Coup de coeur... Hugo Lindenberg...
La Mouche
Est- ce que, comme une cellule, la méduse peut survivre à sa propre division ? La question flotte à la surface de mon esprit alors qu’immobile sur un fauteuil, j’aspire de minuscules gorgées de jus d’orange pétillant. Avec la paille, j’imite la mouche qui s’abreuve de lymphe sur mon genou, sa trompe plantée dans le petit lac d’une plaie dont j’arrache toute tentative de cicatrisation depuis des jours. Il faut bouger le moins possible, ne pas l’effrayer pour profiter encore un peu de sa présence. Comme avec le garçon qui ne m’a pas donné son prénom, mais que j’ai saisi au vol alors que sa mère le hélait. « Baptiste ». À cet appel, il a haussé les épaules et m’a dit « À demain », comme si on tuait ensemble des méduses à heure fixe depuis des années. « À demain. » Me voilà l’heureux destinataire d’un rendez- vous. Pour la première fois depuis mon arrivée j’ai quelque chose à faire. Un projet. Une foule de questions aussi. Est- ce qu’il a voulu dire demain à la même heure ? Est- ce qu’il a dit « demain » comme il aurait dit « à bientôt » ?
Hugo Lindenberg - Un jour ce sera vide
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Sur l'enfance et la fin de l'innocence, Hugo Lindenberg livre un premier roman délicat
Tewfik Hakem s'entretient avec Hugo Lindenberg, journaliste et auteur d'un premier roman, , qui paraît aux éditions Christian Bourgois. Un petit garçon de dix ans, le narrateur de l'histoire, passe
Blanquer: vers un autoritarisme pédagogique ante-républicain - Par Claude Lelièvre
Faiza Zerouala annonce que « Blanquer teste un manuel de lecture officiel » et interroge à juste titre: « Vers une caporalisation des enseignants ? ». Une mise en perspective s'impose pour mieux saisir jusqu'où irait historiquement cette régression de type autoritariste.
L'article de Faiza Zérouala paru hier dans Médiapart développe de façon circonstanciée et multivariée son intitulé de départ: « L'’Education nationale expérimente dans dix départements son propre manuel de lecture. Des chercheurs et éditeurs craignent une atteinte à la liberté pédagogique et s’alarment de l’interventionnisme de Jean-Michel Blanquer »
Le ministre de l'Education nationale actuel raffole de l'adjectif ''républicain'' et invoque à tout propos (voire hors de propos) la « République ». Mais il se peut que, au moins dans ce domaine, il soit plus proche de l'époque de la « Monarchie constitutionnelle (celle de Louis-Philippe) que de la période fondatrice de l'Ecole républicaine.
Contrairement à ce que l'on croit souvent, les fondateurs de l'Ecole de la Troisième République - Jules Ferry et Ferdinand Buisson – se sont prononcés sans ambages dans le sens de la ''liberté pédagogique'' pour les enseignants (contrairement à leurs prédécesseurs royalistes ou impériaux). Il y va d'ailleurs d'une certaine logique s'il s'agit d'aller dans le sens du « gouvernement de soi' », du « pouvoir de se diriger soi-même' » et d'une grande importance accordée à la pédagogie et à l'innovation.
Le 6 novembre 1879, le Directeur de l’Enseignement primaire Ferdinand Buisson (dans une note adressée au nouveau ministre de l’Instruction publique Jules Ferry) indique qu’ « il y aurait de graves inconvénients à imposer aux maîtres leurs instruments d’enseignement » et qu’ « il n’y en a aucun à leur laisser librement indiquer ce qu’ils préfèrent ».
