Auvergne-Rhône-Alpes : sur la formation, Wauquiez ne fait pas crédit...
Depuis son élection à la tête de la région, en 2015, l’ancien ministre LR a amputé le budget consacré à l’accompagnement des demandeurs d’emploi, allant jusqu’à refuser les aides de l’Etat. Des coupes drastiques critiquées par les organismes dédiés et par les partenaires sociaux.
Penchés sur leurs claviers, les stagiaires peaufinent leur CV. «Chacun à son rythme», précise la formatrice de Tremplin Anepa (Association nationale d’éducation permanente pour adultes). A Lyon, cet organisme accompagne près de 400 demandeurs d’emploi par an, en particulier des jeunes, des allocataires du RSA, des femmes, des personnes porteuses de handicap et des réfugiés. «Plus que des outils techniques, nous proposons des parcours très individualisés et du soutien dans une phase de vie parfois difficile», explique Marie-Eve Péguy, la directrice de Tremplin Anepa. Ses formations ne sont pas qualifiantes, mais participent à la préparation d’un projet professionnel et à la recherche de stages en entreprise.
Un socle de «soft skills» est complété à la carte par des remises à niveau en maths et en français, des modules sur le droit du travail, les gestes et postures ou l’hygiène et la sécurité. Le bonus, une ouverture aux arts : les actuels stagiaires participeront au défilé amateur de la Biennale de la danse de Lyon. «Le projet artistique représente 20 % du temps de formation, il est le levain de la dynamique de groupe, considère Marie-Eve Péguy. Nos parcours sont une première marche pour négocier un nouveau virage, reprendre confiance en soi et être prêt, ensuite, à entrer dans une formation spécifique à un métier.»
«Ce n’est pas une histoire de sous, c’est idéologique»
Mais à l’arrivée de Laurent Wauquiez à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2016, ce type d’accompagnement de fond, non qualifiant, a été la première victime des lourdes coupes budgétaires sur la formation professionnelle. En 2015, les dépenses de fonctionnement de cette compétence majeure (avec le ferroviaire) de l’échelon régional atteignaient 206 millions d’euros en Rhône-Alpes et 111 millions d’euros en Auvergne, soit un total de 317 millions d’euros, d’après les comptes administratifs des collectivités. En 2016, quand Wauquiez hérite de la grande région fusionnée, elles passent à 226 millions d’euros et ne cessent de diminuer jusqu’à 100 millions d’euros en 2020. Sur le mandat, c’est, en cumulé, 850 millions d’euros en moins pour financer l’ensemble de la formation professionnelle. Des amputations chroniques que les avis annuels du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser), une instance consultative, n’ont cessé de dénoncer depuis six ans.
En novembre 2015, un mois avant son élection à la tête du conseil régional, l’ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi des gouvernements Fillon déclarait dans le Progrès vouloir «fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes» et «aider davantage ceux qui se donnent vraiment du mal et qui veulent réellement trouver un emploi». «En fait, Laurent Wauquiez a fait ce qu’il avait dit pendant sa campagne, se désole le directeur d’un organisme de formation. Ce n’est pas qu’une histoire de sous, c’est idéologique.» Pour le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, candidat à sa réélection et grand favori, l’équation se résume à deux expressions chocs : «Le travail plutôt que l’assistanat» et la fin des «stages parking» (ces formations qui, selon lui, permettent de faire baisser artificiellement les statistiques du chômage). Sa priorité : pourvoir les secteurs en tension, tels les métiers de l’industrie, du bâtiment et de la propreté, l’agriculture, les services à la personne, le numérique ou le transport-logistique. «Tout ça pour être le doigt sur la couture face au monde économique», souffle le directeur d’un organisme de formation.
