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Vivement l'Ecole!

Nick Cave & Warren Ellis ...

16 Décembre 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Fiodor Dostoïevski

16 Décembre 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Je sais parfaitement, dit le prince, que les crimes étaient autrefois tout aussi nombreux et tout aussi effroyables. J’ai visité des prisons, il n’y a pas longtemps, et j’ai eu l’occasion de faire la connaissance de quelques condamnés et inculpés. Il y a même des criminels plus monstrueux que ceux dont nous avons parlé. Il y en a qui, ayant tué une dizaine de personnes, ne ressentent pas l’ombre d’un remords. Mais voici ce que j’ai observé : le scélérat le plus endurci et le plus dénué de remords se sent cependant criminel, c’est-à-dire que, dans sa conscience, il se rend compte qu’il a mal agi, bien qu’il n’éprouve aucun repentir. Et c’était le cas de tous ces prisonniers. Mais les criminels dont parle Eugène Pavlovitch ne veulent même plus se considérer comme tels ; dans leur for intérieur, ils estiment qu’ils ont eu le droit pour eux et qu’ils ont bien agi ou peu s’en faut. Il y a là, à mon sens, une terrible différence. Et remarquez que ce sont tous des jeunes gens, c’est-à-dire que leur âge est celui où l’homme est le plus désarmé contre l’influence des idées démoralisantes.

Fiodor Dostoïevski - L'Idiot

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E Macron lie la revalorisation à des contreparties

16 Décembre 2021 , Rédigé par Le Cafe Pedagogique Publié dans #Education

Un nouveau prof sur quatre n'a pas de titre pédagogique - BX1

EXTRAITS

L'Ecole a été évoquée dans le long entretien donné par E Macron à TF1 le 15 décembre. Pour le président de la République les réformes scolaires ont été une "révolution". Il souhaite poursuivre la revalorisation mais en échange de contreparties sur le métier enseignant. Rien qui pourrait remobiliser à voter pour lui.

(...)

E Macron est entré dans le détail des mesures scolaires. "On a rendu l'obligation scolaire à 3 ans. Il y avait 10 à 15% des enfants qui n'allaient pas à l'école du tout, les plus modestes. Maintenant ils y vont", a dit E Macron. En réalité le taux de scolarisation à 3 ans est passé de 97.2% en 2019 à 96.7% en 2020 et 97.3% en 2021, selon la Depp. Le seul effet de la scolarisation obligatoire à 3 ans a été la prise en charge par les communes, avec une indemnisation de l'Etat, des maternelles du privé sous contrat. Le coût de cette mesure est estimé à 100 millions.

(...)

"Partout où il y a de la pauvreté on a dédoublé les CP et CE1 et on commence à en voir les résultats" (...) Une étude récente de la Depp montre que si les élèves des classes dédoublées font de véritables progrès en CP et en CE1, ceux ci ne se détachent pas vraiment entre classes dédoublées et classes à composition sociale identique mais hors éducation prioritaire et non dédoublées. En fait l'effet dédoublement est quasi nul. D'autre part, l'écart entre les écoles de l'éducation prioritaire et les écoles hors éducation prioritaire ne s'est pas réduit, ce qui montre aussi l'échec de cette politique.

(...)

Il y a des débuts de revalorisation qui ont été faits. Mais il faut lui permettre (au métier d'enseignant) de s'organiser autrement, d'innover et de mieux accompagner les jeunes". On retrouve dans ces quelques mots à la fois le projet des écoles marseillaises et les déclarations de 2019 sur les contreparties à la revalorisation. Alors que la revalorisation piétine et reste très faible (245 millions pour la moitié des enseignants) il est frappant de voir qu'E. Macron porte les mêmes projets sur l'Ecole. Enfin la dépense d'éducation a baissé en 2020 et reste inférieure à celle des grands pays développés  à l'exception du Japon.

(....)

F Jarraud

Billet complet et bien d'autres à lire en cliquant ci-dessous

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« Les adolescents utilisent d’abord les écrans pour décompresser »

16 Décembre 2021 , Rédigé par La Croix Publié dans #Education

Premier portable de l'enfant : les règles à respecter et les erreurs à  éviter - Madame Figaro

Entretien

Les pratiques numériques des jeunes varient selon l’âge, le sexe, le type d’écrans et l’environnement socioculturel, explique Barbara Fontar, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’université Rennes 2.

