Nos pas dans le sable...
Coup de coeur... Jean Cocteau...
La poésie est une religion sans espoir. Le poète s'y épuise en sachant que le chef d'oeuvre n'est, après tout, qu'un numéro de chien savant sur une terre peu solide.
Bien sûr, il se console sous prétexte que l'oeuvre participe à quelque mystère plus solide. Mais cet espoir vient de ce que tout homme est une nuit (abrite une nuit), que le travail de l'artiste sera de mettre cette nuit en plein jour, et que cette nuit séculaire procure à l'homme, si limité, une rallonge d'illimité qui le soulage. L'homme devient alors pareil à un paralytique endormi, rêvant qu'il marche.
La poésie est une morale. J'appelle une morale un comportement secret, une discipline construite et conduite selon les attitudes d'un homme refusant l'impératif catégorique, impératif qui fausse des mécanismes.
Cette morale particulière peut paraître l'immoralité même au regard de ceux qui se mentent ou qui vivent à la débandade, de sorte que notre vérité leur deviendra mensonge.
C'est en vertu de ce principe que j'ai écrit : Genet est un moraliste et «Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité», phrase dont les ânes firent leur herbe tendre. Ils s'y roulent. Cette phrase signifiait que l'homme est socialement un mensonge. Le poète s'efforce de combattre le mensonge social surtout lorsqu'il se ligue contre sa vérité singulière et l'accuse de mensonge.
Jean Cocteau - Journal d'un inconnu
Suicide d’une directrice d’école : les profs pénalisés pour lui avoir rendu hommage...
Le SnuiPP 93 dénonce la retenue sur salaires pour les enseignants présents le 3 octobre devant le rectorat de Bobigny, pour manifester leur soutien après la mort de leur collègue Christine Renon. Interrogé, le ministère n’a pour l’instant pas réagi.
C’était le 3 octobre. Une foule compacte était rassemblée devant les bureaux du rectorat de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour rendre hommage à Christine Renon, cette directrice d’école de Pantin qui s’est donné la mort trois semaines après la rentrée. Il y avait beaucoup d’émotion cet après-midi-là, des silences aussi. Les enseignants présents racontaient la même chose : cette impression de connaître Christine Renon sans l’avoir côtoyée, tellement ils s’identifient et se reconnaissent dans ses mots. Cette lettre d’adieu où elle décrit les difficultés du métier, a bouleversé l’ensemble de la profession. Ils étaient là aussi pour que leur institution sache. Qu’elle mesure l’état d’épuisement de la profession. Le rassemblement se passait sous les fenêtres du rectorat, où se déroulait une réunion extraordinaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), à la demande des syndicats, pour que le suicide de cette directrice soit reconnu comme lié au travail.
Marie-Hélène Plard, cosecrétaire du SnuiPP 93 (principal syndicat du primaire), n’en revient pas : «L’institution n’a toujours pas entendu. Elle continue de nous mépriser.» La sidération s’est produite en ouvrant la paye de janvier : les enseignants présents lors de ce rassemblement se sont vu décompter une journée de salaire pour ce fameux 3 octobre… «Un préavis de grève avait été déposé ce jour-là pour permettre aux professeurs de se rendre au rassemblement, par la FSU qui avait expressément demandé au ministère de ne pas retenir une journée de salaire», rappelle Marie-Hélène Plard. Maladresse ? Interrogé, le ministère n’a pour l’instant pas répondu à nos sollicitations. Marie-Hélène Plard n’y croit pas un instant : «On ne peut même pas se raccrocher à cette hypothèse. Si cela avait été fait de façon automatique, le jour aurait été décompté sur la paye de novembre ou décembre. Pas en janvier.»
«Tant pis pour vous»
Elle en perd les mots. «C’était le dernier truc. Le seul geste de reconnaissance que l’on aurait pu attendre. Mais non, le ministère continue de nous mépriser. Il n’a rien entendu. Ni le message de Christine Renon, ni celui de l’ensemble de la profession qui a suivi. Rien.» Elle assure que le questionnaire envoyé à tous les directeurs d’école après le drame, pour évaluer leurs conditions de travail, «n’a servi à rien. Ils n’ont rien produit avec, si ce n’est accorder cette journée de décharge et encore, il fallait la prendre entre novembre et décembre. Ceux qui n’ont pas pu à ces dates-là se sont entendu répondre : "trop tard, tant pis pour vous"».