En détrônant la gauche en 2015 à Lyon et Clermont-Ferrand, Wauquiez a décidé de faire de la deuxième région économique de France une vitrine de son ambition nationale : la course à la présidentielle de 2022. En Auvergne-Rhône-Alpes, la réduction de la dette est ainsi devenue sa feuille de route exclusive : montée en flèche des investissements et un milliard d’euros d’économies sur les coûts de fonctionnement durant le mandat. Six ans plus tard, le pari est semble-t-il gagné pour le VRP de l’autoproclamée «région la mieux gérée de France». Sauf que ce satisfecit joue sur une confusion : «Les dépenses de fonctionnement, ce ne sont pas que les frais de fonctionnement de la structure, ça concerne d’abord les compétences premières, dont la formation professionnelle, explique Edith Bolf, membre de la délégation CFDT du Ceser, dont elle préside la commission dédiée à la formation. Or si le conseil régional a cette compétence, il doit l’assumer.»
«C’est une perte de chance hallucinante»
Mais Laurent Wauquiez ne l’entend pas de cette oreille. En 2016, il refuse de participer au plan annoncé par François Hollande pour créer 500 000 places de formation supplémentaires en France pour les demandeurs d’emploi. L’Auvergne-Rhône-Alpes passe ainsi à côté de 300 millions d’euros fléchés par ce dispositif. Début 2019, quand le gouvernement d’Edouard Philippe négocie les pactes d’investissement dans les compétences (PIC) avec les régions, pour qu’elles bénéficient d’une partie de l’enveloppe de 15 milliards d’euros prévue pour la formation d’un million de jeunes et d’un million de chômeurs d’ici 2022, le ton monte avec Wauquiez, dont les équipes ne respectent pas les conditions d’abondement prévues.
Une politique «pas acceptable», juge alors Jean-Marie Marx, le haut-commissaire aux compétences, qui pointe un fort désinvestissement «en matière d’achat de formations et notamment des non-qualifiés». Pôle Emploi est finalement chargé de gérer les 652 millions d’euros alloués par l’Etat sur quatre ans à la Région. «Si on cumule les baisses budgétaires, les refus du plan Hollande et du PIC, on arrive à près de 2 milliards d’euros dont la région s’est privée, c’est une perte de chance hallucinante pour les demandeurs d’emploi, s’étrangle l’entourage de Jean-François Debat, chef de file de l’opposition socialiste. Et c’est d’un cynisme total car ce n’est pas le genre de public qui viendra manifester avec des pancartes sous les fenêtres du conseil régional.»
Fin 2015, la région comptait 400 500 demandeurs d’emploi sans aucune activité ; au premier trimestre 2021, ils étaient 412 000. Depuis 2016, la collectivité aurait lancé 230 marchés en matière de formation à destination des branches professionnelles, en parallèle de programmes ciblés tels les contrats d’aide et de retour à l’emploi durable (Cared), «des actions construites ad hoc en réponse au besoin spécifique d’une entreprise qui recherche à recruter», indique le service communication de la région. Selon lui, «le nombre moyen cumulé d’entrées en formation […] est en moyenne de 44,5 % de plus que sous le précédent mandat».
«Il y a un manque de transparence permanent»
Une recherche sur le site du ministère du Travail, qui donne les chiffres des formations commandées chaque année par les régions, permet pourtant d’établir que 106 000 formations ont été commandées dans la grande région entre 2016 et 2020, contre 235 841 entre 2010 et 2015 (Auvergne et Rhône-Alpes additionnées). L’écart serait donc de près de 130 000 formations en moins sous la gouvernance de Wauquiez.
