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Vivement l'Ecole!

Parcoursup, machine à stress : « Au lycée, chaque note devient un enjeu majeur »

21 Janvier 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education, #Université

Orientation post-bac : l'inévitable stress de Parcoursup ?

EXTRAITS

Sélection de plus en plus forte, listes d’attente à grande échelle et algorithmes pas toujours très transparents : plus que jamais, l’orientation post-bac est une source d’anxiété pour les lycéens et leurs familles.

Le ton de l’élève de terminale est désespéré. « Je vous en supplie, est-ce que je peux rattraper l’épreuve orale que j’ai ratée quand j’étais malade ? Elle aurait pu me remonter ma moyenne… J’ai vraiment peur d’être pénalisée sur Parcoursup, s’il vous plaît. » Des mails comme celui-là, envoyés par des lycéens paniqués face à leur bulletin ou criant avec virulence à l’injustice, Solange Ramond, professeure d’anglais dans un lycée parisien, en reçoit plusieurs chaque mois. « Chaque notation devient un enjeu majeur, jusqu’à parfois les rendre agressifs : je n’avais jamais vu ça en trente ans », raconte l’enseignante, qui sent ses lycéens « totalement angoissés » par le poids de ces notes sur leur avenir post-bac. « L’enjeu de l’orientation a toujours été un stress, mais cela prend désormais le pas sur tout, déplore-t-elle. Le rapport à l’enseignement est devenu comptable, y compris du côté des parents qui se déplacent au lycée pour contester les notes et appréciations. »

Observées dans d’autres établissements, ces éruptions protestataires sont le symptôme d’une anxiété qui semble s’être généralisée autour de la question de l’entrée dans le supérieur. Dans un contexte de pression déjà forte, avec des bacheliers sur la ligne de départ chaque année plus nombreux (+ 185 000 en 10 ans, dont + 48 000 rien qu’entre 2019 et 2020), la plate-forme Parcoursup, qui gère l’admission des places dans le supérieur depuis 2018, et qui s’ouvre pour une nouvelle saison jeudi 20 janvier, cristallise tout particulièrement les tensions. Venu remplacer le site Admission post-bac (APB), critiqué pour son caractère stressant et opaque (notamment son système de tirage au sort dans les filières en tension, perçu comme injuste), Parcoursup ne fait pas beaucoup mieux.

Au contraire, à en croire les témoignages anxieux qui se multiplient à l’ouverture des vœux et durant la phase des admissions. Bien plus longue que dans le précédent système, en raison de la non-hiérarchie des vœux : chaque jeune obtient une réponse pour chaque formation demandée, quand auparavant la « machine » s’arrêtait de tourner pour le candidat dès qu’il était pris dans la filière en tête de ses choix.

(...)

« Beaucoup de pression »

Faire son choix, ou être capable de naviguer dans les arcanes de l’orientation pour construire son « projet » : voilà ce qui est attendu des lycéens. Celui-ci, au cœur de la philosophie de la plate-forme avec son « projet de formation motivé » à remplir pour chaque candidature, est appelé à être pensé de plus en plus tôt. « La loi fait reposer sur l’élève – et sur des choix effectués à 15 ou 16 ans – la responsabilité de sa réussite ou de son échec. Fini les errements, chacun doit anticiper la place qu’il veut se donner dans la société, sous peine qu’on la lui impose », analyse Annabelle Allouch, sociologue spécialiste de l’éducation, dans une tribune au Monde diplomatique.

Beaucoup de « pression » pour Manon Blouin, en terminale l’an dernier près Bordeaux. Alors « perdue », elle se rend chez une conseillère d’orientation, sans grand succès. Elle finit par valider, peu sereine, ses vœux dans des formations courtes des métiers du social, ainsi que, sur le conseil de deux enseignants, pour une classe prépa littéraire. Ce n’est que les mois suivants que cette très bonne élève comprend, trop tard, que c’est avant tout le parcours en prépa qui lui plairait. Le jour des résultats, elle se retrouve sur liste d’attente. « Je m’en voulais énormément de n’avoir mis qu’un seul vœu de prépa », raconte Manon, qui s’est rongé les sangs pendant dix jours, avant d’être finalement acceptée.

« Avoir le bac ne suffit plus : il s’agit de se projeter très jeune dans une perspective longue. Pour des élèves moins socialisés à cette construction du projet, plus distants des normes scolaires, c’est très stressant », déplore Annabelle Allouch. « Il y a une inégalité sociale de départ, ne serait-ce que pour remplir les CV et projets de formation : certains élèves disent “personne dans ma famille n’a jamais fait de lettre de motivation et ils se sentent très seuls face à ça », abonde Alice Ray, responsable des actions d’accompagnement dans des lycées classés REP de l’association Article 1. Dans ses interventions, elle voit des jeunes qui, dans la panique, « mettent tous les vœux imaginables » ou sont tétanisés jusqu’au dernier moment.