En conséquence, le ministre de l’Instruction publique Jules Ferry signe le 16 juin 1880 un arrêté qui fait largement appel au concours des enseignants. « Art 2 : Les instituteurs et institutrices titulaires de chaque canton réunis en conférence spéciale, établissent une liste des livres qu’ils jugent propres à être mis en usage dans les écoles primaires publiques »
Dans sa circulaire du 7 octobre suivant, Jules Ferry ne fait pas mystère de ce qu’il a en vue en indiquant que « cet examen en commun deviendra un des moyens les plus efficaces pour former l’esprit pédagogique des enseignants, pour développer leur jugement, pour les façonner à la discussion sérieuse, pour les accoutumer, surtout, à prendre eux-mêmes l’initiative, la responsabilité et la direction des réformes dont leur enseignement est susceptible »
L'Ecole républicaine instituée sous la Troisième République se distingue nettement de ce qui l'a précédé dans le domaine de la ''liberté pédagogique". On peut en prendre pour exemple ce qu'il s'est passé lorsque François Guizot a fait de l'Ecole primaire une ''affaire d'Etat'' durant la période de la Monarchie constitutionnelle . Il a mis en oeuvre ce qui avait été préconisé par Victor Cousin en faisant composer et éditer des manuels officiels pour l'enseignement primaire. « L'instruction peut et doit être unie [...] Cette unité demande surtout un certain nombre d'ouvrages spéciaux sur chacun des objets de l'instruction primaire [...] qui soient répandus sous les auspices du gouvernement dans toutes les écoles publique » (Victor Cousin, ''Archives parlementaires", deuxième série, tome 84, p.57). Cinq manuels officiels paraissent donc sous le ministère de Guizot: « L'alphabet et premier livre de lecture », le « Livre d'Instruction morale et religieuse » (rédigé par Victor Cousin lui-même), une « Petite Arithmétique raisonnée », une « Petite Grammaire », et enfin « Premières leçons de Géographie, de Chronologie et d'Histoire »
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Cette idée de ''manuels officiels'' qui date d'avant l'institution de l'Ecole républicaine a été reprise dès le début du ministère de Jean-Michel Blanquer où il a été envisagé à nouveau de composer et d'éditer des manuels officiels. Cela n'a pas abouti. Mais le ministre de l'Education nationale a publié des "Guides"". Et certains vont parfois fort loin dans le ''guidage''. In fine, il apparaît qu'un tropisme ante-républicain taraude toujours Jean-Michel Blanquer...
Claude Lelièvre
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Blanquer: vers un autoritarisme pédagogique ante-républicain
Faiza Zerouala annonce que " Blanquer teste un manuel de lecture officiel " et interroge à juste titre: " Vers une caporalisation des enseignants ? ". Une mise en perspective s'impose pour mieux ...
La lecture comme résistance... (Vidéo)
Il est important devant un texte que l’on connaît, de retrouver une attitude "d’enfant" ou de "convalescent" comme disait Baudelaire, qui voit le monde en nouveauté. Être capable de retrouver cette sorte de virginité, qui fait que vous lirez dans un texte, des choses que vous n’avez jamais lues…
"Nous lisons parce que, même si lire n’est pas indispensable pour vivre, la vie est plus aisée, plus claire, plus ample pour ceux qui lisent que pour ceux qui ne lisent pas."
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Il est important devant un texte que l'on connaît, de retrouver une attitude "d'enfant" ou de "convalescent" comme disait Baudelaire, qui voit le monde en nouveauté. Être capable de retrouver cette
https://www.franceculture.fr/conferences/college-de-france/la-lecture-comme-resistance
Les cours à la fois à distance et à la maison n’emballent pas les lycéens...
EXTRAIT
Coronavirus : Compliqué à la maison, mais efficace en classe… Que pensent les lycéens de leurs cours « hybrides » ?
EDUCATION Le ministère de l’Education a élargi début novembre la possibilité pour les lycées de faire alterner cours en présentiel en demi-groupes et enseignement à distance. Un système qui ne fait pas l’unanimité.
Depuis début novembre, la moitié des lycées ne proposent qu’une partie des cours en présentiel, pour éviter la propagation du coronavirus.
Un système qui n’est pas optimal, car les élèves ont l’impression de moins travailler lorsqu’ils sont chez eux.
Et même si les cours en présentiel sont de meilleure qualité en petits groupes, cela ne compense pas totalement les désagréments de cette hybridation et le rythme plus lent d’acquisition des connaissances qu’il génère.
Un pied au lycée, l’autre à la maison. Afin de limiter les risques de contagion du coronavirus, le ministère de l’Education a élargi début novembre la possibilité pour les lycées de faire alterner cours en présentiel en demi-groupes et enseignement à distance. Un mode d’enseignement hybride auxquels devront encore se résoudre les élèves quelque temps. Car mardi dernier, lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a déclaré que les lycées ne pourraient être « pleinement ouverts, avec la totalité des élèves » qu’autour du 20 janvier. Et si et seulement si le nombre de contaminations quotidiennes par le Covid-19 en France reste sous la barre des 5.000.
