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Vivement l'Ecole!

Chers amis... Bonnes fêtes à toutes et tous!

23 Décembre 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Divers

Chers amis... Bonnes fêtes à toutes et tous!

Chers amis,

le blog prend ses quartiers de Noël...

Donc va vivre au ralenti jusqu'au 6 janvier...

Bonnes fêtes à toutes et tous!

Faites beaucoup de "gentilles bêtises". Cela permet de conserver son âme d'enfant...

CC

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Nous refusons le démantèlement de Canopé ! (Plus pétition)

22 Décembre 2019 , Rédigé par Les Cahiers Pedagogiques Publié dans #Education

Nous refusons le démantèlement de Canopé ! (Plus pétition)

Les représentants du personnel de Canopé ont appris subitement mercredi 18 décembre en conseil d’administration la restructuration complète du Réseau d’ici 2021.

Nous avons appris qu’avait été annoncé, lors du conseil d’administration du 18 décembre dernier, le démantèlement du réseau Canopé, la fin des publications papier (revues et livres) et le rattachement des ateliers Canopé aux rectorats à partir de 2021.

Nous ne pouvons que nous indigner de cette décision qu’on veut encore croire non irréversible.

Le CRAP-Cahiers pédagogiques a un très long passé de compagnonnage avec ce qui a été autrefois le CNDP, puis le Scéren. Dans les années récentes, nous avons été partenaires pour de nombreux ouvrages, dans le cadre de la collection Repères pour agir et plus récemment dans la nouvelle série Bien débuter. Il nous arrive souvent d’organiser ensemble des événements, ou de participer à ceux-ci, à Paris comme en régions. Nous faisons régulièrement connaitre les publications de Canopé.

La profonde réorganisation de Canopé est encore très récente et ce nouveau changement, qui ne correspond guère à la « confiance » vis-à-vis des acteurs affichée en haut lieu, ne peut que démoraliser les acteurs de l’éducation et en particulier les personnels de cette institution, dont nous sommes solidaires. Réduire le rôle de Canopé à l’édition numérique et à la formation à distance nous parait une aberration à l’heure où, au contraire, les acteurs éducatifs ont besoin de se rencontrer, d’échanger, de discuter, de se former « in vivo » pour transformer le métier, se tenir au courant de ce qui change, des idées nouvelles, pour s’outiller et se remotiver.

Rattacher les ateliers départementaux aux rectorats pourrait bien revenir à soumettre leurs activités aux plans académiques de formation, leur faisant perdre leur autonomie et leur souplesse dans leurs propositions de temps de formation, d’échange, de découverte moins formels que la formation institutionnelle.

Les décisions prises unilatéralement ne peuvent qu’être négatives et régressives.
Nous demandons avec ses personnels que soit écoutée la parole de ceux qui s’opposent contestent cette désastreuse démolition d’un organisme qui avait largement amélioré son fonctionnement et tout autant fait la preuve de son utilité.

Le CRAP-Cahiers pédagogiques

Pétition « Réseau Canopé en danger ! Non au démantèlement ! »

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Bryan Adams...

22 Décembre 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Michel Butor...

22 Décembre 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Tout d'un coup la lumière s'éteint: c'est l'obscurité complète, sauf le point rouge d'une cigarette dans le corridor avec son reflet presque imperceptible, et le silence sur cette base de respirations très fortes comme dans le sommeil et du bourdonnement des roues répercuté par l'invisible voûte. Vous regardez les points, les aiguilles verdâtres de votre montre; il n'est que cinq heures quatorze, et ce qui risque de vous perdre, soudain cette crainte s'impose à vous, ce qui risque de la perdre, cette belle décision que vous aviez enfin prise, c'est que vous en avez encore pour plus de douze heures à demeurer, à part de minimes intervalles, à cette place désormais hantée, à ce pilori de vous-même, douze heures de supplice intérieur avant votre arrivée à Rome.

