«La rhétorique et les paroles onctueuses de Macron ne réussissent plus à occulter la violence»
EXTRAITS
Agressivité, virulence, virilité : après l’époque du «storytelling», nous voici dans l’«ère du clash». C’est l’analyse que défend le chercheur dans son nouvel essai. De Trump, qui expédie des tweets de ressentiment, au président français qui, face aux gilets jaunes, joue le rôle de chef des classes, l’affrontement est le nouveau moteur de la communication politique.
En 2007, son essai Storytelling (la Découverte) décrivait l’art de faire passer des messages en les intégrant dans un récit structuré, cohérent et séduisant pour l’auditeur. Né dans le monde du marketing et de la publicité, ce schéma narratif empruntant à la fiction s’est généralisé dans le monde politique et dans notre quotidien, au point de faire entrer le terme dans le langage courant. Mais l’excès de récits n’aurait-il pas tué le récit ? C’est la thèse que soutient désormais l’écrivain-chercheur Christian Salmon dans son nouveau livre, l’Ere du clash (Fayard), qu’il présente comme «la suite de Storytelling». Décrivant le déclin du spin doctor (qui avait la tâche de maîtriser la narration) au profit de l’expert en clash (qui doit produire de la controverse sur les réseaux sociaux), il raconte, à travers les parcours de Trump, d’Obama ou de Macron, comment les logiques de transgression et de surenchère ont dévoré la crédibilité des discours politiques.
(...)
A vous lire, l’erreur d’Emmanuel Macron est de s’inspirer du romanesque pour produire son propre récit présidentiel.
Chez Macron, tout est romanesque, ou tout doit le devenir, mais cette stratégie se heurte à plusieurs contradictions : Macron prétend construire une «start-up nation» avec des méthodes monarchiques héritées de l’Ancien Régime, concilier la verticalité du pouvoir et le néomanagement qui prône une «hiérarchie souple et flottante». Croiser De Gaulle et Xavier Niel. Il veut réhabiliter la primauté du politique au nom d’un néolibéralisme qui, justement, met fin partout à l’exercice du pouvoir politique. Il entend rhabiller le startupper en Rastignac. Sans doute Macron se rêvait en romancier. Il envisage la carrière politique comme une discipline «paralittéraire», comme d’autres, ayant échoué en médecine, s’orientent vers des professions paramédicales.
Comment analysez-vous la période du grand débat dans laquelle nous nous trouvons ?
Face à la crise des gilets jaunes, le Président s’efforce de donner le change en multipliant les interventions publiques. N’hésitant pas à donner en exemple son parcours d’excellence, il interpelle les illettrés, les assistés, comme s’il morigénait des collégiens qui «déconnent», et prend à témoin l’assistance sur un ton volontiers gouailleur : «C’est de la pipe», «Il ne faut pas raconter des craques». Descendu de son piédestal, Macron joue le surveillant général face à un monôme d’étudiants. «La vraie réforme, elle va avec la contrainte, les enfants ! C’est pas open bar.» Ce n’est pas un débat, mais un one-man-show. Et ce show est discrédité chaque samedi par un nouvel «acte» des gilets jaunes. Le show présidentiel se répète, monotone, sans surprise ni suspense. A l’inverse, les sorties des gilets jaunes s’ordonnent selon une succession d’actes et de thèmes, c’est-à-dire une dramaturgie. (...)
Pourtant, plus personne ne semble vraiment dupe. Pourquoi ce récit macronien ne se désintègre-t-il pas ?
