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Vivement l'Ecole!

Une Ecole pour ce XXIe siècle qui commence aujourd'hui... (13)

17 Avril 2020 , Rédigé par christophe Publié dans #Education

Lycée Lyautey - Casablanca

Lycée Lyautey - Casablanca

Une architecture scolaire à la mesure des enjeux éducatifs et environnementaux

 

Tous les établissements nouvellement construits devront respecter une « charte environnementale » notamment dans le choix des matériaux, l’agencement des locaux entre eux et les locaux eux-mêmes, les choix énergétiques, etc.

 

  • Une conception cohérente des « espaces–activités » (Le mot "activité", nous le savons, déplait à beaucoup. Que l'on s'attache avant tout à ce qu'il contient)

 

L’architecture scolaire est un sujet considéré comme secondaire et minoré. Ponctuellement, des réalisations montrent la réelle volonté - et le talent - d’architectes novateurs, soucieux de prendre en compte la spécificité des fonctions multiples de l’École d’aujourd’hui. Mais l’architecture scolaire est le plus souvent (pour des raisons budgétaires et par manque de connaissance fine de ce qui fait le quotidien de la vie scolaire dans cet espace clos) le reflet matériel et spatial de conceptions d’un autre temps. Un espace segmenté où domine l’unité de base héritée de la forme scolaire (Vincent, Lahire & Thin) : une salle, un maître, une classe, un objet disciplinaire. Mis à part le cas spécifique des lycées professionnels et techniques dont les ateliers/laboratoires sont dédiés à des activités propres, nos établissements scolaires sont des suites de salles clonées. Le modèle est finalement parfaitement disjonctif, à l’image des savoirs enseignés parcellisés dénoncés par Edgar Morin.

 

Pour travailler autrement, il s’agira là de procéder à une profonde réforme des structures spatiales nécessaires à l’étude et de concevoir des lieux qui soient « aussi » des lieux où se construisent une culture commune, des liens sociaux, l’apprentissage du collectif, la réalisation de projets et actions diversifiés, et où tous les croisements de groupes à géométrie variable que nous avons décrits dans les points précédents soient possibles et naturels.

 

C’est un lourd chantier qui ne peut être envisagé que sur le moyen terme : réhabilitations de ce qui peut l’être et programmes de travaux de construction étagés sur 15 ans pour aboutir progressivement à la réduction du nombre d’élèves par établissement.

 

Deux préoccupations majeures présideront à ce chantier :

 

- à l’image du lycée Kyoto (Région Poitou-Charentes), celle de l’excellence environnementale : zéro énergie fossile et 100% d’énergie propre ;

 

- celle de l’adéquation entre le Projet pour une nouvelle École du XXIème siècle et sa réalisation spatiale : ancrage et inscription pertinente dans l’espace local ; qualité des lieux dédiés à l’étude et à la diversité des activités ; osmose avec le tissu local d’activités (entreprises, activités culturelles, liens intergénérationnels, etc.).

 

  • Une pluralité de lieux pour répondre aux contraintes du fonctionnement novateur des « unités éducatives »

     

Les lieux appellent les comportements : il importe donc d’en imaginer qui soient sereins, propices à l’étude comme à la vie collective. Nous devons en finir avec ces salles de classes où s’installent bruyamment nos élèves, certains n’enlevant même pas leur manteau tant ils ont hâte de quitter le sinistre endroit. Nous devons en finir avec ces établissements où même des élèves volontaires n’ont pas de lieux où travailler (ou lire) contraints par le manque d’espaces adaptés, par des horaires trop rigides et un manque d’encadrement adulte posant des problèmes de sécurité. Nous devons en finir avec ces établissements où les enseignants n’ont pas suffisamment de lieux calmes où s’isoler pour travailler (sauf à se réfugier dans des classes vides) alors même que leurs fonctions nécessitent une présence de plus en plus importante dans les établissements scolaires.

 

- À chaque lieu doit correspondre telle ou telle posture mentale requise. Nos élèves sauront, dès leur entrée dans espace particulier, quelle attitude est attendue de leur part. L’espace ne sera plus seulement un lieu de « rassemblement », mais un lieu dédié à telle ou telle activité, clairement définie par l’architecture adaptée choisie.

 

- Nos établissements scolaires doivent se doter de salles de travail ; de salles de réunions équipées ; de salles de spectacle ; d’au moins une salle en amphithéâtre ; de petites bibliothèques spécialisées en plus du CDI.

 

- L’architecture des établissements scolaires doit aussi favoriser ce qui améliore le « vivre ensemble ». Les salles d’études et d’ateliers, les salles de classes, la bibliothèque/CDI, les salles de réunions et la salle des professeurs doivent communiquer. Il faut cesser de croire que l’enseignant sera plus tranquille en « s’encloisonnant ». Il doit « habiter » l’École pendant le temps qu’il y passe. Ce sera d’autant plus facile dans des unités éducatives à taille humaine (60/100 élèves).

 

- Les surveillants, qui n’enseignent aucune discipline et de ce fait peinent à trouver une légitimité disciplinaire, doivent sentir et partager la présence des enseignants lors des périodes quotidiennes « hors-classe ».

 

- L’École doit, par son architecture nouvelle, être bien entendu un lieu de travail le plus calme possible, ce qui sera favorisé par l’emploi de matériaux naturels, une réflexion sur la lumière (exemple de Kyoto). Les lieux de vie doivent être séparés en fonction des moments et activités quotidiennes : enseignement ; repas ; pauses ; rencontres avec tel ou tel enseignant ; etc. L’École doit aussi être un lieu qui fasse une belle place à l’accueil des parents, des associations, du monde professionnel environnant : que l’École ne soit plus un sanctuaire fermé, parfois « barbeletisé », vidéo-surveillé, mais transparent et acteur de son environnement urbain ou rural.

