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Vivement l'Ecole!

Jake Xerxes Fussell...

28 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Novalis...

28 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

"Il y a quelque chose de drôle, à vrai dire, dans le fait de parler et d'écrire ; une juste conversation est un pur jeu de mots. L'erreur risible et toujours étonnante, c'est que les gens s'imaginent et croient parler en fonction des choses. Mais le propre du langage, à savoir qu'il est tout uniment occupé que de soi-même, tous l'ignorent. C'est pourquoi le langage est un si merveilleux et fécond mystère : que quelqu'un parle tout simplement pour parler, c'est justement alors qu'il exprime les plus originales et les plus magnifiques vérités. Mais qu'il veuille parler de quelque chose de précis, voilà alors le langage et son jeu qui lui font dire les pires absurdités, et les plus ridicules. C'est bien aussi ce qui nourrit la haine que tant de gens sérieux ont du langage. Ils remarquent sa pétulante espièglerie ; mais ce qu'ils ne remarquent pas, c'est que le bavardage négligé est justement le côté infiniment sérieux de la langue. Si seulement on pouvait faire comprendre aux gens qu'il en va, du langage, comme des formules mathématiques : elles constituent un monde en soi, pour elles seules ; elles jouent entre elles exclusivement, n'expriment rien si ce n'est leur propre nature merveilleuse, ce qui justement fait qu'elles sont si expressives, que justement en elles se reflète le jeu étrange des rapports entre les choses. Membres de la nature, c'est par leur liberté qu'elles sont, et c'est seulement par leurs libres mouvements que s'exprime l'âme du monde, en en faisant tout ensemble une mesure délicate et le plan architecturale des choses. De même en va-t-il également du langage : seul celui qui a le sentiment profond de la langue, qui la sent dans son application, son délié, son rythme, son esprit musical; - seul celui qui l'entend dans sa nature intérieure et saisit en soi son mouvement intime et subtil pour, d'après lui, commander à sa plume ou à sa langue et les laisser aller : oui, celui-là seul est prophète. Tandis que celui qui en possède bien la science savante, mais manque par contre et de l'oreille et du sentiment requis pour écrire des vérités comme celles-ci, la langue se moquera de lui et il sera la risée des hommes tout comme Cassandre pour les Troyens.

Mais si je pense avoir, par ceci, précisé de la façon la plus claire l'essence même et la fonction de la poésie, je sais aussi que pas un homme ne le saurait comprendre et que, l'ayant voulu dire, j'ai dit quelque chose de tout à fait stupide, d'où toute poésie est exclue. Pourtant s'il a fallu que je parle ? si, pressé de parler par la parole même, j'avais en moi ce signe de l'intervention et de l'action du langage ? et si ma volonté n'avait aucunement voulu ce qu'il a fallu que je dise? Alors il se pourrait bien que ce fût là, à mon insu, de la poésie, et qu'un mystère de la langue eût été rendu intelligible... Et aussi, donc, que je fusse un écrivain de vocation, puisqu'il n'est d'écrivain qu'habité par la langue, puisque l'écrivain né n'est seulement qu'un inspiré du verbe!"

Novalis - Œuvres Complètes 

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Réforme du bac : des profs occupent un lycée pour "terminer les derniers chapitres" du programme

28 Janvier 2022 , Rédigé par France Info Publié dans #Education

https://www.lejournaltoulousain.fr/wp-content/uploads/2021/07/Le-classement-des-departements-qui-ont-les-meilleurs-resultats-du-baccalaureat-2021.jpeg

Pour protester contre le calendrier imposé par la réforme du bac, des professeurs du lycée Robert Doisneau à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, ont organisé une action symbolique. Ils sont restés toute une soirée dans l'établissement pour "réussir à finir le programme à temps".

La question des épreuves de spécialité du bac, prévues du 14 au 16 mars, génèrent beaucoup de tension au sein de l'Éducation Nationale. Les professeurs demandent leur report en mai ou juin et critiquent ce calendrier imposé par la réforme du bac. Ils le jugent inadapté, a fortiori avec le Covid-19 qui désorganise totalement les classes.

