Jean-Michel Blanquer s’embrouille dans les chiffres sur le Covid-19 à l’école...
EXTRAITS
Le ministre de l’éducation nationale a tenté, à plusieurs reprises ces derniers jours, de convaincre que le virus ne circule pas plus à l’école qu’ailleurs. Mais ses explications sont confuses.
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Ce qu’il a dit
Interrogé sur BFM-TV vendredi 19 mars, Jean-Michel Blanquer s’est félicité de la multiplication des tests salivaires pour dépister le Covid-19, déployés depuis la fin de février dans les établissements scolaires. Selon le ministre, les résultats de ces tests donnent « un taux de contamination en moyenne d’environ 0,5 % ». Sauf que cela « fait 500 élèves [contaminés] pour 100 000, c’est au-dessus du taux d’incidence [national] », s’est étonné le journaliste Jean-Jacques Bourdin.
A l’écoute de ce premier entretien, on pourrait en déduire que les infections par le SARS-CoV-2 seraient en proportion plus nombreuses à l’école que dans l’ensemble de la population française. Or, cela va à l’encontre du discours du ministre de l’éducation, qui se veut, au contraire, rassurant. Et Jean-Michel Blanquer n’a pas réagit à la remarque du journaliste de BFMTV.
Le ministre de l’éducation a en revanche tenté de préciser son propos sur LCI dimanche 21 mars. Interrogé sur le taux d’incidence du virus dans les écoles françaises, il a alors répondu : « C’est 0,35 %. »
« Le taux d’incidence, c’est le nombre de personnes positives sur le nombre de personnes testées », a-t-il développé, en expliquant que cette proportion est stable dans la durée en milieu scolaire, autour de 0,35 % à 0,5 % chaque semaine depuis décembre. Alors que « quand vous faites des tests aléatoires en population générale, vous êtes très souvent autour de 1% et 2 % », affirme le ministre, qui en conclut qu’en milieu scolaire « il y a un peu moins de contaminations qu’en population générale ».
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Le problème, c’est que le ministre présente cette donnée comme le « taux d’incidence » du Covid-19 à l’école. Mais, en réalité, il s’agit du taux de positivité des tests, c’est-à-dire de la proportion de virus détecté lors de ces dépistages – ce que confirme le cabinet du ministre, sollicité par Le Monde. C’est une notion différente du taux d’incidence, qui correspond à la proportion de cas confirmés de Covid-19 dans la population.
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Dans son dernier avis, le conseil scientifique Covid-19 assure que « les écoles ne semblent pas constituer des amplificateurs de transmission : la circulation du virus en milieu scolaire reflète plutôt celle qui est observée au sein de la collectivité », comme le montre une étude publiée à la fin du mois de février dans le British Medical Journal. Mais cela ne veut pas dire qu’elles ne jouent aucun rôle dans la diffusion du virus. Le risque majeur, rappelle le conseil, réside dans sa transmission par les élèves à leurs parents ou grands-parents, qui est plutôt « le fait des collégiens ou lycéens » que des écoliers de primaire, selon l’étude ComCor menée par l’Institut Pasteur.
D’où l’importance des débats sur les protocoles sanitaires et les situations à risque, en particulier les repas en milieu scolaire.
Adrien Sénécat et Assma Maad
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Jean-Michel Blanquer s'embrouille dans les chiffres sur le Covid-19 à l'école
Jean-Michel Blanquer l'a assuré à plusieurs reprises dans les médias, notamment sur BFM-TV et LCI : l'école n'est pas, selon lui, un lieu particulièrement propice à la diffusion du Covid-19. ...
Coup de coeur... Fernando Pessoa...
Le monde, ce tas de fumier de forces instinctives, qui brille malgré tout au soleil en tons pailletés d'or et de clair-obscur.
Pour moi, si je considère pestes, tempêtes et batailles, j'y vois le produit de la même force aveugle qui s’exerce tantôt grâce à des microbes inconscients, tantôt par le jeu des coups de foudre et de trombes d'eau, eux aussi inconscients, tantôt par le canal d'hommes tout aussi inconscients. Entre un tremblement de terre et un massacre, je ne vois pas d'autre différence que dans un assassinat perpétré avec un couteau ou avec un poignard. Le monstre immanent aux choses utilise tout autant – pour son plus grand bien ou son plus grand malheur, qui, d'ailleurs, semblent lui être indifférents – le mouvement d'un rocher dans les hauteurs que celui de la jalousie ou de la convoitise dans un cœur humain. Le rocher tombe, et vous tue un homme ; la jalousie ou la convoitise arment un bras, et le bras tue un homme. Ainsi va le monde, tas de fumier de forces instinctives, qui brille malgré tout au soleil en tons pailletés d'or et de clair-obscur.
