Covid-19 : des parents retirent prématurément leurs enfants de l'école en raison de la circulation du virus
Entre les élèves absents car positifs au Covid-19 et les autres cas contacts, le phénomène de ceux que les parents gardent par précaution est impossible à quantifier précisément, mais il a bel et bien émergé.
Des vacances en avance pour éviter l'épidémie de Covid-19. Après avoir couru les laboratoires, Stéphanie a pris sa décision. Son fils, en CP à Bordeaux, a été cas contact deux fois la semaine dernière. "Je ne comprends pas ce protocole actuel qui met en danger tout le monde. Je prends cette décision éclairée, vu comment ça circule." Alors que les congés scolaires de Noël débutent officiellement dans la soirée du vendredi 17 décembre, des familles ont fait le choix de retirer leurs enfants de l'école dès le lundi 13, en raison de la forte circulation du coronavirus dans les classes en ce mois de décembre.
Dans l'école du fils de Stéphanie, des adultes ont aussi été contaminés. La situation est trop risquée pour cette maman : "Je souhaite que le protocole devienne enfin sérieux. On ne peut pas vivre comme ça en tant que parent et faire tester nos enfants tous les trois jours."
Yannick, médecin généraliste près d'Obernai, dans le Bas-Rhin, a aussi sorti de l'école ses deux filles de 5 et 8 ans, dont l'une est à risque. "C'était une décision très difficile à prendre parce qu'on considère quand même que c'est une perte de sens pour nos enfants de ne pas aller à l'école. En discutant avec les enseignants, ils ont été très bienveillants."
"On a vraiment l'impression que ce protocole n'est pas adapté à la flambée de Covid qu'il y a en ce moment." Yannick à france info
Du côté des fédérations de parents d'élèves, la FCPE n'encourage pas ce retour de l'école à la maison mais dénonce un protocole sanitaire trop léger. L'Éducation nationale rappelle pour sa part que l'instruction est obligatoire. En théorie les familles risquent une amende de 135 euros. Dans les faits les directeurs et chefs d'établissements préfèrent souvent le dialogue avec les parents.
Noémie Bonnin
Une autre image de l'immigration au quotidien : Le débat présidentiel à 1000 lieues de la réalité de terrain
"Oui, régulièrement, depuis 2016, depuis le démantèlement de la Jungle de Calais et la répartition à travers le pays, sous l’autorité de Bernard Cazeneuve, dans différents centres d’hébergements, de quelques 8000 réfugiés… régulièrement, donc, j’appelle quelques préfets, élus locaux de tous bords, des responsables associatifs pour savoir comment se passe la cohabitation entre les habitants des bourgs, des villes moyennes et les migrants (en moyenne 50 par centre ou répartis en logements individuels, beaucoup de familles) accompagnés par un réseau associatif en contrat avec l’Etat et les collectivités locales.
Eh bien cette année, comme les années précédentes, du point de vue de l’acceptation sociale, tout se passe bien.
Très bien ! Depuis 2016 la capacité est de 110.000 places pour des migrants fraichement arrivés, disséminés à 60% en dehors de l’Iles de France. Et c’est là que ça se passe le mieux !
Chaque préfet ou élu local regorge d’exemples d’expériences d’intégration et de solidarité, d’écoles rouvertes et d’emplois pourvus. Parfois une très courte période d’inquiétude populaire à l’annonce de la reconversion d’anciens locaux collectifs en centre d’hébergement mais ça ne dure pas.
"Des enfants sont scolarisés, des jeunes sont en formation, passent des diplômes, des adultes trouvent du travail, une utilité sociale. Une vie s’organise sans heurts."
Il y a, spontanément de nombreux volontaires pour l’insertion, l’alphabétisation des migrants. Hallucination d’éditorialiste bobo, bienpensant ? Non, froid (ou plutôt le chaud) constat des acteurs qui organisent ce vaste programme d’accueil.
D’ailleurs, en quittant les écrans des chaines boloréïsés, en parcourant plutôt les pages des quotidiens régionaux, donc en s’attachant aux récits du terrain plutôt qu’aux coups de gueule de plateaux, on a, tous les jours, les détails de cette réussite.