Pour en souligner l'absurdité, des professeurs du lycée Robert Doisneau à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, ont organisé une action symbolique : rester toute la soirée du 27 janvier dans l'établissement, car disent-ils : "Si nous devons finir les programmes pour mars, il nous faudrait travailler jour et nuit et même dormir sur place", avec un campement installé dans la salle des professeurs. Une opération baptisée "La nuit du dernier chapitre". Nicolas Kammoun, professeur de sciences économiques et sociales, y participe.

"Avec cette action, on veut symboliser que pour terminer les programmes en temps et en heure pour le mois de mars, on devrait dormir au lycée pour essayer de terminer nos derniers chapitres." Nicolas Kammoun, professeur de SES à france info

"On est très loin du compte"

Le retard est commun à tous les enseignements de spécialité. "Le Covid complique encore un peu plus la situation", explique Gilles Frozy, un autre enseignant du lycée Robert-Doisneau. "On n'a jamais vraiment les mêmes élèves en face, donc il est très difficile d'assurer un suivi des élèves. La semaine dernière, j'ai fait quasiment deux fois le même cours, parce que j'avais vu deux fois deux classes d'élèves différents."

"En SES, on est censé avoir fait sept chapitres pour mars et je vais boucler le quatrième, donc on est très loin du compte. Pour les raisons sanitaires que vous connaissez, mais également parce que les programmes sont très, très lourds et infaisable dans les temps impartis." Gilles Frozy, professeur de SES  à france info

"La philosophie de départ, c'était de faire ces épreuves en mars pour que les notes soient prises en compte pour Parcoursup, sans souci vraiment de la pédagogie", rajoute-t-il, amer. Une seule solution de leur point de vue : le report en juin."Ce qu'on aimerait, c'est qu'enfin, le ministre anticipe un peu les choses, s'insurge Nicolas Kammoun. Une réponse rapide du ministre, enfin, qu'elle vienne du bout du monde ou pas, peu importe, mais quelle qu'elle intervienne rapidement !" 

Une réponse dans les meilleurs délais pour pouvoir calmer les angoisses des lycéens qui, à chaque cours, demandent à leurs profs à quoi va ressembler le baccalauréat pour eux cette année. Le ministre, attendu au tournant, annoncera sa décision dans les prochains jours, peut-être même avant le week-end.

Mathilde Imberty

https://www.francetvinfo.fr/societe/education/reforme-du-bac/reforme-du-bac-des-profs-occupent-un-lycee-pour-terminer-les-derniers-chapitres-du-programme_4931483.html#xtor=CS2-765-[twitter]-

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Lycée : la part des filles en spécialité maths s’effondre avec la réforme Blanquer

28 Janvier 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

Lycée : la part des filles en spécialité maths s’effondre avec la réforme Blanquer

La proportion de filles choisissant la spécialité mathématiques en terminale aurait chuté de huit points en deux ans, redescendant au-dessous du niveau de 1994, déplorent des associations et sociétés savantes. Elles accusent la réforme du lycée initiée par Jean-Michel Blanquer.

Depuis sa mise en place en 2019, la réforme du baccalauréat n’en finit pas de susciter les mécontentements, le dernier en date portant sur la baisse du nombre de filles en spécialité mathématiques. Cette fois, ce sont les sociétés savantes et associations de mathématiques qui incriminent le bac à la sauce Blanquer.

Dans un communiqué du 25 janvier, ces organismes – l’Apmep (Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public), l’association Femmes et mathématiques, la Société mathématique de France (SMF), l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques (UPS), les Irem (Instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques) ou encore l’Association pour la recherche en didactique des mathématiques (ARDM) – dénoncent de concert « l’aggravation des inégalités filles/garçons en mathématiques au lycée, anéantissant brutalement plus de vingt-cinq ans d’efforts ».

