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Vivement l'Ecole!

P.R2B ...

18 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Walter Benjamin / Récits d'Ibiza

18 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Récits d'Ibiza - Walter Benjamin - Riveneuve - Poche - Place des Libraires

Matinée d'hiver

La fée, grâce à laquelle on peut disposer d'un vœu, existe pour chacun. Mais peu nombreux sont ceux qui savent se souvenir du vœu qu'ils ont prononcé ; peu nombreux pour cela ceux qui, plus tard, dans leur propre vie, en reconnaissent l'accomplissement. Moi, je me souviens pourtant bien du vœu qui pour moi s'est accompli et je ne veux pas dire qu'il fut plus sage que ceux des enfants de contes de fées. Il se formait en moi avec la lampe lorsque, tôt dans la matinée d'hiver, à sept heures et demie, elle s'approchait de mon lit et projetait au plafond l'ombre de la bonne. Dans le poêle elle allumait le feu. Bientôt la flamme, comme enserrée dans un tiroir beaucoup trop petit où l'abondance de charbon l'empêchait de se remuer, portait sur moi ses regards. Et c'était quelque chose de vraiment grave qui, là, tout près de moi, plus petit que moi, commençait de s'accomplir et obligeait la bonne de se baisser plus bas qu'elle ne se fût baissée pour moi-même. Quand le feu était prêt, elle mettait une pomme à cuire dans le four. Bientôt se dessinait la porte grillée du poêle dans la lueur mouvante sur le plancher. Et il semblait à ma fatigue que ce serait assez de cette image pour la journée. Ainsi, toujours vers cette heure, ce n'était rien que la voix de la bonne qui dérangeait le recueillement avec lequel la matinée d'hiver avait l'habitude de me marier aux choses de la chambre. La jalousie n'était pas encore hissée que déjà j'écartais, pour la première fois, le verrou de la porte du poêle afin de surprendre la pomme dans son four. Parfois, elle n'avait guère encore modifié son arôme. Et puis je patientais jusqu'à ce que je crusse flairer le parfum écumeux qui venait d'une cellule de la journée d'hiver plus profonde et plus sourde encore que le parfum de l'arbre dans la soirée de Noël. Voilà le fruit sombre et chaud, la pomme, qui, familière et quand même changée, comme un ami après un long voyage, semblait me retrouver. C'était le voyage à travers le sombre pays de la chaleur du poêle, où elle avait obtenu les arômes de toutes les choses que la journée me réservait. Et c'est pourquoi il n'était pas étrange que toujours, si je chauffais mes mains à ses joues lisses, une hésitation me venait de la mordre. Je sentais que la rumeur fugitive qu'elle apportait dans son effluve pouvait par trop facilement s'échapper sur le chemin de ma langue, cette rumeur qui s'emparait parfois si fortement de mon cœur qu'elle me consolait encore pendant ma marche à l'école. Arrivé là, au contact de mon banc, la fatigue, auparavant dissipée, revenait décuplée. Et avec elle ce vœu : dormir, dormir ... Je pense bien l'avoir formulé mille fois et il devait plus tard réellement s'accomplir. Mais bien du temps allait s'écouler avant qu'il fallût m'en rendre compte, du simple fait que chaque fois mon espoir d'une situation et d'un pain assuré était demeuré vain.

Walter Benjamin - Récits d'Ibiza

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La fabrique du silence : le lycée agricole

18 Janvier 2022 , Rédigé par France Culture Publié dans #Education

Silence as a pedagogical tool | Times Higher Education (THE)

Julie, élève de lycée agricole, n'a pas eu l'autorisation de présenter son exposé sur le végétarianisme lors de son diplôme de fin d'année. Pourquoi ? Enquête auprès de son professeur d'éducation socio-culturelle, de la proviseure de son lycée, et du syndicat agricole "Jeunes Agriculteurs".

Julie Cosseau, 19 ans, est végétarienne. Pour le PIC, (Projet d'Initiative et de Communication) de son BTS gestion et protection de la nature qu'elle réalise dans un lycée agricole de Poitou-Charentes, elle décide de faire un exposé sur le véganisme et le spécisme, l'idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces animales et spécifiquement la supériorité des êtres humains sur les autres espèces. Mais à deux semaines de l'évènement, la Proviseure décide d'interdire le projet.

"Elle avait peur de la pression des agriculteurs, du lobby de l'élevage, du lobby de la viande. Elle m'a dit mot pour mot "Vous savez, le lobby de la FNSEA est très puissant, donc je pense pas que ça soit une bonne idée de réaliser ce projet."" Julie Cosseau

Julie Cosseau est choquée par la décision de la Proviseure : c'est le seul projet que la direction de l'établissement a refusé. Le concert de cors de chasse, organisé par des chasseurs, lui, a bien pu avoir lieu !