Fernando Pessoa - Le livre de l'intranquillité
Directeurs et directrices d'école : "On est sur la brèche tout le temps"
Le suicide de Christine Renom en septembre 2019 avait mis la lumière sur leur surcharge de travail. La crise sanitaire n'a fait qu'accroître leurs missions. Le syndicat de enseignants SE-Unsa lance "la semaine de la direction d'école", une campagne d'information.
Le syndicat de enseignants SE-Unsa alerte par le biais de sa campagne sur les réseaux sociaux et dans les différents départements sur la situation des directeurs et directrices d'écoles.
Les directeurs et directrices étaient déjà débordés, ils sont complètement submergés depuis le début de la crise sanitaire. Leur charge de travail s'est encore alourdie : ils doivent notamment recenser les cas de Covid, changer l'organisation de l'école à chaque nouveau protocole sanitaire. Ils doivent en même temps continuer à assurer la classe pour la plupart d'entre eux. Ils bénéficient d'une décharge en fonction de la taille de leur école.
75% des directeurs et directrices se disent épuisés
Un sondage Ifop, réalisé auprès de 300 directeurs et directrices d'écoles entre le 25 février et le 8 mars 2021, montre que 75% d'entre eux disent qu'ils s'épuisent, même s'ils considèrent à 87% que leur mission a du sens et qu'ils pensent la réussir à 96%. Caroline Decroix est directrice d'une école primaire à Marck-en-Calaisis, dans le Pas de Calais, depuis 15 ans. Elle n'a qu'une journée de décharge par semaine pour effectuer toutes les tâches administratives.
Après un an de crise sanitaire, elle se dit épuisée : "Actuellement avec l'accumulation des missions, on a l'impression d'être surmené en permanence, de devoir tout gérer en même temps. On a des injonctions qui arrivent les unes à la suite des autres et qui parfois se contredisent. On est sur la brèche tout le temps, on a l'impression de devoir bâcler certaines choses pour réussir à tenir les délais. On est à la fois directeur et enseignant. C'est compliqué parfois de cumuler les deux."
Une amélioration du système de décharges et une prime annuelle de 450 euros brut par an ont été actées mais le nouveau système de décharges ne concernera pas les écoles de taille moyenne comme celle de Caroline Decroix, qui précise que "les deux -tiers des directeurs n'y auront pas droit".
Beaucoup pensent à jeter l'éponge
Beaucoup de directeurs pensent à quitter leurs fonctions : 26% d'après le sondage Ifop. Amaia Bernard, directrice d'une école maternelle en Seine-St-Denis, et du syndicat Se-Unsa, songe même de plus en plus à quitter l'Éducation nationale et elle n'est pas la seule à vouloir jeter l'éponge. Elle raconte que parmi ses collègues autour de son école, elle en a déjà deux qui lui ont dit : "Vraiment là, je réfléchis à repartir dans la classe, parce que je n'en peux plus. On m'en demande trop et ça devient trop compliqué pour moi et au moins en classe, j'étais plus tranquille avec mes 25-30 élèves".
Le malaise était déjà bien présent depuis plusieurs années. La crise sanitaire ne fait que précipiter les choses. Les dernières mesures, comme la prime de 450 euros par an et les nouvelles décharges, ne suffiront pas à inverser la tendance.
Sonia Princet
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Directeurs et directrices d'école : "On est sur la brèche tout le temps"
Le suicide de Christine Renom en septembre 2019 avait mis la lumière sur leur surcharge de travail. La crise sanitaire n'a fait qu'accroître leurs missions. Le syndicat de enseignants SE-Unsa lance
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Covid-19. Arnaud Fontanet, épidémiologiste : "Maintenir les écoles ouvertes revient à prendre un risque"
Faut-il laisser les établissements scolaires ouverts malgré la forte circulation du Covid-19 et de ses variants. Si toutes les écoles avaient fermé du 17 mars au 22 juin 2020 pendant le premier confinement, elles sont restées ouvertes pendant le second confinement à l’automne dernier. L’accueil des élèves reste maintenu dans les seize départements de nouveau confinés depuis ce samedi pour au moins un mois. Seule différence cette fois : toutes les classes de lycées doivent passer en "demi-jauge".
