens de mâles, du vingtenaire avec «sa canette Red Bull» prêt à chanter Seven Nation Army «en mode popopopopopo» à «l’homme actif, avec du fric» et «un beau costume» («Emmanuel Macron, représentant par excellence de la masculinité managériale») en passant par le «nouveau papa» pseudo-déconstruit avec son man bun (qui «change les couches lavables que vous lavez»). En chemin, des dessins rigolos (par l’autrice elle-même) permettent mise en situation et pas de côté.

On ne naît pas mec est un essai pédagogique : au bout de chaque chapitre, une bibliographie propose d’«aller plus loin». On y retrouve aussi bien bell hooks et Monique Wittig que des liens vers des chaînes YouTube et des podcasts. Le ton est celui d’un stand-up bien troussé (à la Hannah Gadsby), blagueur au début et de plus en plus personnel à mesure qu’on avance. L’autrice s’appuie en partie sur son expérience trans («Je suis tout ce qui ne va pas dans le monde d’aujourd’hui. Je suis la féminisation de la société») et interroge chiffres à l’appui les liens entre violence et masculinité. Il ne s’agit pas d’un guide «pour homme féministe», mais d’un «petit traité». Son objectif ultime : «Pas une simple “égalité hommes-femmes”, mais l’abolition du genre.» A ceux et celles que ça ferait frissonner, tant mieux : «Si vous êtes un homme, il y a de fortes chances pour que la lecture de ce texte vous soit inconfortable.» Il y a surtout de fortes chances pour que le principal lectorat se sente en terrain connu – ce qui est loin d’être désagréable.

Thomas Stélandre

Daisy Letourneur, On ne naît pas mec. Petit traité sur les masculinités, Zones, 224 pp., 18 € (ebook : 12,99 €).

Lire la suite

"Tous les ans, la rentrée est un petit miracle" : on a passé une journée avec un proviseur confronté au "casse-tête" des emplois du temps

30 Juin 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Education

Emploi du temps

EXTRAITS

Avec la dernière réforme du bac, l'élaboration des emplois du temps devient encore plus complexe pour les chefs d'établissements.

Franceinfo s'est rendu dans un lycée de Clermont-Ferrand pour comprendre le long et difficile exercice que doit résoudre l'équipe de direction. 

Dans un silence religieux, les élèves de terminale planchent sur leur sujet de philosophie, dans l'un des bâtiments du lycée Ambroise-Brugière, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). A quelques mètres de là, en cette matinée du mercredi 15 juin, le proviseur Richard Commeau et son équipe de direction, installés depuis plusieurs mois dans des préfabriqués en attendant la livraison de nouveaux bâtiments, travaillent, eux, sur les emplois du temps de la rentrée.

"Tous les ans, la rentrée est un petit miracle", confie Richard Commeau. Pourtant aguerri à l'exercice depuis une quinzaine de rentrées, le proviseur reconnaît que l'élaboration des programmes "se complexifie d'année en année" avec la réforme du baccalauréat dont le grand oral prend fin le 1er juillet. Et plus encore avec l'annonce, faite par Emmanuel Macron début juin, du retour des mathématiques en option dès septembre. Le SNPDEN, syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale dont Richard Commeau est l'un des secrétaires académiques, appelait à cette réintroduction. "Mais nous demandions une année pour la mettre en œuvre", précise le proviseur auvergnat. Résultat : il ne reste plus que quelques semaines aux chefs d'établissements pour réajuster des emplois du temps quasi coulés dans le marbre depuis de nombreux mois. 

L'option maths, une "bombe" sur l'emploi du temps

A l'ombre des stores tirés, Richard Commeau est loin d'en avoir fini avec ses emplois du temps. La décision de réintroduire les mathématiques a eu "l'effet d'une bombe" pour lui et ses deux proviseures adjointes, Ghislaine Mege et Carine Batifol : "Depuis on s'arrache les cheveux !"