C’est le mal congénital de la Ve République. Faisant un calcul cynique sur la durée, les dirigeants considèrent que tout mouvement social a vocation à s’épuiser : l’été va venir, Noël va arriver, les élections européennes vont changer l’agenda. Sauf que les gilets jaunes ne veulent pas lâcher l’affaire. A la différence de Macron, ils ne cessent d’inventer. Ce mouvement né de la révolte contre la hausse du carburant emprunte ses signes à la circulation routière. Outre l’occupation des axes routiers, il déplace le débat public, trace des voies secondaires moins fréquentées, propose des itinéraires de contournement des grands médias, dessine une signalétique nouvelle dans le paysage social et médiatique. Le mouvement des gilets jaunes procède de quelque chose qui n’est pas immédiatement reconnaissable sur le plan idéologique. Il brouille le jeu. Il se joue des repères, invente une politique déroutante, une révolution buissonnière. Les gilets jaunes prennent le contrôle de la société de contrôle que Deleuze métaphorisait par la circulation autoroutière.
Les gilets jaunes ne sont-ils pas précisément dans la logique du clash ?
La révolte des gilets jaunes met en lumière le discrédit qui frappe tous les récits officiels. Tout ce qui a été refoulé par le récit néolibéral d’Emmanuel Macron depuis son élection ressurgit sous une forme chaotique, sauvage. Le peuple est sorti de l’isoloir, il a créé sa propre agence de notation. On est donc moins dans une logique de négociation que dans l’expression d’un refus. Les gilets jaunes ne négocient pas avec le pouvoir. Ils spéculent sur son effondrement. Ils notent et mesurent son discrédit exactement comme une agence de notation citoyenne. Chaque semaine, le pouvoir chute un peu plus dans les sondages.
(...)
(...) Le mouvement des gilets jaunes constitue un de ces événements atypiques qu’on voit se multiplier depuis le vote Le Pen du 21 avril 2002, la victoire du non au référendum en 2005, ou dans les émeutes des banlieues. Jean Baudrillard les qualifiait d’«événements voyous» qui se soustraient à un certain ordre narratif dominant et font irruption sur une scène politique disqualifiée. «Car, plus s’intensifie la violence intégriste du système, prophétisait Baudrillard, plus il y aura de singularités qui se dresseront contre elle, plus il y aura d’événements voyous.»
Et plus le pouvoir répond durement.
La violence intégriste du système s’est pleinement libérée sous Emmanuel Macron, dont la rhétorique et les paroles onctueuses ne réussissent plus à occulter la violence. Corps mutilés, mains arrachées, visages éborgnés, défigurés, l’inventaire établi par le documentariste David Dufresne pour Mediapart constitue un mémento des violences policières, un signalement, c’est-à-dire aussi un ensemble de signes de la violence d’Etat. Pour Emmanuel Macron, la société est quelque chose qu’il faut forcer à tout prix, tout en donnant à voir le spectacle de ce forçage pour que le peuple y prenne goût. Le mouvement des gilets jaunes n’est rien d’autre que la puissance qui cherche à lui échapper, déniant sa rhétorique, son agenda, ses mots d’ordre, une contre-puissance obscure, celle d’un monde social qui résiste aveuglément au néolibéralisme et à sa mise en récit.
Revue de Presse Education... Confiance — Réformes des lycées — Le métier — Cyberharcèlement — Supérieur...
Donc la Confiance est votée, mais vue les critiques... Il en est de même pour la réforme des lycées qui se trouve toujours contestée. On s’intéresse également au métier des enseignants, au cyberharcèlement et au supérieur.
Confiance
L’Assemblée nationale vote l’instruction obligatoire dès l’âge de 3 ans
“L’Assemblée nationale a voté mercredi soir l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire de 6 à 3 ans, mesure phare du projet de loi « pour une école de la confiance » vantée par le ministre de l’Éducation comme « un marqueur républicain ».”
Loi « sur l’école de la confiance ». L’Assemblée vote l’obligation de formation entre 16 et 18 ans
“Dans le cadre du projet de loi « sur l’école de la confiance », l’Assemblée nationale a adopté, mercredi, un amendement visant à proposer systématiquement une formation ou un apprentissage aux jeunes « décrocheurs » du système scolaire âgés de 16 à 18 ans.”