Le mathématicien Jean-Pierre Bourguignon s’est ému, sur France Inter, le 21 janvier, du tort qu’ont provoqué ces deux années de réforme.

Les associations et sociétés savantes développent : « Alors que la part des filles en terminale S progressait régulièrement depuis 1994, la part des filles dans l’enseignement de spécialité mathématiques en terminale est redescendue au-dessous du niveau de 1994, chutant de près de 8 points après deux ans de mise en place de la réforme. Ainsi, seulement 25 % des filles en 2021 ont un enseignement de mathématiques de plus de 6 heures hebdomadaires, contre 45 % avant la réforme. »

Ils soulignent que « ce décrochage est encore plus édifiant en première générale, où près de la moitié des filles abandonnent les mathématiques en fin de seconde en 2021, alors qu’elles étaient jusqu’en 2018 environ 83 % à poursuivre un enseignement de mathématiques ».

Pour tirer ces conclusions, ces organismes s’appuient, entre autres, sur des chiffres publiés dans une note en décembre 2021 par le propre département de statistiques du ministère de l’éducation nationale, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp).

On y lit que « la sous-représentation des filles dans toutes les matières scientifiques, hors SVT, se confirme ». Selon la note, seules 40 % des filles de terminale suivent encore la spécialité mathématiques en 2021, un chiffre en baisse par rapport à 2020 (42 %). Elles sont seulement 36 % à opter pour la doublette mathématiques-physique-chimie, alors qu’elles représentent 56 % des élèves de terminale.

Depuis la mise en place effective de la réforme en 2020, les lycéens suivent un enseignement de tronc commun (d’où les mathématiques sont absentes) et doivent choisir trois spécialités en première (quatre heures hebdomadaires), puis seulement deux en terminale (six heures hebdomadaires), objets d’une épreuve finale au bac. À cette occasion, souvent, les mathématiques sont sacrifiées. Celles et ceux qui conserveront les maths comme spécialité pourront, en plus, suivre trois heures par semaine d’une option d’approfondissement baptisée « maths expertes ». Les autres pourront choisir l’option « maths complémentaires ».

© Infographie Mediapart

Les associations signataires du communiqué dénonçant cette baisse du nombre de filles dans ces options expliquent enfin que la part des filles qui suivent la spécialité maths en terminale est inférieure à la part de celles qui choisissaient la filière scientifique d’avant la réforme. 48,4 % de filles étaient en S au lycée et aujourd’hui elles ne sont plus que 38,6 %. Cette proportion est même inférieure à ce qu’elle était en 1994.

Mélanie Guenais, vice-présidente de la Société des Mathématiques de France et maîtresse de conférences en mathématiques à l’université Paris-Saclay, explique que les chiffres sont « implacables » et qu’on aura beau essayer de les tordre dans tous les sens, ils démontrent tous un abandon féminin très fort en mathématiques. Avant même la mise en œuvre de la réforme, les associations disciplinaires et sociétés savantes avaient alerté de ce risque. Sans succès. « Mais ces derniers chiffres et cette chute vertigineuse sont la goutte d’eau. On voit bien les conséquences sur les inégalités de genre et la mixité sociale dans les disciplines scientifiques. »

"In fine, les sciences et les mathématiques en particulier vont demeurer un pré carré blanc et masculin".

Mélanie Guenais, vice-présidente de la Société des mathématiques de France

La réforme renferme en elle-même la source des inégalités, disent les signataires du texte. « Le problème est lié à la restriction des choix à partir de la première. Avant la réforme, le statut assumé de la terminale S était d’être une section généraliste pour les bons élèves qui voulaient se donner du temps et des possibilités. Aujourd’hui, les sciences sont réservées à ceux qui veulent faire carrière dans ce domaine et, pour les plus motivés, avec un niveau plus élevé. C’est terriblement élitiste », analyse encore Mélanie Guenais.  