La CroixQuelles sont les pratiques numériques des adolescents ?

Barbara Fontar : Ces pratiques varient selon les moments de la vie et les situations sociales. Le premier usage, celui qui inquiète tant les adultes, c’est le divertissement. Les écrans sont un extraordinaire support à la décompression face à une pression scolaire de plus en plus forte. Les adolescents décompressent et se divertissent avec différents types de contenus et différents écrans : des vidéos sur le smartphone, des jeux vidéo sur l’ordinateur, des séries sur les plateformes et à la télévision ou encore des émissions de téléréalité.

Le deuxième usage, c’est la sociabilité à travers les réseaux sociaux. Ils retrouvent les amis du collège ou du lycée, essentiellement, avec lesquels ils prolongent le lien après les cours via Instagram, Snapchat, TikTok ou WhatsApp. Ce que les parents faisaient aussi, à moindre dose, par téléphone, lorsqu’ils étaient adolescents.

Enfin, la troisième pratique numérique, c’est l’information et la documentation, pour les devoirs, bien sûr, mais aussi pour s’informer ou développer une passion.

Y a-t-il des différences entre filles et garçons ?

B. F. : Globalement, on peut dire que filles et garçons ont les mêmes pratiques culturelles autour des écrans. Mais si on regarde de plus près, on observe que ces usages sont encore très genrés comme d’ailleurs beaucoup de pratiques de loisirs.

C’est particulièrement notable dans le jeu vidéo, où filles et garçons ont tendance à se conformer aux stratégies éditoriales des éditeurs et à jouer à des jeux qui leur sont destinés. Les collégiennes, par exemple, plébiscitent plutôt des jeux de mouvement de danse, comme Just Dance, et les garçons du même âge des jeux de combat, comme Fortnite. Lorsque les filles jouent à des jeux dits de garçon, elles prennent le risque d’être stigmatisées par ces derniers qui les jugeront incompétentes. Elles-mêmes se dévalorisent et leur laissent l’expertise.

À partir de quel âge ont-ils un écran individuel ?

B. F. : Cela dépend beaucoup des familles mais on sait que l’arrivée au collège justifie désormais le smartphone individuel. Les parents veulent pouvoir appeler leur préado qui devient plus autonome. Mais cela ne signifie pas qu’ils vont le lui laisser vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Au contraire. Beaucoup de familles mettent en place de véritables stratégies de contrôle parental, avec une réflexion sur la place de l’ordinateur dans la maison et l’autorisation ou pas du téléphone dans la chambre. Néanmoins, le manque de compétences numériques peut limiter la portée de ces stratégies.

Quant au temps passé devant l’écran, cela dépend de l’âge. À 17 ans, on n’a pas les mêmes pratiques qu’à 12 ans et comptabiliser le nombre d’heures pour tous les adolescents n’a pas beaucoup de sens. La consommation augmente avec l’âge. Et dépend aussi de l’environnement socioculturel. Plus le milieu est populaire et plus on utilise les écrans comme seule voie d’accès au divertissement, à l’information et à la culture. Ce qui n’est pas le cas dans les milieux favorisés.

 

  • Recueilli par Paula Pinto Gomes
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A lire... Lettres européennes - Histoire de la littérature européenne