Drapeau français dans les classes : Éric Ciotti se réjouit du vote de sa proposition par Marion Mourgue
“Le député LR des Alpes-Maritimes a déposé un amendement pour rendre obligatoire le drapeau tricolore dans toutes les classes, de la maternelle au lycée. L’Assemblée l’a adopté, en le complétant avec la présence du drapeau européen.”
"Parent 1 et 2" : LREM a (enfin) trouvé la solution qui va satisfaire tout le monde
“Anne-Christine Lang, co-rapporteure du projet de loi, va déposer un amendement en seconde lecture permettant de conserver "père et mère".
"Aseptisant" ou "très bonne chose" : l’amendement qui consacrait l’homoparentalité dans les formulaires scolaires en remplaçant les mentions "père et mère" par "parent 1 et parent 2" avait vivement fait réagir les associations de parents d’élèves ainsi que les mouvements conservateurs. Certains applaudissant un geste visant à placer toutes les familles sur un pied d’égalité, d’autres déplorant la négation des genres, voire une hiérarchisation entre les parents.”
Blanquer, « lire, écrire, compter » et les « savoirs fondamentaux » par Claude Lelièvre
“Dans le cadre de la discussion du projet de loi « Blanquer », un amendement a été adopté en commission avec l’aval du ministre de l’Éducation nationale : la création d’« établissements publics des savoirs fondamentaux » (allant du CP à la troisième). L’intitulé aurait pu être « école du socle commun » ou bien « de la scolarisation obligatoire ». Mais ce sont les « savoirs fondamentaux », une expression que Jean‑Michel Blanquer associe volontiers avec celle de « lire, écrire, compter, et respecter autrui ».”
Les drapeaux et la Marseillaise à l"Ecole : beaucoup de bruit pour pas grand chose ? Par Claude Lelièvre
"Si l’on en juge par rapport aux enjeux fondamentaux de l’Ecole et à partir de son fonctionnement réel, sans aucun doute. Mais il en va tout autrement dans le domaine politique voire politicien, ne serait-ce que dans leur effet de ’’masquage’’ ou de ’’détournement’’. Mais pas seulement "
Ecole obligatoire à trois ans : Blanquer sous le feu des critiques par Marie-Christine Corbier
“Les députés ont adopté la mesure phare du projet de loi sur l’école de la confiance : l’abaissement de l’instruction obligatoire à l’âge de trois ans. Mais les débats ont été très vifs sur les modalités de financement.”
Des racines... sans les ailes par Paul DEVIN
“Le débat parlementaire sur la loi Blanquer a retrouvé les accents des vieilles recettes populistes du « retour à l’ordre » qui ne se préoccupent nullement de la démocratisation de la réussite de ses élèves mais s’entêtent dans une reprise en main idéologique, autoritaire et réactionnaire.”
« Nouvelle loi sur l’école : la confiance sur ordonnance ? » La tribune de Patrick Hetzel et Martine Daoust
"La nouvelle loi sur l’Ecole sera débattue dès lundi 11 février dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Sans se transformer en « ventilateurs à angoisse » pour citer le Ministre qui cherche à tout prix à esquiver les vrais débats de fond – il faut d’ailleurs souligner que l’angoisse ne se ventile pas mais oppresse durablement les personnes qui en sont atteintes — il doit être permis d’étudier avec attention le texte proposé. Plusieurs intentions peuvent surprendre, à défaut d’angoisser."
Et finalement…
L’école du socle adoptée au bulldozer
“Toute l’organisation du système éducatif du premier degré vient d’être dynamitée par la loi Blanquer. L’assemble nationale a adopté en quelques minutes par 35 voix contre 7 l’établissement public des savoirs fondamentaux, autrement dit l’école du socle. Là où les collectivités locales et le recteur le coudra, les collèges et les écoles seront regroupées. Ce regroupement devrait libérer des milliers de postes et faire sauter la plupart des directeurs.
Peut-on transformer profondément l’éducation nationale sans consulter les organisations professionnelles, sans même prendre l’avis du Conseil d’Etat et sans aucune étude d’impact ? C’est ce que JM BLanquer vient de faire . L’adoption de l’école du socle s’est faite en quelques minutes. Il aura fallu plus de temps le 15 février pour voter le rectorat de Mayotte.”
