Education - "Mise au pas"
EXTRAIT
Récemment, Hélène Careil, professeure des écoles à l’école Marie Curie de Bobigny, militante pédagogique à l’ICEM-pédagogie Freinet, a reçu un courrier du DASEN du 93 lui indiquant qu’il prévoyait une mutation « dans l’intérêt du service » à son encontre.
Certains pourraient me faire remarquer qu’elle est aussi militante syndicale à SUD Education et que c’est peut-être cela qui motive cette mesure. Mais, quand bien même, l’action syndicale ne devait pas faire non plus l’objet de telles manœuvres d’intimidation !
Je me définis moi même comme un « militant pédagogique » engagé depuis longtemps dans ce que l’on appelle l’éducation nouvelle avec d’autres mouvements (dont l’ICEM) et je souhaite d’abord apporter mon soutien à cette collègue.
Au delà de Bobigny, ce qui remonte de plusieurs endroits c’est une volonté de mise au pas de plusieurs équipes et dans un certain nombre d’établissements.
C’est une enseignante Freinet qui subit des pressions dans sa nouvelle école alors que son travail a été reconnu et valorisé par un documentaire enthousiasmant. C’est le collège coopératif et polytechnique d'Aubervilliers qui voit son expérimentation supprimée avant son terme. On se souvient que le lycée expérimental de Saint-Nazaire (fondé en 1982) s’est battu pour sa survie et pour retrouver des locaux. Dans les collèges et les lycées expérimentaux (regroupés au sein de la FESPI), on ne compte plus les baisses de moyens et les tentatives pour les remettre dans les normes communes en supprimant les postes à profil. On ne compte plus également les enseignants lancés dans des projets comme par exemple les classes coopératives moqués, voire harcelés, par des collègues et peu soutenus par leur direction. On peut aussi évoquer les moyens réduits pour les mouvements pédagogiques.
Pourquoi une telle mise au pas ? Et pourquoi celle-ci s’accentue t-elle en ce moment ?
(...)
Philippe Watrelot
Suite et fin en cliquant ci-dessous
/https%3A%2F%2F1.bp.blogspot.com%2F--3G1nybT9Vo%2FYCpIx6JovtI%2FAAAAAAAAD4E%2F38V1KL0ioKEb738xQ2XIRd3mmIvlcgkkwCLcBGAsYHQ%2Fw1200-h630-p-k-no-nu%2FCharb-boucler%2Bprogramme.jpg)
Récemment, Hélène Careil, professeure des écoles à l'école Marie Curie de Bobigny, militante pédagogique à l'ICEM-pédagogie Freinet, a reçu un courrier du DASEN du 93 lui indiquant qu'il ...
http://philippe-watrelot.blogspot.com/2021/02/mise-au-pas.html
Rose-Marie Lagrave : transfuge de classe, un parcours exemplaire ?
D'une école primaire rurale à l'EHESS, un regard rétrospectif qui intègre l'histoire collective, la ruralité, le féminisme des années 60, la famille, les institutions... La sociologue Rose-Marie Lagrave publie "Se ressaisir" (La Découverte, 2021). Elle est notre invitée aujourd'hui.
De son propre aveu, il lui a fallu 76 ans et une commande extérieure pour parler d’elle-même, d'autant plus que le « moi » n'est en réalité pas le sujet de cet ouvrage. La sociologue Rose-Marie Lagrave publie Se ressaisir. Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe (Collection « l’Envers des faits », La Découverte, 11/02/2021).