 

- La question des accès aux établissements et de la circulation interne des élèves doit être l’objet d’une étude particulière. Chaque lieu doit être accessible facilement et sera d’autant plus aisé à surveiller qu’il sera plus respecté. La question doit être pensée en lien avec les questions de gestion : place et rôle des surveillants, du personnel d’entretien et de gestion dans le dispositif éducatif ; taux d’encadrement adulte ; présence pour des activités variées d’acteurs extérieurs appartenant à la société civile.

 

L’architecture scolaire est un enjeu futur capital qui devrait être l’objet de toutes nos attentions et s’appuyer mieux que cela n’est fait sur les analyses qu’en font les usagers au quotidien.

 

A suivre...

 

Christophe Chartreux

 

Les autres épisodes sont à lire en cliquant ci-dessous et en allant visiter les liens de bas de page

 

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Revue de Presse Education... Y aller ou pas — Réflexions — Examens, concours, supérieur — Ailleurs...

17 Avril 2020 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education, #Médias

Revue de Presse Education... Y aller ou pas — Réflexions — Examens, concours, supérieur — Ailleurs...

Y aller ou pas la question se pose. D’autres réfléchissent sur la situation actuelle et future. On des infos sur les examens et concours et quelques nouvelles d’ailleurs.

Y aller ou pas

Dépister tous les enseignants ? Blanquer juge la question "plus compliquée que ça en a l’air"
Alors que les établissements scolaires sont les premiers lieux publics à avoir fermé, le 16 mars dernier, quelques jours avant le confinement de la population, ils devraient aussi être les premiers à rouvrir leurs portes, "progressivement", le 11 mai, a annoncé Emmanuel Macron lundi soir. Mais cette réouverture pose des questions sanitaires, par exemple le dépistage des enseignants, pour éviter une nouvelle propagation de l’épidémie.”

11 mai : l’impossible retour à l’école ?
L’école à la maison | Face aux incertitudes d’une réouverture des établissements scolaires, Louise Tourret a demandé à Antoine Prost de partager son regard d’historien sur la place de l’école et le métier d’enseignant tels que nous les réenvisageons à la lumière de la crise que nous traversons.”

Un blog à suivre : Chroniques d’un collège fermé (en vacances) Chroniques de deux classes de 4ème au temps du coronavirus (chacun chez soi, dans notre petite ville du 94)

Réflexions

L’Ecole d’après : Najat Vallaud-Belkacem : La mixité scolaire et l’égalité des chances doivent redevenir des sujets prioritaires
" On ne peut pas saluer les travailleurs de l’ombre qui nous sauvent aujourd’hui et ne pas permettre demain à leurs enfants d’obtenir de vraies chances de réussite dans le système scolaire". Ministre de l’éducation nationale de 2014 à 2017, Najat Vallaud-Belkacem revient dans cet entretien sur le terrain scolaire. Elle réagit à la question posée par la continuité pédagogique durant la crise sanitaire. Cette fameuse continuité pédagogique, indispensable pour la bonne marche du pays a-t-elle fonctionné ? Mais surtout, comment à l’aune de cette expérience massive, inédite, apprendre nous même pour les crises futures ? Elle regrette notamment l’arrêt du plan d’équipement numérique lancé en 2016 et rappelle la création de postes dans le service public d’éducation entre 2012 et 2017.”

La procédure Affelnet 2020 en dix questions par Thibaut Cojean
La procédure Affelnet permet d’affecter les élèves de 3e dans les lycées de leur académie. Si certaines règles (barèmes de points, nombre de vœux…) sont locales, son fonctionnement général est le même au niveau national. Et cette année, les circonstances exceptionnelles liées au confinement n’auront pas d’impact sur le calendrier et sur la procédure. Explications en dix questions-réponses.”

En confinement, l’éducation des enfants devient un sujet de discorde récurrent par Ophélie Ostermann
Confinés et divisés. Un Français sur deux déclare se disputer plus qu’avant avec son (sa) conjoint(e), selon un sondage Ifop publié le 8 avril (1). Sur le haut du podium des sujets qui fâchent ? L’éducation des enfants, plus précisément les écrans, les règles éducatives et le temps passé avec eux. Si d’ordinaire la question est sensible chez certains parents, le confinement exacerbe les désaccords. Ces derniers seraient notamment renforcés par l’école à la maison, selon Claire Leconte, professeure émérite de psychologie de l’éducation. Précisions.”

L’École à l’heure du Covid-19 Une situation sans précédent ? par Julien Cahon
En quoi la fermeture généralisée des écoles et établissements pour cause de crise sanitaire, et la mise en place de la continuité pédagogique créent-elles une situation inédite pour l’école française ? Et que peut nous apprendre l’historien sur notre situation actuelle à la lumière de crises précédentes ?

Examens, concours, supérieur

Capes, capeps, capet, agrégation : les nouvelle règles pour les concours de l’enseignement Par Camille Stromboni
Pour les 180 000 candidats qui n’avaient pas débuté les épreuves, des écrits seront organisés en juin et juillet. L’oral d’admission est supprimé.”

Capes, agrégation... les concours de l’enseignement maintenus, mais aménagés
Après plus d’un mois d’incertitude sur le sort de l’agrégation (recrutement pour l’enseignement secondaire ou supérieur), du Capes (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire), et du concours de professeur des écoles (CRPE), les choses semblent se clarifier.”

Coronavirus : les concours de recrutement de l’Education nationale sont maintenus (mais avec des aménagements)
Après plus d’un mois d’incertitude sur le sort de ces trois concours, le ministre Jean-Michel Blanquer a détaillé les modalités de ces examens.”

Les décisions de modification des concours d’enseignants ont-elles des antécédents ? Par Claude Lelièvre sur son Blog : Histoire et politiques scolaires
Les concours externes de recrutement dont les écrits sont déjà passés auront leurs oraux en juin. Les autres auront leurs écrits en juin-juillet et leurs oraux au printemps 2021. Les épreuves des concours internes qui n’ont pas été passées le seront en septembre 2021. Des bouleversements sans précédents ? A voir.”