Pour elle, davantage de pression va s’exercer sur les filles et, in fine, les sciences et les mathématiques en particulier vont demeurer un « pré carré blanc et masculin ».

C’est exactement l’objet du travail de Clémence Perronnet, docteure en sociologie et maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’université catholique de l’Ouest et autrice de La bosse des maths n’existe pas, paru en 2021 aux éditions Autrement.

Elle déplore que cette réforme valorise les choix individuels. « Plus les jeunes gens ont le choix, plus il y a de compétitivité, plus les filières sont ségréguées. Cela ne veut pas dire que les appétences naturelles sont liées au fait d’être une fille ou un garçon mais, de fait, les filières sont genrées. La structure de l’école est ainsi faite. »

Elle confirme que ce résultat était prévisible et avait été pointé par les différentes associations avant même la mise en œuvre concrète de la réforme. L’autrice s’étonne que ces chiffres arrivent aussi tôt et soient si significatifs, étant donné que d’ordinaire les effets d’un changement mettent plusieurs années pour être visibles.

La chercheuse précise qu’il convient de rester prudent lorsqu’on explique les inégalités en sciences par un défaut de confiance en soi, de l’autocensure ou des stéréotypes très ancrés chez les filles, car cela contribue à rejeter la faute sur elles. Cet état de fait est plutôt imputable à différents mécanismes comme l’éducation, la socialisation des jeunes filles, qui sont moins à l’aise dans les filières élitistes, ou encore leur perception d’elles-mêmes qui fait qu’elles sont convaincues d’être moins bonnes que les garçons. 

Clémence Perronnet prend un exemple précis. « Cette dimension va être renforcée par l’existence d’une option maths experte en terminale. Elle va être délaissée par les jeunes filles car l’expertise requise, une compétence codée comme masculine, va les dissuader de postuler. C’est insensé de baptiser une option ainsi alors qu’on est censé être dans un contexte d’apprentissage. Tout ce système de valeurs va être défavorable aux filles et aux élèves de milieu populaire. »

Et, par un effet domino, le nombre de filles dans les filières scientifiques du supérieur, notamment dans les classes préparatoires, va s’amenuiser.

L’enjeu est connu de longue date. La preuve : Anne Boyé, docteure en histoire des mathématiques et présidente de l’association Femmes et mathématiques, rappelle que cette dernière existe depuis 1987. Elle essaie d’œuvrer pour inciter les élèves de collège et de lycée à s’engager dans des études scientifiques et à choisir en amont ces spécialités au moment venu. « Ce qui se passe est gravissime pour l’avenir scientifique du pays. »

"Cette réforme saborde tous nos efforts. On avait l’impression que ça prenait un peu, que le regard des filles et leurs familles sur les maths évoluait"

Anne Boyé, présidente de l’association Femmes et mathématiques

Un haut niveau d’exigence affirmé exclut de fait les filles, comme l’ont documenté la sociologie et la psychologie. Anne Boyé insiste sur le fait qu’encore aujourd’hui trop souvent les freins à la présence de femmes dans les disciplines scientifiques sont nourris par des stéréotypes ancrés dans la société.

« Lors de nos interventions, souvent à l’initiative d’enseignants ou des inspecteurs, on voit que les filles sont sensibles aux pressions familiales et sociales. Alors on fait venir des femmes qui ont fait des études “normales” et qui ont trouvé du plaisir dans une profession où avoir fait des maths les valorise. On travaille aussi sur l’orientation et on fait des ateliers pour les conscientiser et leur expliquer que les professions ne sont pas genrées. »

Les jeunes filles ont ainsi la possibilité d’être marrainées et soutenues au long de leur cursus scolaire et dans la constitution de leur dossier pour Parcoursup.