Faut-il laisser les établissements scolaires ouverts malgré la forte circulation du Covid-19 et de ses variants. Si toutes les écoles avaient fermé du 17 mars au 22 juin 2020 pendant le premier confinement, elles sont restées ouvertes pendant le second confinement à l’automne dernier. L’accueil des élèves reste maintenu dans les seize départements de nouveau confinés depuis ce samedi pour au moins un mois. Seule différence cette fois : toutes les classes de lycées doivent passer en "demi-jauge".
Jean-Michel Blanquer a toujours plaidé pour le maintien des écoles ouvertes. "Les avantages à laisser les écoles ouvertes sont largement supérieurs aux inconvénients", expliquait le ministre de l’Éducation Nationale dans le Monde, le 9 mars dernier. "L’école n’est pas une variable d’ajustement mais un enjeu vital pour nos enfants".
Pourtant, face à la forte circulation du virus, la question de la fermeture est à nouveau posée. "Maintenir les établissements ouverts revient à prendre un risque", estime l’épidémiologiste Arnaud Fontanet dans une interview au Journal du Dimanche. Avoir un collégien ou un lycéen accroît de 30 % le risque d’être infecté, indique l’étude Comcor menée par l’institut Pasteur. "Si l’immense majorité des enfants ne fait pas de complications cliniques, ils exposent leurs proches ayant des comorbidités ou leurs grands-parents", détaille le Pr Arnaud Fontanet. Il estime que "l’école est le talon d’Achille assumé du dispositif actuel".
Strict respect des mesures sanitaires
L’idée de passer toutes les classes de lycée en demi-jauge est une bonne idée pour Arnaud Fontanet qui souhaiterait l’extension de la mesure pour les collèges. En attendant, l’épidémiologiste qui est aussi membre du Conseil scientifique, appelle le monde enseignant, les parents et les élèves à "être strict sur les mesures sanitaires, notamment pendant les repas, éviter les regroupements aux alentours et y intensifier le dépistage".
2018 classes fermées en France
Selon le dernier point de situation du ministère de l’Éducation Nationale, publié vendredi, 80 structures scolaires sont fermées en France (soixante-trois écoles, onze collèges et six lycées) soit 0,14 % des structures scolaires. 2018 classes n’accueillent plus les élèves soit 0,4 % des classes de France. Sur les sept derniers jours, 15 484 élèves et 1809 personnels sont des cas confirmés de Covid-19.
Cy.B.
Revue de Presse Education... Fabulettes - TAP en PLS - Nuances et perspectives - Vive la presse!
Cette semaine encore une fois nous n’échappons pas au Coronavirus ni aux fabulettes de Jean-Michel Blanquer. Le monde quand même vit, respire et s’interroge, hors de cette chambre d’écho épidémique, sur la frénésie des classements et des évaluations, les conditions de la réussite scolaire et les apports du distanciel (entre autres). Et, à l’heure de la semaine de la presse et des médias à l’école, l’éducation aux médias nous offre des billes pour prendre du recul (poke aux profs-doc).
- Illustration de Fabien Crégut
On se contamine à la maison mais pas à l’école. Nous apprenons ainsi que le COVID applique magiquement les gestes barrière et que les établissements scolaires constituent de véritables sanctuaires. « Les enfants qui sont contaminés, la plupart du temps quand on remonte la chaîne de contamination, ce n’est pas du tout à l’école qu’ils se sont contaminés, ils se sont contaminés en famille », a expliqué Jean-Michel Blanquer au micro de BFM. L’OBS , fort facétieux relève que dans la même interview le ministre a donné un taux d’incidence dans les écoles plus élevé que le niveau pris en compte pour appliquer des mesures de confinement (version 1, 2 ou 3 ?). Il a aussi évalué à un peu plus de 2000 le nombre de classes fermées. Le site vousnousils souligne la hausse inquiétante des chiffres. « On compte 2018 classes fermées, contre 833 la semaine dernière. Et du côté des personnels, 1809 personnes positives au covid-19, contre 1106 la semaine dernière. » La réalité dépasse la méthode Coué. Les difficultés de remplacement face à l’augmentation des cas chez les enseignants inquiètent les parents d’élèves comme c’est le cas à Nantes où leur mobilisation est relayée par France Bleu.