L’enseignement supérieur dans le flou
Le président de la République a annoncé lundi dernier que « dans l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été », les universités physiques ne rouvriront donc, a priori, pas leurs portes avant l’automne, mais qu’en est-il des classes préparatoires, des BTS et des écoles privées  ?

Ailleurs

Coronavirus : en Afrique de l’Ouest et du Centre, la difficulté de l’enseignement à distance
Dans la très grande majorité des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, les établissements scolaires ont fermé leurs portes pour limiter la propagation du coronavirus. L’enseignement à distance est devenu la règle et de nombreuses initiatives ont été mises en place. Mais les professeurs doivent contourner une difficulté de taille : assurer la continuité pédagogique pour tous les élèves, même pour les enfants qui n’ont aucun accès à internet.”

Québec : Garder le cap sur la réussite éducative
Au cours du point de presse de vendredi dernier, le premier ministre du Québec a communiqué qu’une ouverture des écoles le 4 mai 2020 – et peut-être même avant – était un scénario envisageable. Cette annonce a eu un effet-choc sur la population, particulièrement chez le personnel scolaire et les parents, bien qu’il ait été réitéré – lors du point de presse du samedi 11 avril – que cette décision serait prise en concertation avec la Santé publique.”

"C’est maintenant qu’il faut mettre nos enfants dehors et les exposer" : les Danois confiants dans la réouverture des écoles après le confinement
À partir de ce mercredi 15 avril, crèches, écoles maternelles et primaires danoises accueillent à nouveau les enfants de moins de 11 ans. Une mesure bien acceptée par les parents, dans ce pays peu touché par le Covid-19.”

Bernard Desclaux

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Victor Jara...

16 Avril 2020 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur - Luis Sepulveda...

16 Avril 2020 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Assis sur les bonbonnes de gaz, le dentiste et le vieux regardaient couler le fleuve. De temps en temps, ils se passaient la bouteille de Frontera et fumaient des cigares à feuilles dures, les seuls qui résistaient à l’humidité.

- Merde alors, Antonio José Bolivar, tu lui as cloué le bec. Je ne te connaissais pas ce talent de détective. Tu l’as humilié devant tout le monde, et il ne l’a pas volé. J’espère qu’un de ces jours les Jivaros lui enverront un dard.

- Sa femme le tuera. Elle fait des provisions de haine, mais elle n’en a pas encore assez. Ces choses-là demandent du temps.

- Écoute, j’avais complètement oublié, avec cette saloperie de mort : je t’ai apporté deux livres.

Les yeux du vieux s’allumèrent.

- D’amour ?

Le dentiste fit signe que oui.

Antonio José Bolivar Proaño lisait des romans d’amour et le dentiste le ravitaillait en livres à chacun de ses passages.

- Ils sont tristes ?

- À pleurer, certifia le dentiste.

- Avec des gens qui s’aiment pour de bon ?

- Comme personne ne s’est jamais aimé.

- Et qui souffrent beaucoup ?

- J’ai bien cru que je ne pourrais pas le supporter.

À vrai dire, le docteur Rubicondo Loachamín ne lisait pas les romans.

Quand le vieux lui avait demandé de lui rendre ce service, en lui indiquant clairement ses préférences pour les souffrances, les amours désespérées et les fins heureuses, le dentiste avait senti que la tâche serait rude.

Il avait peur de se rendre ridicule en entrant dans une librairie de Guayaquil pour demander : « Donnez-moi un roman d’amour bien triste, avec des souffrances terribles et un Happy End… ». On le prendrait sûrement pour une vieille tante. Et puis il avait trouvé une solution inespérée dans un bordel du port.

Le dentiste aimait les négresses, d’abord parce qu’elles étaient capables de dire des choses à remettre sur pied un boxeur KO, et ensuite parce qu’elles ne transpiraient pas en faisant l’amour.

Un soir qu’il s’embêtait avec Josefina, une fille d’Esmeraldas à la peau lisse et sèche comme le cuir d’un tambour, il avait vu un lot de livres rangés sur la commode.

-Tu lis ? avait-il demandé.

- Oui, mais lentement.

- Et quels sont tes livres préférés ?

- Les romans d’amour, avait répondu Josefina. Elle avait les mêmes goûts qu’Antonio José Bolivar.

A dater de cette soirée, Josefina avait fait alterner ses devoirs de dame de compagnie et ses talents de critique littéraire. Tous les six mois, elle sélectionnait deux romans particulièrement riches en souffrances indicibles. Et plus tard, Antonio José Bolivar Proaño les lisait dans la solitude de sa cabane face au Nangaritza.

Le vieux prit les deux livres, examina les couvertures, et déclara qu’ils lui plaisaient. Pendant ce temps, on hissait la caisse à bord et le maire surveillait la manœuvre. En voyant le dentiste, il lui dépêcha un homme.

- Le maire vous fait dire de ne pas oublier les taxes.

Le dentiste lui tendit les billets déjà tout préparés, en ajoutant :

- Quelle idée. Dis-lui que je suis un bon citoyen.

L’homme retourna auprès du maire. Le gros prit les billets, les fit disparaître dans sa poche et salua le dentiste en levant la main à la hauteur de son front.

- J’en ai plein le dos, moi, de ses taxes commenta le vieux.

- Des morsures de rien du tout. Les gouvernements vivent des coups de dents qu’ils donnent aux citoyens. Et encore, nous, on a affaire à un petit roquet.

Ils fumèrent et burent encore en regardant couler l’éternité verte du fleuve.

- Antonio José Bolivar, je te vois pensif. Dis-moi ce qui te tracasse.