(...)

C’est l’un des points les plus stressants de Parcoursup : avec la disparition de la hiérarchisation des vœux, les élèves doivent attendre plusieurs semaines, pour certains des mois, que les lycéens les mieux classés libèrent peu à peu des places. Se réveillant parfois en panique en pleine nuit, pour vérifier si leur rang a bougé. « On est passé à un système de listes d’attente généralisé, où l’individu se voit signifier en permanence son classement dans la hiérarchie scolaire : ce n’est pas anodin », pointe Leïla Frouillou, maîtresse de conférences en sociologie de l’éducation à l’université Paris-Nanterre, qui étudie les inégalités d’accès au supérieur.

L’attente est plus longue selon les types de bac et, in fine, l’origine sociale. « Les lycéens pro, au sein desquels les classes populaires sont surreprésentées, attendent trois fois plus longtemps que les élèves de filières générales, y compris dans des formations qui sont censées leur être réservées, à savoir les BTS. Avec le sentiment que le jeu se fait sans eux », indique Annabelle Allouch. « Pour nos élèves de bac pro, le logiciel ne sert qu’à gérer la pénurie de places, et renforce une forme d’assignation scolaire », regrette Javier Garcia, enseignant en lettres et histoire dans un lycée professionnel d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

(...)

Des acteurs privés s’engouffrent dans la brèche de ce stress grandissant, comme ces entreprises qui proposent du « coaching », des « packs sérénité » pour remplir le dossier Parcoursup, facturés jusqu’à 900 euros. Annabelle Allouch, qui travaille aussi sur les recours contentieux qui se multiplient après la procédure Parcoursup, voit se constituer un véritable « marché de l’anxiété », étendu aux psychologues ou avocats spécialistes de ces sujets. Jusqu’à l’industrie du médicament, avec « des parents qui confient devoir prendre des anxiolytiques ou des bêtabloquants » pour passer ce cap. Un signe criant de l’investissement émotionnel dans la plate-forme.

Alice Raybaud

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Ibiza – derrière les symboles, la destruction de l'école...

21 Janvier 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

Avec ses vacances à Ibiza, « Jean-Michel Blanquer a failli à son devoir  d'exemplarité »

EXTRAITS

Face à la dévastation de l'école, noyautée par le logiciel néolibéral, et à l'éreintement des personnels de l'Education Nationale, certains renvoient Ibiza au registre du superfétatoire. Mais l'« épiphénomène » du protocole des Baléares permet précisément à ces textes d’émerger, à ces bilans terribles de s’écrire, à cette comptabilité macabre de se solder, après plusieurs années de gouvernance inconséquente. Il dévoile le décalage entre le sacrifice des personnels et la désinvolture d'une politique : leur souffrance, son insolence.

« Dans ce récit à la première personne, [Jean-Michel Blanquer] aime à se camper en généralissime de la lutte contre la pandémie, à la tête d’un "piton de commandement", enfermé des jours durant avec ses plus proches collaborateurs "dans la salle sécurisée de la rue de Grenelle qu’on appelle la "war room" ».  

Le héros de cette histoire virile et guerrière est le ministre de l'éducation nationale, sauveur sacrificiel de la « continuité pédagogique »« L’ambiance est celle, fraternelle et tendue, des combats dans la nuit », lit-on sous la plume de Blanquer, dans son ouvrage intitulé École ouverte (Gallimard, 2021). 

Depuis que l’on sait qu'il organise le chaos sanitaire des écoles depuis Ibiza, la lecture de cette recension de Philippe Champy, qui commente avec malice l'oeuvre du ministre, sonne avec un surcroît d’ironie.

La réalité du valeureux combat de la « continuité pédagogique » ? Les masques-slip, les retraités appelés à venir travailler pour 27 euros de l’heure évoqués par Pascale Fourier ; l’aération impossible, la déroute des élèves, et surtout, l’angoisse d’attendre, jusqu’au dimanche soir, un protocole griffonné à la va-vite, finalement annoncé dans un journal payant. « Je suis sur le terrain, et ça glisse de partout »écrivait BK Chatrian, psychologue des écoles, la veille de la dernière journée de grève.

(...)

Le discours de l’absentéisme n’est que le versant stigmatisant d’une communication permanente qui, écrit Laurence de Cock« à coups de formules subventionnées — « nation apprenante », « vacances apprenantes », « école ouverte » — fabrique son propre récit alternatif », s’échinant à estomper le réel, lequel n’est que « classes surchargées, rideaux délabrés, salles inondées, fenêtres cassées, et chauffages en panne ». « Une chose est sûre, ajoutait BK Chatrian, mes collègues veulent travailler. Ils veulent faire leur métier. Mais pas dans le mépris. Pas dans le chaos. » 

Ce chaos, complétait Paul Devin dans un autre billet récent, n'est autre qu'« une nouvelle opportunité de discrédit du service public d'éducation pour faciliter sa mise en marché ». Une aubaine pour le noyautage de l’école par le logiciel néolibéral et pour des expérimentations de libéralisation — à l’instar du subreptice recours à Andjaro, société privée à qui a été confiée la gestion des remplacements en pleine pandémie. « Bel exemple de justification du recours à la privatisation par un déficit qualificatif de l’administration que les politiques gouvernementales ont produit en réduisant les moyens ». Une privatisation rampante du système éducatif et une « gouvernance budgétaire d’inspiration ordolibérale » que Théo R. et Mathurin S. analysaient déjà brillamment dans un texte d’avril 2021.