«C’est difficile de faire l’évaluation de ses politiques, il y a un manque de transparence permanent», constate Stéphane Bochard, représentant CGT de 2014 à 2019 au Conseil régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Crefop), une instance d’analyse et de négociation paritaire. «Avant 2016, on avait la ligne budgétaire précise, action par action, se souvient-il. Après, on n’a jamais eu de rendu chiffré sur le type de formation, par territoire, par public, c’est difficile de naviguer sans aucune visibilité pour articuler les pilotages.» Contactée à plusieurs reprises, Stéphanie Pernod-Beaudon, vice-présidente déléguée à la formation professionnelle, à l’apprentissage et au sport, tête de liste Les Républicains dans l’Ain pour les élections régionales, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Il y a en revanche un sujet sur lequel l’exécutif de Laurent Wauquiez communique abondamment : le plan de relance consécutif à la crise sanitaire. L’un de ses avatars, le «pacte rebond pour l’emploi» contractualisé avec l’Etat, prévoit une enveloppe de 77 millions d’euros pour un objectif de 11 000 parcours de formations supplémentaires à destination des jeunes. «Les appels d’offres sont en cours, nos réseaux sont à nouveau entendus, réclamés, ce n’était pas le cas depuis plusieurs années», observe Jeanine Chapot, présidente de l’Union régionale des organismes de formation en Auvergne-Rhône-Alpes et vice-présidente du Syndicat national des organismes de formation. Restructurations en urgence et licenciements, redressement voire liquidations judiciaires, fermeture d’antennes locales : ces derniers ont pourtant pâti des coupes budgétaires brutales de Wauquiez. «Un saccage complet», juge le directeur de l’un d’eux. Un autre ne se leurre pas sur l’actuel regain d’intérêt : «C’est très électoraliste mais on s’en fiche, il faut jouer avec les cartes qui nous sont données.»
Maïté Darnault
Auvergne-Rhônes-Alpes : sur la formation, Wauquiez ne fait pas crédit
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Le quinquennat Macron ou le triomphe de la médiocrité...
Alors comme ça il y a des gens qui veulent que Najat Vallaud-Belkacem retourne au Maroc?... (Voir article en bas de page)
L'ancienne ministre sera toujours davantage, pour certains, une "Belkacem" qu'une "Vallaud". C'est pourtant un très joli nom. Belkacem! J'ose espérer que ces attaques immondes ne l'atteignent pas. Tout cela vient de trop bas.
De quoi ce malheureux épisode est-il le symptôme?
De la "trumpisation" du débat public. De la société en général.
La préférence est donnée partout à la médiocrité de la réflexion, aux idées vulgaires, à la post-vérité. Les complotistes sont invités sur des plateaux qui font de l'audience et du buzz. Le racisme est devenu monnaie courante sur CNews, chez Hanouna, sur les réseaux où il pullule. Sur d'autres chaînes, sur Internet.
La recherche universitaire, la science, la raison, les "belles lettres", tout cela est foulé aux pieds. Un Franck Ferrand, historien de pacotille, est plus entendu qu'un chercheur ayant soutenu trois thèses. Et nos gouvernants alimentent cette médiocrité en allant chercher le buzz sur le plateau de TPMP plutôt que répondre à des journalistes du Monde ou de France Culture. Jusqu'au Président de la République, "survendu" en 2017 comme un littéraire, se donnant en spectacle pour racoler la jeunesse par l'intermédiaire de deux comiques médiocres. Quel mépris pour elle!
En 2021, après quatre années de macronisme qui voit Marine Le Pen se rapprocher inexorablement du pouvoir, plus un candidat est mauvais, populiste, bas, plus il flatte son auditoire par la démagogie, plus il a de chances d'être choisi au contraire de celles et ceux qui ont choisi l'intelligence, la culture et la vérité.
En Auvergne-Rhône-Alpes, à l'occasion des élections régionales, Najat Vallaud-Belkacem présente un projet ambitieux, intelligent, sincère et novateur. Monsieur Wauquiez quant à lui reste enfermé dans l'air du temps, ultra sécuritaire. Son programme est d'une rare indigence. Pourtant il caracole en tête des sondages.
Faut-il donc être mauvais pour emporter la mise? Les faits donneraient à le croire.
Et c'est d'une affligeante tristesse.
Les 20 et 27 juin, ne vous trompez pas en allant voter. Il est encore temps de réenchanter l'avenir et de dire non à la bêtise.