Alors que la loi d'airain de la reproduction sociale continue de faire, comme disent les sociologues, « tel père tel fils », j'essaye de montrer qu'il y a de petits interstices, de petites portes, de petites exceptions - qui ne sont pas exceptionnelles - qui ne confirment pas totalement la règle. (Rose-Marie Lagrave)
"Transfuge", c'est un processus, pas un qualificatif. (Rose-Marie Lagrave)
Le résultat est une enquête par le “je” organisée chronologiquement, de l’enfance à la vieillesse, et qui passe par la question du genre autant que des classes sociales. D'une école primaire dans un petite village du Calvados jusqu'à l’Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, l'auteure nous livre une enquête sur un processus : montrer comment le « moi », en fin de compte, est formaté par des socialisations multiples et successives : école, famille, religion…
Il a été très difficile pour moi de dire "je". (Rose-Marie Lagrave)
Quand je regarde ma fratrie, loin d'être un handicap, elle m'a au contraire aidée, et elle a sans doute aidé d'autres dans cette période, à avoir une pente sociale collective (…) Sociologiquement pour moi, c'était une découverte. (Rose-Marie Lagrave)
Assumant son statut de transfuge de classe, elle montre en même temps en quoi elle est un cas particulier, et tous les points aveugles non traités par la littérature dédiée. Ainsi se concentre-elle sur la question féministe, à laquelle elle n'a d'abord pas prêté attention puisqu'elle se concentrait d'abord sur puissance explicative de l’appartenance de classe.
Si l'on articule la classe sociale mais aussi le genre, il se passe autre chose. (...) Les femmes ont plus de mal et de possibilités pour avoir une grande amplitude. Mais avoir une grande amplitude ou en avoir une plus restreinte ne veut pas dire qu'on n'a pas fait un chemin de transfuge de classe. (Rose-Marie Lagrave)
Enfin, l'auteure évoque les “alliés d’ascension”, notion de Paul Pasquali, pour mettre en doute l'idée que l'on réussit à la seule force du poignet et en « self made » : c'est grâce à certains instituteurs, certains collègues, à l'Etat-providence, au militantisme féministe... qu'elle a pu s'émanciper des déterminismes.
Olivia Gesbert
/https%3A%2F%2Fcdn.radiofrance.fr%2Fs3%2Fcruiser-production%2F2021%2F02%2F8ffa11c3-dd17-42a1-b8a3-8ce08262250e%2F838_gettyimages-558625687_3.jpg)
Rose-Marie Lagrave : transfuge de classe, un parcours exemplaire ?
D'une école primaire rurale à l'EHESS, un regard rétrospectif qui intègre l'histoire collective, la ruralité, le féminisme des années 60, la famille, les institutions... La sociologue Rose-M...
https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/rose-marie-lagrave
Coup de coeur... Colette...
Au cours des heures où je me sens inférieure à tout ce qui m’entoure, menacée par ma propre médiocrité, effrayée de découvrir qu’un muscle perd sa vigueur, un désir sa force, une douleur la trempe affilée de son tranchant, je puis pourtant me redresser et me dire : « Je suis la fille de celle qui écrivit cette lettre, – cette lettre et tant d’autres, que j’ai gardées. Celle-ci, en dix lignes, m’enseigne qu’à soixante-seize ans elle projetait et entreprenait des voyages, mais que l’éclosion possible, l’attente d’une fleur tropicale suspendait tout et faisait silence même dans son cœur destiné à l’amour...
Colette - La naissance du jour
Boris Vallaud : « Nous sommes en dette vis-à-vis de cette génération Covid »
EXTRAITS
Le député des Landes devrait présenter jeudi à l’Assemblée une proposition de loi visant à la création d’un minimum jeunesse dont un revenu de base.
Boris Vallaud veut proposer, jeudi 18 février, à l’Assemblée, une loi pour créer un revenu de base de 564 euros ainsi qu’une dotation en capital de 5 000 euros pour les plus de 18 ans.
Pourquoi refaire cette proposition d’aide dévolue à la jeunesse aujourd’hui ?
En janvier 2019, nous avions fait la proposition, avec dix-neuf départements socialistes, d’une loi d’expérimentation sur le revenu de base. A l’époque, la majorité n’avait même pas voulu débattre. Quand on a vu démarrer la crise sanitaire, nous savions que les conséquences sociales de la pandémie seraient absolument considérables et que cette période allait être d’une très grande violence sociale.
Pourquoi une mesure particulière pour cette catégorie ?