Mais le débat politique ne reflète pas cette réalité !
Non, ces nouvelles ne sont pas assez spectaculaires ni génératrices de clics pour retenir l’attention du débat. C’est une réalité de bas bruit, pas traduisible en clashs tweet ou en bandeaux d’écrans.
On opposera à ces vérités de terrains quelques radicalisés ou déséquilibrés. On y opposera aussi les images de misères de la porte de La Chapelle à Paris.
Mais dans la capitale, en plus des classiques Secours Catholiques et Populaires, de nouvelles associations fleurissent, comme Utopia56, qui, parfois en marge des circuits officiels, se démènent pour trouver des volontaires pour accueillir une nuit, des familles de migrants sans toits.
"Et ils en trouvent ! Beaucoup ! Des milliers de bénévoles, partout en France, démentent la grande image terrifiante et terrifiée d’un pays au bord de la guerre civile, déstabilisée par une supposée submersion migratoire hostile."
L’immigration illégale, incontrôlée n’est pas sans conséquences sociales ou sécuritaires, à la lisière nord de Paris et en proche banlieue mais les résultats humains de la politique de répartition des migrants et l’action associative, à travers la France, prouvent que le pays peut très bien prendre sa part sans s’autodétruire comme le ton dominant de la campagne le suggère."
Thomas Legrand - France Inter
Le seul intérêt de participer à une élection présidentielle, c’est de la gagner
EXTRAITS
Développer des stratégies électorales d’union n’empêche en rien de poursuivre les luttes sur le temps long, estime le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie. Pourquoi ne pas y réfléchir plutôt que brutalement en interdire la possibilité ?
Quelques heures après que Anne Hidalgo a proposé l’organisation d’une primaire de gauche, les deux principaux candidats, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, se sont empressés de rejeter cette idée. Animés par les mêmes automatismes mentaux, ils ont employé des arguments superposables : que ce n’était pas la bonne méthode, que le rassemblement était impossible car les programmes étaient trop différents et surtout que, si rassemblement il devait y avoir, c’était derrière eux qu’il devait s’opérer.
Mais face au constat de la faiblesse objective des forces progressistes, comment ne pas être saisi d’un certain effroi qu’une telle proposition ait pu être rejetée aussi rapidement et aussi naïvement ? Comment est-il possible que changer de stratégie paraisse à ce point inenvisageable ? Peut-on même ne pas ressentir de la colère en ayant l’impression que cette attitude traduit une transformation détestable de l’activité politique en finalité sans fin, comme si celle-ci se réduisait à un jeu interne au champ politique vidé de tout sens. Chacun des candidats semble prisonnier d’un contentement naïf d’être présent médiatiquement, de faire des bons mots applaudis par ses militants sur Twitter, de répéter que son programme est le meilleur… Point. Peu importe de perdre, ou de tout faire pour créer les conditions d’un changement.
Jean-Luc Mélenchon (pour lequel j’ai voté en 2017 et que je soutiens) a déclaré il y a quelques jours : «C’est un trou de souris, mais on a une chance d’être au second tour.» Mais en formulant ce constat, celui-ci aurait dû se faire la remarque qu’être au second tour ne sert à rien. Reconnaître que la meilleure perspective de sa candidature est «d’être au second tour» devrait le pousser à opérer un tournant stratégique. Car le seul intérêt de participer à une élection présidentielle, c’est de la gagner, et d’organiser concrètement la possibilité de s’accaparer l’appareil d’Etat. Tout autre but est une perte de temps et une diversion d’objectifs. On se demande si la faiblesse de la gauche n’est pas telle qu’elle la conduit à être prisonnière d’une sorte d’acceptation anticipatrice de la défaite. Elle accepte que son ambition se résume à faire «un bon score» et ne se soucie plus de ce qui devrait pourtant être sa préoccupation principale : gagner.
