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Vivement l'Ecole!

Restrictions, confinement : la baisse de moral des collégiens

2 Avril 2021 , Rédigé par France 2 Publié dans #Education

France 2 a rencontré une infirmière scolaire qui recueille la parole de collégiens inquiets voire angoissés, après plus d’un an de crise sanitaire.

En plus des soins et des cours de secourisme, Anne Morand, infirmière scolaire, doit contacter les familles en cas de Covid-19 et s’assurer que l’isolement est bien respecté. L’activité prenante empiète sur ses autres missions. Depuis un an, l’épidémie a bouleversé la vie des enfants. Avec le confinement, une élève de cinquième voit beaucoup moins l’un de ses parents. "Mon père habite loin d’ici (…) il me manque, ça rend triste", confie-t-elle. Moins de sport, moins de loisirs ou de balades entre amis, l’ennui et l’accumulation des contraintes génèrent des tensions.

Plus de violence sur les réseaux sociaux

Présente chaque semaine dans le collège des Eyquems à Mérignac (Gironde), Anne Morand constate que le moral de certains élèves a baissé. "On voit vraiment un mal-être dû au confinement, à l’enfermement, le manque de relations sociales, et puis surtout, beaucoup plus de temps passé sur les réseaux sociaux et plus d’agressivité et de violence à travers ces réseaux sociaux", précise la soignante. Vendredi 2 avril, les établissements scolaires ferment leurs grilles pour au moins trois semaines.

C. Rougerie, A. Exposito, E. Noël 

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«Le collège, c’est tout ce qui nous restait»

2 Avril 2021 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

«Le collège, c’est tout ce qui nous restait»

Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron, des collégiens du XIIe arrondissement de Paris racontent leur «tristesse» de quitter à nouveau leurs amis pour au moins trois semaines, tout en ne cachant pas leur joie de pouvoir bientôt profiter de quelques grasses matinées.

Depuis le temps qu’elles l’attendaient, leur année de quatrième. «On nous avait dit que c’était celle de ta première vraie soirée, sans les parents quoi», s’exclament Sadia et Lucile. Et puis voilà, «encore une fois», le Covid-19 repousse encore davantage leur éveil à la liberté. «C’est pas pendant ces vacances qu’on va pouvoir sortir. Ça nous rend un peu triste de savoir qu’on n’aura pas la même adolescence que les autres», se désolent-elles ce jeudi matin, devant le collège Jean-François-Oeben du XIIe arrondissement de Paris, où elles sont scolarisées. Elles ont 13 ans, des cheveux épais qui dégringolent le long de leurs épaules et qu’elles balancent d’un côté ou de l’autre, au rythme de leurs éclats de voix. Emmanuel Macron a annoncé la veille la fermeture des établissements scolaires pour les trois prochaines semaines. «Une semaine de cours à la maison, deux semaines de vacances» : elles ont écouté l’allocution avec leurs parents et semblent avoir bien retenu la leçon présidentielle.

Plus elles parlent, plus leur groupe de copines s’élargit. Ça fuse, ça s’interpelle : «Moi j’arrive pas à suivre les cours toute seule chez moi, c’est trop compliqué de s’organiser», lance l’une des nouvelles arrivées. «Ma mère est tout le temps en réunion, je peux jamais parler, c’est horrible», complète une autre. Elles s’accordent malgré tout sur un point : cette fois, elles savent comment ça va se passer. «Ce matin, les profs nous ont demandé ce qui nous avait posé problème pendant le premier confinement. Par exemple, on leur a dit qu’il fallait mieux nous donner un peu de travail chaque jour plutôt que de tout nous envoyer en même temps le lundi, affirme une des membres du groupe. Ils vont s’adapter, ça rassure.»

«Travailler en pyjama»

Alexandre, 14 ans, boucles blondes et t-shirt jaune, trouve «bizarre» de «revivre ce qu’on a vécu il y a un an pile». Lui appréhende de renouer avec «le collège à la maison», dit en avoir «trop marre» de cette épidémie qui n’en finit plus. Il a «treize frères et sœurs». «Oui oui, on est quatorze, avec nos deux parents en plus», confirme-t-il. Dans leur appartement, il n’y a qu’un seul ordinateur. «Forcément c’est compliqué», reconnaît-il en fronçant les sourcils. Mais tout n’est pas si terrible. «Le seul côté positif, c’est que je vais pouvoir dormir plus longtemps. Et ça, c’est trop bien.»

