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Vivement l'Ecole!

Renaud...

3 Mars 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Michel de Montaigne - De l'amitié

3 Mars 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous oyions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel ; nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satire latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui plus de quelques années, elle n'avait point à perdre de temps et à se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien.
Les Essais, livre Ier, chapitre XXVIII - Montaigne
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Nathalie Bajos : «L’épidémie de Covid révèle les inégalités, les renforce, et en fait apparaitre de nouvelles»

3 Mars 2021 , Rédigé par Liberation Publié dans #Inegalites

EXTRAITS

Selon les études menées par la sociologue, les conséquences de la crise sanitaire pour les populations sont étroitement liées aux rapports sociaux de domination, dont les effets sont cumulatifs.

Nathalie Bajos est une des meilleures spécialistes en France des questions liées aux inégalités et à la santé, après avoir travaillé sur la sexualité des Français. Sociologue et démographe, directrice de recherche à l’Inserm, elle dirige une vaste étude sur les inégalités face au Covid, à partir de cinq grandes cohortes regroupant près de 200 000 personnes, qu’elle interroge régulièrement. Le Covid, comme toute épidémie, se montre très inégal dans ses dégâts. Mais il pointe aussi combien nos politiques de prévention restent purement biomédicales, et n’intègrent toujours pas les facteurs sociaux. Ce qui peut devenir dramatique aujourd’hui dans l’accès aux vaccins.

Le Covid est-il une maladie particulièrement inégalitaire ?

Oui. Et c’est sans surprise : le Covid, comme toutes les épidémies, est marqué par les inégalités sociales. On l’a vu récemment pour le sida, mais ce fut aussi le cas pour la grippe espagnole de 1918 et bien d’autres épidémies encore. Le Covid s’est développé dans un pays structurellement façonné par des inégalités, sociales en général, et sanitaires en particulier. En France comme ailleurs, l’épidémie les révèle, les renforce, et en fait aussi apparaître de nouvelles.

(...)

Sur le risque d’être contaminé ou pas, y a-t-il, là, des facteurs de risque liés aux situations sociales ?

Quand on parle de l’exposition au risque, plusieurs dimensions sont à prendre en compte, et ce de manière cumulative. Où habite la personne ? Dans une ville de forte densité ? Dans quel type de logement ? Quel type de transport utilise-t-elle ? Quel travail occupe-t-elle ? Peut-elle l’exercer à distance ? Quel est son accès aux gestes de prévention ? Quels accès aux tests, au vaccin ? Toutes ces dimensions sont distribuées de manière très inégalitaire.

Peut-on être plus précis ?

Si l’on considère par exemple le fait de vivre dans une commune très dense, cela concerne 53 % des cadres supérieurs mais aussi, pour des raisons différentes, 42 % des personnes aux revenus les plus bas. Si l’on tient compte du fait de vivre ou non dans un logement surpeuplé, le regard se précise : les cadres supérieurs ne sont que 10 % à vivre dans un logement surpeuplé contre 29 % de celles et ceux ayant les revenus les plus faibles. Si l’on tient compte enfin d’un troisième indicateur d’exposition au risque, celui d’avoir travaillé à l’extérieur pendant la période de confinement, les différences sociales se renforcent puisque 50 % des cadres supérieurs sont restés travailler chez eux quand seulement entre 1 % des ouvriers et à peine 8 % des employés peu qualifiés ont pu le faire. Et si l’on examine les situations des femmes et hommes, les différences renvoient au caractère genré du marché du travail et de la répartition des tâches domestiques. In fine, on voit clairement que les facteurs d’exposition au Covid sont très différents selon les milieux sociaux et que le risque est maximum quand ces facteurs se cumulent.