- Vous aviez raison. Cette affaire ne me plaît pas. Je suis sur que la Limace médite une battue et qu’elle va faire appel à moi. Vous avez vu la blessure ? Pour un simple coup de patte. L’animal est grand, et les griffes doivent mesurer cinq centimètres. Une bête pareille, même affaiblie par la faim, elle doit être sacrément vigoureuse. Et puis les pluies arrivent. Les traces s’effacent et la faim les rend plus intelligents.

- Tu peux refuser de participer à la chasse. Tu es vieux, pour des courses pareilles.

- Ne croyez pas ça. Des fois, j’ai même envie de me remarier. Un de ces jours, je vous ferai peut-être la surprise de vous demander d’être mon témoin.

- Entre nous, quel âge tu as, Antonio José Bolivar ?

- De toute manière, ça fait trop . Soixante ans, d’après les papiers, mais il faut tenir compte que je marchais déjà quand on m’a inscrit, alors disons que je vais plutôt sur mes soixante-dix.

La cloche du Sucre qui annonçait le départ précipita leurs adieux.

Le vieux resta sur le quai jusqu’à ce que le bateau disparaisse, happé par une boucle du fleuve. Puis il décida qu’il n’adresserait plus la parole à personne de la journée : il ôta son dentier, l’enveloppa dans son mouchoir et, serrant les livres sur sa poitrine, se dirigea vers sa cabane.

Luis Sepulveda - Le vieux qui lisait des romans d'amour

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L’Ordre des Médecins s’oppose à la réouverture des écoles le 11 mai...

16 Avril 2020 , Rédigé par christophe Publié dans #Education

L’Ordre des Médecins s’oppose à la réouverture des écoles le 11 mai...

Le président du Conseil national de l’Ordre des Médecins déplore un « manque absolu de logique » et dénonce une décision qui reviendrait à « réintroduire le virus », dans un entretien au « Figaro ».

Créant la surprise et l’inquiétude des enseignants, Emmanuel Macron a annoncé le 13 avril la réouverture des établissements scolaires dès le 11 mai. Une décision contestée par Patrick Bouet, président de l’Ordre des Médecins, dans une interview au « Figaro », qui dénonce « un manque absolu de logique ».

Clos depuis le 12 mars, les établissements scolaires ont été les premiers à fermer dans l’Hexagone car « les enfants sont des vecteurs potentiels » et qu’il est « très difficile en milieu scolaire de faire respecter les gestes barrières ».

Des mesures de protection jugées insuffisantes

Une réouverture reviendrait à « remettre le virus en circulation », d’après Patrick Bouet. D’autant plus qu’il n’y a « pas d’explication médicale, infectieuse ou épidémiologique à déconfiner dans le milieu scolaire en premier ».

L’inquiétude des enseignants et la crainte d’un effet du rebond du virus sont justifiables selon lui, car « nous ne savons pas comment les tests PCR ou sérologiques seront effectués, comment les masques seront distribués ». Un retour à l’école ne serait envisageable que si l’ensemble des mesures de protection étaient mises en place, annonçait-il sur BFMTV.

Plutôt que de déconfiner en urgence dans les prochaines semaines, l’Ordre des Médecins préconise de « préparer la rentrée afin de voir comment les enfants pourront recevoir un enseignement complémentaire afin de compenser ce qu’ils auront manqué ».

Un retour « progressif » à l’école

Sur France 2, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, avait affiné les propos du chef de l’Etat et laissé entendre que le « retour à l’école ne serait pas obligatoire le 11 mai ».

Le ministre préconise un retour « progressif », et affirme qu’il ne s’agirait pas de retrouver la situation d’avant, dès le 11 mai. « On se donne deux semaines à partir d’aujourd’hui pour définir ce que l’on met derrière l’expression d’un retour progressif », ajoute-t-il.

Afin de limiter la taille des classes et les risques de contamination, Jean-Michel Blanquer évoque plusieurs pistes, dont celles de « charges horaires réduites », d’un retour à l’école « selon le niveau » ou « selon les catégories d’élèves », ou encore en prenant en compte les « considérations de nature territoriale ». A ce stade, toutes les pistes sont encore ouvertes.

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Une Ecole pour ce XXIe siècle qui commence aujourd'hui... (12)

16 Avril 2020 , Rédigé par christophe Publié dans #Education

Une Ecole pour ce XXIe siècle qui commence aujourd'hui... (12)

La notion de « programme » doit être profondément transformée


Une réflexion sera progressivement menée autour de la notion de discipline scolaire et derrière elle, la question des « programmes ». Deux pistes peuvent être explorées :

 

  • d’une part, scinder les programmes traditionnels en « unités » présentant une cohérence soit de contenu, soit de compétence (démarche proche de la mise en œuvre des « unités de valeurs » à l’Université au début des années soixante-dix)

 

  • D’autre part, la piste plus ambitieuse proposée par Edgar Morin, entre autres, consistant à articuler les enseignements des disciplines autour de grandes questions que se pose tout être humain : l’identité terrienne, la condition humaine, qu’est-ce que comprendre un phénomène, comment se construit le savoir, etc. ? Rappelons qu’en mars 1998, au moment de la consultation nationale « Quels savoirs enseigner dans les lycées ? », Edgar Morin avait proposé au Ministère de l’Éducation nationale l’organisation de journées thématiques qui ont regroupé plus d’une soixantaine d’enseignants et de chercheurs de renom. L’idée de départ – qu’Edgar Morin défend inlassablement – était de prouver qu’une autre façon de considérer les savoirs et leur enseignement était possible. Les réalités et problématiques du monde d’aujourd’hui sont multidimensionnelles et complexes. Or leur enseignement se fait à partir de disciplines compartimentées, elles-mêmes souvent fragmentées en spécialités disjointes : l’élève étant supposé opérer de lui-même des liens, des articulations. Or, le défi est au contraire de permettre à chaque humain d’accéder à cette culture complexe en proposant une cohérence d’ensemble. Les disciplines ne sont pas un objectif en soi, elles sont des outils intellectuels pour penser le Monde. Le savoir (dispensé par l’École) doit répondre aux questions essentielles de la conscience humaine : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où sommes-nous, comment fonctionne le monde, comment évolue-t-il ? Comme le souligne Edgar Morin, ces journées avait pour objet de relever un défi : « favoriser l’émergence de nouvelles humanités à partir des deux polarités complémentaires et non antagonistes, la culture scientifique et la culture humaniste » ; permettre ainsi à chaque humain « de se reconnaître humain et de reconnaître en autrui un être humain complexe ; de devenir apte à se situer dans son monde, sur la terre, dans son histoire, dans sa société ». (Le défi du XXIe siècle. Relier les connaissances, p. 15). Plus de vingt ans après, l’analyse garde toute sa pertinence ; treize ans après, l’École est inchangée. L’élève subit un enseignement toujours aussi fragmenté et une journée de collégien ressemble à un inventaire à la Prévert : calcul algébrique, étude du devoir argumenté, exercices de flûte - aujourd'hui de chant choral -, dialogue en anglais… se succèdent au gré des emplois du temps. Qu’a « construit » ce collégien au terme de sa journée ? La question lui est-elle d’ailleurs posée ?