Il n’est pas le seul à se réjouir de la perspective de ces futures grasses matinées. Falilou, 14 ans, a lui aussi hâte de pouvoir s’éterniser un peu plus longtemps au lit avant de commencer ses cours. «C’est le premier truc auquel j’ai pensé quand j’ai appris que l’école fermait», dit-il spontanément. Marjorie, elle, est «trop contente» car elle va pouvoir «travailler en pyjama» et «à [son] rythme». «Je peux aller vite quand c’est facile, prendre plus de temps quand je comprends moins bien, c’est moins stressant», explique-t-elle. Sa copine Dina dit aussi être «soulagée» : «On n’arrêtait pas de voir des classes fermer ou des gens positifs, j’avais trop peur d’attraper le Covid ! Maintenant il y aura moins de risque.»

Devant le collège, Iris, Inès et Paloma avancent bras dessus, bras dessous, en s’embrassant à travers leurs masques. Inès est plutôt contente. En restant chez elle, elle va pouvoir enlever son masque. Elle n’en pouvait plus de «devoir le porter toute la journée». «Il m’empêche de respirer !» se plaint-elle en tirant sur les élastiques. Mais sa copine Paloma est beaucoup moins enthousiaste. «Trois semaines, ça va être long», se désole la jeune fille, chignon de danseuse et pantalon évasé. «Le collège, c’est tout ce qui nous restait, ajoute-t-elle. C’est le seul endroit où on pouvait voir nos amis. Comment on va faire maintenant ?» Iris aussi est «triste». Ce qui va le plus lui manquer ? «M., un ami. Un très bon ami, pas comme les autres quoi. Il était déjà absent depuis plusieurs jours à cause du Covid, je sais même pas quand je vais le revoir», regrette-t-elle. Alors jusqu’à vendredi soir, les copines profitent. Elles ont décidé qu’à la sortie des cours, elles iraient «quand même» boire ensemble «un dernier bubble tea».

Juliette Delage

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Piers Faccini...

1 Avril 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Françoise Henry...

1 Avril 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Amazon.fr - Loin du soleil - Henry, Françoise - Livres

Nul doute qu'à cet instant un mot s'est mis à clignoter dans sa tête, même s'il ne s'y est pas attardé - il en avait vu d'autres, dans la campagne environnante : illettré. Petit mot léger et plutôt élégant dans sa sonorité, mais qui porte en lui quelque chose de définitif, de scellé, et qui viendrait se coller à ton front, à tes pas, à ta peau. Et surtout, handicaper ton avenir. Sans faire de remarques, en honnête commerçant, il a choisi avec toi la monture qui correspondait le mieux à tes drôles d'yeux. C'était peut-être le plus important pour toi, la forme des lunettes. Des lunettes rondes, comme celles que tu portes aujourd'hui.

- C'est pas grave si c'est pas des lunettes pour lire, a déclaré Marie-Jo en quittant la boutique. C'est des lunettes pour vivre, voilà tout.

Françoise Henry - Loin du soleil

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Les Atsem, un «trésor» qu'on gâche au détriment des enfants

1 Avril 2021 , Rédigé par Slate Publié dans #Education

EXTRAIT

Discrets mais indispensables, ces agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles demandent une revalorisation de leur métier.

«Un trésor dont nous ne saurions nous passer.» C'est en ces termes qu'Emmanuel Macron parlait des Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), en ouverture des Assises de l'école maternelle le 27 mars 2018 au Conservatoire des arts et métiers. Des paroles qui ont éveillé chez ces professionnels l'espoir d'être enfin reconnus, statutairement et financièrement, et qui ont surpris les enseignants de maternelle. Mais beaucoup ne bénéficient pas tous de l'aide d'un Atsem, même à temps partiel, bien que selon le code des communes, article R 412-127, «toute classe maternelle doit bénéficier des services d'un agent communal occupant l'emploi d'agent spécialisé des écoles maternelles et des classes enfantines».

S'ils interviennent dans des écoles, les Atsem ne dépendent pas de l'Éducation nationale: ils sont recrutés et placés sous l'autorité de la commune. Titulaires du CAP petite enfance et d'un concours de la fonction publique catégorie C, ils sont formés à l'accueil, au soin et à l'éducation de la petite enfance pour remplir des missions qui varient légèrement selon la commune, l'école, la section à laquelle ils sont affectés.