Les facteurs structurels d’exposition au risque sont déterminants pour rendre compte du profil social de l’épidémie. Les personnes issues de l’immigration non européenne, plus touchées par l’infection, le sont parce que leurs conditions de vie sont plus défavorables (72 % vivent dans une commune très dense, 40 % dans un logement surpeuplé, seulement 15 % ont télétravaillé). Les études internationales montrent d’ailleurs que la surmortalité liée au Covid de certains groupes sociaux – en particulier les plus précaires ou certaines catégories de migrants – est essentiellement liée à une exposition au risque beaucoup plus grande.

(...)

Mais comment intégrer ces questions d’inégalités dans les politiques anti Covid ?

La réflexion politique s’appuie sur des connaissances scientifiques, et c’est très bien, mais cette réflexion repose très peu sur des connaissances en sciences sociales alors que cette épidémie est aussi un fait social.

Sur l’accès au système hospitalier, il n’y a pas eu, semble-t-il, de différences selon les origines sociales.

Les analyses sont en cours. Ce que l’on peut souligner, c’est que l’accès aux soins s’est fait via les médecins généralistes ou via l’hôpital. Or, les inégalités sociales dans l’accès aux soins en France renvoient surtout à l’accès aux spécialistes. Dans la prise en charge du Covid, il n’y avait pas de spécialistes, et on peut penser que l’accès socialement différencié aux soins n’est pas celui que l’on observe habituellement, car ce sont les catégories les plus populaires qui ont le plus recours aux généralistes ou à l’hôpital.

Et en réanimation ?

Nous n’avons pas encore de publications sur le sujet. Reste que la question mérite d’être posée et étudiée, car hors Covid, plusieurs études ont montré que les conditions de prise en charge de problèmes aigus de santé pouvaient différer selon les milieux sociaux.

(...)

La campagne de vaccination est-elle aussi révélatrice d’inégalités ?

(...)

L’exemple de ce qui se passe à l’AP-HP, et sans doute dans d’autres lieux, est particulièrement illustratif de cette chronique annoncée des inégalités sociales d’accès aux vaccins. Les professionnels de santé de plus de 50 ans ont été invités à se faire vacciner dès le début de mois de janvier. Il est plus que probable que des écarts importants seront enregistrés entre les différentes catégories professionnelles (aides-soignants, brancardiers, infirmières, médecins), surtout si aucune campagne de sensibilisation n’est conduite. Et on ne peut pas passer sous silence la situation des personnes qui assurent le nettoyage des bâtiments, dont les chambres des malades, et qui, parce qu’employées par des sociétés sous-traitantes, n’ont, pour la plupart, pas été invitées à se faire vacciner alors qu’elles cumulent nombre de facteurs de risque…

Eric Favereau

A lire intégralement en cliquant ci-dessous

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A lire... Femmes et République - La Documentation Française

3 Mars 2021 , Rédigé par La Documentation Française Publié dans #Femme

Femmes et République | Vie publique.fr

A moins d’une semaine de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, la Documentation française publie un ouvrage ambitieux sur l’évolution de la place des femmes au sein de la République. Ce livre richement illustré, préfacé par Michelle Perrot et rédigé par quelques-unes des plus grandes spécialistes de l’histoire des femmes, retrace plus de deux siècles d’une conquête encore inachevée. Il explore les nombreux apports des femmes dans l’histoire d’une République où leur place n’est pas encore tout à fait égale à celles des hommes.

    « Entre la République et les femmes, il y a une alliance objective : faire que les « droits de l’homme » deviennent ceux de tous les êtres humains. L’ouvrage dessine une fresque qui devrait intéresser un vaste lectorat, intrigué par le silence de la République sur les femmes.

