Coup de coeur... Laurent Mauvignier...
Alors qu'il parle aussi et surtout quand la nuit tombe et que femme et enfants sont partis se coucher, qui a parlé ce soir-là, tellement parlé même, des années après les événements, leurs événements, enfin, lorsqu'ils avaient raconté, se retrouvant seuls et déjà éméchés, comment on avait du mal à vivre depuis, les nuits sans sommeil, comment on avait renoncé à croire aussi que l'Algérie, c'était la guerre, parce que la guerre se fait avec des gars en face alors que nous, et puis parce que la guerre c'est fait pour être gagné alors que là, et puis parce que la guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien et que les types bien là il n'y en avait pas, c'était des hommes, c'est tout, et aussi parce que les vieux disaient c'était pas Verdun, qu'est-ce qu'on nous a emmerdés avec Verdun, ça, cette saloperie de Verdun, combien de temps ça va durer encore, Verdun, et les autres après qui ont sauvé l'honneur et tout et tout alors que nous, parce que moi, avait raconté Février, tu vois, moi, j'ai même pas essayé de raconter parce qu'en revenant il y avait rien pour moi, du boulot à la ferme, des bêtes à nourrir et puis regarder de loin, dans la ferme d'en face, la petite voiture d'où Éliane sortait tous les dimanches vers cinq heures, en revenant de chez ses beaux-parents. Parce que quand je suis rentré, se dire qu'elle était mariée, oui, ça, c'était vraiment dur. Et qu'elle était mariée avec un voisin, un pauvre type pour qui j'avais jamais eu le moindre respect parce que je savais que toute sa famille en quarante ça avait été des collabos, rien que des collabos retournant leur veste au dernier moment, toute cette saloperie chassant les derniers Allemands à coups de pelle, moi, on me l'a dit, ça, mon père me l'a dit, personne de plus furieux que les résistants des dernières heures, quelque chose à prouver, se rattraper, montrer qu'ils y sont, du bon côté, tout ce malheur c'est le souci d'être du bon côté, pour bien être du bon côté, je le sais, on me l'a dit, ce gars de vingt ans qu'ils ont achevé à coups de pelle et alors se dire qu'elle s'est mariée avec un gars de cette famille-là, cette engeance parce qu'il s'était fait réformer et qu'il avait de l'argent, pendant des mois en revenant je suis pas sorti de chez moi et même j'ai travaillé à la ferme comme jamais, j'ai refait les clôtures, j'ai marché pendant des heures dans la campagne et jamais j'ai trouvé que la boue c'était mieux que la pierraille, crois-moi, à ce moment-là, non, et la boue, les bottes, l'humidité et la lourdeur des champs, comment ça s'enlise, bon, le seul à qui je parlais sans gueuler c'était mon chien, dans les bois, quand je marchais pendant des heures et même le soir, c'était qu'à lui tout seul que je pouvais parler.
Bon, c'est toujours comme ça. Dans le bourg, des gars comme moi, il y en avait. L'Algérie, on n'en a jamais parlé. Sauf que tous on savait à quoi on pensait lorsqu'on disait nous aussi on est comme les autres, et les animaux valent mieux que nous, parce qu'ils se foutent pas mal du bon côté.
Laurent Mauvignier - Des hommes
"En 2021, j’ai honte d’enseigner le français" - Vidéo
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Verbatim : Enseigner le français en 2021, un naufrage ?
2020-2021 : nouvelle annus horribilis, en particulier en lettres ? A trois semaines des Epreuves Anticipées de Français au baccalauréat, plutôt que les élèves dans la tourmente d'un bachotage...
http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2021/05/31052021Article637580380759223620.aspx
Éducation prioritaire : les dédoublements de classes, victimes collatérales de la crise sanitaire
L'école a particulièrement souffert de la crise sanitaire. Les élèves ont perdu de nombreuses heures de cours en raison de la pénurie de remplaçants lorsque les professeurs étaient absents. L'éducation prioritaire a été particulièrement pénalisée car les classes dédoublées de CP et CE1 en Rep et Rep+ ont été regroupées
La pédagogie particulière en demi-classe n'a pas pu être poursuivie dans de nombreuses écoles. Par manque de remplaçants en raison de la crise sanitaire, les dédoublements de classes de CP et CE1 ont très souvent été suspendus au cours de l'année scolaire. Il fallait faire des choix et les rectorats ont incité à regrouper les classes pour trouver des enseignants disponibles.
"La situation était telle dans le Rhône", raconte notamment Benjamin Grandener, directeur d'une école Rep à Vaulx-en-Velin près de Lyon et secrétaire départemental du syndicat Snuipp-69, "que l'inspecteur d'académie a donné instruction au service de remplacement du rectorat de ne plus envoyer de remplaçant dans les écoles d'éducation prioritaire en disant que les écoles devaient se débrouiller avec les moyens qu'elles avaient à disposition, quitte à annuler les dédoublements de CP et CE1".