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Penser la politique de façon plurielle
Il faut penser la politique de façon présentiste et cesser les comparaisons historiques stériles. Nous n’avons jamais connu une situation comparable à celle d’aujourd’hui. Nous devons donc instaurer quelque chose de nouveau. L’argument selon lequel les forces de gauche sont décevantes par leur incapacité à s’unir revient avec une telle force et détourne tant d’électeurs du vote qu’une telle démarche susciterait par son existence même une dynamique puissante.
La politique n’est pas un jeu - ni électoral ni médiatique. Il y a des urgences, des gens qui souffrent et dont les corps sont exposés à la violence sociale, économique, écologique. On a parfois l’impression que l’appartenance du personnel politique à la bourgeoisie ou la petite bourgeoisie la conduit à se désintéresser de cette exigence vitale. Si nous ne faisons rien pour nous donner la possibilité d’améliorer les conditions de la vie, si nous nous laissons happer par les inerties du champ militant alors, en fait, nous acceptons de laisser sans nous battre autrement que fictivement le pouvoir à ceux qui sont déterminés à répandre les logiques de la souffrance.
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Ce que les personnalités de gauche ont dit lorsqu’elles ont répondu tels des automates à la proposition d’Anne Hidalgo c’est : «Nous savons que nous allons perdre, nous l’acceptons et tant pis. Nous traitons la politique comme un jeu et un spectacle fait aux autres et à soi». C’est le contraire d’une démarche politique rationnelle et même d’une éthique de vie radicale, généreuse, soucieuse de celles et de ceux qui souffrent.
par Geoffroy de Lagasnerie, Philosophe et sociologue
Texte complet à lire en cliquant ci-dessous
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Le seul intérêt de participer à une élection présidentielle, c'est de la gagner
Développer des stratégies électorales d'union n'empêche en rien de poursuivre les luttes sur le temps long, estime le philosophe Geoffroy de Lagasnerie. Pourquoi ne pas y réfléchir plutôt qu...
"L'école d'après les élections pourrait être l'école libérale du nouveau management public."
EXTRAITS
Il y a l'école primaire actuelle. Celle de la loi Rilhac dotée d'un directeur mini chef d'établissement. Et il y a l'expérimentation à Marseille de l'école primaire telle qu'Emmanuel Macron la veut et peut-être la fera s'il est réélu. C'est celle là que Jean Castex est venu mettre en route à Marseille, le 14 décembre, avec JM Blanquer. Il a annoncé un soutien de l'Etat plus élevé qu'annoncé, à hauteur de 400 millions, pour la rénovation des écoles. Mais il a surtout préparé le lancement, à la rentrée 2022, des écoles gérées par des managers choisissant leurs professeurs. Le modèle libéral imposé en septembre par E Macron en échange de l'aide de l'Etat se met en place. Mais il est déjà fortement tempéré par le terrain et l'action syndicale.
(...)
Des accommodements locaux
Cette annonce d'écoles gérées comme les écoles privées a été recadrée par des syndicats sur place. "On a gagné sur le volet ressources humaines", nous dit Virginie Akliouat, secrétaire départementale du Snuipp Fsu des Bouches du Rhône.
D'abord parce que dans ces 58 écoles il n'y aura pas de renouvellement des enseignants. Tous ceux qui le souhaitent, y compris les directeurs restent en place. Ensuite parce que le syndicat a obtenu que les nouveaux enseignants soient recrutés sur des postes à exigence particulière et non, comme le souhaitait JM Blanquer, des postes à profil. Les candidats pour ces écoles passeront devant une commission composée du directeur mais aussi de deux inspecteurs (IEN) et d'un professeur de l'école qui émettront un avis favorable ou défavorable. Ensuite le choix se fera au barème. Cependant les pouvoirs des directeurs de ces écoles restent "un point noir" pour V Akliouat. C4est aussi un point encore dans le flou. En application de la loi Rilhac ils pourraient disposer d'une délégation d'autorité très large.
Le ministère a du aussi faire avec la réalité pour trouver des écoles. Selon le discours présidentiel, les écoles Macron devaient faire partie de l'éducation prioritaire et bénéficier de la réhabilitation. Une quarantaine d'écoles de l'éducation prioritaire, visées au départ par le projet élyséen, avait refusé d'entrer dans le projet. Finalement, sur les 58 écoles qui vont participer à l'expérimentation, toutes ne sont pas dans l'éducation prioritaire. Toutes ne font pas non plus partie des écoles à réhabiliter. Le lien établi par E Macron entre école populaire , à réhabiliter et expérimentation n'a pas tenu l'épreuve de la réalité.