Réforme des lycées
Spécialités au lycée : vers des menus imposés plus qu’un choix à la carte ?
“Alors que le ministre de l’Éducation nationale souhaitait laisser aux lycéens un large choix de combinaisons possibles de spécialités, plusieurs établissements prévoient de présenter des "menus" à leurs élèves.” Et la classe se maintiendra…
Langues régionales. Les régions veulent un amendement de la réforme du lycée
“L’association des régions françaises a demandé au gouvernement d’amender la réforme du lycée et du baccalauréat. Selon elle, elle « défavorise l’enseignement bilingue et l’enseignement extensif des langues régionales » alors qu’elle devrait, selon la commission, « permettre d’avancer plus vite vers la société bilingue/plurilingue moderne ».”
« Pas d’occitania sense l’occitan ! » pour Delphine, professeur d’occitan au collège
“Vendredi 15 janvier, le collège François de Belleforest propose une journée morte avec point fort à 10 h 30. Il y sera notamment question de l’enseignement de l’occitan en péril. Et dimanche 17 février, à 14 heures, manifestation contre la suppression de l’enseignement de l’occitan à Toulouse. A Lombez-Samatan, la mobilisation est forte. Les Gascons de cette partie de l’Occitanie sont particulièrement touchés par les nouvelles mesures prises par le ministre de l’Education à l’encontre de l’enseignement de l’occitan en milieu scolaire : « La réforme des lycées et le retrait de financements spécifiques vont à très court terme entraîner la disparition de cet enseignement dans notre académie. Des mesures d’une extrême brutalité émanant du ministre de l’Éducation nationale et du rectorat de Toulouse.”
Le projet de spécialité en terminale « dégrade l’enseignement de la philosophie en sous-discipline de la culture générale » Tribune d’un Collectif
“Pour l’enseignement de la philosophie, le projet de la spécialité humanités, littérature et philosophie au lycée est « confus et incohérent » estiment dans une tribune au « Monde » plus de 250 universitaires et professeurs, qui demandent son abandon et l’ouverture d’une concertation.”
Le métier
Comment des étudiants pourraient bientôt gagner de l’argent en enseignant dans les écoles
“Des étudiants en soutien, quelques heures par semaine, dans les classes du premier et second degrés, c’est un point de la loi Blanquer sur « l’école de la confiance », débattue à l’Assemblée nationale. On vous explique comment cela va se passer.”
Appel à communications « Penser l’attractivité des métiers de l’enseignement : des agendas politiques aux travaux scientifiques »
“Doctorants, chercheurs, enseignants-chercheurs… Candidatez pour participer à la journée d’étude qui se tiendra à Dijon le 18 juin 2019” Les Savanturiers
Comment l’intelligence artificielle peut-elle renforcer l’éducation ?
“... la prochaine Semaine de l’apprentissage mobile de l’UNESCO (4-8 mars 2019) sera consacrée à l’IA et à ses implications pour le développement durable. Organisé chaque année au siège de l’UNESCO à Paris, cet événement de cinq jours propose un programme passionnant de plénières de haut niveau, d’ateliers et de démonstrations pratiques. Près de 1200 participants sont déjà inscrits à cet événement qui constitue pour la communauté éducative, les gouvernements et les autres acteurs du secteur une occasion unique de débattre des opportunités et des risques que l’IA peut représenter pour l’éducation.”
Éducation. Sous Blanquer, le débat interdit à l’école par Amélie Beaucour
“Mardi soir, en Île-de-France, la Nuit des lycées devait permettre un débat libre sur les réformes du lycée et la loi Blanquer. Des consignes venues des rectorats ne l’ont pas permis.”