Pour Anne Boyé, féminiser les études scientifiques est crucial à tous les niveaux, car les « professions d’avenir sont liées à l’enseignement des sciences. Les filles sont ainsi privées de professions passionnantes et parfois rémunératrices. Cette réforme saborde tous nos efforts. On avait l’impression que ça prenait un peu, que le regard des filles et leurs familles sur les maths évoluait… »

De son côté, Clémence Perronet, avance que sans volonté politique ni impulsion gouvernementale forte, rien ne bougera. Notamment parce que l’école de Blanquer ne va pas dans le sens de l’égalitarisme et de l’inclusivité. Pour corriger le tir, il faudrait par exemple repenser l’enseignement des mathématiques et sciences plus largement en débloquant des moyens et en revalorisant les professions enseignantes, puisque le nombre de candidat·es au Capes de maths est en chute libre. « Mais l’intérêt économique de faire venir plus de femmes en sciences est contrebalancé par une volonté de maintenir les privilèges d’un groupe masculin. »

Contacté par Mediapart, Olivier Sidokpohou, inspecteur général de l’éducation nationale et copilote avec Mélanie Caillot du rapport tout juste publié, « Analyse des vœux et affectations dans l’enseignement supérieur des bacheliers 2021 après la réforme du lycée général et technologique », balaie les inquiétudes des sociétés savantes. Il explique que le problème principal reste que les filles, quand bien même elles suivent un cursus scientifique au lycée, ne poursuivent pas leurs études supérieures dans des filières scientifiques. Et qu’avant les élèves de terminale S n’intégraient pas ensuite forcément les écoles d’ingénieurs.

Pour le reste, Olivier Sidokpohou explique que la proportion de filles dans les formations scientifiques du supérieur – ce qui fait l’objet d’une attention particulière, assure-t-il – est restée stable. « Il n’y a pas eu l’effondrement qui pouvait être craint. »

Dans un communiqué de presse du 26 janvier, le ministère de l’éducation nationale a pour sa part réaffirmé que « l’augmentation du niveau général des élèves en mathématiques de manière durable, à tous les âges, est une priorité du ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports ». Et ce même si les chiffres le contredisent.

Faïza Zerouala

https://www.mediapart.fr/journal/france/270122/lycee-la-part-des-filles-en-specialite-maths-s-effondre-avec-la-reforme-blanquer?utm_source=20220127&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20220127&M_BT=16590131223

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"L'école est l'angle mort de la politique sanitaire en France", déplore l'infectiologue Gilles Pialoux

27 Janvier 2022 , Rédigé par L'indépendant Publié dans #Education

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"L'école est globalement l'angle mort de la politique sanitaire en France", estime Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris.

Interrogé ce jeudi matin sur LCI, Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris, a déploré que "l'école (soit) globalement l'angle mort de la politique sanitaire en France". "La circulation virale chez les élèves a été niée", a-t-il poursuivi, estimant que le dépistage avant que les enfants ne se présentent à l'école était insuffisant. Cette baisse du nombre de tests est en partie responsable, selon lui, de la hausse des contaminations au Covid-19 dans le pays. "En France, il n'y a pas de politique de dépistage à l'école et ça influe évidemment positivement sur le but qui est de ne pas fermer les écoles mais ça influe considérablement sur le désordre. C'est incompréhensible (...). Et on a le taux de vaccination le plus bas d'Europe chez les 5-11 ans : on est à 3,5% de vaccinés dans cette tranche d'âge là où l'Espagne est à plus de 55%".

"Il faut aller chercher les gens pour faire leur troisième dose"

L'infectiologue a par ailleurs lancé un appel à la population à aller recevoir sa dose de rappel vaccinal. "Avant de discuter de la quatrième dose, il faut aller chercher les gens pour faire leur troisième dose, la dose de rappel", a-t-il indiqué, regrettant que trop peu de personnes disposent d'un schéma vaccinal complet. "Ce sont ces personnes qui arrivent de plus en plus à l’hôpital".

Laurent Morales

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Coup de coeur... Primo Lévi...

27 Janvier 2022 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Primo Levi | Psychologies.com

Et brusquement ce fut le dénouement. La portière s'ouvrit avec fracas ; l'obscurité retentit d'ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions.