(...)
Des promesses de moyens pour faire adhérer les écoles
Chaque école retenue a reçu la visite du préfet Abrard, en charge de l'expérimentation, et du Dasen. Chacune a reçu des promesses de moyens supplémentaires pour mener à bien des projets. Mais rien n'est écrit et les écoles s'engagent sur des paroles. Il y aura pourtant des moyens. Selon V Akliouat, 2.5 millions seront versés par le ministère de l'éducation nationale pour soutenir les 58 projets, soit environ 20 000€ par école.
"De nombreuses écoles se sont opposées à ce projet qui crée une école à deux vitesses", explique V Akliouat. Mais toutes les écoles ont besoin de moyens pour mener à bien leurs projets avec les élèves, les sortir, mener des activités culturelles ou même enseigner les fondamentaux. C'est ce qui les fait entrer dans l'expérimentation alors qu'on demande de donner le nécessaire aux 472 écoles".
La liste des écoles et de leurs projets ne sont pas encore parus. Mais il semble que tous les projets fassent référence aux fondamentaux. On retrouve là la patte du ministre.
(...)
F Jarraud
Billet complet - et bien d'autres - à lire en cliquant ci-dessous
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Jean Castex installe à Marseille l'école d'après
Il y a l'école primaire actuelle. Celle de la loi Rilhac dotée d'un directeur mini chef d'établissement. Et il y a l'expérimentation à Marseille de l'école primaire telle qu'Emmanuel Macron l...
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/12/15122021Article637751475486238311.aspx?s=09
Coup de coeur... Tom Wolfe...
Je louai donc une auto et commençai à me balader dans San Francisco. Mes plus fortes impressions de la ville me ramènent à une formidable conduite intérieure de louage vrombissant sur les +côtes, montées et descentes, et patinant sur les rainures et les bords ds rails de tramway. Elle glissait et dérivait sur la route de North Beach, la fabuleuse plage de North Beach, Mecque de la bohème de la côte ouest, toujours pleines de fils-à-papa-Untel et de m'as-tu-vu et de petites Wasps et de petites Juives aux longs cheveux qui s'en donnaient à cœur joie avec les négrillots _ et voilà que North Beach était fini. North Beach n'était plus que revue à tétons. Au célèbre Q.G. de la Beat Generation, la librairie City Lights, Shig Murao, l'oracle nippon du lieu, trônait, la barbe pendante comme une de ces enluminures de lierre et de fougère que les architectes mettent sur leurs dessins ; il sombrait dans les œuvres de Kaklil Gibran, près de la caisse enregistreuse, tandis que des dentistes rassemblés pour un congrès de la profession fouinaient ici, entre deux spectacles de tétons, à la recherche des beatniks. North Beach n'était que Seins Nus et strip-teaseuses qui s'élargissaient la poitrine avec des injections de silicone.
Tom Wolfe - Acid test
Contre le variant Delta à l'école, la stratégie de dépistage se cherche encore
Alors que la stratégie actuelle dans les écoles peine à freiner la propagation du Covid, une étude de l'Inserm démontre ses carences chiffres à l'appui.
COVID-19 - Alors qu’en France, les contaminations au Covid-19 restent très préoccupantes malgré un léger ralentissement, une étude de l’Inserm vient mettre à mal l’actuel protocole sanitaire déployé dans les écoles. Cette même étude de modélisation va aussi dans le sens d’une autre stratégie (déjà évoquée par plusieurs scientifiques) pour les établissements scolaires.
Adoptée par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, la méthode de dépistage actuelle préconise depuis le 6 décembre de fermer une classe à partir trois élèves positifs au Covid (et non plus un seul comme avant), ainsi qu’un test pour chaque élève après chaque premier cas détecté. Le protocole dit “réactif” vise donc en premier lieu à garantir la continuité pédagogique en évitant la fermeture systématique des classes.
