Pauvreté : un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim depuis le début de la crise sanitaire

Andrea Mantovani for The New York Times
Une jeune association, Co’p1-Solidarités étudiantes, vient de réaliser une enquête inédite sur la précarité qui frappe les étudiants depuis le début de la crise sanitaire. 79 % des étudiants interrogés déclarent avoir eu recours à une aide alimentaire pour la toute première fois cette année. Les représentants de l’association seront reçus au Sénat le 6 mai prochain.
« On s’est rendu compte qu’on manquait de chiffres sur la précarité étudiante. Nous en avions besoin pour connaître le profil et les besoins de ceux qui sollicitent une aide alimentaire », explique Ulysse Guttmann-Faure, président de l’association Co’p1-Solidarités étudiantes.
D’abord frappé par les difficultés liées à la crise sanitaire et économique qui touchent de plus en plus lourdement les étudiants, Ulysse Guttmann-Faure, étudiant en droit, lance à la rentrée 2020 avec 5 autres cofondateurs, l’association Co’p1-Solidarités étudiantes.
Grace à des collectes réalisées auprès de certaines associations comme la Croix rouge, la fondation Abbé Pierre, les Restos du cœur, des entreprises ou encore la mairie de Paris, cette jeune structure de 450 bénévoles, tous étudiants, vient en aide à 750 étudiants toutes les semaines (jeudi, vendredi et samedi). Les distributions ont lieu dans un immeuble non loin de la place de la Bastille (XIe arrondissement de Paris) et depuis peu dans des nouveaux locaux vers la porte de Vanves (XIVe arrondissement).
Outre leur action caritative, les membres de cette association ont ensuite réalisé, par eux-mêmes, entre octobre et décembre, une grande enquête sociologique auprès de 1 122 étudiants dont les résultats sont éloquents.
67 % des bénéficiaires sont des femmes
Premier enseignement, 79 % des bénéficiaires répondants, ont sollicité une aide alimentaire pour la toute première fois à la rentrée universitaire 2020-2021. Les femmes sont également surreprésentées et composent 67 % des bénéficiaires. « De connaître ces données, ça nous permet d’adapter le besoin en accompagnement. Nous savons que les femmes sont majoritaires, c’est la raison pour laquelle nous avons ajouté des produits d’hygiène à nos colis », souligne Ulysse Guttmann-Faure.
« On réalise que les difficultés s’additionnent »
Le plus frappant reste ce chiffre : un étudiant sur deux, estime ne pas avoir mangé à sa faim de façon répétée depuis le début de l’année universitaire. On apprend aussi que la précarité alimentaire touche principalement les étudiants internationaux (67 %) et des jeunes en fin de cursus qui ne vivent plus leurs parents (92 %). 52 % des répondants ne peuvent pas compter sur leur entourage pour une aide matérielle ou financière. « On réalise que les difficultés s’additionnent. Certains ont perdu leur job, ont des parents qui ont perdu leur emploi ou sont en chômage partiel et ne peuvent plus venir en aide à leurs enfants », précise le président de l’association.
Parmi les conséquences de cette précarité, plus de 23 % affirment avoir eu à renoncer à une aide médicale. 57 % affirment que le confinement a eu un effet négatif sur leur santé psychique et 76 % déclarent être « préoccupés, tourmentés ou anxieux ».
Les membres de l’association indiquent n’avoir eu pour le moment aucun retour sur cette étude de la part le ministère de l’Enseignement supérieur. Mais seront auditionnés le jeudi 6 mai par la mission d’information du Sénat sur « les conditions de la vie étudiante en France ».
Ces derniers mois, la mission a auditionné des représentants des syndicats étudiants, des associations d’aide alimentaire ou encore différents responsables de l’habitat des étudiants qui ont également fait part de signaux alarmants.
Pierre Ouzoulias : « On est dans un pays en voie de sous-développement »
« Vous avez des nouvelles de la ministre de l’Enseignement supérieure, vous ? » raille le président communiste de la mission, Pierre Ouzoulias qui salue cette initiative locale. « Ce sont des chiffres terribles qui démontrent que notre pays est incapable d’offrir une perspective à sa jeunesse. On est dans un pays en voie de sous-développement », lâche-t-il.