Christophe Chartreux
"Quand la médiocrité règne, l'incompétence est une règle, la roublardise une culture " - Bihmane Belattaf
"Retourne au Maroc" : une plainte bientôt déposée après des tags xénophobes sur les affiches de Najat Vallaud-Belkacem
Une plainte sera prochainement déposée après d’énièmes tags retrouvés sur des affiches de la candidate PS aux régionales, Najat Vallaud-Belkacem. Dans un communiqué de presse, Patrick Joannon, secrétaire de la section de Bron, dit dénoncer "avec la plus grande fermeté les propos haineux, xénophobe et complotiste inscrits sur les affiches électorales dans le quartier des Essarts à l’encontre de Najat Vallaud-Belkacem". On peut effectivement lire sur les affiches les inscriptions suivantes : "Retourne au Maroc", "Elle a perverti les enfants", "Elle fait du tort aux musulmans" ou encore "666 Satan Jezabel Nouvel ordre mondial pédosataniste".
Joint par la rédaction de LyonMag, Patrick Joannon estime que ces tags ne sont pas l’oeuvre d’adolescents ou de jeunes de cité mais bien d’individus politisés. Et le Brondillant regrette de constater que sur sa commune, "les élus en place depuis l’été dernier ne font rien pour calmer le jeu, au contraire".
"La préservation des valeurs républicaines et démocratiques passe par une volonté commune de l’ensemble des pouvoirs publics , de défendre l’universalisme qui fonde notre pacte républicain", conclut-il dans son communiqué.
Selon nos informations, des croix gammées ont également été réalisées sur des affiches de Najat Vallaud-Belkacem placardées dans l’ouest lyonnais. Certains tags porteraient la signature de l'Action française. Manière de brouiller les pistes ou véritable action coup-de-poing de l'ultradroite rhodanienne ?
Grenelle de l'éducation : les augmentations "ne vont concerner qu'un très petit nombre de collègues"
Toutes les organisations regrettent l'abandon du projet de loi de programmation pluriannuelle qui aurait permis de pérenniser l'effort du gouvernement en matière salariale dans les années à venir.
"Tout ça pour ça." Les représentants syndicaux ne cachent pas leur frustration après l'annonce des mesures issues du Grenelle de l'éducation, mercredi 26 mai, par le ministre Jean-Michel Blanquer. Entre octobre et février, des concertations en forme d'ateliers thématiques avaient réuni syndicats, professeurs, personnel d'encadrement, mais aussi représentants du monde associatif et acteurs de la société civile, comme l'écrivain Daniel Pennac ou le pédopsychiatre Marcel Rufo. L'objectif était ambitieux : "transformer" la profession et inventer "le métier d'enseignant au XXIesiècle".
Au total, 438 propositions ont été émises par les participants, qui ont abouti à 12 engagements de la part du ministre. Mais le résultat laisse un sentiment très mitigé. "On était très en attente des annonces et on s'étonne un peu du résultat : en définitive, le Grenelle n'a pas apporté énormément de choses", regrette Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, syndicat majoritaire dans le premier degré.
"Le gâteau n'est pas suffisant"
Mesure phare du Grenelle, la revalorisation salariale des enseignants a bien été annoncée, avec une enveloppe de 700 millions d'euros pour le budget de 2022. Sur cette somme, 100 millions contribueront à financer "la montée en puissance des mesures déjà décidées", a expliqué Jean-Michel Blanquer, et 200 millions seront dédiés à la protection sociale complémentaire, avec une aide de 15 euros accordée à chaque agent de la fonction publique qui souscrira à une mutuelle santé. Enfin, 400 millions seront effectivement consacrés aux nouvelles revalorisations.
La répartition de cette enveloppe sera discutée avec les organisations syndicales tout au long du mois de juin. Elle devrait essentiellement être dédiée aux professeurs en début de carrière, qui ont déjà bénéficié de 400 millions d'euros supplémentaires cette année avec l'ambition de "rendre attractif le métier d'enseignant". "L'objectif est d'arriver avant 2025 à ce que plus aucun professeur ne gagne moins de 2 000 euros par mois", a déclaré Jean-Michel Blanquer en conférence de presse.
Mais les syndicats se montrent plutôt critiques sur cette enveloppe. "Avec 400 millions, on reste très contraints", regrette Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat d'enseignants des collèges et lycées, regrette également que "le gâteau ne soit pas suffisant" et s'inquiète du "partage" de cette somme qui ne va "concerner qu'un très petit nombre de collègues".