Morvan Benoît, son professeur d'éducation socio-culturelle, a soutenu son élève. Il se souvient que, trois ans auparavant, en 2015, un repas végétarien avait attiré les foudres des JA, les Jeunes Agriculteurs, un syndicat proche de la FNSEAla Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles.

"Les Jeunes Agriculteurs étaient assez remontés sur le fait qu'aujourd'hui, dans un lycée agricole en France, on fasse la publicité pour un repas sans viande. Je crois qu'ils ont appelé directement la proviseur du lycée." Morvan Benoît

Suite à cet épisode, une journée de promotion de la viande a été organisée par les Jeunes Agriculteurs dans le lycée...  La direction continue de soutenir, pour sa part, que le projet de Julie a été refusé du fait de son esprit non-contradictoire et dans l'idée de protéger les élèves de l'agressivité des agriculteurs.

Julien Chartier, président des Jeunes Agriculteurs, raconte la mobilisation contre le repas sans viande de 2015, qui s'est traduit par une intrusion dans le Conseil d'Administration du lycée.

"Ce que nous, les Jeunes Agriculteurs, on combat, c'est le sectarisme."

Depuis cette affaire, une commission de validation des PIC, a été créée : sur proposition de la Proviseure, les Jeunes Agriculteurs y siègent... Julien Chartier ne cache pas leur stratégie d'intimidation.

"Les établissements de formation ont quand même besoin de nous parce qu'ils sont bien contents de trouver des maîtres de stage et de trouver des intervenants pour expliquer la réalité de notre métier. Donc, si il y a trop de projets et trop d'actions comme ça, nous, on leur tournera le dos quand ils nous solliciteront." Julien Chartier

Merci à tous les intervenants Julie Cosseau, Morvan Benoît, Julien Chartier, et la proviseure du lycée ainsi qu'à Claire Mottet et Alice Sternberg.

Reportage : Inès Léraud

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« C’est pas difficile, mais c’est dur » : comment la pandémie affecte les jeunes écoliers français

18 Janvier 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

Covid-19 : quelle est la procédure en cas de contamination dans un  établissement scolaire?

Le protocole sanitaire mis en place dans les écoles ne cesse d’être modifié. Le gouvernement, les enseignants, les parents s’expriment à l’envi sur ce sujet. Et au milieu, il y a les enfants, avec leurs questions et leurs craintes.

Il y a comme une petite musique rassurante qu’on ne cesse de jouer depuis toujours : les enfants ont une formidable capacité d’adaptation. Commode, lorsqu’il faut encaisser ce que la majorité des adultes ne supporte pas. Par exemple : trois tests par semaine et le port du masque à l’extérieur. Gaspard a 8 ans. Il est en CE2 dans une école élémentaire du 5e arrondissement de Marseille. Il aimerait « demander au président si on pouvait ne plus jamais porter les masques. Ou sinon, juste pas dans la cour de récré. Mais, quand même, plus du tout, ce serait mieux. » Comme les autres petits écoliers français, Gaspard absorbe, depuis un peu moins de deux ans, l’empilement des règles sanitaires mises en place à l’école.

Et ils s’adaptent. Non sans pleurs ni sans peur, mais ils font ce qu’on leur dit, les petits. Malgré la fragilisation de leurs liens sociaux, un apprentissage perturbé, l’incertitude du lendemain, l’angoisse de la mort, les petits écoliers français sont forts. « C’est pas difficile, mais c’est dur », voilà le fondement de leur philosophie. Le 14 janvier, l’éducation nationale annonçait plus de 330 000 contaminations en une semaine chez les élèves, et 14 380 classes fermées. Un record depuis mars 2020. Après avoir tournicoté derrière l’écran ou assis à une table, face à nous, des élèves d’école primaire, âgés de 7 à 10 ans, ont accepté de répondre, à distance, à la question : « Comment ça va, toi ? » Dans leurs réponses sans filtre ni complainte, c’est moins l’insouciance qui s’exprime que la résistance inconsciente.

(...)

Dans la bouche des petits ne sont pas abordés le problème des fins de mois difficiles, la question de boire debout ou assis, les doutes sur l’efficacité du vaccin, la méfiance vis-à-vis des politiques, le dilemme du télétravail. Quoique. Comme Antoine, scolarisé en CM2 à l’école élémentaire de Bennecourt (Yvelines), certains reçoivent de la part de leur maître « du télétravail à faire à la maison » en cas d’absence. Mais les petits ne descendent pas dans la rue crier un ras-le-bol, alors qu’à leur échelle subsistent des problématiques de l’ordre de l’existentiel, auxquelles ils semblent malgré tout faire face.