Autoritarisme élitaire et égalité des chances

Dans École ouverte, l’inénarrable récit homérique de Blanquer chroniqué par Philippe Champy, rhétorique martiale toujours à l’appui, le ministre flatte ses troupes. Il ose : « je m’étonne du faible nombre de récits évoquant l’héroïsme de nos professeurs. Un peu comme si, pendant une guerre, on ne parlait que des pertes, pourtant inévitables, et jamais des victoires ».

Cette glorification hypocrite, qui n'est pas sans rappeler celle du corps soignant en début de pandémie, prend place dans un texte qui permet de saisir la conception profondément antidémocratique de l’éducation, relate Philippe Champy, ainsi que l’« autoritarisme élitaire » de sa « République des chefs » ; mais aussi son adhésion sans faille à la rhétorique méritocratique, à la mythologie de « l’égalité des chances », au miracle des destinées individuelles, cette grande fabrique d’inégalités.

(...)

Epiphénomènes et inventaire des colères

Il faut donc, pour l’auteur, se défaire de l’individualisation des problèmes, au risque de profiter aux défenseurs du statut quo. Car nos grilles d’analyses sont elles-mêmes encapsulées dans le capitalisme : « Le système capitaliste n'y étant pas pour rien dans l'affaire tend à fabriquer des explications basées sur les individus plutôt que sur les structures […] non seulement le capitalisme s'accommode de cette personnalisation de la vie politique, mais il la promeut. »

Dans un texte offensif (« Ibiza : et alors ? ») publié le lendemain, Jean-Pierre Véran enfonce le clou : « Au lieu de parler de la politique réellement conduite depuis cinq ans, et de dresser le bilan du quinquennat en matière éducative, on se focalise sur un événement qu’on aurait pu tout aussi bien ignorer. Passons rapidement au fond des choses, s'il vous plaît. »

Mais à la lecture de ces billets, on est frappée par leur teneur performative. En ramenant le séjour aux Baléares au registre du superfétatoire et du symbolique, ces textes saisissent précisément l’occasion de dresser « l’inventaire des colères », pour reprendre une formule de Laurence de Cock. L’épiphénomène Ibiza permet justement à ces textes d’émerger, à ces bilans terribles de s’écrire, à cette comptabilité macabre de se solder, après plusieurs années de gouvernance inconséquente.

Sans compter que le scandale, agissant en déclic médiatique, vulgarise Blanquer. L’incompétence du ministre, propulsée sur le devant de la scène par la force du symbole des Baléares, devient accessible au plus grand nombre et aux éventuels inattentifs. Enfin, si le scandale est retentissant, en dépit de ses airs de superfluité, c’est précisément parce qu’il illustre le décalage entre le sacrifice des personnels de l'éducation et sa désinvolture, entre leur souffrance et son insolence ; qu’il révèle, par contraste, « le prix du mépris ».

Livia Garrigue

Texte intégral en cliquant ci-dessous

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Précarité étudiante: "On voit parfois des cas dramatiques", alerte la Fage

20 Janvier 2022 , Rédigé par Huffington Post Publié dans #Education, #Université

Actualités - CONTACT FM - Précarité étudiante : le numéro d'appel d'urgence  est disponible

Le principal syndicat étudiant inaugure à Angers sa 31e épicerie solidaire pour faire face à la précarité étudiante, qui s'est fortement aggravée à cause du Covid.

ÉTUDES - Le monde étudiant est en émoi depuis les récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur une réforme “systémique” des universités. Selon le président, “on ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants”.

Des propos “inacceptables”, et “qui remettent en cause le principe de gratuité de l’enseignement supérieur”, dénonce auprès du HuffPost Paul Mayaux, président de la Fage, premier syndicat étudiant de l’Hexagone

Même si la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a assuré mardi 18 janvier qu’Emmanuel Macron “n’a pas parlé une seconde d’augmenter les droits d’inscription”, ces propos du président sont bien loin de ceux qu’espéraient entendre les syndicats. “Les jeunes traversent depuis deux ans une période très difficile, c’est fou de leur dire qu’ils vont peut-être devoir s’endetter pour étudier”, réagit, sidéré, Paul Mayaux.