"La profession a beaucoup donné ces derniers mois. On a maintenu les écoles ouvertes, les enseignants étaient en première ligne et ils avaient besoin de reconnaissance. J'ai peur qu'ils ne la trouvent pas dans cette annonce."
Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU à franceinfo
Jean-Michel Blanquer a rappelé son ambition de rattraper le retard de la France en matière salariale sur les autres pays développés : les salaires des enseignants français sont inférieurs de 7% en début de carrière à la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). "Sur une base pluriannuelle, l'objectif est de rejoindre le peloton de tête des pays de l'OCDE", a martelé le ministre.
Mais le terme "pluriannuel" est trompeur car il n'y aura finalement pas de loi de programmation, contrairement à ce que réclamaient les syndicats. Sans surprise, puisqu'ils avaient été prévenus ces dernières semaines. Mais la déception n'en reste pas moins forte. Cette loi aurait permis de financer sur plusieurs années les augmentations des enseignants en les "gravant dans le marbre", souligne Sophie Vénétitay. "Elle nous aurait permis d'obtenir des augmentations tous les ans et de ne pas être tributaires des alternances politiques", ajoute Guislaine David. "Au-delà de ces 400 millions, on n'aura pas d'objectif de revalorisation plus lointain pour les enseignants, donc c'est très inquiétant. Le ministre compare beaucoup avec les autres pays de l'OCDE, mais on ne grimpe pas assez vite pour s'aligner sur eux", regrette-t-elle.
Stéphane Crochet insiste notamment sur le cas des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), dont la "rémunération les place en dessous du seuil de pauvreté". Son syndicat souhaite pousser pour que des objectifs de long terme soient fixés à leur égard. Lors des négociations en juin avec le ministère, "ils seront notre priorité", insiste-t-il.
L'épineuse question des remplacements
Jean-Michel Blanquer a aussi promis d'améliorer la "continuité pédagogique" avec "des moyens de remplacement accrus" dans le premier degré. Dans les collèges et les lycées, l'objectif sera "que tout élève ait eu, en fin d'année, le nombre de cours qu'il doit avoir". Le non-remplacement des enseignants absents est un sujet brûlant pour les fédérations de parents d'élèves. C'est même le "problème numéro un de l'Education nationale", selon Rodrigo Arenas, porte-parole de la FCPE. "C'est vraiment un enjeu fort, notamment en terminale", renchérit Hubert Salaün, représentant de la Peep, qui assure être très régulièrement interpellé par des parents inquiets de voir des "trous" dans les emplois du temps de leurs enfants. Les causes de ces absences sont multiples : surveillance et correction d'examens, jury d'épreuves orales, formations, congés maternité ou arrêts maladie. Le problème est tel que la FCPE a lancé un site internet participatif pour recenser les heures non remplacées.
Pour pallier ce problème, Jean-Michel Blanquer propose de recourir aux heures supplémentaires pour les professeurs ou assistants d'éducation et mise sur les cours en ligne. Une idée qui laisse très sceptiques les syndicats. "Ce n'est pas avec des heures supplémentaires qu'on va assurer correctement le remplacement d'un collègue par un autre, qui va devoir improviser et faire ça au pied levé", pointe Sophie Vénétitay. Ils sont également plusieurs à se demander ce que signifie concrètement le recours à l'enseignement numérique. "Est-ce qu'il s'agit de faire des cours en visio avec les collègues présents ?" questionne cette dernière. "Il va falloir beaucoup plus de détails pour avancer", prévient Bruno Bobkiewicz, proviseur de la cité scolaire Berlioz de Vincennes (Val-de-Marne) et secrétaire national du SNPDEN-Unsa.
Pour les syndicats interrogés, il est clair que le problème ne pourra pas être résolu autrement qu'en recrutant davantage et en revalorisant le métier d'enseignant. "Certains territoires n'attirent pas", rappelle Hubert Salaün, de la Peep, citant sa région en exemple : la Picardie, qui souhaiterait des rémunérations plus incitatives à l'embauche. "Actuellement, les salaires d'entrée ne sont pas de nature à inciter à devenir prof, un métier difficile", ajoute Rodrigo Arenas.