"Nous n'avons pas eu le temps d'informer correctement les familles sur cette option et les conseils de classe étaient déjà passés pour relever les choix des élèves." Richard Commeau, proviseur à Clermont-Ferrand à franceinfo

Dans ces conditions, difficile de savoir précisément combien d'élèves de première vont prendre cette option à la rentrée. Pas facile non plus de caser un créneau horaire où tous ces élèves seront disponibles, avec un professeur qui, en plus, aura eu peu de temps de préparation. Car à la mi-juin "le programme n'est toujours pas sorti", fait remarquer le chef d'établissement.

Pour certains élèves, qui suivent un cursus sportif ou artistique de haut niveau, entre les entraînements et les cours, "il n'y a pas ne serait-ce qu'une demi-heure de battement dans leur emploi du temps, souligne le proviseur. C'est impossible d'y ajouter cette option." 

(...)

Une rentrée sans suffisamment de professeurs ?

Si le lycée Ambroise-Brugière est, pour l'instant, épargné par des problèmes d'effectifs, Richard Commeau n'exclut pas le risque d'une rentrée sans le nombre d'enseignants suffisant. "Parfois, ce n'est pas avant la fin août, voire après la rentrée, que nous avons les arrivées des contractuels ou des professeurs stagiaires", souligne le directeur.

Lors de sa première déclaration, le 14 juin, le nouveau ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, s'est engagé à ce qu'il y ait "un professeur devant chaque classe", quitte à faire appel à des professeurs contractuels. Problème : impossible de confier à ces derniers des cours de spécialité, insiste Richard Commeau, car ce sont des enseignements "complexes" et il y a toujours le risque que ces professeurs "partent du jour au lendemain si leur emploi du temps ne leur convient pas", selon le proviseur.

Dans quelques semaines, l'équipe de direction partira en congés avec une version "base de survie" des emplois du temps qui devra permettre l'accueil de tous les élèves à la rentrée. D'ici là, Richard Commeau s'attend à recevoir quelques coups de fil du rectorat ou de professeurs mécontents. Une fois la rentrée passée, les emplois du temps seront affinés durant trois semaines avant d'être définitivement figés. Il anticipe, encore : "Nous aurons alors un mois pour souffler avant de commencer les emplois du temps de l'année suivante..."

Guillemette Jeannot

Lire la suite

Ile-de-France : Des parents attaquent l’Etat contre le non-remplacement des profs absents

29 Juin 2022 , Rédigé par 20 Minutes Publié dans #Education

Lamballe-Armor - À Lamballe, trois fermetures de classes et une ouverture à  l'étude pour la rentrée 2021 - Le Télégramme

L’action en justice a pour but de pousser l’Etat à remplacer plus promptement ses professeurs absents, en demandant une indemnisation pour le préjudice subi.

- Née dans un groupement de collège du 18e arrondissement de Paris, une initiative vise à rassembler des plaintes contre l’Etat pour non-remplacement de professeurs et professeuses absentes.

- A Paris, près de 3.200 heures de cours ont été perdues, selon des signalements recueillis sur la plateforme Ouyapacours de la FCPE.

- Les parents demandent à l’Etat 10 euros par heure de cours non remplacée pour le collège et lycée et 50 euros par jour pour le primaire.

Ils sont tout un collectif de parents, venus du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis ou de Paris, clamant leur colère devant le non-remplacement de professeurs à l’école. Après avoir lancé un hashtag, #Onveutdesprofs, les voilà maintenant prêts à aller en justice, et à demander des comptes à l’Etat. « Nous vous proposons de changer de stratégie en déposant, de manière coordonnée, partout dans le pays, des milliers de demandes d’indemnisations contre l’État », écrit la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE) de Paris dans un article posté sur son site, interpellant directement les parents.

Ces parents en colère font valoir que leurs enfants ont parfois manqué plus d’une centaine d’heures de cours, sans aucun remplacement. Selon des signalements effectués auprès de la FCPE, au moins 79.000 heures de cours ont été perdues en France depuis le début de la rentrée scolaire, et plus de 3.200 rien qu’à Paris. La FCPE Paris relève qu’il manque déjà 200 enseignants à Paris dans le premier degré pour la rentrée prochaine.

