Covid-19 : record de 14.380 classes fermées, nouvel appel à la grève le 20 janvier
Le nombre de classes fermées en raison de l'épidémie de Covid-19 s'est établi vendredi à 14.380 contre 9.202 la semaine dernière, soit le plus haut niveau depuis le printemps 2020.
La circulation du virus en milieu scolaire ne faiblit pas, bien au contraire. Ce vendredi, le nombre de classes fermées en raison de l'épidémie de Covid-19 s'est établi à 14.380 contre 9202 la semaine dernière, soit le plus haut niveau depuis le printemps 2020, a annoncé le ministère de l'Éducation nationale.
Ce chiffre regroupe les classes qui sont fermées en raison de cas de Covid-19, malgré la suppression de la règle d'une fermeture de classe pour trois cas de Covid, et celles qui le sont du fait de l'absence des enseignants. Cela représente 2,73% des 527.200 classes du pays.
Avant les vacances de Noël, seules 2970 classes étaient fermées, puis ce chiffre était remonté rapidement après la rentrée sous l'effet de la vague Omicron. Par comparaison, en avril dernier, le nombre de classes fermées était passé à plus de 11.000 (11.272 classes le 2 avril) avant la fermeture des écoles pour plusieurs semaines. 226 structures scolaires sont par ailleurs fermées (0,38%), dont 194 écoles, 21 collèges et 11 lycées, précise le ministère dans son communiqué.
331.775 cas de Covid confirmés chez les élèves
Concernant les contaminations, quelque 331.775 cas de Covid ont été confirmés chez les élèves et 25.571 chez les personnels en cumul sur les sept derniers jours, a ajouté le ministère, alors que les infections se sont multipliées dans les écoles depuis la rentrée.
Exaspérés notamment par la valse des protocoles face à la situation sanitaire, les enseignants et autres personnels de l'Éducation nationale ont mené une large grève jeudi 13 janvier, à l'issue de laquelle le gouvernement leur a promis des masques FFP2 et des remplaçants.
Après ces annonces qu'il a jugées insuffisantes, le syndicat Sud Éducation a appelé ce vendredi à une nouvelle grève le 20 janvier. Ce syndicat exige des "recrutements immédiats", le report des épreuves de spécialité du bac prévues en mars et "un collectif budgétaire pour donner des moyens à l'éducation".
"Il y aura des formes de mobilisation différentes" dans les semaines à venir, a indiqué pour sa part à l'AFP Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, à l'issue d'une réunion intersyndicale. "Mais on aura dans certains endroits des perspectives d'action, avec aussi pour certains de l'intersyndicale le 27 janvier la mobilisation" interprofessionnelle "sur les salaires".
V. F, avec AFP
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Covid-19 : record de 14.380 classes fermées, nouvel appel à la grève le 20 janvier
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Lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer en 31 points
EXTRAITS
Le vendredi 14 janvier 2022, vous avez déclaré « je ne suis pas parfait, je fais des erreurs… ». La liste des erreurs est longue. Une lettre d'une professeur de Lycée Pro, qui décline la longue liste des excuses qui serait nécessaire à Blanquer, bien plus que ce que le mouvement des derniers jours lui a arraché du bout des lèvres.
La liste est longue de vos erreurs… Lettre à mon ministre en 31 points.
Emmanuelle JOHSUA (Professeur en lycée professionnel. Marseille)
Monsieur, le vendredi 14 janvier 2022, vous avez déclaré « je ne suis pas parfait, je fais des erreurs… ». En tant que triple vaccinée, et donc faisant encore partie des citoyen.nes selon votre président, mais contaminée en milieu professionnel et donc amplifiant le taux d’absentéisme selon vos critères, je note une volonté communicationnelle de contrition. Je profite donc de ces quelques heures de bon sens pour vous dresser la liste de vos erreurs.
Pour avoir sous-estimé l’épuisement des personnels avant même l’épidémie, lors du suicide de notre collègue directrice d’école Christine RENON, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir accusé les grévistes qui alertaient sur nos conditions de travail, « d’instrumentaliser» le suicide professionnel de notre collègue Christine RENON, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir fait une réforme du bac, qui a mis nos élèves dans une situation de stress continu, je vous demande de vous excuser.