La vie est déjà dure pour les jeunes en temps ordinaire : le taux de chômage est structurellement deux fois supérieur à celui du reste de la population ; le taux de pauvreté à 20 ans est trois fois plus élevé qu’à 60 ans. Or, le patrimoine moyen à 25 ans n’est que de 7 000 euros : cela veut dire que tous ceux qui ne peuvent s’appuyer sur les solidarités familiales ne peuvent compter sur rien. On est responsable sur le plan pénal à 16 ans, majeur sur le plan civique à 18 ans mais il faut attendre 25 ans pour avoir des droits sociaux. Cette injustice est encore plus insupportable avec la crise aujourd’hui.
(...)
Vous proposez un revenu de base de 564 euros pour les plus de 18 ans. Quels en sont les contours ?
Notre revenu de base est la fusion du revenu de solidarité active [RSA] actuel et de la prime d’activité. Ce droit serait ouvert à 18 ans, dégressif avec le revenu d’activité, inconditionnel mais avec un accompagnement exigeant comme il existe pour la garantie jeune. Il doit être automatique et non pas conditionné au fait d’être réclamé : le non-recours des jeunes au RSA activité est de 68 % et plus de 25 % des Français qui y ont droit ne le demandent pas faute de connaître leurs droits.
Toutes les expériences documentées montrent qu’à chaque fois que vous sortez la tête de l’eau des gens, il n’y a pas de désincitation à l’emploi, au contraire. Il faut donc aller vers eux pour les sortir de la grande pauvreté.
Votre deuxième proposition est une dotation universelle. En quoi consiste-t-elle ?
Il s’agit d’une dotation en capital de 5 000 euros pour tous les jeunes à partir de 18 ans. Cela représenterait une enveloppe de 4 milliards d’euros, l’équivalent de ce que les plus fortunés ont gagné avec les réformes de l’impôt sur la fortune et de la « flat tax » en début de quinquennat. Cette dotation serait versée sur le compte personnel d’activité et pourrait être utilisée, au choix, pour renforcer ou reprendre une formation, régler une difficulté de mobilité, soutenir un engagement associatif national ou international ou financer un projet d’entrepreneuriat. La dotation alliée au revenu de base constitue ce que nous appelons un minimum jeunesse.
(...)
Audrey Tonnelier et Sylvia Zappi
Article complet à lire en cliquant ci-dessous
Boris Vallaud : " Nous sommes en dette vis-à-vis de cette génération Covid "
Boris Vallaud veut proposer, jeudi 18 février, à l'Assemblée, une loi pour créer un revenu de base de 564 euros ainsi qu'une dotation en capital de 5 000 euros pour les plus de 18 ans. En janvi...
Les jeunes, grands perdants de la réforme des APL
Depuis le 1er janvier, les APL sont calculées par rapport aux revenus des douze derniers mois et sont révisées tous les trimestres. De nouvelles modalités de calcul qui pénalisent les étudiants, déjà fragilisés par la crise sanitaire.
« C’est le coup de grâce ». La réforme de l’aide personnalisée au logement (APL), en vigueur depuis le 1er janvier 2021, a un goût d’injustice. Le 25 janvier pour les locataires du parc HLM et le 5 février pour ceux du parc privé, les 6,6 millions de bénéficiaires ont vu leur montant d’aides changer. Désormais, les APL sont calculées « en temps réel ».
La réforme, qui se veut plus juste selon le gouvernement et plus adaptée à la situation actuelle des bénéficiaires, conduit à de nouvelles modalités de calcul qui pénalisent les jeunes. Une double peine, au moment où beaucoup sont en détresse financière ou psychologique à cause de la crise sanitaire.
Grands oubliés des allocutions du président de la République, la réforme des APL ne fait qu’augmenter le malaise. Une pétition (accessible ici) demandant à ce qu’elles soient maintenues dans les mêmes conditions qu’avant a ainsi reçu près de 25 000 signatures.
« On a l’impression qu’on coupe dans les APL »
Depuis le 1er janvier, les APL sont calculées par rapport aux revenus des douze derniers mois et non plus par rapport à ceux de l’année n-2. Leur révision ne se fera plus une fois par an comme précédemment, mais tous les trimestres. Ainsi, alors que les jeunes qui démarraient dans la vie bénéficiaient d’un coup de pouce de l’État pendant deux ans, cette aide a été supprimée pour beaucoup d’entre eux. Sur les réseaux sociaux, les témoignages de jeunes affluent.