Mais l’étude publiée par l’Inserm ce jeudi 9 décembre pointe du doigt le manque d’efficacité de cette méthode. En fonctionnant uniquement par réaction à la propagation du coronavirus, l’impact est relativement faible: grâce au dépistage de tous les élèves d’une classe quelques heures après la détection du premier cas identifié, seulement 10% des cas sont évités, précise l’étude présentée par Vittoria Colizza, directrice de recherche à l’Inserm.
“Nous avons mis à jour notre analyse sur les protocoles scolaires contre le #COVID19 pour :
- estimer le risque spécifique à l’école à partir des données de dépistage
- évaluer les protocoles dans le cadre de la couverture vaccinale actuelle et de l’incidence soutenue
- évaluer la vaccination chez les enfants”
L’autre protocole, préconisé par l’Inserm, est celui de l’anticipation. Cette méthode, généralement au centre des préconisations scientifiques, permet de réagir en amont et de tester une fois par semaine, toutes les semaines, les élèves. À partir de là, seuls les élèves positifs sont invités à rester chez eux.
Dans ce protocole, dit “itératif”, on n’attend donc plus la détection d’un premier cas pour tester les classes. Une méthode qui permettrait, selon les chiffres de modélisation de l’étude, d’éviter un tiers des cas, soit trois fois plus que le protocole actuel. Mais ce n’est pas tout, puisqu’en poussant le processus encore plus loin, c’est plus de la moitié des cas qui seraient dépistés à raison de deux tests par semaine. Un véritable avantage stratégique lorsque l’on sait que les cas asymptomatiques sont très répandus chez les enfants de moins de 10 ans.
Une méthode moins efficace en cas de forte incidence du virus
Bien que visiblement plus efficace, le protocole itératif n’est toujours pas à l’ordre du jour pour le gouvernement. En effet, le ministre de l’Éducation avait décidé de ne pas suivre les préconisations du Conseil scientifique et du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale données en septembre dernier pour “des tests “systématiques et hebdomadaires” au primaire. Jean-Michel Blanquer s’était alors contenté d’évoquer un objectif de 600.000 tests hebdomadaires en milieu scolaire, un objectif finalement jamais atteint.
Avec ces deux philosophies de dépistage qui s’affrontent, le constat semble en défaveur de la méthode “réactive” actuellement déployée pour endiguer la circulation du variant Delta dans les écoles. Le constat est même partagé à demi-mot par Santé publique France qui publiait vendredi 10 décembre les résultats de l’évaluation de la stratégie de dépistage réactif du virus SARS-CoV-2 réalisée en milieu scolaire en deux phases de dépistage: du 11 au 22 octobre et du 08 au 26 novembre. Ces tests grandeur nature dans des départements aux situations sanitaires variées avaient pour objectif de pouvoir “comparer d’un département à l’autre l’effet de ce type d’expérimentation” comme l’indiquait Jean-Michel Blanquer en septembre dernier.
Si aucune augmentation significative du nombre de cas positifs n’a été observée lors du premier et du second dépistage alors que la circulation virale avait fortement augmenté dans toutes les classes d’âge et sur tout le territoire métropolitain, le rapport de Santé publique France précise que “le dispositif semble donc globalement opérationnel, mais plus difficile à mettre en œuvre quand l’incidence est élevée”.
Le vaccin comme seul véritable rempart
Au-delà du débat sur la bonne stratégie à mettre en place dans les écoles pour freiner le variant Delta, qu’en est-il du vaccin pour les 5-11 ans? Là encore le rapport de l’Inserm apporte une réponse claire. En cas de vaccin généralisé pour 20% des 5-11 ans, le nombre de cas diminuerait ainsi de 38%, et les chiffres sont quasi doublés si 50% des enfants de cette tranche d’âge sont vaccinés, soit une baisse de 75% des cas positifs.