Rassurez-vous, des mesures sont prises à commencer par la demi-jauge pour les lycées. Au fil des mois pandémiques, notre vocabulaire s’enrichit. En ce début de 3e confinement qualifié « d’hybride » le terme de demi-jauge tient la corde de mot vedette. Mais attention, il y a demi-jauge et demi-jauge. « En ce qui concerne les lycées de ces 16 départements confinés, le ministère de l’Éducation nationale a précisé à franceinfo que la "demi-jauge" évoquée par le Premier ministre s’entendait à l’échelle du lycée, et non pas à celui d’une classe. Il s’agit d’un "fonctionnement hybride". Les lycées ne devront donc pas diviser les classes en deux groupes. Mais c’est au niveau de l’effectif global de l’établissement que cela devra se faire. » peut-on lire sur le site France Info . Mesdames et messieurs les Perdirs, nous vous souhaitons un bon week-end de casse-tête. « Est-ce que le ministère réalise que les chefs d’établissements concernés vont devoir réaménager toute la vie de leur établissement et informer les familles en une journée ? Qu’ils vont sans doute passer le week-end à répondre aux parents qui auront légitimement des questions ? », interroge Stéphane Crochet, de l’Unsa dans Libération.
Les enseignants sont en première ligne pour éprouver le triptyque TAP « Tester, Alerter Protéger » dans des conditions plutôt brouillonnes et contrariantes. Ils ont constaté qu’ils devaient contribuer au déploiement des tests salivaires y compris pécuniairement. « Ces tests salivaires, présentés par le ministre de l’Éducation nationale comme l’outil majeur pour maintenir les écoles ouvertes, seront gratuits pour les enfants. Les enseignants peuvent en bénéficier à l’occasion du passage des équipes des laboratoires dans les établissements. Mais ils devront débourser un euro, soit le reste à charge appliqué par l’Assurance maladie. » explique France-Info. « Ce n’est pas pour la somme, mais c’est pour ce que cela renvoie comme image de la relation avec notre employeur », regrette une enseignante. Le regret vaut aussi pour les vaccins pour lesquels les personnels de l’éducation ne sont pas jugés prioritaires. « Ainsi, s’il est vrai que d’autres pays ont commencé la vaccination des enseignants, il faut rappeler que les enseignants sont prioritaires aux États-Unis uniquement après les maisons de retraite et les soignants ou qu’en Espagne ils font partie de la deuxième vague de la campagne de vaccination. Néanmoins, d’autres nations - l’Italie ou le Portugal- les ont effectivement pris en compte comme prioritaires de première ligne. » explique 20 Minutes.
Le contraste est donc fort entre des déclarations gouvernementales énamourées sur le rôle primordial des écoles (et donc la nécessité de les laisser ouvertes) et le mépris ressenti par les enseignants à leur égard. Pourtant, La Croix relève dans un rapport de la Cour des Comptes sur l’école « Si la mobilisation des enseignants pour assurer la continuité pédagogique a été « réelle et rapide » pendant la crise sanitaire, des efforts doivent être accomplis pour mieux les former aux usages numériques et structurer les enseignements. ».
Puisque le présent est tortueux, prenons de la hauteur pour réfléchir sur ce qui bouge. Bruno Magliulo s’intéresse à l’évolution de l’évaluation en s’interrogeant sur la complémentarité ou la concurrence entre évaluation interne (contrôle continu) et évaluation externe (épreuves nationales). « Dans quelle mesure l’accroissement progressif de la prise en compte du contrôle continu défavorise-t-elle les élèves scolarisés dans des établissements sélectifs ? ». L’évaluation par compétences est une des réponses qu’il apporte à la question.
Pour les lycées, évaluation ou classement ? « En 2021, le classement des lycées de l’Etudiant observe une forte augmentation de la note obtenue par les établissements », une progression due aux bons résultats au bac. La revue précise que dans ce contexte, ce sont les critères d’accompagnement qui sont déterminants. « Les lycées dits "accompagnateurs, qui ont pour vocation de suivre les élèves pendant tout le cycle terminal et de les faire progresser, tirent donc leur épingle du jeu. » Ainsi, le lycée Germaine Tillon du Bourget (93) est classé 4e. Il est toutefois absent du top ten du Figaro qui lui préfère (comme c’est étonnant) le lycée Stanislas. Le choix des données pèse sur les classements.