110 heures de cours non assurées

« J’ai un enfant qui était en 3e, il a eu deux mois de français sur son année de 3e, il n’avait presque pas de prof de techno. Mon autre fils qui est en 5e n’a pas eu de cours d’espagnol pendant dix semaines… On a calculé qu’entre septembre et avril cette année, il avait 110 heures de cours non assurées », explique Nadège, dont les enfants sont ou ont été scolarisés dans le groupement de collège Marie Curie – Gérard Philipe, dans le 18e arrondissement de Paris, d’où est partie l’initiative, rapidement rejointe par Montreuil.

L’action en justice a pour but de pousser l’Etat à remplacer plus promptement ses professeurs absents, en demandant une indemnisation pour le préjudice subi, explique à 20 Minutes Me Joyce Pitcher, avocate spécialiste de contentieux de masse, chargée avec Me Louis le Foyer de Costil de représenter le collectif. Les parents demandent à l’Etat 10 euros par heure de cours non remplacée pour le collège et lycée, et 50 euros par jour pour le primaire.

150 demandes formulées

« On veut que l’Etat mette les moyens suffisants pour remplacer les profs et que les parents qui ont dû mettre en place des cours particuliers pour remédier aux absences soient indemnisés », fait valoir Me Joyce Pitcher, qui précise que l’action en est à ses « balbutiements ».

Environ 150 demandes ont été formulées pour l’instant, avec des parents de toute la France qui se sont joints aux parents d’Ile-de-France. Les avocats attendent d’avoir « plusieurs milliers de personnes » avant de lancer la procédure, durant l’été, auprès du rectorat dans un premier temps, puis au tribunal dans un second temps.

A.L.

Lire la suite

Danakil...

29 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

Lire la suite

Coup de coeur... Marguerite Duras...

29 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Litterature

L'Amant (Minuit) eBook : Duras, Marguerite: Amazon.fr: Boutique Kindle

L’homme élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d’homme et aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement. C’est visible, il est intimidé. Il ne sourit pas tout d’abord. Tout d’abord il lui offre une cigarette.

Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il n’est pas blanc, il doit la surmonter, c’est pourquoi il tremble. Elle lui dit qu’elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien d’autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille. Alors il a moins peur. Alors il lui dit qu’il croit rêver. Elle ne répond pas. Ce n’est pas la peine qu’elle réponde, que répondrait-elle. Elle attend. Alors il le lui demande : mais d’où venez-vous ? Elle lui dit qu’elle est la fille de l’institutrice de l’école de filles de Sadec. Il réfléchit et puis il dit qu’il a entendu parler de cette dame, sa mère, de son manque de chance avec cette concession qu’elle aurait achetée au Cambodge, c’est bien ça n’est-ce pas ? Oui c’est ça.

Il répète que c’est tout à fait extraordinaire de la voir sur ce bac. Si tôt le matin, une jeune fille belle comme elle l’est, vous ne vous rendez pas compte, c’est très inattendu, une jeune fille blanche dans un car indigène.

Il lui dit que le chapeau lui va bien, très bien même, que c’est... original... un chapeau d’homme, pourquoi pas ? elle est si jolie, elle peut tout se permettre.

Elle le regarde. Elle lui demande qui il est. Il dit qu’il revient de Paris où il a fait des études, qu’il habite Sadec lui aussi, justement sur le fleuve, la grande maison avec les grandes terrasses aux balustrades de céramique bleue. Elle lui demande ce qu’il est. Il dit qu’il est chinois, que sa famille vient de la Chine du Nord, de Fou-Chouen. Voulez-vous me permettre de vous ramener chez vous à Saigon ? Elle est d’accord. Il dit au chauffeur de prendre les bagages de la jeune fille dans le car et de les mettre dans l’auto noire.

Chinois. Il est de cette minorité financière d’origine chinoise qui tient tout l’immobilier populaire de la colonie. Il est celui qui passait le Mékong ce jour-là en direction de Saigon.

Marguerite Duras - L'Amant

Lire la suite

De l’Algérie natale, je n’ai conservé que quelques photos en noir et blanc...

29 Juin 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Histoire

Images de TENES :: Les Rues :: MILIANA_la_rue_St_Paul

Miliana - Algérie - La ville de ma naissance

De l’Algérie natale, je n’ai conservé que quelques photos en noir et blanc. Sur l'une d'entre elles, je marche vers ma mère, mon père vient de me lâcher pour mes premiers pas. Mon Algérie est encore en guerre. Nous sommes en 1960 ou 61. Bientôt mon père décidera de mettre épouse et enfant à l’abri des « événements », manière habilement politique de ne jamais parler de guerre. Et pourtant.