 

Placer la question du sens au cœur de la rénovation à mener est une urgence. On se doute des réticences (pour ne pas dire plus) que cela engendrerait : nous avons déjà souligné – pour la simple inscription des matières dans les perspectives du Socle commun – combien les territoires disciplines résistent. C’est un processus de longue haleine qu’il conviendrait d’initier : refonder cette École du XXIème siècle ne peut s’envisager que sur une dizaine d’années, et donc obtenir l’adhésion du corps social pour que les alternances politiques ne viennent pas altérer le processus.

 

Et pourtant, dans les deux cas, les bénéfices d’une telle révolution scolaire seraient considérables. Il s’agirait de permettre à l’élève d’être dans une spirale positive de construction des savoirs :

- l’élève peut continuer d’avancer dans les matières où il réussit sans s’ennuyer à refaire la même chose là où il échoue. En cas de difficultés, l’élève va à son rythme ;

- cela « remixe » les groupes et oblige à tisser des liens plus nombreux avec d’autres d’âges très différents.

 

Pour le développement de « matières» ouvrant la voie à la diversité


En arts plastiques, musique, langues étrangères (autres?...), des élèves d’âges différents seront regroupés pour échanger, comparer, confronter leurs talents. Un élève n’est pas différent d’un autre uniquement par l’âge. Il l’est aussi par ses qualités propres et un enfant de 11 ans peut avoir beaucoup plus de possibilités en arts plastiques, en musique, en langues (voire dans toutes les autres matières) qu’un autre de 14 ou 15 ans. L’inverse est évidemment vrai.


Tous ces temps de rencontres, de dialogues informels seront facilités par :

 

- d’autres rythmes scolaires hebdomadaires et annuels. Repenser les vacances d’été en les organisant par zones n’est pas une utopie, avec néanmoins les réserves que pose cette utopie aux parents divorcés ne vivant pas dans les mêmes régions.

- Quant à l’organisation au quotidien, et en distinguant le primaire du secondaire, après une large consultation des chrono-biologistes, des personnels éducatifs et fédérations de parents d’élèves, il faudra notamment se poser la question de savoir s’il est bien raisonnable de continuer à encadrer (au sens propre du terme) les élèves de collège dans un emploi du temps de 32 heures (!!!) réparties sur cinq jours avec une heure pour déjeuner et, en collèges ruraux (très nombreux), le car de 17h07 à ne surtout pas manquer…


Les pistes que nous lançons ici sont à étudier très en détail avec les professionnels concernés car les questions sont multiples : comment organiser ces enseignements pour ne pas recréer de nouveaux cloisonnements ? à partir de thématiques ? d’un projet pluridisciplinaire d’une Unité éducative ? d’un concours impulsé par le ministère mettant les établissements en concurrence pour la réalisation concrète du projet ? Il peut s’agir égale de modules tournés vers une thématique nécessitant la collaboration de plusieurs disciplines : module de civilisation anglaise, allemande ou espagnole ; module d’expression orale… La richesse des projets déjà en œuvre dans de nombreuses écoles montre que l’imagination, la capacité à innover et à créer et l’énergie pédagogique ne manquent pas : il suffirait d’une politique volontariste pour accélérer le mouvement.

 

Christophe Chartreux

 

A suivre/Les autres épisodes sont à découvrir en cliquant ci dessous

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"Pour les spectacles et l’école, projetons-nous dès maintenant vers la rentrée de septembre." Philippe Sansonetti, Professeur au Collège de France et à l'Institut Pasteur

16 Avril 2020 , Rédigé par La Vie des Idées Publié dans #Education

"Pour les spectacles et l’école, projetons-nous dès maintenant vers la rentrée de septembre." Philippe Sansonetti, Professeur au Collège de France et à l'Institut Pasteur

EXTRAITS

Philippe Sansonetti est médecin et micro-biologiste, professeur au Collège de France (titulaire de la chaire Microbiologie et maladies infectieuses) et à l’Institut Pasteur.

Expliquant les raisons du confinement par l’insuffisance de la seule distanciation sociale, Ph. Sansonetti pose les conditions nécessaires pour un futur déconfinement – qui ne mettra pas fin aux mesures de distanciation.

(...)

Une fois décidée, la sortie de confinement devra s’accompagner d’un maintien rigoureux des mesures de distanciation sociale et d’hygiène individuelle et collective, incluant le port de masques, « professionnels » selon disponibilité ou « artisanaux ». Impossible de déconfiner tant que les pharmacies seront en rupture chronique de stocks de masques et de gels hydro-alcooliques. Comme proposé, la « réserve citoyenne » pourrait jouer à plein dans ce contexte pour informer, aider, accompagner, dans la rue, dans des lieux se prêtant aux regroupements, dans les transports en commun qui risquent d’être un lieu de recrudescence de la contamination lorsque reprendront les activités professionnelles.