16 Décembre 2021 , Rédigé par CNRS Publié dans #Littérature, #Histoire

 
Nous connaissons tous le cyclope de L’Odyssée, mais combien d’entre nous savent que ses traits rappellent ceux de Tepegöz dans Oghuz, une épopée turque ? Ou que Shakespeare a repris l’intrigue de Hamlet dans une chronique de Saxo Grammaticus, historien danois du XXIIe siècle ? Ou encore que Mélisande, l’héroïne de Maurice Maeterlinck, par sa longue chevelure évoque la Raiponce du conte des frères Grimm ? Ce sont ces filiations, ces entrelacements que mettent en évidence les Lettres européennes.
« L’Europe n’a pas réussi à penser sa littérature comme une unité historique et je ne cesserai de répéter que c’est là son irréparable échec intellectuel », écrit, en 2005, le romancier tchèque Milan Kundera. Irréparable ? C’est le défi que cet ouvrage veut relever : retracer l’histoire de la littérature du continent Europe, de l’Antiquité à nos jours. Période après période, chaque chapitre effectue un tour d’Europe, donnant un aperçu des évolutions littéraires les plus importantes de l’époque, suivi de l’étude d’un genre littéraire caractéristique, puis d’une présentation de quelques-uns des auteurs phares d’alors, dont le rayonnement éclaire encore notre littérature. Cette troisième édition est enrichie d’un chapitre consacré à l’écriture du XXIe siècle, composé de courts portraits d’écrivains d’aujourd’hui.
Une grande traversée de la littérature européenne, de Homère à Zadie Smith, en passant par Dante, Goethe, Baudelaire, Dostoïevski, Virginia Woolf, Cavafy, Auður Ava Ólafsdóttir et Olga Tokarczuk.
Cet ouvrage, fruit de la collaboration de plus de 200 universitaires, critiques littéraires et écrivains de toute l’Europe, est dirigé par Annick Benoit-Dusausoy, professeure agrégée en classes préparatoires au Lycée Saint-Louis à Paris, Guy Fontaine, créateur de la résidence d’écrivains européens villa Marguerite Yourcenar, Jan Je˛drzejewski, professeur de littérature anglaise et comparée à l’Université d’Ulster et Timour Muhidine, maître de conférences en langue et littérature turques à l’INALCO.
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De Maurice Bardèche à Eric Zemmour, les continuités du révisionnisme d’extrême droite

16 Décembre 2021 , Rédigé par Liberation Publié dans #Histoire

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EXTRAITS

L’auteur de «Nuremberg ou la Terre promise», paru en 1948, aligne les procédés rhétoriques et autres arguments cauteleux toujours réutilisés dans les discours du candidat extrémiste.

Le 13 février 1951 eut lieu un grand meeting à la Maison des ingénieurs civils, à Paris. Sous les portraits de Pierre Brossolette, Berty Albrecht, Jean Moulin, Gabriel Péri et Honoré d’Estienne d’Orves, à l’appel du Comité d’action de la résistance, les orateurs se succédèrent à la tribune pour fustiger l’acquittement de Maurice Bardèche dans le procès qui lui avait été intenté après la parution de son pamphlet Nuremberg ou la Terre promise. Ce livre est aujourd’hui, rétrospectivement, considéré comme le premier ouvrage négationniste ; ce n’était pourtant pas l’aspect qui, à l’époque, dominait les débats judiciaires. Nuremberg… apporta en fait des procédés rhétoriques et argumentatifs qui feront florès dans l’extrême droite française et que l’on retrouve dans les discours pseudo-historiques d’Eric Zemmour.

(...)

Mais il y a dans Nuremberg ou la Terre promise, bien d’autres thèmes. Ils sont exposés dans un style contourné et en des arguments cauteleux : il y a l’accusation contre la presse «unanimiste» et aux ordres – de qui, d’ailleurs ? Le lecteur ne le saura pas. Il y a ensuite l’accusation de partialité des tribunaux, tribunaux de l’épuration ou ceux de Nuremberg, tous soumis à un pouvoir bien-pensant. Les condamnations injustes, aussi bien en France qu’en Allemagne, n’auraient servi qu’à protéger les vrais criminels, les résistants et les alliés.

Ce retournement permettait d’exonérer Vichy et surtout le maréchal Pétain (et la France entière) de toute accusation. Et les juifs avaient été, d’après Bardèche, protégés par le régime de Vichy : «Les policiers ont laissé filer les prévenus, les préfets ont protégé les juifs, les administrations des biens séquestrés ont sauvé des fortunes, les gendarmes ont tiré en l’air.» Il y avait eu, certes, des camps allemands mais y avaient été emprisonnés des juifs étrangers et, de toute façon, les juifs ne faisaient pas partie de la nation française (comme les membres de la famille Sandler assassinés par Mohamed Merah, nous explique Eric Zemmour).

(...)