Des chiffres qui pourraient donner du grain à moudre au gouvernement, qui n’a pour l’heure autorisé que la vaccination des 5-11 ans les plus fragiles, mais qui réfléchit déjà à l’étendre à tous les enfants comme le rappelait notamment Jean Castex au micro de France Bleu ce samedi 11 décembre. Le Premier ministre soulignait une fois de plus la “nécessité” pour les enfants de moins de 11 ans d’être éligibles au vaccin anti-Covid pour faire face à Delta ainsi qu’à la circulation du nouveau variant Omicron.
Maxime Birken
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Ces études qui font mal à la stratégie de dépistage du variant Delta dans les écoles
COVID-19 - Alors qu'en France, les contaminations au Covid-19 restent très préoccupantes malgré un léger ralentissement, une étude de l'Inserm vient mettre à mal l'actuel protocole sanitaire ...
Mini-salaires, horaires hachés, sous-effectifs… Les raisons de la grève des animateurs du périscolaire
Profession indispensable mais négligée, les animateurs du périscolaire débrayent ce mardi et mercredi pour obtenir de meilleures conditions de travail. Une mobilisation nationale inédite dans ce secteur.
Ce sont des piliers de l’école, ils font manger les enfants entre midi et deux, les accompagnent aux toilettes, les accueillent tout sourire le matin et le soir. Et pourtant les animateurs périscolaires, qui entament ce mardi et mercredi une grève nationale, entrent dans la case des professions oubliées, négligées. Des emplois de troisième ligne, aux horaires hachés, aux salaires précaires.
Une première. Jusqu’ici peu syndiqués et mal représentés, ils avaient servi de variable d’ajustement lors de la réforme des rythmes scolaires : recrutés en nombre lors de la mise en place de la semaine de quatre jours et demi sous le quinquennat Hollande, puis évincés lorsque Jean-Michel Blanquer laissa aux communes le choix de revenir à la semaine de quatre jours. «On n’en peut plus de passer pour les clowns de service. Y a personne pour nous prendre au sérieux», s’insurge Axel Le Page, animateur de loisirs dans l’extrascolaire à Rennes et délégué syndical SUD.
Ce sera leur deuxième grève en un mois. La précédente avait eu lieu le 19 novembre, dans plusieurs grandes villes de France. «Un tour de chauffe» pour l’intersyndicale de l’animation et de l’éducation populaire, qui appelle à la mobilisation ce mardi. Elle espère cette fois créer un «large mouvement national qui réunira, deux jours durant, l’intégralité du secteur de l’animation, qu’il relève du public ou du privé». Snuter-FSU, la CGT, le CNT, SUD et le collectif France animation en lutte seront au rendez-vous. Sur le tract diffusé par l’intersyndicale, les mots «bas salaires», «précarité», «mauvaises conditions de travail» et «sous-effectifs» se juxtaposent. «On est à bout. On n’a plus les moyens de prendre soin de l’enfant», dénonce Axel Le Page.
«23,06 euros minimum bruts par jour»
Chaque semaine, l’animateur oscille entre 30 et 52 heures de travail, quand pointent les vacances. En période scolaire, il est de mission matin, midi et soir, pendant environ deux heures à chaque reprise. Des «horaires hachés et éclatés» donc, qui «compliquent souvent la vie personnelle» et empêchent nombre de ses camarades de prendre un job complémentaire. Lui empoche 1 350 euros par mois et se sent «parmi les mieux lotis». En moyenne, le salaire des animateurs, souvent vacataires ou contractuels, varie «entre 800 et 900 euros par mois», souligne Samuel Delor, responsable de la Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture de la CGT.
En cause, des contrats précaires, qui vont du temps partiel imposé au contrat d’engagement éducatif (CEE), ni plus ni moins qu’un «bénévolat indemnisé», raille le cégétiste. «Avec un CEE, on gagne au minimum 23,06 euros brut par jour, et rarement plus de 27 euros. Et pourtant, on peut travailler jusqu’à 48 heures par semaine, sans vraie protection sociale et sans cotiser pour la retraite, ni pour le chômage», explique-t-il. Sont souvent concernés les jeunes animateurs des colonies de vacances, mais aussi ceux des centres de loisirs. Sans parler du salaire conventionnel de 1 561 euros brut par mois, inférieur à la barre des 1 589 euros du smic.