Puis tout se tut à nouveau. Quelqu'un traduisit les ordres : il fallait descendre avec les bagages et les déposer le long du train. En un instant, le quai fourmillait d'ombres ; mais nous avions peur de rompre le silence, et tous s'affairaient autour des bagages, se cherchaient, s'interpellaient, mais timidement, à mi-voix.

Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. À un moment donné, ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous en les prenant à part, rapidement : « Quel âge ? En bonne santé ou malade ? » et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes.

Tout baignait dans un silence d'aquarium, de scène vue en rêve. Là où nous nous attendions à quelque chose de terrible, d'apocalyptique, nous trouvions, apparemment, de simples agents de police. C'était à la fois déconcertant et désarmant. Quelqu'un osa s'inquiéter des bagages : ils lui dirent: « bagages, après » ; un autre ne voulait pas quitter sa femme : ils lui dirent « après, de nouveau ensemble » ; beaucoup de mères refusaient de se séparer de leurs enfants : ils leur dirent « bon, bon, rester avec enfants ». Sans jamais se départir de la tranquille assurance de qui ne fait qu'accomplir son travail de tous les jours ; mais comme Renzo s'attardait un peu trop à dire adieu à Francesca, sa fiancée, d'un seul coup en pleine figure ils l'envoyèrent rouler à terre : c'était leur travail de tous les jours.

En moins de dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu'il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd'hui pourtant, nous savons que ce tri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich ; nous savons que les camps de Buna-Monowitz et de Birkenau n'accueillirent respectivement que quatre-vingt-seize hommes et vingt-neuf femmes de notre convoi et que deux jours plus tard il ne restait de tous les autres - plus de cinq cents - aucun survivant. Nous savons aussi que même ce semblant de critère dans la discrimination entre ceux qui étaient reconnus aptes et ceux qui ne l'étaient pas ne fut pas toujours appliqué, et qu'un système plus expéditif fut adopté par la suite : on ouvrait les portières des wagons des deux côtés en même temps, sans avertir les nouveaux venus ni leur dire ce qu'il fallait faire. Ceux que le hasard faisait descendre du bon côté entraient dans le camp ; les autres finissaient à la chambre à gaz.

Ainsi mourut la petite Emilia, âgée de trois ans, tant était évidente aux yeux des Allemands la nécessité histori-que de mettre à mort les enfants des juifs. Emilia, fille de l'ingénieur Aldo Levi de Milan, une enfant curieuse, ambitieuse, gaie, intelligente, à laquelle ses parents, au cours du voyage dans le wagon bondé, avaient réussi à faire prendre un bain dans une bassine de zinc, avec de l'eau tiède qu'un mécanicien allemand « dégénéré » avait consenti à prélever sur la réserve de la locomotive qui nous entraînait tous vers la mort.

Ainsi disparurent en un instant, par traîtrise, nos femmes, nos parents, nos enfants. Presque personne n'eut le temps de leur dire adieu. Nous les aperçûmes un moment encore, telle une masse sombre à l'autre bout du quai, puis nous ne vîmes plus rien.

Primo Lévi - Si c’est un homme - Extrait du chapitre 1

Entrée du camp d'Auschwitz

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« Zemmour parle des musulmans comme on parlait des juifs » - Serge Klarsfeld

27 Janvier 2022 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Histoire, #Education

« Pétain a sauvé les juifs français. » « On n’a pas commis de crime. » À travers ces mots, souvent répétés, le candidat d’extrême droite Éric Zemmour entend réhabiliter le régime de Vichy et le dédouaner de sa responsabilité dans la déportation des juifs en France.

Mediapart a rencontré Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles des déportés juifs de France. Historien, avocat, il est connu pour avoir traqué avec son épouse Beate des criminels nazis comme Klaus Barbie.