Vendredi en début d’après-midi, le SnuiPP 93 envoyait cette précision : «Même les collègues de la ville de Pantin, où exerçait Christine Renon, se sont vu retirer la journée du 3 octobre.»
Marie Piquemal
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Suicide d'une directrice d'école : les profs pénalisés pour lui avoir rendu hommage
Le SnuiPP 93 dénonce la retenue sur salaires pour les enseignants présents le 3 octobre devant le rectorat de Bobigny, pour manifester leur soutien après la mort de leur collègue Christine Reno...
Le comité de suivi de la réforme tacle le pusillanime Blanquer... Par Claude Lelièvre...
«La formule hybride des E3C est contraire à l'esprit de la simplification de la réforme du bac» vient de déclarer le comité de suivi de la réforme. Bien vu, mais bien tard. Et il va proposer des «ajustements» pour accomplir «l'esprit de la réforme» ou pour permettre à Blanquer de tergiverser encore?
En commentaire, je me contenterai de republier in extenso le billet mis sur Mediapart il y a cinq mois, le 27 août 2019. intitulé: "On va voir enfin que Blanquer n'a pas simplifié le baccalauréat". Juste pour voir...
''Des épreuves vont être programmées dès cette année scolaire en première; et on va voir concrètement qu'au lieu d'une «simplification» on a une usine à gaz «éprouvante», notamment parce que Blanquer n'a pas osé aller jusqu'au bout de la logique de contrôle continu annoncée par Macron.
Dès cette année scolaire, en classe de première, il y aura - en outre des épreuves de français qui auront lieu comme d'habitude en juin - la passation d'''épreuves communes de contrôle continu''.
Elles concerneront l'histoire-géographie, la langue vivante A, la langue vivante B, l'enseignement scientifique (pour ce qui concerne la voie générale) ou les mathématiques (pour ce qui concerne la voie technologique). Avec en outre l'éducation physique et les enseignements de spécialité (ceux qui auront été suivis uniquement pendant la classe de première). Excusez du peu...
Il est indiqué dans la circulaire définissant les épreuves de contrôle continu publiée au BO du 25 juillet dernier que "la note obtenue pour chacun de ces enseignements est constituée de la moyenne des notes obtenues lors des différentes épreuves communes , quel que soit leur nombre". On apprend ainsi qu'il est fort possible qu'il n'y ait pas une seule ''épreuve commune" par matière, mais plusieurs (à la discrétion sans doute de chaque établissement...)
Ce n'est pas du tout ce qui avait été envisagé et annoncé par Emmanuel Macron au cours de la campagne de l'élection présidentielle. On ne saurait trop le rappeler (d'autant que c'est généralement laissé dans l'ombre). Lors d'une interview parue dans « L'Etudiant » le 30 mars 2017,"Emmanuel Macron avait été très clair : « Nous faisons confiance au contrôle continu et au jugement des professeurs pour l'entrée dans les formations sélectives (écoles préparatoires aux grandes écoles, sections de techniciens supérieurs, IUT, écoles post-bacs). Pourquoi en seraient-ils incapables pour le baccalauréat? ». Il s'agissait bien du ''contrôle continu'' entendu comme l'ensemble des évaluations ordinaires faites au fil des années (en première et terminale) présentes dans les dossiers des postulants examinés. Et on se souvient de sa conclusion : « Je souhaite donc simplifier le baccalauréat. Quatre matières seront passées en contrôle terminal, les autres seront validées en contrôle continu ».
Il s'agissait donc de mettre en oeuvre pour une partie du baccalauréat ce qui est mis en oeuvre depuis longtemps par les professeurs du secondaire lorsqu'ils ont à choisir les élèves qui pourront venir dans leurs classes préparatoires ou leurs STS. Ces professeurs font leur choix sur la base de dossiers ''maison'', à partir des notes et appréciations ordinaires obtenues en première et terminale par les candidats dans leurs établissements respectifs; et en toute connaissance de cause (le baccalauréat restant à obtenir comme condition certes nécessaire mais non suffisante pour être sélectionné). Sur la base d'un ''vrai contrôle continu'' donc.