Des missions qui se déroulent sur le temps scolaire (accueil et hygiène de l'enfant, aide pédagogique aux enseignants, entretien du matériel et des locaux scolaires) ou périscolaires (accompagnement des enfants sur le temps de cantine, animation de garderie du matin et du soir). «Cela nous donne un regard particulier sur l'enfant, une vision d'ensemble sur sa journée, sur ses besoins», témoigne Mélodie Jacques, Atsem dans une commune rurale de l'Aisne, membre du collectif indépendant Atsem de France.

Présente dès 7h30 pour accueillir les enfants, elle joue souvent le rôle de messagère entre la famille et son binôme professeur des écoles: mauvaise nuit ou difficultés familiales, elle prête une oreille attentive aux familles pour que l'école puisse mieux s'adapter au rythme et aux besoins de l'enfant. Dans l'autre sens, lorsque l'enseignant a besoin de communiquer des informations aux parents, il sait qu'il peut compter sur Mélodie pour passer le message. C'est elle qui surveille la sieste, connaît les habitudes de chacun, glisse le doudou sous la couverture avant la cantine pour qu'il attende l'enfant, pendant que le maître travaille avec les plus grands.

«Les enfants apprennent à faire seuls, mais au départ, ils ont besoin d'agir sous le regard de l'adulte.» Mélodie Jacques, Atsem

Sur le temps scolaire, Mélodie sert de deuxième paire d'yeux pour veiller sur la classe: résoudre les conflits, soigner un bobo, consoler un chagrin. Mais son rôle est également pédagogique, et souvent décisif, comme pour développer le langage. «Chaque enfant a son interlocuteur préféré, maître ou Atsem, celui avec lequel il osera plus s'exprimer», explique Mélodie. Dans le cadre de son activité, elle dirige le travail de petits groupes d'élèves, fait reformuler la consigne, s'assure que les enfants tiennent bien leur crayon, tracent les lettres dans le bon sens. Elle stimule aussi l'autonomie des plus grands: «Les enfants apprennent à faire seuls, mais au départ, ils ont besoin d'agir sous le regard de l'adulte.»

(...)

Maëliss Rousseau

Suite et fin en cliquant ci-dessous

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Covid-19 : "Il faut annuler le grand oral" pour les élèves de terminale, réclame le syndicat Snes-FSU

1 Avril 2021 , Rédigé par France Info Publié dans #Education

Bac : Lumni lance "Les petits tutos du Grand oral"

"La priorité, ce n'est pas la course contre-la-montre pour les programmes, c'est de garder le lien avec les élèves", appelle le syndicat de professeurs.

"Il faut annuler le grand oral" pour les élèves de terminale cette année, a insisté jeudi 1er avril sur franceinfo Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat de professeurs Snes-FSU. "La priorité n'est pas de mettre la pression de l'examen sur les élèves qui ont eu une année suffisamment compliquée", estime-t-elle. Après les dernières annonces d'Emmanuel Macron, "il y a un immense sentiment de gâchis et beaucoup d'amertume" chez les professeurs, selon Sophie Vénétitay. Elle assure que "tout n'est pas prêt aujourd'hui pour l'enseignement à distance" et demande qu'on anticipe les modalités du retour dans les établissements : il sera notamment "indispensable d'avoir commencé la vaccination des enseignants".

franceinfo : Il n'y avait pas d'autre choix que de fermer les écoles ?

Sophie Vénétitay : On sentait bien qu'on était au pied du mur. On était même dans le mur dans certaines zones où le virus flambait dans les écoles. Bien évidemment, ce sont des mesures fortes qu'on aurait préféré éviter, parce que quand on est enseignant, on n'est jamais ravi d'entendre que les écoles vont fermer.

"On aurait pu les éviter, on avait fait des propositions en ce sens depuis des mois."

Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat de professeurs Snes-FSU à franceinfo

On sent bien qu'on est au pied du mur, qu'on n'avait pas le choix. Mais il y a forcément un immense sentiment de gâchis et beaucoup d'amertume ce matin.

Pensez-vous qu'on pourra tenir les programmes scolaires cette année ?

Ça va être extrêmement compliqué. On va entrer dans un rythme très différent alors que déjà dans d'autres établissements, dans des lycées notamment, le rythme était modifié ces dernières semaines. Très clairement aujourd'hui, la priorité, ce n'est pas la course contre-la-montre pour les programmes. La priorité, c'est de garder le lien avec les élèves pour éviter autant que possible les effets négatifs de l'école à distance et essayer de tirer un peu les leçons du confinement de l'an dernier.