Michel Butor - La Modification

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Réforme du baccalauréat: les dysfonctionnements et les angoisses perdurent... Enseignants et élèves restent dans le flou...

22 Décembre 2019 , Rédigé par Mediapart Publié dans #Education

Réforme du baccalauréat: les dysfonctionnements et les angoisses perdurent... Enseignants et élèves restent dans le flou...

EXTRAITS

Depuis la rentrée, le nouveau baccalauréat version Blanquer est entré en vigueur en classe de première. Les élèves, en plus du tronc commun, ont dû choisir trois spécialités et vont passer en janvier les épreuves de contrôle continu. Problème : des inconnues multiples demeurent sur le contenu des examens. Enseignants et élèves restent dans le flou.

Saphir et Sarah se sont résolues à sacrifier une partie de leurs vacances de Noël. Ces deux élèves de première dans un lycée de Sarcelles (Val-d’Oise) vont consacrer quelques jours de leurs congés à réviser. Logan, Titouan et Louise sont aussi dans l’expectative et attendent de savoir comment vont se dérouler les premières épreuves du baccalauréat nouvelle mouture. 

En effet, de fin janvier à début février, ces élèves vont inaugurer les toutes premières épreuves communes de contrôle continu instituées par la réforme du baccalauréat. Ces « E3C », comme elles sont surnommées, cristallisent toutes les craintes et les interrogations des lycéens et de leurs enseignants. Ce sont des épreuves qui compteront pour 30 % de la note finale et qui seront constituées grâce à une « banque nationale de sujets », divulguée la semaine dernière. Elle sera « vivante » et alimentée régulièrement en fonction des disciplines.

Par exemple, 300 sujets seront ainsi accessibles, pour le tronc commun : l’histoire-géographie, les langues vivantes, les sciences (pour les séries générales) et les mathématiques (pour les séries technologiques). Les lycéens devront bûcher 1 h 30 à deux heures. Ce mode d’évaluation a été pensé pour casser l’effet bachotage et desserrer l’étau du stress inhérent à tout examen.

(...)

Sur le papier, pourquoi pas une réforme du baccalauréat, qui n’avait plus de sens, comme le concèdent enseignants et syndicat. Mais cette réforme menée tambour battant sans que l’intendance suive toujours agace. Dans les faits, tout le monde patauge. Les proviseurs s’arrachent les cheveux pour organiser les épreuves. Logan, élève de première à Saint-Céré dans le Lot, résume le sentiment général. Depuis la rentrée, explique-t-il, « on avance à l’aveugle, on est des cobayes. On nous demande de faire des choix très matures, comme l’abandon d’une spécialité en terminale, mais dans le vide ».

Son camarade Titouan abonde en son sens : « Nos enseignants essaient de nous rassurer mais ils sont fébriles. On a dû choisir en quelques jours quelle langue vivante on allait passer pour les premières épreuves. Nous n’avons ni le temps, ni les éléments nécessaires pour nous décider. »

Le barème des épreuves est resté longtemps secret. Les corrections données aux enseignants sont jugées incompréhensibles par beaucoup d’entre eux. Les sujets sont accessibles depuis la semaine dernière, juste avant les congés de Noël, ce qui laisse encore moins de temps aux enseignants pour décortiquer les objectifs attendus et s’approprier ce nouveau type d’examen. Certains expliquent ne pas savoir quoi répondre aux élèves anxieux.

(...)

Des désagréments qui épuisent les enseignants

Les élèves en difficultés peuvent s’en remettre au CNED, l’organisme d’enseignement à distance, pour mieux réviser la spécialité maths. Des enseignants se sont étranglés de voir le ministère en faire la promotion pour les suppléer. Le ministère concède en effet que le niveau, cette année, est « exigeant », mais il s’agit en mathématiques « du niveau jugé nécessaire en fin de première pour pouvoir continuer en terminale et si au-delà on veut réussir dans le supérieur. C’est un programme de vérité, cette réforme ».