Claude Lelièvre alerte d’ailleurs sur les comparaisons hâtives en particulier celles entre le public et le privé. « Il est d’autant plus absurde de prétendre faire des comparaisons fondées entre le secteur public et le secteur privé que seuls 7% des élèves de terminale ont eu une scolarité uniquement dans le privé, 53% uniquement dans le public, et 40% dans le public puis le privé ou dans le privé puis le public. »
L’école branchée fait un retour sur une conférence donnée par John Hattie sur (entre autres) la rétroaction pédagogique « Ce qui manque trop souvent dans la rétroaction offerte aux élèves, selon le chercheur John Hattie, c’est une indication vers la prochaine étape requise pour progresser, le « what’s next ». Et pour favoriser le progrès, il faut viser l’engagement. Attention toutefois, rappelle-t-il, « faire quelque chose » ne veut pas dire « être engagé » !
L’Etudiant salue « des innovations qui viendront sans doute enrichir durablement le fonctionnement des universités et grandes écoles... ». Les enseignants du supérieur sont descendus de leur estrade pour se creuser les méninges et selon l’un d’eux, « aménager le calvaire pour en faire un terrain d’expérimentations pédagogiques ». Une perspective positive pour un secteur particulièrement touché par les effets délétères du distanciel prolongé.
Un travail de fond semble toutefois nécessaire pour soigner le malaise enseignant et envisager de profonds changements pour une école réellement démocratique. « Il me semble urgent d’engager une véritable réflexion pédagogique pour construire une école plus juste et plus efficace, car ce qui est sûr, c’est que l’on ne pourra pas enseigner dans l’école d’après avec la pédagogie d’hier... » souligne Philippe Watrelot dans un entretien pour la revue "Animation & Education" de l’OCCE. Un article intitulé très justement « Avant de penser l’École, il faudrait la panser ! ». Et il y a du travail !
Que serait cette revue sans toutes les publications qui nous informent ? Rien du tout, nada ! La presse se fête et s’expérimente la semaine prochaine. Radio-France met les petits plats dans les grands avec InterClass’UP, plateforme destinée à l’éducation aux médias, un prolongement voire une démultiplication des formidables Interclass’, émissions construites par des lycéens en collaboration avec des journalistes de France Inter. La chaîne publique de radios a également ouvert une plateforme de ressources pour les lycéens et les étudiants. « Après une année marquée par des conditions d’enseignement difficiles, lycéens et étudiants s’apprêtent à passer les traditionnels examens de fin d’année. Avec ce nouvel espace, Radio France entend leur fournir des outils et des clés d’apprentissage complémentaires aux cours dispensés par leurs enseignants. ».
« La Semaine de la presse et des médias dans l’école, organisée du 22 au 27 mars 2021, portera sur le thème "s’informer pour comprendre le monde". Elle abordera également la liberté d’expression pour rendre hommage à Samuel Paty. » explique le Journal des Femmes avec un lien vers le site du CLEMI.
La presse quotidienne régionale s’associe à l’évènement comme La voix du Nord à Grande Synthe. « Une série de rendez-vous en ligne est organisée par l’Alliance pour l’éducation aux médias (Apem), émanation de l’Alliance de la presse d’information générale, qui regroupe 300 quotidiens régionaux et nationaux. » explique la Montagne. Une moisson de ressources pour fêter la presse et porter haut et fort la liberté d’expression.
Cette semaine aux manettes Monique Royer
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Revue de presse du dimanche 21 mars
Cette semaine encore une fois nous n'échappons pas au Coronavirus ni aux fabulettes de Jean-Michel Blanquer. Le monde quand même vit, respire et s'interroge, hors de cette chambre d'écho épidé...
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Coup de coeur... Olivier Schefer...
Il pleuvait des trombes d’eau cette nuit-là et ce fut presque en courant, sans parapluie, que je rejoignis le taxi qui m’attendait sur la chaussée d’une avenue froide dont j’oubliais régulièrement le nom. C’était la seule voiture dont le moteur était en marche.
Je fus frappé en sortant par l’éclat des réverbères sur les pavés mouillés.