C'est donc le retour des cours à la maison pour tous. A-t-on tiré les leçons des bugs qu'on a pu connaître lors du premier confinement ?

Individuellement, en tant qu'enseignant on a pu tirer des leçons, on sait ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. Mais collectivement de la part de l'Éducation nationale, il n'y a pas forcément eu ce bilan qui a été fait. On a toujours, par exemple, des questions d'équipement, des questions de fracture numérique pour les élèves les plus défavorisés. Contrairement à une des expressions favorites de Jean-Michel Blanquer, non, tout n'est pas prêt aujourd'hui pour l'enseignement à distance. Alors on va faire ce qu'on peut. On va faire avec les moyens du bord pour garder le lien avec les élèves. Mais on ne peut pas s'empêcher de se dire que tout ça aurait pu être bien mieux préparé ces derniers mois.

Le calendrier des vacances de printemps est bouleversé. Est-ce que ça risque de poser des problèmes d'organisation à l'école ou du côté des parents ?

Ça va surtout poser des problèmes d'organisation pour les parents d'élèves. Pour nous, enseignants, la vraie question c'est aussi dans quelles conditions on va revenir, comment on prépare le retour dans les établissements. Il faut absolument des mesures pour permettre retour dans bonnes conditions sanitaires : avoir commencé la vaccination des enseignants, c'est indispensable, envisager peut-être un retour en demi-groupes, tester régulièrement pendant plusieurs semaines pour s'assurer que le virus ne reparte pas dans les établissements scolaires. Cela fait partie des conditions qu'on mettra sur la table avec le ministère.

Pour les élèves de terminale qui doivent passer leur bac, le grand oral est toujours prévu au mois de juin, pensez-vous qu'il va pouvoir se dérouler normalement ?

Ce qui est certain, c'est qu'il n'a pas pu être préparé normalement. L'égalité est rompue puisqu'il y a des lycées qui sont en hybride depuis le mois de novembre, il y en a qui y sont passés ces dernières semaines.

"La priorité n'est pas de tenir coûte que coûte le grand oral dont on sent bien qu'il est quand même le totem du bac Blanquer." Sophie Vénétitay à franceinfo

Aujourd'hui, la priorité, c'est de finir l'année dans la meilleure sérénité possible et ça implique pour nous d'annuler le grand oral. Il faut annuler le grand oral cette année. On doit aussi discuter des modalités de remplacement, chose qui n'a pas été faite jusqu'ici. Mais aujourd'hui, la priorité n'est pas de mettre la pression de l'examen sur les élèves de terminale qui ont déjà eu une année suffisamment compliquée comme ça. La priorité, c'est de pouvoir terminer le mieux possible cette année si particulière.

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Distanciel : l’école a (un peu) appris sa leçon

1 Avril 2021 , Rédigé par Liberation Publié dans #Education

https://images.bfmtv.com/8lEJBwWPtZvLxW0RyCL_sko8f4k=/0x0:800x450/375x0/images/Une-etudiante-passe-un-examen-en-ligne-394934.jpg

Ordinateurs pour les élèves, plateformes de classes virtuelles… Un an après le premier confinement, différents dispositifs ont été mis en place pour assurer la continuité pédagogique. Suffisant ?

Ambiance photocopies à gogo, piles de livres et fonds de tiroir dans une classe de CE2 de l’Est parisien, mercredi matin…. Chaque élève est ressorti avec un sac plein à craquer, façon mulet. Dans l’arrière-pays niçois, une directrice d’école a opté elle pour le mode «blasée» «j’attends de voir.» L’année dernière, profs et élèves ont plongé du jour au lendemain dans la classe à distance et ont bricolé comme ils ont pu. Avec son lot de bonnes surprises, de suées, de moments d’inquiétude pour les élèves. De questionnements sur le métier aussi : comment transmettre à distance, sans l’alchimie de sa classe ? Un an après, les profs sont-ils mieux armés pour le distanciel ?

Qu’en est-il de l’équipement informatique des élèves ?