Pour, de ce fait, avoir plongé les enseignant.es dans un état de stress permanent et dans une surcharge de travail sans précédent, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir créé cette folie de « Parcoursup », dont toutes celles et ceux qui l’ont pratiqué savent que c’est un outil de consolidation des injustices sociales et scolaires, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir fait une réforme de l’enseignement professionnel catastrophique, réduisant les heures de Français et Histoire/ Géographie à 2.5 heures en Terminale, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir soutenu une réforme des retraites qui réduisait nos pensions et envisageait de nous faire travailler au-delà de 65 ans, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir soutenu une politique de répression violente contre les lycéens qui défendaient leur bac, je vous demande de vous excuser.
Pour vous être rangé du côté des policiers qui ont laissé des enfants de Mantes-la-Jolie à genoux et mains dans le dos quatre heures durant, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir organisé des réformes, sans jamais vous soucier du terrain, je vous demande de vous excuser.
Pour avoir rendu depuis deux ans de l’argent à Bercy, alors que l’Ecole de la République est exsangue, je vous demande de vous excuser.
(...)
Aujourd’hui, on vous reproche dans les médias « le ton et la méthode », mais la liste est trop longue des faits concrets que les personnels vous reprochent. Les excuses, comme les applaudissements des soignant.es, ne permettent ni de payer les factures, ni de remettre sur pieds un vrai service public d’éducation. Mais je doute que vous ayez été nommé pour cela. Et puisqu’il est de bon ton d’utiliser des gros mots, je pense qu’il est temps « d’arrêter de nous emmerder ».
Cordialement.
Emmanuelle JOHSUA (Professeur en lycée professionnel. Marseille)
Intégralité du texte en cliquant ci-dessous
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Lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer en 31 points
Le vendredi 14 janvier 2022, vous avez déclaré " je ne suis pas parfait, je fais des erreurs... ". La liste des erreurs est longue. Une lettre d'une professeur de Lycée Pro, qui décline la long...
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Les «anti-woke» et le virus de la bêtise
Comme Jean-Michel Blanquer, ils sont nombreux à voir dans Foucault, Deleuze et Derrida l’origine de la «cancel culture» qu’ils déplorent. Les détracteurs de la French theory ont-ils seulement lu les auteurs qu’ils critiquent?
Voilà maintenant un moment qu’on nous rabâche les oreilles avec les méfaits de la pensée «woke» et de la «cancel culture». Au point d’y consacrer en Sorbonne un colloque, où le ministre de l’éducation nationale n’hésita pas à utiliser une métaphore douteuse : «D’une certaine façon, c’est nous qui avons inoculé le virus avec ce qu’on appelle parfois la French theory. Maintenant, nous devons, après avoir fourni le virus, fournir le vaccin.» On la dit vouloir effacer toute une histoire, s’en prendre aux piliers de l’identité française et européenne, répandre la haine là où régnait l’harmonie, mettre de l’huile (racialiste et genriste) sur la flamme républicaine. On s’en prend volontiers à l’Amérique, à ses campus et ses idéologues. Et il n’est pas difficile de montrer que de ce côté-là souffle aussi parfois un vent de bêtise, voire des positions intransigeantes aux allures de révolution culturelle (on brûle des livres, en interdit d’autres, renverse des statues).
Ce qui est intéressant dans l’anti-wokisme, surtout celui qui émane de la bouche de nos intellectuels, c’est que notre complexe de supériorité morale et intellectuelle, notre mépris et notre ignorance de la réalité américaine sont tels qu’on pense les Américains incapables de concevoir les outils de leur propre lutte. Ils sont tombés dans le ruisseau, c’est la faute à Foucault ; le nez dans la beuse, c’est la faute à Deleuze.
Une vieille et bien bête critique
On prétend donc que les vrais coupables se situent de ce côté-ci de l’Atlantique, et notamment en France. Les noms de Foucault, Derrida et Deleuze sont systématiquement invoqués. Ayant passé les trente dernières années de ma vie à lire ces très grands (j’insiste) penseurs et lecteurs, je peux avec confiance dire que leurs détracteurs ne s’en sont pas donné la peine. C’est une preuve de paresse intellectuelle, voire de malhonnêteté.