Sophie Vénétitay, professeure de sciences économiques et sociales, et secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, le principal syndicat du secondaire, confirme que les E3C sont un sujet de discussion depuis quelques semaines dans les salles des profs. Le bilan n’est pas très reluisant, selon elle. Les enseignants accusent une certaine fatigue, comme ils ont dû gérer la mise en place des nouveaux programmes et corriger plus de copies. Ils ont ressenti également une pression supplémentaire dans le fait de devoir évaluer les élèves régulièrement.

Et dans ces cas-là, la moindre note mise peut déboucher sur une protestation puisque pour les jeunes chaque note compte. Il y a aussi les épreuves à préparer. « Les collègues ont travaillé à l’aveugle tout le temps. Et ils doivent en plus aiguiller les élèves pour l’abandon de l’une des trois spécialités en terminale. L’enjeu est fort : c’est un choix qui engage, car on peut ouvrir ou fermer des portes dans Parcoursup. »

(...)

Il y a quelques mois, des enseignants s’alarmaient des conséquences du choix des spécialités chez leurs élèves les plus fragiles. Sophie Vénétitay partage toujours ce constat et dénonce « une reproduction des représentations sociales » autour de certaines disciplines. Elle s’appuie sur un service du ministère de l’éducation nationale, la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance), qui a étudié les choix de spécialités par les élèves dans une note. Résultat : on retrouve une répartition genrée dans le choix des spécialités. « Les enseignements “scientifiques” (sauf sciences de la vie et de la terre − SVT) ont plus souvent été choisis chez les garçons que chez les filles. À l’inverse, les enseignements d’humanités, de SES, d’histoire-géographie et de langues-littérature sont plus choisis par les filles. » Et les disciplines scientifiques plus choisies par les élèves de milieux sociaux favorisés. En avril, le Snes-FSU avait réalisé une étude qui portait les mêmes conclusions.

Sans compter que les filières telles qu’elles existaient ont été reconstituées par les élèves. Difficile de conclure dans ces conditions que cette réforme ne perpétue pas les inégalités.

Faïza Zerouala

L'article complet est à lire en cliquant ci-dessous

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Myriam Revault d’Allonnes : « Le macronisme est une politique de l’insensible » (+ vidéos)

22 Décembre 2019 , Rédigé par Le Monde Publié dans #Politique

EXTRAITS

En dépit de ses appels à la solidarité, notamment pour défendre la réforme des retraites, l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron relève d’une conception managériale de la société et de l’individu, analyse la philosophe Myriam Revault d’Allonnes dans un entretien au « Monde ».

(...)

Les professions du soin, de la protection ou de l’éducation, qui sont en contact direct et quotidien avec les citoyens, semblent particulièrement touchées. Vivons-nous à l’heure de la déliaison sociale ?

Bien au-delà de ce qu’on tente de faire passer pour des revendications catégorielles, qui voudraient maintenir les seuls avantages acquis par certains au détriment du sort des générations futures, on est confrontés depuis des mois aux plaintes, aux demandes, aux réquisitoires de ceux qui prennent quotidiennement en charge les populations les plus vulnérables : le SAMU, les services d’urgence, les pompiers qui, de leur propre aveu, sont devenus les « médecins des pauvres » et passent le plus clair de leur temps à « faire du social » là où les services publics sont défaillants, voire inexistants. Ces protestations durent depuis des mois, même des années, et elles se sont exprimées avec force bien avant les manifestations et les grèves de ces dernières semaines. Personne n’ignore que le mouvement des « gilets jaunes « a pris racine dans ces territoires désertés par les services publics ainsi que par les instances et les organes de médiation qui faisaient lien et permettaient, si peu que ce soit, de donner une figure concrète au tissu social, au « commun ». C’est l’un des aspects – mais non le seul – d’un processus de déliaison, de délitement du lien social, qui est le signe d’un dérèglement de la logique démocratique.

Quelle est la vision de l’individu et de la société véhiculée par la politique d’Emmanuel Macron ?