Europhobe avant l’heure, Maurice Bardèche produisit tout un argumentaire contre l’intégration européenne. Il rassemblera ses haines contre toute idée de supranationalité dans un livre de 1951, l’OEuf de Christophe Colomb, qu’il publiera dans la maison d’édition qu’il avait créée. De Bardèche à Zemmour, les argumentaires de la droite extrême ont été répétés, ressassés, réutilisés, pour diffuser des visions du monde simplistes et nocives.

par Jean-Marc Dreyfus, Professeur à l’université de Manchester

Tribune complète à lire en cliquant ci-dessous

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Pénurie de profs : «On a l’impression de réparer un corps atteint d’un cancer avec des bouts de sparadraps»

16 Décembre 2021 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

A bon entendeur - Sparadraps : le meilleur n'est pas celui qu'on panse -  RTS.ch

Plusieurs départements sont confrontés à un déficit criant de professeurs, au point de demander le renfort d’enseignants retraités. Manque d’attractivité du métier, épuisement professionnel, perte de sens… Les raisons de cette désertion de la profession sont nombreuses.

Il est 9 heures, la sonnerie de l’école élémentaire Jean-Rostand à Crégy-lès-Meaux (Seine-et-Marne) retentit. Ce jeudi de décembre, les élèves de CE2 et de CM1 restent derrière les grilles. Tous observent leurs camarades rentrer dans la cour comme à l’accoutumée, un peu interloqués. Parmi la foule, certains parents s’impatientent. «Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi nos enfants ne peuvent pas rentrer en classe ?» demande une mère de famille à la cantonade.

Le directeur, Irwin Carteron, regarde anxieusement sa montre, téléphone vissé à l’oreille. Une remplaçante est censée arriver d’une minute à l’autre. L’enseignante titulaire est en formation, une absence prévue depuis plusieurs semaines. Mais dès qu’un professeur doit être remplacé, c’est toujours le même suspense : viendra ou viendra pas ? La réponse arrive généralement dix à quinze minutes avant l’arrivée des élèves. Problème cette fois-ci : l’heure est dépassée et personne ne s’est présenté. Une contractuelle a été nommée, mais la brigade départementale de remplacement l’a prévenue trop tard. Gêné, le directeur explique aux familles qu’il est impossible de prendre en charge leurs enfants. Aussitôt, c’est la levée de boucliers : «C’est pas normal ! Qu’est-ce que je vais dire à mon patron ?»

Les employeurs ne validant pas toujours les justificatifs fournis par l’Education nationale, les parents se voient souvent contraints de poser des congés. Depuis le 9 décembre, date de mise en vigueur du protocole sanitaire de niveau trois dans les écoles primaires pour faire face à la cinquième vague de Covid-19, impossible de mélanger les classes. D’ordinaire, le brassage des élèves représente la solution miracle dans le premier degré face à la vague de professeurs non remplacés. Si le problème ne date pas d’hier, la situation sanitaire rend d’autant plus visibles les difficultés liées au manque de personnel et de moyens. «On a l’impression de réparer un corps atteint d’un cancer avec des bouts de sparadraps», résume Irwin Carteron, épuisé.

De moins en moins de candidats

La semaine dernière, l’école Jean-Rostand a dénombré cinq instituteurs absents, dont seulement un a pu être remplacé… au bout de trois jours. Cette pénurie a des conséquences sur l’apprentissage des élèves : l’an dernier, une enseignante a été absente pendant presque deux mois et sur quatre semaines de remplacement effectif, les enfants ont eu quatre intervenants différents. Un casse-tête pour le suivi pédagogique. Depuis, les élèves ont été mélangés aux autres classes du même niveau. Résultat : ils sont ceux qui, selon leurs professeurs, ont le niveau le plus faible.

Le cas de cette école élémentaire n’a rien d’isolé. Dans le premier degré, on compte certaines académies défaillantes, parmi lesquelles Versailles, Créteil ou la Guyane. Selon Stéphane Crochet, secrétaire général au syndicat SE-Unsa, le problème prend racine au niveau du recrutement. De moins en moins de candidats passent le concours et ce, alors même que le nombre de postes reste stable dans le primaire (9 888 postes en 2022 contre 9 900 en 2021) comme le secondaire (6 816 en 2021 contre 6 642 l’an prochain).