Ce ''vrai contrôle continu'' a été retenu pour une part (10% de l'évaluation totale) par Jean-Michel Blanquer. La circulaire du 25 juillet dernier précise pour la classe de première que la note de ce "contrôle continu est constituée de la moyenne des moyennes annuelles des enseignements (obligatoires ou optionnels) suivis par l'élève, attribuées par ses enseignants habituels en classe de première (coefficient 5)''. Il est indiqué aussi que cette note "ne prend pas en compte les notes obtenues par l'élève au titre des épreuves communes de contrôle continu". Il doit être clair que les enseignants devront continuer à faire les évaluations habituelles en sus des "épreuves communes de contrôle continu''
Le ''vrai contrôle continu'' ( le contrôle continu traditionnel) ne compte que pour 10% dans l'évaluation totale du baccalauréat, alors que les "épreuves communes du contrôle continu'' ( le nouveau contrôle continu) comptent pour 30%.
La circulaire du 25 juillet indique que "les chefs d'établissement déterminent les modalités des épreuves communes de contrôle continu [...]. L'organisation de ces épreuves se fait, dans la mesure du possible, dans le cadre des emplois du temps normaux des élèves. Il est conseillé d'éviter la banalisation d'un ou plusieurs jours pour l'organisation des épreuves. En fonction de enseignements concernés, les épreuves peuvent être organisées à des moments différents (jours,semaines). Plusieurs établissements peuvent organiser tout ou partie de ces épreuves". II est précisé que les épreuves écrites "sont corrigées sous couvert de l'anonymat'' et que les épreuves orales sont évaluées par un enseignant qui n'enseigne pas pendant l'année en cours à l'élève examiné .
Contrairement à sa légende (selon laquelle il serait ''droit dans ses bottes'') Jean-Michel Blanquer a été pusillanime: il n' a pas assuré une simplification du baccalauréat (bien au contraire) qui passait par un ''vrai contrôle continu'' (sans épreuves ad hoc); et il n' a pas non plus réassuré (bien au contraire aussi) la continuité d'un baccalauréat n'ayant pas des aspects ''maison''. Il n'est donc pas étonnant que sa réforme soit mise en cause d'un ''côté'' ou de l'autre; et parfois même des deux (à l'instar du SNES qui lui reproche à la fois de faire la part belle aux aspects ''maison'' et d'être une ''usine à gaz'' compliquant la passation du baccalauréat au lieu de la simplifier)..''
Claude Lelièvre
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Le comité de suivi de la réforme tacle le pusillanime Blanquer
"La formule hybride des E3C est contraire à l'esprit de la simplification de la réforme du bac" vient de déclarer le comité de suivi de la réforme. Bien vu, mais bien tard. Et il va proposer d...
Revue de Presse Education... Malaise enseignant - Bac - Divers...
L’actualité éducative concerne essentiellement le malaise enseignant et les épreuves de contrôle continu du nouveau bac. Quelques informations diverses mais intéressantes en vrac : les écrans, l’histoire, l’égalité fille-garçon, la recherche, l’inclusion.
Malaise enseignant
Le malaise enseignant s’accentue et se fait de plus en plus sentir. Dans les médias, c’est chez les directeurs d’école, la réforme des retraites et les chiffres d’inscription aux concours qu’on le mesure.
Un dossier dans Le Monde, malheureusement réservé aux abonnés, sur les directeurs d’école.
Malaise chez les directeurs d’école : « On perd le fil entre l’essentiel et ce qui ne l’est pas »
« Depuis les années 1970, les directeurs d’école ont connu un empilement de missions nouvelles. Des enseignants qui exercent ou ont exercé cette place racontent les transformations du métier. » (abonnés)
Directeurs d’école : créer un statut spécifique ne fait pas consensus chez les syndicats
« A l’issue d’une réunion multilatérale au ministère de l’éducation, les syndicats enseignants espéraient des réponses concrètes sur la charge de travail des directeurs d’école. »
LES DESSOUS DU TRAQUENARD TENDU AUX ENSEIGNANTS
« C’était juré, craché : la loi sur les retraites s’engagerait sur une future loi de programmation, garantissant aux enseignants des pensions acceptables. « Anticonstitutionnel », a pointé le Conseil d’État, faisant aussitôt voler en éclats cette opération d’enfumage. »
Concours enseignants, où sont passés les candidats ?