Un effet pervers de la réforme ? Le syndicat étudiant UNEF conteste cette hypothèse : « On s’y attendait totalement. On s’est justement opposé à la réforme parce qu’on savait que les étudiants allaient perdre de l’argent », affirme Mélanie Luce, présidente de l’UNEF.
« Sous prétexte de plus d’égalité, c’est en réalité une mesure budgétaire », poursuit-elle. En novembre 2020, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement, déclarait en ce sens que la réforme des APL permettrait d’économiser entre 500 et 700 millions d’euros. « On a encore une fois l’impression qu’on coupe dans les APL », s’indigne Mélanie Luce.
Un trou dans le budget
Mais quels sont les effets de la réforme sur les jeunes ? Pour les étudiants, si leurs revenus peuvent augmenter au cours de leurs études, leur situation, elle, ne change pas. C’est ce qu’explique Juliette, 22 ans, en deuxième année de master d’école de commerce à Paris. « Avant, je touchais 310 euros d’APL et maintenant, je n’ai plus rien. Ils considèrent que je touche trop alors qu’en soi, ma situation n’a pas forcément changé depuis mon M1 ».
« Je suis à Paris, j’ai un loyer de 650 euros, j’ai des charges, je dois payer TGV Max et le métro. Ce qui me fait 950 euros de dépenses sur un salaire de 1050 euros », confie-t-elle. Un trou dans le budget qui l’a contrainte à rendre son appartement et à s’installer avec une camarade de classe, dans un 15 m2.
« A la fin du mois, sans les APL, on va souvent être dans le négatif »
Les jeunes actifs, qui démarrent dans la vie avec de petits revenus, sont désormais exclus du dispositif de la CAF, alors qu’ils pouvaient y prétendre pendant les deux premières années de vie active. Une aide qui avait pourtant un poids conséquent dans le portefeuille de beaucoup d’entre eux.
C’est le cas de Céline, 23 ans, et son conjoint Willy, 24 ans. Elle est étudiante en troisième année de licence de chinois et intérimaire le week-end pendant que lui travaille dans la restauration. Avec un SMIC et un salaire de contrat à temps partiel pour deux, selon les modalités de calcul des APL, ils touchent trop. Alors qu’ils percevaient 258 euros d’aide avant janvier 2021, ils n’ont désormais plus droit à rien.
Margaux Gable
Coronavirus : Un syndicat enseignant dénonce un assouplissement du protocole sanitaire dans les écoles
DISTANCE SOCIALE C’est déjà la troisième modification du protocole sanitaire scolaire en deux semaines, indique le SNUipp-FSU
Le SNUipp-FSU n’en peut plus des revirements du ministère de l’Education nationale sur le protocole sanitaire et le fait savoir. Le syndicat enseignant pointait samedi ce qu’il considère être un recul du ministère sur les variants : « Le nouveau protocole assimile désormais le variant anglais au cas général du Covid, reprenant la règle de trois cas confirmés pour fermer une classe. Quant aux variants sud africain et brésilien, ils n’entraîneront plus automatiquement la définition de cas contact pour les personnels. »
Le syndicat note que c’est déjà la troisième modification en deux semaines. « Les deux premières modifications avaient permis de mieux protéger en instaurant le principe de précaution comme règle notamment en cas de découverte de variant », précise le SNUipp-FSU. Et pour cause : le nombre de classe fermé a nettement augmenté lors du point hebdomadaire de l’Education nationale sur la question. Cela alors qu’une des trois zones était déjà en vacances scolaires depuis une semaine.
« Il ne suffit pas de casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre. (…) Cet allégement du protocole va augmenter la circulation du virus dans les écoles et les familles », pense le syndicat. Ces derniers jours, en Moselle et dans le Nord, des départements très touchés par les nouveaux variants, des élues et élus ont demandé la fermeture des écoles. Ils n’ont pas été entendus par les autorités qui ont décidé, jusque-là, de suivre le calendrier scolaire comme prévu.