Selon les données de l’Education nationale, l’année dernière les enseignants affectés en brigade de remplacement, dans le premier degré, étaient 27 459 pour 185 418 titulaires. Dans le second degré, on en comptait 24 971 pour 446 322. L’année passée, le ministère a utilisé des enveloppes exceptionnelles pour gonfler les effectifs dans le premier degré avec 6 000 contractuels embauchés. Des moyens exceptionnels de remplacement qui n’ont malheureusement pas été reconduits cette année. Pour se justifier d’un tel désengagement, le ministère objecte qu’il s’agit non pas d’«une difficulté globale, mais ponctuelle et localisée».

Le département de Seine-et-Marne est un bon exemple en matière de pénurie. Avec 8 600 enseignants titulaires, la zone souffre du manque de remplaçants. A tel point que, fin novembre, les rectorats de Seine-et-Marne et de l’Eure ont fait appel à des enseignants retraités pour juguler la pénurie.

Appeler les vétérans

En ouvrant sa boîte mail le 23 novembre, Alain, 58 ans, professeur des écoles fraîchement retraité, a découvert stupéfait un message officiel provenant de la Direction des services départementaux de l’Education nationale de l’académie de Créteil : «Je m’adresse à vous pour effectuer des missions d’enseignement.» Alain est resté interdit. «Ce n’est pas notre rôle de boucher les trous !» rétorque-il.

Comment l’Education nationale en est arrivée à appeler ses vétérans ? L’académie pointe du doigt «la situation sanitaire, [qui] impacte [la] capacité à assurer la continuité du service public d’éducation», les absences en raison de cas positifs liés au Covid-19 ou de gardes d’enfants s’étant répétées. Avant d’évoquer «l’étendue du département, la difficulté d’accès à certaines zones rurales…»

Le choix de se tourner vers des retraités constitue une forme d’échec, selon le principal syndicat du primaire, le SnuiPP-FSU. «La liste complémentaire du concours recense des étudiants qui pourraient être sur le terrain. Au lieu de ça, le ministère préfère rappeler les retraités», réagit Guislaine David, la porte-parole. Pour elle, la politique de l’Education nationale est un paradoxe. «Avec la mesure de dédoublement des classes de CP et CE1 [effective depuis la rentrée 2017, ndlr], le besoin a été multiplié par deux. L’Etat met en place une politique qui demande plus de postes tout en refusant de recruter davantage.»

Bas salaire, perte de sens et épuisement

Les vocations se font aussi plus rares. «J’ai des collègues profs qui touchent 1 800 euros nets par mois alors qu’ils vivent en Ile-de-France et que les loyers y sont particulièrement élevés, dénonce Irwin Carteron. Une de mes enseignantes fait des heures d’étude en plus pour joindre les deux bouts !» Un salaire maigre alors que, en début de carrière, il n’est pas rare pour un enseignant d’atteindre entre 40 et 50 heures de travail hebdomadaire. A la mission éducative s’ajoutent aussi pléthore de tâches administratives. Selon les syndicats, la revalorisation 2022, étendue à 58% des enseignants, n’est pas assez importante pour que des jeunes diplômés d’un master 2 acceptent de démarrer leur vie active avec un salaire avoisinant les 1 500 euros nets par mois.

Ce manque de reconnaissance peut aussi trouver des résonances avec la situation de l’hôpital public. Pour Thierry Grignon, co-secrétaire départemental du SnuiPP-FSU, «ce sont deux pans de la société sur lesquels le discours gouvernemental est très flatteur. On nous le dit souvent : vous êtes indispensables ! Mais les faits suivent rarement». Le 9 décembre, à l’issue d’un nouveau round de discussions sur les rémunérations dans la fonction publique, l’exécutif a confirmé qu’il n’y aura pas de dégel du point d’indice en 2022 pour les fonctionnaires.