Suite à la médiatisation de l’affluence étudiante aux portes des banques alimentaires, le gouvernement a lancé repas à 1 euro, fin janvier. Une initiative qui reste insuffisante pour le président de la mission sénatoriale. « Beaucoup de restaurants universitaires ne sont pas ouverts le soir. Donc, le repas à 1 euro, c’est surtout un repas par jour à condition de ne pas s’éloigner des grandes métropoles », note Pierre Ouzoulias qui déplore « le désengagement de l’Etat ». « Ce gouvernement qui pourtant se montre très militant pour renforcer les principes républicains, s’aligne sur le modèle Anglo-saxon. L’idée républicaine de la Nation apprenante, un pays qui considère que l’ensemble d’une classe d’âge doit accéder à des études supérieures, est abandonnée » conclut-il.
Frédérique Vidal sera auditionnée par la mission d’information sénatoriale au mois de juin.
Simon Barbarit
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Pauvreté : un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim
Une jeune association, Co'p1-Solidarités étudiantes, vient de réaliser une enquête inédite sur la précarité qui frappe les étudiants depuis le début de la crise sanitaire. 79 % des étudia...
«Mon fils a le droit d'aller à l'école mais pas ma fille» : des classes à nouveau fermées et des parents résignés
EXTRAITS
La rentrée des élèves des écoles maternelles et primaires lundi s'est accompagnée d'un renforcement du protocole sanitaire. Dès les premiers jours, des classes ont fermé, renvoyant une nouvelle fois les élèves chez eux.
Le protocole mis en place pour accompagner la réouverture des écoles maternelles et primaires après trois semaines de fermeture est clair : au moindre cas de Covid-19 détecté dans une classe, celle-ci doit fermer. Cette mesure, déjà appliquée dans les territoires les plus touchés, concerne depuis la rentrée du 26 avril tous les établissements. Résultat, seulement quelques jours après la rentrée, des dizaines de classes ont fermé leurs portes, renvoyant les élèves chez eux, auprès de leurs parents.
Sur les réseaux sociaux, ils sont plusieurs à exprimer leur mécontentement face à cette nouvelle fermeture. «La classe de cm1/cm2 de ma fille fermée ce midi. Des parents inconscients ont mis leur fils symptomatique à l'école alors qu'ils attendaient les résultats du test. Ils sont revenus le chercher à 10h, il était positif. Je suis furieuse contre la bêtise des gens»; «Et c'est reparti pour un tour, deuxième fois qu'il y a un cas de Covid dans l'école de la grande. École fermée jusqu'au 6 mai», peut-on lire sur Twitter.
(...)
En attendant la fin de la période d'isolement de leurs enfants, certains parents d'élèves, résignés, supposent que ce ne sera pas la dernière fois qu'ils seront confrontés à cette situation, comme Coralie : «on s'organise au jour le jour, et on s'attend à ce que les prochaines semaines soient en dents de scie, jusqu'au mois de juillet».
Emilie Roussey
Article complet à lire en cliquant ci-dessous
Les mathématiques ont-elles pris le pouvoir sur le réel ? (Audio)
Quelle est la place de l’humain dans un univers où le bonheur est accompagné par les machines ? Faut-il lutter contre une "société algorithmique déshumanisante" ? On sait tout optimiser, mais on a toujours du mal à anticiper les accidents, les retards qui vont mettre la machine par terre.
On est passé d’une société informatique à une société d’intelligence artificielle. Les chiffres permettent de tout mesurer, de tout calculer, de prédire les comportements aléatoires. Avec la généralisation des calculs massifs, on est entré dans un autre monde : de la programmation informatique, on est passé au "machine learning". Sommes-nous entrés dans un monde cybernétique, autrement dit de "gouvernance par les nombres" ? Paradoxe : le monde est à la fois de plus en plus lisible, prédictif, contrôlable, mais également de plus en plus volatile, incertain, complexe, ambigu.