/https%3A%2F%2Fimg.20mn.fr%2FftV6hKTCTJCzJRk0rXwu-Q%2F648x360_lors-test-ecole-paris-illustration.jpg)
Un syndicat dénonce l'assouplissement du protocole dans les écoles
Le SNUipp-FSU n'en peut plus des revirements du ministère de l'Education nationale sur le protocole sanitaire et le fait savoir. Le syndicat enseignant pointait samedi ce qu'il considère être un...
Adel Abdessemed : « J’ai deux naissances, la première en Algérie, la seconde en France »
EXTRAITS
Je ne serais pas arrivé là si… Cette semaine, le plasticien raconte son enfance algérienne, sans accès aux livres ou aux images, et ses débuts d’artiste, entravés par le terrorisme islamiste.
Artiste plasticien français internationalement reconnu, Adel Abdessemed, né en 1971 en Algérie, pratique le dessin, la vidéo, la sculpture – comme le Coup de tête de Zidane, en 2012 – et est l’auteur de plusieurs installations controversées.
Ses œuvres figurent dans de grands musées, dont le MoMA à New York, et Beaubourg à Paris, qui vient de faire l’acquisition de vingt-cinq de ses pièces pour sa collection permanente, ainsi que dans les fondations de François Pinault ou de Bernard Arnault.
Je ne serais pas arrivé là si…
Si je n’avais pas quitté l’Algérie en 1994, je serais sûrement mort. C’était une époque où l’on tuait tous ceux qui incarnaient l’espoir, la liberté, l’art. On assassinait les journalistes, les artistes, les chanteurs, les poètes, les écrivains. On se réveillait le matin et on apprenait que trois cents personnes avaient été décapitées par les terroristes islamistes, le Groupe islamiste armé (GIA) à l’époque, ce n’était plus possible de continuer.
(...)
Avant le terrorisme islamique, quelle enfance avez-vous eue ?
Je suis un Berbère des Aurès. Je suis né à Constantine dans une maison juive, ce sont des sœurs catholiques qui ont aidé ma mère, musulmane, à accoucher. Je suis né avec les trois religions monothéistes. J’ai grandi à Batna dans une famille pauvre, mais ce n’était pas triste car la pauvreté, comme je le dis toujours, sait unir les gens. Les hommes étaient dans la rue et les femmes dans les maisons. Mon père était policier depuis l’indépendance, après avoir fait la guerre d’Algérie. J’étais le troisième de cinq enfants. Ils sont tous restés en Algérie, je retourne les voir régulièrement.
Il n’y a jamais eu aucun artiste dans ma famille, mais tout petit déjà je dessinais sans avoir appris avec des stylos Bic et des bougies colorées que je faisais couler. La seule « professeure » que j’ai eue, c’était ma grand-mère. Elle était horriblement méchante, mais je l’admirais : elle tissait des tapis avec des laines de couleurs incroyables, des jaunes citron, des rouges incendiaires, des noirs impressionnants.
(...)
A l’école, il n’y avait rien non plus. On étudiait tous sur le même manuel : « Zina est à la cuisine, Omar est au souk », c’est avec ça que j’ai appris à lire. Comme mes cousines ne voulaient pas me prêter leur dictionnaire, je me rendais souvent chez elles pour le feuilleter. Plus tard, je devais avoir 11 ans, je suis tombé sur une encyclopédie de Diderot très abîmée que quelqu’un vendait, sur le trottoir. Il y avait des gravures pour montrer comment on pouvait fabriquer un toit, des bijoux, ça m’a fasciné cet aspect de la technique, de la réalisation. Je me disais qu’avec cette encyclopédie on pouvait apprendre à tout faire en cas de fin du monde !
Quel élève étiez-vous ?
Très mauvais, je n’étais pas scolaire. J’avais de gros problèmes de dyslexie. Je confonds encore ma droite et ma gauche, j’ai souvent besoin de toucher mon cœur pour me repérer. J’ai compris plus tard que c’était lié au fait que mon père avait interdit à ma mère de parler le berbère à la maison.