Malhonnêteté morale qui consiste à faire porter le chapeau à ceux qui ne sont plus parmi nous pour se défendre, à faire d’un pan entier de la pensée française un bouc émissaire. Malhonnêteté intellectuelle qui consiste à réduire des pensées complexes, nuancées et entre elles bien différentes à des slogans vides. Malhonnêteté intellectuelle que de prétendre que ces penseurs prônent le «relativisme», soit que «tout se vaut». C’est une vieille et bien bête critique. En réalité, chacun de ces philosophes met au point une nouvelle méthode et de nouveaux outils conceptuels, qui révèlent de nouveaux objets ou portent sur d’autres un regard différent.
Ainsi l’empirisme transcendental de Deleuze permet de penser la phénoménalité du monde sur fond de réalité virtuelle, dont elle serait comme la solution ou cristallisation, mais que jamais elle n’épuiserait. Cela donne des pages époustouflantes sur la littérature, la peinture, le cinéma, mais aussi la physique, la biologie, les mathématiques et, bien entendu, l’histoire de la philosophie. On ne peut dire à l’avance les forces et virtualités qui nous habitent et les puissances de transformation qui hantent le monde. Vivre, vivre pleinement, c’est s’y engager, les saisir, en faire quelque chose.
Ainsi l’archéologie et la généalogie de Foucault visent à nous rendre étrangers à nous-mêmes, et par conséquent à considérer comme des constructions aux conditions historiques bien précises, des comportements, des institutions, des hiérarchies, des systèmes d’inclusion et d’exclusion que nous estimions jusque-là parfaitement naturels et nécessaires, inamovibles.
Ainsi la fameuse déconstruction de Derrida démontre à son tour l’instabilité de nos schèmes métaphysiques, des distinctions, divisions et hiérarchies qui les constituent et les défont en même temps.
La critique de ce que nous sommes
Toujours il s’agit de se demander : comment faire la différence – entre la servitude et la liberté, le pouvoir et la multitude, l’éthique et la politique, la pensée et la bêtise, la raison et la folie, la parole et l’écriture, la joie et la tristesse ? Toujours il s’agit de se demander : peut-on vivre autrement, c’est-à-dire plus librement, d’une façon plus lucide, moins bête, plus humaine ? Toujours il s’agit de comprendre les nouveaux visages du pouvoir. Toujours il s’agit de combattre les nouvelles formes d’assujettissement, irréductibles à la seule coercition, sans se voiler derrière l’illusion que «nous vivons après tout en démocratie», «allez voir comment ça se passe en Chine ou au Kazakhstan». Comme s’il y avait d’un côté le camp de l’humanisme, du droit, de la liberté, de la démocratie, de l’universel ; et de l’autre le camp de tout ce qui s’y oppose. Comme si les choses n’étaient pas plus compliquées que cela, et que l’on n’avait plus le droit de revendiquer la complexité, la critique de ce que nous sommes, au nom de ce que nous pouvons être.
Foucault disait : on ne gagne rien à s’emparer de notions générales, qu’on peut mettre à toutes les sauces. Prenons l’humanisme : une fois qu’on l’a clamé sur les toits, on est bien avancé. Le libéralisme se réclame de l’humanisme. Mais le communisme s’en réclamait aussi (et peut-être encore). Le fascisme aussi. Prenons le débat actuel, qui bat son plein en cette période électorale. Déclin ou Progrès ? Fin de la Civilisation ou Tournant ? Grand Remplacement ou Grand Redressement ? Degringolada ou Remontada ? Haine ou Amour de soi (et de la France) ? Autant de pièges à cons, de fausses alternatives, de pôles si généraux qu’ils sont vides de tout sens. C’est cela qui est triste à pleurer, et non le souffle, la vie, le chavirement qui traversent les pensées de Deleuze, Derrida et Foucault. La philosophie se méfie des schémas simples et des notions générales. Seul l’intéresse le sur-mesure.
La bêtise de l’apothicaire
Ouvrez Proust et les signes ou Différence et répétition de Deleuze et vous verrez ce qu’il y est dit des capacités inouïes et encore insoupçonnées de notre faculté de connaissance et de raisonnement à épouser notre imagination, nos sensations, notre mémoire, à produire du sens, des valeurs, des savoirs, le tout dans une folle gaîté.