                                                      Un beau livre à mettre entre toutes les mains. » 
                                                                                                       
Michelle Perrot
                                

Préface                                                                                       Auteures

 

                                                                                                        Scarlett BEAUVALET

Michelle PERROT                                                                         Annie DUPRAT

                                                                                                        Armelle LE BRAS-CHOPARD

                                                                                                        Mariette SINEAU

                                                                                                        Françoise THEBAUD

 

Sommaire

 

La conquête des droits républicains, de la Révolution à la fin de la IIIe République

Des citoyennes sans citoyenneté sous la révolution

Le difficile accès aux droits politique (1800-1848)

Les promesses de la IIIe République (1870-1940)

Trois décennies paradoxales : 1914-1944

 

L’exercice du pouvoir, de 1945 à nos jours

La IVe République : l’espoir déçu des femmes (1944-1958)

Les femmes à l’épreuve de la Ve République (1958-1974)

La résistible inclusion dans la cité (1974-1997)

Vers la République paritaire (1997-2020)

 

Représenter la République

L’image de la femme dans l’art politique et républicain

La « première dame », quelle place dans la République

 

Chronologie

Bibliographie

Index

Présentation des auteures

 

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IVAN LEVAÏ, UNE VOIX DANS LE SIÈCLE (5 ÉPISODES) Épisode 2 : L’école de la méritocratie

3 Mars 2021 , Rédigé par France Culture Publié dans #Education

Ivan Levaï par Claude Truong-Ngoc 5 octobre 2013 01.jpg

Malheureux et malaimé à son domicile, Ivan Levaï est adopté par l’école de la République. Bon élève, il y grandit auprès de maîtres bienveillants et exigeants. L’un d’eux, via un journal-école, l’initie à la presse.

A Ménilmontant, au lendemain de la guerre, l’école permet un brassage social salvateur pour Ivan Levaï, qui y oublie les brimades de son foyer. Il vit chez une tutrice qu’il baptise Folcoche, en référence à la cruelle mère du roman d’Hervé Bazin « Vipère au poing ». Il connaît une enfance douloureuse affectivement, multiplie les fugues et va jusqu’à faire des tentatives de suicide. Il incarne avant l’heure un modèle de résilience.

"En 1949, suite à une fugue, je fuis "Folcoche", un jour de colère. Je couche dans les rues, j'ai froid, j'ai rien. Je me suis retrouvé avec une primo-infection des poumons, dans un préventorium, l'antichambre du sanatorium. J'y suis resté un an et demi, allongé toute la journée. Je faisais de la chainette et je lisais tous les poètes et les romanciers : Balzac, Dumas, Stendhal, Hugo. Et, j'ai découvert Georges Brassens avant Georges Brassens, son roman La Tour des miracles. "

"C'est au lit, malade, que j'ai beaucoup lu"

Ivan Levaï est formé sur les bancs de l'école par les hussards noirs de la République chers à Jules Ferry. Son instituteur de cours moyen lui propose d’être rédacteur-correcteur dans le journal fait par la classe. La graine de l’information est semée chez ce grand curieux. Bon élève, sensible à la poésie et à la culture, Ivan Levaï trouve le moyen d’assouvir sa curiosité et sa soif de savoir par les livres. Il complète son apprentissage en écumant les bibliothèques.

"C'est dans la bibliothèque municipale que j'ai lu ce qu'on ne lit pas aujourd'hui, même la Nouvelle Héloïse. J'avais le choix de 9000 bouquins. Et comme les heures étaient longues, comme au préventorium,  je prenais tout ce qui me tombait sous la main. C'était formidable car je n'avais pas d'argent pour aller au cinéma. Je n'avais rien."

Grâce à la mère d’un copain, il assiste gracieusement à des représentations à l’Opéra de Paris. Il furète déjà dans les escaliers de service et les loges pour approcher les artistes. Ainsi grandit-il porté par sa culture, sa débrouillardise et la leçon de celle qu’il appelle tante Alice et auquel il sera fidèle toute sa vie « Mon garçon, sois bien simple ». 

Une série d'entretiens proposée par Caroline Bonacossa, réalisée par Doria Zenine. Prise de son : François Rivalan. Attachée de production : Daphné Abgrall. Coordination : Sandrine Treiner.