Sur la vision de la société que nous propose le « macronisme », plusieurs points méritent, selon moi, d’être soulignés. Je voudrais ici m’attacher à la perspective d’une « anthropologie politique » qui déborde les seules décisions politiques et même les seuls mécanismes institutionnels. On ne rappellera jamais assez qu’une forme de société (au premier chef la démocratie) n’est pas seulement un ensemble de dispositifs juridico-politiques, un mode d’agencement et de répartition du pouvoir. C’est aussi un horizon de sens et un ensemble d’expériences, autrement dit une manière de vivre (ou de ne pas vivre) ensemble. Il importe alors de se demander quelle vision on nous propose aujourd’hui de l’individu et de ses rapports avec la société, vision dont le « macronisme » n’est sans doute que l’emblème ou la pointe avancée.

Le triomphe de l’individu, qui a marqué la modernité politique, a souvent laissé penser que la politique n’était que l’instrument garantissant la réalisation des finalités individuelles. Comme si les individus, mis en position de fondement, étaient porteurs de droits préalables (et des pouvoirs liés à ces droits) avant d’être soumis à des devoirs et surtout avant même d’appartenir à la société politique. Dans cette perspective, poussée à un point extrême, les institutions sociales ne sont qu’un instrument extérieur ou extrinsèque destiné à assurer ces droits préalables. Il suit de là que le consentement des individus à l’égard de ces mêmes institutions est nécessairement conditionnel et révocable : ils n’ont en effet d’obligations à l’égard de la communauté que dans la mesure où elle garantit ces droits.

C’est la question de l’endettement de l’individu à l’égard du social qui se trouve alors posée, mais c’est aussi son symétrique inversé, à savoir la question de l’endettement du social à l’égard des individus, qui se révèle aujourd’hui dans sa lumière la plus crue à travers les discours du pouvoir actuel, notamment autour des notions de responsabilité, d’autonomie et de capacité.

(...)

Le « nouveau monde » n’a rien de nouveau, si ce n’est la proclamation explicite, non dissimulée, d’un certain nombre d’impératifs étroitement associés à une vision utilitariste du social. Et, encore une fois, cette vision utilitariste affecte profondément la manière dont on appréhende les sujets politiques : le nouveau modèle de subjectivation proposé aux individus est celui d’un sujet rationnel, entrepreneur de soi-même, performant, soustrait par le calcul et la prévision aux aléas de la contingence et débarrassé du même coup des déchirements intérieurs, des contradictions et des paradoxes qui font sa richesse. A cet égard, le macronisme est une politique de l’insensible.

(...)

... je crois qu’effectivement les jeunes, même si on les voit et on les entend peu dans les manifestations traditionnelles, prennent à bras-le-corps un certain nombre de questions relatives à la responsabilité que nous avons à l’égard du monde, à ce que nous devons au monde et à sa durabilité. Sans doute les chemins qu’il leur faut explorer ne sont pas encore frayés, mais dire que le monde est toujours « hors de ses gonds » signifie qu’il ne peut être préservé de l’usure et de l’entropie que par la force de l’imaginaire.

Propos recueillis par Nicolas Truong

A lire dans son intégralité en cliquant ci-dssous

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Stephan Eicher...

21 Décembre 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Musique

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Coup de coeur... Catherine Colomb...