À ce grand témoin, nous avons demandé ce qu’il pense du retour à travers la figure d’Éric Zemmour du révisionnisme historique autour de la déportation des juifs. « Les partisans de Vichy utilisent toujours l’histoire-fiction. Ils nous opposent ce qu’il se serait passé si Vichy n’avait pas été complice des nazis dans la solution finale. »

Serge Klarsfeld s’inquiète de voir le révisionnisme d’Éric Zemmour emplir l’espace public, des thèses au service d’un projet politique inquiétant : « Cette argumentation de Zemmour laisse présager, au cas où l’extrême droite arriverait au pouvoir, un sort funeste pour les musulmans. Il parle des musulmans comme on parlait des juifs à l’époque. » 

Cet entretien a été diffusé lundi 24 janvier 2022 dans l’émission « À l’air libre », accessible ici.

Montage : Martin Bessin

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Blanquer, les écoles et le Covid-19 : deux ans de déclarations approximatives

27 Janvier 2022 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

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EXTRAITS

Le ministre de l’éducation nationale doit faire face à une nouvelle journée de grève. Les enseignants lui reprochent un manque de considération et de cohérence. Depuis le début de la pandémie, il s’arrange avec les faits.

(...)

Lors de la deuxième vague, les contagions à l’école minimisées

Au moment de la seconde vague de l’épidémie, en novembre 2020, alors que plusieurs épidémiologistes s’inquiétaient de foyers de contamination à l’école, Jean-Michel Blanquer évoque, sur RTL, 3 528 élèves positifs sur 12 millions, « un chiffre qui est maîtrisé ».

UN CHIFFRE LOIN DU COMPTE

Au cours de la même période, Santé publique France faisait état de plus de 25 000 cas positifs chez les moins de 19 ans, comme nous l’avions relevé à l’époque. La raison de cet écart ? Un petit décalage, qui reste marginal, pour les 0-3 ans et les 18-19 ans, mais surtout une sous-déclaration des cas au niveau des rectorats, qui n’ont qu’une vision partielle de la situation. Le ministre avait alors choisi le chiffre le plus biaisé, mais le plus rassurant.

(...)

Des autocongratulations sur l’ouverture des écoles

Jean-Michel Blanquer se flatte régulièrement d’avoir permis à la France d’être le pays de l’OCDE qui a le moins fermé les écoles pendant la pandémie, comme il le répétait encore, en juillet 2021, au Figaro. Une affirmation sensiblement exagérée.

LA FRANCE BIEN PLACÉE, MAIS PAS PREMIÈRE

Les calculs de BFM-TV, basés sur les chiffres de l’Unesco, montraient que le pays champion de l’ouverture des établissements scolaires était non pas la France, mais la Suisse. Début 2022, avec treize semaines de fermeture totale ou partielle des écoles, quand le Mexique en est à près de soixante-dix, la France demeure parmi les bons élèves de l’OCDE. Mais elle reste derrière la Suisse et l’Islande (un peu plus de six semaines).

(...)

La bonne couverture vaccinale des enseignants

En novembre 2021, Jean-Michel Blanquer affirme sur BFM-TV que plus de 90 % des professeurs sont vaccinés – à la fois pour rassurer les parents, mais aussi pour éviter de rendre la vaccination obligatoire.

AUCUN CHIFFRE OFFICIEL POUR EN ATTESTER

Problème : il n’existe aucun chiffre officiel permettant de suivre l’évolution de la couverture vaccinale par profession. Comme le relève 20 Minutes, le ministre de l’éducation nationale s’appuie sur un sondage déclaratif d’août 2021 réalisé par Ipsos : 78 % des cinq cents enseignants sondés affirmaient alors posséder un schéma vaccinal complet et 9 % prévoyaient de recevoir une seconde dose. Des données « forcément imprécises en raison de la méthode utilisée », résume Le Parisien, mais qui n’ont pas empêché le ministre de se montrer affirmatif.

(...)