« On s’habitue », disent-ils. Comme des anciens qui lâchent prise sur ce qui n’est pas contrôlable. A 7, 8, 9, 10 ans, voilà que les petits nous donnent du « On fait aller, ça va ». Voilà qu’ils acceptent ce qui les rend « dingues », comme Joseph, le petit frère de Gaspard, pour qui supporter le masque de 8 heures à 18 heures – Joseph a une maman célibataire, alors le soir, il va à la garderie –, c’est « difficile parce que c’est tout le temps, que ça pue, ça gratte, ça tient chaud, c’est humide, mais c’est un peu facile parce que c’est un petit bout de tissu ». Qu’ils culpabilisent de ruser : « L’autre jour, j’ai fait exprès de casser mon masque pour respirer un peu, mais on m’en a tout de suite donné un autre. » Qu’ils se justifient alors même qu’ils n’y sont pour rien : « C’est pas que j’aime pas l’école, c’est que l’école à la maison, c’est pas l’école. »

(...)

Justine, jeune élève de CE1 au Bouscat (Gironde), frétille sur sa chaise. « La maîtresse, on sait jamais si elle est contente ou pas contente avec son masque, mais c’est pas grave ça, moi je l’aime bien. » Sa vitalité toute particulière semble incarner le courage de tous ces petits qui endurent sans le savoir, et qui trouvent pirouettes et cacahuètes pour rebondir ailleurs : « On a des zones dans la cour, ils nous séparent avec des plots, ça me dérange pas trop parce que j’ai pas de copains en CM1. »

Comme elle, Avril, également en CE1 mais dans le 10e arrondissement de Paris, a la chance de partager des moments riches en famille. Ses parents sont musiciens et font tout leur possible pour que la crise n’abîme pas les rêves de leur fille. Avril a d’ailleurs décidé que chaque fois qu’elle retournerait dans un labo, elle prendrait ça comme une expérience car, plus tard, elle « [sera] chimiste », assure-t-elle de toutes ses dents de lait.

Charlotte Herzog

https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2022/01/15/c-est-pas-difficile-mais-c-est-dur-comment-vont-les-petits-ecoliers-francais_6109570_4497916.html?xtor=EPR-33281056-[education]-20220118-[_titre_1]&M_BT=115764035545371

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Omicron : Blanquer a annoncé le nouveau protocole dans les écoles depuis Ibiza

18 Janvier 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

Le passeport vaccinal, futur sauveur du tourisme d'Ibiza ?

EXTRAITS

Les vacances de fin d’année du ministre, mis en cause pour sa gestion tardive de la crise sanitaire, suscitent depuis plusieurs jours des tensions au sein du gouvernement. Son entretien polémique au « Parisien », qui a suscité la colère des enseignants, a en réalité été réalisé depuis l’île des Baléares, a appris Mediapart. Ce qui avait été caché. 

Beaucoup de confusion, une communication de dernière minute et des enseignant·es en colère. Depuis une quinzaine de jours, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, se retrouve sous le feu des critiques pour avoir dévoilé le nouveau protocole sanitaire dans les écoles la veille de la rentrée des classes, dans un entretien – d’abord payant, puis passé en accès libre – publié dans Le Parisien, dimanche 2 janvier.

Un choix incompréhensible qui a accentué la défiance des personnels de l’éducation, totalement démunis face aux nouvelles règles édictées en catastrophe, et plongé l’exécutif dans l’embarras. « On est obligés d’être dans cette situation [de donner ces consignes la veille pour le lendemain – ndlr] pour être au plus près de la réalité », s’était justifié le ministre a posteriori.

En réalité, Jean-Michel Blanquer n’est rentré de vacances à Ibiza, dans l’archipel des Baléares (Espagne), que dans la journée du dimanche 2 janvier. Soit la veille de la rentrée, pas avant, en dépit de la situation sanitaire et de ses conséquences sur la vie des écoles. Cette attitude a provoqué des tensions au sein même du gouvernement, selon des informations Mediapart.