Des précisions attendues courant juin
Sur le reste des annonces, les représentants syndicaux attendent globalement plus de précisions sur des mesures qu'ils jugent souvent très "floues". Ils sont notamment assez circonspects sur le huitième engagement du ministre : renforcer les pouvoirs du chef d'établissement et permettre plus d'autonomie aux équipes des collèges et lycées pour développer leurs projets. "Concrètement, ça veut dire quoi ? Des moyens supplémentaires ?" s'interroge le proviseur Bruno Bobkiewicz, qui souligne les grandes attentes du côté des équipes de direction. "Chez nos adhérents, la priorité numéro un, ce n'est pas la rémunération, ce sont les conditions de travail", insiste-t-il.
Jean-Michel Blanquer a également rappelé sa volonté "d'individualiser" la gestion des ressources humaines pour que les enseignants de ce ministère qui compte un million d'agents ne se sentent plus considérés comme "des numéros". Pour Stéphane Crochet, si ces annonces sont "bienvenues", elles pourraient toutefois "décevoir" si le ministère n'embauche pas davantage de personnel, en sous-effectif "dans les établissements et les rectorats". Sophie Vénétitay soupçonne le ministre de vouloir "donner plus de pouvoir aux hiérarchies locales pour décider des carrières des uns et des autres. Pour nous, c'est problématique, car le local peut laisser place à l'arbitraire."
Certaines propositions avancées mercredi soir ont en revanche été jugées "satisfaisantes", comme l'augmentation du taux d'enseignants accédant à la "hors-classe", une promotion à l'ancienneté. Le ministère a annoncé la hausse de ce taux de 17% à 18%, soit 1 700 bénéficiaires supplémentaires en 2021.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour les syndicats, qui seront attendus à des réunions thématiques au ministère pour discuter et définir la répartition de l'enveloppe de 400 millions d'euros. "Jusqu'au dernier moment, on va chercher à obtenir des clarifications et des avancées", assure Stéphane Crochet. Les syndicats seront particulièrement vigilants sur certains "chiffons rouges", notamment concernant les heures supplémentaires obligatoires ou la formation continue imposée pendant les vacances scolaires.
Juliette Campion
Coup de coeur... Patrick Autréaux...
Chaque fois, c’était la première chose qu’il demandait, ce thé au jasmin qu’il avait découvert chez moi. Je faisais rouler deux trois perles et versais l’eau bouillante. Assis sur le canapé, les mains enveloppant la tasse devant lui, il regardait l’eau se colorer et tourner lentement, la vapeur serpenter et se dissiper, les perles se dénouer en grandes araignées, s’enlacer et sombrer. À petites gorgées il se détendait. Si j’avais un truc à manger? Des biscuits par exemple? Il en croquait quelques-uns. Puis il posait la tasse et, me hameçonnant des yeux, suspendait un Alors? entre nous. Cette fois il était bien là. Pour deux ou trois heures, ou pour la nuit. Il était bien là.
Sa visite toujours était incertaine. Parfois il appelait du RER, la voix brouillée par les signaux sonores et les conversations autour de lui, ou coupée par un tunnel; parfois c’était de la rue d’à côté; parfois de la lointaine banlieue ou d’une terrasse de café. Il annonçait sa visite par des questions anodines : Si j’allais bien? Ce que je faisais? Ce que j’allais faire? C’était l’après-midi, un jour de repos pour lui, ou vers minuit en quittant son travail. Il pouvait sonner à ma porte quelques minutes après ou des heures plus tard, et une fois sur deux il n’arrivait jamais. Cinq minutes équivalaient à un temps indéterminé, et ce soir voulait souvent dire une autre fois. J’ignorais qui l’aurait intercepté entre temps, ami collègue ou quelqu’un de sa famille. Peut-être se réservait-il, par réticence à refuser, une échappée possible – la liberté de changer d’avis. Quand le rendez-vous tournait au lapin, les messages que je laissais restaient sans réponse. Quelques jours après, il rappelait, s’excusait, prétextant batterie à plat et chargeur oublié, ou une cousine nièce sœur qu’il avait fallu brusquement conduire aux urgences, une tante qui venait de débarquer du bled et le réclamait illico. Il promettait de rappeler, oubliait sa promesse. Passé un temps qu’aucune règle ne déterminait, il s’annonçait depuis la rue voisine. J’apprenais à retourner la peau de son dernier lapin en patiente continence, à la suspendre et l’accrocher comme un trophée négatif sur le calendrier, à accepter chaque fois l’imprévisible. Il m’enseignait l’ambivalent plaisir de ce qui n’est jamais acquis.