Bibliographie sélective

Caroline Bonacossa

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Tests salivaires : comment Jean-Michel Blanquer est passé de 50 000 à 3 000 tests en deux jours

2 Mars 2021 , Rédigé par France Inter Publié dans #Education

Tests salivaires : comment Jean-Michel Blanquer est passé de 50 000 à 3 000 tests en deux jours

Les tests salivaires dans les écoles, présentés comme l'ultime recours pour ne pas fermer les établissements scolaires, peinent à démarrer. Hier sur France Inter, le ministre de l'Education nationale avançait plusieurs chiffres. Nous les avons vérifiés.

Jean-Michel Blanquer annonçait hier sur France Inter le recrutement de 1700 médiateurs pour faciliter l'organisation des prélèvements car les écoles manquent de personnels pour effectuer ce dépistage. Les tests ont commencé la semaine dernière dans la zone A. Le ministre avance des chiffres mais qu'en est-il exactement ? 

50 000, 10 000 ou 3 000 tests ?

Le ministre a-t-il du mal à faire les comptes ? Ou joue-t-il sur les mots ? En tous cas, les chiffres se dégonflent au fil des heures ! Avant hier, lundi 1er mars, Jean-Michel Blanquer annonçait que 50 000 tests salivaires avaient été mis à disposition des écoles la semaine dernière, dans la zone A. Hier, mardi 2 février, à 8h20 sur France Inter, il reconnaissait qu'on était "en-dessous de 10 000 réalisés". Quelques heures plus tard, vers 11h, lors d'une réunion avec les organisations syndicales, son cabinet parlait de 3 000 tests seulement, ce qui correspond à une dizaine d'écoles dans les huit académies qui avaient repris après les vacances.

Ces derniers temps, le ministre insiste sur le déploiement de ce dépistage. Pas une déclaration sans les évoquer. 

Mi-mars ou fin mars ? 

Jean-Michel Blanquer promet 300 000 tests par semaine pour la mi-mars c'est-à-dire dans moins de 2 semaines, malgré les difficultés d'organisation sur le terrain. Les infirmières et médecins de l'Education nationale sont déjà accaparés par la mise en place des tests antigéniques dans les collèges et lycées. Les tests salivaires nécessitent une organisation plus lourde avec l'envoi des échantillons de salive aux laboratoires, la prise en compte de la carte vitale des parents de l'enfant. Les écoles n'ont pas les personnels suffisants. Le ministre a ainsi annoncé que des médiateurs viendraient en renfort pour ces tâches.

Mais son cabinet a rectifié le calendrier auprès des syndicats et prévoit plutôt 300 000 tests à la fin du mois de mars, le temps que l'organisation trouve son rythme de croisière.

Le précédent des tests antigéniques

L'emballement pour ces tests salivaires rappelle celui pour les tests antigéniques : un million de tests annoncés en novembre dernier, alors que finalement 10 000 avaient été réalisés à la veille des vacances de Noël, soit 1% ! Il faut en effet distinguer les tests disponibles et les tests réellement passés par les élèves ou les personnels. Une question de vocabulaire qui entretient le flou dans la communication ministérielle.

Sonia Princet

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Sviatoslav Richter joue Haydn...

2 Mars 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Philippe Sollers...

2 Mars 2021 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Agent secret

« Contrairement aux apparences, je suis plutôt un homme sauvage, fleurs, papillons, arbres, îles. Ma vie est dans les marais, les vignes, les vagues. Qu'importe ici qui dit je. Écrire à la main, nager dans l'encre bleue, voir le liquide s'écouler sont des expériences fondamentales. Je vis à la limite d'une réserve d'oiseaux, mouettes rieuses, goélands, faucons, sternes, bécasseaux, canards colverts, hérons. Ah être un oiseau ! Dans la maison, tous les matins, je laisse Richter jouer Haydn, on pourrait l'écouter sans cesse, ré mineur, concert public de Mantoue, notes vives et détachées, j'aime le futur immédiat, je ne crains pas la répétition, jeu enfantin, cercle qui ne va nulle part, on écrit toujours pour une voix disait Beckett, pas de voix, pas de notes ni de mots. Le bonheur est possible. Je répète. Le bonheur est possible. »

Philippe Sollers - Agent secret

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Tests salivaires dans les écoles : une ambition… et des questions sur ce moyen de dépistage du Covid-19

2 Mars 2021 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

Tests salivaires dans les écoles : une ambition… et des questions sur ce moyen de dépistage du Covid-19

EXTRAITS

Quelque 1 700 médiateurs doivent être recrutés d’ici à juin pour aider le personnel à atteindre l’objectif de 300 000 tests par semaine.