Lisez L’autre cap de Derrida, et vous y verrez un plaidoyer pour une Europe de la rationalité, des Lumières, de l’héritage judéo-chrétien, et en même temps de l’ouverture à la différence, de l’accueil, de l’hospitalité. Vous y verrez une raison qui s’interroge elle-même, se déconstruit, mais toujours dans le but de plus d’humanité.
Foucault, lui, répétait qu’il ne souhaitait pas prouver que les sciences humaines étaient, dans leur conception de l’Homme, dans l’erreur, mais qu’elles étaient inévitablement amenées, au nom de la Science et de l’Homme, à faire de certains hommes et de certaines femmes – et, oui, de ceux qui ne tombent ni dans un camp ni dans l’autre – des «vies infâmes» (des anormaux, des monstres, des moins qu’hommes). Ne faut-il pas se réjouir des outils qu’il nous fournit afin de rendre ces groupes plus visibles et plus humains, afin d’engager des luttes pour leurs droits et leur dignité ?
On est loin du «tout se vaut».
La philosophie sert à une chose, disait Nietzsche : nuire à la bêtise. A quoi reconnaît-on la bêtise ? A l’incapacité de distinguer les problèmes et les poser correctement. La bêtise pose les mauvaises questions et entraîne donc les solutions qu’elle mérite. La bêtise de Charles Bovary, comme celle de sa femme, sont inoffensives. Mais la vraie bêtise, dangereuse, c’est celle de Homais l’apothicaire. C’est la bêtise savante et conquérante, mue par la peur et le ressentiment, qui a soif de pouvoir et s’y accroche. Homais défendait les Lumières et attaquait l’Eglise, mais comme un imbécile. Le woke et la cancel culture sont le nouveau clergé à abattre. Vive l’Universel, la Raison, l’Homme, la France ! On se croirait aux comices agricoles ou dans la grande campagne parallèle de l’Homme sans qualité.
Miguel de Beistegui, ICREA Research Professor, The University of Pompeu Fabra, Barcelona
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Les "anti-woke" et le virus de la bêtise
Comme Jean-Michel Blanquer, ils sont nombreux à voir dans Foucault, Deleuze et Derrida l'origine de la "cancel culture" qu'ils déplorent. Les détracteurs de la French theory ont-ils seulement lu...
Coup de coeur... David Foenkinos...
Ils aimaient l’idée de s’appeler John et Jeanne. Ils se racontèrent pendant des heures ; toutes les pages du passé. Aux premiers temps de l’amour, l’être aimé est un roman russe. C’est fleuve, dense, fou. Ils se découvrirent une multitude de points communs. La littérature, par exemple. Ils aimaient tous deux Nabokov et se promirent d’aller un jour chasser le papillon pour l’imiter. À cette époque, Margaret Thatcher réprimait avec brutalité les revendications et les espoirs des mineurs en grève ; tous deux s’en foutaient complètement. Le bonheur ne s’embarrasse pas de la condition ouvrière ; le bonheur est toujours un peu bourgeois.
John étudiait aux Beaux-Arts, mais sa véritable passion était d’inventer. Sa dernière trouvaille : la cravate-parapluie. Un objet forcément destiné à devenir indispensable à tout Anglais. Si l’idée était brillante, elle se fracassa néanmoins contre un mur de désintérêt général. On était plutôt en pleine mode du stylo-réveil. Jeanne lui répétait que tous les grands génies avaient d’abord été rejetés. Il fallait laisser au monde le temps de s’adapter à son talent, ajoutait-elle, amoureuse et grandiloquente. De son côté, elle s’était réfugiée à Londres pour fuir des parents n’ayant jamais compris le mode d’emploi de la tendresse ; elle parlait déjà parfaitement l’anglais. Son rêve était de devenir journaliste politique. Elle voulait interviewer des chefs d’État, sans trop savoir d’où lui venait cette obsession. Huit ans plus tard, elle poserait à François Mitterrand une question lors d’une conférence de presse à Paris. Cela constituerait à ses yeux l’esquisse de la consécration. Dans un premier temps, elle quitta son emploi de nounou pour se retrouver serveuse dans un restaurant qui proposait un excellent chili. Elle remarqua assez vite qu’il lui suffisait de parler avec un fort accent français pour récolter davantage de pourboires. Jour après jour, elle progressait dans l’art de truffer d’approximations son anglais. Elle aimait quand John l’observait depuis la rue, attendant la fin de son service. Quand elle sortait enfin, ils marchaient dans la nuit. Elle racontait le comportement grossier de certains clients ; il évoquait avec enthousiasme sa nouvelle idée. Il y avait là comme une union harmonieuse du rêve et de la réalité.
