Covid - Gestion des élèves dans le primaire: "cette procédure est inadaptée à la situation."
EXTRAITS
La nouvelle FAQ publiée par le ministère après les annonces du 25 novembre confirme deux choses. Premièrement, le remplacement de la fermeture automatique des classes par le droit au retour des cas négatifs a été improvisée. Il a fallu deux journées au ministère pour décrire la marche à suivre. Il en faudra encore plusieurs pour son application. Deuxièmement, cette procédure est inadaptée à la situation. Elle n'empêchera pas la diffusion de l'épidémie dans les classes et par suite dans les familles. Elle donne la priorité au maintien des enfants en classe "coûte que coûte" et quel que soit leur situation virologique.
Une procédure improvisée
Il aura fallu deux journées pour mettre par écrit les annonces faites par JM Blanquer le 25 novembre. La nouvelle édition de la "foire aux questions" (FAQ) ministérielle a été publiée en fin de journée le 26 novembre. Elle précise la marche à suivre dans le premier degré, rien ne changeant officiellement dans le second degré.
"La survenue d’un cas confirmé parmi les élèves entraîne par principe la suspension de l’accueil en présentiel, pour une durée de 7 jours, des élèves de la classe concernée et des contacts à risque identifiés en dehors de la classe. Toutefois, ces élèves pourront poursuivre les apprentissages en présentiel sous réserve de présenter un résultat de test négatif. Cette évolution entre en vigueur au plus tard le lundi 6 décembre 2021", écrit la FAQ. La fermeture de la classe reste la règle mais avec un "droit au retour" des élèves.
(...)
Un déploiement allongé sur une semaine
C'est le directeur qui aura à prévenir les 25 à 30 parents dès qu'un cas est confirmé. Il devra aussi gérer les départs des élèves. Puis il devra gérer les retours et enfin s'arranger pour que les élèves cas contact pas encore partis ne croisent pas les élèves avec test négatifs de retour... En espérant qu'entre temps un autre cas positif ne se soit pas déclaré...
La mise en place de cette nouvelle règle se fera "au fur et à mesure durant la semaine prochaine". Selon JM Blanquer elle devrait être installée partout "le lundi suivant" (début décembre).
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Des enseignants jamais malades
Le pire concerne les enseignants. "L’apparition d’un cas confirmé parmi les personnels, dès lors qu’ils portent un masque, n’implique pas que les élèves de la classe soient considérés comme contacts à risque. De même, l’apparition d’un cas confirmé parmi les élèves n’implique pas que les personnels soient identifiés comme contacts à risque, dès lors que ces derniers portent un masque. Les règles applicables suite à la survenue d’un cas confirmé parmi les élèves à l’école primaire (dépistage immédiat pour la poursuite des cours en présence) ne s’appliquent pas aux personnels". Les enseignants devront donc se faire tester à leurs frais s'ils le souhaitent. Par définition ils sont immunisés par le masque fourni par le ministère. Non testés ils peuvent être contaminés et contaminer ensuite leur classe sans forcément s'en apercevoir à temps. Ce qui importe c'est la continuité du service.
La FAQ précise que pendant "la suspension de l’accueil en présentiel... les élèves concernés bénéficient de l’apprentissage à distance". On peut se demander comment les enseignants pourront à la fois faire cours en présentiel et faire de "l'apprentissage à distance". Là aussi le discours ministériel flatte l'électeur mais il décolle de la réalité. Parce qu'au final c'est sa caractéristique principale.
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F Jarraud
Billet complet à lire en cliquant ci-dessous
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Covid : Nouvelle FAQ sur la gestion des élèves dans le primaire
La nouvelle FAQ publiée par le ministère après les annonces du 25 novembre confirme deux choses. Premièrement, le remplacement de la fermeture automatique des classes par le droit au retour des...
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/11/29112021Article637737668248826539.aspx
Ecoles... Nouveau protocole: "Un geste pour les parents plus que pour les enfants?"
Les classes fermées dès le premier cas de covid, c’est fini
Le nouveau protocole dans l’Education entre en vigueur ce lundi. L’exécutif a décidé de généraliser un dispositif expérimenté dans dix départements : il n’y aura plus de fermeture de classe mais un dépistage de tous les élèves si un cas est détecté.