Questionné par Mediapart sur les vacances de Jean-Michel Blanquer et son éloignement de Paris en pleine cinquième vague du Covid à la veille de la rentrée scolaire, le cabinet du ministre a affirmé qu’elles n’avaient pas eu d’incidence sur la mise en place tardive du protocole : « Ce n’est pas parce qu’il n’était pas là qu’il n’était pas au travail, qu’il n’était pas connecté et loin de ce qu’il se passait. »

Selon les explications fournies par le ministère de l’éducation nationale sur le déroulé des événements, le protocole pour les écoles n’a été établi dans sa version définitive que dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 janvier, au lendemain d’un avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur la situation sanitaire, ce qui explique sa communication à la dernière minute.

« Une fois la doctrine arrêtée, le secrétariat général a travaillé à la FAQ [foire aux questions - ndlr], toutes les questions qui se posent autour du nouveau protocole. Cela a pris tout le dimanche matin, avec des allers-retours non-stop, en faisant valider à chaque fois par le ministère de la santé », précise-t-on rue de Grenelle.

« Le ministre travaille, ce n’est pas parce qu’il aurait été au bureau que cela aurait changé les choses [...] l’équipe était là et lui était en permanence en lien avec nous en télétravail », complète son cabinet, en expliquant que Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs réalisé son interview depuis son lieu de vacances. « On avait dit au Parisien : on fait la base [de l’entretien] en visioconférence [le samedi 1er décembre], et ensuite ils nous ont envoyé leur article et là, on a fait les ajustements en fonction des arbitrages [rendus dans la nuit de samedi à dimanche] ».

Le ministère aurait ensuite attendu que la FAQ soit définitivement prête et mise en ligne pour donner le feu vert de la publication.

(...)

Le 7 janvier, en pleine crise, Jean-Michel Blanquer, qui avait pourtant expliqué au Parisien rester « totalement concentré sur [sa] tâche », trouvait même le temps d’ouvrir les travaux d’un vrai-faux colloque contre le « wokisme ». Une marotte qui interroge plusieurs de ses collègues macronistes. « Il va chercher des marqueurs qui ne sont pas ceux de l’éducation nationale », note l’un d’entre eux, évoquant aussi sa campagne « inopportune » sur la laïcité.

Et de poursuivre, toujours au sujet des marottes du ministre : « Les enseignants ont besoin d’être aimés alors que Blanquer a quitté symboliquement son ministère. » Affaibli depuis plusieurs mois, objet de nombreuses critiques au sein du gouvernement comme de la majorité, le ministre de l’éducation nationale n’a jamais cessé de défendre sa gestion de la crise, allant même jusqu’à se targuer, dans son dernier livre, d’avoir « sauvé les enfants de France d’un naufrage dramatique ».

Antton Rouget et Ellen Salvi

Article complet à lire en cliquant ci-dessous

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Jean-Michel Blanquer à Ibiza la veille de la rentrée: en macronie, on savait, personne n’a rien fait

17 Janvier 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

Le ministre de l’Education était bien, comme révélé par «Mediapart», en vacances sur l’île hype des Baléares au moment où il a annoncé, dans une interview au «Parisien», son incompréhensible protocole scolaire à la rentrée. Une révélation qui le fragilise encore davantage. Plus grand monde au sein de l’exécutif ne semble prêt à le soutenir.

L’information est si baroque qu’elle paraît presque relever de la fiction : «Omicron : Blanquer a annoncé le nouveau protocole dans les écoles depuis Ibiza.» Cet article paru ce lundi soir sur le site de Mediapart rapporte pourtant des faits bien réels, que le ministère de l’Education n’a pu que confirmer à l’AFP et qui mettent un peu plus la pression sur son locataire, à deux jours d’un nouvel appel à la grève du monde enseignant rincé par près de deux ans de pandémie et la multiplication des protocoles d’accueil des élèves.

Lorsqu’il a annoncé le dimanche 2 janvier dans une interview au Parisien les détails du nouveau protocole sanitaire kafkaïen – très contraignant pour directeurs d’école, enseignants, parents et enfants – qui serait mis en place à l’école dès le lendemain, le ministre de l’Education nationale était bel et bien en vacances dans cette île très hype des Baléares, plus connue pour ses soirées animées par des DJ en vogue que pour ses spots de télétravail propices à la concentration… Le quotidien avait d’ailleurs accompagné cette interview d’une photo de Blanquer, en costume, dans les salons de son ministère, datée du 12 novembre 2021, selon Mediapart.

«Ça devait finir par sortir»

Lundi soir, dans la foulée de la publication, personne au sein de la macronie ne cherchait à nier, bien au contraire. «Ça devait finir par sortir», a lâché, fataliste, le conseiller d’un ministre influent. De fait, dans les couloirs du pouvoir, les acteurs de la majorité savaient «depuis plus d’une semaine» : «Ça tournait», admet-on dans un cabinet comme du côté d’un député LREM. A l’Elysée, un conseiller du chef de l’Etat répondait dans la soirée, laconique : «Pas de commentaire», avant de renvoyer vers le cabinet du ministre de l’Education nationale «qui a dû répondre dans l’article».