« L’édition 2020 des concours enseignants fait plus que confirmer le manque d’attractivité du métier. Le nombre d’inscrits au Capes recule de 7,8 %, tandis que la chute frôle les 20 % dans la voie professionnelle. »
Bac
Les nouvelles épreuves du bac en contrôle continu ne se passent pas bien. Des incidents sont relevés un peu partout en France. Entre autres :
Épreuves du nouveau bac : plusieurs établissements perturbés dans l’Ouest
« Plusieurs épreuves de contrôle continu du nouveau baccalauréat ont été perturbées cette semaine dans des lycées de l’Ouest, comme à Rennes ou à Nantes, a-t-on appris de sources concordantes. »
Epreuves anticipées du bac : les lycéens de Seine-Saint-Denis montent le ton
« Trois épreuves anticipées du baccalauréat ont été reportées et au moins 5 blocus organisés devant des établissements du département. »
Les chefs d’établissement réagissent par le biais de leur syndicat majoritaire :
« Les nouvelles épreuves doivent être mises en œuvre, quoi qu’il arrive »
INTERVIEW. « Florence Delannoy est secrétaire adjointe du SNPDEN, le syndicat des chefs d’établissement, en première ligne face aux blocages dans les lycées. »
Divers
Enseignement et recherche sont inséparables
« Les politiques publiques françaises concentrent les moyens de recherche sur quelques “sites”, aux dépens de régions entières, creusant les inégalités entre universités dites “d’élite” ou “de masse”. Mais de nombreux travaux empiriques démontrent l’inefficacité d’une telle concentration des moyens. »
L’histoire à l’heure des fake news
L’historienne américaine Lynn Hunt revient sur l’importance de l’histoire et sur la façon dont la discipline procède pour établir la vérité.
« L’American Historical Association est la principale association professionnelle des historiens américains. Il n’est donc guère étonnant que l’une de ses anciennes présidentes, la spécialiste de la Révolution française Lynn Hunt, aujourd’hui professeure émérite à UCLA, se soit attelée à la rédaction de l’essai L’Histoire. Pourquoi elle nous concerne. Publié en 2018 aux Etats-Unis, dans le contexte que l’on connaît, le livre vient d’être traduit en français par les éditions Markus Haller. »
Elles se battent pour leurs droits !
« Lors de la Journée des présidents qui se déroulait samedi 25 janvier 2020 à l’Assemblée nationale, une partie de l’après-midi a été consacrée à un débat entre 5 jeunes filles engagées et les présidents départementaux de la FCPE. Petit retour sur ces échanges.
« On a 5 ans, nos mères viennent de nous dire d’enfiler un sweat parce qu’un homme passera bientôt à la maison, il faut que l’on se couvre. On a 7 ans, des garçons n’arrêtent pas de nous courir après dans la cour de récréation et nous jettent des pierres, on est vexées. Nos meilleures copines nous rassurent “Mais les filles, ils vous aiment bien ! Vous savez les garçons ils sont méchants avec les filles qu’ils apprécient”. »
« L’école française se contente d’offrir un strapontin aux élèves handicapés »
« INTERVIEW Dans « L’effet Louise », Caroline Boudet raconte toutes les étapes de son combat pour que sa fille, porteuse de trisomie 21, trouve sa place à l’école de la République »
Dossier de Libération sur les écrans
« Enfants et écrans : « Les adultes sont face à des injonctions contradictoires »
Le sociologue Claude Martin dénonce les multiples pressions subies par les parents et une forme de mépris de classe véhiculé par les critiques de l’utilisation prolongée des écrans. »
Bon sens, par Alexandra Schwartzbrod
« Que celui ou celle qui n’a jamais collé ses enfants devant un écran pour avoir quelques minutes de paix nous jette la première basket. Le rôle de parent étant l’un des plus difficiles qui soient, ne comptez pas sur nous pour pousser des hauts cris et culpabiliser des pères et des mères qui croulent déjà sous les injonctions contradictoires. Le décryptage que nous publions ce mercredi à l’occasion de la sortie d’une très sérieuse étude scientifique sur l’impact des écrans sur la santé des enfants n’a pas pour but d’affirmer que les jeunes d’aujourd’hui sont, en fonction du temps passé devant les écrans, des gros crétins ou des petits malins (ou l’inverse). Non, il s’agit juste de rappeler qu’à chaque époque sa diabolisation et qu’une règle prime par-dessus tout : le bon sens ».