C’était l’époque de l’arabisation forcée, ça a été d’une grande violence pour moi. C’est mon premier grand trauma. La plupart de mes copains parlaient berbère, c’était compliqué. Je me suis durement opposé à mon père sur ce sujet. Je passais déjà pour un mécréant au sein de ma propre famille. Mes parents étaient pratiquants, même s’ils ont toujours combattu l’intégrisme. Je n’ai jamais voulu aller à l’école coranique, je ne me suis jamais senti musulman, j’étais très déterminé, je leur tenais tête. J’étais quelqu’un qui faisait des images, c’était péché, je choquais beaucoup de monde, certains me détestaient.
(...)
Vos débuts en tant qu’artiste ont-ils été faciles ?
Ça été compliqué comme pour tout le monde, quand nous vivions à Berlin notamment, après New York. J’étais un artiste fauché, on m’a proposé d’être dans une galerie en sortant de l’école et j’ai refusé. Pour être sur le marché, il faut avoir des muscles, se préparer, prendre du recul. Il m’a fallu du temps pour me sentir prêt.
J’ai commencé à avoir du succès dans les années 2000. J’ai enseigné au MIT à Boston, mes œuvres ont été exposées au Moma de New York, puis à Beaubourg.
(...)
Vanessa Schneider
/https%3A%2F%2Fimg.lemde.fr%2F2021%2F02%2F09%2F1506%2F0%2F3333%2F1655%2F1440%2F720%2F60%2F0%2F4b31935_355172744-200902-adel-abdessemed-03.jpg)
Adel Abdessemed : " J'ai deux naissances, la première en Algérie, la seconde en France "
Artiste plasticien français internationalement reconnu, Adel Abdessemed, né en 1971 en Algérie, pratique le dessin, la vidéo, la sculpture - comme le Coup de tête de Zidane, en 2012 - et est ...
En pleine crise sanitaire, l'épineuse question de la fermeture de classes...
EXTRAIT
Alors que le gouvernement envisage de fermer des classes et des écoles à la rentrée de septembre 2021, certains réclament un moratoire jusqu'en juin en raison du Covid-19. Des arbitrages sont en cours.
Depuis plusieurs semaines, la fronde grandit aux quatre coins de la France. En cause, la fermeture programmée de nombreuses classes à la rentrée de septembre 2021. Si la carte scolaire de l'année prochaine est encore en discussion en Comité technique dans différents territoires, certains demandent déjà au ministère de l'Éducation nationale un moratoire pour qu'aucune classe ne ferme dans les prochains mois, dans un contexte sanitaire tendu.
C'est notamment le cas de la députée socialiste du Puy-de-Dôme Christine Pirès-Beaune. Contactée par L'Express, elle affirme que la circulation active du Covid-19 dans les établissements scolaires "l'oblige" à demander cette mesure exceptionnelle. "Si des classes sont fermées, il y aura plus d'enfants dans un même espace, et donc plus de risques" de circulation du virus, précise l'élue. Le ministère de l'Éducation nationale a fait état vendredi d'un total de 1599 classes et 103 établissements scolaires fermés en raison de cas de Covid-19, des chiffres en nette hausse par rapport à la semaine dernière après l'instauration de règles plus strictes liées aux variants. Un protocole qui sera "impossible" à appliquer si les classes sont bondées, poursuit Christine Pirès-Beaune. "Imaginez une classe de 24 élèves. Si vous en rajoutez deux à cause d'une fermeture de classe, ce sera très compliqué d'espacer encore davantage les tables. Les murs ne sont pas extensibles".
(...)
Yohan Blavignat
Suite et fin en cliquant ci-dessous (abonnés)
/https%3A%2F%2Fstatic.lexpress.fr%2Fmedias_12292%2Fw_1838%2Ch_1379%2Cc_crop%2Cx_133%2Cy_0%2Fw_605%2Ch_350%2Cc_fill%2Cg_north%2Fv1613141954%2Fecole-14_6293666.jpg)
En pleine crise sanitaire, l'épineuse question de la fermeture de classes
Alors que le gouvernement envisage de fermer des classes et des écoles à la rentrée de septembre 2021, certains réclament un moratoire jusqu'en juin en raison du Covid-19. Des arbitrages sont e...