Cyberharcèlement
Cyberharcèlement : comment l’Education nationale tente de sensibiliser les enfants dès l’école
“Avec l’omniprésence du numérique, les plus jeunes internautes et les adolescents sont désormais plus facilement la cible d’attaques en ligne et de cyberharcèlement. Pour prévenir ces nouvelles formes de violence, l’Education nationale a mis en place un vaste programme de sensibilisation.”
Education : « Contre le harcèlement entre élèves, il est temps de consacrer l’éthique de responsabilité de l’éducation nationale »
“Enoncer le droit à une « scolarité sans harcèlement » ne suffit pas, il faut responsabiliser les personnels et prévoir des sanctions en cas de manquement, estime, dans une tribune au « Monde », Laurent Bayon, ex-conseiller du ministre Luc Chatel.”
Supérieur
Parcoursup : l’anonymat des élèves devient la règle par Marie-Estelle Pech
“Au même titre que les prépas privées, les prépas publiques s’insurgent contre cette « fausse bonne mesure ».
L’identité, le genre et le lieu d’habitation des bacheliers souhaitant s’inscrire dans l’enseignement supérieur via la plateforme numérique Parcoursup devraient être anonymisés dans les prochaines semaines. Plusieurs acteurs de l’enseignement supérieur sont convoqués ce vendredi après-midi par la ministre Frédérique Vidal pour discuter des modalités, avant une annonce officielle dans la foulée.” pour les abonnés.
Fin du numerus clausus : « Il faut que les profils des futurs médecins soient plus variés », annonce la ministre Frédérique Vidal, pour les abonnés
Bon week-end à toutes et à tous
Bernard Desclaux
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Revue de presse du vendredi 15 février
Donc la Confiance est votée, mais vue les critiques... Il en est de même pour la réforme des lycées qui se trouve toujours contestée. On s'intéresse également au métier des enseignants, au ...
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Revue-de-presse-du-vendredi-15-fevrier
Coup de coeur... Emmanuel Levinas...
Ce qui est caressé n'est pas touché à proprement parler. Ce n'est pas le velouté ou la tiédeur de cette main donnée dans le contact que cherche la caresse. C'est cette recherche de la caresse qui en constitue l'essence, par le fait que la caresse ne sait pas ce qu'elle cherche. Ce "ne pas savoir", ce désordonné fondamental en est l'essentiel. Elle est comme un jeu avec quelque chose qui se dérobe, et un jeu absolument sans projet ni plan, non pas avec ce qui peut devenir nôtre et nous, mais avec quelque chose d'autre, toujours autre, toujours inaccessible, toujours à venir. Et la caresse est l'attente de cet avenir pur sans contenu.
Emmanuel Levinas - Ethique et Infini
Non à l'antisémitisme! Place de la République, mardi 19 février, à 19 heures. Soyons nombreux !
Notre responsabilité, c'est d’être au rendez-vous dès que la République est menacée. Face à la hausse spectaculaire des actes antisémites (+74% en un an), aux dégradations des arbres plantés en mémoire d’Ilan Halimi et aux portraits de Simone Viel, aux tags sur la devanture d’une enseigne de restauration, nous devons agir )
C'est pourquoi, mardi 12 février, à l’Assemblée Nationale, Olivier Faure a rappelé que « l’antisémitisme n’est pas l’affaire des juifs. C’est l’affaire de toute la nation ». Il a lancé un appel à la mobilisation de toutes les forces républicaines pour affirmer que l’antisémitisme est un délit et que nous devons dire clairement : Ça suffit !
A l’initiative du Parti socialiste, plus de 20 organisations politiques, de droite comme de gauche se sont associées autour de la déclaration commune « ça suffit : l’appel à l’union contre l’antisémitisme ». Ensemble, nous vous invitons à un grand rassemblement place de la République, mardi 19 février, à 19 heures. Soyons nombreux !
Drapeaux et Marseillaise dans les classes? Quelle tristesse! Quel gâchis!
Soyons clair et bref.