David Foenkinos - Numéro deux
Etudiants : génération sacrifiée ?
Pauvreté, perte d’emploi, santé mentale fragile, isolement : les étudiants français sont en souffrance. Des files d’attentes pour les distributions alimentaires à l’explosion des troubles anxieux et dépressifs, la pandémie a révélé la précarité extrême de cette partie de la jeunesse.
« On ne pourra pas rester durablement dans un système qui n’a quasiment aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants… » a déclaré le président de la République ce jeudi 13 janvier, devant les présidents d’université.
Ainsi, la question de l’enseignement supérieur fait son entrée dans la campagne… Et si la question du modèle est ici posée par le presque-candidat Emmanuel Macron, que dire du prix payé par les élèves des universités durant cette pandémie de Covid ?
C’est peu dire que la note est amère : Les étudiants français sont en souffrance. Pauvreté, perte d’emploi, santé mentale fragile, isolement… Des files d’attentes pour les distributions alimentaires à l’explosion des troubles anxieux et dépressifs, de l’augmentation des pensées suicidaires au passage à l’acte, la pandémie a révélé la précarité extrême d’une partie de la jeunesse.
A l’orée de cette troisième année sous Covid, comment analyser la situation d’extrême dénuement d’une partie des étudiants français ? Et en quoi cette réalité estudiantine illustre-t-elle aussi les bouleversements que traversent les universités et le corps académique, à l’heure où l’organisation, en ce moment même, des partiels sanctionnant le premier semestre de l’année scolaire est perturbée par la diffusion du variant Omicron ?
A lire :
Troubles anxieux, dépressions… Les étudiants particulièrement affectés par la crise sanitaire, enquête du Monde
Les études de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) sur la précarité des étudiants depuis le début de la crise sanitaire.
OVE Infos n°43 : être étudiant en 2020, entre incertitudes et fragilités
OVE Infos n°45 ; une année seuls ensemble. Enquête sur les effets de la crise sanitaire sur l'année universitaire 2020-2021
«On voyait des potes aller à la Banque alimentaire» : entre étudiants la solidarités’organise, article du Parisien sur l'association Co'p1
Pour aller plus loin :
Le site de l'association d'entraide étudiante Co'p1
Le site du média La Zep qui a publié des récits d'étudiants sur leur réalité quotidienne
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Etudiants : génération sacrifiée ?
Pauvreté, perte d'emploi, santé mentale fragile, isolement : les étudiants français sont en souffrance. Des files d'attentes pour les distributions alimentaires à l'explosion des troubles anxi...
https://www.franceculture.fr/emissions/sous-les-radars/les-etudiants-face-a-la-precarite
Le Maroc, quelque part sur la terre...
Le Maroc, quelque part sur la terre...
Je parle peu d'écologie, d'environnement, de sauvegarde de la planète qui souffre tant des maux que l'humain lui impose. J'ai évidemment tort mais ce silence ne signifie pas que les malheurs de notre Terre m'indiffèrent. Loin de là.
Je vous parlerai donc des paysages qui m'ont fait devenir ce que je suis. Je crois en effet, j'en suis persuadé même, qu'ils nous modèlent, que les détruire c'est massacrer les humains invités au festin des couleurs, des parfums, des bruits et des silences.
La chance de ma vie sera d'avoir vécu les années de mon enfance – 1958/1975 - et de mon adolescence dans un pays baigné par la lumière, bercé par le frisson du vent venu de la mer ou parfois du sud, du désert brûlant, emportant avec lui quelques milliards de grains de sable repeignant en ocre les murs blanchis à la chaux, accueillant des rivières de bougainvilliers en fleurs ou la nonchalance d'un chat à demi ensommeillé de chaleur.
Les couleurs de ce pays sont ceux de mes souvenirs. Celles et ceux qui me lisent ici et ailleurs savent mon attachement, mon amour infini pour la douceur et la violence de son climat, pour la beauté des courbes de ses plages caressant l'Atlantique et la Méditerranée, pour ses contrastes entre villes surpeuplées accueillant riches et pauvres et campagnes faites de terres avares à rendre ce qu'on leur donne et celles, plus généreuses, offrant à nos palais le goût des clémentines, oranges, citrons, olives après avoir enchanté nos narines des parfums mêlés de leurs fleurs au printemps.