Inquiétudes pour la rentrée de septembre dans les collèges et lycées...
La crise sanitaire complique déjà la situation dans les établissements scolaires, mais une ombre plane sur la rentrée de septembre. Depuis 3 ans, le gouvernement donne la priorité au primaire : 2 000 postes seront encore créés dans les écoles à la rentrée prochaine. Mais les collèges et lycées vont en perdre 1 800.
Les chiffres sont devenus concrets ces derniers jours. Les établissements viennent de recevoir ce que l'on appelle, dans le jargon de l'Éducation nationale, leur "dotation horaire globale" ou DHG, c'est-à-dire le nombre d'heures d'enseignement allouées pour l'année scolaire selon les disciplines : ces heures diminuent.
Dans certains collèges et lycées, c'est la douche froide, et la crise sanitaire ou la réforme du lycée n'y changent rien. Dans le second degré, les heures d'enseignement allouées vont donc encore baisser pour la troisième année. Les suppressions de postes s'ajoutent à celles des autres années. Conséquences : des classes plus chargées, sans possibilité de cours en demi-groupes, des options qui disparaissent.
À Paris, le lycée Jean-Baptiste Say, dans le XVIe arrondissement, est l'un des plus touchés. "On a déjà des classes à 35 voire 40 élèves selon les spécialités", explique Aube Lebel, présidente du conseil local de la FCPE. "Il y a des spécialités qui risquent d'être supprimées, comme l'informatique. Cette dotation horaire globale interdit tout dédoublement pour les élèves les plus fragiles. Or, ce n'est pas parce qu'on est dans un quartier favorisé qu'on n'a pas d'élèves en difficulté, porteurs de handicap ou de milieux sociaux moins favorisés." Selon elle, les professeurs auront encore moins de temps à consacrer aux cas individuels.
Quartiers favorisés ou défavorisés, tout le monde souffre
Résultat : les parents qui ont les moyens financiers paieront des cours de soutien privé pour leurs enfants. "Ce n'est pas notre conception de l'enseignement public", estime Aube Lebel. "80 % des élèves qui suivent la spécialité 'mathématiques' par exemple ont des cours particuliers à l'extérieur du lycée, parce que les classes sont trop chargées pour qu'ils puissent suivre."
Même dans les établissements moins favorisés, les coupes sont sévères. Le collège Marie Laurencin de Marseille, par exemple, en éducation prioritaire, va également perdre des heures d'enseignement. Ce petit collège de 312 élèves accueille pourtant un public fragile.
Marie Tomasi y enseigne et s'inquiète de cette baisse de dotation :"Cela implique qu'on diminue le nombre de groupes et le travail un peu plus spécifique que l'on fait avec nos élèves. Ce sont des élèves en difficulté. Beaucoup sont dans des situations d'illettrisme. Moi je suis enseignante en français, il y a des heures qu'on pouvait donner jusqu'ici en petits groupes à des élèves, en particulier en 6e. On doit y renoncer année après année."
Dans ces établissements, les professeurs et les parents se mobilisent ensemble. Ils espèrent un geste des rectorats qui leur permettrait de regagner quelques heures d'enseignement.
Sonia Princet
/https%3A%2F%2Fcdn.radiofrance.fr%2Fs3%2Fcruiser-production%2F2021%2F02%2Fa6dd9c0d-5233-4034-bc23-f2e40f435070%2F1200x680_010_gtt10a01_210.jpg)
Inquiétudes pour la rentrée de septembre dans les collèges et lycées
La crise sanitaire complique déjà la situation dans les établissements scolaires, mais une ombre plane sur la rentrée de septembre. Depuis 3 ans, le gouvernement donne la priorité au primaire ...
https://www.franceinter.fr/inquietudes-pour-la-rentree-de-septembre-dans-les-colleges-et-lycees