L'Assemblée Nationale, par la voix de 44 députés présents dans l'hémicycle, a adopté un amendement proposé par le très "droitier" Eric Ciotti (Les Républicains):
Les drapeaux, français et européen, et les paroles de La Marseillaise - l'intégralité des couplets - devront désormais être affichés dans toutes les salles de classe des établissements publics et privés sous contrat.
Cette disposition s'ajoute à une série de lois votées en première lecture transformant profondément l'Ecole de la République sans pour autant lui donner les moyens d'accomplir la tache qui est la sienne:
instruire et émanciper, c'est à dire ELEVER l'enfant pour en faire un citoyen libéré des "slogans" publicitaires, des fakenews et de la propagande politique qui n'a rien à faire dans les établissements scolaires.
Or, par 29 voix pour, 10 contre et 5 abstentions - où étaient les autres représentants du peuple? 44 députés présents sur 577! - c'est une disposition POLITIQUE qui a été adoptée par la majorité LREM suivant la part la plus populiste du groupe Les Républicains.
Neutralité politique?
Les enseignants sont très souvent, en particulier depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée, rappelés à leur devoir de neutralité politique. Celle-ci est indispensable.
Pourtant, nous allons devoir appliquer une décision POLITIQUE qui n'a strictement aucun rapport ni avec la pédagogie de l'Histoire ni avec la citoyenneté. En quoi des drapeaux et la totalité des couplets de l'Hymne national - dont certains sont incompréhensibles pour de jeunes esprits - seront-ils utiles dans des salles de Sciences et vie de la terre, d'arts plastiques ou dans des gymnases? Ou même dans des salles de lettres et d'Histoire!
Sinon pour rappeler qu'un jour un gouvernement et une majorité ont accepté de céder à la pression POLITIQUE de la frange la plus droitière du groupe Les Républicains. Ceci en période électorale et pour faire plaisir aux élus les plus conservateurs du pays.
Le tout - et c'est d'une infinie tristesse - en imaginant Marine Le Pen se frotter les mains, trop heureuse de voir ses préconisations anciennes se réaliser sans même avoir besoin d'accéder au pouvoir.
Les enseignants, dans le respect de leur devoir de neutralité, devraient refuser un tel geste. Il n'est pas anodin. Il n'est pas éducatif. Il ne respecte pas, de par son aspect obligatoire, la liberté pédagogique des enseignants.
Je rappelle en outre que le drapeau français, le drapeau européen et La Marseillaise sont des symboles déjà étudiés à l'Ecole, au collège et au lycée. Illustrés par des exemples tirés de la longue Histoire commune de notre pays, de notre continent.
Par un affichage systématique, permanent et méthodique, ces symboles perdront leur "exceptionnalité" pour devenir banals et habituels. Ils disparaitront des regards en quelques semaines. Ils ne seront plus que des "images" parmi tant d'autres.
Quelle tristesse! Quel gâchis!
Christophe Chartreux
Coup de coeur... Franz Kafka...
Coup
Même nuit, sauf que j'ai encore eu plus de peine à m'endormir. Au moment de m'endormir, une douleur me traverse verticalement la tête en passant par la racine du nez, comme si elle venait d'un pli de mon front comprimé avec trop de violence. Afin d'être aussi lourd que possible, ce que je tiens pour favorable au sommeil, j'avais croisé les bras et posé les mains sur mes épaules, de sorte que j'étais étendu comme un soldat tout équipé. C'est encore la puissance de mes rêves qui m'a empêché de dormir, car ils brillent déjà dans l'état de veille qui précède le sommeil. Le soir et le matin, ma conscience de mes facultés de créatrices est immense. Je me sens labouré jusqu'au tréfonds de mon être et je puis tirer de moi ce que je veux. Cette manière d'arriver au-dehors des forces qu'on laisse ensuite improductives me rappelle mes relations avec B. Il y a, là aussi, des effusions qui ne sont pas libérées, mais contraintes de s'anéantir elles-mêmes dans le choc du recul, à cette différence près qu'il s'agit ici de forces plus mystérieuses et de mon but ultime.