"Donc si j'avais des enseignants absents en CM1, CM2 ou CE2, ou même en CP et CE1, on me disait de remettre ensemble des classes dédoublées pour libérer un enseignant qui pouvait s'occuper du remplacement. Chaque école était sommée de bricoler comme elle pouvait pour trouver des solutions. Tous les dispositifs Rep ont été mis à mal", poursuit-il.
Les élèves progressent moins vite cette année
À Lille, Clémence, professeure en CP-CE1 à l'école Duruy s'est ainsi retrouvée à devoir faire cours en classe entière : "Dans notre école", dit-elle, "nous ne sommes pas considérés comme prioritaires dans les remplacements parce qu'il y a un enseignant supplémentaire pour le groupe classe. Mais 25 élèves, c'est beaucoup plus difficile. On peut moins aller voir les élèves, moins les aider et finalement on fonctionne comme en classe ordinaire. Parfois on a beaucoup d'élèves qui sont primo-arrivants ou on a des élèves qui ont un vocabulaire plus pauvre et cela nécessite de travailler en petit groupe. Ce sont des choses que l'on ne peut plus faire lorsqu'on n'est pas remplacé".
L'enseignante, qui travaille depuis trois ans en classe dédoublée, trouve que ses élèves réussissent un peu moins bien cette année. "Je pense que les élèves auraient pu progresser beaucoup plus vite", analyse Clémence, "si nos absences avaient été remplacées. On aurait souhaité que le nombre de remplaçants soit beaucoup plus important. Il faudrait maintenir une stabilité dans les dispositifs."
Des recrutements d'enseignants remplaçants
Les classes dédoublées, mesure-phare du quinquennat, sont présentées comme des dispositifs "100% réussite" par le ministère de l'Éducation nationale. Mais les élèves de ces classes, déjà en difficulté, sont un peu plus fragilisés par la crise sanitaire et ses conséquences sur le fonctionnement des écoles.
"On est censé aider les élèves qui ont le plus souffert de la Covid et du confinement", rappelle Benjamin Grandener. "J'aurais vraiment souhaité que des recrutements d'enseignants puissent être réalisés pour être sûr que chaque enseignant absent soit remplacé, que les dédoublements puissent être assurés et qu'on puisse repartir de l'avant le plus vite possible." Il s'inquiète déjà de la prochaine rentrée.
Sonia Princet
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Éducation prioritaire : les dédoublements de classes, victimes collatérales de la crise sanitaire
L'école a particulièrement souffert de la crise sanitaire. Les élèves ont perdu de nombreuses heures de cours en raison de la pénurie de remplaçants lorsque les professeurs étaient absents ...
« Mes parents ne sont que sur Facebook, donc évidemment ils n’en ont pas entendu parler » : la vie sur petit écran des collégiennes
EXTRAITS
Avec les restrictions liées à la crise sanitaire et l’école à la maison, Nina et Maëlle ont passé beaucoup plus de temps sur leurs smartphones, principalement sur les réseaux sociaux, pour garder le lien avec leurs amis ou dévorer des vidéos.
Un discman traîne dans la chambre de Nina. Un vieux truc de son père bien pratique pour écouter de la musique quand sa mère lui prend son téléphone le soir. Officiellement, ça énerve l’adolescente de 14 ans. Alors ne dites pas à sa mère qu’en réalité, Nina aime plutôt ça. Elle sait bien que sinon, elle regarderait des vidéos sur TikTok durant toute la nuit. « Dingue, comme ça peut être addictif. » Maëlle (les prénoms des adolescentes ont été changés) acquiesce, elle qui a des problèmes de sommeil et un deuxième téléphone planqué. Allez savoir si c’est lié.
Quatre heures et vingt et une minutes le 25 mars ; six heures trente le 27 mars ; huit heures trente-huit le 3 avril ; huit heures vingt-sept le 6 avril… Le cumul d’écran défile sur leurs téléphones. C’est vrai, les deux filles y passent un peu trop de temps. Mais comment leur amitié aurait-elle survécu sans, surtout depuis un an ? Nina confie son record de l’année : un peu plus de douze heures. « Ça devait être un samedi de confinement. »
Nina et Maëlle ont 14 ans et leur amitié tient à un sans-fil. Pendant plusieurs semaines, les deux collégiennes de 3e ont accepté d’ouvrir une fenêtre sur leur vie en ligne. De raconter le temps qu’elles passent sur les réseaux sociaux, les images qu’elles y voient, les personnes qu’elles y croisent… Nina prévient d’emblée : « Vous allez vous ennuyer. » Elle ne fait vraiment rien d’intéressant derrière cet écran. Ne voit passer rien de dangereux, rien de violent.