Tous les lycées n’ont pas mis en place cette rotation. Interrogé par 20 Minutes, le ministère de l’Education estime qu’environ la moitié des lycées proposent désormais un enseignement hybride. Pour ceux qui le font, chacun a décidé sa propre formule : « On est plutôt sur du sur-mesure que sur du prêt à porter. Car certains lycées ont choisi une rotation des groupes par demi-journée, par journée ou par semaine entière. D’autres ont mis en place l’hybridation pour certains niveaux seulement, en préservant la présence des classes de terminale à 100 %. Et dans beaucoup d’établissements, les proviseurs ont décidé de garder les enseignements de spécialités à 100 % en présentiel et d’instaurer des demi-groupes pour les autres cours », observe Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des directeurs d’établissement SNPDEN-Unsa. Une variété d’organisation dont témoignent les lycéens qui ont répondu à notre appel. « Depuis trois semaines, mon lycée a opté pour séparer les élèves en deux groupes afin qu’ils puissent se rendre un jour sur deux en classe. C’est-à-dire que le lundi, mercredi et vendredi, un groupe est en distanciel, l’autre le mardi et jeudi, et cela change toutes les semaines afin d’équilibrer », explique Zoé, élève de 1re.
« On a peur de passer à côté de certaines consignes »
Mais ce système mi-figue, mi-raisin n’est pas idéal. Notamment quand les élèves sont appelés à travailler chez eux. « La plupart du temps, ils sont approvisionnés en devoirs à faire à la maison. Les enseignants leur donnent des exercices d’application après avoir enseigné la leçon en présentiel. Ou leur demandent de lire des documents pour préparer le cours suivant », constate Philippe Vincent. « Les professeurs nous donnent du travail pour la semaine où on est à la maison et on le corrige la semaine suivante », explique par exemple Sam, élève de Terminale. Marie, au même niveau dans la région de Grenoble, a quant à elle « soit quelques exercices, ou alors des TP (travaux pratiques), pour les matières scientifiques) ou des DM (devoirs maison) ».
Rares sont les enseignants qui proposent des cours en visio, car ils n’ont généralement pas le matériel pour se filmer en classe. Et certains élèves ont l’impression de prendre du retard, à l’instar de Sacha : « Les professeurs continuent leur programme comme d’habitude, malgré le fait que la moitié de la classe soit en cours, les autres élèves doivent rattraper. Au final, lorsque je retourne en classe, j’ai loupé tous les chapitres. Parce qu’entre un document et l’explication du prof, le résultat est vraiment différent ». De son côté, Thomas élève de 1re, craint que la classe entière prenne du retard : « La plupart des professeurs refont le même cours à chaque groupe, ce qui ne nous permet pas d’avancer autant que l’on devrait sur notre programme ». Et selon Marie, ce système génère une déperdition d’informations : « Chaque prof n’a pas la même façon de communiquer, donc il faut chercher sur l’ENT (environnement numérique de travail), dans les mails… On a peur de passer à côté de certaines consignes », souligne-t-elle.
(...)
Delphine Bancaud
Suite et fin à lire en cliquant ci-dessous
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Les cours à la fois à distance et à la maison n'emballent pas les lycéens
Depuis début novembre, la moitié des lycées ne proposent qu'une partie des cours en présentiel, pour éviter la propagation du coronavirus. Un système qui n'est pas optimal, car les élèves o...
Blanquer teste un manuel de lecture officiel: vers une caporalisation des enseignants?
EXTRAITS
L’Education nationale expérimente dans dix départements son propre manuel de lecture. Des chercheurs et éditeurs craignent une atteinte à la liberté pédagogique et s’alarment de l’interventionnisme de Jean-Michel Blanquer.
Depuis son arrivée rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer entretient une appétence pour les évaluations et les méthodes d’apprentissage. Le ministre de l’éducation nationale a une idée très sûre de ce qu’il convient de faire pour améliorer les performances souvent préoccupantes des écoliers français. Cette fois, ses équipes ont décidé de prendre en main l’enseignement de la lecture : à la fin août, un manuel baptisé Pour apprendre la lecture et l’écriture au CP a été édité par l’Education nationale. Du jamais vu.
D’ordinaire, les enseignants choisissent eux-mêmes leurs manuels, parmi une trentaine élaborés par des éditeurs scolaires, tels Bordas, Hatier, Retz ou Nathan, qui respectent les instructions officielles délivrées par le ministère.
Cette méthode de la rue de Grenelle a été, pour l’heure, distribuée dans 350 classes de dix départements, soit auprès de 10 000 élèves, et son efficacité doit être évaluée par un laboratoire de recherche, dont les conclusions sont attendues courant 2021.