Franz Kafka - Journal
L'école du socle adoptée au bulldozer...
Toute l'organisation du système éducatif du premier degré vient d'être dynamitée par la loi Blanquer. L'assemblée nationale a adopté en quelques minutes par 35 voix contre 7 l'établissement public des savoirs fondamentaux, autrement dit l'école du socle. Là où les collectivités locales et le recteur le voudront, les collèges et les écoles seront regroupées. Ce regroupement devrait libérer des milliers de postes et faire sauter la plupart des directeurs.
Peut-on transformer profondément l'éducation nationale sans consulter les organisations professionnelles, sans même prendre l'avis du Conseil d'Etat et sans aucune étude d'impact ? C'est ce que JM Blanquer vient de faire . L'adoption de l'école du socle s'est faite en quelques minutes. Il aura fallu plus de temps le 15 février pour voter le rectorat de Mayotte.
Ce qui a été décidé
Les établissements publics des savoirs fondamentaux sont constitués de classes du premier degré et du premier cycle du second degré. Ils regroupent les classes d’un collège et d’une ou plusieurs écoles situés dans le même bassin de vie.
« Ces établissements sont créés par arrêté du représentant de l’État dans le département sur proposition conjointe du département et des communes ou établissements publics de coopération intercommunale de rattachement du collège et des écoles concernés, après conclusion d’une convention entre ces collectivités.
Les établissements publics des savoirs fondamentaux sont dirigés par un chef d’établissement qui exerce les compétences attribuées au chef d’établissement par l’article L. 421-3. Un directeur-adjoint exerce, sous l’autorité du chef d’établissement
L’établissement est administré par un conseil d’administration qui exerce les compétences définies à l’article L. 421-4. La composition de ce conseil d’administration est fixée par décret et permet notamment la représentation des personnels du premier degré et des communes ou établissements publics de coopération intercommunale parties à la convention.
L'amendement 904 adopté le 15 février organise le transfert des biens entre les collectivités locales. Les amendements 993 et 1173 de la majorité précisent la gestion de la nouvelle structure.
"Le présent amendement prévoit que le directeur-adjoint travaille aux côtés du chef d’établissement. Il est nommé par le directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN) comme faisant fonction de directeur-adjoint. Cependant, il n’y a bien qu’un seul chef d’établissement qui est l’unique ordonnateur et responsable de l’exécution du budget de l’établissement. Cet amendement prévoit la possibilité de nommer plusieurs directeurs-adjoints si l’établissement rassemble un grand nombre de classes du premier degré - ce qui pourra être le cas si plusieurs écoles primaires de grande taille s’associent avec un collège, notamment dans un réseau d’éducation prioritaire". L'amendement suivant impose que le directeur adjoint soit issu du premier degré.
Ce que ça change
Partout où les collectivités locales voudront faire des économies de locaux et où le recteur voudra récupérer des postes, et pas seulement en zone rurale même si celles ci sont celles où la nouvelle gestion est la plus juteuse, on pourra imposer ces regroupements.
Il ne sera nul besoin de 'lavis du conseil d'école ou du CDEN (qui sera modifié aussi par la loi Blanquer).
L'intéret de cette formule, comme le signale très bien Sylvie Plane dans cet article , c'est celui du regroupement. En regroupant administrativement les classes on économise beaucoup de postes. F Reiss (LR), favorable a ces écoles l'explique très bien à l'Assemblée le 15 février : "là où j'ai 7 professeurs avec le regroupement je n'an ai plus que 6".
Sylvie Plane donne une idée des économies. "En effet, si une entité accueille 105 élèves et que le ratio fixé est d’un poste d’enseignant pour 25 élèves, l’entité dispose de bons arguments pour obtenir non pas quatre mais cinq postes d’enseignants. Cet ajustement permet que le nombre moyen d’élèves par classe dans le primaire public soit actuellement de 23,6 élèves. Mais si on change d’échelle, et que l’entité prise en compte est plus importante, on élève les seuils d’attribution de postes. Au niveau national, le profit escompté n’est pas mince puisque 46,6% des écoles primaires publiques comportent actuellement de deux à quatre classes, et les regrouper dans de grands établissements est donc bien tentant pour l’administration centrale."