«7 500 PC portables sont prêts à être distribués aux familles qui ne sont pas équipées, en appoint», indiquait le ministère mercredi. Des associations ou des collectivités territoriales se sont aussi mobilisées. Avec des disparités. 340 000 ordinateurs et tablettes ont par exemple été distribués par la région Ile-de-France dans les lycées depuis septembre 2019. Ce qui ne s’est pas fait sans couacs : certains élèves n’ont toujours rien reçu et d’autres ont des problèmes avec le matériel, comme Logan, en terminale dans un lycée de Seine-Saint-Denis : «J’ai l’ordi depuis janvier et il s’est déjà éteint, impossible de le faire marcher. D’autres élèves de ma classe ont le même souci.» A la maison, il travaille donc depuis son téléphone. Ce n’est pas le seul à utiliser cet outil, 86 % des 12-17 ans étant dotés d’un smartphone, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (données 2019). Autre indicateur fourni à l’occasion du baromètre numérique 2020 en cours : le taux d’équipement des foyers en ordinateurs est en baisse, au profit des smartphones et des tablettes.

Quels outils l’Education nationale a-t-elle mis en place depuis l’année dernière ?

Chaque académie est dotée d’«une cellule de continuité pédagogique», chargée entre autres de soutenir les initiatives venant du terrain, d’organiser des formations pour les profs, et de s’assurer que les serveurs informatiques sont suffisamment solides… Cela avait été l’un des gros pépins du confinement saison 1 : les plateformes type «Ma classe à la maison», utilisées pour faire la «classe virtuelle», ont souvent buggé face à l’afflux de connexions. 480 000 enseignants les ont utilisées, avec une moyenne de 164 000 classes virtuelles d’une heure, par jour. Autre avancée, dont se félicitait mercredi le ministère : 40 % des écoles primaires et quasiment tous les collèges et lycées ont un environnement numérique de travail (ENT) - ces plateformes qui permettent d’échanger notes, emplois du temps, messages entre profs et familles. En un an, toujours selon le ministère, quelque 200 000 profs volontaires ont été formés (ou autoformés) à l’enseignement à distance - soit un sur quatre. Un partenariat, avec la Poste, permet d’envoyer aux familles des devoirs en polycopiés. Sur le papier, donc, l’Education nationale semble préparée…

Les enseignants se sentent-ils prêts ?

Sur le terrain, c’est une autre histoire. Les enseignants n’ont franchement pas envie de revenir au tout-distanciel, séparés de leurs élèves. Là-dessus, tout le monde est d’accord : il ne faut pas que ça dure. «L’an dernier, au bout de trois semaines, seulement 7 élèves sur 25 étaient encore connectés à ma classe virtuelle», raconte la directrice d’école dans l’arrière-pays niçois. Son établissement est abonné à un environnement numérique depuis septembre, mais elle n’a reçu aucune formation pour l’utiliser. «J’ai des collègues qui ne maîtrisent pas du tout ces outils et sont désemparés», confirme Jérôme, prof de français dans un collège parisien. L’anthropologue des usages numériques à l’université Rennes-II Pascal Plantard note tout de même une embellie : «Les pratiques numériques pédagogiques des enseignants se sont beaucoup améliorées, environ trois quarts d’entre eux sont mobilisés dessus, et il y a eu une explosion de la communication entre les familles et les enseignants.»

Les inégalités entre élèves risquent-elles encore de se creuser ?

Certes la fracture numérique s’est réduite par rapport à l’année dernière, «mais l’outil ne fait pas tout… Encore faut-il savoir s’en servir», soupire Pascal Plantard. Lors des distributions d’ordinateurs en Seine-Saint-Denis, au printemps dernier, cette réalité sautait aux yeux. Alors des cours gratuits ont été proposés aux parents, mais cela prend du temps. Pour l’instant, seule une petite vingtaine en a profité. En palliatif, Rodrigo Arenas, de la FCPE, propose des parrainages «d’étudiants que les jeunes pourraient appeler quand ils ont un souci». Pour Romain Delès, enseignant-chercheur en sociologie de l’éducation à Bordeaux, les inégalités entre élèves vont continuer de flamber : «Le distanciel, ce n’est pas qu’une question d’outil numérique. Dans une salle de classe, les inégalités entre élèves sont déjà marquées. Mais à distance, c’est bien plus accentué.» Il prend l’exemple des consignes, envoyées par mail aux parents. Tous n’ont pas le même accès à la langue pour les comprendre, et savoir décrypter ce qui est demandé entre les lignes. «Malheureusement, chaque famille est laissée à sa propre compréhension des codes de l’école.»

Cécile Bourgneuf et Marie Piquemal

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