La dernière vidéo qu’elle a partagée avec Maëlle ? Impossible de se souvenir tant elles s’en envoient. Nina ouvre l’application TikTok pour vérifier. « Ah oui c’est vrai, mince. » Les mains d’un homme apparaissent. Puis sa voix décrit ce qu’il s’apprête à faire : disséquer un testicule. L’une rit, l’autre détourne les yeux. « Oui, bon. » Ce sont des choses qui arrivent. « Pas de quoi flipper. »
(...)
« Rien de bien intéressant, vous voyez »
Ce soir, Macron parle. Il paraît qu’il va fermer les écoles pour quatre semaines, Maëlle l’a vu sur Instagram. Nina n’y croit pas, « c’est que des conneries » sur ce compte-là. Pas toujours facile de savoir qui diffuse de « vraies » informations. « Il avait presque raison, tu vois ! »
Les séries animées, le stress du brevet et de l’entrée au lycée, les crushs, les parents qui font tout le temps culpabiliser… Les deux filles ne manquent pas de sujets pour s’envoyer des dizaines et des dizaines de messages par jour. Est-ce qu’elles cachent des choses à leurs parents sur leur vie en ligne ? Fou rire incontrôlable. « Vous leur dites tout, vous ? »
C’est juste que les parents, ça panique facilement. Un exemple. Il y a quelques mois, Maëlle a montré un compte « marrant » à sa mère. Celui d’un type qui publie les photos d’une chaise vide dans des endroits improbables. Sa mère a trouvé ça super bizarre. « Elle s’est mega inquiétée. » Ce n’était pourtant pas le pire dans ce que Maëlle voit passer quotidiennement. Elle lui a alors dévoilé tous ces messages envoyés par des personnes inconnues, qui partagent des « nudes » (des photos dénudées) en la poussant à cliquer sur un lien. « Elle ne savait même pas ce que c’était, des nudes. » Nina en reçoit aussi, parfois. Juste pour voir, elle a cliqué une fois. Elle s’est sentie un peu bête : il paraîtrait que c’est un moyen de vous pirater. « Si ça se trouve, quelqu’un écoute tout ce qu’on se dit désormais. »
(...)
Depuis quelques jours, la vie semble reprendre un cours presque normal. Elles doivent même aller en cours. La plaie. Le temps d’écran recule sur le téléphone de Maëlle. Nina grimace. « Oups. Pas moi. » Elle a bien changé depuis le premier confinement, il y a une éternité. A l’époque, Nina appelait Maëlle pour lui dire de planquer son téléphone, et ne pas se laisser distraire ; faisait tous ses devoirs parfaitement. A la rentrée, personne ne lui a demandé de les présenter. « Je me suis bien fait arnaquer. »
Sur son téléphone, Nina continue tout de même de « cacher » l’application TikTok pour ne pas être trop tentée. Ça ne marche pas tout à fait. Elle peut y passer des heures à regarder des vidéos. Comme celle de cette fille, dont elle a voulu copier la coupe de cheveux. Des années que Nina voulait se débarrasser de ses cheveux longs, mais sa mère lui disait qu’elle allait le regretter. Cette fois, ça y est.
(...)
Lucie Soullier
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Jeunesse - "La politique du cool est l’alliée efficace de celle de la répression"
Le président de la République en discussion avec des youtubeurs d’un côté. L’agressivité de son ministre de l’Intérieur de l’autre. Ces registres sont complémentaires : la politique du cool est l’alliée efficace de celle de la répression.
D’un côté, la face souriante du président de la République en discussion avec les youtubeurs McFly et Carlito. L’ambiance est cool, sympa, détendue. Le Président fait des blagues, parle de foot, joue au jeu des anecdotes. De l’autre, l’agressivité de son ministre de l’Intérieur qui cherche à intimider une responsable politique, Audrey Pulvar, en portant plainte contre elle pour diffamation, au nom de son ministère, en raison de propos où elle explique simplement avoir trouvé l’image du rassemblement des policiers du 19 mai devant l’Assemblée nationale, en présence de Gérald Darmanin, «assez glaçant». Deux salles, deux ambiances ? En réalité, la diversion et l’intimidation sont les deux faces d’une même médaille : une façon de délégitimer toute forme de conflictualité.
D’un côté, un visage aimable qui cherche à se présenter en président sympa. De l’autre, un quinquennat qui aura amplifié tout un arsenal répressif pour diminuer les possibilités concrètes de s’opposer et de protester. Le cool sert alors à masquer la politique répressive et nous promet à la fois le LBD et le buzz, la répression et le sourire, les droits démantelés et les bonnes blagues.