Quelle est la place de l’humain dans un univers où le bonheur est accompagné par les machines ? Quelle est la place de l’intuition et de la création dans ce contexte ? Faut-il, comme le souhaite l'économiste Daniel Cohen, lutter contre une "société algorithmique déshumanisante" ? On sait tout optimiser, tout modéliser, tout simuler, tout corréler… mais on a toujours du mal à anticiper les grains de sables, les accidents, les retards qui vont mettre la machine par terre.
Avec Elisabeth Grosdhomme, Bruno Teboul, François Pitti et Julien Cantegreil.
Et c'est à écouter en cliquant ci-dessous
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Les mathématiques ont-elles pris le pouvoir sur le réel ?
Quelle est la place de l'humain dans un univers où le bonheur est accompagné par les machines ? Faut-il lutter contre une "société algorithmique déshumanisante" ? On sait tout optimiser, mais ...
Coup de coeur... Molière...
TARTUFFE
L'amour qui nous attache aux beautés éternelles
N'étouffe pas en nous l'amour des temporelles ;
Nos sens facilement peuvent être charmés
Des ouvrages parfaits que le Ciel a formés.
Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles ;
Mais il étale en vous ses plus rares merveilles :
Il a sur votre face épanché des beautés
Dont les yeux sont surpris, et les cœurs transportés,
Et je n'ai pu vous voir, parfaite créature,
Sans admirer en vous l'auteur de la nature,
Et d'une ardente amour sentir mon cœur atteint,
Au plus beau des portraits où lui-même il s'est peint.
D'abord j'appréhendai que cette ardeur secrète
Ne fût du noir esprit une surprise adroite;
Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut,
Vous croyant un obstacle à faire mon salut.
Mais enfin je connus, ô beauté toute aimable,
Que cette passion peut n'être point coupable,
Que je puis l'ajuster avecque la pudeur,
Et c'est ce qui m'y fait abandonner mon cœur.
Ce m'est, je le confesse, une audace bien grande
Que d'oser de ce cœur vous adresser l'offrande ;
Mais j'attends en mes vœux tout de votre bonté,
Et rien des vains efforts de mon infirmité ;
En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude,
De vous dépend ma peine ou ma béatitude,
Et je vais être enfin, par votre seul arrêt,
Heureux, si vous voulez, malheureux, s'il vous plaît.
Molière - Tartuffe ou l'imposteur
Pauvre brevet. Pauvres élèves. - Par Claude Lelièvre...
La publication des disciplines retenues pour l'épreuve de sciences du brevet marque la volonté du ministre d'organiser cet examen comme s'il s'agissait d'une année normale en dépit des interrogations des organisations syndicales. Et pourtant l'histoire du brevet montre qu'il a pu connaître des variations extrêmes...
Le 25 avril, la CFDT, la FSU, l'UNSA, le SNALC et SUD avaient demandé au ministre une réorganisation du brevet : « Les examens du collège […] ne pourront se tenir comme prévu puisque l'année n'a pas été normale. Nous demandons que des décisions soient prises pour clarifier l'organisation et les attentes de l'ensemble des examens »
La publication trois jours après des disciplines retenues pour l'épreuve de science ( la série physique chimie et SVT en série générale ; et physique chimie et technologie en série professionnelle) « marque la détermination du ministre d'organiser le brevet comme dans une année normale » est-il souligné dans « Le Café pédagogique » de ce jeudi.
Et pourtant l'histoire très tourmentée du ''brevet'' montre que l'on est loin d'un examen emblématique , stabilisé et intouchable
En 1947, le brevet est transformé en « brevet d’études du premier cycle du second degré » (BEPC), son appellation nouvelle signant ce qu’il est devenu avant tout, à savoir un examen qui scande un cursus scolaire – celui du secondaire – désormais clairement constitué de deux « cycles ».
Bien que le BEPC soit considéré comme un examen de fin de cycle (le premier cycle du secondaire) à partir de 1947, sa détention n'a jamais été jugée nécessaire pour entrer dans le second cycle.
À partir de1978, c'est même en quelque sorte l'inverse qui a été décidé : les élèves ayant fait l’objet d’une orientation vers le second cycle de l’enseignement secondaire n’ont même pas à passer les épreuves du brevet pour l’obtenir. En 1981, le diplôme – désormais intitulé brevet des collèges – est attribué sans examen, au vu des seuls résultats scolaires.