31 épiceries solidaires

Il faut dire que la précarité étudiante se fait de plus en plus profonde, au point de voir parfois des longues files d’attente de jeunes devant les épiceries solidaires. Celles de la Fage, les AGORAé, sont d’ailleurs prises d’assaut. Ce sont ainsi plus de 3000 étudiants chaque année qui poussent leurs portes pour bénéficier de produits alimentaires et de première nécessité, de 80% à 90% moins élevés que dans la grande distribution. Ils sont environ 15.000 à avoir été aidés ces dix dernières années.

Constat assez effrayant: rien que pendant les premiers mois de l’épidémie, les AGORAé ont reçu plus d’étudiants qu’elles en avaient accueillis en dix ans d’activité. Pour répondre à cette demande accrue, la Fage inaugure d’ailleurs ce jeudi 20 janvier une nouvelle épicerie solidaire AGORAé à Angers, la 31e sur le territoire.

Anne-Laure Syriex, vice-présidente en charge des affaires sociales de la Fage, a répondu aux questions du HuffPost sur cette précarité galopante qui touche de plus en plus de jeunes.

Le HuffPost: Les AGORAé de la Fage ont fêté leurs dix ans en 2021 et leur mission semble plus importante aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment...

A-LS: Lorsque l’on a créé les AGORAé, on s’attendait à ce qu’elles soient sollicitées par des étudiants extracommunautaires, ou venant de milieux défavorisés. Mais plus on a avancé dans le temps, plus on a remarqué que notre aide était nécessaire à un plus large panel d’étudiants. On a une trentaine d’AGORAé ouvertes en France aujourd’hui et à chaque fois qu’on en ouvre une, on se dit qu’on a échoué, d’une certaine manière. Car cela veut dire qu’il y a toujours plus d’étudiants en situation de précarité.

Avec la crise du Covid, tout ça a été évidemment exacerbé. Au début du premier confinement, nous n’avons pas été autorisés à ouvrir pendant quelques semaines. Lorsque l’on a pu rouvrir les épiceries, on a vu affluer encore plus de monde. Loin de se tasser, c’est un phénomène qui ne fait que s’amplifier et aujourd’hui ce sont aussi des étudiants issus des classes moyennes qui viennent dans nos épiceries solidaires. On voit parfois des cas dramatiques.

Qu’est-ce qui a changé?

A-LS: Il faut comprendre que les étudiants de classes moyennes étaient déjà largement touchés par la précarité, car ils n’ont pas accès aux bourses. Certains se débrouillent seuls puisque l’entrée dans les études supérieures marque aussi le début de l’émancipation. Certains ne peuvent simplement pas être aidés par leurs parents.

Mais pour rappel, c’est le revenu global des parents deux ans auparavant qui détermine qui peut bénéficier d’une bourse, et les salaires peuvent changer en deux ans, surtout quand on doit traverser une crise sanitaire.

Ensuite, nombreux sont ceux qui avaient des petits boulots à côté de leurs études pour payer leur loyer et qui ont dû faire une croix dessus à cause du Covid.

Aussi, le Covid a au moins permis de mettre en lumière un élan de solidarité face à la détresse étudiante et beaucoup, qui jusque-là n’osaient pas demander de l’aide par honte ou par méconnaissance, ont sauté le pas pour être aidés.

Et il ne s’agit pas seulement de précarité alimentaire…

A-LS: Non, il y a bien évidemment celle du logement, nous avons d’ailleurs mis en place depuis 2018 un dispositif de logement provisoire dans certaines villes. Puis il y a la précarité menstruelle.

Elle existe toujours malgré les annonces de Frédérique Vidal en février dernier?

A-LS: Oui, toujours. Cela avait été une grande victoire pour nous lorsque la ministre avait annoncé la gratuité des protections hygiéniques dans les établissements d’études supérieures. Mais aujourd’hui, en janvier 2022, il reste encore des universités qui ne sont pas équipées. D’autres le sont, mais une fois que le stock est vide, il n’est pas toujours réapprovisionné. Alors ça donne des situations assez dramatiques ou des jeunes viennent nous voir et nous disent “je n’ai pas les moyens financiers, donc j’utilise les moyens du bord”. On a eu le témoignage d’une étudiante qui était obligée d’utiliser des bouts d’écharpes en guise de serviettes hygiéniques! Et ce ne sont pas des cas isolés.

Qu’est-ce qui pourrait améliorer les choses, selon la Fage?

A-LS: Il y a des solutions que nous ne cessons de proposer. Parmi elles: le changement de système de bourses. On voudrait qu’il y ait une linéarisation par jauge, pour que les bourses soient adaptées en fonction des dépenses et revenus réels de chaque étudiant, et non en fonction des revenus de leurs parents il y a deux ans. En supprimant les huit échelons de bourses, on pourrait ainsi mettre un terme à l’effet de seuil. On voudrait également que les étudiants boursiers puissent bénéficier de la complémentaire santé solidaire, car beaucoup se privent de soins essentiels à cause du coût de la santé.