Mais le thé chaud entre les mains, assis sur le canapé, après-midi ou soir, il est bien là. Alors? va-t-il dire. Et si, après qu’il aura refusé l’eau pour ranimer les araignées échouées au fond de la tasse, je n’approche pas, il se lèvera et viendra répéter juste devant moi son Alors? Il sait ensuite quoi faire pour que les mots se retirent.
Patrick Autréaux - Pussyboy
Au collège de Vermenton, interdiction de porter des shorts, ou jupes et bermudas au-dessus du genou
Au collège de Vermenton (Yonne), une nouvelle précision dans le règlement vient semer le trouble auprès des élèves et des professeurs : "pas de shorts, ni de jupes ou bermudas au-dessus du genou". Une précision que certains professeurs et mêmes élèves ne comprennent pas.
Au collège André Leroi-Gourhan à Vermenton (Yonne), la direction de l'école a apporté une précision dans son règlement intérieur, concernant les tenues vestimentaires de ses élèves. A l'origine, l'article 7.2.4 du règlement intérieur stipule que "chacun se doit d'adopter une tenue correcte et décente [...] excluant tout ce qui pourrait être apparenté à de la provocation".
Mais depuis quelques jours, cette nouvelle précision émanant de la direction, stipule : "pas de jupe ou bermuda au-dessus des genoux, on bannit les shorts, les crops-tops (des tee-shirts courts, ndlr), et 'le grand décolleté'". "Un tee-shirt sera prêté à l'élève pour la journée, et la famille sera avertie" conclut cette nouvelle règle.
"Une stigmatisation des filles"
Pour certains enseignants, la consigne ne passe pas. "Nous sommes dans un établissement scolaire, alors il est bien évidemment normal que la tenue doive être décente" tient d'abord à préciser Alex*, professeure à l'école. "Mais c'est quoi la notion de décence, à part une notion subjective ? Qui définit que telle ou telle tenue est décente ?" se questionne-t-elle.
Andréa*, également professeure dans l'établissement renchérit. "Et puis, qu'est-ce que ça dit aux jeunes garçons ? Que le corps des filles peut être sexualisé, et qu'une tenue peut justifier une agression sexuelle ?" dit-elle. "Nous savons très bien que les garçons seront moins repris sur leurs tenues que les jeunes filles. Et avec de telles règles, on participe à la culture du viol" conclut-elle. Du côté des élèves, et surtout des filles, c'est l'incompréhension. "Pourquoi toujours vouloir nous dire comment nous habiller ? Nos corps nous appartiennent, un bras, une cuisse, un mollet c'est juste un corps, rien d'autre" confie Marianne*, élève de 3e.
"Des faux problèmes"
Au-delà de ces raisons, les professeurs estiment que cette nouvelle règle fait office de "diversion". "En réalité, nous avons d'autres raisons de nous indigner" déclare Andrea. "L'école doit peut-être fermer une ou plusieurs classes, et se retrouver à 35 élèves par classe, c'est vraiment compliqué" explique-t-elle.
"Et quand les élèves seront 34, ou 35, ce ne seront pas des bouts de peau qui déconcentreront les garçons, et même les filles d'ailleurs, mais bien la surpopulation en classe" termine Alex. Le personnel du collège a d'ailleurs prévu de se mobiliser ce jeudi 27 mai, en protestation à ces potentielles fermetures de classe.
De son côté, contactée par la rédaction de France Bleu Auxerre, la direction du collège n'a pas souhaité donner suite à nos sollicitations.