Un geste pour les parents plus que pour les enfants? Pour le ministre de l’Education nationale, il y avait urgence à arrêter un (nouveau) décompte affolant. Selon les derniers chiffres, plus de 9 000 classes étaient fermées à la date de vendredi contre 4 048 le vendredi précédentt. Une explosion concentrée presque exclusivement dans le primaire. «Nous estimons que ce sont environ 180 000 familles qui sont concernées aujourd’hui par des fermetures de classes», a souligné Jean-Michel Blanquer jeudi. De quoi justifier un ajustement du protocole sanitaire du premier degré. Avec 77% de primo-vaccinés chez les 12-17 ans et 75% ayant reçu les deux doses, «l’enseignement secondaire avec le protocole actuel peut tout à fait traverser la cinquième vague», a estimé le ministre. Pas de changement en collège et lycée donc.
Jusqu’alors, une classe de maternelle ou d’élémentaire était censée fermer dès la détection d’un cas de Covid, sauf dans dix départements (Ariège, Côte-d’Or, Moselle, Var, Landes…), qui expérimentent depuis début octobre le fait de ne renvoyer à domicile pour une semaine que les élèves positifs. Avant même d’avoir dressé un bilan de cet essai (un rendez-vous est fixé au 3 décembre), cette formule est désormais étendue nationalement, à partir du «courant de la semaine prochaine», En d’autres termes, «il n’y aura plus de fermeture systématique de classe mais un dépistage de toute la classe en cas de cas positif, seuls les élèves ayant un test négatif [salivaire ou nasopharyngé] pourront faire leur retour» à l’école, a annoncé le ministre. Une déclaration sur l’honneur ne sera pas suffisante, les parents devront fournir le résultat à l’établissement.
Un changement «incompréhensible»
Le protocole est réadapté. «Le test peut être réalisé soit par les responsables légaux, en général les parents, […] soit à travers la présence des laboratoires» dans l’école, a expliqué Jean-Michel Blanquer en pointant les écueils du système précédent. Les laboratoires étant confrontés à une situation épidémique autrement plus tendue que début octobre, il a été dans certains cas impossible d’empêcher les fermetures de classe faute d’avoir pu mobiliser dans les vingt-quatre heures une équipe de laborantins. Témoignage de cette logistique complexe, mercredi, 179 classes gardaient portes closes dans le Rhône, pourtant parti prenant de l’expérimentation, selon le SnuiPP. Cette «mesure de souplesse» engrange de nouvelles inégalités. «Dans certains cas les parents vont facilement pouvoir se libérer une heure de leur travail pour pouvoir venir faire passer un test à leur enfant et il y a ceux qui travailleront jusqu’à 19h30 et ne pourront pas le faire dans la journée. On sait que ce sont les classes favorisées qui vont être en capacité de le faire, pas les autres», déplore le SnuiPP.
Le timing de cette annonce interroge également les syndicats. Un «changement de stratégie en pleine cinquième vague est incompréhensible» pour Stéphane Crochet, secrétaire général au syndicat SE-Unsa. Pointant le flou entourant ces annonces, il lance : «Nous n’avons pas compris si en attendant d’avoir un résultat négatif, les enfants restent à l’école ou pas.» Le ministère de l’Education nationale précise que la classe fermera bel et bien et que les élèves reviendront «peu à peu» avec leur laissez-passer. «Pour les trois semaines restantes avant Noël, en attendant de voir l’évolution de la situation épidémique, le maintien de la fermeture de classe dès un cas nous aurait paru plus prudent», appuie Stéphane Crochet. Si l’académie de Rennes assure que cette méthode leur a permis de réduire de 50% le nombre de fermetures de classes jusqu’à la semaine dernière et la soudaine flambée épidémique, quid de la période d’incubation ? «On a dit au ministère ce [jeudi] qu’il faut tester les élèves toutes les quarante-huit heures car un élève négatif à J-0 peut être positif à J+2», rappelle Guislaine David. Quant au seuil de trois cas positifs déclenchant une fermeture systématique de la classe, il est désormais caduc. Le ministère renvoie aux agences régionales de santé le soin d’apprécier la situation et de renvoyer ou non tous les bambins chez eux.
Marlène Thomas
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Les classes fermées dès le premier cas de covid, c'est fini
Un geste pour les parents plus que pour les enfants? Pour le ministre de l'Education nationale, il y avait urgence à arrêter un (nouveau) décompte affolant. Selon les derniers chiffres, plus de ...