Géraldine Duboz
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Revue de presse du jeudi 30 janvier
L'actualité éducative concerne essentiellement le malaise enseignant et les épreuves de contrôle continu du nouveau bac. Quelques informations diverses mais intéressantes en vrac : les écrans...
https://www.cahiers-pedagogiques.com/Revue-de-presse-du-jeudi-30-janvier
Coup de coeur... Elsa Morante...
Les réformes s’enchaînent, la précarité des jeunes s'accroît...
Les jeunes ayant 20 ans aujourd’hui compteront parmi les grands perdants d'un système de retraite à points qui aura pour conséquence de baisser leurs pensions et de figer encore davantage les destinées.
Dans un contexte de réformes successives dégradant de manière rapide et brutale l’Etat social et les services publics (réduction de 5 euros par mois des APL en 2017, mise en place de Parcoursup en 2018, nouvelles règles de l’assurance chômage en 2019, augmentation des frais d’inscription pour les étudiant·e·s étranger·e·s à l’université en 2019, réforme des retraites prévues pour 2020, etc.), nous alertons des effets de ces choix politiques sur les conditions de vie des jeunes en France, et notamment de celles et ceux issu·es des milieux les plus modestes. Nous ne pouvons rester silencieux·ses face à l’affaiblissement des droits et protections sociales au regard du contexte actuel de précarisation du travail et du marché de l’emploi, qui touche plus particulièrement les jeunes.
En 2017, le taux de chômage des 15-29 ans s’élevait à 17% (contre 9,4% pour l’ensemble de la population). Pour les non diplômé·es, ce taux monte jusqu’à 39,2%. Les jeunes sont de plus en plus confronté·es à la difficulté de trouver un emploi pérenne. Leurs parcours sont marqués par des allers et retours entre des situations d’activité salariée faiblement rémunérée, des périodes d’auto-entreprenariat, des temps partiels subis et des périodes de chômage. Auparavant, les vingt-cinq meilleures dernières années étaient prises en compte dans le calcul des retraites pour ceux du secteur privé et ceux contractuels de la fonction publique, et les six derniers mois pour les fonctionnaires. La réforme des retraites à points va prendre en compte l’ensemble de la carrière du salarié pour les générations nées après 1974, et instaurer un système de malus conduisant à des départs en retraite (pour une retraite sans décote) de plus en plus tardifs. Les jeunes ayant 20 ans aujourd’hui partiront probablement en retraite à 67 ans. Ces générations compteront parmi les grandes perdantes d’un système qui aura pour conséquence de baisser leurs pensions de retraite, d’imposer un temps de travail plus long et de pousser les jeunes à accepter des emplois de plus en plus précaires et faiblement rémunérés pour obtenir quelques points de retraite.
Dépendance familiale
Une autre réforme, celle concernant l’attribution des allocations-chômage, conduit d’ores et déjà à des conséquences graves pour les jeunes. Alors qu’un·e chômeur·euse pouvait prétendre à une allocation après avoir travaillé pendant quatre mois, il ou elle lui faut à présent six mois de contrat. Or, l’on sait que les contrats courts sont plus fréquents chez les jeunes. De plus, les indemnisations ne seront plus calculées à partir du nombre de jours travaillés effectifs, mais à partir d’une moyenne calculée sur l’ensemble des jours de la semaine de la période travaillée. Ce qui signifie concrètement une baisse importante des allocations. Les jeunes, et notamment celles et ceux les plus précaires, connaîtront une augmentation du temps de cotisation et une baisse du montant de leur allocation, les confrontant ainsi à une situation de pauvreté grandissante et à un prolongement de la dépendance familiale.