«Ce n’est pas parce qu’il n’était pas là qu’il n’était pas au travail, qu’il n’était pas connecté et loin de ce qu’il se passait», a effectivement répondu l’entourage de Blanquer à Mediapart, précisant : «Le ministre travaille, ce n’est pas parce qu’il aurait été au bureau que cela aurait changé les choses. […] L’équipe était là et lui était en permanence en lien avec nous en télétravail.» On a connu soutien plus vigoureux de l’Elysée envers ses ministres en difficulté. Dans la soirée, les tweets raillant le ministre de l’Education annonçant les mesures du protocole tout en mixant en boîte de nuit pullulaient sur les réseaux sociaux.

«Le mec ose dire qu’il se sent acculé»

Après deux ans de pandémie donc, et alors que la majorité des Français a respecté strictement les confinements et renoncé aux voyages, la présence de Jean-Michel Blanquer à Ibiza lorsqu’il a annoncé le protocole sanitaire auquel devait désormais se soumettre parents et enfants éclaire en tout cas d’un jour nouveau les événements de la semaine dernière, racontés par Libération.

Jeudi, le monde enseignant s’était fortement mobilisé dans la rue contre la lourdeur du protocole, la gestion des absences, des cas contacts, le non-remplacement des professeurs absents, de l’absence de capteurs de CO2... Même si officiellement, de Brigitte Macron au porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, tout le monde défendait Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education était, en coulisses, désigné coupable de cette fronde. «Le mec ose dire qu’il se sent acculé, qu’il porte à lui tout seul le fardeau de la crise. Alors que si c’est le bordel, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas bon. Il ne connaît pas ses dossiers, il fait des erreurs de com énormes, accuse les pharmaciens d’être fautifs de ses erreurs, ça se passe mal avec le monde éducatif…» pilonnait un macroniste tandis qu’un autre lâchait : «Il n’a pas d’ami au gouvernement, tout le monde le déteste. Et si tu n’as pas deux ou trois ministres avec lesquels t’es pote, tu meurs.»

Emmanuel Macron savait-il ? Va-t-il continuer à le soutenir ?

Preuve des difficultés rencontrées en interne par Jean-Michel Blanquer, c’est Jean Castex qui s’était rendu, à sa place, au JT de TF1 dès le lundi soir, en amont de la mobilisation des enseignants, pour tenter de calmer leur colère. Puis, au soir des manifestations, le Premier ministre avait reçu, en présence de Blanquer mais à Matignon, les syndicats pour leur annoncer l’embauche de 8 000 personnes dans l’Education d’ici à la fin de l’année scolaire. Peu probable que, ce mardi, le Premier ministre se pointe au 20 heures pour défendre la destination de vacances de son ministre de l’Education nationale, qui agaçait déjà certains au gouvernement le voyant plus préoccupé par sa conférence à la Sorbonne sur «l’universalisme» et son combat contre le «wokisme» et «le relativisme qui consiste à dire que tout se vaut».

La question se pose de savoir si Emmanuel Macron savait d’où parlait son ministre lorsque ce dernier a dévoilé ce protocole sanitaire. Et s’il va continuer à le soutenir, après une journée où le ministre sera chahuté aux questions d’actualité ce mardi à l’Assemblée nationale par une opposition dont une partie, à gauche, réclame sa démission depuis au moins une semaine. Ce que n’ont pas manqué de redemander lundi soir le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, dénonçant un «niveau de mépris et d’irresponsabilité» «pas acceptable», ainsi que le patron du PS, Olivier Faure, estimant que «la confiance n’est plus possible».

Le chef de l’Etat voulait dérouler, avec le sommet Choose France lundi et un important discours au Parlement de Strasbourg ce mercredi, une semaine très «macronienne» avec deux marqueurs maisons - «attractivité du pays» et Europe. Il risque d’avoir, avant tout, un incendie important à éteindre.

Charlotte Chaffanjon

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Tinariwen...

17 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Karine Tuil...