Ma mère, accueillait tous les enfants des villages alentours. Français et arabes. Cela lui fut reproché par les colons « pieds-noirs ». Elle soignait ceux parfois atteints de teigne et de gale. Sans distinction. Jamais !

Bien des années plus tard, alors que mon père effectuait un stage à l’Université d’Aix-en-Provence pour préparer le concours d’inspecteur de l’Education Nationale, un des stagiaires se présenta à lui. « Bonjour. Je m’appelle Ahmed (ce n’est pas le véritable prénom) et je vous connais bien. J’étais en Algérie en même temps que vous. Mais j’étais de l’autre côté. Instituteur le jour et FLN la nuit. Un soir, il y a eu une attaque. Des morts. Des blessés. Mais pas vous. J’avais reçu ordre qu’aucun mal ne vous soit fait»

Mon père, surpris, lui demanda les raisons de cette bienveillance.

« Vous n’aviez pas l’esprit colon, Algérie Française. Chez vous, dans votre classe, avec votre épouse, les enfants étaient tous traités de la même manière. Vous respectiez nos familles, notre langue, nos fêtes religieuses. Un jour, j’ai même partagé la rupture du jeune du ramadan avec vous. Vous étiez le seul français présent ! Alors, le FLN vous a mis de coté, si je puis dire.

- Et si vous n’aviez pas reçu l’ordre ?

Ahmed a souri…

- Je l’ai reçu… Voilà... »

Oui, voilà…

Mes parents, ma mère, c’était ça. La bonté, le partage, la solidarité.

Certainement pas des colons devenus plus tard nostalgiques d'une "Algérie française" fantasmée. L'Algérie devenue indépendante ne fut sans doute pas un modèle de réussite, mais elle était libre !

LIBRE !

Christophe Chartreux

Lire la suite

Dorlotée sous Blanquer, l’école privée prospère

29 Juin 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

https://www.causeur.fr/wp-content/uploads/2018/10/macron-blanquer-ecole-pas-vague.jpg

EXTRAITS

L’enseignement privé n’a guère eu à souffrir du quinquennat écoulé, protégé par la figure tutélaire d’un enfant du système, le ministre Jean-Michel Blanquer lui-même. La gauche, tout à la défense d’un service public malmené, tâtonne sur sa remise en cause.

« Depuis l’abandon du projet d’unification de l’école privée et de l’école publique en 1984, l’immense majorité des dirigeants sont tétanisés par la question du dualisme scolaire, en expliquant, les jambes tremblantes, qu’ils ne veulent pas ranimer la guerre scolaire. Sauf que cette guerre scolaire est perdue, en défaveur des élèves les plus pauvres. »

Rémy Sirvent, secrétaire national du syndicat des enseignants Unsa, secrétaire général du Cnal (comité national d’action laïque), pose, en évoquant la persistance du « dualisme » entre les établissements publics et privés, la seule question qui vaille : les premiers pâtissent-ils de la persistance des seconds ?

Après cinq ans de macronisme, cette interrogation, sous-jacente aux politiques de l’éducation, a repris de la vigueur. D’abord par la personnalité de Jean-Michel Blanquer, ministre indéboulonnable du quinquennat précédent – depuis remplacé par Pap Ndiaye. Pur produit de l’école catholique – il a effectué toute sa scolarité au collège Stanislas (lire notre enquête sur cet établissement sous contrat) –, il a ensuite longtemps dirigé l’Essec, une business school assez éloignée des préoccupations des universités françaises.

De quoi, pour l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, le qualifier de « loup dans la bergerie », malgré plusieurs années passées au service de l’administration de l’éducation nationale, comme directeur général de l’enseignement scolaire.

Certaines proximités, comme celle de Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne connu pour son analyse très sévère et libérale de l’école publique, n’ont rien arrangé, ni le choix de nommer, le 10 février dernier, le philosophe chrétien Mark Sherringham à la tête du très stratégique conseil supérieur des programmes. Ayant œuvré comme conseiller pédagogique auprès de plusieurs ministres de droite, l’homme n’a jamais caché son envie de « réintroduire explicitement le christianisme » dans l’école publique française.  