Concernant les APL, elles ont été diminuées de 5 euros par mois en 2017. Cela, ajouté aux effets potentiellement négatifs de la contemporanéité des APL (réévaluation des aides sur la situation actuelle, et non à n-2 comme c’était le cas jusqu’ici) et à l’exclusion des moins de 25 ans sans enfant du RSA, précarise l’existence quotidienne des jeunes.
Renforcer les inégalités
Ces politiques sociales s’inscrivent dans un contexte global de fragmentation territoriale et sociale des parcours des jeunes, de la maternelle à l’université, avec des réformes conduisant à renforcer les inégalités, à figer encore davantage les destinées. L’ensemble des politiques sociales évoquées est justifié par la nécessité de faire des économies sur le budget de l’Etat, alors que vient d’être annoncée l’attribution de plus d’un milliard d’euros par an pour la généralisation du service national universel (SNU), soit deux semaines d’encadrement militaire qui ne répondront pas aux inégalités sociales, économiques, territoriales rencontrées par les jeunes.
Ainsi, ce sont différents pans de soutiens à l’entrée dans l’âge adulte qui sont attaqués et qui vont fortement dégrader les conditions de vie des jeunes et renforcer les inégalités entre eux. Ce programme de destruction des droits sociaux se réalise de manière accélérée et dans une certaine indifférence.
Les politiques menées par ce gouvernement, au premier rang desquelles le projet de réforme des retraites, ne visent qu’à ancrer la précarité vécue par les jeunes lors de leurs premiers emplois et ne conduiront, à terme, qu’à accroître les inégalités entre jeunes et entre générations.
Signataires : Yaëlle Amsellem-Mainguy, Valérie Becquet, Julie Couronné, Aden Gaide, Isabelle Lacroix, Laurent Lardeux, Patricia Loncle, Emmanuelle Maunaye, Paolo Stuppia, David Sudre, Guillaume Teillet, Benjamin Vial, Arthur Vuattoux, sociologues, membres de l’Association française de sociologie.
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Les réformes s'enchaînent, la précarité des jeunes s'accroît
Les jeunes ayant 20 ans aujourd'hui compteront parmi les grands perdants d'un système de retraite à points qui aura pour conséquence de baisser leurs pensions et de figer encore davantage les ...
Revue de Presse Education... Vision et réel — Laïcité — Supérieur — Colloque...
Ce jour est un grand jour, nous apprenons que notre ministre a une vision pour 2049, et que nos élèves sont particulièrement laïques.
Vision et réel
Jean-Michel Blanquer donne sa vision de l’école du futur Par Louis Morice et Gurvan Le Guellec
“A quoi ressemblera l’enseignement en 2049 ? L’intelligence artificielle aura-t-elle remplacé les enseignants ? A l’occasion de la rencontre autour de l’école en 2049, organisée ce mercredi 29 janvier à Clermont-Ferrand, le ministre de l’Eduction nationale, Jean-Michel Blanquer, qui vient de publier « Quelle école voulons-nous », présente à « l’Obs » sa vision de l’enseignement de demain.”
Entretien « Les gouvernements ont abandonné la lutte contre les inégalités » Bernard Lahire professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure de Lyon
"Auteur de très nombreux ouvrages, le sociologue et professeur à l’ENS de Lyon (Centre Max Weber) Bernard Lahire a dirigé une grande enquête, intitulée « Enfances de classe. De l’inégalité parmi les enfants » (Ed. Le Seuil, 2019). Un collectif de 17 chercheurs a ainsi rencontré 35 enfants âgés de 5 à 6 ans et leur entourage familial, dans plusieurs villes de France, entre 2014 et 2018. Les résultats mettent au jour, à partir de portraits sociologiques d’enfants de différents milieux, la réalité concrète des distances sociales, la genèse des inégalités et les mécanismes à l’œuvre dès le plus jeune âge à l’origine de leur reproduction."