17 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

On attend tout de l’existence. On peut se soumettre aux lois du hasard, affirmer sa liberté et se rebeller contre ses revirements tragiques, on peut ployer sous les déterminismes ou tenter d’échapper à soi, mais c’est toujours dans l’adversité que la vérité se manifeste car vivre n’est qu’osciller entre des fulgurances contraires : l’amour et la déception ; l’espérance et le renoncement ; le bonheur et l’épreuve. On se trompe, on se trompe tout le temps. Où est la vérité ? Où est le mensonge ? La relation humaine n’offre aucun mode d’emploi, on n’a pas de grille de lecture, on tâtonne, ce n’est parfois que du ressenti, on s’appuie sur le lien qu’on a été capable de créer, nos propres convictions, notre instinct – qui souvent nous trahit –, et on aura beau se fier à des éléments cohérents, chercher à tout maîtriser, il y aura toujours une part d’incertitude, une marge d’erreur – quoi qu’on fasse, l’individu reste une énigme aux autres et à lui-même ; on ne sait jamais qui on a en face de soi. Ma décision, je l’ai prise seule, dans l’intimité de ma conscience, j’ai cru en la justice, j’ai voulu croire en l’homme, et la seule réponse à ceux qui vous opposent la mort, c’est la vie – c’est toujours la vie. 

Karine Tuil - La Décision

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Les écoles toujours sous la pression du Covid-19, malgré les annonces de Jean-Michel Blanquer

17 Janvier 2022 , Rédigé par France Inter Publié dans #Education

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Élèves positifs, enseignants malades et non remplacés, classes fermées... Une nouvelle semaine de stress commence pour les parents d'élèves et le personnel de l'Éducation nationale. Les mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer ne seront pas effectives tout de suite.

Jean-Michel Blanquer a annoncé la semaine dernière un renfort de 8.000 personnes dans l'Éducation nationale, après un mouvement de grève très suivi, et pour subvenir aux besoins de l'école désorganisée par le Covid-19. Il a par ailleurs promis la distribution de cinq millions de masques FFP2, notamment pour les enseignants de maternelle, et de deux masques chirurgicaux par jour pour tous les professeurs. Mais certains instituteurs et directeurs d'établissement sont sceptiques, voire résignés, sur la mise en place de ces mesures à court-terme. 

Des classes toujours fermées faute de personnel ce lundi

Ce lundi, deux classes seront fermées dans l’école élémentaire du Hazay à Cergy, faute de remplaçants disponibles pour assurer les cours des enseignants malades du coronavirus. "Je suis obligé de fermer ces deux class es, et de demander aux familles de garder leurs enfants, 56 élèves sont concernés", se désole Olivier Flipo, directeur d'une école de banlieue parisienne et délégué SE-UNSA du Val-d'Oise.

"Je viens de passer 15 jours insupportables, à travailler en permanence, tard le soir, y compris parfois la nuit, à informer les familles qui n’attendaient plus rien du ministère."

Les enseignants sceptiques sur le recrutement de contractuels

Parmi les 8.000 recrutements attendus dans l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a annoncé l'embauche de "3.300 enseignants contractuels", qui verront leur contrat prolongé pour assurer la totalité de l'année scolaire. Les recrutements doivent commencer dès cette semaine, selon le ministre. 

Mais Emmanuel Villain, instituteur à l’école du Hazay de Cergy n’y croit pas. "Je ne vois pas comment ils peuvent faire. Avant le coronavirus, il y avait des tas de problèmes de remplacement, une crise de recrutement. Je n’arrive pas à croire qu’ en une semaine on puisse recruter des gens et les mettre dans des écoles."

Caroline (le prénom a été changé), institutrice en école maternelle en Charente-Maritime est du même avis. "Surtout si ce sont des contractuels, les contrats ne sont pas attrayants, il faut trouver les gens, en zone rurale c’est très compliqué de recruter."

Impatience vis-à-vis des masques

Les premiers masques "vont arriver en début de semaine prochaine, et ça va s’échelonner jusqu’à la fin du mois", a déclaré ce vendredi Jean-Michel Blanquer sur Franceinfo. Dans les écoles, la livraison est attendue avec beaucoup d'impatience. 

Jérémy Rousset, porte-parole du syndicat SNUIPP-FSU dans la Loire, est directeur d'école maternelle à Saint-Etienne "Aucun masque n’est arrivé jusqu’à l’école pour l’instant" , note-t-il, déçu de "toutes les promesses" qui sont déjà restées "à l'état de promesses". 

Jérémy Rousset s’attend aussi à des classes fermées dans le département de la Loire cette semaine, faute de personnel enseignant. L'ensemble des mesures annoncées par Jean-Michel Blanquer ne le satisfont pas, mais il relève un signe encourageant :

"Entendre notre ministre avouer qu’il se trompe, cela a fait du bien."

"Car on a l’impression, poursuit-il, que depuis le début, Jean-Michel Blanquer vit dans une autre école que la nôtre". 