Ce sont des choses que l’on demande depuis longtemps, mais on ne désespère pas de voir des changements se produire à la prochaine réforme des bourses.

Claire Tervé

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Iliona...

20 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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A lire ... "La politique expliquée aux enfants" de Denis Langlois Illustré par Plantu

20 Janvier 2022 , Rédigé par Ed La Déviation Publié dans #Education

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"La politique expliquée aux enfants" de Denis Langlois Illustré par @plantu

En librairie à partir d'aujourd'hui Ed La Déviation

« La politique ce n’est pas de ton âge! »

A cette affirmation Denis Langlois répond «La politique est de tous les âges, parce que c’est tout simplement la vie »

Paru une première fois en 1983, illustré par Plantu, régulièrement réédité, "La politique expliquée aux enfants" est devenu un classique, traduit en italien, turc, coréen. 

Pour cette année électorale une nouvelle édition s’imposait. Mais, plutôt que de simplement actualiser son texte, Denis Langlois a eu l’idée d’un retour sur ces presque 40 ans écoulés.

Il y a donc deux livres en un: le texte d’origine et les commentaires de l’auteur sur tout ce qui a changé.

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Coup de coeur... Yasushi Inoué...

20 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

- D'après ce que j'avais entendu dire, enchaîna le patron de Daïtokuya, je pensais qu'une salle de thé se devait d'être de petites dimensions, mais à présent que je suis installé dans cette salle spacieuse, je crois vraiment que c'est ce qui convient le mieux au thé. Je suis plein d'admiration pour ce que vous avez construit là, Monsieur Uraku !

- Qu'il existe de petites salles est une bonne chose, mais je voulais qu'on puisse se divertir paisiblement dans celle-ci. Dans une petite salle, cela finit toujours par être un combat ; et qui dit combat, dit gagnant et perdant. On finit comme Monsieur Rikyû : on ne peut éviter d'attirer la mort.

- Pourquoi Monsieur Rikyû a-t-il attiré la mort ?" demanda le patron de Daïtokuya.

Même pour Monsieur Uraku, c'était une question embarrassante.

"Ah ! Pourquoi a-t-il attiré la mort ? J'ignore la raison officielle mais je la crois assez simple : combien de fois le Taïko Hideyoshi est-il entré dans la salle de thé de Monsieur Rikyû ?" fit Monsieur Uraku en se tournant vers moi.

- "Je ne sais pas vraiment ... plusieurs dizaines, ou plusieurs centaines de fois ? Au moment de la bataille d'Odawara et à Hakone, il venait à peu près tous les jours.

- Le Taïko a donc expérimenté plusieurs dizaines, ou plusieurs centaines de fois, une petite mort ; en entrant dans la salle de thé de Monsieur Rikyû, il était obligé d'abandonner son sabre, de boire le thé, d'admirer les bols ... Chaque cérémonie du thé était une mise à mort. Il aura sûrement eu envie, au moins une fois dans sa vie, de faire connaître la mort à celui qui la lui avait fait goûter ! N'est-ce pas ?"

Je n'arrivais pas à distinguer la part de sincérité et la part de plaisanterie dans les propos de Monsieur Uraku. Le patron de Daïtokuya insista :

- "Il aurait pu éviter tout cela s'il s'était excusé. Il y a eu une rumeur en ce sens, à une époque.

- Ah bon !" se contenta de dire Monsieur Uraku sans autre réaction avant de reprendre : "Monsieur Rikyû avait assisté à la mort de nombreux samouraïs. Combien d'entre eux sont partis pour la bataille où ils trouvèrent la mort, après avoir dégusté un thé préparé par Monsieur Rikyû ? Après avoir assisté à tant de morts non naturelles, c'était presque un devoir que de ne pas mourir dans son lit ! N'est-ce pas ?"

Il déclara ceci d'un ton neutre. Son expression nous engageait à souscrire à ses propos :

- "Cependant, ajouta-t-il, Monsieur Rikyû était quelqu'un d'extraordinaire : quel que soit le nombre d'autres hommes de thé de par le monde, pas un seul ne peut lui être comparé. Il suivait sa propre route, en solitaire ; il préparait le thé, en solitaire. Il fit du thé autre chose qu'un divertissement. Mais il n'en fit pas une salle de zen ; il en fit un lieu de suicide"

 

Yasushi Inoué - Le maître de thé

 

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Dans quel état d’esprit sont les profs après « l’Ibiza-gate » de Blanquer ?