Mais Jean-Michel Blanquer n’a pas été que l’incarnation d’un parcours ou le ministre des symboles, il a également donné un certain nombre de gages sonnants et trébuchants à l’école privée, composée à 94 % d’établissements catholiques.

Dans une période vécue comme celle de la disette pour nombre de fonctionnaires, les chiffres du ministère de l’éducation sont éloquents. Selon une enquête d’Alternatives économiques, le budget dévolu à l’enseignement privé sous contrat a augmenté de 3 %, atteignant 8 milliards d’euros pour 2022 selon la loi de finances, quand la hausse de celui accordé à l’école publique oscille entre 1,5 % et 2 % selon les degrés. Le magazine révèle également que les effectifs enseignants ont davantage crû dans le privé que dans le public.

Selon les données les plus récentes, sur la rentrée 2020, les écoles des secteurs public et privé sous contrat du premier degré scolarisaient 6 565 800 élèves en France, soit 1,3 % de moins par rapport à 2019. Si les effectifs ont eu tendance à chuter dans le public, ils restent stables dans le privé. Même dynamique au collège (3 414 400 élèves sont scolarisés au collège, 2 691 500 dans le secteur public et 722 900 dans le secteur privé sous contrat). Seul le lycée accueille de plus en plus d’élèves, et pour une fois, la hausse est plus soutenue dans le secteur public.

Le gros du financement public provient du ministère de l’éducation, qui finance le salaire des enseignant·es. Mais deux autres lignes, mineures, restent très opaques : le budget versé par les collectivités locales à l’école privée (sous forme de forfait par élève, boursier ou non), ainsi que les aides indirectes liées aux déductions d’impôts auprès de la pléthore de fondations la soutenant. Le Cnal a demandé en 2020 à la Cour des comptes d’évaluer ces montants, en vain.

Le plus gros cadeau date de 2019, dans le cadre de la loi sur « L’école de la confiance ». Le texte rend obligatoire l’instruction dès 3 ans sur tout le territoire, sous prétexte de donner une « nouvelle jeunesse » à l’école maternelle, mais aussi de scolariser plus tôt certaines populations défavorisées, d’outre-mer notamment.

(...)

Une école publique en détresse

Selon le service statistiques du ministère, la baisse démographique qui fait chuter la fréquentation des établissements scolaires publics de premier degré (1,2 % d’élèves en moins) épargne le secteur privé, qui lui voit ses effectifs se stabiliser, notamment grâce à la loi sur l’instruction obligatoire dès 3 ans.

Mais les mécanismes de financement (fixés dans la loi Debré) et les usages ont pour le moment empêché la bascule du système, fixant à environ 20 % le nombre total d’élèves pouvant être scolarisés en dehors de l’éducation nationale pour les collèges et lycées. C’est donc moins un transfert d’un secteur à l’autre que l’on observe, qu’un système de vases non communicants, le privé captant les meilleurs élèves, et le public perdant en mixité sociale.

« Il y a deux types de ségrégation scolaire, rappelle Pierre Merle. À l’intérieur du secteur public, entre ceux de l'éducation prioritaire et les collèges du centre ville, et entre le public et le privé avec des établissements privés qui ont un recrutement sélectionné et une localisation surtout dans les capitales régionales, spécifiquement dans les quartiers privilégiés de ces mêmes capitales régionales. » 

L’état de délabrement assez avancé de l’école publique, mis au jour à la lumière de la crise sanitaire, encore plus criant cette année en raison du grand nombre de professeur·es non remplacé·es, favorise ces deux mécanismes. Pour beaucoup de familles, l’école ou le collège de quartier deviennent repoussoirs. Mais le choix d’un établissement privé, que l’on va chercher parfois à des kilomètres de son domicile, reste le fait des catégories les plus aisées de la population.