4 – Les transports interrégionaux devront rester limités, sauf exceptions à définir, aux nécessités professionnelles.

5 – Les rassemblements devront rester interdits avec certaines exceptions, mais sous des formes très limitées comme les enterrements. Certains rassemblements sportifs et religieux semblent avoir malheureusement joué un rôle important dans la création de foyers de transmission hyperactifs en Italie, Espagne et France. Les entreprises devront soigneusement organiser la distanciation sociale. Pour ce qui concerne les métiers d’accueil de population, les commerces, la restauration, l’hôtellerie qui sont un pan important de notre vie économique et sociale, il est urgent de réfléchir à des solutions, sans-doute contraignantes, mais vitales. Certaines ont été expérimentées dans les commerces de première nécessité.

Pour les spectacles et l’école, projetons-nous dès maintenant vers la rentrée de septembre.

Conclusion provisoire

En fait, ce n’est que lorsque l’on commencera à disposer d’une vraie cartographie de l’évolution de l’épidémie, suite au déconfinement, lorsque le R0 se sera stablement établi au-dessous de 1, c’est-à-dire sous le seuil épidémique, indiquant l’absence de tendance au rebond, que l’on pourra commencer à relâcher prudemment, rationnellement, progressivement la pression des mesures ci-dessus, car il faudra bien entendu accompagner le redémarrage de la vie et de l’économie afin d’éviter que le traitement fasse plus de mal que la maladie.

Combien de temps ? Un certain temps, serait-on tenté de répondre… Mais encore ?

Il faut avoir l’humilité de dire que l’on ne sait pas vraiment à ce stade, qu’une partie du « génie évolutif » de la maladie nous échappe encore et que SARS-CoV-2 peut à tout instant modifier son comportement dans un bon ou un mauvais sens, du fait d’une mutation. Des modèles indiquent même que le confinement actuel pourrait ne faire que pousser l’épidémie à rebondir après l’été… Mais ce délai dépendra d’abord de l’adhésion citoyenne aux mesures prises.

Pour s’avancer, disons au mieux dans le courant de l’été – sauf si un traitement efficace intervenait rapidement, ce que les essais cliniques en cours vont nous dire dans les semaines qui viennent. Sa large disponibilité permettrait d’atténuer d’un coup ce qui fait le spectre de cette maladie, à savoir ses formes graves voire mortelles, et de diminuer la charge virale globale en circulation, donnant un coup de pouce significatif et possiblement définitif à la stabilisation du R0 sous le seuil épidémique.

Quoi qu’il advienne, les mesures de distanciation sociale et d’hygiène renforcée devront être maintenues tant que nous ne disposerons pas d’un vaccin, c’est-à-dire pas avant plusieurs mois, sans doute une année. Nous nous y habituerons, l’espèce humaine est résiliente.

Pour terminer, une note personnelle d’espoir, une de tristesse et une d’angoisse.

Espoir et confiance d’abord : la science apportera les solutions à cette crise qui paralyse notre pays, notre continent et la planète. Recherche biomédicale, fondamentale, académique et industrielle, toutes les forces sont mobilisées et globalement financées pour découvrir, tester, valider et développer molécules thérapeutiques et vaccins.

Tristesse pour le rêve européen. L’Europe a raté l’examen du Covid-19. Raté son examen d’entrée dans la crise, sans coordination, avec des replis nationalistes malheureusement attendus. Les pays européens particulièrement touchés garderont cette cicatrice des égoïsmes nationaux. L’Europe semble aussi être en passe de rater son examen de sortie. La nécessité d’une gestion intégrée, sanitaire, scientifique, économique, sociale, de ce moment clé du déconfinement des citoyens européens, ce moment qui porte en lui la somme de tous les dangers et de tous les espoirs, semble devoir être aussi géré à l’aune des égoïsmes nationaux. Que vaudront les milliards d’Euros de la BCE sans une intelligence européenne collective et solidaire ? Le pire n’est pas certain, un miracle est toujours possible, mais que deviendra l’Union Européenne après cette crise ?

Une note d’angoisse enfin. Cette réaction massive, scientifique, médicale, sociale, économique, à la pandémie serait-elle survenue si Covid-19 n’avait pas d’abord touché les pays nantis ? La pandémie se développe lentement mais sûrement sur le Continent africain et dans d’autres régions pauvres de la planète. Faisons tout, dès maintenant, pour que le Sud bénéficie en toute équité des moyens thérapeutiques et des vaccins qui vont être développés. « Frères et solidaires… », n’oublions pas Charles Nicolle.

Philippe Sansonetti

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Pourquoi rouvrir mon lycée le 11 mai m'apporte plus de problèmes que de solutions

16 Avril 2020 , Rédigé par Huffington Post Publié dans #Education

Pourquoi rouvrir mon lycée le 11 mai m'apporte plus de problèmes que de solutions

EXTRAIT

Cette annonce d’un retour progressif à partir du 11 mai m’a, comme de nombreux enseignants, personnels et collègues, pour le moins surpris.

Bertrand Gaufryau

Chef d'établissement de lycée agricole, économiste, militant de la pédagogie, citoyen engagé.

Un peu plus de 36 millions de concitoyens devant la lucarne pour écouter le président de la République! À la fois comme citoyen donc, mais aussi comme chef d’établissement, j’ai écouté avec attention la communication de 27 minutes délivrée en ce lundi de Pâques.

Rentrée progressive donc pour les enfants des crèches, des écoles, mais aussi pour les collégiens, lycéens. Seuls resteront sans face-à-face pédagogique les étudiants, pour lesquels il est probable d’imaginer un suivi, une fin d’année ”à distance”. L’idée qui était en cours était plutôt une réouverture des établissements scolaires en septembre.