(...)
Sur le fond, la méthode a été élaborée par une équipe de l’académie de Paris, Isabelle Goubier, une inspectrice de l’Éducation nationale, et trois conseillères pédagogiques, Catherine Dorion, Catherine Richmann et Catherine Mesme.
Une expérimentation analogue, sans protocole de recherche, a été menée à Paris dès 2017 et le ministère se base sur celle-ci aujourd’hui.
Plusieurs régions ont été sélectionnées pour accueillir cette expérience : les Bouches-du-Rhône, l’Oise, le Jura, l’Ardèche, l’Eure-et-Loir, la Corse-du-Sud, les Yvelines, La Réunion, les Pyrénées-Orientales et Paris. Ces départements ont été choisis pour la diversité des publics scolaires qu’ils accueillent : zone d’éducation prioritaire, milieu urbain, semi-urbain, outremer, territoire rural isolé, y compris des zones de moyenne montagne.
À ce stade, le laboratoire chargé d’évaluer l’efficacité de cette méthode n’est pas connu : un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé en septembre, pour une sélection d’ici à la fin du mois. Dans cet AMI ouvert aux labos de recherche de l’enseignement supérieur, on peut lire que « l’objectif général de cette méthode est l’acquisition de gestes professionnels efficients pour l’enseignement de la lecture et de l’écriture au CP, au bénéfice de la progression des élèves. La mise en œuvre de l’expérimentation à Paris a montré que c’est la combinaison de la méthode et de l’accompagnement qui permettait de faire évoluer les résultats dans les évaluations de CE1 pour les élèves bénéficiaires de la méthode en CP. »
(...)
Le ministère, qui parle aujourd’hui d’une « étape de déploiement élargi », pourrait envisager ensuite une large diffusion par Canopé, l’organisme public d’édition du ministère, qui ne publie que pour les enseignants d’ordinaire, ou nouerait un partenariat avec un ou deux éditeurs scolaires.
Ce qui contrevient à la doctrine républicaine énoncée par la IIIe République. Pour certains interlocuteurs, au fait de ce dossier, la publication d’un manuel estampillé par le ministère pourrait même créer un précédent dangereux pour les prochaines années. Qui interdirait à un futur gouvernement de s’emparer de l’écriture de l’histoire, par exemple ? Dans une grande maison d’édition scolaire, un interlocuteur s’inquiète de cette prise en main par la rue de Grenelle et des conséquences possibles à long terme.
De son côté, Philippe Champy rappelle que « traditionnellement, la liberté pédagogique encadre la liberté d’édition. En France, jamais il n’y a eu d’édition d’État dans le sens d’un manuel publié et prescrit par les autorités, même du temps de Jules Ferry ou de Pétain ».
Il relève que, dans son rapport à Jules Ferry, le directeur de l’enseignement scolaire Ferdinand Buisson était fermement opposé à l’édition d’État, à l’idée d’un manuel unique et à la pratique de l’autorisation préalable, ce qu’on appellerait aujourd’hui une labellisation. La liberté pédagogique est donc un « héritage structurel du système scolaire », difficile à enfreindre. C’est aussi le signe de la confiance témoignée aux enseignants. Jamais sa mention n’a été écartée des textes officiels.
(...)
Pour Philippe Champy, recommander un manuel, c’est aussi placer les enseignants dans une position délicate. « La prescription du ministère existe déjà via les programmes scolaires, le recrutement des enseignants, la formation initiale qui cadre et donne des connaissances et ensuite la formation continue lorsqu’ils sont en poste. »
Le chercheur considère que se placer dans une posture incitative s’avère dangereux. Car nécessairement le ministère considère qu’il a la bonne pratique et fait le bon choix. « Il met sa puissance prescriptive dans la mise en œuvre de la pratique de classe. C’est ça qui est inédit à ce niveau de précision. Cela va jouer sur les formateurs d’enseignants, qui vont s’aligner sur ce manuel sans formuler de remarques critiques sur tel ou tel exercice. Les inspecteurs pourront aussi mettre la pression aux enseignants. »
(...)
Faïza Zerouala
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Blanquer teste un manuel de lecture officiel: vers une caporalisation des enseignants?
L'Education nationale expérimente dans dix départements son propre manuel de lecture. Des chercheurs et éditeurs craignent une atteinte à la liberté pédagogique et s'alarment de l'interventio...