Elie Abergel

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Ces idéologies néoréactionnaires qui refusent les bouleversements du monde

17 Janvier 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Société, #Philosophie, #Politique

Les «nouveaux réactionnaires» : mythe ou réalité ?

EXTRAITS

L’hégémonie médiatique des polémistes qui pourfendent l’époque est une réaction à une triple révolution anthropologique, à la fois écologique, intime et géopolitique, qui bouscule les sociétés occidentales.

Comment en est-on arrivé là ? Une France en apparence confinée dans ses remugles les plus rances. Une droite réactionnaire hégémonique dans la sphère médiatique, qui impose ses thématiques dans l’espace public. Une gauche atomisée, fracturée, au corpus idéologique non renouvelé, minée par le narcissisme des petites différences. Le conservatisme consacré, le progressisme dévoyé. L’universalisme confondu avec l’occidentalisme. L’antiracisme assimilé au totalitarisme. Ses nouvelles formes couvertes d’opprobre, taxées du sobriquet infamant d’« islamo-gauchisme » et censément disqualifiant de « wokisme ». Les féminismes de notre ère réduits à des « postures victimaires ». Les jeunes mobilisés pour le climat comparés à des ayatollahs, et l’écologie à une nouvelle religion sectaire. L’université accusée de diffuser un « savoir militant » et d’importer des « théories étrangères ». Le bien transformé en mal. Le bon en mauvais. Et le généreux en idiot.

Il est sans doute nécessaire de comprendre comment fonctionne la rhétorique néoréactionnaire, sa mécanique, d’étudier pourquoi elle est largement portée par un milieu social endogamique et une certaine classe médiatique, comment l’évolution du champ intellectuel et politique a mené à cette montée vers les extrêmes, sans parler des responsabilités de la gauche dans cette défaite culturelle. Une contre-révolution intellectuelle analysée par la politiste Frédérique Matonti, qui s’attache à comprendre pourquoi, « à la veille de l’élection présidentielle de 2022, l’idéologie réactionnaire semble désormais hégémonique » (Comment sommes-nous devenus réacs ?, Fayard, 2021).

Mais peut-être convient-il, dans un premier temps, d’aller chercher plus loin les raisons d’un tel discours de restauration. Car ce retournement idéologique est tout d’abord une réaction à de grandes transformations sociales et à de véritables mutations anthropologiques. Un basculement du monde à la fois écologique, intime et géopolitique qui bouscule l’Occident, affecté par de nouvelles blessures narcissiques.

(...)

La « fin de la domination masculine » est un « séisme anthropologique », observe le philosophe Marcel Gauchet (Le Débat, mai-août 2018). « Cette atteinte au patriarcat provoque des vexations et une grande insécurité narcissique », remarque la psychanalyste et philosophe Cynthia Fleury, autrice de Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment (Gallimard, 2020).

Pas étonnant qu’Eric Zemmour ait installé sa carrière de pamphlétaire réactionnaire avec Le Premier Sexe (Denoël, 2006), ouvrage présenté comme un « traité de savoir-vivre viril à l’usage de jeunes générations féminisées », dans lequel il raille « une époque de mixité totalitaire » et « castratrice ». Ou que l’un des architectes de l’union des droites, Patrick Buisson, déplore la « dépaternalisation de l’autorité » dans une société où il n’y aurait « ni Dieu ni mec » (La Fin d’un monde. Une histoire de la révolution petite-bourgeoise, Albin Michel, 2021). Car la crainte du « grand remplacement », comme celle du « remplacisme global », n’est pas qu’une panique complotiste consistant à affirmer que les Européens seraient remplacés par les Africains, mais aussi, précise son propagandiste, l’écrivain Renaud Camus, « les hommes par les femmes » (« Discours de Baix », in Le Grand Remplacement, édition 2018).

La sociologue Eva Illouz relève de son côté qu’une récente étude menée par Theresa Vescio et Nathaniel Schermerhorn, du département de psychologie à l’université d’Etat de Pennsylvanie, a montré que « les gens qui soutiennent les formes hégémoniques de la masculinité – un modèle culturel qui justifie la domination masculine – sont beaucoup plus susceptibles de soutenir [le républicain] Donald Trump » que les démocrates Hillary Clinton ou Joe Biden. On voit émerger, depuis quelque temps, en effet, « une politique du ressentiment », renchérit Cynthia Fleury, dans laquelle la colère, l’envie, la jalousie, le virilisme et le masculinisme jouent un rôle prépondérant.