Revue de Presse Education... Oh Micro(n)
Une revue hebdomadaire forcément marquée par le rebond du Covid (on révise l’alphabet grec bien malgré nous). Mais cette revue est surtout marquée du sceau d’un grand malaise dans la profession, d’un peu de pédagogie et de pas mal de réflexions sur l’orientation et le supérieur.
Oh Micro(n)
Le nouveau variant faisant flamber la 5è vague, on a encore beaucoup entendu le ministre cette semaine
Libération s’interroge : « Nouveau protocole Covid à l’école primaire : ça passe ou ça classe ?«
“Le ministre de l’Education nationale a annoncé ce jeudi la généralisation d’un dispositif expérimenté jusqu’alors dans dix départements : il n’y aura plus de fermeture de classe mais un dépistage de tous les élèves si un cas est détecté. Des dispositions aux contours encore flous.”
La Dépêche détaille les mesures du nouveau protocole présenté sur France Inter : « autotests obligatoires en 6e, tests en maternelle… les nouvelles annonces de Jean-Michel Blanquer » et notamment celle qui interroge le plus : l’obligation de donner le statut négatif des élèves dès qu’un cas positif se trouve dans leur classe. Comment, alors que le Conseil constitutionnel a rappelé l’obligation du secret médical imposer la divulgation des résultats ?
On va dire que j’ai des chouchous, mais je suis encore une fois totalement d’accord avec l’analyse de Lucien Marboeuf dans son blog que je vous invite à lire si ce n’est déjà fait ! « 5ème vague : l’école dans le sens inverse des aiguilles » !
Pour aller à la source, voici le lien vers la FàQ du Ministère, mise à jour le vendredi 26 novembre.
Corollaire de la flambée des cas et des fermetures de classes (bon, ça c’est terminé, trop de classes fermées = on ne ferme plus… intéressante équation !), le retour du spectre du distanciel.
Libération en parlait dès le 24 novembre : « Covid-19 : à l’école, l’enseignement à distance repose une colle ».
« Le ministre de l’Education a signalé, mardi devant l’Assemblée nationale, une nouvelle augmentation sensible : 6 000 classes, «de l’école primaire en particulier», gardent actuellement porte close, nouveau chiffre le plus élevé depuis la rentrée et près de cinq fois supérieur au recensement paru avant les vacances de la Toussaint. «Je rappelle que l’année dernière, au pic de l’épidémie, quand nous réussissions à maintenir l’école ouverte, nous étions quand même à 12 000 classes fermées», a voulu rassurer Jean-Michel Blanquer. «Il compare des chiffres qui ne sont pas comparables», recadre Guislaine David, du SnuiPP-FSU, syndicat majoritaire dans le premier degré. Car si une classe de maternelle ou d’élémentaire est censée fermer, durant une semaine, dès la détection d’un cas de Covid, ce n’est plus le cas dans le second degré, ou à la marge, en sixième, car les enfants sont trop jeunes pour être vaccinés.
«Les chiffres nous affolent parce que c’est beaucoup plus important que l’année dernière, poursuit la syndicaliste. On risque de se retrouver comme en février-mars.» Un professeur des écoles de l’académie de Versailles, qui voit les classes fermer à grande vitesse autour de lui, résume l’état d’esprit général : «On avait un peu oublié tout ça, et ça revient comme un boomerang.» La preuve dans cette école de l’académie de Toulouse, où aucun enfant n’a contracté le Covid en un an et demi et où c’est la cata depuis cinq jours : une cinquième fermeture de classe, sur les huit que compte l’établissement, devait être décidée mercredi soir.«
Julien Cueille sur son blog évoque lui aussi le distanciel, en avons-nous fait le bilan ? « Le spectre du distanciel hante l’Europe… Mais en a-t-on dressé le bilan? Les voix des « experts » (en technologies numériques, plutôt qu’en pédagogie) continuent de se faire bruyamment entendre, peut-être pour couvrir la parole des enseignant-e-s… et des élèves. » J’avoue trouver qu’une enquête sur 60 enseignants (est-ce un panel représentatif ?) sur 800 000 n’a pas forcément une grande valeur, mais je retiens que la pédagogie et non la technologie doit être à la base des usages du numérique pour les enseignants, cela paraît logique, comme pour toute forme d’enseignement.