Le chauffeur hocha la tête en me voyant. Je posais ma sacoche, mon ordinateur et m’installais sur le siège arrière. Il s’engagea dans de petites rues ; il y avait très peu de circulation à cette heure tardive. J’aimais cet instant où je me laissais habituellement aller à mes pensées, profitant du calme de la ville endormie, des majestueuses et apaisantes silhouettes des platanes qui se dressaient dans la nuit. Mais comme les ribambelles de gouttes de pluie qui glissaient contre la vitre extérieure du véhicule, certains événements cheminent lentement, au ralenti, presque en tremblant.
Olivier Schefer - Un saut dans la nuit
Enseignants, voici comment la Grenelle de l’éducation a géré votre « revalorisation » et ce qu’il a prévu (pas grand-chose, désolé)
EXTRAITS
On a enfin pris le temps de se pencher sur la synthèse du « Grenelle de l’éducation » rendue fin février, et plus précisément sur l’onglet « revalorisation ». On a bien tout lu, car c’est sur cette synthèse que le ministre Blanquer va s’appuyer (sans trop de mal, vu qu’elle rejoint largement et sans surprise sa ligne politique, sans qu’on sache distinguer l’œuf de la poule) pour « rendre ses arbitrages » sur la revalorisation des enseignants, fin mars.
Bon, la revalorisation « historique » n’est pas pour demain.
Un atelier "revalorisation" et un Grenelle très orientés
Relever les préconisations du Grenelle ne prendra tout son sens qu’après qu’on aura dit quelques mots de son organisation, de sa composition, de son déroulement. Quand ils s’ouvrent début novembre, les ateliers du Grenelle sont présentés comme une vaste consultation de la communauté éducative et de la société civile dans son ensemble, quelque chose comme "la nation regardant son école", chacun des 10 ateliers étant notamment présidé par « un président issu de la société civile ». En guise de quoi, derrière les têtes d’affiche people que sont Daniel Pennac et le rugbyman Pascal Papé (largement mis en vitrine par JM Blanquer), on retrouve aux manettes des ateliers des personnalités qui n’ont pas grand-chose de civil et rien de neutre, politiquement et idéologiquement : Marcel Rufo, fervent soutien d’Emmanuel Macron et défenseur de JM Blanquer à l’occasion, Patrick Gérard, ancien directeur de cabinet de Gilles de Robien nommé directeur de l’ENA par E. Macron sitôt arrivé au pouvoir, Aurélie Jean, membre du Conseil scientifique (CSEN) créé par JM Blanquer, membre du comité d’éthique pour les données d’éducation et fan de longue date de JMB, Bénédicte Durand, également ancienne du cabinet de Robien et nommée à la tête de Sciences Po suite au Grenelle, Marie-France Monéger-Guyomarc’h, ancienne cheffe de l’IGPN, la police des polices, auditionnée en 2018 par la commission d’enquête sur l’affaire Benalla de l’Assemblée nationale (à laquelle elle avait déclaré qu’il n’y a « pas de violences illégitimes » si « ce sont des policiers qui la mettent en œuvre »)…
L’atelier "Revalorisation" est confié une personnalité encore moins "société civile" que les précédentes et encore plus proche du ministère, dont elle est un haut-cadre : Marie-Pierre Luigi, inspectrice générale retraitée, est notamment missionnée par le ministère depuis mars 2018 comme « chef de projet baccalauréat 2021 », entendez VRP de la réforme Blanquer (elle prépare un livre sur le sujet pour septembre).
A ses côtés comme secrétaire, Guy Waïss, également inspecteur général de l’EN et co-auteur en 2018 pour le ministère d’un rapport sur la gestion des enseignants, rapport qui se fixait notamment pour but de « parvenir à une possible réduction des couts », qui préconisait de prendre davantage en compte le mérite dans la carrière des enseignants à travers « une gestion de proximité au mérite », qui recommandait de nouvelles échelles de carrière mettant fin au PPCR et appelait de ses vœux l’obligation de formation sur le temps de vacances (recension ici).
Autour de ces « animateurs » très blanqueriens, on trouve des membres issus de 6 collèges : syndicats, professeurs, encadrement, familles / élèves, monde associatif et économique, élus et collectivités. « A côté des syndicats, deux enseignantes choisies par le ministère, un chef d’établissement, un inspecteur du 1er degré, le DRH de Schneider Electric, une association, une députée LREM et le secrétaire général d’une académie », précise le Café Pédagogique.