Mon pays, celui de mes souvenirs comme celui présent, mérite à lui-seul que nous autres, frères humains, nous battions pour lui. Et bien évidemment, pour tous les autres.
Je ne supporterai pas que disparaissent par notre faute, nos égarements, notre appât du gain, nos inconsciences partagées car je suis aussi coupable que tant d'autres, les dunes, ces océans immobiles fracassant les rochers du Hoggar. Remplacées peut-être un jour par des villes géantes aux tours illuminées construites par des femmes et hommes venus tout exprès survivre pour des salaires de misère mais nourrissant les rêves fous de quelques nababs en mal d'une reconnaissance frelatée.
Je ne supporterai pas que meurent les champs d'amandiers illuminant le Rif, la source bleue de Meski dans la vallée du Ziz, les neiges du Toubkal entre Marrakech et Taroudant, les grandes forêts de chênes-liège et celles d'eucalyptus dont je cueillais les feuilles en les faisant siffler serrées entre mes mains ; que disparaissent à jamais les poissons amassés sur les quais des ports avides des odeurs fortes envahissant l'azur, les hérissons du désert, les caracals, les flamants rose affamés de crevettes, les scinques et les mangoustes ichneumon, les vipères de l'erg, les grands-ducs ascalaphe, les oryx algazelle et ce caméléon qui venait au jardin jouer au magicien par ses couleurs changeantes.
Et puis mon Atlantique, polluée tant et plus, dont j'entends les rouleaux écrasant de sa force les rives ensablées où mes courses anciennes m'amenaient à plonger et puis à revenir vers la maison-jardin envahie de mille fleurs aux mille noms oubliés.
Voilà ce que je suis. Paysages, animaux, fleurs et parfums. Massacrer tout cela, c'est me tuer et nous tuer !
Je n'ai pas dit le nom du pays dont je parle : le Maroc, quelque part sur la terre...
Christophe Chartreux
Coup de coeur... Molière...
MAGDELON.
Mon père, voilà ma cousine qui vous dira, aussi bien que moi, que le mariage ne doit jamais arriver qu'après les autres aventures. Il faut qu'un amant, pour être agréable, sache débiter les beaux sentiments, pousser le doux, le tendre et le passionné, et que sa recherche soit dans les formes. Premièrement, il doit voir au temple, ou à la promenade, ou dans quelque cérémonie publique, la personne dont il devient amoureux ; ou bien être conduit fatalement chez elle par un parent ou un ami, et sortir de là tout rêveur et mélancolique. Il cache un temps sa passion à l'objet aimé, et cependant lui rend plusieurs visites, où l'on ne manque jamais de mettre sur le tapis une question galante qui exerce les esprits de l'assemblée. Le jour de la déclaration arrive, qui se doit faire ordinairement dans une allée de quelque jardin, tandis que la compagnie s'est un peu éloignée ; et cette déclaration est suivie d'un prompt courroux, qui paraît à notre rougeur, et qui, pour un temps, bannit l'amant de notre présence. Ensuite il trouve moyen de nous apaiser, de nous accoutumer insensiblement au discours de sa passion, et de tirer de nous cet aveu qui fait tant de peine. Après cela viennent les aventures, les rivaux qui se jettent à la traverse d'une inclination établie, les persécutions des pères, les jalousies conçues sur de fausses apparences, les plaintes, les désespoirs, les enlèvements, et ce qui s'ensuit. Voilà comme les choses se traitent dans les belles manières et ce sont des règles dont, en bonne galanterie, on ne saurait se dispenser.
Molière - Les Précieuses Ridicules
Emmanuel Macron veut remettre en cause la quasi-gratuité des études universitaires
Devant les présidents d’universités, le Président a esquissé les grandes lignes de ce que serait un deuxième quinquennat pour l’enseignement supérieur et la recherche : l’émergence d’établissements à l’américaine, et donc payants.
Vers toujours plus de libéralisme dans les universités. S’il est réélu, Emmanuel Macron s’attaquera à la sacro-sainte quasi-gratuité des études supérieures en France. C’est ce qu’il a annoncé lors de son discours de clôture du 50e anniversaire du congrès de la Conférence des présidents d’universités, jeudi soir.