(...)
Emilie Kochert
Suite et fin en cliquant ci-dessous
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Revue de presse du dimanche 28 novembre 2021 - Les Cahiers pédagogiques
Une revue hebdomadaire forcément marquée par le rebond du Covid (on révise l'alphabet grec bien malgré nous). Mais cette revue est surtout marquée du sceau d'un grand malaise dans la professio...
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Quels rapports les jeunes entretiennent-ils avec la lecture ?
À l’occasion d’un dossier consacré aux influenceurs littéraires et aux nouveaux enjeux pour la critique, nous nous sommes intéressés aux rapports que les jeunes entretiennent avec la lecture. Décryptage avec Sonia de Leusse-Le Guillou, directrice de l’association Lecture Jeunesse.
Lecture Jeunesse est une association qui étudie la lecture et l’écriture des adolescents.
Les jeunes lisent-ils ?
Avec les réseaux sociaux, les SMS, internet, l’école… en réalité ils n’ont jamais autant lu et écrit qu’aujourd’hui. En revanche la lecture de livres à tendance à diminuer. Mais c’est le cas dans toute la population, pas que chez les jeunes.
On constate que l’âge du décrochage se situe au collège, vers 13 a ns. 48,5 % des jeunes du collège ont des difficultés de lecture et de compréhension. Le niveau ne baisse pas d’année en année, c’est surtout les écarts qui se creusent entre les jeunes qui maîtrisent le mieux la lecture et l’écriture, et ceux qui maîtrisent le moins bien.
« En France, on lit moins pour le plaisir »
Pourquoi ?
On constate que l’origine sociale a une forte incidence sur les compétences de lecture et d’écriture. Avoir des livres au domicile familial, voir ses parents lire, a clairement un impact. Mais il y a aussi un caractère mortifère qui colle à la lecture. C’est une pratique qui reste associée à l’isolement, en opposition avec la socialisation que désirent particulièrement les jeunes.
D’ailleurs, en France, on lit moins pour le plaisir que dans les autres pays de l’OCDE. Pourtant, la lecture peut être un moyen de partager, la preuve avec les communautés qui se forment autour des mangas ou des influenceurs littéraires : les jeunes se servent des livres comme d’un support de discussion.
« Pas d’opposition avec le numérique »
Quelles sont les solutions pour limiter le décrochage au collège ?
Il faut d’abord sortir de l’idée que c’est une génération d’ignares, collés aux téléphones, que la lecture n’intéresse plus. C’est faux ! Cette idée crée une représentation chez les jeunes eux-mêmes qui se disent : « on n’aime pas lire, donc on ne lit pas ».
Il n’y a pas d’opposition à faire avec le numérique. Il faut plutôt partir de leurs centres d’intérêt, de leurs besoins, et les amener vers des pratiques de lecture adaptées. Il faut également voir commenter dans la formation des enseignants, on peut développer la connaissance de la littérature jeunesse pour l’intégrer aux parcours scolaires, en parallèle des « classiques » qui sont aussi nécessaires. Famille, Éducation nationale… On doit multiplier les incitations de façon complémentaire.
Coup de coeur... Gérard de Nerval...