Difficile néanmoins de négocier un revenu supérieur quand l’un des seuls diplômes requis, le Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), est accessible dès 17 ans. «Le fléau, c’est que le métier reste souvent considéré comme un hobby, ou un job d’appoint pour les étudiants», grommelle Samuel Delor. «Non ce n’est pas de l’argent de poche, c’est du pognon nécessaire», renchérit son camarade du SUD. En ligne de mire, une revalorisation de la formation et un recrutement massif de personnel.
Pénurie d’animateurs
Car, pour l’heure, le problème le plus sensible reste «la pénurie d’animateurs», aux dires d’Axel Le Page. Turn-over et sous-effectifs : la crise sanitaire a accentué des problèmes déjà relevés lors de la mise en œuvre de la semaine de quatre jours et demi sous le quinquennat Hollande. Une enquête menée par l’organisation professionnelle Hexopée en octobre montre que les trois quarts des acteurs de l’éducation populaire – à savoir du privé – peinent à recruter des animateurs. «Les collectivités territoriales sont elles aussi concernées, au point de devoir parfois fermer certains centres de loisirs», explique la Croix.
De moins en moins de personnel, beaucoup d’enfants à charge, des journées éreintantes. Résultat : les animateurs sont nombreux à déserter leur poste. «Nos conditions de travail ne nous permettent plus de bien faire notre job, confie Axel Le Page. On tombe peu à peu dans la maltraitance institutionnelle. De la violence douce à l’égard des enfants…» Comme laisser un enfant la couche souillée pendant de longues minutes, le temps de gérer un conflit entre deux élèves. «Notre métier s’est vidé de son sens. On en vient à faire du temps de garderie. Et non plus de l’éducation extrascolaire». Il faut que «les pouvoirs publics augmentent nos moyens, s’exclame Axel Le Page. D’autant plus quand on entend, à côté, que l’Etat renforce sans cesse les rangs des fonctionnaires de police.» Deux poids, deux mesures.
Estelle Aubin
A l’école, « faire des Français » ou « faire des républicains » ?
EXTRAIT
L’historien de l’éducation Claude Lelièvre revient, dans une tribune au « Monde », sur les premiers manuels d’histoire sous Jules Ferry. Une analyse sous forme de réponses à la déclaration de candidature d’Eric Zemmour.
Tribune. Eric Zemmour a terminé l’annonce de sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle par « Vive la République, mais surtout vive la France ! » Parmi ses « cinq priorités pour la France », il a placé « le retour à une instruction publique exigeante et performante indispensable pour redresser le niveau scolaire qui conditionne notre prospérité économique de demain, mais aussi pour faire à nouveau des Français, imprégnés de la culture et de l’histoire de notre pays ».
Dans l’un de ses discours célèbres, au congrès de 1903 du Parti radical, Ferdinand Buisson, placé par Jules Ferry à la direction de l’école primaire, où il restera dix-sept ans, a lui mis en avant que « le premier devoir d’une République est de faire des républicains (…). Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit et lui donner l’idée qu’il peut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef quel qu’il soit, temporel ou spirituel ».
On voit la différence originelle. Mais qu’en a-t-il été de l’éducation patriotique et de l’histoire de France instituée de fait par l’historien Ernest Lavisse et ses manuels pour l’école primaire, au fondement de l’école républicaine ? Selon Ernest Lavisse, « l’histoire doit être la grande inspiratrice de l’éducation nationale ». Il s’agit moins de penser l’enchaînement des faits historiques depuis les origines jusqu’à la période contemporaine que d’opposer la « civilisation » à la « barbarie ».