«On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants», a lancé le chef de l’Etat. Avant de décrire, dans un enchaînement logique qui nous échappe, un monde de l’université «où un tiers des étudiants sont boursiers et où, pourtant, nous avons tant de précarité étudiante et une difficulté à financer un modèle qui est beaucoup plus financé sur l’argent public que partout dans le monde pour répondre à la compétition internationale». Faire payer les étudiants pour lutter contre la précarité des étudiants, en somme.
La tendance était déjà là, même si les choses n’avaient peut-être jamais été dites aussi directement. Depuis cinq ans, c’est la réforme en profondeur du système universitaire français qui est en cours. Vers une «modernisation» libérale. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, a déjà réussi à autoriser les universités à faire payer des frais d’inscriptions aux étudiants étrangers, à commencer à détricoter le statut des enseignants-chercheurs et à institutionnaliser la sélection à l’entrée en licence et en master. Si Emmanuel Macron est réélu, son prochain quinquennat sera à l’avenant, si l’on en croit le discours du candidat-président.
Avant cette sortie, Emmanuel Macron s’était d’abord lancé dans un satisfecit étonnant sur la gestion de la crise sanitaire dans les universités – on rappelle que le gouvernement a attendu de voir nombre d’étudiants aux soupes populaires pour agir. Mais le président de la République s’est félicité de toute son action dans le secteur depuis cinq ans. Cocasserie notable, l’une des preuves de cette réussite serait le «bond de géant» qu’aurait réalisé l’Université Paris-Saclay, «qui s’est directement hissée à la treizième place cette année» dans le classement de Shanghai des universités. Un «bond de géant» d’une place, puisque cette université était classée quatorzième l’an passé.
Fort de ce bilan, Emmanuel Macron veut «redoubler d’efforts pour qu’à l’horizon de dix ans, notre université soit plus forte, qu’elle attire à elle les meilleurs étudiants et talents internationaux». Pour ce faire, le candidat s’est engagé à débloquer plus de moyens, sans détailler combien, mais il a surtout affirmé que les efforts financiers «ne se suffis[ai]ent pas à eux-mêmes».
Autre chantier : l’accès à l’emploi. «L’université doit d’abord préparer nos jeunes à exercer leur futur métier. […] En somme, elle doit devenir plus efficacement professionnalisante», a-t-il affirmé. Une volonté qui devrait déboucher vers l’ouverture de places en filières courtes, alors même que ce sont les diplômes les plus élevés qui protègent le plus du chômage. Globalement, c’est bien la professionnalisation, le lien avec le monde de l’entreprise et l’innovation qui sont mis en avant. Une vision «utilitariste» de l’université dénoncent certains. Le président, qui appelait les scientifiques internationaux à venir en France pour «make our planet great again», semble bien loin.
Big bang institutionnel
C’est le serpent de mer depuis quinze ans, et la «loi relative aux libertés et responsabilités des universités» portée par Valérie Pécresse en 2007 : Emmanuel Macron a appelé à, encore, revoir la gouvernance des universités. «Oui, nous devons aller vers plus d’autonomie en termes d’organisation, de financement, de ressources humaines», a-t-il lancé. L’objectif est évidemment de viser «plus d’excellence pour les universités». Des réformes en cascade qui ont toutes contribué à diminuer la démocratie et la collégialité dans la gouvernance des établissements et le suivi des carrières.
Mais le candidat Macron n’a rien dit de la précarité, l’autre face de toute politique d’excellence. Pourtant, lors des débats sur la «loi de programmation de la recherche» votée en 2020, l’essentiel du mouvement de contestation avait été porté par les personnels des universités qui travaillent sous statut précaire. Emmanuel Macron est resté sourd à leurs demandes. Il s’agit là d’une réelle continuité avec la politique menée depuis cinq ans par Frédérique Vidal : des réformes menées à marche forcée, sans concertations ni prise en compte des expressions collectives émanant des instances de la communauté universitaire.
Olivier Monod
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Emmanuel Macron veut remettre en cause la quasi-gratuité des études universitaires
Devant les présidents d'universités, le Président a esquissé les grandes lignes de ce que serait un deuxième quinquennat pour l'enseignement supérieur et la recherche : l'émergence d'établi...