20 Janvier 2022 , Rédigé par 20 Minutes Publié dans #Education

https://www.letelegramme.fr/images/2022/01/18/blanquer-a-ibiza-le-top-15-des-tweets-les-plus-droles_6129006_640x360p.jpg?v=1

EDUCATION - Une nouvelle journée de grève est prévue ce jeudi dans les établissements, à l’appel de plusieurs syndicats

Jeudi dernier, ils étaient très nombreux* à faire grève contre la valse des protocoles sanitaires dans les établissements au cours des dernières semaines. Combien seront-ils ce jeudi ? Les syndicats FSU, CGT Educ’action, FO et SUD Education, ainsi que la FCPE (première organisation de parents d’élèves) et les mouvements lycéens FIDL, MNL et La Voix lycéenne, ont appelé à une nouvelle journée d’action le 20 janvier pour demander « des réponses fortes » face au « chaos » engendré par la crise sanitaire, et des investissements massifs dans l’éducation.

En toute logique, la mobilisation devrait être moindre, les syndicats enseignants SE-Unsa, Snalc et Sgen-CFDT n’ayant cette fois-ci pas rejoint le mouvement. « Nous estimons que des annonces significatives ont été faites après la grève de la semaine dernière : la fourniture de 5 millions de masques FFP2, une amélioration du dialogue social, des lignes budgétaires ouvertes pour les remplacements et une concertation prévue sur le report de certaines épreuves du bac », explique à 20 Minutes Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. « Nous n’appelons pas à la grève nationalement, mais localement. Et outre les manifestations prévues, il y aura des happenings et des retraites au flambeau », précise de son côté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat du second degré. D’autres modes d’action sont aussi préconisés pour jeudi, le SNUipp-FSU ayant notamment proposé aux personnels de se mobiliser partout devant leurs écoles, lors de la pause méridienne, en affichant « Mon école craque » et en diffusant les images de ce happening sur les réseaux sociaux.

Les vacances de Jean-Michel Blanquer ont remis une pièce dans la machine

Mais si ce jeudi s’annonce moins chaotique que le précédent, cela ne signifie pas que la colère des enseignants est redescendue. La révélation par Mediapart mardi du séjour à Ibiza de Jean-Michel Blanquer juste avant la rentrée de janvier, alors que se décidait le protocole sanitaire dans les écoles, a même ravivé l’ire de ses personnels. Un voyage qui lui avait été déconseillé par Nicolas Revel, le directeur de cabinet du Premier ministre, selon l’AFP. « Toute personne a droit à des vacances, mais le timing était mauvais. Ne pas être là la veille d’une rentrée très délicate et annoncer par voie de presse un changement de protocole nous prouve la désinvolture et la déconnexion du ministre face à la désorganisation qui règne actuellement dans les établissements », commente Sophie Vénétitay.

« Cet épisode a été perçu comme une forme de légèreté de la part de Jean-Michel Blanquer. Comme s’il n’avait pas pris la mesure de la vague Omicron, alors que nous avions lancé une alerte sociale dès novembre pour prévenir de ses effets sur le terrain », ajoute Catherine Nave-Bekhti. « Cette séquence peut donner l’impression d’un ministre qui privilégie ses intérêts privés sur les intérêts collectifs. Ce n’est jamais bon quand un ministre ne semble pas pleinement à sa tâche en période de crise. Un peu comme en 2003, où le ministre de la Santé de l’époque, Jean-François Mattei, s’exprimait sur la canicule en chemisette dans le jardin de sa résidence varoise », analyse Frédéric Dabi, le directeur général de l’Ifop.

D’autres actions prévues

Le fait que le ministre ait reconnu ce mercredi sur TF1 que ce séjour était « peut-être un peu une erreur » n’a pas non plus calmé les esprits. D’autant qu’il a ajouté refuser de servir de « bouc émissaire » à ses détracteurs. « C’était une interview "Moi, je". On aurait aimé un peu plus d’humilité », fustige Sophie Vénétitay. « Il a fait l’effort de citer les personnels dans son interview, mais il est resté sur une vision très hiérarchique et dogmatique de la situation. Certes, il a voulu garder les écoles ouvertes coûte que coûte, mais dans certaines classes, il y a tellement d’absents que l’on se demande quel sens cela a. Son intervention télévisée a peut-être convaincu le grand public, mais pas les parents d’élèves ni les enseignants », estime Catherine Nave-Bekhti.

Ce mécontentement pourrait perdurer. Notamment le jeudi 27 janvier, date à laquelle une nouvelle grève est prévue, même si celle-ci sera interprofessionnelle et portera en premier lieu sur les salaires. « Pour ceux qui en doutaient, la grève de la semaine dernière a montré qu’une forte mobilisation pouvait faire bouger les lignes », insiste Sophie Vénétitay. Par ailleurs, les syndicats d’enseignants risquent d’être particulièrement vigilants sur la mise en œuvre des mesures annoncées par le gouvernement la semaine dernière. « On va mettre la pression pour obtenir ces moyens. Et si ce n’est pas le cas, on réévaluera nos modes d’action », prévient Catherine Nave-Bekhti. De son côté, le Snes-Fsu attend des avancées rapides sur le report des épreuves de spécialités du bac de mars à juin, l’aménagement des programmes scolaires et l’abandon des suppressions de postes dans le secondaire à la rentrée prochaine.  « En cas de gros blocage avec le ministère sur un dossier, nous n’hésiterons pas à activer la ligne directe que nous avons désormais avec Jean Castex », prévient Sophie Vénétitay.