Je me sentais vivre en elle, et elle vivait pour moi seul. Son sourire me remplissait d'une béatitude infinie ! La vibration de sa voix si douce et cependant fortement timbrée me faisait tressaillir de joie et d'amour. Elle avait pour moi toutes les perfections, elle répondait à tous mes enthousiasmes, à tous mes caprices, - belle comme le jour aux feux de la rampe qui l'éclairait d'en bas, pâle comme la nuit, quand la rampe baissée la laissait éclairée d'en haut sous les rayons du lustre et la montrait plus naturelle, brillant dans l'ombre de sa seule beauté, comme les Heures divines qui se découpent, avec une étoile au front, sur les fonds bruns des fresques d'Herculanum! Depuis un an, je n'avais pas encore songé à m'informer de ce qu'elle pouvait être d'ailleurs ! Je craignais de troubler le miroir magique qui me renvoyait son image, - et tout au plus avais-je prêté l'oreille à quelques propos concernant non plus l'actrice, mais la femme. Je m'en informais aussi peu que des bruits qui ont pu courir sur la princesse d'Elide ou sur la reine de Trébizonde, - un de mes oncles, qui avait vécu dans les avant-dernières années du XVIIIe siècle, comme il fallait y vivre pour le bien connaître, m'ayant prévenu de bonne heure que les actrices n'étaient pas des femmes, et que la nature avait oublié de leur faire un cœur. Il parlait de celles de ce temps-là sans doute ! Mais il m'avait raconté tant d'histoires de ses illusions, de ses déceptions, et montré tant de portraits sur ivoire, médaillons charmants qu'il utilisait depuis à parer des tabatières, tant de billets jaunis, tant de faveurs fanées, en m'en faisant l'histoire et le compte définitif, que je m'étais habitué à penser mal de toutes sans tenir compte de l'ordre des temps. Nous vivions alors dans une époque étrange, comme celles qui d'ordinaire succèdent aux révolutions ou aux abaissements des grands règnes. Ce n'était plus la galanterie héroïque comme sous la Fronde, le vice élégant et paré comme sous la Régence, le scepticisme et les folles orgies du Directoire!; d'aspirations philosophiques ou religieuses, d'enthousiasmes vagues, mêlés de certains instincts de renaissance!; d'ennui des discordes passées, d'espoirs incertains, - quelque chose comme l'époque de Pérégrinus et d'Apulée. L'homme matériel aspirait au bouquet de roses qui devait le régénérer par les mains de la belle Isis ! La déesse éternellement jeune et pure nous apparaissait dans les nuits, et nous faisait honte de nos heures de jour perdues. L'ambition n'était cependant pas de notre âge, et l'avide curée qui se faisait alors des positions et des honneurs nous éloignait des sphères d'activité possibles. Il ne nous restait pour asile que cette tour d'ivoire des poètes, où nous montions toujours plus haut pour nous isoler de la foule. À ces points élevés où nous guidaient nos maîtres, nous respirions enfin l'air pur des solitudes, nous buvions l'oubli dans la coupe d'or des légendes, nous étions ivres de poésie et d'amour. Amour, hélas !! des formes vagues, des teintes roses et bleues, des fantômes métaphysiques!! Vue de près, la femme réelle révoltait notre ingénuité ! Il fallait qu'elle apparût reine ou déesse, et surtout n'en pas approcher.
Gérard de Nerval - Sylvie/Les filles du feu
5ème vague : l’école dans le sens inverse des aiguilles
EXTRAIT
La 5ème vague de l’épidémie-qu’on-aura-pour-toujours-si-ça-continue-comme-ça de Covid-19 s’abat depuis quelques jours sur le pays, surprenant même les médecins. Le gouvernement décide de durcir les mesures : ouverture du rappel vaccinal à tous les adultes, port du masque obligatoire partout en intérieur, mais aussi en extérieur pour les marchés de Noël ou les brocantes, restriction du test négatif ouvrant droit au pass sanitaire à 24 h…
« Pendant ce temps, à Vera Cruz », l’école, elle, voit son protocole sanitaire allégé.
Si si.
Le gouvernement serre la vis… mais ne ferme plus les classes
C’est jeudi que JM Blanquer a pris la parole pour annoncer comment l’école allait contribuer à enrayer la montée des contaminations dans le pays : en ne fermant plus de classe lorsqu’un élève est déclaré positif au Covid-19… Cet assouplissement du protocole sanitaire est la seule mesure annoncée. Rien concernant les collèges et lycées : avec 77% de primo-vaccinés chez les 12-17 ans et 75% ayant reçu les deux doses, « l’enseignement secondaire avec le protocole actuel peut tout à fait traverser la cinquième vague », estime le ministre.
Depuis le mois d’avril en primaire, le premier cas positif entrainait la fermeture de la classe pour une semaine, le temps nécessaire à l’incubation de la maladie, les élèves pouvant revenir avec un test négatif à J+7. A l’époque cette mesure était présentée comme un impératif permettant de limiter la circulation du virus. Désormais, un cas positif n’entraine plus de fermeture d’une semaine : « Dès la semaine prochaine, lorsqu'un élève est testé positif, tous les élèves de la classe sont testés à leur tour et seuls les camarades testés positifs restent à la maison ». Concrètement ? C’est flou : « La classe ferme et les élèves reviennent peu à peu ».