Au-delà de la rémunération, subsiste la question de la perte de sens et de l’épuisement professionnel. De nombreux enseignants l’imputent aux méthodes ministérielles jugées «injonctives», qui les restreignent dans leur liberté d’enseigner. La multiplication de guides pédagogiques est souvent mentionnée. «Le ministère est persuadé qu’il n’y a qu’une seule bonne façon d’enseigner. Il arrive que des inspecteurs d’académie réprimandent un enseignant en lui disant : “Ça ne va pas, vous n’avez pas lu le guide !“» s’agace Guislaine David du SnuiPP. Dans les établissements, on déplore que des profs, bardés de diplômes, en soient réduits à de simples soldats de l’éducation.

Justine Briquet-Moreno

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Angèle...

15 Décembre 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Théophile Gautier...

15 Décembre 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Le battant s'ouvrit ; Pierre se leva, ôta respectueusement son béret et le nouveau venu fît son apparition dans la salle, précédé du vieux chien dont nous avons déjà parlé, et qui essayait une gambade et retombait lourdement, appesanti par l'âge. Béelzébuth ne témoignait pas à Miraut l'antipathie que ses pareils professent d'ordinaire pour la gent canine. Il le regardait au contraire fort amicalement, en roulant ses prunelles vertes et en faisant le gros dos. On voyait qu'ils se connaissaient de longue main et se tenaient souvent compagnie dans la solitude du château.

Le baron de Sigognac, car c'était bien le seigneur de ce castel démantelé qui venait d'entrer dans la cuisine, était un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans, quoique au premier abord on lui en eût attribué peut-être davantage, tant il paraissait grave et sérieux. Le sentiment de l'impuissance, qui suit la pauvreté, avait fait fuir la gaieté de ses traits et tomber cette fleur printanière qui veloute les jeunes visages. Des auréoles de bistre cerclaient déjà ses yeux meurtris, et ses joues creusées accusaient assez fortement la saillie des pommettes ; ses moustaches, au lieu de se retrousser gaillardement en crocs, portaient la pointe basse et semblaient pleurer auprès de sa bouche triste ; ses cheveux négligemment peignés, pendaient par mèches noires au long de sa face pâle avec une absence de coquetterie rare dans un jeune homme qui eût pu passer pour beau, et montraient une renonciation absolue à toute idée de plaire. L'habitude d'un chagrin secret avait fait prendre des plis douloureux à une physionomie qu'un peu de bonheur eût rendu charmante, et la résolution naturelle à cet âge y paraissait plier devant une mauvaise fortune inutilement combattue.

Quoique agile et d'une constitution plutôt robuste que faible, le jeune baron se mouvait avec une lenteur apathique, comme quelqu'un qui a donné sa démission de la vie. Son geste était endormi et mort, sa contenance inerte, et l'on voyait qu'il lui était parfaitement égal d'être ici ou là, parti ou revenu.

Sa tête était coiffée d'un vieux feutre grisâtre, tout bossué et tout rompu, beaucoup trop large, qui lui descendait jusqu'aux sourcils et le forçait, pour y voir, à relever le nez. Une plume, que ses barbes rares faisaient ressembler à une arête de poisson, s'adaptait au chapeau, avec l'intention visible d'y figurer un panache, et retombait flasquement par-derrière comme honteuse d'elle-même. Un col d'une guipure antique, dont tous les jours n'étaient pas dus à l'habileté de l'ouvrier et auquel la vétusté ajoutait plus d'une découpure, se rabattait sur son justaucorps dont les plis flottants annonçaient qu'il avait été taillé pour un homme plus grand et plus gros que le fluet baron. Les manches de son pourpoint cachaient les mains comme les manches d'un froc, et il entrait jusqu'au ventre dans ses bottes à chaudron, ergotées d'un éperon de fer. Cette défroque hétéroclite était celle de feu son père, mort depuis quelques années, et dont il achevait d'user les habits, déjà mûrs pour le fripier à l'époque du décès de leur premier possesseur. Ainsi accoutré de ces vêtements, peut-être fort à la mode au commencement de l'autre règne, le jeune baron avait l'air à la fois ridicule et touchant ; on l'eût pris pour son propre aïeul. Quoiqu'il professât pour la mémoire de son père une vénération toute filiale et que souvent les larmes lui vinssent aux yeux en endossant ces chères reliques, qui semblaient conserver dans leurs plis les gestes et les attitudes du vieux gentilhomme défunt, ce n'était pas précisément par goût que le jeune Sigognac s'affublait de la garde-robe paternelle.