21 Décembre 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Littérature

Coup de coeur... Catherine Colomb...
« Il fait chaud ici, les hivers seront moins rudes que là-bas, pas de loups ; trois cent cinquante roubles que j’ai en poche ; le vieux prince passe la frontière et mange un os de poulet. » Adolphe déplaça un des anneaux de sa bourse de cuir et jeta deux florins à la servante. Les reines, éparses sur le tapis vert, se reflétaient dans leur miroir d’eau. C’est ainsi que Gustalof, invité par Adolphe, vint vivre à la villa, où se balançait au vestibule une lanterne en fer forgé ; dans sa chambre, sous le toit, il sortit de son baluchon un peigne sale, un chien empaillé, une pomme en bois où étaient fichés six couteaux à dessert, un œuf à raccommoder les bas qui en contenait un autre à raccommoder les gants, puis un autre, un autre encore, et là le vieux tourneur avait dû s’arrêter, l’habileté humaine épuisée, et dans l’échoppe qui donne sur le fleuve gris où les glaçons s’entrechoquent, incliner devant l’icône sa vieille tête et son cou noir de crasse. L’intendant Gustalof ira le dimanche soir chez la princesse ; un gâteau levé pousse vers le plafond un grand bras désolé ; jusqu’à l’aube du lundi, des inconnus entrent boire des verres de thé. « Un beau corps d’homme », dit la belle-mère folle dont le buste était planté de travers comme un cactus. Élise sourit. Sa dot avait servi à acheter la maison au bord de l’Arve, ses vitraux de couleur et sa lanterne en fer forgé. Sur la terrasse s’élevait un grand tilleul plein de rouges-gorges jusqu’en décembre, bruissant d’abeilles en mai et juin ; quand le printemps venait, le cousin Chanoz sonnait à la porte ; il annonçait son arrivée par des lettres écrites de l’Asile de vieillards, où il donnait de mauvaises nouvelles de ses rhumatismes et réclamait quelques sous pour s’acheter du tabac. Une fois par an on faisait à l’asile une vente, dirigée par Mlle Févot avec sa connaissance des cours ; elle amenait sa nièce Émilie Févot qui avait un visage carré et pâle et de terribles bouclettes noires sur le front ; elle apportait aussi des bibelots, des pelotes de tapisserie, des sacs au crochet qu’elle faisait elle-même tout l’hiver dans son salon capitonné de velours rouge, sous le portrait de la reine qui, au-delà du Channel, buvait son thé, une théière de thé, une théière de rhum, disait ce pendard de médecin tandis que sa femme, incapable de manger plus d’une miette de gâteau levé, levait vers le ciel si bleu des années septante sa face inconsolable ; les dames du village arrivaient par le portail ouvert ce jour-là à deux battants, la vieille Angenaisaz semblable à un porte-habits, le pasteur qui gardait par économie sa face rose de bébé à laquelle il ajoutait une année des favoris puis des favoris blancs, raréfiait le toupet qui la surmontait, enlevait quelques dents. Parfois un fragment de la famille Laroche montait du bourg dans la voiture vernie tirée par le cheval gris pommelé conduit par le vieux serviteur ; le cheval attaché à l’ombre du sorbier se défendait contre les mouches, sa peau se moirait comme l’onde. Au printemps, Chanoz quittait l’Asile de vieillards, achetait une pacotille et debout dans les cours pavées, entre les fuchsias, devant les enfants immobiles dans leurs châles vaudois croisés, étalait à leurs yeux fascinés des aiguilles à tête d’or, du savon dans du papier vert pâle et des lacets, des lacets innombrables, de quoi étrangler tous les muets du harem de Louis Laroche ; on parlait sous le manteau de ce qui se passait aux Grâces ; Emma Bembet en sortit un dimanche matin, pleurant le long des haies, la taille déjà légèrement déformée ; les gamins cachés derrière le mur de la vigne lui jetèrent des boules vertes qui restèrent accrochées à sa pauvre robe noire ; cependant le beau Louis Laroche embrassait dans le cou la lingère Julie, pieuse et solennelle ; la verrue noire qu’on voyait à travers les cheveux ne dégoûtait pas ce cochon de Louis, comme l’appelait son cousin Jämes dans l’intimité. Chanoz s’avançait à travers le printemps, ses lacets en jus jetés sur l’épaule ; de temps en temps