Qu'en est il des directeurs. "Une première lecture a pu donner à penser aux directeurs d’école qu’ils allaient enfin être reconnus et que serait créé, en quelque sorte, un corps de « personnel de direction » de l’enseignement primaire, à l’instar de l’enseignement secondaire : les principaux de collège, les proviseurs de lycée et leurs adjoints sont des « perdirs », écrit S Plane. "Mais ce n’est pas ce que dit le texte de l’amendement. On peut en effet y lire « L’établissement public des savoirs fondamentaux est dirigé par un chef d’établissement […]. Un directeur-adjoint exerce, sous son autorité, les compétences attribuées au directeur d’école par l’article L. 411-1 » Cet article L 411-1 du code de l’éducation est tout simplement celui qui définit actuellement les tâches du directeur d’école. Autrement dit, le dispositif défini par l’amendement ne définit toujours pas de statut pour les directeurs. En revanche, il en fait des subalternes des principaux de collège."
Les amendements adoptés le 15 février montrent qu'il n'y aura plus qu'un directeur adjoint sauf regroupement de grosses écoles. C'est d'ailleurs dans la logique administrative puisqu'il n'y a plus qu'un établissement.
Il y a bien eu des interventions à l'Assemblée pour défendre le maintien des directeurs. L'UDI a proposé un conseil de directeurs adjoints du principal. Le gouvernement a fait écarter cette proposition.
Le gouvernement a par contré prévu ce qui se passe en cas de grève. " Les élèves des classes maternelles et élémentaires bénéficient du service d’accueil prévu aux articles L. 133-1 à L. 133-10. Pour l’application de l’article L. 133-4, le taux de personnes ayant déclaré leur intention de participer à la grève s’apprécie au regard de l’ensemble des enseignants qui interviennent dans les classes du premier degré."
Un procédé d'une rare violence
Le procédé utilisé par le gouvernement pour faire passer ce texte est ingénieux mais d'une rare violence.
En faisant passer cette réforme fondamentale par le biais d'un amendement, le gouvernement évite l'avis du Conseil d'Etat et l'étude d'impact.
Il s'est affranchi aussi de toute consultation des organisations professionnelles ou des élus locaux. L'adoption du texte s'est faite en quelques minutes (moins d'une demi heure) . L'assemblée a mis plus de temps pour étudier la passage de Mayotte d"un vice rectorat a un rectorat.
Au final cet article a été adopté par 35 voix contre 7, c'est à dire par une assemblée vide, un jour où les députés sont dans leur circonscription.
Et maintenant
Le dynamitage est-il définitif ? Le texte doit maintenant être adopté par le Sénat. LREM n'y est pas majoritaire. Mais l'adhésion des Républicains au texte donne à penser que cet article passera sans problème.
L'avenir de l'école est maintenant dans les mains de ses acteurs. Combien de maires s'opposeront à cette réforme ? Combien d'enseignants ? Combien de démocrates tant l'adoption de ce texte respecte la forme de la loi mais viole l'esprit de dialogue et de consensus qui sous tend la démocratie.
François Jarraud
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L'école du socle adoptée au bulldozer
Toute l'organisation du système éducatif du premier degré vient d'être dynamitée par la loi Blanquer. L'assemblée nationale a adopté en quelques minutes par 35 voix contre 7 l'établissement...
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A Voir... Grâce à Dieu - François Ozon...
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L'avocat du père Preynat veut empêcher la sortie du film Grâce à Dieu en février
Judiciaire DR Le 20 février prochain, le film Grâce à Dieu de François Ozon doit sortir en salles. Inspiré de l'affaire Preynat, suivant le parcours de trois de ses victimes jouées par Denis ...