Les tests salivaires proposés aux élèves et aux enseignants volontaires permettront-ils de garder les écoles ouvertes ? C’est leur « objectif fondamental », a défendu le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, lundi 1er mars, lors d’un déplacement à Lavoncourt (Haute-Saône), dans une école où plus de 90 % des familles ont accepté que leur enfant soit testé en ce jour de rentrée pour la zone C.

(...)

« Dans le flou »

« Nous sommes dans le flou, nous ne savons pas quelle mission supplémentaire va peser sur nos épaules », s’alarme Saphia Guereschi, porte-parole des infirmières du SNICS-FSU. « Rien ne semble avoir été anticipé pour la mise en œuvre de ces tests, renchérit Guislaine David, porte-parole des enseignants du SNUipp-FSU. Les professeurs des écoles y sont favorables, cela fait même six mois qu’ils les réclament, rappelle la syndicaliste, mais ils ne sont ni infirmiers ni personnels de laboratoire. »

Les enfants du primaire n’étaient testés, jusqu’à présent, qu’en cas de cluster avéré –possiblement à partir de trois cas positifs au Covid-19, ou lorsqu’un variant du virus était identifié. Dans les collèges et les lycées, en revanche, des tests antigéniques sont proposés sur la base du volontariat depuis novembre 2020, sans qu’on ne dispose, à ce jour, d’aucun bilan permettant d’objectiver leur déploiement. Le ministère de l’éducation a assuré aux syndicats qu’ils disposeraient bientôt d’un « point hebdomadaire » sur ces dépistages académie par académie.

Dans un communiqué daté du 28 février, le syndicat SNUipp-FSU, majoritaire au primaire, a demandé au ministre un « cadrage clair sur le déroulé de la campagne de dépistage » (cadrage « diffusé sous peu », promet-on Rue de Grenelle), ainsi que des précisions sur le rôle et les gestes à assumer par les enseignants. Des enseignants inquiets : une « notice » diffusée sur les réseaux sociaux, il y a quelques jours, laissait entendre qu’ils auraient à superviser les opérations. « Dans au moins deux écoles de la Loire et du Rhône, des collègues ont eux-mêmes fait les prélèvements », assure Guislaine David.

(...)

Sur le lieu, le rythme des tests, on sait encore peu de choses, sinon qu’ils seront d’abord déployés dans les « zones à risques », dont la vingtaine de départements en surveillance renforcée. Les laboratoires chargés des prélèvements devront livrer les résultats sous 24 heures aux représentants légaux des élèves et aux médecins scolaires. Les écoles, elles, ne se verront communiquer que le nombre de cas positifs et pas l’identité des enfants. Aux familles de se manifester.

Plusieurs campagnes de dépistage devraient être menées, à intervalles réguliers, dans des établissements sélectionnés pour mesurer la progression de la contagion, explique-t-on au cabinet Blanquer où l’on tient toujours à distance, à ce stade, l’hypothèse d’un reconfinement scolaire.

(...)

Mattea Battaglia

Article compet à lire en cliquant ci-dessous

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« Si Frédérique Vidal repère des sorcières, il faut évidemment qu’elle les chasse »

2 Mars 2021 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Université

La sorcière : personnage et légendes

EXTRAITS

Dans un texte satirique, l’historien américain Steven Kaplan s’amuse de la « chasse aux sorcières » lancée par la ministre de l’enseignement supérieur. Si l’université américaine avait été aussi réactive, elle aurait pu se débarrasser à temps de la French Theory, écrit l’universitaire.