« Narendra Modi, Jair Bolsonaro, Donald Trump, Viktor Orban : tous les dirigeants populistes de droite, et leurs aspirants, comme Eric Zemmour, sont des incarnations vivantes de cette masculinité hégémonique », fait observer Eva Illouz, autrice de La Fin de l’amour. Enquête sur un désarroi contemporain (Seuil, 2020). Et les mouvements féministes, homosexuels ou transgenres sont perçus comme « une menace directe sur ce qui, pour beaucoup, constitue le socle de leur identité, la famille traditionnelle. Et les femmes, pas moins que les hommes, souscrivent largement à ce modèle ». Ce pourrait être une des raisons de la présence féminine dans la galaxie néoréactionnaire (« Où sont les hommes, les vrais ? », « Il n’y a plus de mecs », etc.).

« On mésestime l’importance capitale et souterraine de la famille dans la politique, prévient Eva Illouz. C’est un point de repère qui oriente profondément les habitus politiques, d’autant que, pour la classe ouvrière, la famille est souvent est la seule structure d’entraide. » Les révolutions se font à la maison et les contre-révolutions sont de salon. Ainsi, en paraphrasant Freud, on pourrait dire que ce chambardement intime est une blessure « domestique » : le mâle n’est plus le maître dans sa propre demeure.

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« Ce qui est certain, c’est que ce triangle central – environnemental, féministe et postcolonial – mobilise la jeunesse et qu’elle se socialise politiquement autour de ces questions, comme on a pu le voir avec les marches pour le climat, le mouvement #metoo et Black Lives Matter », observe l’historien Pap Ndiaye, directeur général du Palais de la Porte-Dorée et du Musée d’histoire de l’immigration. L’historien des Etats-Unis et de la condition noire s’avoue « frappé par l’antiaméricanisme vivace des néoréactionnaires, qui perçoivent ces travaux et mobilisations comme des idéologies d’importation », alors que, du géographe Elisée Reclus au philosophe André Gorz pour l’écologie, de la philosophe Simone de Beauvoir à l’écrivaine Françoise d’Eaubonne pour le féminisme, du poète Aimé Césaire au psychiatre Frantz Fanon pour le décolonialisme, « la France est porteuse d’une longue histoire sur ces sujets ».

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Aucun angélisme ni irénisme, pourtant, chez les intellectuels interrogés. Chacun reconnaît certaines dérives, notamment celles présentes au sein du militantisme survivaliste ou indigéniste. Mais, comme le remarque le sociologue Edgar Morin, « plutôt que d’être effrayé par la gigantesque crise planétaire qui nous emporte, on nous demande de nous terrifier du mouvement “woke”, ce courant minoritaire dans la culture française ». Une volonté de faire diversion. La stratégie néoréactionnaire consiste même à se focaliser sur quelques affaires afin de jeter le discrédit sur un mouvement intellectuel de fond. L’hégémonie culturelle, concept forgé par le philosophe communiste Antonio Gramsci (1891-1937) pour expliquer que la bataille politique passe par la guerre idéologique, « a basculé du lexique de la gauche à celui de la droite », reconnaît toutefois Didier Fassin. « Nous avons perdu la bataille médiatique », admet Pierre Singaravélou. La prise de conscience est peut-être tardive mais la contre-offensive s’organise.

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Face à l’hégémonie réactionnaire, « les leaders de la gauche sont pour le moment incapables de constituer la moindre digue », regrette Frédérique Matonti. Mais pour que les progressistes reconstituent un socle idéologique, il faut « en finir avec les fausses oppositions créées par les controverses », cesser « d’opposer féminisme et néoféminisme, antiracisme universaliste et antiracisme intersectionnel, lutte contre les discriminations et lutte contre les inégalités, défense des classes populaires et défense des minorités », abonde-t-elle.

Mais le constat de la prégnance du réactionnariat s’accompagne du sentiment, voire de la conviction, de vivre une période d’immenses mutations portées par de nombreux contemporains qui, comme le chantait Guillaume Apollinaire, sont « las de ce monde ancien » (Zone, in Alcools, Gallimard, 1920). « Oui, un nouveau monde est en train d’advenir, se réjouit Pap Ndiaye, même si les polémiques lancées par les réactionnaires rendent le climat délétère. » Intellectuel communiste récupéré par ceux qui théorisent depuis les années 1980 un « gramscisme de droite », le philosophe Antonio Gramsci écrivait que « la crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître », même si, « pendant cet interrègne, on observe les phénomènes morbides les plus variés ». Une bonne occasion, comme cet auteur le disait, d’associer le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté. Une invitation à solliciter d’urgence l’alliance de toutes les pensées de l’émancipation.

Nicolas Truong

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