Delphine Bancaud

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Emmanuel Macron prône l'hyper-privatisation de l'enseignement supérieur

20 Janvier 2022 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education, #Université, #Economie

Etudiants, comment choisissez-vous votre université?

Pour le chef de l’Etat, l’université de demain doit opérer un changement systémique qui passerait par une forte augmentation des frais d’études et le développement de filières professionnalisantes privilégiant des parcours à rendement sûr et rapide.

Après s’être attaqué, entre autres, à la relation d’emploi et à la protection sociale, Emmanuel Macron a donné un aperçu de ce qu’il prévoit pour l’enseignement supérieur lors du congrès de France Université (ex-Conférence des présidents d’université). Il a plaidé pour une «transformation systémique» qui signifierait en gros la fin du service public d’enseignement supérieur.

Dans un discours mélangeant poncifs réactionnaires et clichés néolibéraux, il a repris le vieux thème de l’autonomie des universités avec lesquelles l’Etat devrait passer des contrats d’objectifs et de moyens pluriannuels. Les objectifs seraient l’employabilité des étudiants à la sortie, ce qui transformerait l’université, en principe généraliste, en simple école professionnelle spécialisée dont les formations devraient «répondre aux besoins des métiers», ce qui ne va pas être simple puisque ça change tout le temps selon Macron («nous vivons dans un monde où faire une carrière dans un même métier va devenir de plus en plus rare»).

L’enseignement supérieur qu’il souhaite aurait un segment de prestige, probablement lié d’une façon ou d’une autre aux grandes écoles, accueillant les meilleurs étudiants et accaparant l’essentiel des fonds de recherche, ainsi qu’un ensemble d’établissements beaucoup moins prestigieux accueillant le gros des lycéens et principalement destinés à offrir des formations courtes et «professionnalisantes».

L’objectif : faire baisser les dépenses publiques

Emmanuel Macron situe le principal problème de l’université dans le fait que «l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants» et qu’il y a des difficultés avec un modèle «beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde». Outre le fait que ce dernier point est faux (la proportion de financement public est plus élevée dans les pays nordiques ou même l’Allemagne), on ne voit pas bien en quoi cela constituerait un problème, sauf à avoir pour objectif de baisser les dépenses publiques. Et c’est précisément ça l’objectif.

Il y a un côté idéologique dans le discours de Macron. L’étudiant guidé par les signaux de prix néglige sa formation (d’où, selon Macron, les taux d’échec élevés en première année) car elle est quasiment gratuite. Si elle était payante (et suffisamment chère), l’étudiant ferait plus d’effort pour rentabiliser cet investissement dans son «capital humain».

Ce côté idéologique révèle la vision du monde de Macron mais c’est secondaire par rapport aux changements «systémiques» qu’impliquerait une forte augmentation du coût des études pour l’étudiant (ou sa famille). La logique est que l’augmentation des frais d’études permettrait de pallier la baisse du financement public de l’enseignement supérieur. Les dépenses privées se substitueraient aux dépenses publiques.

La première conséquence serait de faire une ségrégation entre d’une part les étudiants issus de familles aisées qui pourront financer les études de leurs enfants, lesquels seront donc relativement libres de leur choix d’orientation, et d’autre part ceux qui n’iront pas à l’université ou s’endetteront pour suivre de préférence des parcours à rendement sûr et rapide comme les fameuses filières professionnalisantes dont Macron réclame le développement.

Ensuite, les familles aisées finançant les études de leurs enfants vont faire face à une charge supplémentaire ; elles seront alors d’autant plus réticentes à payer des impôts finançant une dépense publique dont elles ne bénéficieront que peu, ce qui alimentera des attentes parfaitement compatibles avec la mise en œuvre du projet néolibéral de transformation sociale dont Macron est porteur. Enfin, le développement des prêts étudiants favorisera l’activité des établissements financiers, un secteur que le pouvoir affectionne tout particulièrement. Cela conduira à terme à une dette étudiante comme il en existe dans certains pays (pour comparaison : le gouvernement britannique prévoit un encours de 560 milliards de livres sterling en 2050) et, bien sûr, une partie de ces prêts ne pourra pas être remboursée, le coût devant être au moins en partie pris en charge par l’Etat.

En 1986, un important mouvement de contestation s’opposait avec succès à un projet de réforme de l’enseignement supérieur prévoyant la sélection et l’augmentation des frais d’inscription. Cette réforme était une version édulcorée d’un projet plus radical. Ce qu’on devine du projet Macron va plus loin que celui des ultras de 1986 que le ministre Alain Devaquet avait jugé inacceptable. On peut supposer sans risque qu’il pourrait tout aussi bien avoir la faveur de Valérie Pécresse ou d’autres candidats à droite.