JM Blanquer n’a jamais fait mystère de sa priorité :« Notre boussole reste la priorité d’une école ouverte », ce qui lui permet de se gargariser régulièrement de ce que la France est l’un des pays ayant le moins fermé les écoles depuis le début de l’épidémie. Le ministre va bien sûr dans le sens des parents, qui n’en peuvent plus de devoir garder leur enfant tous les quatre matins et de devoir jongler avec leur employeur et le télétravail (on peut les comprendre). Bien sûr il y a la nécessité de garder un enseignement digne de ce nom, personne ne goute le distanciel, à commencer par les profs, je sais de quoi je parle, j’ai déjà fermé ma classe deux fois cette année et chaque fois c’est du travail en plus (contrairement à ce que semblent penser certains journalistes éducation), il faut réorganiser les progressions, les programmations, concevoir du travail spécifique et adapté, gérer les travaux des élèves à distance, téléphoner au besoin, pour un résultat en forme de pis-aller.
Mais une fois qu’on a dit ça, que tout le monde préfère l’école en face à face, on fait quoi de cette foutue épidémie ? Quelle est la cohérence d’une action gouvernementale où l’école va à rebours du reste de la société ?
Pourtant, les chiffres explosent à l’école
Les chiffres pour l’école primaire sont accablants. Le taux d’incidence pour les 6-10 ans atteint 500 pour 100 000, plus du double de celui de la population générale (193). Il était de 80 après les vacances de la Toussaint. Le taux de positivité à l’école est de 8,3 % contre 4,7 % pour l’ensemble de la population, d’après Les stylos rouges. En conséquence le nombre de classes fermées a doublé en une semaine, passant de 4 000 vendredi 19 à 8 890 jeudi 25… Le record depuis le début de l’épidémie est de 11 300 classes fermées, mais les collèges et lycées étaient alors comptabilisées, là, ce ne sont que les écoles… Et encore, 10 départements-test sont déjà sous le nouveau protocole et ne ferment plus au premier cas, sans quoi il y aurait sans doute bien plus de classes fermées encore.
Le nombre d’élèves positifs a lui aussi doublé en une semaine : 21 976 jeudi 25 contre 10 962 le jeudi 18 (même chose pour les personnels, on est passé de 776 à 1 562). Là aussi, on est sans doute bien en-deçà du nombre réel de positifs : dans les écoles où les tests sont proposés, les parents refusent de plus en plus que leur enfant soit testé, de peur de voir la classe fermer. « Tant qu’il n’y a pas de symptômes, je ne teste pas », ai-je entendu cette semaine… Pendant ce temps-là, le virus circule.
(...)
Lucien Marboeuf
Texte complet à lire en cliquant ci-dessous
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5ème vague : l'école dans le sens inverse des aiguilles
La 5ème vague de l'épidémie-qu'on-aura-pour-toujours-si-ça-continue-comme-ça de Covid-19 s'abat depuis quelques jours sur le pays, surprenant même les médecins. Le gouvernement décide de du...
Bilan Blanquer: une "Ecole" toujours plus libérale...
Depuis 2017, tout devient de plus en plus compétition. Pas une émission de télévision sans la mise en concurrence de compétiteurs. Le tout appuyé sur des “valeurs” très discutables au passage. Le gagnant ou la gagnante de l'émission-phare de TF1, “Koh Lanta”, est toujours le plus roublard, voire le plus menteur et traître à la parole donnée.
Tous les ans paraissent les incontournables et redoutés “classements” des établissements scolaires et universitaires, classements des meilleures "prépas". A quand le palmarès des meilleures écoles maternelles? Classements absurdes, quasiment falsificateurs.
Me revient en mémoire un article paru dans Le Monde du 19 janvier 2010, écrit par Alain Cadix, ancien Président de la Conférence des Grandes Ecoles, et malicieusement intitulé: "L'ascenseur social ne démarre pas au 15ème étage" *. Il y évoquait, je cite, "un réel et préoccupant déséquilibre social". Mais l'Université française, car Alain Cadix parlait des Grandes Ecoles, n'est pas en reste. En théorie non sélective, rappelons néanmoins qu'elle effectue un tri social après la licence. 18% des étudiants en master et 12% en Doctorat sont enfants d'employés et d'ouvriers alors que ces mêmes catégories sont sur-représentées en BTS, IUT et autres formations comptables. Dans ce système, scolaire puis universitaire, “malheur aux vaincus”! Vaincus vite ignorés, oubliés puis éliminés. En effet, contrairement aux pays nordiques où tout est mis en oeuvre pour élever le niveau de l'ENSEMBLE des élèves et des étudiants, la France sélectionne les meilleurs qui SEULS et en immense majorité dotés du même capital de départ, atteignent les “sommets”, à de rares exceptions près, exceptions auxquelles l'institution réserve quelques places afin de pouvoir corriger sans doute et à peu de frais l'image d'une Ecole à plusieurs vitesses sociales.