Laïcité
Laïcité : Des valeurs largement portées par les jeunes selon une enquête du Cnesco
“Les enseignants sont-ils toujours les "hussards noirs" de la République laïque ? Et l’Ecole a-t-elle encore besoin de tels hussards ? L’enquête réalisée par le Cnesco apporte de bonnes nouvelles. Contrairement aux "agitateurs d’angoisse" sur la laïcité, les élèves partagent à 90% les valeurs de la laïcité et les enseignants à 100%. Et l’enquête prouve que c’est le résultat du travail effectué par les enseignants. Le problème de l’Ecole française est plutôt dans la préparation des jeunes à vivre dans une société pluriculturelle. Le Cnesco demande une évolution de l’éducation civique vers une ouverture au vivre ensemble religieux. Prenant à contre pied les propos alarmistes du ministre et d’un lobby influent au ministère depuis le rapport Obin, cette enquête ne manquera pas de susciter le débat.”
Les élèves Français « font un peu figure de champions de la laïcité » Par Mattea Battaglia
“Une enquête menée auprès de 16 000 collégiens et lycéens, de 3e et de terminale, montre leur adhésion, massive, au principe de laïcité.”
“Sur le podium des « sujets sensibles » en matière d’éducation, la laïcité – sa compréhension, son application – brigue les toutes premières places. La récente passe d’armes entre le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, et la fédération de parents FCPE, qui a choisi de faire figurer sur une affiche de campagne, à l’automne 2019, une mère voilée, en a fourni l’illustration la plus récente, créant la polémique jusqu’à l’Assemblée nationale.”
Pourquoi l’école française est-elle une si bonne élève en matière de laïcité ?
“Une étude du Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco) montre que la grande majorité des élèves connaissent les grands principes de la laïcité et les respectent.”
“Et si c’était l’une des grandes réussites de l’école française ? Selon une étude du Centre national d’étude des systèmes scolaires ( Cnesco) parue ce mercredi, une écrasante majorité d’élèves du secondaire adhère aux principes fondamentaux de la laïcité. Ainsi, plus de 90 % d’entre eux considèrent qu’il est important que les élèves soient tolérants entre eux, même s’ils n’ont pas les mêmes croyances.”
Les élèves français très attachés à la laïcité, mais des disparités selon les établissements par Sonia Princet , Louis-Valentin Lopez
“Pour 8 élèves français sur 10, les règles de vie religieuses ne doivent pas primer sur les lois de la République, rapporte une enquête publiée ce mercredi. L’étude souligne ceci dit des écarts selon le type d’établissement, et réaffirme dans ce sens le rôle déterminant de l’enseignement moral et civique.”
Supérieur
Frédérique Vidal : « Certains bachelors auront le grade licence dès cette année » Par Wally Bordas
“La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, assure que les bachelors seront évalués avec « rigueur » et de manière régulière.
Cela faisait plusieurs années que la question était sur le feu. Frédérique Vidal a tranché : les bachelors reconnus par l’État pourront désormais obtenir le grade de licence. Un changement de taille pour les écoles et leurs élèves. Quels prérequis devront avoir ces cursus en trois ans pour obtenir le grade ? Les passerelles avec l’université seront-elles facilitées ? La ministre de l’Enseignement supérieur a répondu aux questions du Figaro Étudiant.”
Colloque
Politiques et territoires en éducation et formation, Enjeux, débats, perspectives
Publié le mardi 28 janvier 2020 par Anastasia Giardinelli
Résumé : “Le colloque a pour objectif de réfléchir aux rapports entre les politiques d’éducation et de formation et les territoires à partir de trois axes : 1) la mise en œuvre et la réception des politiques dans les territoires ; 2) le questionnement portant sur le changement de nom de la section « sciences de l’éducation » en « sciences de l’éducation et de la formation » et enfin 3) le territoire compris comme un ensemble structuré d’espaces de cheminement. Les trois axes sont ouverts aux réflexions philosophiques, épistémologiques, éducatives, communicationnelles et socio-politiques sur la manière d’aborder les liens entre politiques et territoires, entre éducation et formation.”
Bernard Desclaux
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Revue de presse du mercredi 29 janvier 2020
Ce jour est un grand jour, nous apprenons que notre ministre a une vision pour 2049, et que nos élèves sont particulièrement laïques. Jean-Michel Blanquer donne sa vision de l'école du futur P...
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