En 1986, un « examen écrit » (en mathématiques, français, histoire-géographie-éducation civique) est réintroduit par le ministre de l’Éducation Jean-Pierre Chevènement avec le triple objectif annoncé de « revaloriser le diplôme », de « motiver » davantage les élèves, et de les « préparer » à aborder des examens ultérieurement. Lors de sa première mouture, le taux de reçus ne dépasse pas 49%.
En 1988, pour l’essentiel sur cette base, est créé le « diplôme national du brevet », avec trois séries : collège, technologique et professionnelle. En 2001, prise en compte d’options facultatives.
En 2006, s’ajoute l’option « découverte professionnelle ». En 2007, ajout de la note de vie scolaire ; le contrôle continu ne porte que sur les notes de troisième et le sujet du brevet devient national (auparavant, il y avait des sujets différents par région ; ils sont désormais nationaux, mais les barèmes de correction restent définis localement). En 2008, l’obtention du brevet est aussi conditionnée par celle du Brevet informatique et internet (B2i) et du niveau A2 (du Cadre européen de références pour les langues) dans une langue vivante. En 2010, une nouvelle option facultative est ajoutée : l’histoire de l’art (une épreuve orale devant un jury de 2 à 3 personnes, dont un professeur d’art plastique ou de musique). Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, et pour un diplôme dont l'examen a pu être tout à fait évanescent à certains moments de son passé ?
Puis, à partir de 2012, « l’attestation de maîtrise des connaissances et des compétences du socle commun au palier 3 » (qui correspond à la fin de la classe de troisième) est obligatoire. Le Conseil supérieur des programmes avait envisagé en 2013 de supprimer l'examen du brevet et de ne garder que la validation du socle commun, les compétences étant appréciées domaine par domaine (quatre compétences par domaine, soit une vingtaine au total).
Finalement, la nouvelle logique du « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » ne l'a pas emporté jusqu'au bout, et l'on se trouve pris dans une sorte de compromis à géométrie variable où l'on ne sait pas vraiment quelle est la place de l'examen du brevet.
Mais on doit reconnaitre aussi qu'on ne saisit pas la logique qui a présidé à l'ensemble de l'histoire du brevet; Et on peut s'étonner d'une position intangible ministérielle dans les circonstances actuelles ( compte tenu notamment du passé – voire du passif- du ''pauvre brevet'')
Pour en savoir plus « L'école d'aujourd'hui à la lumière de l'histoire » paru en mars aux éditions Odile Jacob
Claude Lelièvre
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Pauvre brevet. Pauvres élèves.
La publication des disciplines retenues pour l'épreuve de sciences du brevet marque la volonté du ministre d'organiser cet examen comme s'il s'agissait d'une année normale en dépit des ...
https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/290421/pauvre-brevet-pauvres-eleves
Sortir... Peintres femmes 1780-1830 / Musée du Luxembourg...
Le Musée du Luxembourg est prêt à vous accueillir pour l’exposition Peintres femmes. Naissance d’un combat dès que la situation sanitaire le permettra.
Profitez de la visite virtuelle de l'exposition depuis chez vous :
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Visitez l'expo Peintres Femmes depuis chez vous
Suite à l'impossibilité d'ouvrir actuellement l'exposition Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d'un combat, initialement prévue au Musée du Luxembourg du 3 mars au 4 juillet 2021, la Rmn - Gr...
https://museeduluxembourg.fr/fr/actualite/visitez-lexpo-peintres-femmes-depuis-chez-vous
Vaccination : les enseignants, c’est pour quand ?
Les cours ont repris lundi, alors que le gouvernement refuse toujours d’accéder à la demande pressante des profs d’être vaccinés en priorité. Un non-sens pour ces personnels très exposés.