Spectacle pour enfant
Le cool s’inscrit dans la prétendue mort des clivages. Pas besoin de se disputer si on doit être d’accord sur l’essentiel ! Et si jamais par malheur nous ne l’étions pas, surtout restons cool ! Zombie de la pensée politique, cette mort toujours annoncée et rejouée hante nos débats et offre régulièrement à des acteurs politiques la possibilité de se distinguer en termes d’aptitudes personnelles et non de programme (1). La personnalisation extrême de notre vie politique va bientôt rejouer, avec l’élection présidentielle, la fiction du sauveur ou de l’élue qui viendra guider le peuple français. Confessions, jugements moraux, remarques sur les caractères (il est grognon, elle est sympa) : voilà un pays de presque 70 millions d’habitants qui s’apprête à regarder la nouvelle édition d’un spectacle pour enfant qui alimente toujours plus le cycle «illusion déception» bien décrit par Vincent Martigny (le Retour du prince, Flammarion, 2019). De rares initiatives, comme la Primaire populaire, tentent d’échapper à ce piège.
Pour nous faire oublier les libertés qui se réduisent, les violences économiques et sociales, l’urgence écologique, le cool est là. C’est le fantasme de transformer le débat démocratique en rituel télévisé, plein de paillettes et de rires, fun et tranquille, et surtout pas agressif, avec Cyril Hanouna en arbitre des élégances. Le 14 juillet 2020, le président de la République et son épouse se promènent aux Tuileries et croisent des manifestants, dont plusieurs se revendiquent des gilets jaunes, de retour de la Bastille. Ces personnes lui parlent des brigades de répression de l’action violente (la Brav-M, un binôme à moto), de la réforme des retraites ou encore de justice fiscale. Le Président répond que certains ont été «violents» dans leurs rangs et lâche cette formule incroyable : «Voyez, qu’on soit cool, franchement si tout le monde est cool, y’aura pas de problème.»
Casser l’ambiance
L’expression de la colère et des désaccords est souvent considérée comme inopportune et inacceptable. Or, c’est facile d’être cool, chill, «détendu», quand il n’y a aucune raison d’être en colère. Cool dans de grands et beaux appartements. Cool en tirant profit des inégalités. Cool sans avoir peur de la fin du mois. Cool si les années d’études peuvent être passées dans le plaisir et l’insouciance, plutôt que dans des distributions de colis alimentaires. Cool si on ne crève pas à petit feu faute de savoir comment vivre aujourd’hui. En réalité, rien de ce qui peut changer les choses n’est cool. Oui, ça casse l’ambiance. Mais quelle ambiance ? Celle d’un banquet dont l’écrasante majorité de la population est exclue. Casser cette ambiance est juste essentiel et libérateur.
Une grande partie de notre histoire nous relie à des actions qui n’étaient pas cool, comme le montre la lente marche du mouvement social et ouvrier à partir du XIXe siècle. Ce n’est pas la bonté patronale qui a amélioré les conditions de vie mais l’action de milliers de femmes et d’hommes qui se sont battus pour avoir plus de droits. Ils ont monté des barricades, bloqué des usines, organisé des grèves, occupé les rues. D’autres ont créé des syndicats, des coopératives, des sociétés de secours mutuels, des journaux ou des associations. Certains ont écrit des articles, des poèmes, des tracts. La convergence de tous ces combats a donné sa force au mouvement ouvrier, où beaucoup ont tout perdu, quand ce n’est pas la mort qui a interrompu la lutte. Rien de cool, donc.
Du mouvement social au mouvement écologique, les luttes politiques et sociales ne sont pas dans l’air du temps ou à la mode. Elles rompent les habitudes, brisent les préjugés, renversent les évidences. Elles sont souvent perçues comme agressives parce qu’elles s’exercent contre des intérêts puissants et organisés. Elles ont pourtant fabriqué cette République que beaucoup aujourd’hui salissent et détruisent en prétendant la servir.
(1) A propos du clivage gauche-droite, «le sens du clivage évolue en permanence et son contenu idéologique est l’enjeu permanent de luttes politiques. Quand vous regardez les dictionnaires politiques du XIXe siècle, vous avez toujours l’idée que ce clivage a bien vécu, mais qu’il est dépassé». Voir : Christophe Le Digol (entretien avec Hélène Combis), «Deux manières d’appréhender le clivage gauche droite», France Culture, 20 mars 2017.
Antoine Hardy, Doctorant en science politique au Centre Emile Durkheim
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Macron et Darmanin : la répression cool
Le président de la République en discussion avec des youtubeurs d'un côté. L'agressivité de son ministre de l'Intérieur de l'autre. Ces registres sont complémentaires : la politique du cool ...
Coup de coeur... Romain Gary...
Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d’amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n’y a plus de puits, il n’y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l’aube, une étude très serrée de l’amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu.
Romain Gary - La promesse de l'aube