Cette annonce d’un retour progressif à partir du 11 mai m’a, comme de nombreux enseignants, personnels et collègues, pour le moins surpris. Le message quant aux nouvelles modalités de délivrance des diplômes laissait à croire que nous ne ferions une rentrée qu’en septembre. J’ai aussi peu goûté le couplet sur les inégalités scolaires et qu’en leur nom, soit justifiée une telle date de retour.

Une reprise dans quelles conditions pour les élèves et les enseignants? Pour les familles?

Il n’était plus urgent d’attendre selon Emmanuel Macron. “En même temps”, il nous est asséné une “vérité vraie” selon laquelle “l’école à la maison” —qui est un abus de langage pour moi, est une réussite, seulement 5 % à 8 % des élèves ayant décroché, et que d’un autre côté, au nom de ces dernières le retour au 11 mai est impérieux! Certes, faire école, c’est apprendre ensemble! Et le retour à l’école à partir du 11 mai, ce sera le réapprendre. Réapprendre, c’est-à-dire susciter, accompagner le désir en redonnant le sens des apprentissages afin de permettre le reanccrochage des savoirs… À partir du 11 mai, ce n’est pas finir l’année, mais travailler à comment préparer la prochaine!...Et autrement. Dans quelles conditions pour les élèves et les enseignants? Pour les familles? Pour tous les acteurs des territoires qui accompagnent aussi la vie des établissements scolaires?…

(...)

Bertrand Gaufryau

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« Les enfants vont perdre deux mois d’école, peut-être plus, est-ce vraiment un drame ? »

16 Avril 2020 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Education

« Les enfants vont perdre deux mois d’école, peut-être plus, est-ce vraiment un drame ? »

Le chercheur en sciences de l’éducation Benoît Urgelli invite à considérer cette période particulière « à l’échelle de toute une scolarité ».

Entretien. Benoît Urgelli est chercheur en sciences de l’éducation à l’université Lyon-II et administrateur de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du Rhône et de la métropole de Lyon. Il revient, après un mois de confinement et d’« école à la maison », sur la « continuité pédagogique ».

Après un mois de confinement, quel bilan peut-on tirer de la « continuité pédagogique » ?

Les familles font de leur mieux, même si elles s’inquiètent beaucoup de la manière dont seront gérées les inégalités, voire les injustices, de l’enseignement à la maison. Certains parents sont en télétravail, d’autres ont des fratries nombreuses ou des enfants en situation de handicap, d’autres encore ont des difficultés à comprendre les attentes des enseignants.

L’autre source d’inquiétude, c’est la perte du lien entre les élèves, en particulier les adolescents, pour qui la socialisation entre pairs est essentielle. De nombreuses familles rapportent que leurs ados se sentent déprimés et ont du mal à se mettre au travail – y compris parce que les attentes des enseignants sont très diverses et pas toujours bien coordonnées. Cela semble mettre en difficulté beaucoup de jeunes.

(...)

Alors que s’amorce la cinquième semaine de confinement, ne faudrait-il pas commencer à décélérer sur l’école à distance, et acter l’« année particulière » ?

Les parents commencent à se demander, en effet, si l’on ne pourrait pas acter ce fait. Les enfants pourraient repartir sereinement de là où ils en étaient avant la fermeture des classes. Cela permettrait de s’assurer que les connaissances et les compétences ont été, a minima, consolidées pour tous. Pour de nombreux enseignants, en primaire en tout cas, l’avancement dans le programme passera après.

A titre personnel, je pense qu’il faut l’accepter : les enfants perdront deux mois d’école, peut-être plus… Mais est-ce vraiment un drame, à l’échelle de toute leur scolarité ? Nous pouvons faire confiance aux professeurs pour reprendre les choses calmement, en s’adaptant à tout le monde. Mais aussi pour revenir sur ce que les élèves auront appris chez leurs parents, peut-être avec d’autres méthodes.

(...)

Propos recueillis par

L'entretien complet est à lire en cliquant ci-dessous

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L'Ecole d'après : Najat Vallaud-Belkacem : La mixité scolaire et l’égalité des chances doivent redevenir des sujets prioritaires

16 Avril 2020 , Rédigé par Le Café Pédagogique Publié dans #Education

L'Ecole d'après : Najat Vallaud-Belkacem : La mixité scolaire et l’égalité des chances doivent redevenir des sujets prioritaires

EXTRAITS

" On ne peut pas saluer les travailleurs de l’ombre qui nous sauvent aujourd’hui et ne pas permettre demain à leurs enfants d’obtenir de vraies chances de réussite dans le système scolaire". Ministre de l'éducation nationale de 2014 à 2017, Najat Vallaud-Belkacem revient dans cet entretien sur le terrain scolaire. Elle réagit à la question posée par la continuité pédagogique durant la crise sanitaire. Cette fameuse continuité pédagogique, indispensable pour la bonne marche du pays a-t-elle fonctionné ? Mais surtout, comment à l’aune de cette expérience massive, inédite, apprendre nous même pour les crises futures ? Elle regrette notamment l'arrêt du plan d'équipement numérique lancé en 2016 et rappelle la création de postes dans le service public d'éducation entre 2012 et 2017.

Depuis 3 semaines les écoles et établissements sont fermés. Quel regard jetez-vous sur la réaction des enseignants et du système éducatif après ces fermetures ?

J’ai admiré la capacité des personnels de l’Éducation Nationale, au premier chef les enseignants, mais aussi le CNED et CANOPE par exemple, à s’adapter à la nouvelle donne avec beaucoup d’engagement et d’inventivité. Cette réussite est d’autant plus remarquable que rien ne les avait préparés  à un tel scénario difficilement envisageable.

Par contre, le pilotage national n’a pas toujours été à la hauteur des enjeux, en donnant souvent des consignes contradictoires d’un jour à l’autre et en manquant cruellement de mesures collectives de soutien aux enseignants.