La compétition organisée par les plus hautes autorités de l'Etat commence tôt. Entre la maternelle et le CM2, l'écart est de 16,4 points sur 100 en mathématiques entre les enfants d'ouvriers et ceux de cadres supérieurs. (De 14 points sur 100 en français). Le retard pris dès le “coup de pistolet” est en général impossible à combler. Cherche-t-on seulement à le faire? Oui répondra monsieur Blanquer, avançant son initiative de dédoublement des CP/CE1 en zone dite "REP+". Si l'intention semble louable et généreuse, elle se heurte au réel: 70% des élèves en difficultés ne sont pas en "REP+" et ces dédoublements ont eu pour conséquences, au-delà de résultats mitigés, des dégâts collatéraux non négligeables. Habiller Pierre pour déshabiller Paul n'a jamais fait une bonne politique.
Mais la plus grande perversion du système tient moins à la compétition elle-même que par ce qu'elle engendre en amont. En effet, le diplôme étant en France un sésame incontournable et un marqueur social fort, les familles mettent en lace des stratégies, parfois dès la maternelle (!!!), permettant de maintenir puis d'augmenter les potentialités de leurs enfants. Ces parents sont dans leur immense majorité sur-diplômés, financièrement à l'abri du besoin et très au fait des moyens à employer à l'intérieur du système scolaire pour en éviter les pièges. Je devrais dire "étaient" car depuis quelques années, la fièvre du “Tu seras le meilleur mon fils”/“Tu seras la meilleure ma fille” gagne toutes les classes sociales. La course aux cours particuliers, aux inscriptions sur des sites vantant leurs “merveilleux” résultats est désormais engagée pour des familles jadis épargnées ou écartées de cette folie compétitrice.
Alors que les essentiels sont ailleurs.
La modernisation indispensable de nos méthodes d'enseignement en permettant le développement de pédagogies adaptées, la transformation radicale de nos lieux d'enseignement (l'architecture scolaire est un sujet encore trop peu étudié), la transformation nécessaire des programmes, bref une vraie "révolution scolaire" passant d'abord par une "révolution des attitudes“ font partie de ces ”essentiels". Hélas, tout cela a souvent été freiné par le monde enseignant lui-même. Déçu des nombreuses "réformettes" incohérentes, nombreux sont ceux qui ont prêté une oreille attentive aux déclinologues et ont choisi les voies d'un conservatisme prudent mais poussiéreux, s'enfermant dans une nostalgie fantasmée de l'école d'hier. Pour ceux-là, la compétition est un “confort” qui leur permet de croire qu'en éliminant, si possible très tôt les élèves en difficultés, nous parviendrions à construire une "société des meilleurs" par les meilleurs et pour les meilleurs. N'a-t-on pas récemment entendu madame Pécresse, candidate à l'élection présidentielle, proposer un retour de l'examen d'entrée en 6e ?
Erreur gravissime de jugement. Dans toutes compétitions, il ne peut y avoir d'excellents “premiers” qu'à une condition: que ceux-ci soient poussés par d'excellents seconds, troisièmes, quatrièmes et ainsi jusqu'au dernier.
A vouloir trop éliminer, à éliminer D'ABORD, c'est l'ensemble de l'édifice scolaire qu'on fragilise dangereusement. Si le résultat de l'élection qui vient amène au pouvoir une équipe à nouveau libérale, l'Ecole, au sens large du terme, en serait encore plus victime qu'elle ne le fut depuis 2017, avec un ministre plus intéressé à la construction de son image sur divers plateaux de télévision qu'à celle d'une Ecole échappant à l'air vicié du temps.
Christophe Chartreux
* L'ascenseur social ne démarre pas au 15e étage !... par Alain Cadix (lemonde.fr)