Il ne possédait pas d'autres vêtements et avait été tout heureux de déterrer au fond d'une malle cette portion de son héritage. Ses habits d'adolescent étaient devenus trop petits et trop étroits. Au moins il tenait à l'aise dans ceux de son père. Les paysans, habitués à les vénérer sur le dos du vieux baron, ne les trouvaient pas ridicules sur celui du fils, et ils les saluaient avec la même déférence ; ils n'apercevaient pas plus les déchirures du pourpoint que les lézardes du château. Sigognac, tout pauvre qu'il fût, était toujours à leurs yeux le seigneur, et la décadence de cette famille ne les frappait pas comme elle eût fait les étrangers ; et c'était cependant un spectacle assez grotesquement mélancolique que de voir passer le jeune baron dans ses vieux habits, sur son vieux cheval, accompagné de son vieux chien, comme ce chevalier de la Mort de la gravure d'Albert Dürer.

Le baron s'assit en silence devant la petite table, après avoir répondu d'un geste de main bienveillant au salut respectueux de Pierre.

Celui-ci détacha la marmite de la crémaillère, en versa le contenu sur son pain taillé d'avance dans une écuelle de terre commune qu'il posa devant le baron ; c'était ce potage vulgaire qu'on mange en Gascogne, sous le nom de garbure ; puis il tira de l'armoire un bloc de miasson tremblant sur une serviette saupoudrée de farine de maïs et l'apporta sur la table avec la planchette qui la soutenait.

Ce mets local avec la garbure graissée par un morceau de lard dérobé, sans doute, à l'appât d'une souricière, vu son exiguïté, formait le frugal repas du baron, qui mangeait d'un air distrait entre Miraut et Béelzébuth, tous deux en extase et le museau en l'air de chaque côté de sa chaise, attendant qu'il tombât sur eux quelques miettes du festin. De temps à autre le baron jetait à Miraut, qui ne laissait pas arriver le morceau à terre, une bouchée de pain à laquelle il avait fait toucher la tranche de lard pour lui donner au moins le parfum de la viande. La couenne échut au chat noir, dont la satisfaction se traduisit par des grondements sourds et une patte étendue en avant, toutes griffes dehors, comme prête à défendre sa proie.

Ce maigre régal terminé, le baron parut tomber dans des réflexions douloureuses, ou tout au moins dans une distraction dont le sujet n'avait rien d'agréable. Miraut avait posé sa tête sur le genou de son maître et fixait sur lui des yeux voilés par l'âge d'une fleur bleuâtre, mais que semblait vouloir percer une étincelle d'intelligence presque humaine. On eût dit qu'il comprenait les pensées du baron et cherchait à lui témoigner sa sympathie. Béelzébuth faisait ronfler son rouet aussi bruyamment que Berthe la filandière, et poussait de petits cris plaintifs pour attirer vers lui l'attention envolée du baron. Pierre se tenait debout à quelque distance, immobile comme ces longues et roides statues de granit qu'on voit aux porches des cathédrales, respectant la rêverie de son maître et attendant qu'il lui donnât quelque ordre.

Pendant ce temps la nuit s'était faite, et de grandes ombres s'entassaient dans les recoins de la cuisine, comme des chauves souris qui s'accrochent aux angles des murailles par les doigts de leurs ailes membraneuses. Un reste de feu, qu'avivait la rafale engouffrée dans la cheminée, colorait de reflets bizarres le groupe réuni autour de la table avec une sorte d'intimité triste qui faisait ressortir encore la mélancolique solitude du château. D'une famille jadis puissante et rêche il ne restait qu'un rejeton isolé, errant comme une ombre dans ce manoir peuplé par ses aïeux ; d'une livrée nombreuse il n'existait plus qu'un seul domestique, serviteur par dévouement, qui ne pouvait être remplacé : d'une meute de trente chiens courants il ne survivait qu'un chien unique, presque aveugle et tout gris de vieillesse, et un chat noir servait d'âme au logis désert.

Théophile Gautier - Le Capitaine Fracasse

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A voir... "Mystère"... Une petite fille et un loup...

15 Décembre 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Cinéma

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