C’est tout le sens des deux premières leçons de son manuel d’histoire de France pour le cours élémentaire datant de 1884. Première leçon : « Autrefois notre pays s’appelait la Gaule. Vous voyez en haut et à droite de la page un Gaulois. Il a les cheveux très longs. Son manteau est fait d’une peau de bête. Si vous rencontriez un homme comme celui-là dans la rue, vous croiriez que c’est un sauvage. Le garçon va suivre son père à la chasse. Il n’ira pas à l’école pour une bonne raison : c’est qu’il n’y a pas d’écoles en Gaule. Vous, vous ne voudriez pas être ignorants comme ces petits-là. »
Deuxième leçon : « Vous voyez maintenant une ville gauloise. Vous devez être étonné de voir une si belle ville en Gaule, car vous avez vu auparavant une maison gauloise bien misérable ! Des enfants vont à l’école. Qu’est-il donc arrivé ? Il est arrivé que les Romains sont devenus les maîtres de la Gaule, après les victoires de César. Les Romains savaient faire beaucoup de choses que les Gaulois ne savaient pas faire. Mais les Gaulois étaient très intelligents. Ils apprirent à faire tout ce que faisaient les Romains. Alors ils bâtirent de belles villes. Ils s’habillèrent comme les Romains. Et les enfants allèrent à l’école. »
(...)
Claude Lelièvre est historien de l’éducation, auteur de « L’Ecole d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire », paru en mars aux éditions Odile Jacob (320 pages, 22,90 euros).
Tribune complète à lire en cliquant ci-dessous
Le retour de la fin du collège unique
EXTRAIT
Comme toujours, à chaque présidentielle, l’un des candidats, de droite, veut s’attaquer au « collège unique » et cette fois-ci, c’est une des candidates, Valérie Pécresse. Le Point résume ainsi ses déclarations[1] : « elle a promis de « mettre le paquet » avec « un examen à l’entrée en 6e » et « la fin du collège unique ». « La lutte contre le décrochage scolaire sera la grande cause de mon quinquennat », a-t-elle ajouté, en plaidant pour une école « où la transmission des savoirs est sacrée » et où « on enseigne la fierté de l’Histoire, pas la repentance ». »
Cet engagement a suscité quelques commentaires que je vais poursuivre.
Un principe gaulliste ?
Claude Lelièvre, dans son billet (2), s’amuse à confronter la gaulliste Valérie Pécresse aux deux ministres de la période gaullienne d’avant Mai 68 : Fouchet et Peyrefitte, qui ont préparé le terrain à l’évènement du collège unique en 75.
Croyant se référer à de Gaulle qui craignait de voir l’Université submergée par l’entrée massive des enfants du peuple, Valérie Pécresse réclame le retour du concours d’entrée en sixième. Ce que Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, avait déjà réclamé en 2010, et Claude Lelièvre en avait profité, dans un entretien pour Libération, pour faire quelques rappels historiques. En conclusion il indiquait :
« Tous les huit-dix ans, des personnalités de droite ou certains syndicats le redemandent. Comme Jean-François Copé, ils affirment qu’il vaut mieux redoubler pour être préparé au collège. Mais pourquoi redoubler le CM2 et pas le CP par exemple, une classe importante ? Le fond du problème, c’est le lien entre le primaire et le collège. En prônant ainsi le redoublement, on veut séparer le primaire du collège et faire de celui-ci l’antichambre d’un secondaire d’élite. De Gaulle, lui, avait choisi la continuité entre les deux niveaux. Jean-François Copé va ici à contre-courant de l’ambition gaullienne. »
Aujourd’hui, il reprend la plume et précise la position de ces deux ministres gaullistes importants. Il rappelle que lors du colloque d’Amiens à la mi-mars 1968 Alain Peyrefitte affirme que la réforme du collège, le CES (collège d’enseignement secondaire), nécessite aussi une réforme des méthodes pédagogiques. Claude Lelièvre cite des paroles de Peyrefitte qui ressemblent étrangement à ce que l’on trouve dans la loi de 89 : « tout cela signifie que nous voulons des maîtres qui soient moins les serviteurs d’une discipline que les serviteurs des enfants ; des maîtres qui sachent, certes, de quoi ils parlent, mais aussi et surtout à qui ils parlent. »
Certains républicains, doublés de gaullistes, seraient aussi des pédagogues ?
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Bernard Desclaux
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Le retour de la fin du collège unique
Comme toujours, à chaque présidentielle, l'un des candidats, de droite, veut s'attaquer au " collège unique " et cette fois-ci, c'est une des candidates, Valérie Pécresse. Le Point résume ain...
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