Ça bloque au gouvernement ? Les collectivités locales se bougent. A Cannes, La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) ou dans certains arrondissements parisiens, entre autres, les maires ont décidé de permettre à tous les profs volontaires d’être vaccinés contre le Covid, s’asseyant ainsi sur la sacro-sainte stratégie vaccinale française basée sur l’âge et non sur la profession. Certains, à l’instar de Rachida Dati dans le VIIe arrondissement de la capitale, se sont fait taper sur les doigts, mais continuent de défendre mordicus leur position. Il faut dire que l’affaire est pressante : profs, accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) et autres agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) réclament inlassablement depuis janvier à être piqués en priorité. «Il aurait fallu que la vaccination des personnels de l’Education nationale démarre dès le lendemain de la fermeture des écoles pour que, au retour de congés, tous ceux qui le souhaitaient puissent avoir été vaccinés. C’est de la perte de temps, du gâchis», déplore Haydée Leblanc, enseignante en CM2 et cosecrétaire départementale du SnuiPP-FSU (syndicat majoritaire dans le primaire) dans la Somme. Les cours ont repris ce lundi et les coupe-file ne sont toujours réservés qu’aux profs d’au moins 55 ans. Encore trois semaines de perdues.
«Dans une journée, je croise au moins 1 000 personnes»
«Il est bien évident que si on veut que les profs soient présents en classe parce qu’ils sont essentiels et si on veut faire tourner l’économie, il faut prendre les mesures nécessaires», juge Delphine, enseignante en CP-CE1 dans l’Essonne. Car depuis le début de la pandémie, le nombre d’enseignants absents est – assez logiquement – plus élevé qu’à l’accoutumée, et les remplaçants manquent. «La vaccination est un moyen essentiel pour que l’école puisse tenir. Evidemment, il n’est pas question de capter toutes les doses qui seraient disponibles et d’être la priorité absolue, mais il est essentiel qu’on progresse», plaide Stéphane Crochet, secrétaire général de SE-Unsa.
Dans la banlieue de Bordeaux, Cécile, prof d’allemand en lycée, s’alarme des conditions dans lesquelles elle doit exercer lorsque tous les élèves sont présents : «Si vous voyiez l’exiguïté de nos locaux : c’est les couloirs du métro aux heures de pointe. Dans une journée, je croise de plus ou moins loin au moins 1 000 personnes et je côtoie de très près quatre à six fois 30 personnes, entassées, dans des salles où toutes les fenêtres ne s’ouvrent pas parce que les charnières sont cassées. Et ce sont des semi-adultes qui ont fait du masque un enjeu de défi de l’autorité, en ne le portant pas, ou mal.» Aucun doute : pour elle, la vaccination, «c’est une nécessité».
«Se dépatouiller»
En conférence de presse la semaine dernière, le ministre Jean-Michel Blanquer a entrouvert une petite porte en affirmant que les personnels de l’Education nationale de plus de 50 ans exerçant en maternelle – où les enfants ne sont pas masqués – et auprès d’élèves handicapés pourraient être prioritaires. Contacté par Libération, le ministère affirme qu’il n’a pas de précisions à ce sujet pour l’instant. «Avec les enfants, on ne peut pas avoir de gestes barrières, être loin d’eux. On essaye au maximum, mais il y a des moments où ce n’est pas possible», assure Aurélie, AESH dans une école élémentaire des Deux-Sèvres. Son boulot : aider les trois enfants qu’elle suit à écrire, suivre le cours, faire les exercices… «Je suis assise à côté de chacun. Les hôtesses de caisse, elles, sont entourées de vitres toute la journée», compare-t-elle.
A force d’attendre, l’heure tourne. Et la fin de l’année scolaire approche. Pour autant, les profs l’assurent : il n’est pas trop tard. «Avec la première dose, même si ce n’est pas du 100%, il y a une première protection, ce n’est pas peine perdue», défend Delphine. Elle-même, à 44 ans seulement, vient de réussir à dégoter un vaccin. Son médecin, estomaqué de voir que les enseignants n’étaient pas prioritaires, l’a mise en file d’attente pour bénéficier de doses restantes en fin de journée dans le centre de vaccination où il officie. Une semaine après, il l’appelait. «Comme souvent, les enseignants sont obligés de se dépatouiller pour faire les choses correctement», souffle-t-elle.
Elsa Maudet
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Vaccination : les enseignants, c'est pour quand ?
Ça bloque au gouvernement ? Les collectivités locales se bougent. A Cannes, La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) ou dans certains arrondissements parisiens, entre autres, les maires ont décidé ...