il joignait tant bien que mal ses petites mains grasses au bout de ses bras courts, levait vers le ciel sa petite figure ronde et remerciait celui qui avait créé les montagnes irréelles, le lac qui s’allongeait à leurs pieds, l’ombre que faisaient les jeunes pommiers sur les prés verdissants ; à midi, il mangea un quignon de pain et du fromage, le dos appuyé à un tronc, ses jambes courtes et grasses allongées devant lui. Il ne vendit pas grand-chose ce jour-là, une pièce de chevillères rousses, quinze centimes, à la garde-barrière du moulin ; le train allait passer, un char descendait chargé de tonneaux ; le cheval esquissé par six lignes courbes s’arrêta net devant la barrière blanche et noire ; la garde-barrière agita un drapeau rouge, l’étendard qui commençait partout à se lever de la terre et qui ne paraissait, au début, qu’un morceau du jupon de flanelle des gardes-barrières ; le train passa à cinquante kilomètres à l’heure, les lignes courbes du cheval redevinrent droites, il fit franchir au char les rails luisants, Chanoz suivit, et la garde-barrière se réintégra avec sa chevillère rousse dans la maison de bois d’où sortait tantôt sa tête, tantôt un de ses bras ; elle dut poser sur la fenêtre la chevillière rousse. Chanoz arriva vers le soir à la villa Mon-Désir au-dessus de l’Arve ; Élise râtelait quelques feuilles tombées. « Cousine ! » cria Chanoz de sa voix grêle. Elle redressa un peu son étrange dos en pente. Il se tenait sur le seuil du jardin, souriant, huileux de transpiration. « C’est vous, Chanoz ? » Il repoussa son chapeau en arrière et se gratta le front. Même la belle-mère qui les croisa une minute plus tard dans le vestibule, le buste planté de travers comme un cactus, ne put dire en le voyant : « Un beau corps d’homme ! » Il joignit avec peine ses courtes mains grasses lorsqu’on apporta le plat de rôti de bœuf, ferma les yeux et s’abîma en pensée dans son chapeau comme autrefois lorsque vêtu de son pantalon de milaine il attendait le pasteur à bonnet d’Écossais qui brûlait dans le grand poêle des branchettes de framboisier et gardait pour lui les moules de la commune. La folle baissa sur son assiette sa face pâle et échevelée, crut voir une tache et l’essuya longuement avec sa serviette. La lampe de cuivre se balançait imperceptiblement au plafond comme une lampe de navire. Mais une seule lampe s’enfoncerait dans le sol sans se briser, celle de la frêle Galeswinthe dans le bosquet. « C’était bien beau, l’asile. Tout le monde était bon, bien bon. » Jämes Laroche montait quelquefois du bourg avec Clotilde dans sa robe verte ornée de guipures, qui retenait sur sa tête un vaste chapeau et dévoilait sous son bras une tache de transpiration ; son grand visage de carnaval oscillait légèrement comme si elle avait été traînée sur un char ; le vieux Jules les regardait venir semblables à des anges, il était sourd. Jämes fixait sur les pavés de la cour et les fientes crayeuses des poules ses mornes yeux d’anthracite ; le comité, devançant Dieu, avait placé les vieillards en paradis : une ferme vaudoise, son mur de gauche avançant sur la façade en retrait pour protéger le banc vert sous les fenêtres, la petite porte basse, fourrée de paille, de la chaude écurie, la grande porte de grange au seuil de velours beige usé par les chars qui ébranlent en juin de leur tonnerre les maisons paysannes. Mais en face de la villa Mon-Désir, plus près de l’Arve encore, l’autre villa presque semblable, éclairée d’un dernier rayon – le dernier baiser de l’astre du jour, pensait le directeur du Grand-Théâtre dans son salon de velours rouge capitonné, très affairé à sortir de leurs écrins les bracelets de brillants destinés à la diva qui chantait Marguerite – eut son mur crépi fardé de rose, ses contrevents devinrent sinople, sa porte amarante et les volutes de fer forgé qui soutenaient son balcon, corinthe.
 
Catherine Colomb - Châteaux en enfance
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A Voir... Talking about trees de Suhaib Gasmelbari...

21 Décembre 2019 , Rédigé par christophe Publié dans #Cinéma

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