(...)
Revalorisation des rémunérations : accouchement d’une souris
Dans son rapport de synthèse final, l’atelier pose en préambule une déclaration d’intention qui a d’autant d’importance que rien, dans ce qui suit, ne viendra l’étayer : « S’agissant de la part fixe, les participants sont largement favorables à une revalorisation salariale durable de tous les personnels enseignants sans condition préalable ». Mais dès la phrase suivante, catégorisation et contreparties sont là, lorsqu’est évoquée pour le secondaire « une « veille pédagogique » assurée par les enseignants en fonction de leur disponibilité, par exemple pour prendre en charge les élèves en cas d’absence courte d’un collègue ».
Deuxième déclaration : « La revalorisation salariale doit assurer un niveau minimum de rémunération d’entrée dans le métier équivalent à X fois le SMIC, le X restant à déterminer ». L’indexation du salaire sur le SMIC est une bonne idée, quand on sait que le salaire d’entrée valait 2,07 fois le SMIC en 1981 et qu’il est tombé à 1,25. Mais c’est le salaire de tous les profs qui doit être indexé sur le SMIC si l’on veut lutter contre le déclassement des enseignants (sans compter que sinon un débutant dépassera ses ainés en quelques années…).
L’annonce suivante ne manque pas de sel : « un observatoire des rémunérations complétée par un axe bien-être pourrait être un bon instrument de mesure et d’analyse des évolutions en la matière ». L’observatoire du pouvoir d’achat, une tarte à la crème dans le monde de l’éducation, JM Blanquer en a annoncé la création avec force en septembre 2018 et y a plusieurs fois fait allusion depuis, mais on attend toujours qu’il se manifeste !
C’est tout pour ce qui est d’une revalorisation de la part fixe du traitement. Si si. On résume : une déclaration d’intention, le salaire d’entrée indexé sur le SMIC, la création d’un observatoire. Point barre. Rien sur la fameuse loi pluriannuelle de programmation, « du ressort du ministère » et portée disparue, rien sur le point d’indice, « qui concerne toute la fonction publique » (marre d’entendre cela : on peut aussi revoir les grilles indiciaires, outre dégeler le point).
La suite du rapport est consacrée à la part variable du traitement, c’est-à-dire aux mesures catégorielles, aux primes et indemnités qui concerneront tel ou tel, en fonction des situations et des contreparties. Le Snalc raconte que dès la 2ème séance « les animateurs ont essayé d’associer la revalorisation (pour une part variable) à l’innovation et au mérite, suscitant des avis très partagés sur les deux sujets » ; Guy Waïss parle par exemple de « prévoir des mesures de reconnaissance spécifique, notamment sur la reconnaissance du mérite ou de la performance individuelle ou collective », même si le rapport final reconnait que ce sujet ne fait pas consensus.
Dans le même ordre d’idée, l’atelier souhaite que les projets innovants et certaines expérimentations soient aidés ou récompensés, mais aussi que les « fonctions "objectivées" qui demandent un investissement particulier » soient prises en considération. Travailler plus pour gagner plus, un vieux concept sarkozien qui ne peut être assimilé à une quelconque revalorisation puisqu’il propose uniquement de rétribuer de nouvelles missions, pas de reconnaitre ce qui existe.
Le rapport de synthèse évoque aussi l’écart entre les enseignants du premier degré et du second degré, sans proposer de réelle mesure, demande « une meilleure prise en compte de l’expérience professionnelle passée pour les « troisième concours » et pour regarder plus finement la situation des contractuels », propose que les formations hors temps scolaire et les heures supp’ donnent lieu à l’ouverture de « compte épargne temps ».
Prenant en compte les disparités géographiques du cout de la vie, le rapport préconise « une révision ou un redéploiement de l’indemnité de résidence, qui devrait être différenciée avec une granularité beaucoup plus fine qu’aujourd’hui ».
(...)
Lucien Marboeuf
Billet complet à lire en cliquant ci-dessus
On a enfin pris le temps de se pencher sur la synthèse du " Grenelle de l'éducation " rendue fin février, et plus précisément sur l'onglet " revalorisation ". On a bien tout lu, car c'est sur ...