William Audureau

Article complet en cliquant ci-dessous

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Covid à l’école : pour les profs, l’État envoie des autotests périmés ou presque

27 Janvier 2022 , Rédigé par Le Parisien Publié dans #Education

Covid à l’école : pour les profs, l’État envoie des autotests périmés ou presque

De très nombreux établissements scolaires font état de livraisons, ces dernières semaines, de kits d’auto-dépistage périmés ou sur le point de l’être. Ils proviendraient d’un stock de 54 millions d’unités commandé au printemps 2021.

L’Éducation nationale serait-elle en train de vider ses fonds de placard pour livrer en autotests les établissements scolaires ? C’est le sentiment qui monte chez les professeurs. Ces derniers jours, de nombreux kits d’auto-dépistage du Covid-19 sont envoyés dans les écoles, les collèges et les lycées, pour permettre au personnel enseignant de se tester à la maison… sauf que très souvent, la boîte affiche une date limite de consommation très proche, rendant impossible son utilisation complète, voire carrément périmée !

« J’ai reçu deux boîtes de dix autotests le 10 janvier, j’étais presque contente, d’autant plus qu’avec Omicron, il y avait une forte demande en salle des profs, les pharmacies du coin étaient démunies car les kits étaient réservés aux élèves, raconte Anouk, principale d’un collège dans le Nord. J’ai déchanté dans la seconde en jetant un œil derrière la boîte ! Date de péremption : le 9 janvier. J’ai cru que j’allais pleurer devant mes collègues. » Une situation loin d’être unique : sur Twitter, un enseignant dit avoir reçu une boîte juste avant les vacances de Noël, mais inutilisable depuis… le 9 octobre ! Mais le plus souvent, ce sont des autotests dotés de seulement quelques jours de « vie » qui sont livrés.

« On nous jette les miettes »

Région parisienne, Angers, Clermont-Ferrand, Marseille, Nord-Pas-de-Calais, Bretagne : les témoignages affluent. Exemple au collège Bergson, dans le XIXe arrondissement de Paris, où les enseignants ont été bénéficiaires le 21 janvier d’autotests se périmant… le 23 janvier. De quoi révolter le personnel. « Ça nous a fait penser dans une moindre mesure aux infirmières obligées de porter des sacs-poubelles pour se protéger du virus il y a deux ans », lance un prof parisien.

« C’est encore une forme de mépris, on nous jette les miettes », abonde Sophie Venetitay, porte-parole du Snes-FSU, principal syndicat du second degré. Professeure d’économie dans un collège de l’Essonne, elle-même vient de recevoir des autotests qui ne seront plus valides au 30 janvier. « Deux boîtes de 25 alors qu’on est… 200 », ajoute-t-elle.

Ce matériel est-il réellement inutilisable ? La notice le dit clairement : passé la date de péremption, le test n’est plus viable. Contacté, François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, ne se prononce pas sur les autotests — qui sont à réaliser au domicile — mais s’agissant des tests antigéniques pratiqués en laboratoires, qui fonctionnent aussi sur la base d’un réactif, il est formel : « Impossible de valider un résultat si on a un réactif périmé. »

D’où vient le couac ?

Contacté, le ministère indique que ces livraisons frénétiques proviennent d’un stock de 54 millions de kits commandés au printemps 2021, dont quelques-uns avaient été distribués entre mai et juin, juste avant la fin de l’année scolaire, par l’Éducation nationale. Ils présentaient une date limite entre janvier 2022 et avril 2023, précise-t-on rue de Grenelle. Une partie de ces stocks ont été, plus récemment, affectée au ministère de la Santé pour distribution, notamment, aux pharmacies.

Reste que les enseignants vont pouvoir se consoler avec une disposition instaurée ce mercredi via une note du ministère de la Santé. Désormais, ils peuvent recevoir gratuitement deux autotests chacun jusqu’au 31 janvier s’ils le souhaitent, puis dix par mois (au moins jusqu’en mars), directement en pharmacie, avec l’accord des chefs d’établissement.

Thomas Poupeau

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