Tribune. L’autre jour, dans Le Monde, des centaines de chercheurs et universitaires ont dénoncé une « chasse aux sorcières » lancée par leur ministre de tutelle, Mme Vidal. J’ai trouvé leur texte un peu fort de café. Pour éviter la moindre suspicion de micro-agression genrée, je ne dirai jamais que Mme Vidal veut tout simplement faire le ménage chez elle. Si, de son positionnement panoptique, elle repère des sorcières, il faut évidemment qu’elle les chasse, même si Donald Trump a dévoyé la formule, faute de bien connaître le Malleus Maleficarum, manuel canonique de la chasse aux sorcières datant du XVe siècle.

Je parle d’expérience : si nous, les universitaires-chercheurs américains, avions été aussi réactifs que les vigilants macroniens d’aujourd’hui, nous aurions pu, dès le début des années 1980, prévenir l’infestation toxique de notre variant de l’« islamo-gauchisme », en chassant les sorciers portant la « théorie française » (en français : French Theory), qui a passablement gangrené notre corps intellectuel (et son sosie militant) pendant quelques décennies.

Figures subversives

Il y a eu plusieurs vagues, moult inflexions : parmi de nombreux philosophes, linguistes, sémiologues, historiens, sociologues, psychanalystes se distinguent trois figures particulièrement subversives, tous trois élèves de l’Ecole normale supérieure et agrégés de philosophie (c’est déjà tout dire, presque l’amorce d’un complot), des « penseurs » (sacerdoce peu américain, hors cadre apostolique), de véritables ensorceleurs, capables d’attirer 500 personnes pour un « séminaire », de les tenir sous le charme de leur parole pendant trois à quatre heures, malgré le penchant américain de rentrer dîner à 17 heures.

D’abord, Michel Foucault – qui a mis en question des notions généralement considérées comme intrinsèquement limpides (« discours », « auteur ») – nous a contraints à affronter la subjectivité, à repenser les relations entre discipline et ordre social, entre pouvoir et savoir, entre sexualité et répression. Ancien communiste, puis maoïste, gay : heureusement il n’était ni juif ni noir, car, avec le reste, il n’aurait jamais obtenu un visa américain.

Moins sulfureux, mais non moins engagé socialement, politiquement, moralement, publiquement, Pierre Bourdieu a pesé énormément sur la manière d’appréhender et d’étudier les relations sociales, notamment à travers ses analyses des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales et de domination, refusant de privilégier les facteurs économiques par rapport aux facteurs symboliques et culturels.

Jacques Derrida, juif, mais séfarade, ce qui compte moins aux Etats-Unis, partant de la vive tension entre parole et écriture, nous a éblouis avec ses quatre « D » : « différance » (qui soulève la question des rapports entre le sens et l’écriture), dissémination (la compréhension comme toujours contingente), don (comme secret) et surtout déconstruction, que le grand public découvre en 1997 à travers un film de Woody Allen, Harry dans tous ses états (analyse critique musclée ou démantèlement de la philosophie occidentale, la déconstruction influence profondément de nombreux chercheurs non-philosophes et des étudiants de divers horizons comme une remise en question du sens, qui n’est jamais stable, comme la démonstration de la capacité d’un texte à se saboter, se transformer, échapper complètement à ses conditions de production).

(...)

Peut-être même, sans la puissante fermentation de la French Theory, n’aurions-nous pas subi la destruction trumpiste de l’épistémologie sociopolitique, l’invention des « faits alternatifs » et la consécration d’une réalité parallèle et sublimée basée sur des mensonges. Sans ces derniers, sans doute le Capitole n’aurait-il pas été envahi et Mme Vidal n’aurait-elle pas été choquée par l’apparition du drapeau des confédérés du Sud, image forte qui paraît participer à sa légitimation de la suppression des droits fondamentaux des chercheurs et universitaires français, déjà soumis à une loi de programmation-inquisition.

Steven L. Kaplan est professeur émérite d’histoire européenne à l’université Cornell (Etats-Unis) et il a publié récemment Pour le pain (Fayard, 2020).

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