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Au collège de Vermenton, interdiction de porter des shorts, ou jupes et bermudas au-dessus du genou
Au collège de Vermenton (Yonne), une nouvelle précision dans le règlement vient semer le trouble auprès des élèves et des professeurs : "pas de shorts, ni de jupes ou bermudas au-dessus du ge...
Commentaire du webmaster:
tout ajout au règlement intérieur, voté en Conseil d'administration, doit être à son tour soumis au vote lors d'un CA.
CC
Macron sur YouTube avec McFly et Carlito: Jupiter est tombé dans la piscine du «Loft»
EXTRAITS
La participation du président de la République à une émission en ligne animée par les deux YouTubeurs a soulevé de légitimes interrogations jusque dans son camp.
Le soir du dimanche 23 mai, un instant de gêne a parcouru le monde politique et l'ensemble du pays à la découverte de la prestation du président Macron.
(...)
La Loftisation du débat public
Sur d'autres chaînes, des hommes politiques ont été acteurs de télé-réalité à vocation politique. Enfin, des responsables exerçant, n'exerçant pas ou n'ayant pas encore de nouvelles responsabilités sont devenus des people comme les autres. La ministre de la Culture actuelle –Roselyne Bachelot– a été, plusieurs années durant, une habituée des plateaux de télévision où elle a d'ailleurs fréquenté l'actuelle candidate PS à la présidence de la région Île-de-France Audrey Pulvar, qui n'avait à l'époque aucune ambition électorale affichée.
Participer à ces émissions implique d'en accepter les codes, codes qui sont ceux de l'industrie commerciale du divertissement.
En recherche de notoriété, nombre de responsables politiques ambitionnent davantage de passer chez un animateur de divertissement que d'organiser un colloque ou de donner une roborative tribune politique à un grand quotidien du pays. Marlène Schiappa excelle dans ce registre de la course à l'alouette hanounienne.
Tandis que le ministre Jean-Michel Blanquer répond au téléphone aux questions de l'animateur de «Touche pas à mon poste» sans que ni les enseignants ni les élèves aient pu obtenir lesdites réponses par des canaux normaux ou, du moins, habituels. Quant à Barbara Pompili, elle a participé à «Top Chef». Participer à ces émissions implique d'en accepter les codes, codes qui sont ceux de l'industrie commerciale du divertissement.
Cette tentation du saut dans le vide médiatique et politique ne touche d'ailleurs pas que les seuls partisans du président de la République. La France insoumise (LFI) a quelques récurrentes velléités de s'incruster d'une manière ou d'une autre dans des programmes qui, pour être élégant, cultivent la trivialité la plus intense, afin de toucher un public qu'ils pensent ne pas toucher habituellement. C'est ainsi que Raquel Garrido est devenue chroniqueuse dans l'émission de Cyril Hanouna en même temps que l'ancienne porte-parole de LR Laurence Saillet, par ailleurs membre du Comité Laïcité République. Leurs prises de becs sont supposées refléter le débat politique au sein de la société française. Jean-Luc Mélenchon a également succombé au charme de C8 en se rendant sur le plateau de Cyril Hanouna afin d'y trouver «asile politique».
Il existe une soif d'image du monde politique qui étouffe le besoin de message politique. Le pis-aller semble être les talk-shows permanents d'une chaîne comme CNews, qui partage la même loge de maquillage que les invités de Cyril Hanouna.
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La place du président de la République n'est pas plus chez Carlito et McFLy que celle du ministre de l'Intérieur à «Faites entrer l'accusé». C'est le minimum qu'implique la fonction exercée par chacun. Il y a cependant, dans cette affaire, quelque chose qui dépasse la question du respect de la fonction présidentielle, c'est le maintien du pouvoir des lieux lorsqu'ils sont des lieux de pouvoir institutionnel de la République. L'épisode de dimanche porte un coup au pouvoir de ce lieu qu'est le Palais de l'Élysée qui, en souffrant de cette atteinte, risque d'être moins perçu qu'auparavant comme un lieu de pouvoir.
Gaël Brustier
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