L’immense promesse de la continuité pédagogique a laissé sans « manuel de transition » les enseignants, les parents, les élèves. Quel est le nouveau rôle de chacun, quels sont les outils, quels sont surtout les objectifs pédagogiques de cette période : maintenir au chaud des acquis et les faire mieux s’ancrer par une pratique répétitive ? apprendre de nouvelles notions et donc poursuivre le programme scolaire avec un véritable enseignement à distance ? continuer à mesurer et évaluer les connaissances avec des devoirs à la maison, des tests, examens blancs ? apprendre à s’auto-former ? …

C’est cette question des objectifs pédagogiques qui seule peut définir une méthode pédagogique et une évaluation de l’atteinte de ces objectifs. Tout le reste, c’est à dire l’organisation et les outils de la bascule auraient dû s’aligner. Or cette étape a manqué : urgence et précipitation dans la bascule ont conduit à un immense espace pédagogique désordonné, aux injonctions toutes plus contradictoires les unes que les autres.

(...)

La "continuité pédagogique" a terriblement creusé les inégalités entre les établissements, les classes, les élèves. Sonne-t-elle la fin d'un système ?

La continuité pédagogique a été pensée exclusivement avec le prisme du numérique. Or comment ignorer l’existence d’une fracture numérique des familles et des territoires, d’un illectronisme parmi les élèves et certainement de compétences numériques manquantes parmi les enseignants ? Sans parler des inégalités de moyens entre collectivités…Il faut en effet le rappeler, dans la répartition historique des compétences depuis la décentralisation, les collectivités financent les bâtiments scolaires et  l’équipement pédagogique, l’équipement numérique et les logiciels, dont les fameux ENT - espaces numériques de travail.

Le point de départ est donc totalement faussé en raison de ces inégalités de moyens. Dans l’improvisation des premiers jours, on a même pu voir des familles se déplacer dans les écoles chercher des photocopies au risque de la contamination au Covid 19. Dans les jours qui ont suivi heureusement, un partenariat avec la Poste redonnant un rôle de messager et de courroie au facteur s’est tissé.

Alors le moins qu'on puisse dire au regard de ces réalités, c’est que ce taux de 5 à 8% d’élèves injoignables/intouchables/déconnectés pose question : ce chiffre a été donné au doigt mouillé, l’indicateur n’est pas défini. Empiriquement il semble totalement faux. 3 millions de jeunes vivent dans des familles sous le seuil de pauvreté ; sur 12,6 millions d’élèves on peut faire l’hypothèse que la continuité pédagogique n’est pas assurée correctement (partiellement ou pas du tout) pour 25% des élèves…que vaut la continuité pédagogique quand la famille vit dans la même pièce, qu’il est impossible de faire silence, que le matériel est absent (un ordinateur, une tablette pour chaque apprenant) ?

C’est donc bien la politique d’équipement individuelle qui est la première remédiation de ces inégalités. En stoppant brutalement le Plan Numérique pour l’Éducation  que nous avions lancé en 2016 (un investissement programmé de 1 milliard d’euros sur 5 ans dans les ressources, la formation des enseignants et l’équipement), l’actuel gouvernement a délibérément tourné le dos à un objectif de plus grande justice. L’accélération des injustices n’est que plus forte quand l’École ne peut plus accueillir ses élèves. Derrière son écran, dans son foyer familial, les inégalités éclatent et se payent au prix fort : arrêt brutal des apprentissages, décrochage, humiliation supplémentaire des parents…

(...)

S’il fallait prioriser donc, je dirai que face à une telle crise et aux prochaines qui conduiraient de nouveau au confinement, l’essentiel est de s’assurer que les enfants soient à l’abri du virus et du risque de le transmettre et qu’ils comprennent et s’approprient les comportements sanitaires exemplaires. Qu’ensuite ils aient de quoi manger et soient en sécurité chez eux, ce qui n’est malheureusement pas une évidence pour tous. Enfin que cette longue absence de l’école ne nuise pas à leur capacité d’apprentissage.

Si on reprend ces trois points, et sans revenir sur la dimension numérique que j’évoquais plus haut,  je crois que ce qui préparera le mieux les enfants aux prochains scénaris de la sorte, si nous devions en vivre d’autres, c’est:

D’abord une véritable éducation aux enjeux du temps présent : Santé en l’occurrence - et c’est l’objet du Parcours éducatif de santé que nous avions introduit en 2015- mais aussi Développement durable – et j’entends encore les ricanements de ceux qui estimaient que ce n’était pas le rôle de l’école que de se consacrer à des sujets comme ceux là- et plus généralement Education à l’information car on voit la place prise dans nos univers par des fake news qui peuvent s’avérer dramatiques sur tous ces sujets – et c’était précisément l’objet de l’Education aux médias et à l’information que nous avons installée en 2016- …

Ensuite une véritable prise en considération par nos politiques publiques de la pauvreté et plus globalement de l’insécurité dans lesquelles vivent un trop grand nombre d’enfants chez eux (certaines municipalités ont récemment décidé d’envoyer aux familles les plus modestes le montant du repas de cantine qui était fourni aux élèves en temps normal, sous forme de coupon alimentaire et c’est une très bonne chose qu’il faudra par exemple graver dans le marbre à l’avenir);

Enfin que les enseignements qui continuent d’être prodigués par les professeurs  dans le cadre de la fameuse continuité pédagogique soient adaptés  aux conditions de travail  (les enfants comme les adultes ont une moindre capacité de concentration qu’en temps normal) et au fait qu’une partie de élèves n’a que peu ou pas accès  à des outils informatiques. En d’autres termes, que l’essentiel de cette continuité pédagogique doit être d’entretenir les acquis des élèves mais qu’il faudra prévoir de revenir avec eux physiquement sur les nouvelles notions. Car rien ne remplace jamais un professeur en chair et en os.

Propos recueillis par François Jarraud

L'entretien complet est à lire en cliquant ci-dessous

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