« Après le premier confinement notamment, on a vu le privé très à l’offensive, assurant que chez eux, “tous les cours avaient été assurés”, et on a même vu, à l’occasion de Parcoursup, des lycées privés qui pouvaient “certifier” que tous les cours avaient eu lieu en présentiel, se souvient Marine Roussillon (PCF). Dans un univers scolaire de plus en plus concurrentiel, toute dégradation du public pousse vers le privé. »

(...)

Un petit groupe rassemblant des personnalités de l’éducation ainsi que différentes forces de la Nupes, le nom donné à la coalition parlementaire entrée à l’Assemblée nationale lors des dernières législatives, travaille et souhaite « rouvrir ces débats à gauche, y compris dans l’espace médiatique », explique Marine Roussillon. « Mais si les offensives gouvernementales demeurent aussi fortes contre l’école publique, on va continuer à être sur la défense, à être en permanence dans l’urgence. »

Rémy Sirvent rappelle une évidence : pour faire adopter des lois, il faut avoir une majorité. « Et même avant ça, il y a une bataille des idées à mener, insiste le syndicaliste enseignant. Il y a des jeunesses en France qui ne se côtoient plus, ne se connaissent pas, peut-être ne s’aiment pas… Or c’est à l’école que l’on tisse les liens les plus forts. La séparation des enfants en raison d’un rang réel ou supposé est un vrai crève-cœur républicain. »

Mathilde Goanec

Lire la suite

Des députés dénoncent un "négationnisme historique" après les déclarations du député RN José Gonzalez sur l'Algérie française

29 Juin 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Education, #Histoire, #Politique

https://photos.tf1info.fr/images/1280/720/jose-gonzalez-f0033b-0@1x.jpeg

Le doyen des députés, José Gonzalez, 79 ans, a donné le coup d'envoi des travaux de la nouvelle Assemblée, mardi, provoquant une polémique après une courte allocution au "perchoir".

Comme le veut la tradition, c'est lui qui a pris la parole en premier. Et il a déjà déclenché une polémique. La première séance à l'Assemblée nationale, récemment élue à l'issue des élections législatives, a été marquée par une première sortie déjà dénoncée par les différentes oppositions.

Peu de temps après avoir déclaré "ouverte la XVIe législature de l'Assemblée nationale", le député du Rassemblement national, José Gonzalez, au "perchoir" pour quelques heures en tant que doyen de l'Assemblée, a tenu un discours introductif avec des références appuyés à l'Algérie française qui a choqué parmi les députés.

Ainsi, à 79 ans, José Gonzalez prend d'abord la parole et évoque l'unité des députés et se lance dans une parenthèse sur son histoire personnelle.. Sa voix s'étrangle alors quand il évoque l'Algérie. Il se présente comme "L'enfant d'une France d'ailleurs arrachée à sa terre natale par le vent de l'histoire. En 1962, j'ai laissé là-bas une partie de ma France", dit ce pied noir né à Oran. 

"Le premier stigmate d'une lecture de l'Histoire différente"

Avant d'aller plus loin devant la presse. Lorsqu'on lui demande si l'armée française a commis des crimes en Algérie, il répond : "Crimes de l'armée française, je ne pense pas, crimes contre l'humanité encore moins. Si je vous emmène avec moi en Algérie, dans le Djebel, beaucoup d'Algériens qui n'ont jamais connu la France disent 'quand est-ce que vous revenez ?'". Avant de conclure "ne pas savoir ou presque pas ce qu'est l'OAS", l'Organisation de l'armée secrète, bras armé des défenseurs de l'Algérie française, responsables de plus de 2200 morts en Algérie et de 70 morts en France. 

Un discours choquant pour de nombreux députés de gauche, à commencer par Alexis Corbière de la France Insoumise. "Dire 'je ne sais pas s'il faut juger les crimes, réels ou non de l'OAS', ça s'appelle du négationnisme historique. L'Assemblée nationale, aujourd'hui, était présidée par un homme qui fait du négationnisme historique sur un moment difficile de l'histoire de France", a ainsi dénoncé l'Insoumis, rejoint par Sébastien Jumel du Parti communiste. "C'est inévitablement le premier stigmate d'une lecture de l'Histoire différente de nous autres." Les députés de la Nupes y voient là, la fin de la "dédiabolisation" du Rassemblement National.

Audrey Tison

Lire la suite
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>