Bruno Amable, professeur à l'université de Genève

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Jean-Michel Blanquer, ministre de la déception nationale

20 Janvier 2022 , Rédigé par L'Obs Publié dans #Education

EXTRAITS

En 2017, Jean-Michel Blanquer apparaissait comme un de ces ministres emblématiques d’une ouverture à la société civile. Un quinquennat plus tard, un autre visage s’impose : celui d’un croisé de la laïcité, plus préoccupé par « l’islamo-gauchisme » et le péril « woke » que par l’état dégradé de l’école française.

Si la longévité est un critère d’évaluation, alors Jean-Michel Blanquer est un ministre de l’Education nationale exceptionnel : quatre ans et huit mois à ce jour, un record sous la Ve République. Pour le reste, son bilan est nettement plus contesté, et contestable. Sa gestion acrobatique de la pandémie de Covid-19 y est pour quelque chose. On lui a beaucoup reproché des protocoles sanitaires alambiqués, aussi changeants que compliqués à mettre en œuvre. Plus facile à dire qu’à faire, dans une époque aussi absurde ? Sans doute. Mais qu’il ait présenté le protocole de janvier la veille de la rentrée, dans une interview au « Parisien » accordée depuis Ibiza, offre le résumé spectaculaire d’une implication déconnectée de certaines réalités.

(...)

Ici, on estime que sa belle mesure de 2017, réduire de moitié le nombre d’élèves dans les classes de CP et CE1 des réseaux prioritaires, camoufle un bilan très faible en matière de combat contre la ségrégation scolaire. Là, on dénonce la complexité de sa grande réforme du baccalauréat, qui avantage les jeunes gens issus des classes sociales supérieures, tandis que sa logique pousse les professeurs de lycée à gonfler les notes pour étoffer les dossiers de leurs élèves. 

(...)

Blanquer s’est pris pour Jules Ferry, mais il est passé en force pour imposer des réformes structurelles majeures dont ni l’application ni les effets pervers n’ont été assez pensés en amont.

Grégoire Leménager

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« Le colloque de la Sorbonne adoubé par Jean-Michel Blanquer était à mille lieues des conventions universitaires »

19 Janvier 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education, #Université

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EXTRAITS

Début janvier, l’université parisienne a accueilli une conférence contre la « déconstruction », introduite par le ministre de l’éducation nationale. Dans sa chronique, Jean-Baptiste Fressoz dénonce l’ignorance scientifique et les « vociférations » de ses intervenants.

Chronique. Les 7 et 8 janvier, dans l’amphithéâtre Louis-Liard de la Sorbonne, s’est tenu un colloque intitulé « Que reconstruire après la déconstruction ? ». On retiendra sans doute qu’en pleine déferlante Omicron le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, trouva le temps d’introduire cette conférence. Entre deux tirades sur l’humanisme et l’esprit des Lumières, on apprit que « l’école de la République est l’école de la République » ou encore « que la France ayant inoculé le virus de la déconstruction, c’est à elle que reviendrait de découvrir le vaccin », raison pour laquelle « le monde entier » regarderait la France et ce colloque – ce dont on peut légitimement douter à la lecture des revues scientifiques étrangères.

Mais l’intervention ministérielle fut presque anodine en comparaison de ce qui allait suivre. Car, deux jours durant, on put entendre, à mille lieues des conventions universitaires, des propos extrêmement virulents à l’encontre de la « secte culturelle internationale d’extrême gauche », des « charlatans idéologiques », « des activistes prenant d’assaut les universités », des « nouveaux précieux », des « nouveaux pédants radicaux installés sur les terres de la déconstruction » ; des accusations contre Foucault, Bourdieu et Derrida ; contre le « marxisme », le « relativisme », le « néoféminisme » ou « l’écoféminisme ».

On apprit aussi que le « wokisme », la « cancel culture » et les « studies » – prononcés comme il se doit dans un franglais méprisant – cherchaient à « détruire la civilisation occidentale », qu’ils seraient un « appel à un ethnocide de grande ampleur », et même le « monstre conquérant d’un nouvel esprit totalitaire ».

(...)

... il aurait fallu lire des historiens des sciences – pas particulièrement woke d’ailleurs –, Charles Webster, Simon Schaffer ou Sarah Irving, plutôt que Valeurs actuelles.

Ce colloque pourrait prêter à sourire : les intervenants étaient pour la plupart des essayistes ou des retraités et non des chercheurs en activité. Mais après avoir entendu de telles vociférations, on comprend que la présence à ce colloque du ministre Jean-Michel Blanquer et du président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, Thierry Coulhon, soit sincèrement inquiétante pour les chercheurs qui prennent au sérieux leur métier.

Jean-Baptiste Fressoz(Historien, chercheur au CNRS)

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